All the roads you took came back to me... {{ ended
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Sujet: All the roads you took came back to me... {{ ended Mar 9 Sep 2014 - 22:26
So I'm following the map that leads to you Alexis Fackrell & Nolan Buckley
Deux heures du matin. Assis à mon bureau, je fixais l'écran de mon PC portable d'un oeil fatigué, me frottant les yeux environ toutes les trente secondes, poussant des soupirs à fendre l'âme. Impossible de bosser ce soir. En plus, des gamins avaient décidé de faire la teuf dans la rue juste en bas, hurlant sur de la musique saturée sortie d'un de leurs portables, ce qui n'arrangeait rien à la situation. Mon regard se perdit dans le vague, contemplant mon reflet blafard dans la baie vitrée. J'avais vraiment une sale tête. Je ne m'étais pas rasé depuis plusieurs jours, ni n'avait changé de tee shirt, sans parler de mes cheveux hirsutes qu'il aurait fallu dompter à bons coups de peigne. La mine renfrognée, je calai mes doigts derrière ma nuque un instant pour contempler les options qui s'offraient à moi : continuer à me prendre la tête alors que les mots ne venaient pas, aller me coucher mais ne pas pouvoir m'endormir à cause du bruit à l'extérieur ou... La troisième option. Celle que je choisissais toujours : sortir. Un nouvel hurlement strident suivi de plusieurs rires déchira le silence de la nuit... Et un vague sourire passa sur mon visage. Le script sur lequel je bossais était à chier, de toute façon. Il ne m'en fallut guère plus pour abandonner toutes mes bonnes résolutions destinées à remettre un peu ma carrière sur les rails et pour me jeter dans la douche. A peu près présentable, j'attrapai mes clopes, ma boîte de pandore - soit une boîte en métal contenant diverses "pilules" -, puis mon porte-feuille et sortis en claquant la porte.
Quelques instants plus tard, je faisais irruption au Pim's, plus motivé que jamais. Un grand sourire artificiel aux lèvres dû à l'un des comprimés que j'avais avalé à quelques rues de là, je me fondis dans la masse pour commencer à bouger en rythme en cherchant à me rapprocher du bar. La foule était dense, car si pour certains la soirée allait bientôt se terminer, pour beaucoup, dont moi, elle ne faisait que commencer. Mon regard passait sur les gens sans s'arrêter. La musique, entêtante, rendait ma progression laborieuse en quête d'alcool plus supportable, mais je finis toutefois par perdre patience après avoir été bousculé plusieurs fois, et doublé par un groupe de mecs éméchés sentant la téquila à vingt mètres à la ronde. Décidant de ne pas chercher la merde, je rebroussai chemin pour chercher une serveuse inoccupée dans la salle, pas décidé à jouer des coudes, quand j'aperçus une blonde s'éloignant d'une table où elle venait de prendre sa commande. Je fus tenté de la héler mais avec le brouhaha, cela aurait été inutile. Je la pris donc en chasse pour, une fois arrivé à sa hauteur - après avoir esquivé une main tenant un verre de whisky coca qui avait manqué de maculer ma chemise et deux nanas dansant collées serrées -, tapotai son épaule pour m'enquérir « Excuse mes manières, mais le bar est bondé. Je peux avoir une vodka ? Je serais juste là, à côté de la scène. » et aussitôt poser un billet de vingt dollars sur son plateau. Je souriais tranquillement, content que ma démarche ait abouti, jusqu'à ce qu'elle se tourne et que je sois frappé par son visage.
Un éclair blanc traversa mon crâne, et j'eus un mouvement de recul incontrôlé tandis qu'un frisson me parcourut de part en part. Je restais un moment à contempler cette apparition soudaine, à présent complètement fermé au monde extérieur, et à tout ce qui se passait autour de moi. Le toit de la boîte aurait pu s'écrouler que je n'aurais rien remarqué. J'étais bien trop occupé à la dévisager, à passer en revue le moindre de ses traits, et à les comparer avec ceux qui étaient gravés dans ma mémoire, et remontait à plusieurs années. « Tu ne peux pas être Alexis Fackrell. » m'entendis-je prononcer d'une voix sourde, qui devint plus forte alors que je terminai : « Non. Non non non. C'est impossible. Elle n'est plus ici. Elle est partie. » J'avais prononcé cette phrase d'un ton plein d'amertume, et sentis mes mâchoires se contracter. Il aurait été plus juste de dire que la blonde en question m'avait abandonné; mais je m'étais retenu in-extremis d'en faire la réflexion. Car, oui, cette blessure ne s'était toujours pas refermée. Mais, non, je ne comptais passer en laisser paraître davantage, même si j'avais serré les dents si fort qu'on aurait presque pu les entendre grincer. Je redevins donc soudain jovial, un sourire bête venant trôner sur mes lèvres alors que je continuai : « Je me suis trompé, excusez moi. On voit pas bien avec ces éclairages. » Achevai-je, sans la lâcher des yeux. Puis, sans crier gare, je sortis un nouveau billet, de cinquante, cette fois, que j'ajoutai sur le plateau : « Finalement, ce sera autant de shots que ce billet peut en payer, à la table juste là. » Et dans un grand rire, je fis volte face pour aller me greffer à la première table à ma portée. Je tombai sur un groupe de filles, pas mécontentes de m'accueillir vu leurs regards amusés. J'entamai alors la conversation, à grand renfort de drague de bas étage et d'humour douteux, imitant à la perfection le mec "cool" capable de s'intégrer n'importe où, et avec n'importe qui. Si j'étais crédible ? J'en doutais. C'est sûrement pourquoi je pris discrètement un deuxième cacheton dans ma boîte, pour parfaire l'illusion. Car, non, je ne me trompais pas : c'était bien elle, cela ne faisait aucun doute. Mais je comptais bien tout faire pour m'amuser malgré tout, et surtout, surtout, ne pas repenser à l'histoire qui nous liait. Faire comme si elle n'était pas là, et que tout allait bien. Vivre au passé, c'était terminé. J'avais assez donné. Et mon nouveau credo ne serait pas "Carpe diem" pour rien... Même si un millier de questions commençait déjà à fleurir dans mon crâne sur la raison de sa présence ici, et que cela m'atteignait bien plus que je voulais l'admettre.
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Dernière édition par Nolan J. Buckley le Ven 10 Avr 2015 - 16:22, édité 3 fois
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Dim 21 Sep 2014 - 19:09
Nolan Buckley & Alexis Fackrell
Looking at the same sky that we used to lay under Are you thinking about the love that I took from us ?
