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 They knew that if they let each other go, they were lost *ft Esther

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MessageSujet: They knew that if they let each other go, they were lost *ft Esther   They knew that if they let each other go, they were lost    *ft Esther EmptyMar 29 Oct 2013 - 23:07

Il y a quelque chose de vraiment génial dans le fait de cuisiner avec une fille de 7 ans à la maison.

« Papa, ça sent le brû-lé! »

Elle sentait le cramé environ 45 secondes avant l’alarme d’incendie.

Keith dévala l’escalier de l’aile ouest, dans laquelle il appliquait une nouvelle couche de peinture, et sprinta jusqu’à la cuisine, où Beatrice coloriait avec attention des petites pouliches. Il ouvrit le four, qui libéra instantanément des volutes de fumées dignes d’une grenade fumigène. Il balaya l’air devant l’alarme d’un linge à vaisselle, avant de sortir le plat du four. Il jeta un regard inquisiteur à sa fille.

« Caca... »

« Ouaip, je crois que ça résume bien… »

Plus la date d’ouverture officielle du Hope’s Cove, se rapprochait, plus Keith semblait découvrir des tâches importantes qu’il devait absolument accomplir avant celle-ci. Et malheureusement, son multi-tasking n’était pas exactement au point. Il avait l’impression que son dernier mois n’avait été qu’une longue et interminable journée où s’alternait menuiserie, peinture, décoration, tâches ménagères et travaux scolaires de sa fille. Inutile de vous préciser que ses nuits se raccourcissait au même rythme que l’échéancier final.  

« Tatie Esther va se moquer de toi!»

« Et dis-moi, mon cœur, comment Esther va-t-elle savoir que le plan original n’était pas de faire venir du poulet rôti ? » , questionna-t-il en prenant son téléphone. Elle se contenta de sourire jusqu’aux oreilles.

« Tu vas pas oser quand même… »

Elle s’enfuit dans le salon en rigolant.

Esther avait sans conteste été l’élément marquant de cette aventure sans fin. Dans un univers de fuites dans la tuyauterie, de murs à refaire et de planchers pas tout à fait droit, l’arrivée de la journaliste avait été un véritable cadeau du ciel. Débarquée, pour sa plus grande surprise, pour un article de fond sur son projet et ses motivations. Keith s’était jeté sur elle comme un naufragé sur de l’eau douce – figurativement parlant, bien entendu. La compagnie humaine lui manquait, et entre les travaux sur la maison et sa fille, il n’avait pas vraiment eu le temps de se faire beaucoup de connaissance dans son nouveau quartier. Pour un individu comme lui qui avait centré la majeure partie de sa vie sur l’interaction humaine, ce manque se ressentait. Et elle avait eu la gentillesse de le supporter jusqu’aux petites heures du matin, malgré son ennui certain. Pour le déculpabilisé un peu de l’avoir retenue si longtemps, elle avait même accepté de dormir sous son toit.

Le bed and breakfast n’était pas terminé que déjà, il générait exactement le genre d’histoire pour lequel il avait décidé de le construire. Il ne put s’empêcher de sourire, à nouveau. Il pourrait peut-être lui suggérer l’idée, pour son article.

De façon agréablement inattendue, elle était revenue à quelques reprises, sans vraiment s’annoncer. Simplement pour échanger quelques mots, apporter une petite surprise à Béatrice (qui lui vouait d’ailleurs un véritable culte), et s’installer dans un coin pour écrire quelques folles idées – ou son prochain article. Pour ce qu’il en savait, elle écrivait peut-être de sordides histoires de meurtres se déroulant chez lui.

C’était d’ailleurs pour elle qu’il cuisinait ce soir. Du moins, qu’il avait tenté de. En même temps, son fiasco était à l’image de l’état actuel des lieux. Initialement contenus dans la section réservée au Bed and Brekfast, les travaux avaient rapidement entraînés des dégâts collatéraux  dans leur espace de vie. Des monticules de catalogues de décoration envahissaient chacune des tables, de petites piles de tuiles de céramiques jonchaient le sol à droite et à gauche, une série de robinets neufs s’entassaient dans un coin. Sans parler de tous les oreillers que Béatrice avait, un beau matin, décidé de rassembler dans le salon!

« Papa, papa, elle arrive! Elle arrive!»

« Je sais, je sais. Mais tu dois attendre que papa lui ouvre la porte avant d’aller lui dire allô. »

Il s’empressa d’aller enfiler une chemise et une paire de jeans propres – à savoir, non empreints de poudre de gypse ou autre dégât de peinture- et parvint à la porte quelques secondes après qu’elle ait sonné.

« Bonsoir, Esth... »

« Taaaaaaatie!» , l’interrompit sa fille en lui sautant dans les bras.

« Beatrice, voyons, laisse-la entrer, la pauvre! Désolé, » ajouta-t-il à l’attention d’Esther.

« Je crois qu’elle t’aime bien… Allez, je t’en prie, fais comme chez toi comme d’habitude. Est-ce que je peux te débarrasser de ton manteau ?»

«Esther, Esther, papa, il a fait brûler le repas! Mais il ne veut pas que je te le dise. »

« Petite coquine, tu sais bien que c’est faux, puisque j’ai commandé du poulet. Laisse-la respirer un peu.»

«Men-teur»

Keith se racla la gorge.

