Cela faisait une bonne demi heure que je jetais des coups d’œil rapide et de façon régulière à ma montre. J'étais fatiguée et j'avais envie de rentrer chez moi. Assise à mon bureau, je relisais pour la énième fois la même page du manuscrit que j'avais reçu le matin même. Je me demandais comment certains auteurs feraient si des personnes comme moi, n'étaient pas derrière eux pour corriger leurs écrits. Parfois, je trouvait que le succès de certains livres était exagéré. Je venais gribouillé quelque chose dans la marge avant de barrer un mot. On pouvait dire par moment que mon job était un peu semblable à un professeur d'école. Mais j'imaginais que les profs avaient beaucoup moins de mal à inculquer certaines règles à des gamins, que moi avec des auteurs à succès qui ne pensaient ne plus rien avoir à apprendre. Je soupirais une nouvelle fois. J'abandonnais pour cette fois. Je mettais un clip sur les feuilles que j'avais déjà corrigé puis je les reposais sur le tas de feuilles restantes du manuscrit avant de le ranger dans l'un des tiroirs de mon bureau. Je le fermais à clés puis je repoussais ma chaise en cuir tout en mettant la clé dans l'une des poches de mon slim. Je prenais une gorgée de ma bouteille d'eau quasiment vide avant de me relever. Je remettais mes talons aux pieds puis je rangeais un peu mon bureau avant de m'emparer de mes affaires. Une fois fait, je fermais mon bureau. Je croisais quelques collègues puis je remettais deux ouvrages que j'avais fini, au service d'impression avant de quitter l'immeuble. Je partais quinze minutes plus tôt, on allait pas m'en vouloir. Surtout que j'étais souvent la dernière à quitter les lieux en général. Je me dirigeais vers l'ascenseur puis une fois au parking, je me mettais au volant de la voiture.

En chemin pour Pacific Lane, je faisais un détour par la pharmacie. J'avais besoin d'aspirine et de désinfectant. Puis je devais prendre des pastilles pour la toux. J'avais un rhume et ce dernier ne voulait pas partir. Je n'étais pas souvent malade mais quand cela arrivait, je l'étais pendant des jours et des jours. Et souvent, mon petit bout tombait malade à son tour. Trop généreuse, je partageais tout avec lui. Je réglais mes achats avant de regagner ma voiture. Je passais devant la quartier où habitait Julian et je me disais que je devais aller le voir. Je devais lui parler mais je n'avais jamais le temps et lui, il n'était jamais là. Donc nous avions du mal à nous croiser tous les deux. Je garais enfin la voiture devant le 838. Je frappais ensuite deux coups à la porte avant d'entrer comme je le faisais toujours. Je ne mettais pas longtemps avant de sentir une agréable odeur venant de la cuisine. Je refermais derrière moi. « C'est moi! » Je posais mon sac dans l'entrée puis je retirais ma blaser noir avant de m'avancer vers la cuisine. Là je découvrais Noa assit sur le meuble de la cuisine tandis qu'Adam était à ses côtés, mettant des pépites de chocolat sur des petits tas de pâtes que je devinais être des cookies. « Hum, ça sent très bon. » Je jetais un œil à Noa qui m'avait vu. Je signais quelques mots d'amour avant de le prendre dans mes bras et de lui murmurer à l'oreille. « Tu as été sage? » Noa esquissa un sourire avant de se blottir contre moi. Je l'embrassais sur la tête avant de déposer un baiser sur la joue de mon frère. Et j'ajoutais avec un sourire: « Il manque des morceaux de noisettes. J'adore les cookies chocolat/noisettes. »

Adam avait comme tous les mercredis passés la journée avec son neveu. Depuis qu’il était revenu à Hb il avait convenue avec sa sœur qu’il garderait Noa le mercredi. Celui-ci n’avait pas école ce jour-là et du coup ça évitait les frais d’une nounou à Théa. Et puis Adam était toujours très heureux de passer du temps avec lui. Sa sœur était rassurée et n’avait pas à confier son fils à une nounou qui ne saurait pas forcément gérer la surdité de Noa. Tout le monde y trouvait finalement son compte même le petit Noa qui chez son oncle était traité comme un roi et faisait toujours un tas d’activité. Adam ne s’était jamais caché que Noa était son neveu préféré mais en même temps il était le seul qu’il côtoyait depuis toujours. LA dernière fois il avait rapidement croisé les jumelles avec leurs enfants chez Julian mais il n’était pas proche d’elles. En même temps il ne les avait pas vu pendant 7 ans quasiment 8 en fait. Du coup il y avait un fossé dont il ne ressentait pas forcément le besoin de combler. Après tout il n’avait jamais été réellement proche de ses autres grandes sœurs. Théa restait celle avec qui il avait toujours eu de bon rapport.

