J’crois que y’existe deux sortes de types. Tu sais, celui avec une conscience de tonnerre, toujours serviable et qui aide la mémé à traverser sa rue avec ses vingt-deux sacs ? Oublie tout de suite l’ami, moi j’appartiens à la seconde catégorie. J’suis pas un connard fini mais j’connais mes priorités et si tu y figures pas, c’est grillé. J’suis un sanguin, un impulsif, un mec violent quoi. J’aime taper sans raison valable, simplement pour exploser des gueules. Et ça tombe bien, dans mon métier, j’en ai souvent l’occasion. Ne pense pas que j’suis le keuf modèle et lécheur de cul qui arrive avec des beignets le matin, donne quelques contraventions pendant la journée puis retourne poser ses pénates tranquille dans sa petite maison aux pignons verts. J’travaille dans la rue, avec les clodos, les prostitués et les toxicos. J’suis leur ennemi s’ils me font chier, j’suis leur ami s’ils savent bien payer.

La famille pour moi, c’est sacré. M’fin, mes frères, pas cette pute qui me sert de mère et ces tarés qui lui servent d’amant. Dans les faits, c’est assez simple. Tu les touches, je te tue. Compris ? Ou j’te coffre. J’suis assez doué pour inventer des raisons bidon, insultes à l’agent, agression ou ce que tu préfères. Profiteur ? À peine. J’sais simplement où je ne veux pas terminer ma vie et t’as intérêt à ne pas te foutre à travers mon chemin si t’as pas envie d’te retrouver au fond d’une ruelle. Me corrompre, c’est facile. Toutes ces saloperies de bœufs le sont déjà, de toute façon. J’fais que ramasser ma part, j’me soucie surtout de moi. J’ai bon cœur, au fond. J’suis loin  d’être un fils à papa bien élevé qui bande devant un dictionnaire et si t’es prêt à passer outre mon langage vulgaire, on pourrait peut-être bien s’entendre.