« Mouais, bon, peut-être un peu… Comment vas-tu, Esther ? Désolé du bordel. Je suis un peu pris par les derniers… détails.»
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MessageSujet: Re: They knew that if they let each other go, they were lost *ft Esther   They knew that if they let each other go, they were lost    *ft Esther EmptyMer 30 Oct 2013 - 0:48


    Après une nuit de peaufinage de son écrit, la blonde avait tenté, comme à son habitude, de cacher sa fatigue avec du fond de teint, de l’anti-cerne et trois litres environ de café. Winston, son chat, lui avait couru, paniqué, pour avoir de quoi subsister – comprendre, il crevait la dalle parce que mademoiselle Blackburn l’avait oublié. Avant de comprendre qu’effectivement, elle avait oublié de le nourrir, elle avait eu le temps de s’ énerver gentiment après lui comme à son accoutumée : petits coups de pieds lorsqu’il venait se frotter à elle pour se faire comprendre. Effectivement, les deux colocataires n’avaient pas pour qualité de particulièrement bien communiquer. Entre les fugues intempestives de monsieur et la musique à fond qui empêche celui-ci de se reposer la nuit, ils finissaient seulement par trouver un espèce de terrain d’entente lorsque Esther se posait sur son ordinateur, la nuit, pour écrire, et que Winston venait apporter sa touche personnelle, sa papatte de temps en temps, histoire de dire « t’as vu moi aussi je peux écrire, hein ! ». Au final, il finissait toujours pas se poser sur les genoux de la blonde et par ronronner lorsque, en réfléchissant, l’auteure lui frottait la tête avec amour.

    Au final, la belle blonde ne s’était pas couchée, mais n’en était pas plus affectée que cela. C’était à son habitude de manquer de sommeil pour le plaisir des mots. Surtout que cet article lui tenait particulièrement à cœur. Elle avait beau l’avoir fini quelques jours avant, comme d’habitude, elle avait encore trouvé le moyen d’ajouter, de supprimer, de modifier des phrases entières. Cet article, elle le voulait beau, sensible, poétique, et surtout, vrai. Certes, il n’était sans doute pas objectif. Mais rien de ce que la demoiselle ne l’était réellement. C’était d’ailleurs ce qui faisait le charme de ses articles, de ses livres, de ses essais : ils étaient écrits avec son conviction, jusque dans la moindre virgule, le moindre point, la moins syllabe. C’était pour cela qu’elle écrivait : pour s’exprimer, dire ce que peut-être, elle ne pouvait dévoiler d’une autre manière. Parce que ses mots était son mode d’expression, sa façon de s’ouvrir au monde et de le laisser, lui, voyager un peu dans son esprit tourmenté et trop solitaire.

    Elle espérait de tout son cœur que cet article serait à la hauteur des espérances de son relativement nouvel ami Keith. Relativement nouveau certes, mais sûrement l’un des meilleurs qu’elle avait dans cette ville depuis des années. Des gens, elle en avait rencontrés. Mais des âmes aussi jolies que celles de ce jeune papa et de sa petite fille, sûrement pas. Ils avaient sû faire une brèche dans son cœur si solitaire en si peu de temps qu’Esther elle-même avait eu du mal à comprendre. Dès leur première rencontre, la jeune femme avait senti cette connexion, cette amitié forte qui s’était créée. Parce qu’ils avaient parlé, parlé, sans s’arrêter. Ils avaient veillé, et ce qui était censé être une interview s’était transformé en quelque chose qui ressemblait fortement à de jolies retrouvailles entre vieux amis qui s’étaient perdus de vue. Et pourtant, c’était la première fois qu’Esther avait vu ces deux visages. Cette fillette dynamique, intelligente et sensible et ce papa, abîmé par la vie mais fort malgré tout, prêt à tout pour donner un nouveau sens à sa vie. Cet homme cultivé aussi, solitaire, qui ressemblait énormément à l’Anglaise. Elle s’était retrouvée, dès les premiers instants de communication, dans son regard, sa façon de parler, de regarder ce qui l’entourait, d’analyser les situations passées, présentes et futures. Le monde, la réalité, mais également l’imaginaire, ce qui n’était que dans les esprits, ce qui construisait le monde réel, au final.

    Et voilà comment Esther Blackburn était tombée amoureuse de petit bout de famille en pleine reconstruction. Voilà comment elle avait été touchée en plein cœur. Et comment elle avait su qu’elle aurait besoin d’eux, pour les années à venir, et certainement pour sa vie à venir. Voilà pourquoi, sans avoir fini son article, elle avait débarqué plusieurs fois chez eux, à l’improviste, avec des cadeaux pour tout le monde : des ballons, des peluches, des cookies faits maison pour la fillette, des objets de décoration, des fleurs, des plats faits maisons pour le papa. Voilà comment elle avait l’impression cette heureuse impression d’avoir trouvé une jolie famille de substitution, en si peu de temps. Ils étaient les nouveaux soleils de sa vie. Et qu’est-ce que cela lui faisait du bien.

    Ainsi, elle débarqua, un énorme bouquet de fleurs remplies de couleurs pour décorer ce nouvel endroit en devenir dans la main droite, et un gros carton de pâtisseries dans la main gauche. C’était un peu lourd, mais elle tenait le coup. Elle sonna avec son coude, mais elle n’en avait pas besoin. La fillette s’était déjà jetée dans ses bras. Esther sourit immédiatement, essayant de garder ce qu’elle avait dans les mains droit.


      « Coucou jolie demoiselle ! ! » répondit-elle à l’accolade de la petite fille. « Mais t’excuse pas, tu sais que j’adore ta fille ! fit-elle, cette fois-ci en réponse à Keith. « J’espère bien, qu’elle m’aime bien, sinon, je ne lui apporterai plus rien » ajouta-t-elle avec un clin d’œil à Béatrice. « Je veux bien que tu me débarasses de mon manteau, mais débarasse-moi de tout ça d’abord ». Elle dégaina encore un sourire en lui tendant le tout d’un air de défi. Cher Keith, t’en sortiras-tu mieux que moi ?


    Elle regarda ses deux interlocuteurs. Alors, comme ça, on avait fait bruler le repas ? HAHA, c’était bien un mec.


