Un café dans la main, Donovan marchait dans les rues du centre ville. Il n'avait l'air très réveillé et pour cause, il n'avait pas bien dormi. Hier, il s'était engueulé avec Jagger et Julian, il avait donc passé la nuit chez Naya, pas vraiment d'humeur à régler cette histoire et assumer sa connerie. Le départ pour Chicago approchait à grand pas, très grand pas et maintenant il ne savait même plus si Jagger voudrait toujours venir avec lui. Elle avait dit qu'elle le ferait mais après son comportement d'hier au Hometown, il ne méritait pas vraiment qu'elle fasse cet effort pour lui. Il s'était réveillé au petit matin avec un sentiment  de culpabilité et une mauvaise humeur certaine. Il fallait qu'il aille la voir, qu'il s'excuse pour de vrai ou au moins qu'il lui montre qu'il avait compris. Jagger avait besoin qu'il fasse cet effort-là tout comme il avait besoin qu'elle vienne à Chicago. Il avait compris, vraiment. Mais avant de faire quoique ce soit, il voulait prendre le temps de se poser un peu, de véritablement se calmer et de réfléchir à ce qu'il pourrait faire pour se faire pardonner. Il s'installa donc sur un banc, café toujours en main, et fixa le vide devant lui. Il pensait Julian et à la manière dont il s'était emporté sans chercher à comprendre la situation. Il pensait aussi à ce que l'autre homme avait dit sur lui, comme quoi il n'avait que trois neurones ou une connerie du genre. Donovan détestait être pris pour un con et regardé de haut par des gens se pensant supérieurs. Il détestait ça plus que n'importe quoi d'autre. Il était impulsif , certes, mais il n'était pas stupide. Pas complètement en tous cas. Et s'il avait réagit comme ça, s'il avait sauté à la gorge de Julian avec l'envie de l'étrangler juste parce qu'il avait osé poser un oeil sur Jagger, c'était surtout et avant tout parce qu'il tenait à elle. Elle n'aimait qu'il se comporte comme ça et elle avait d'ailleurs été très claire sur le sujet hier. Alors, il s'était promis de faire un effort, de prendre sur lui à l'avenir et d'au moins laisser le bénéfice du doute au prochain qu'il verrait un genoux à terre et une bague dans les mains devant elle.

Un groupe de surfeurs passa juste devant lui, leurs planches sous le bras,  Donovan les observa un petit moment. Il avait pris des cours de surf il y a quelques temps de cela mais il n'avait pas vraiment insisté. Disons simplement que ce n'était pas son truc. Fatigué de tomber de la planche et de boire la tasse toutes les trente secondes, il avait fini par lâcher l'affaire. Tant pis s'il ne rentrerait jamais dans le moule du californien type. Il n'était ni blond, ni dompteur de vagues, lui il était dans son élément au milieu de la neige et du froid polaire que seuls les plus rudes hivers de Chicago étaient capables d'offrir. Ces types-là, avec leurs combinaisons et leurs planches, ils ne faisaient certainement pas partie du même monde que lui. Le Golden State, c'était tout nouveau pour Donovan. Il avait eu un peu de mal à s'y faire au départ mais à présent il s'y sentait bien tout en conservant sa mentalité plus East coast que West coast. Il continuait à se moquer gentiment de la vie en Californie, mais c'était plus pour la forme que pas réel désir de blesser qui que ce soit. Et puis avec Jagger, c'était un peu un jeu. San Francisco contre Chicago, la bataille faisait rage et elle était sans fin.

Tandis qu'il buvait son café tranquillement, se laissant porter par les pensées futiles que lui proposait son esprit encore un peu brumeux, Donovan manqua de s'étouffer en voyant arriver au loin une silhouette connue. Il se leva d'un bond et sans réfléchir se précipita dans la première boutique ouverte qu'il avait trouvé. La personne qu'il avait aperçu n'était autre qu'Hendrix, le frère de Jagger, aka l'homme qu'il ne voulait vraiment pas voir aujourd'hui. Si ça se trouve, il était déjà au courant de toute l'histoire d'hier au Hometown, et Donovan n'était sincèrement pas d'humeur à recevoir des remarques de sa part. Il jeta un regard au dehors à travers la vitrine pour être sûr qu'Hendrix ne l'avait pas vu et surtout qu'il n'avait pas décidé de le suivre jusqu'ici. RAS. Tout allait bien. Il se tourna donc, et ne put retenir une grimace en constatant le décor autour de lui. Il était dans un de ces trucs où les filles viennent se faire faire les ongles des mains ou des pieds. Il avait toujours trouvé ça un peu étrange, surtout pour les pieds. L'endroit était désert, parce qu'il était encore tôt sans doute et que les clientes n'arriveraient que plus tard dans la journée, mais il remarqua tout de même une fille dans un coin de la pièce et comme il se sentait très con et qu'elle le regardait avec un air un peu bizarre il lui fit un léger signe de la main et glissa un "Salut." gêné.