Fragile. Voilà ce qu'était Alexis, et ce malgré les mois qui avaient passé, et malgré ses retrouvailles avec Dustin. Elle n'arrivait que trop peu à se reconstruire, et, il fallait bien l'avouer, le silence radio de Dustin, depuis ce moment qu'ils avaient partagés, n'avait pas été en l'aidant. L'instant où elle avait reconnu son visage avait été comme une promesse toute nouvelle pour elle, mais elle s'était rendu compte au fur et à mesure des jours qu'elle passait sans nouvelles du jeune homme que ça n'avait au final qu'été une preuve de plus que le bonheur n'était pas pour elle. Qu'il n'était plus pour elle, tout du moins. Et ce malgré ce que Dustin lui avait dit, prédit et promis. Alors les journées s'étaient enchainées, se ressemblant toutes, et malgré ses efforts, elle n'arrivait même plus à faire bonne figure en servant ses clients. Une remarque ou deux de ses superviseurs, et elle savait que la fin ne serait plus très loin si elle n'arrivait définitivement plus à arborer un sourire, aussi hypocrite soit-il. Mais elle n'y arrivait plus. Elle était arrivée à bout de souffle. Elle se sentait incroyablement seule, en continu et sans fin possible. Chaque espoir lui était retiré aussitôt après sa naissance, à l'instar de Dustin, qui avait disparu de son paysage aussitôt après y être réapparu. Elle ne se sortait plus de la tête cette idée de solitude qui s'abattait sur elle, de plus en plus massive et lourde. Dustin lui avait tenu le discours qu'elle avait attendu malgré elle depuis des années, et il s'était évaporé aussitôt. Comment pouvait-elle s'imaginer valoir quelque chose aux yeux de celui qu'elle avait considéré comme son frère pendant des années, et comme son amoureux pendant quelques secondes ? Et comment pouvait-elle s'imaginer valoir quelque chose aux yeux de n'importe qui d'autre, après cela ? C'était l'esprit rempli de ces pensées sombres qu'Alexis s'était préparée dans la pièce glauque qui était réservée aux employées du Pim's. Les yeux tartinés de noir, elle finissait son œuvre en coloriant ses lèvres d'un rouge sanguin. A croire qu'elle se construisait un masque, ou un espèce de camouflage, juste histoire de ne pas avoir à faire face au monde réel sans en être cachée. Son service allait commencer... et se levant de sa chaise à l'équilibre précaire, Alex ôta sa veste, jetant un dernier coup d’œil au reflet que lui renvoyait son miroir. Un jour de plus, qu'est-ce que cela représentait d'insurmontable ?
Mais c'était sans compter sur la foule qu'elle dut traverser pour servir sa première table. C'était déjà insupportable. La foule l'oppressait, le regard avide des hommes au sourire gras l'oppressait, et les encouragements à sourire de sa collègue l'oppressait. Elle finit cependant par arborer un sourire crispé qui restait figé sur ses lèvres rouges. Elle ne pouvait guère faire mieux. C'est avec ce masque parfait qu'Alex s'enquit de la commande d'une seconde table, dont elle revint en évitant quelques verres, dont l'équilibre précaire était du à leurs propriétaires, plus très frais. La musique entêtante était la seule, à cet instant, à lui donner le courage de continuer. Ils n'avaient pas toujours mauvais goût en la matière, ici. Elle fut arrêtée dans ses pensées par un contact plus franc que ceux de tous les clients qui se frayaient un passage à travers la foule. Elle ne fit pas aussitôt volte-face malgré sa volonté de voir qui s'adressait à elle ; juste histoire de logistique impossible à mettre en place, voyez-vous. Elle tourna sa tête autant que possible, pour finir par voir du coin de l'oeil un grand homme qui lui demanda : « Excuse mes manières, mais le bar est bondé. Je peux avoir une vodka ? Je serais juste là, à côté de la scène. » Elle avait tendu l'oreille pour être sûre de tout entendre -il n'avait pas tort, cet homme, c'était presque la guerre, ici. Elle se retourna finalement, lentement, dans un instant de liberté que ses voisins semblèrent lui octroyer. Juste à temps pour le voir désigner la table à laquelle il serait installé. Elle sentit un poids bref sur son plateau, et, y jetant un coup d’œil bref, remarqua l'arrivée d'un billet. Finalement, elle leva son regard bleuté vers le client, juste pour lui dire que... et merde. La voilà qui s'était figée. Lui avait fait un pas en arrière, comme s'il venait de reconnaître un monstre digne des mythologies les plus glauques. Peut-être que son maquillage avait coulé, mais, et Alex le savait très bien, ce ne serait en aucun cas la raison de ce réflexe de recul. Elle en était la seule raison. Il la regardait fixement, mais elle ne bougeait pas, bien trop troublée par cette apparition pour avoir la moindre réaction potable. Et, à y réfléchir, elle préférait encore avoir l'air de faire un accident vasculaire cérébral plutôt que d'avoir une réaction ridicule. « Tu ne peux pas être Alexis Fackrell », finit-elle par entendre au milieu de tout le bordel du bar. En bruit de fond, les Killers continuaient à chanter leurs amours, mais elle n'y prêtait plus attention du tout. Et elle ne répondit rien. « Non. Non non non. C'est impossible. Elle n'est plus ici. Elle est partie. » Tenant son plateau devant elle bêtement, Alexis ne savait pas quoi répondre; qu'aurait-elle pu répondre ? Qu'elle n'était jamais réellement partie, ou plutôt, qu'elle était revenue ? Que cette Alexis Fackrell regrettait cette brève lettre qu'elle avait laissée à son premier amour en le quittant ? Non, elle ne savait pas quoi répondre. Il avait toutes les raisons de l'ignorer, de la détester et même de la haïr ou de la frapper. « Je me suis trompé, excusez moi. On voit pas bien avec ces éclairages. » Voilà donc l'option qu'il avait choisi. Celle de l'ignorer. Elle le méritait bien. Mais elle ne pouvait pas se résoudre à le laisser continuer. Elle était blessée à vif, et l'idée même qu'il la déteste, comme il en avait pourtant toutes les raisons, l'achevait peu à peu, alors que ses prunelles ne se résolvaient pas à quitter celles du beau brun. Il finit par sortir un autre billet, dont la valeur terrassait celle du premier. « Finalement, ce sera autant de shots que ce billet peut en payer, à la table juste là. » Et elle, dans tout ça, n'avait toujours pas bougé d'un poil. Au moment où il fit volte-face pour rejoindre sa fameuse table, Alex hurla au-dessus de la voix de Brandon Flowers un simple et pourtant désespéré « Nolan ! ». Et rien que prononcer son prénom lui fendit le cœur, ou, tout du moins, ce qu'il lui en restait. Elle resta en retrait, juste suffisamment longtemps pour le voir se greffer à une table de jeunes filles particulièrement heureuses de l'accueillir. Comment pouvait-elle rivaliser ? C'est sur cette question malheureuse qu'Alex rejoignit le bar pour remplir son plateau de vodkas. Mais il n'était plus question de faire bonne figure. Elle n'y arrivait définitivement plus. Elle supplia une collègue d'apporter le plateau à sa place, mais celle-ci semblait convaincue qu'affronter ses démons serait pour Alexis le meilleur moyen d'aller de l'avant. Alors, c'est d'une démarche la plus lente possible -et si elle avait pu avancer en reculant, nul doute qu'elle l'aurait fait- que la blonde rejoignit la table où s'était installé son ex. Elle se pencha au-dessus de la table pour y poser les vodkas une à une, n'osant plus affronter le regard de Nolan. Il était trop bien entouré pour qu'elle le dérange. « Heureuse de t'avoir revu, Nolan », lui dit-elle d'une voix brisée, presque froide tant cela lui faisait du mal. Et elle s'adressa à tout le groupe avec un sourire forcé : « Passez une bonne soirée, et n'hésitez pas si je peux vous aider ». Nul doute que Nolan allait passer une bonne soirée. Il avait su la remplacer, et ce n'était peut-être pas plus mal. Elle ne pouvait pas le lui reprocher. Attrapant son plateau à présent vide, elle fit volte-face et fendit la foule à une vitesse qui la surprit elle-même. Elle jeta le plateau sur le bar. « Il faut que j'aille aux chiottes », tenta-t-elle auprès de la barmaid. « Ceux du personnel sont hors service. Si y'a trop de queue aux chiottes des clients, tant pis. T'as pas plus de cinq minutes. » Avec un sourire qu'elle souhaitait reconnaissant, Alexis rejoignit les toilettes -mixtes, qui plus est- du bar. Il était encore trop tôt pour que les réelles catastrophes alcooliques aient déjà massacré les lieux. Pourtant, il y avait bien du monde. Et posa ses mains sur le premier lavabo glacé et dégueulasse qui lui fut accessible. Elle avait chaud. Et elle tremblait. Elle observa son reflet quelques instants. Le maquillage n'avait pas encore bougé. Give me a moment, some kind of mysterious, acheva Flowers, give me a shot at the night. Elle finit par quitter les toilettes dans un élan de folie et, sans s'arrêter, rejoignit le bar, où elle se servit à son tour une vodka, puis deux, qu'elle but d'une traite à la suite l'une de l'autre. Avec un sourire à sa responsable, elle demanda : « C'est bientôt l'heure du show, non ? ». Agrippant une collègue qui passait par là -toujours la même, la pauvre-, Alex échangea quelques mots et, bientôt, les deux blondes montaient sur le bar. La jeune femme imita un revolver avec ses doigts, qu'elle tendit en direction de Nolan et, avec un clin d’œil, souffla dessus. Deux autres collègues vinrent les rejoindre. Il allait voir si elle n'était réellement pas Alexis Fackrell.