Adam avait aujourd’hui emmener son petit neveu faire du karting, Théa allait probablement dire qu’il était trop jeune. Mais Noa s’était débrouillé comme un chef et il avait adoré ça. Ils étaient finalement rentré à l’appartement vers 15h, il voulait préparer quelques cookies pour le goûtés de Noa. Celui-ci avait toujours droit à des pâtisseries faites maison en guise de gouter ou de petit déjeuner. Ils s’étaient donc lancé tous les deux dans la préparation de cookie chocolat/noisette et chocolat après avoir débarbouillé Noa qui était un peu poussiéreux après ses deux tours de mini karting. Noa était à présent assis sur le plan de travail et mélangeait avec ses mains la pâte à cookie comme le lui avait appris Adam. On frappa alors deux coups à la porte et Adam ne pris pas la peine de se déplacer pour aller ouvrir. La porte était ouverte et à cette heure ça ne pouvait être que Théa. « C'est moi! » dit-elle. Adam essuya lava les mains rempli de pâte à cookie de Noa puis fit plusieurs rond de pâte sur sa plaque de cuisson. Ils avaient déjà fait une première fournée et on sentait aisément l’odeur de cookie chaud. « Hum, ça sent très bon. » Adam lui adressa un sourire alors qu’elle signait quelques mots affectueux à Noa. Elle lui murmura finalement à l’oreille s’il avait été sage. Adam hocha la tête de haut en bas et dit à sa sœur : « Il a été super sage comme d’habitude. » De toute façon même si ce n’était pas le cas il ne le dirait pas à sa sœur. Il savait gérer son petit neveu de toute façon. Il ajouta : « Et tu as devant toi un futur pilote ! Je l’ai emmené faire du Karting et il se débrouille comme un pro ! » Il ajouta en signant en même temps : « Hein bonhomme c’était bien le karting ! » Noa afficha un grand sourire en hochant la tête. Faire plaisir à son neveu c’était toujours agréable et Adam était toujours en train de le gâter. Théa disait même qu’il en faisait trop mais après tout c’était son rôle de tonton. Théa avait posé les yeux sur les cookies alors qu’Adam s’apprêtait à les mettre dans le four. « Il manque des morceaux de noisettes. J'adore les cookies chocolat/noisettes. » Dit-elle. Adam sourit et enfourna la plaque dans le four puis en retira une autre remplie de cookie chaud. Il posa la plaque sur l’îlot central de la cuisine à une bonne distance de Noa pour ne pas qu’il se brûle. Et répondit à sa sœur : « Les voilà tes cookie chocolat/noisette morfale ! » Il lui fit un clin d’œil, il les avait fait exprès pour elle. Probablement pour l’aider à avaler la pilule sur ce qu’il avait décidé de lui dire aujourd’hui. Il avait besoin de parler à quelques de Lissa et Théa était la personne la mieux placées. Et celle qui le connaissait le mieux. Adam plongea son regard dans celui de sa sœur et lui dit histoire de rentrer rapidement dans le vif du sujet : « Faut que je te parle d’un truc…. Une énorme connerie que j’ai fait et dont je ne suis pas fier du tout… » Il n’ajouta rien d’autre alors qu’il aurait du tout dire rapidement mais laisser un peu de suspens c’était vachement plus drôle non ? Non bon en réalité il cherchait ses mots pour avouer de la meilleure façon qui soit qu’il avait couché avec Lissa, la fiancée de Julian…son frère ainé.