Il fallait réfléchir vite, trouver une excuse express et la sortir sur le champ à la jeune femme avant qu'elle ne prenne peur de voir un grand brun poilu comme lui dans un salon de manucure. Donovan, n'avait pas vraiment le profil type des clients que l'endroit avait sans doute l'habitude de recevoir. Même la décoration faisait très féminine, rien ne laissait penser que les hommes étaient ici les bienvenus même s'il était à peu près certain d'avoir déjà aperçu des garçons avec des ongles vernis. Quand il était petit, il se rappelait avoir servi de poupée à sa  grande soeur une fois. Elle lui avait mis du blush, un truc bien rose pétant, et du gloss aussi mais il ne l'avait pas gardé bien longtemps. Ça avait un goût de bonbon et il n'avait pas cessé de passer sa langue dessus au grand désespoir de Milena qui lui répétait sans cesse d'arrêter de manger le maquillage qu'elle lui mettait. Il ne devait pas avoir plus de cinq ans, c'était juste avant que sa mère décède, l'un des rares souvenirs qu'il avait encore de cette époque. Sa soeur était parvenu à lui mettre du vernis à ongles. À cette époque, il était tout petit et très docile. En plus, il adorait sa soeur, la suivait partout, faisait tout avec elle, alors dès qu'elle lui demandait de faire un truc il ne réfléchissait même pas, il s'exécutait simplement. Ce qu'on peut être débile quand on est petit quand même! Les choses avaient bien changé à présent, au point même où il ne voyait plus sa soeur et jusqu'à récemment, ils avaient complètement coupé les ponts, mais pourtant un sourire apparu sur le visage de Donovan alors qu'il repensait à leurs jeux d'enfants. Bientôt, il reverrait sa soeur, sauf qu'ils ne joueraient plus jamais à se déguiser et il ne lui servirait plus jamais de poupée. Ça, il en était sûr et certain. Quoiqu'il en soit, Donovan n'était pas vraiment à son aise au milieu de cette pièce. Son regard scrutait les lieux avec une certaine curiosité mais aussi une pointe d'angoisse. Il venait de saluer une jeune femme, plus jeune que lui c'était pratiquement certain, et bien qu'elle eut l'air surprise de le voir devant elle, elle se dirigeait droit sur lui en demandant si elle pouvait l'aider. Son premier réflexe fut de secouer la tête doucement. Non. Non, non… Elle ne pouvait pas l'aider, surtout pas si par "aider" elle voulait vraiment dire "relooker". Laissant parler son instinct de survie, Donovan enfonça sa main libre dans sa poche et resserra son emprise sur son gobelet rempli de café avec l'autre. Elle n'allait pas les toucher, ni lui ni ses ongles. "Je…" Putain, vite. Une excuse. Vite. Il se creusait les méninges, regardant tantôt la jeune femme, tantôt les étagères remplies de vernis à ongles de toutes les couleurs possibles et imaginables, certaines dont il ignorait même l'existence. "Je me balade, c'est tout." Bon, c'était pas encore ça, mais c'était déjà un début. Au pire, il pouvait toujours faire semblant d'être étranger et à défaut de véritablement parler une langue étrangère, il pouvait se mettre à articuler un charabia incompréhensible et prétendre qu'il s'agissait-là d'un dialecte africain.  Parce qu'il avait tout à fait la tête d'un type qui vient d'Afrique, pas vrai? Il se tourna vers une étagère et fixa les rangées de bouteilles. "Vous avez beaucoup de vernis ici, hein?" Toujours très perspicace ce garçon. "Y'en a combien en tout?" En vrai, il s'en foutait, mais il ne pouvait pas sortir. Pas tout de suite. Il fallait qu'il attende d'être sûr qu'Hendrix ne le verrait pas. Donovan jeta un coup d'oeil instinctif vers la porte, puis regarda la jeune femme à nouveau. "Bon. Okay, j'avoue tout! Je me cache de quelqu'un que je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas envie de voir. Je suis sûr que ça vous est déjà arrivé à vous aussi, pas vrai? Je vous assure que d'ici cinq minutes j'aurai débarrassé le plancher." Il lui sortir son regard de petit chiot avant de répéter: "Juste cinq minutes, okay?" Et puis, il tourna à nouveau la tête vers les vernis et demanda: "Sérieusement, y'a combien de teintes différentes de rose? Parce que jusqu'à aujourd'hui je pensais qu'il y avait juste rose clair et rose foncé mais clairement, j'étais complètement à côté de la plaque." Et le pire, c'est que pour le coup, la réponse l'intéressait. Un peu.