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Jeu 23 Oct 2014 - 16:42
Qu'est ce qu'elle foutait là, bordel ? Cette question tournait dans ma tête depuis que je m'étais éloigné pour m'extraire le plus vite possible de cette situation intenable. Si je m'étais attendu à ça... A ressentir de nouveau ces sensations... Je secouai la tête, tentant de m'ancrer dans le moment présent, sans grand succès. A l'entente de mon prénom, mes mâchoires s'étaient contractées et je m'étais fait violence pour ne pas me retourner pour la regarder, et lui jeter ce regard plein de rancoeur et d'hostilité qui avait menacé de poindre. A la place, une attitude superficielle s'était matérialisée pour remplacer ma spontanéité habituelle, masquant la tension qui s'était emparée de mon être alors que j'avais choisi de me fondre dans le paysage et de l'ignorer. Je n'avais pas besoin de ça. J'étais là pour m'amuser, rien d'autre. Je ne pouvais pas la laisser m'atteindre. Je ne devais pas.
Mais pourquoi donc me mettais-je dans un tel état, vous demandez-vous ? Mettez-vous à ma place deux secondes... Voilà des années que je ne l'avais pas vue, cette fille, avec qui, pourtant, j'avais partagé une vraie relation. Elle faisait partie de l'une des rares qui ait compté, et avec qui j'aurais entrevu un avenir. Pendant un temps, elle avait été ce qui se rapprochait le plus d'une raison de vivre. Et puis, du jour au lendemain, elle m'avait laissé pour disparaître dans le néant, ne me laissant que quelques souvenirs éparses de plus en plus flous auxquels me raccrocher et une lettre bien vide de sens... Je n'étais pas homme à pleurnicher ou m'apitoyer sur mon sort, mais cela avait été un coup dur. Une de ses journées noires qui revenaient parfois me hanter, dans mes soirées les plus tourmentées. Et dès lors, j'avais fait comme si elle n'avait presque jamais existé. Comme si toute cette histoire n'avait été, au fond, qu'un rêve éveillé au réveil un peu brutal un beau matin, ou plutôt milieu d'après-midi, si on prenait en compte le fait que je m'étais couché plus vers les douze coups de midi que de minuit. J'avais tout fait pour oublier. Et là, quelques instants plus tôt, tout m'était revenu en pleine figure. Alexis Fackrell venait de revenir d'entre les morts. Comment vouliez-vous que je réagisse ? « Hein quoi, tu m'as parlé ? » fis-je soudain à l'attention d'une des pimbêches qui me faisaient face, n'étant revenue à la réalité qu'au contact de ses doigts sur mon bras. Je me reculai pour la regarder d'un air un peu sévère, avant de me tourner vers ses "copines", comme si je les voyais pour la première fois. Ce n'était pas totalement faux, au fond, je venais juste de les rencontrer... Mais c'était la première fois que je les regardais réellement. Et pour tout vous dire, je ne les aurais probablement jamais remarquées si je n'avais pas eu à trouver un plan de secours. Trop maquillées, parlant trop fort, riant pour rien. Pas du tout mon type, quoi. Ou alors, mon type quand j'étais vraiment très, très, trèèès bourré. Et j'étais encore sobre, aux dernières nouvelles. D'ailleurs, il allait falloir remédier à ça, et vite. « Ils viennent ces shots ? » proférai-je avec violence, avant de me remettre soudain à sourire, comme si de rien n'était. Je l'avais vue revenir dans mon champ de vision périphérique et ne la regardais même pas lorsqu'elle déposa le plateau, renvoyant toujours ce sourire éclatant, dégoulinant de fausseté. Et, lorsque je repris la parole, toute trace de colère avait disparu pour laisser place, de nouveau, au type cool et détaché. Le parfait bipolaire, en somme. « On commençait à avoir la gorge sèche... C'est qu'il fait chaud ici, hein les filles ? » lançai-je à la ronde avec mon plus beau clin d'oeil. C'était pitoyable, mais c'était tout ce que j'avais en stock. « Heureuse de t'avoir revu, Nolan », entendis-je alors, d'une voix si... triste que je sentis un frisson détaler le long de ma colonne vertébrale, sans pouvoir le retenir. Mon regard redevint morne, et glacial, alors que je fixais toujours ce même point invisible, bien décidé à garder la face. « Plaisir non partagé. » proférai-je alors, caustique. Heureuse ? Vraiment ?! Non mais, laissez moi rire ! Et d'ailleurs, j'eus un petit rire alors qu'elle compléta ensuite, non sans mal, se retranchant dans son rôle de serveuse : « Passez une bonne soirée, et n'hésitez pas si je peux vous aider » J'eus un haussement de sourcils amusé, clairement, avant d'enfin, réussir à relever les yeux vers elle. Une fraction de seconde, ils se cognèrent à ces iris bleus dans lesquels j'avais toujours adoré me perdre. Elle n'avait pas tellement changé, et pourtant... Elle me semblait différente. En profondeur. Un instant, j'en fus saisi, mais je me réussis à me reprendre in-extremis : « Je pense qu'on va s'en sortir, merci. » Mais déjà, elle repartait, et ma réplique se perdit dans le vent.