      « Alors comme ça, on fait brûler le repas, et on ne range pas ? L’accueil n’est pas si décent que ce que je croyais. Je vais changer quelques détails dans mon article… » sortit-elle, le plus sérieusement du monde. Autant de temps qu’elle le pût. Mais elle savait bel et bien qu’elle n’en ferait rien. « En vrai, c’est parfait. Ca déborde de vie là-dedans, c’est parfait, oui ! ! ». Oui, c’était parfait. Cette petite famille, cette propriété, tout était parfait. C’était un petit peu son petit paradis, maintenant. Et elle espérait apporter son petit grain de sel bien modeste avec son alignement de mots. Qu’elle leur montrerait… lorsqu’elle en aurait le cran.



      « Allez… A quel point c’est brûlé tout ça Béatrice ? Montre-moi, qu’on rigole ! »


    En se dirigeant vers la cuisine, elle fit un clin d’œil complice à Keith. Ses deux compères. Sa petite famille. Elle ne voyait pas comment les décrire autrement. Mon dieu, qu’elle leur souhaitait de trouver le bonheur.
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MessageSujet: Re: They knew that if they let each other go, they were lost *ft Esther   They knew that if they let each other go, they were lost    *ft Esther EmptyMer 30 Oct 2013 - 16:55

Keith jeta une œillade méfiante au gigantesque bouquet, avant de transférer la boîte de pâtisserie des mains de la blonde à la table d’entrée, poussant de l’avant-bras une paire de tourne vis au sol.

« Dois-je en comprendre que tu trouves ma décoration un peu à plat ? », demanda-t-il avant de se faire littéralement ensevelir sous l’agencement floral. Il parvint tout de même à se libérer la main droite pour récupérer le manteau d’Esther.

« C’est que tu n’as pas vu de quoi ça avait l’air AVANT que tu m’appelles pour me prévenir que tu allais passer.» ajouta-t-il en levant la voix alors qu’il peinait à accrocher le manteau dans la penderie et que la jeune femme et la jeune fille gagnait la cuisine.

« Beurk, regarde! C’est encore plus brûlé que les mash-mallows qu’il a échappé dans le feu l’autre soir! »

Keith prit son temps avant de les rejoindre, déposant soigneusement les fleurs ainsi que le paquet de pâtisserie sur le buffet de la salle à manger. Il ne pouvait s’empêcher de sourire, lorsqu’il voyait Béatrice gazouiller ainsi avec Esther. Un sourire amer, lorsqu’il réalisait que la britannique n’avait que quelques années de moins que la mère de sa fille…

« Bon bon bon premièrement, j’ai toujours eu l’intention de commander du poulet. Je ne voulais pas voler la soirée avec mes talents de cuisinier. Après tout, on est ici pour célébrer les talents d’écrivaine d’Esther. Et deuxièmement, ces darnes de saumon carbonisées, c’est pour effrayer le gros ours qui rôde et qui n’espère que capturer les jeunes filles qui font tourner leur père en bourrique!»

Appuyant sa dernière remarque d’un savant mime de l’animal en question, il fit couiner Béatrice, qui s’courut se réfugier à l’opposé, dans le salon, dans son royaume d’oreillers en plume.

« Merci beaucoup de ta visite, Esther. Et merci pour les fleurs, ainsi que pour les pâtisseries. Tu sais bien que ce n’était pas nécessaire… Des cupcakes de chez Hometown ? », s’enquit-il en fouinant au dessus de la boîte sans oser l’ouvrir.

Il ne savait pas si un jour, il parviendrait à s’acquitter de sa dette envers la graduée d’Oxford. Savait-elle à quel point la maison se transformait lorsqu’elle franchissait cette porte ? Non seulement pour les éclats de rire qu’elle faisait naître chez Béatrice – qui rigolait d’ailleurs toute seule fort audiblement dans la pièce d’à côté- , mais parce qu’elle le sortait du marasme de ses sombres pensées.

Bien qu’il ait été admis à University of Washington, il ne s’était jamais vraiment considéré comme un intellectuel. Ce n’était pas les idées en elles-mêmes qui l’intéressaient véritablement, mais bien de les entendre formulées par des gens qui y croyaient sincèrement. Et Esther ne manquait ni d’idées, ni de passion. Un petit fleuron de l’humanité, pour autant que sa propre expérience était concernée.  

« Tatie, tu veux venir écouter la petite sirène avec moi ? »

« Esther a littéralement écrit la petite sirène, mon cœur, je ne suis pas certain qu’elle ait envie de le ré-écouter une autre fois. »

Malgré la joie manifeste que lui procurait le bonheur de sa fille, Keith se sentait un peu mal-à-l’aise  à chaque fois que Béatrice l’appelait « Tatie »… Elle souhaitant tant pouvoir s’accrocher à une figure de mère que non seulement cela lui brisait le cœur à chaque fois, mais qu’en plus, il ressentait la pression que cela mettait  sur la jeune femme qui, il n’y a que quelque mois à peine, ignorait jusqu’à leur existence.

Béatrice resta bouche-bée quelques secondes, comme si Dieu venait de lui apparaître. Keith en profita pour se rendre dans le salon et lançer le blu-ray.

« Mais non, tu sais bien que ce n’est pas vrai. Allez, si tu es sage, peut-être qu’elle viendra écouter la partie où elle chante avec toi. »

« Oh oui! Je vais être sage sage sage!  »

Keith revint s’appuyer sur l’îlot de la cuisine et s’adressa à Esther.

« Vous m’avez l’air fatiguée, jeune femme. J’espère que tu n’as pas passé la nuit à tenter de rendre « ceci » présentable ? Tu sais, même si tu écris des méchancetés sur ma cuisine ou sur mon sens de l’esthétisme, tu seras toujours la bienvenue. Si tant est que tu as envie de passer, bien entendu.  »

Et par ceci, il désigna tout l’espace qui les entourait d’un bras, faisant référence au gîte.