La fille le laissait rester, c'était déjà ça. Il avait l'air assez bête d'être entré là-dedans si en plus il se faisait jeter dehors, ça serait encore plus con. Donovan n'avait pas pris beaucoup de temps pour observer la jeune femme qui l'avait (plus ou moins) bien accueilli. Elle avait l'air tellement jeune, putain. Ils les prennent au berceau ou quoi? Si ça se trouve, elle était encore au lycée et il s'agissait simplement d'un job à temps partiel. Ugh. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire? Ce n'était pas comme s'il prévoyait de la draguer ou quoi que ce soit, mais il était bien forcé de constater qu'elle n'avait pas l'air très vieille. "C'est gentil, merci." qu'il lâcha avec un petit hochement de tête. Quoi de mieux que de rester enfermé ici, entouré de vernis à ongles? Si le Paradis existait, c'était forcément à ça qu'il devait ressembler pour une adolescente de quinze ans. Enfin, c'est ce qu'il imaginait, mais il n'y connaissait pas grand chose à ces bêtes-là (aka les filles de quinze ans). Il avait posé une question concernant les teintes de rose et la jeune femme ne lui riait pas au nez, au contraire même elle lui répondait comme s'il s'agissait de la conversation la plus normale qu'il puisse avoir tous les deux. Il se demandait d'ailleurs si elle recevait ce genre de question régulièrement ou bien s'il était une exception. Il hocha à nouveau la tête lorsqu'elle lui montra deux bouteilles et qu'elle indiqua que l'une était corail et que l'autre était flashy. Ouais, bon, peut-être qu'il percevait une légère différence mais franchement ce n'était pas flagrant. C'était du rose quoi. Avec Donovan il fallait souvent appeler un chat un chat, autrement il risquait vite de se perdre et de s'embrouiller. Dieu merci, Jagger n'était pas du genre à lui demander son avis sur ses teintes de vernis à ongles. En fait, il n'était même pas sûr qu'elle puisse faire la différence elle non plus. "Je vois… et donc j'imagine que c'est comme ça pour toutes les autres couleurs. Et c'est aussi comme ça que vous arrivez à en avoir autant… " Tellement de possibilités! Comment les filles étaient-elles capables de choisir parmi toutes ces couleurs? Et encore, il n'avait pas vu les vernis pailletés et ceux à effet. Il fixait à nouveau l'étagère à côté de lui et puis la jeune femme lui demanda s'il voulait en mettre et il se tourna vers elle, l'air perplexe. La réponse aurait dû être évidente et immédiate. Surtout immédiate. Sauf qu'au lieu d'avoir simplement dit non, il hésitait. "Il y a beaucoup de mecs qui le font? Vous avez déjà peint les ongles d'un garçon?" Il était curieux, okay? Il avait encore le droit, non? Et puis ce ne serait que pour faire passer le temps. "Si je vous laisse me faire les ongles, vous enlèverez tout avant que je reparte, pas vrai?" Il observa ses mains avec toujours la même pointe d'hésitation. Elles n'étaient franchement pas très jolies, mais c'était des mains d'hommes, des mains qui ont travaillé dur et qui ont été blessées plus d'une fois… S'il ne se rongeait pas les ongles, ils n'étaient pourtant pas très longs. N'empêche que pour rigoler, il était prêt à prendre place sur une chaise et laisser cette parfaite inconnue leur faire une petite beauté. "J'ai le droit de choisir les couleurs? On peut en mettre plusieurs?" Il posait toutes ses questions avec un véritable intérêt et surtout, un air résolument sérieux. Sans demander la permission, Donovan s'empara d'une bouteille et commença à l'ouvrir pour laisser apparaitre un petit pinceau dégoulinant de rouge. Il ricana comme un gosse avant d'amener le tout près de son nez. Snifer du vernis, sa nouvelle passion. "Putain! Ça sent bon!" Ouais, et il était aussi de ceux qui aiment l'odeur de l'essence dans les stations service et celle des marqueurs. "Vous savez faire des dessins sur les ongles et tout et tout?" Soudainement, Donovan était le client le plus enthousiaste du quartier. Allez savoir s'il s'agissait du manque de sommeil ou si les effluves de vernis à ongles lui étaient réellement montées à la tête, quoi qu'il en soit il avait bien envie d'essayer. Pour le coup, il ne pensait même plus à Hendrix, ni même au fait qu'il était entré ici par pur hasard. Nope. Et puis, il ricana à nouveau en imaginant la tête de Jagger si elle le voyait là. Priceless!