Les minutes qui suivirent furent occupées à tenter de ne pas me suicider mentalement. Ces filles n'avaient vraiment aucune conversation, à tel point que je m'étais surpris à me mettre à prier, que dis-je, implorer les cieux de me sortir de là. Durant ces quelques instants, elles n'avaient mentionné que deux choses : premièrement, la musique, à raison de "c'est troOoOOOp coOoOooOoool le soOoOoOOon iciiii", "j'adooOoOoore cette chansoOoOOn", "Haaan putaiiiiiin les Killeeeers je suis FaaaAaAAaaan", "et le chanteur est trop bOoOOOOooo quoiii", se répondant mutuellement en riant, et deuxièmement, mes tatouages, excuse parfaite qu'elles avaient sûrement trouvée pour pouvoir en plus toucher ma peau, le tout en gloussant bêtement. En résumé : la moyenne d'âge devait être d'environ douze ans, et de 1/, je ne voulais pas finir en prison ; de 2/, j'allais finir par en tuer une si elle me touchait encore avec un rire niais... Ce qui revenait à l'option une, sauf que la différence principale se serait comptée en nombre d'années : j'aurais plongé pour meurtre plutôt que détournement de mineurs, quoi. Damn. Il fallait vraiment que je me casse de là. « Bon, les filles, c'est pas que je m'ennuie mais... » commençai-je, cherchant une porte de sortie quand, soudain, Alexis, qui venait de ressurgir dont ne sais où, fut sur le bar. Mon regard se vrilla au sien alors que la musique changea pour un beat bien différent, entêtant. Une chanson que je n'avais encore jamais entendue mais qui, après ce qui venait de se passer, me resterait en tête un long moment. Fermant son majeur et un index pour former un pistolet, la petite blonde de mon passé venait de faire un geste dans ma direction. Bang. Un geste significatif, face auquel je restais un moment coi, avant de reprendre, mon ton se transformant soudain pour devenir plus chaleureux, m'adressant de nouveau aux jeunes filles, même si mon regard n'avait plus quitté celui charbonneux de la serveuse : « En fait, si, vous êtes chiantes à mourir. Byyyye ! » Dans un rire, je me levai pour traverser la foule à grandes enjambées. I can only see you when I close my eyes, there's nothing left of you here... La musique continuait, balançant ses paroles que j'entendais sans vraiment les écouter. We had the time, we had the time... The things I do remember I do not regret, they don't mean a thing here, we had the time, we had the time... Ma main s'élança pour pour prendre appui sur le bar, et j'y grimpai d'un bond pour ensuite, me glisser jusqu'à elle, séparant les deux serveuses sous les protestations de la barmaid, visiblement pas très contente que j'interrompe son show. « On va dehors. » Ce n'était pas une question. A cet instant précis, je ne m'en posais plus aucune, si bien que j'attrapai fermement sa main avant de redescendre, l'entraînant à ma suite. Le contact de ses doigts, électrisant, me surprit. Ce que je ressentais maintenant était assez indescriptible. Un sentiment connu se mêlait à un autre, plus nouveau, plus intense, aussi. Un sur lequel je n'arrivais pas vraiment à me décider. Au fond, je n'étais même pas sur de réaliser ce qu'il se passait, ni ce que je faisais. Je n'avais d'ailleurs aucune traître idée de ce que j'allais faire ensuite... Mais je m'en foutais.
Alexis Fackrell venait de renaître.
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Dim 26 Oct 2014 - 2:13
Des fois, Alexis se surprenait à penser que tout aurait été beaucoup plus simple si elle n'avait pas brutalement interrompu cette vie qu'elle avait menée pendant des années. Parce que c'était bien beau de lui dire que la drogue était mal, que c'était un fléau et qu'il fallait savoir s'en débarrasser tant qu'il n'était pas trop tard, mais au final, c'était ce monde-là qui lui avait apporté le plus grand bonheur qu'elle avait jamais connu. Et ça l'étouffait de penser que tout ce bonheur appartenait au passé. Car même si Dustin lui avait promis l'inverse, qu'advenait-il à présent de cette promesse ? Qu'advenait-il de cet avenir qu'elle avait entrevu pendant quelques instants, un brin plus rose que morose ? Qu'advenait-il de ce bref espoir qu'il avait fait renaître en elle ? Rien. Il n'en advenait rien. Des promesses en l'air. Un baiser... un baiser qu'elle en venait maintenant à regretter. Parce qu'il ne l'avait plus contactée, parce qu'il ne lui répondait pas, et parce que même si elle avait pensé ça impossible, tout était encore plus sombre à présent. Elle explorait les fonds sous-marins. Elle les creusait, les abysses. Parce qu'elle avait entrevu un peu d'espoir, et que, comme tout le reste, il avait été anéanti. Alors elle vivait sa vie comme un robot, parce que c'était tout ce qu'elle savait faire. Si le destin lui avait ramené Dustin pour le lui ôter aussitôt, que pouvait-elle en espérer à présent ? Nous sommes bien d'accord. Plus grand chose. Sauf que c'était sans compter un autre coup de maître du hasard... Puisque dans cette salle bondée qu'était le Pim's à une heure pareille, celui qui l'avait arrêtée dans sa course n'était nul autre que... Nolan. Nolan Buckley. Elle avait eu un instant d'arrêt, pas réellement certaine de ce qui se passait, comme si un rêve venait de la rattraper. C'était ridicule de buguer comme ça, n'est-ce pas ? Ça l'était totalement. Parce qu'il n'allait pas s'arrêter de vivre lorsque ça avait été son cas, et ce n'était pas plus mal d'ailleurs. Parce qu'il n'allait pas quitter la ville ou l'Etat sous prétexte qu'elle l'avait quitté. Parce que le Pim's, ils l'avaient fréquenté ensemble, et qu'il était donc évident qu'il était susceptible d'y mettre encore les pieds. Nolan aimait les femmes, c'était indéniable. Des ruptures, il avait du en connaitre un bon paquet -même si, avouons-le, cette perfection qu'était la sienne laissait bien entendre qu'il en était la plupart du temps l'instigateur-, aussi Alex ne s'en était pas réellement faite pour lui... Elle l'avait aimé. Il était toujours une part d'elle. Il était son premier et seul amour. Et malgré leur différence d'âge, Alex s'était toujours sentie aimée pour celle qu'elle était, sans aucun détour. Il l'avait comprise à chaque instant; il l'avait épaulée, épuisée, bercée, tourmentée... Il l'avait faite grandir. Et lorsqu'Alexis lui avait déposé cette lettre qui mettait fin à leur relation, son cœur s'était brisé. Quelques jours plus tôt à peine, elle ne voyait pas de fin à leur relation. Ils étaient tellement bien ensemble... Mais toute bonne chose avait une fin, n'est-ce pas ? Et elle lui souhaitait le meilleur. Elle lui souhaitait de trouver une jeune femme qui le rendrait heureux. Elle lui souhaitait de ne retenir que le bon de la vie, et de l'oublier elle, si c'était ce qui lui ferait du bien. Elle lui souhaitait encore plein de crises de fous rire, comme ils en avaient eues par dizaines ensemble. Elle lui souhaitait encore une infinité de road trips dans le désert, avec la musique à fond, juste parce qu'elle se souvenait de ce sentiment de liberté que ces aventures leur procuraient. Pourtant, elle le savait, elle regretterait toute sa vie cette lettre lâche. Aurait-il essayé de la retenir ? Serait-elle restée ? A l'instant précis, elle ne pouvait plus concevoir qu'on se batte pour elle, pour la simple personne qu'elle était. Surtout étant donné l'état lamentable dans lequel elle se trouvait depuis qu'elle avait quitté son centre de désintoxication. Et si elle s'était écoutée, maintenant qu'elle était à peu près sûre qu'elle faisait face à Nolan, elle aurait pris la fuite. Parce qu'elle était détruite, elle n'était plus qu'une ruine, et ce n'était pas l'image qu'elle voulait lui renvoyer. Elle voulait qu'il sache qu'elle avait eu ses raisons de faire ce qu'elle avait fait. Mais jamais elle ne pourrait expliciter ces raisons. Et jamais elle ne pourrait montrer ce qu'elle voulait à Nolan. Jamais elle ne pourrait justifier son départ. Il la haïssait. Il en avait toutes les raisons, mais, avec toute cette bêtise qui la caractérisait, elle avait espéré qu'il aurait été au moins un peu heureux de la revoir, même si elle n'avait pas eu jusqu'à la naïveté de croire qu'elle croiserait à nouveau son chemin.