Tatie… Mon dieu qu’il lui souhaitait de trouver le bonheur. Car qui d’heureux et d’épanoui choisissais sciemment de venir jouer la béquille pour un duo d’éclopés ?
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MessageSujet: Re: They knew that if they let each other go, they were lost *ft Esther   They knew that if they let each other go, they were lost    *ft Esther EmptyLun 18 Nov 2013 - 22:31

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A chaque fois qu'elle avait l'occasion de se rendre chez Keith et sa fille, Esther avait l'impression de se retrouver dans une bulle. C'était l'une des rares occasions où elle avait l'impression d'être reconnue et utile. Quelqu'un d'existant, une personne à part entière. C'était si rare, et si précieux, de voir les yeux de ses interlocuteurs briller, qu'elle chérissait ces moments comme aucun autre. Ils étaient son cocon et son air, sa famille, et chaque retrouvaille était unique Avec ce coeur en mille morceaux qu'elle se trimbalait depuis des années sans même en être réellement conscience, ils étaient ceux qui le réparaient petit à petit. Comme quoi la vie et son ami le hasard peuvent laisser sur votre route de petits cadeaux, et pas forcément empoisonnés.

Ainsi, lorsque la jeune femme passa le pas de la porte et entendit les deux voix se mêler à son accueil, son sourire fut quasi immédiat.


    " Non, j'apporte juste ma touche perso, histoire d'être un peu toujours là. " Elle ne put s'empêcher de hausser un sourcil en le voyant galérer avec toutes ses affaires. Elle aurait pu l'aider, mais à la place, elle esquissa un sourire. De toute façon, il se débrouillait étonnamment bien " Non, cette expérience me fait encore davantage aimer l'effet de surprise!" répondit-elle en continuant de progresser dans la maison avec la fillette.
    Esther admira les dégats de son ami avec un sourire amusé. rien à redire, les deux là savaient comment le lui donner, le sourire.
    " Ah oui, il fait bruler des marshmallows??? Horreur et damnation!!!" fit-elle en se tournant, un regard accusateur affiché, vers Keith qui les rejoignait. Lorsqu'elle croisa son regard, elle comprit à quel point il était sujet à la mélancolie et la tristesse. Elle lui envoya un triste sourire, celui de la compassion, celui de l'interlocutrice qui le comprenait. Ils se comprenaient depuis le début, depuis leurs premiers mots échangés, depuis leur rencontre. Tels un frère et une soeur.

    Finalement, le ton de la rigolade reprit de plus belle :

    " Bon bon bon premièrement, j’ai toujours eu l’intention de commander du poulet. Je ne voulais pas voler la soirée avec mes talents de cuisinier. Après tout, on est ici pour célébrer les talents d’écrivaine d’Esther. Et deuxièmement, ces darnes de saumon carbonisées, c’est pour effrayer le gros ours qui rôde et qui n’espère que capturer les jeunes filles qui font tourner leur père en bourrique!"
    " On n'est pas là pour célebrer mes talents d'écrivaine, mais pour fêter notre rencontre! Cet article n'en est qu'une trace écrite. D'ailleurs... "


Et Esther Blackburn sortit l'objet magique. Quelques feuilles blanches, recouvertes d'une écriture dactylographiée et de quelques photos de l'endroit chaleureux, vu de l'extérieur. Ce texte était écrit tout sauf objectivement, rempli d'amour malgré l'auteure. Elle espérait que ces quelques pages leur rapporterait des visiteurs, mais surtout, qu'il serait à la hauteur de leurs attentes. Et il fallait bien avouer qu'elle ne pouvait plus attendre de leur montrer. Tant pis si cela paraissait malpoli.


    " Merci beaucoup de ta visite, Esther. Et merci pour les fleurs, ainsi que pour les pâtisseries. Tu sais bien que ce n’était pas nécessaire… Des cupcakes de chez Hometown ?"
    " Et toi tu sais à quel point ça me fait plaisir de vous voir, alors tais-toi donc, un peu. Des cupcakes faits maisons... et pas brulés !" répondit-elle en accompagnant ces mots d'un clin d'oeil complice.


Qu'importe ce qu'il pensait; elle aimait les voir et leur décrocher des sourires. Elle appréciait elle aussi le fait de pouvoir sourire librement sans penser à son triste passé, à sa vie intérieure chaotique et à tous ses états d'âme de jeune femme mal dans sa peau. Cuisiner pour eux lui donnait l'impression d'être utile à quelqu'un. Avoir à se soucier de quelqu'un la remettait peu à peu sur pieds. Savoir que Keith la comprenait, qu'il serait à priori toujours présent pour elle, tout comme le fait ce fût réciproque, l'accrochait à la réalité et à la vie. Keith éyait devenu un ami proche, un frère, un confident, à qui confier les choses ne semblait même pas obligatoire, puisqu'ils se comprenaient sans même à communiquer oralement. Ils savait quand l'autre passait un moment difficile, quand il avait besoin de lui ou d'elle. Et puisqu'ils se ressemblaient tels deux jumeaux réunis par la tristesse de la vie, ils connaissaient les besoins de l'autre. Parfois, une présence silencieuse pouvait les sauver. Rien que de sentir Keith à ses côtés, mon dieu, quel espoir cela lui apportait!


    " Tatie, tu veux venir écouter la petite sirène avec moi ? "

    " Esther a littéralement écrit la petite sirène, mon cœur, je ne suis pas certain qu’elle ait envie de le ré-écouter une autre fois. "

La blonde laissa échapper un petit rire cristallin. N'était-elle pas trop jeune pour avoir écrit la Petite Sirène, ou avait-elle pris des rides sans le voir?
Finalement, Keith lança le film à sa fille. Esther posa les pages sur l'ilôt de la cuisine, l'air de rien, en mode, "voilà, c'est fait", en attendant le retour de son ami.