Et puis merde. YO to the LO, tout ça tout ça. Ça n'allait pas le tuer de faire passer le temps en se faisant faire une manucure. La fille lui enlèverait avant qu'il ne reparte et personne n'aurait jamais à savoir qu'il avait mis un pied dans ce salon. Il y avait franchement peu de chance pour que quelqu'un qu'il connaisse franchisse le pas de la porte, sauf si Hendrix aussi tenait à avoir de jolis doigts. Putain, ça aurait été quand même relativement drôle de se retrouver ici avec Hendrix. "Vous avez raison, le ridicule ne tue pas." Il fit un sourire à la fille avant de se tourner vers les étagères et de porter une main à son menton dans un air de pure réflexion. Du rose? Mouais. Ça fait un tantinet pétasse, et Donovan, bah c'est pas une pétasse. Rouge? Non plus, c'est pas sa couleur. Il réfléchit un instant. Avait-il jamais eu une couleur préférée? Il n'en avait pas vraiment le souvenir. S'il avait dû donner celle qu'il aimait le plus à l'heure actuelle, il aurait été bien incapable d'articuler quoi que ce soit, en dehors peut-être d'un "jauranveu" (jaune + orange + vert + bleu, pour ceux qui n'auraient pas compris). Après tout, il pouvait bien en choisir plusieurs. Aux dernières nouvelles, il avait encore dix doigts. Vingt, si on compte ceux des pieds. Le seul petit problème c'est que Donovan et les pieds, c'est un sujet qui fâche. D'abord, il n'aime pas qu'on les lui touche, ça remonte à une sordide histoire avec une fétichiste des pieds qu'il a ramassé dans un bar un soir, sans savoir qu'elle était fétichiste des pieds bien sûr. Cette pauvre fille l'a traumatisé à vie. Nous éviterons les détails des évènements traumatisants par lesquels Donovan est passé, si vous le voulez bien. C'est un truc entre lui et ses pieds désormais. Bref, tout ça pour dire qu'il a dix doigts, que dans le pire des cas il pourrait en mettre vingt à la disposition de cette fille, mais que s'il pouvait l'éviter, ce serait quand même mieux. Dix couleurs, ça ne devrait pas être très compliqué. Avant aujourd'hui, il ignorait même qu'il en existait plus de dix, alors bon. Il attrapa une bouteille de vernis bleu électrique, une bouteille de vernis violet, un vernis gris pailleté et un vert pomme. Ça n'était pas franchement très coordonné mais il s'en foutait bien, lui. Il voulait juste rigoler un peu, se détendre, et ça semblait être une méthode efficace. À choisir les couleurs qui s'étaleraient bientôt sur ses ongles, il en oubliait presque tout ses autres soucis. La fille était partie s'asseoir au même endroit où elle se tenait lorsqu'il était entré. Lorsque Donovan eut terminé de choisir différentes couleurs, il s'approcha d'elle les bras chargés de bouteilles de vernis. Il les déposa toutes soigneusement sur la table, franchement il n'avait jamais été très fort en maths, peut-être aussi qu'il s'était légèrement laissé emporter, quoi qu'il en soit il y avait bien quinze ou seize bouteilles étalées devant la jeune femme. Il haussa un sourcil avant de lâcher un "Mieux vaut prévenir que guérir, hein?" et de se mettre à rire. Il tira ensuite la chaise vers lui et prit place en s'asseyant lourdement. Ce n'était pas parce qu'il était dans un espèce de salon de beauté qu'il allait commencer à se comporter avec l'élégance d'une femme distinguée. Faudrait encore un peu attendre, histoire que les poules aient des dents ou une connerie du genre. Quoi qu'il était quand même prêt à se faire faire les ongles, tout était possible désormais. Enfin, comme si Donovan ne s'était jamais travesti. Ah. Il se remémora les soirées qu'il avait pu faire avec ses amis quand il était encore pompier, les enterrements de vie de garçon, ce genre de chose. Il ne put s'empêcher de rire, un peu. "Je suis prêt!" Il tendit ses bras vers la table et déposa sa main dessus pour les présenter à la fille. Il eut tout de même un haussement de sourcils, et avec une pointe d'inquiétude, il demanda: "Ça va pas faire mal, vous êtes sûre?" On ne sait jamais. Les femmes sont toujours en train de dire "Il faut souffrir pour être belle" et patati et patata, franchement c'est parfois à croire qu'elles aiment avoir mal et qu'on les plaigne, aussi. Qu'on les plaigne surtout. Donovan se méfiait donc de toutes ces choses. Une fois, il s'était brûlé avec un fer à lisser et une autre, il avait failli pleurer quand une ex lui avait épilé les sourcils. Enfin, elle n'avait eu le temps de lui arracher qu'un seul petit poil de rien du tout, mais ça avait été suffisant pour le faire hurler comme un cochon qu'on égorge. Ce n'est pas qu'il ne supporte pas la douleur, au contraire il a même une bonne tolérance à la douleur physique, mais ces trucs-là de s'arracher les poils et tout et tout, il n'en est vraiment pas capable. Et puis d'abord, les poils ça tient chaud l'hiver, alors les siens, il les garde. Merci bien.