Pourtant, il était là, et bel et bien là. Quelque part dans son dos, alors qu'elle venait de déposer les shots de vodka avec une aisance et une rapidité d'habituée. Pourtant, l'instant n'avait rien de commun. Et si elle n'avait pas été entraînée par l'exaltation environnante, nul doute qu'elle serait restée figée dans un coin bizarre, tremblante, en train de réfléchir à ce qu'elle pourrait dire ou faire face à Nolan. Elle n'était pas digne de lui, de son attention, et encore moins de son pardon. En réalité, elle se demandait encore ce qu'il avait pu lui trouver, même à cette époque de tous les excès. Elle n'était alors qu'une gamine... Une gamine fougueuse qui ne demandait qu'à vivre, à rire et à découvrir, mais une gamine qui sortait à peine du lycée... Alors maintenant qu'elle était ternie par le temps et les épreuves, que pourrait-il bien voir d'elle ? Plus grand chose nous étions bien d'accord. Au mieux, avec du temps, il arriverait peut-être à la pardonner. Par pitié.
Pressée, Alex s'était retournée avec son plateau pour faire face à la foule et la traverser. Elle devait aller servir le brun. Et il n'était pas en mauvaise compagnie... Signe qu'il n'avait pas trouvé une femme qui le comblerait. Ou alors, elle la plaignait réellement. Mais s'il était toujours celui qu'elle avait fréquenté, alors, il ne pourrait pas faire ça à une femme à laquelle il serait attachée. Peut-être l'avait-il vraiment aimée, à l'époque. Peut-être que son départ l'avait brisé au moins autant qu'il l'avait détruite elle. Ou peut-être que c'était ça, tout le bonheur qu'elle lui souhaitait. Peut-être que c'était toutes ces femmes dont la perfection aveuglait jusqu'au cafard qui traînait à l'arrière du bar. Comment devait-elle réagir ? Avait-elle seulement le droit de faire la moindre réflexion après ce qu'elle avait fait ? Avait-elle une légitimité quelconque face à lui ? « On commençait à avoir la gorge sèche... C'est qu'il fait chaud ici, hein les filles ? » Lui attaquait. Très bien. Avec un sourire agacé, elle répondit, ironique : « Oh, c'est rien, on a un problème de clim' ! » Mais, au final, elle avait opté pour la simplicité. A laquelle il répondit par un cinglant « plaisir non partagé. » A quoi aurait-elle du s'attendre, de toute façon... Après ce qu'elle lui avait fait, il n'allait pas l'accueillir les bras ouverts. Il n'y avait que Dustin pour la pardonner. Et il n'y avait que lui pour l'abandonner à son tour. Au final, que ce soit avec Dustin ou avec Nolan, elle n'avait que ce qu'elle méritait, elle en avait pleinement conscience. Mais ça n'en était pas moins douloureux pour autant. Encore plus refroidie par la réponse de Nolan, la jeune femme se contenta de redevenir la simple serveuse qu'elle était et quitta la table. Elle entendit cette voix qu'elle connaissait par cœur dire quelque chose derrière elle, mais n'y prêta pas attention. Elle n'était pas assez solide pour faire face à une autre remarque du même acabit.
L'oublier et passer à autre chose. Elle était douée pour ignorer ses états d'âme et évincer les problèmes. Bon, ok, elle était plus douée pour faire bonne figure et se tartiner de maquillage de prostituée que pour réellement se relever des difficultés qu'elle affrontait, mais peu importait la technique qu'elle utiliserait. Ce soir, c'était soir de rush, et elle se devait d'être au moins de ses capacités si elle ne voulait pas, en échec ultime, perdre sa place de serveuse. Elle l'oublierait. D'ailleurs, c'était heure du show. Et en fait, non, elle n'arrivait pas à l'oublier. Pourtant, il y en avait, du beau mâle à apprivoiser. Mais ses prunelles n'accrochaient que l'un d'entre eux, au fond, attablé avec ces jeunes femmes qui semblaient en plein débat philosophique et/ou métaphysique. Qu'est-ce qu'elles avaient l'air de parler... Mais Alex s'en foutait. Elle se déhanchait sur un air enivrant lancé par la patronne, mais elle ne regardait que lui. Ou presque. Un petit coup d’œil à un gars enivré qui venait de s'accrocher à sa jambe. Elle le repoussa avec douceur en s'accroupissant quelques secondes. « La rousse derrière le bar t'attend avec ta vodka... » lui glissa-t-elle, malicieuse, en plein flagrant de délit d'incitation à la consommation d'alcool. Mais c'était son rôle, son job, et elle pouvait au moins se vanter d'y être douée. Elle se redressa aussitôt et chercha le regard de Nolan, qui ne l'avait pas quittée. Et ça lui plaisait. Elle n'arrêta pas une seule seconde son jeu, même s'il venait de se lever. Il fendait la foule en sa direction, et elle ne le quittait pas du regard. Elle ne savait pas à quoi s'attendre, mais le simple fait de ne plus le laisser indifférent lui plaisait. Son regard s'était baissée alors qu'il s'était approché du bar, mais sa réaction ne se fit pas attendre une seule seconde. En un bond agile, il se retrouvait à ses côtés, court-circuitant sa collègue, qui eut un gloussement de débile finie à l'intention de blonde. Elle entendit la barmaid gronder derrière elles, mais elle s'en foutait. Elle avait arrêté de se déhancher comme une prostitué dès qu'il s'était approché d'elle. « On va dehors. » C'était tout. Pas un mot ou une explication de plus. Il lui avait attrapé fermement la main, la forçant à suivre son sillage. Sans trop comprendre comment, la voilà qui descendait du bar et le suivait, traversant la foule, qui semblait toujours très bien se contenter du show de sa collègue, à présent seule. Elle se surprit à apprécier le contact de sa main, mais se força à laisser ces sentiments de côté. « Tu veux qu'on aille derrière ? » tenta-t-elle, mais elle ne s'entendit même pas. Ils sortiraient devant l'entrée du bar, parfait. Au moins, s'il décidait de faire d'elle de la pâtée pour chien, il y aurait des témoins. Finalement, sans trop savoir comment, ils réussirent à attendre la sortie, et un air frais s'engouffra dans les poumons de la blondinette. Elle eut un frisson réflexe, parce que oui, putain, il faisait froid, et oui, putain, elle était très peu habillée -les aléas du métier. Leurs mains s'étaient lâchées dès qu'ils avaient su se frayer un chemin hors de la densité de la foule, et Alexis s'éloigna de quelques mètres de la porte, juste histoire de ne pas avoir à faire de trop près aux videurs et aux alcoolisés qu'ils essayaient de gérer. Ils entendaient encore la musique qui passait dans le bar, même si elle semblait venir de loin. Maintenant, elle se tenait face à lui, et le fixait d'un drôle d'air. « Je... » commença-t-elle sans trop savoir où elle allait. Je bosse, j'ai que quelques minutes ? Je te dois des explications ? J'ai froid ? C'est le mec à côté qui pue ou t'as eu un problème de parfum ? Mais non. Alexis Fackrell faisait toujours bien les choses. « Ça va ? J'avais pas craché dans les vodkas, c'est promis ! » Ah, les vodkas... elle ne savait même pas s'il en avait bu et/ou combien il en avait bu. Si ça se trouvait, beaucoup trop. Et si ça se trouvait, maintenant, il se sentait l'alcool violent. Et elle allait vraiment finir en pâtée pour toutou. « Ecoute, je vais pas te forcer à parler, je sais que j'ai ce que je mérite. Je peux t'expliquer, je peux... » Non, elle ne pouvait pas tout lui expliquer. Même s'il devait se douter. « ... avoir une clope ? »
Le vent faisait glisser des mèches blondes devant son visage, et elle crevait de froid. Mais voir Nolan se tenir devant elle, comme au bon vieux temps, lui procurait de drôles de sensations. La vérité, c'est qu'elle se sentait à la maison. Mais elle ne pouvait pas prendre le risque de croire à autre chose qu'en la brillante engueulade qui allait suivre. Elle chercherait à s'expliquer, mais il ne voudrait pas entendre. Le ton monterait, et ce serait déjà la fin de leurs retrouvailles. Si elle n'avait pas su garder Dustin, son frère de cœur, alors comment pourrait-elle prétendre retrouver son premier amour ?