    "  Vous m’avez l’air fatiguée, jeune femme. J’espère que tu n’as pas passé la nuit à tenter de rendre « ceci » présentable ? Tu sais, même si tu écris des méchancetés sur ma cuisine ou sur mon sens de l’esthétisme, tu seras toujours la bienvenue. Si tant est que tu as envie de passer, bien entendu. "
    La jeune femme se passa les doigts sur les yeux comme pour les aider à s'ouvrir davantage. Certes elle était fatiguée, mais ce geste devenait une habitude avec le temps. Elle avait l'habitude de cette fatigue ; elle l'aimait parce que la nourrissait, nourrissait ses rêves et envies depuis des années. Pour rien au monde elle n'aurait pu avoir un emploi pour lequel il suffisait de s’asseoir dans un open space de neuf à dix-heures et de rentrer chez soi l'esprit tranquille. Le sien - d'esprit - était en constante ébullition, et certainement l'une des seules choses qui la maintenait en vie. Cela, et l'amour qu'elle portait aux quelques personnes qui illuminaient ses journées ou nuits. Keith et sa fille, notamment, bien évidemment.

      " Vous aussi, vous m'avez l'air bien fatigué jeune homme. Il ne faut pas se mettre la pression comme ça pour l'ouverture, elle sera parfaite avec vous. Et si tu as besoin d'aide, surtout, je t'en prie, n'hésite pas. J'amène les pâtisseries! Et je peux cuisiner parce que si tu continues vous allez finir en malnutrition! "  Elle marqua une pause puis continua pour répondre à son ami : " La nuit est la meilleure amie de l'auteur. Par contre, effectivement je ne promets pas d'avoir écrit des gentillesses. Les hôtes laissent vraiment à désirer... " fit-elle avec un petit clin d'oeil.  


    Evidemment, qu'elle rigolait. Evidemment, que cet endroit était son havre de paix, et ses propriétaires ses petites paillettes qui lui redonnaient le sourire. Evidemment qu'elle avait envie de "passer". De passer, et de rester. Encore et encore.
    Ce moment là n'était fait que pour se reproduire. Encore et encore.
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MessageSujet: Re: They knew that if they let each other go, they were lost *ft Esther   They knew that if they let each other go, they were lost    *ft Esther EmptyMer 20 Nov 2013 - 17:05

« Histoire d’être un peu toujours là, hein ? »

Elle ne le réaliserait probablement qu’un peu plus tard, mais Esther appartenait déjà à cet endroit. Avec ou sans bouquet.

Keith ne connaissait pas beaucoup les détails de son histoire. Moins qu’elle n’en connaissait sur lui, bien sûr. Pourtant, il savait l’essentiel : elle était brisée, au sein même de ses plus profondes fondations. Tout comme lui. Et leur affinité tirait toute sa force de cette reconnaissance mutuelle. Une espèce de front commun, épaule contre épaule, contre le mauvais sort. Blessés, certes, mais encore loin d’abdiquer. Surtout appuyés l’un contre l’autre.

Il espérait de tout cœur qu’elle retirait quelque chose de la bonté dont elle faisait montre à leur égard. Qu’il ne s’agissait pas simplement d’une bonne œuvre charitable. Pour remplacer un don annuel à la croix rouge, ou quelque chose du genre…

Regardant Béatrice interagir avec Esther, il ne put s’empêcher un pincement au cœur en réalisant, pour la mille-et-unième fois, à quel point sa fille méritait une mère…

Une fois de plus, Esther le déchiffra comme un livre pour enfant, lui décernant un sourire irradiant de compassion, qui lui murmurait de ne pas s’en faire. Que tout allait bien se passer. Il la remercia sans un mot.

  « Merci beaucoup de ton offre, Esther. Si tu es libre jeudi ou vendredi, peut-être que je te prendrais au mot. Je dois passer chez Cleo pour finir de décorer la suite Victorienne, et j’ai un peu peur de ce que je considère être des bonnes idées. Mais attention, hein, je ne te ferai le plaisir de ma compagnie qu’en échange d’une tarte!! Sois prévenue! Sinon, pour le reste, j’ai engagé un aide pour accélérer un peu les travaux lourds.  »

Les rénovations commençaient effectivement à exiger leur tribut de Keith. Les yeux tirés, le visage un peu plus blême et un peu plus creux. Il réalisa qu’il se frottait un peu trop souvent le genou gauche, irrémédiablement  affaibli lors de l’accident ayant coûté la vie à son épouse.

« Ouais, tu parles, que les hôtes laissent à désirer. Tu n’as encore rien vu, très chère! Maintenant que je n’ai plus besoin de t’impressionner pour cet article, c’est fini de passer la balayeuse avant tes visites. Tu vas voir, c’est vraiment charmant, quand tout goûte le gypse! Je vais aussi enfin pouvoir rendre cette petite peste à sa famille légitime! Ce que j’aurais pas fait pour m’attirer un peu de capital sympathie…. »

Il parlait bien entendu de Béatrice, qui ne comprit aucunement qu’elle était mentionnée par les grands, « plongée »qu’elle était dans son film.

« Tatie! Tatie! C’est la chanson qui va commencer! Vite! »

Alors que l’on sonnait à la porte d’entrée, Keith ajouta, à l’attention d’Esther :

« Rien ne t’y oblige, tu sais ? Dans 15 secondes, elle sera tellement occupée à chanter à tue-tête qu’elle en oubliera que tu ne l’as pas rejoint. Elle en oublie le sens de l’équilibre, aussi, parfois. »

Il alla ensuite ouvrir au livreur, réglant la commande en échangeant quelques mots avec le livreur. Quelques mots, pour Keith, signifiait quelques minutes, et ayant appris que le jeune homme souhaitait aller étudier l’architecture, il lui recommanda Washington avant de lui laisser un généreux pourboire.