Gardant Noa dans mes bras, je profitais du câlin que m'offrait mon fils. Mes yeux se perdaient sur la cuisine, humant la bonne odeur de cookies qui se répandait dans la pièce. Un petit moment de paix après une longue journée de travail. J'adorais ces petits moments. Ils étaient précieux et je ne voulais rien rater de ces instants privilégiés. Aux paroles d'Adam, je reposais mon attention sur lui alors qu'il signait la journée de karting. Même si j'avais du mal à l'admettre parfois, Adam apportait un équilibre à Noa. Du karting, il n'en fera jamais avec moi, parce que cela me faisait peur. Je pensais toujours à un accident. Mais Adam prenait les rênes et il faisait plaisir à mon fils. Comme l'aurait fait un père avec son fils. Bien que je faisais en sorte de maintenir les distances entre Adam et Noa, il n'empêche que mon frère remplissait cette part de paternité dont le petit garçon avait besoin. Ce n'était pas son rôle. Mais parfois, Noa en avait besoin. Cela maintenant un équilibre dans sa vie. Et cela me convenait. Je savais que je n'avais rien à craindre en le laissant avec mon frère, que ce dernier allait bien s'occuper de lui. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de rester une maman protectrice. « Tu as de la chance que tout se soit bien passé, sinon je t'aurais fait manger tes cookies par les narines. » Du karting? Noa avait seulement trois ans. Je trouvais que ce n'était pas le genre de passe-temps dont il avait besoin. Et je ne voulais pas non plus qu'Adam cède à tous les caprices de Noa. Nous nous étions déjà disputés à ce sujet. Noa devait savoir qu'il ne pouvait pas tout avoir dans la vie. Même si c'était difficile avec sa petite frimousse de lui refuser quelque chose. Puis quand Adam retira une plaque du four avec des cookies noisettes, un autre sourire s'afficha sur mes lèvres.

Mais les mots suivants d'Adam me fit perdre ce sourire. Quel genre de connerie? Voilà la question que je me posais à cet instant précis. Je venais embrasser Noa sur le front tout en le mettant à terre. Je me baissais devant lui pour lui signer que l'on allait s'installer dans le jardin et qu'il pouvait emporter un de ses jouets avec lui. Une fois fait, je le laissais quitter la cuisine. Je me tournais ensuite vers mon frère. « C'est pour ça que tu fais des cookies pour tout le quartier? » Je voyais bien à l'expression d'Adam qu'il était mal à l'aise. Et que ça semblait effectivement quelque chose de très difficile à dire. Je soupirais un peu. Pourquoi est-ce qu'on ne pouvait pas être heureux tout simplement? Au lieu d'avoir sans arrêt une épée de Damocles au dessus de la tête. Je soupirais doucement avant d'ajouter: « Emporte les cookies au jardin, je m'occupe du café. » Je laissais mon frère quitter la pièce avant de préparer un plateau avec deux tasses de café, et un verre de lait pour Noa. Une fois fait, je rejoignais les deux garçons au jardin. Noa s'amusait avec son ballon. Adam lui avait installé un but et il passait son temps à tenter de mettre son ballon à l'intérieur de la cage. Je le regardais un instant courir, me disant que le temps passait trop vite et que bientôt la question de l'opération allait à nouveau être posée. Je sortais de mes pensées avant de poser le plateau sur la table du jardin. Je posais une tasse devant Adam puis je faisais la même chose avec la mienne. Je laissais le lait sur le plateau attendant que Noa revienne vers nous. Une fois les tasses posées, je m'installais à côtés d'Adam. Je posais mes yeux sur lui. « Vas-y, raconte-moi tout. » Je prenais la tasse qui était devant moi pour en boire une gorgée. Je voyais qu'il avait du mal et je me demandais alors si j'avais vraiment envie d'entendre ce qu'il allait me dire. J'avais toujours été très proche d'Adam, depuis qu'il était petit. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que je le voyais perdu au sein de notre fratrie, sans que personne ne lui donne l'attention qu'il attendait. Ou peut-être parce que je savais ce que c'était, de ne pas être l'ainé ou la dernière. Trois sœurs étaient nées avant moi, et j'avais du faire mes preuves toute seule. J'avais du me débrouiller. A la naissance de Julian et Adam, les choses avaient été différentes. Deux garçons après tant de filles. Cette complicité nous l'avions gardé jusqu'à aujourd'hui. Adam avait été là pendant ma grossesse sans même que je dise un mot. Alors la moindre des choses, c'était d'être là quand à son tour, il avait besoin de moi.