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Mer 26 Nov 2014 - 23:55
J'avais lâché la main d'Alexis à peine avions nous passé la porte mais pourtant, ma paume me brûlait comme si la marque de ses doigts y avait laissé une empreinte au fer rouge. Mon regard se balançait de la foule éparse amassée devant le Club au visage de la blonde, défait, sans réussir à trouver un point d'ancrage. Fébrile, je passais une main dans mes cheveux. Mes joues aussi, me brûlaient. Peut être à cause de la morsure du vent, cinglant en cette fin de soirée. Peut être à cause de l'alcool, également, descendu bien trop rapidement dans ma gorge. Peut être aussi à cause du sang qui battait furieusement dans mes veines, depuis qu'elle s'était trouvée dans mon champ de vision. Peu importait. Rien n'importait, rien d'autre que le fait, aberrant, inexplicable, qu'elle était bien là. Sans doute possible. Comme en témoignait encore la sensation de sa peau contre la mienne qui refusait de s'effacer... Parce qu'elle était réelle. Parce que je ne rêvais pas, ou n'était pas complètement défoncé au point d'halluciner sa silhouette. Non pas que cela ne me soit pas déjà arrivé... Mais c'était déjà il y a bien longtemps, et je n'étais plus cet homme là, meurtri, blessé, dévasté par son départ. Je ne l'étais pas, hein ? Alors pourquoi ne pouvais-je même plus la regarder, à présent que nous étions seuls - ou presque ? Mon regard passa de nouveau de son visage à la foule, puis de la foule à son visage, avant de s'arrêter quelque part au dessus de son épaule. Voilà, là, c'était bien. Entre les deux. Parfait. Elle tenta de parler, tandis que je gardai mes yeux résolument au même endroit. Je n'essayais même pas de l'aider. Pas parce que j'étais un connard et que je préférais la laisser se démerder, même si ce n'était pas entièrement faux non plus, mais parce que, la vérité, cruelle, était toute simple : je ne savais pas quoi lui dire. Ou plutôt, je ne savais pas par quoi commencer. « Ça va ? J'avais pas craché dans les vodkas, c'est promis ! » finit-elle par prononcer alors que je respirai bruyamment par les narines pour retrouver un semblant de calme. Non, ça va pas, et je m'en fous complèment que t'aies craché dans mon verre, on a partagé bien plus dégueulasse comme fluide corporel, je te rappelle. aurais-je voulu répondre. Au lieu de ça, tout ce qui dépassa mes lèvres fut : « Il fait chaud. » Oui, je me répétai, bêtement. Passant ma main sur mon visage en inspirant fortement, je tâchai d'ancrer mon regard dans le sien. Et, non, cette fois, il n'y avait pas de problème de clim'. C'était la colère qui me donnait chaud. Une colère sourde que je refusais de laisser sortir, de peur de ne pas pouvoir l'endiguer. Une fois qu'on avait ouvert la boîte de Pandore, c'était difficile de la refermer. Et souvent, bien trop tard, car le mal était déjà fait. « Écoute, je vais pas te forcer à parler, je sais que j'ai ce que je mérite. Je peux t'expliquer, je peux... » commença-t-elle difficilement, se doutant sûrement de ce qui traversait mon crâne. Elle me connaissait bien. Mieux que quiconque. Elle devait se douter que je me contenais, à cet instant. A ses yeux, j'avais toujours été transparent. Je ne lui avais jamais rien caché. Tout du moins, rien qu'elle n'ait eu besoin de savoir, et qu'elle ne savait pas déjà en me côtoyant tous les jours. Elle m'avait vu dans tous mes états. Mais peut être que ce soir, elle allait en découvrir un autre. Non, je m'y refusais. Je ne devais pas... je ne pouvais pas lui montrer cette part de ma personnalité là. Du calme... Il me fallait... Il me fallait... « ... avoir une clope ? » Mon regard resta enfin figé dans le sien. Voilà ! Voilà ce qu'il me fallait ! Une clope ! Bordel !
Sans un mot, je sortis mon paquet et m'en allumais une, fébrilement. Inspirant une longue bouffée, je commençai à reprendre mes esprits, enfin. « Putain. » lâchai-je simplement. Ca va mieux, faillis-je ajouter, mais je me retiens juste à temps, et, finalement, après deux/trois lattes que je fis durer, appréciant le goût de nicotine sur ma langue, je la regardai de nouveau. Visage fermé, je lui lançai alors mon paquet dans les mains. « Tiens, prends. Vas-y. » Que ne m'as tu pas déjà pris, de toute façon ? « Tu veux le briquet aussi ou ça va aller ? » poussai-je le vice à lui demander avant de me raviser et de m'avancer, levant les yeux au ciel, pour la lui allumer. Contradictoire, ouais. Complètement. « Maintenant, parle. Non, en fait ne dis rien. Je veux pas savoir. » Rectification : j'étais une PUTAIN de contradiction personnifiée, ouais. Je me reculai, lui faisant dos un instant. Puis, je lui fis face de nouveau pour la pointer de mon index et de mon majeur, ceux tenant la clope qui se consumait dans mes doigts. « Pourquoi j'aurais droit à des explications maintenant, hein ? Qu'est-ce qui a changé ? Une lettre ne suffit plus ? Tout d'un coup je vaux mieux que ça ? Ah ouais. Ben non. » fis-je, tremblant, avant de me mordre violemment la lèvre. « Je sais pas ce qui m'a pris, je sais pas ce que j'ai espéré un instant, en te voyant sur ce bar... je sais pas ce que j'ai vu, mais j'ai cru, un bref moment, que... Écoute, je sais pas ce que j'ai cru, mais de toute façon, c'était stupide. » J'étais stupide. « T'es plus celle que t'étais. Et tu le seras jamais plus. Parce que, tu sais quoi ? Elle est partie, cette fille. Et elle est jamais revenue. » Mes iris vacillèrent un instant. Comment se pouvait-il que la fille qui se tenait devant moi ressemble autant à la personne que j'avais aimé, tout en étant, je le sentais, pourtant complètement éloignée de cette personne ? Tant de choses avaient changé. Tant de temps avait passé... Non. On ne pouvait pas revenir en arrière. On ne pouvait pas tout réparer. Pas ce qui était réellement brisé. Certaines choses ne pouvaient plus être sauvées. « Tu sais quoi, au pire, si t'y tiens vraiment, t'as qu'à m'envoyer un texto. A moins que t'aies supprimé mon numéro quand tu m'as supprimé de ta vie. Là, écoute, je peux plus grand chose pour toi. » J'écartai les bras en signe d'impuissance. Puis, mes bras retombèrent le long de mon corps, et j'arrêtai soudain de bouger, comme vidé de mes forces. Mon regard toujours dans le sien, ma cage thoracique se soulevait furieusement.