Il déposa les boîtes dans le four, pour qu’elles conservent leur température, et se saisit de l’article d’Esther.

Il leva les yeux à mi-chemin de sa lecture, posant un regard interloqué sur son amie, avant de reprendre. Il ne savait pas exactement à quoi il s’était attendu. Un article moderne, probablement, avec ce petit aspect personnel si à la mode ces temps-ci, peut-être. Ou encore une dérive vers l’intérêt de l’économie locale. À la limite, un quelque chose d’émouvant à propos d’un refuge pour âmes perdues. Mais pas à ça.

Déposant le texte, il se dirigea vers Esther, visiblement ému, et la prit dans ses bras.

« Merci, » murmura-t-il, simplement, calé contre son épaule.

Ce n’était cependant pas tant l’éloge du projet ou de ceux qui en étaient à l’origine qui l’avait autant touché. Ni pour cela qu’il la remerciait. Mais plutôt le fait qu’il exsudait de franchise. Et même si les lignes racontaient l’histoire de l’exil californien de ce duo de Williams, le véritable sujet de l’article, c’était comment ils avaient changé la vie de l’auteure.

Il la considéra d’un regard nouveau quelques instants, sans mot dire, avant de finalement ouvrir la bouche.

« Allez, les enfants, le repas est servi! »

Il disposa quelques assiettes sur la table, dans lesquelles il transféra les poitrines et les cuisses de poulet, avec leur accompagnement de frites et de sauce brune. Le processus permis à Keith de reprendre ses esprits.

Car quoi que l’on puisse en dire, apprendre sans artifice et sans retenue que l’on occupe une place importante pour quelqu’un de cher à notre cœur constitue très certainement l’un des plus grands bonheurs de toute existence.
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MessageSujet: Re: They knew that if they let each other go, they were lost *ft Esther   They knew that if they let each other go, they were lost    *ft Esther EmptyDim 12 Jan 2014 - 18:19

      « Histoire d’être un peu toujours là, hein ? »

    La blonde esquissa un sourire. Oui, effectivement. Elle squattait à sa façon. Tant qu’elle verrait le sourire de Keith, elle continuerait de s’inscruster. Le lien qui les unissait semblait plus fort chaque jour qui passait, alors à moins qu’elle comptât leur ramener des pâtisseries racies, il ne comptait pas se rompre de si tôt.

    L’appartement d’Esther était relativement sale. Peu entretenu, il n’était pas rare d’y croiser plusieurs tasses de café jonchant le sol du salon, la pièce où la jeune femme se plaisait à écrire, quelle que soit l’heure. Les cendriers remplis et laissant infuser une odeur plus que nauséabonde dans la pièce – ou le couloir - concernés n’apportaient qu’une ambiance insalubre. Le quartier était également majoritairement étudiant, et donc très bruyant. Elle avait beau s’y plaire, il fallait avouer qu’elle préférait apporter des touches de couleurs à un endroit qu’elle appréciait dans son entièreté – chez Keith et Beatrice – que dans un petit trois pièces dans lequel le confort semblait relégué au second rang. A chaque fois qu’Esther venait leur rendre visite, elle ne pouvait s’empêcher de penser à quel point les travaux avançaient vite, et à quel point ils pouvaient être fiers. Fiers d’avoir tenu malgré les épreuves ; se reconstruire, cela était sans doute le plus difficile. Mais ça ne pouvait être qu’un processus ralenti par les batailles du quotidien, les plus vicieuses, celles qui étaient capable d’abattre un homme déjà en plein tourment. Esther était admirative de cette force d’avoir pu construire quelque chose de grand, un rêve à part entière, d’avoir dépassé sa douleur. Cette chaleur dans la voix de Keith, malgré ses blessures, était la preuve que la vie, même si elle est cruelle, est capable d’apporter davantage que de la souffrance : des sourires, des regards. Des rencontres. Des moments. Juste de beaux moments à partager, grâce au hasard. Si on trouvait encore une lueur d’espoir dans le regard généralement triste et lassé d’Esther, c’était bien grâce à Keith. Certes, ils n’étaient pas du même sang, mais c’était tout comme.

      « Merci beaucoup de ton offre, Esther. Si tu es libre jeudi ou vendredi, peut-être que je te prendrais au mot. Je dois passer chez Cleo pour finir de décorer la suite Victorienne, et j’ai un peu peur de ce que je considère être des bonnes idées. Mais attention, hein, je ne te ferai le plaisir de ma compagnie qu’en échange d’une tarte!! Sois prévenue! Sinon, pour le reste, j’ai engagé un aide pour accélérer un peu les travaux lourds. »
      Un sourire illumina immédiatement le visage de l’auteure. Son côté gamine artiste n’allait pas tarder à ressortir !
      « Je te fais la cuisine même une semaine, si ça peut sauver la suite Victorienne de ton goût pour le côté « nature » des murs ! Parce que oui… il faut que je te dise, un vieux crépi sale, ce n’est pas à la mode, tu sais. Même dans un style Victorien ! » Elle gloussa discrètement et tenta de cacher son excitation. De la déco ! Elle qui n’avait jamais eu le courage de réellement s’y mettre pour son appartement, avec son pauvre budget, allait enfin pouvoir laisser aller son imagination ! Sans compter que le style Victorien allait lui rappeler sa patrie ! « Dis-moi tes idées, je te dirai si tu as progressé ou non ! »


    L’anglaise tendit l’oreille quelques secondes afin de saisir tout cri de détresse ou d’hystérie de la part de la petite jeune de la demeure. Elle n’entendit que la télé et se tourna de nouveau vers le jeune papa.