Adam n’avait jamais émis le souhait d’avoir des enfants, il avait même toujours dit qu’il n’en voulait pas. Il s’imaginait qu’il ne serait pas un bon père. Il n’avait pas eu un super exemple et il ne voulait pas reproduire ce que son père lui avait fait subir. Alors le plus simple c’était de ne pas avoir d’enfant. Il était pourtant un excellent tonton, il s’occupait de Noa à merveille et sa sœur n’avait aucun souci à se faire quand elle le lui laissait. Il l’aimait probablement au moins autant que si c’était son propre fils. Il le considérait comme tel, il l’avait vu naître, il avait été là tout au long de la grossesse de sa sœur. C’est lui qui avait tenu la main de sa sœur pendant son accouchement. Lui qui avait soutenue Théa quand ils avaient appris la presque surdité du petit garçon. Il faisait des tas de choses avec le petit garçon, des choses que sa sœur n’aurait jamais fait parce qu’elle le couvait trop. A eux deux ils avaient trouvés un bon équilibre pour le petit garçon et celui-ci semblait heureux. Voir le sourire sur le visage de son neveu c’était tout ce que souhaitait Adam et aujourd’hui le petit s’était éclaté comme un petit fou. Sa sœur lui dit alors : « Tu as de la chance que tout se soit bien passé, sinon je t'aurais fait manger tes cookies par les narines. » Il lui adressa un sourire et ébouriffa la chevelure bouclé de son neveu. Il répondit à sa sœur un sourire amusé sur les lèvres : « Il n’est pas en sucre ! Je l’ai filmé et tu verras qu’il a adoré ça. » Il l’avait filmé avec son portable, Adam avait un nombre inconsidérable de vidéo de son neveu. Dès qu’il faisait quelques choses de nouveau avec lui il le filmait pour que Théa puisse en profiter aussi.

Adam venait d’avouer à sa sœur qu’il avait un truc dont il n’était pas fier à lui avouer. Et encore c’était peu dire. Il se dégoutait carrément et il avait du mal à vivre avec la culpabilité. Il ne savait pas comment gérer les choses avec son frère, il allait être témoin à son mariage alors qu’il avait couché avec la futur mariée c’était du grand n’importe quoi. Mais son histoire avec Lissa c’était une erreur un malheureux dérapage. La jeune femme avait été claire, elle aimait Julian et c’est avec lui qu’elle voulait être. Et Adam savait que Julian aimait profondément Lissa et il n’avait aucune envie de voir son grand frère souffrir. Pourtant Adam avait de réel sentiment pour la jeune femme ça ne lui était pas arrivé depuis Leah. Mais il ne pouvait pas l’aimer, c’était interdit. Il devait oublier la jeune femme, faire taire ses sentiments. Elle allait devenir la femme de Julian et lui il n’était rien pour elle et n’avait pas le droit d’espérer devenir quelques choses. Son frère méritait le bonheur qu’il connaissait avec Lissa et Adam n’avait pas le droit de venir tout briser. Sa sœur qui le connaissait bien lui dit : « C'est pour ça que tu fais des cookies pour tout le quartier? » Il haussa les épaules sans contredire la jeune femme. Elle savait bien que quand il faisait autant de pâtisserie c’est qu’il était préoccupé ou malheureux. La Pâtisserie c’était son échappatoire… Sa façon à lui de se changer les idées. Elle ajouta : « Emporte les cookies au jardin, je m'occupe du café. » Il s’exécuta et laissa sa sœur gérer le café. Noa les suivait jusqu’à la terrasse. Adam se posa sur une chaise en face de sa sœur, Noa était resté dans le salon pour jouer avec ses jouets. Sa sœur l’encouragea : « Vas-y, raconte-moi tout. » Il savait qu’elle allait péter les plombs et elle aurait raison. Ce qu’il avait fait c’était vraiment dégueulasse. Il n’avait pas envie de tourner autour du pot autant allé droit au but. Prendre la gifle qu’il méritait et que sa sœur allait probablement lui mettre. « J’ai couché avec Lissa … » Il baissa les yeux, il était facile de voir qu’il n’était absolument pas fier de lui et qu’il se sentait coupable. Ca le rongeait de l’intérieur plus le temps passait et plus il se sentait mal. Adam avait besoin de se confier à quelqu’un, d’en parler, d’être conseillé sur la conduite à tenir. Et il ne voyait personne d’autre que Théa pour tenir ce rôle, c’était toujours vers elle qu’il se tournait de toute façon. D’aussi loin qu’il se souvienne il avait toujours été très proche d’elle, et leur lien n’avait pas changé plus les années passaient plus il était fort. Il avait lâché finalement la bombe et il reprit la parole : « Je sais je sais je suis un enfoiré… Crois-moi bien que je suis mal… J’ai pas voulu ça c’est arrivé je ne sais pas trop comment… C’est compliqué… » C’était compliqué parce qu’il avait rencontré Lissa avant que Julian ne la lui présente chez Théa pour l’anniversaire de Noa. Et il est tombé amoureux d’elle avant de savoir que c’était la fiancée de Julian. C’est ça qui avait tout compliqué ….