Un moment passa. Long, court, je n'aurais su le dire. Tout ce que je savais, c'est que nos regards se fondaient l'un dans l'autre, se transmettant mutuellement leur souffrance, sourde, étouffée, oppressante. Nos deux âmes à vif se jaugeaient, se contemplaient, se cherchaient, alors que nos cigarettes continuaient de brûler, sans que nous n'y fassions plus vraiment attention. Le temps s'était comme suspendu dans l'instant. Et soudain, alors que mon mégot s'écrasait au sol, je fus sur elle, mes bras se refermant autour de ses frêles épaules, sans trop que je comprenne ni comment, ni pourquoi. C'était arrivé, simplement. Ma respiration ne s'était toujours pas calmée, non, c'était même plutôt tout le contraire... Mais, tout s'envola. Le poids dans ma poitrine sembla se retirer un instant, et les erreurs passées semblèrent ne plus exister. Elle était là, dans mes bras. Et, putain, c'était bon. Pour une simple et bonne raison... « Putain, Alexis... Tu m'as tellement manqué. » Et je ne voulais plus jamais ressentir ça de nouveau. Ce manque insoutenable. Cette peur de ne plus jamais la revoir. Elle ne devait plus exister, jamais. Et tant qu'elle était là, même si je lui en voulais, même si j'avais envie de l'étrangler autant que de la serrer contre mon torse, et bien, c'était une évidence : ce sentiment n'existait plus. Et, pour le moment, c'était tout ce qui comptait. Elle était là, et je refusais de la voir partir à nouveau.
'Cause I don't mind if you don't mind... 'Cause I don't shine if you don't shine.
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Mer 3 Déc 2014 - 22:58
Alexis n'avait jamais été une bonne personne, même lorsque tout semblait prouver l'opposé. Non, même quand elle était jeune, elle n'était pas une bonne personne. Faible, influençable, à la recherche d'un souffle frais, comme pour découvrir une vie qu'elle ne faisait que découvrir en superficie. Pourtant, jusqu'à un an en arrière, ça lui importait peu. En réalité, elle s'était sentie vivre pour la première fois lorsqu'elle avait laissé tomber toutes ces barrières qui la retenaient dans une vie raisonnable et retranchée, bien organisée et stricte, sans écarts et sans caprices. Là, et seulement là, elle s'était mise à vivre pleinement. Pourtant, ça ne faisait pas d'elle une bonne personne. Et sa fuite était sans doute la plus grande preuve de cette part sombre qui avait toujours été présente en elle. Elle avait été égoïste, persuadée que tout quitter pour reprendre une vie plus raisonnable serait la solution à tous ces problèmes. Mais non, au contraire. Et à présent, elle s'en rendait compte. Laisser derrière elle tous ceux qui avaient compté, tous ceux qui l'avaient acceptée et qui avaient fait d'elle celle qu'elle était aujourd'hui, avait été la plus grande erreur qu'elle ait commise. Mais il était trop tard pour rattraper certaines choses. Il était trop tard pour s'expliquer, se justifier, se chercher des excuses et prétendre que tout allait bien, que rien n'avait changé. Tout avait changé, en réalité. Dans cette bataille, elle avait tout perdu, absolument tout. Si elle était à présent sobre de toute substance illicite, quel intérêt pouvait-elle y trouver ? Elle était seule. Il y avait eu cet espoir, pourtant, de retrouver une vie meilleure ; une vie idéale, même. Mais il avait disparu aussi vite qu'il était apparu. Alors qu'elle pensait déjà être au fin fond des abîmes, cette preuve supplémentaire lui montrait qu'il y aurait toujours pire. Et le pire, elle n'arrivait même plus à se l'imaginer. Elle le redoutait, pourtant, par-dessus tout. Mais malgré toutes ses idées mornes, elle n'arrivait pas à concevoir ce qui pourrait être pire que tout perdre.
Mais pourtant, il semblait y avoir pire. Nolan. Nolan Buckley et ce regard qu'il lui avait lancé, ce sentiment d'indifférence qui avait transparu de ces yeux dans lesquels elle avait tant aimé se perdre. Ils avaient tant vécu ensemble, et pourtant, à cet instant précis, elle avait fait face à un étranger. Elle qui avait redouté autant que souhaité de revoir ceux qui avaient autrefois représenté son monde savait maintenant pourquoi elle avait si peur. Non, Alexis n'avait jamais été une bonne personne. Et à un moment où elle aurait du rester aux côtés de cette famille qu'elle s'était trouvée et choisie, elle avait préféré la lâcheté. Quel bien y avait-il à arrêter toutes ces substances chimiques si c'était pour se retrouver seule ? C'était la question qu'elle se posait tous les jours... mais même si elle replongeait, elle serait seule. Elle se demandait encore pourquoi elle s'efforçait de reprendre sa vie en main, alors qu'au final, elle n'avait plus réellement de vie. Ses parents ne se rendaient pas compte de la lutte qu'elle menait chaque matin en se levant, chaque jour en allant travailler, chaque minute en croisant des anciens souvenirs heureux et condamnés à appartenir au passé. Alexis était seule, complètement seule, et voir Nolan ici le lui rappelait une fois de plus. Elle ne se pardonnerait jamais ce qu'elle avait fait, alors comment pouvait-il la pardonner ? Comment pourrait-elle exiger autre chose que de l'indifférence de sa part ? Malgré tout, malgré cette peur et cette sensation de mal-être qui s'étaient emparées d'elle, Alexis se demandait... elle se demandait ce qu'il devenait. S'il était heureux. Si son départ n'aurait pas pu être une bonne chose, aussi. Mais après cet instant de gêne et de timidité, Alexis n'avait qu'une envie : s'excuser. Peu importait s'il ne lui répondait pas, s'il l'ignorait ou prenait la fuite, elle voulait juste qu'il entende. Et ensuite, chacun pourrait reprendre son chemin. Lui pourrait continuer à faire rêver ces filles à la plastique parfaite, et elle pourrait continuer à ... peu importe. Elle continuerait, encore et toujours, jusqu'à ce qu'elle n'en ait plus la force. C'était ça, son seul but, à présent. Aller le plus loin possible sans s'écrouler. Mais en réalité, et à chaque instant, Alexis était en pleine détresse. Elle se demandait comment elle allait pouvoir s'endormir chaque soir, et se réveiller le lendemain. C'était devenu ça, le courant de sa vie. Et revoir Nolan, contrairement à ce qu'elle aurait espéré, semblait plutôt l'accabler. Dans son regard, elle avait décelé tout qu'elle aurait pu imaginer : la trahison, la non-compréhension, la colère, la condamnation... et pour aucune de ces impressions il ne pouvait avoir tort. Au moment où elle avait croisé son regard pour la première fois depuis si longtemps pour y lire tout cela, Alexis se sentit si mal qu'elle se surprit à préférer n'importe quoi d'autre de sa part que ce regard-là. Mais cette façon qu'il avait eu de l'ignorer ensuite l'avait faite descendre plus bas que terre. Non, en réalité, elle ne savait plus réellement ce qui pouvait être mieux ou moins pire. Nolan n'aurait jamais du la revoir. Il aurait du se reconstruire avec une femme qui l'aurait mérité, qui aurait été assez solide pour ne pas s'écrouler. Oui, il méritait d'être heureux. Et même si elle méritait, elle, d'être mise face à toutes ces erreurs, lui aurait du passer à autre chose. Définitivement. Peut-être n'aurait-elle du jamais remettre les pieds à Huntington Beach, ou alors faire le choix de rester cloîtrée chez ses parents. Peut-être, se disait-elle de temps à autre, aurait-elle du se refaire une nouvelle vie loin d'ici. Mais ses parents, même si elle se révoltait à le penser, avaient été un des seuls soutiens qu'elle avait eus pour rentrer en désintox... et surtout, lorsqu'elle en était sortie. Que serait-il advenu d'elle si elle avait été seule ? Peut-être que tout aurait été identique. Peut-être qu'elle aurait replongé. Peu importait. Au moins, elle n'aurait pas croisé son regard.