      « Ouais, tu parles, que les hôtes laissent à désirer. Tu n’as encore rien vu, très chère! Maintenant que je n’ai plus besoin de t’impressionner pour cet article, c’est fini de passer la balayeuse avant tes visites. Tu vas voir, c’est vraiment charmant, quand tout goûte le gypse! Je vais aussi enfin pouvoir rendre cette petite peste à sa famille légitime! Ce que j’aurais pas fait pour m’attirer un peu de capital sympathie…. »
      « Oh parfait ! Je ne t’ai jamais avoué mon goût pour le naturel et le mode de vie « à la dure » ? Comment tu as deviné ? » Elle fit un silence puis haussa un sourcil. « Tu vends ta fille ou tu me la donnes ? ». Son ton et son regard laissaient préasager qu’il s’agissait d’une discussion sérieuse. « Après, à toi de voir si tu veux qu’elle soit éduquée par une femme du pays du thé et de la monarchie. Je pourrais lui mettre des chapeaux dignes de la Reine d’Angleterre, tu feras moins le malin… »


    En parlant du loup, la demoiselle appela « tatie » à la rescousse pour « la chanson ». Esther n’écouta même pas Keith qui allait, de son côté, ouvrir la porte tout en lui exposant par A+B que cela ne servait à rien de la rejoindre, et alla se joindre à sa petite fille préférée pour chanter à tue-tête le fameux tube du dessin animé.
    La blonde chanta quelques phrases avec Beatrice mais dû se résigner au fait qu’elle avait vieilli car elle ne se souvenait plus des paroles. Et l’enfant semblait s’en souvenir pour deux. Esther éclata de rire en essayant d’improviser, avant de déposer un baiser sur le front de Beatrice et de rejoindre Keith qui lisait son article. Tout d’un, elle s’arrêta de bouger, guettant les yeux de son ami, qui balayaient les lignes qu’elle avait tenté de pondre avec le peu d’objectivité et de fierté qu’elle avait. C’était ce qu’on pouvait appeler un article sincère et subjectif. Elle n’en était pas particulièrement fière, mais qui peut réellement l’être de ses écrits ? Tout ce qu’elle attendait, c’était qu’il aide son ami. Son pilier. Elle voulait en être un pour lui aussi. Et que ses mots en fassent partie.

    Leurs regards se croisèrent alors qu’il faisait une petite pause dans sa lecture. Le visage d’Esther resta fermé, prêt à lire un peu de déception dans les yeux de son ami, à entendre un poli « merci », pour article non mauvais, mais banal ou trop peu vendeur. La demoiselle eut le temps de se poser bon nombre de questions pendant que son ami finissait de balayer les lignes de son regard attentif. Avait-elle choisi les bons mots ? Etait-il assez long, sans être barbant ? N’en avait-elle pas fait trop ? Etait-il assez personnel, sans déborder dans le sentimental vendeur chez la ménagère de moins de 50 ans ? Ne devait-elle pas réécrire encore une fois ce dernier paragraphe, celui pour lequel elle doutait le plus ?
    Et… avait-elle donné la bonne version ? ?
    Oui, elle eut le temps de se poser tant de question qu’elle sentit une bouffée de stress grimper dans son estomac. Alors quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle sentit les bras de son ami l’enlacer. Elle ne put s’empêcher d’être soulagée. Et elle ne put s’empêcher de lui rendre son étreinte. Parce qu’il était son compagnon de vie, à présent. Parce qu’il avait su lire les mots qu’elle lui avait écrits avec sincérité. Parce qu’il avait visiblement senti tout son attachement à lui, à sa fille, à cet endroit, à son histoire, sans comprendre de travers. Parce qu’en fait, il était Keith et que, finalement, pourquoi aurait-il compris autre chose ? Ils s’étaient toujours compris. C’était pour ça qu’elle l’aimait de tout son cœur. Le [color:403c= ? ?] « merci » visiblement rempli d’émotion qu’il lui lâcha lui fit monter les larmes aux yeux. Mon dieu, qu’elle était parfois mièvre. Mais c’était sans doute pour ces moments-là que l’anglaise avait toujours voulu écrire. Pour lire à travers les âmes, et pour qu’on lise dans la sienne. Pour communiquer et apprendre à aimer. Pour comprendre, choyer, appréhender le monde, la vie, le quotidien, les vies qui l’entouraient.

    Alors qu’il la regardait silencieusement, elle lui déposa un baiser furtif sur la joue avant de lui répondre sur le même ton, une boule dans la gorge.
      « Merci à toi. »

    Il enchaina sur le repas. Elle le comprit aussitôt, et l’aida un installer les verres autour de la table. Ils étaient pareils. Ne pas s’attarder sur les sentiments. Juste vivre, se comprendre, aller de l’avant avec le fardeau que l’on se trimballe. En l’occurrence, ce n’était pas un fardeau qu’était leur amitié. C’était le contraire. Cet instant le prouvait bien.
    Alors que Beatrice les rejoignait, la blonde ébouriffa ses cheveux avec un surplus d’amour pour la petite fille. Elle sourit à son papa. Un sourire qui voulait montrer que cet article n’était qu’une étape dans leur amitié. Qu’il était le début d’une aventure. Et qu’elle voulait rester. Que ses incrustations dans leur quotidien n’était pas que pour des mots étalés sur un papier. Qu’elle pensait ce qu’elle avait écrit. Et qu’elle resterait quoiqu’il arrive.
    Et qu’elle était même prête à goûter des repas trop cuits.
      « Dites-moi, vous avez déjà goûté ? Je ne veux pas être intoxiquée avant l’ouverture de votre bed & breakfast. » Elle se tourna vers Beatrice avec un clin d’œil complice : « Tu votes 1), nourriture de papa brulée ou 2) nourriture de prvenance pas trop connue mais pas brulée ?


    Hop, le repas était servi, et la petite famille, réunie autour de la table pour un repas rempli d’amour et de sourires.

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They knew that if they let each other go, they were lost    *ft Esther Empty
MessageSujet: Re: They knew that if they let each other go, they were lost *ft Esther   They knew that if they let each other go, they were lost    *ft Esther EmptyVen 31 Jan 2014 - 14:07

"Et moi ? J'ai droit à un vote ou pas ?"

Béatrice jeta un regard malicieusement complice à Esther, avant de répondre.

" Naaaan! La nourriture de provenance pas trop connue! Et de la pizza!"

"Calme ton appétit, petit ogre. Tu sais ce qui arrive aux petites filles qui mangent de la pizza deux fois dans la même semaine ?"

Elle émit de vagues borborygmes d'indignation, avant d'attaquer son repas avec conviction.

Keith passa la sauce, puis la salade de choux, se retrouvant replongé dans un univers qu'il s'était toujours promis de se construire : un monde de rires et de moments magiques qui semblent dissoudre la texture même du temps. Il y était parvenu, une fois. Dans une autre vie. Et il était parfois si facile de l'oublier. De déposer le fardeau du souvenir, dans un coin. Le laisser mourir de faim. La laisser mourir, enfin...

Malgré les états d'âme de Keith, dont il avait appris à masquer les relents à défaut de les dompter, le souper se déroula comme un charme, dans la bonne humeur qui devrait régner en maître dans chaque chaumière.

Le fait qu'Esther le prenne au jeu à propos de la vente de sa fille lui fit naître un sourire aigre-doux. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si elle aurait été plus heureuse, en compagnie de sa mère. Plutôt que seule avec lui...

"Méfie-toi de ce que tu souhaites, jeune Esther, de crainte de voir tes voeux se réaliser! Et à moins d'être une nord coréenne, bonne chance pour l'éduquer de quelque façon que ce soit!"

" Papa! Tu n'es pas gentil... c'est quoi un norkoré-in ?"

"Une sous-espèce vraiment agressive d'écureuil... tu me passes le pain s'il te plaît ?"

La fin du souper fit naître une sorte d'agitation chez Béatrice, qui se balançait d'avant en arrière, se contorsionnant les mains.

"Ça va, ma chouette ?"

" Est-ce que c'est l'heure qu'on lui montre sa surprise, à tatie Esther ? C'est après souper maintenant! "

Keith poussa un soupir en hochant la tête alors qu'il se retournait vers Esther, feignant de ne pas savoir de quoi parlait sa fille.

" Est-ce qu'on peut lui montrer, dit ? Dit ? "

"Tu te souviens de notre plan, cocotte ? On ne lui glisse pas un mot, puis, tout d'un coup, on l'emmène à la surprise et..."

" TA-DAM! "

"Voilà! Sauf que, pour se rendre à l'étape du 'Tadam', il faut d'abord passer l'étape de ne pas lui en glisser un mot. Et je ne sais pas ce qu'Esther en dit, mais je crois que nous n'avons pas fait très fort à ce niveau..."

Béatrice prit un air complètement déconfit, comme si elle venait d'apprendre qu'elle était la source des 7 plaies d'Égypte.

"D'accord, d'accord, mais après, c'est au lit! Tu as déjà dépassé ton heure."

" Ouuuuuiiiiii "

Et elle partit comme une fusée.

Keith adressa un sourire à Esther en se levant et en l'invitant à le suivre.

"Nous avons une surprise, pour toi. Si si, je te jure. Ferme les yeux. Et ne triche pas! Sinon, j'utiliserai toute la puissance de mon autorité paternelle pour t'envoyer au lit toi aussi! Sans porto ni chocolat! Niet!"

La prenant par la main, il la guida précautionneusement de la cuisine vers le gîte, puis en haut d'un escalier. Éventuellement, il poussa une porte (accompagné de petits sons frénétiques de Béa), et il poussa délicatement Esther à l'intérieur de la pièce.

"Ça y est, tu peux ouvrir les yeux."

" TA-DAM! "

Il avait probablement dû passer le quart de l'entièreté de son budget de rénovation pour cette chambre. Ce n'était pas la plus grande, mais de loin celle ayant reçu le plus de soin. De la facture des meubles à la qualité des boiseries (leur simple présence, en fait) en passant par le cristal du lustre et l'épaisseur des rideaux. Elle comportait un luxueux secrétaire, près de l'entrée, et un autre bureau près d'un fauteuil en cuir, calé contre la fenêtre.

"Pour te remercier de tout ce que tu as fait pour nous, moi et Béatrice avons décidé de rénover une chambre avec comme seul et unique objectif... qu'elle te plaise. Tu ne peux pas t'imaginer les cauchemars que j'ai eu à tout choisir sans pouvoir te demander ton avis... En plus, je trouve qu'elle a la meilleure vue. J'espère que tu te sentiras un peu comme chez toi... lorsque tu auras envie d'écrire hors de chez toi."

Il marqua une courte pause, avant de poursuivre.

"Par contre, elle attend toujours d'être baptisée. J'ai vaguement considéré la suite Palahniuk, mais je me suis dit qu'il aurait probablement trouvé l'idée quelque peu saugrenue."

Il se dirigea ensuite vers l'une des deux immenses bibliothèques intégrées au mur, bien garnies d'ouvrages divers, sans pourtant étouffer sous le poids de volumes coincés les uns contre les autres.

"J'ai l'intention d'en faire une petit bibliothèque vivante. Que les gens puissent partir avec les livres qui leur plaisent, pour autant qu'ils les remplacent par un livre de leur choix. Et je me suis aussi assuré qu'il y ait deux exemplaires de ton premier roman."

Puis, il se tût, ne voulant pas s'immiscer dans la première rencontre entre la pièce et la femme pour laquelle elle avait été conçue.
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