Les choses, pourtant, auraient pu s'arrêter là. Elle en serait ressortie blessée, lui en serait ressorti vengé. Les choses auraient repris leur cours, et leur histoire se serait définitivement achevée sur cet instant de justice. Malgré tout, Alexis avait ressenti le besoin de devenir, sans trop comprendre pourquoi, quelqu'un d'autre. Comme si elle s'était revivifiée, qu'elle avait retrouvée une confiance et une prestance, une vie de se montrer aux gens... à Nolan.
Bien rapidement, Alexis s'était retrouvée à l'extérieur, devant la porte du bar, à se demander ce qu'il pouvait bien lui vouloir. C'était elle, sans doute, qui avait cherché la merde. Elle n'aurait pas du. Elle aurait du faire profil bas, encore une fois ; après tout, dans cette histoire, ce n'était pas celle qui devait exiger quoi que ce soit. Il y avait du monde, ce soir. Et Alexis n'avait pas très souvent l'occasion de le constater à l'entrée du bar. Pourquoi l'avait-il éloignée de ce brouhaha, alors qu'au final il n'avait rien à dire ? Elle, par contre, aurait du parler... Elle aurait eu tellement de choses à lui dire. Elle aurait pu s'expliquer, même si aucune excuse n'aurait pu être suffisante pour ce qu'elle avait fait... mais si elle devait faire les choses bien, pour une fois, ça aurait du être maintenant. Alors, dans le silence qui s'était installé entre eux, ponctué de l'ambiance festive qui se dégageait du bar et des invités qui étaient sortis se rafraîchir, Alexis tenta d'articuler quelques mots. Mais que pourrait-elle bien dire ? Il n'y avait rien à dire. Rien qui pourrait justifier cette lettre misérable qu'elle lui avait laissée. Peut-être avait été persuadée de ne pas lui causer tant de peine que ça; qu'il recommencerait à trouver son bonheur chez plein de femmes. Elle ne l'avait sans doute jamais rendu heureux, pensait-elle parfois pour se rassurer. Mais une part d'elle souhaitait que si, qu'elle l'ait comblé. Elle souhaitait l'avoir marqué comme lui l'avait marquée, mais cela signifierait avoir eu tout cet impact négatif en partant sur un coup de tête. Alors, à présent, Alexis n'espérait plus grand chose, si ce n'était qu'il l'ait oubliée. Qu'elle n'ait jamais réellement compté pour lui, et qu'il soit heureux à présent, quel que soit le chemin qu'il ait décidé d'emprunter. Pourtant, qu'il ait souffert ou non, c'était elle la fautive. Elle s'était mal comportée. Et c'est donc elle qui commença à prendre la parole comme elle le pouvait, comme elle avait la force de le faire. « Il fait chaud. » Nolan, lui, ne semblait pas réellement enjoué à l'idée de parler. Alors, que voulait-il, au juste ? A part dire des conneries ? Parce qu'il ne fallait pas se le cacher... il faisait froid. Alex, habillée comme elle l'était, s'imaginait déjà se transformer en Olaf. « Ça, c'est juste l'effet que te font les filles de ta table » lâcha-t-elle, malgré tout amère. Il allait lui faire sa fête, et elle le mériterait. Après tout, il était celui qui l'avait fait devenir celle qu'elle était aujourd'hui... et comment l'avait-elle remerciée ? En lui laissant une lettre et en prenant la poudre d'escampette. Maintenant, il essayait de la fixer. Mais Alex, elle, ne tenait pas son regard. Elle angoissait. Alors elle essaya de parler, de s'excuser... mais ces excuses ne sonnaient pas si bien que ça. Elles étaient loin d'être suffisantes. Mais que pouvait-elle faire pour prouver sa sincérité ? Alex n'avait jamais su s'excuser. Elle préférait ignorer les problèmes, même si elle en était responsable. S'excuser était bien souvent au-dessus de ses forces. Une des conséquences en était qu'elle ne savait pas s'excuser...
La clope ? Une bonne alternative. Alexis avait l'impression d'être évaluée, avec cette même pression que celle que lui mettaient tous ses psychologues et psychiatres en l'observant avec ce pouvoir qu'ils avaient de la décréter fragile, dépendante ou dépressive. Sauf que ce jugement que Nolan lui porterait, quel qu'il soit, l'affecterait à un point qu'elle n'osait même plus s'imaginer. Elle le savait d'avance. Alors la clope, ce n'était qu'une façon de retarder l'inévitable. Nolan, lui, restait silencieux. Il attrapa une cigarette, qui s'alluma avant de commencer à en inspirer les premières bouffées. Alexis restait figée, en attendant que quelque chose se passe. « Putain », lâcha-t-il finalement. Putain quoi ? C'était elle, la putain ? Se frottant le bras comme si ça allait refaire passer sa température corporelle à quelque chose de plus physiologique, la blonde n'osait plus bouger. Elle avait vraiment vraiment besoin d'une clope, elle aussi. Et Nolan finit par exaucer son souhait en lui envoyant son paquet à la figure, qu'elle attrapa en claquant ses deux mains frigorifiées. « Tiens, prends. Vas-y. » Par politesse, elle aurait volontiers refusé. Mais là, vraiment, fuck la politesse. Elle n'avait pas d'ecstasy, d'héroïne ou de meth, alors, il fallait faire avec les moyens du bord. Et les moyens du bord, depuis un an, c'était le tabac. « Merci », lâcha-t-elle brièvement en attrapant une clope à son tour. « Tu veux le briquet aussi ou ça va aller ? » lui lança-t-il alors qu'elle venait de porter la cigarette à sa bouche. « J'ai laissé mon dragon chez moi... » répondit-elle la clope entre les lèvres et par réflexe, comme si, l'espace d'un instant, elle en avait oublié la situation. Elle s'attendait à recevoir le briquet dans le nez -il avait toujours bien visé, pourquoi en serait-il autrement à présent ?-, mais, le regard rivé sur les pavés, elle vit subitement deux pieds entrer dans son champ de vision. Elle leva le regard pour tomber sur le visage du propriétaire des pieds. Nolan tendait un un briquet et allumait sa clope, sur laquelle elle tira après un instant d'hésitation. Autant de signaux contradictoires... ou peut-être était-ce simplement le dragon qui avait fait son effet. « Maintenant, parle. Non, en fait ne dis rien. Je veux pas savoir », lâcha-t-il dans le même esprit en lui tournant le dos, alors qu'elle avait attrapé la cigarette entre ses doigts et semblait bien décidée à la finir à une vitesse qui dépassait la raison. Lui semblait ne plus être particulièrement attaché à sa clope, puisqu'il s'était retourné à nouveau et la menaçait avec. Alex, une fois de plus, ne savait pas quoi dire. Le soulagement procuré par la nicotine n'avait pas fait long feu, et à nouveau, elle redoutait la réaction de son ancien et seul amant. « Pourquoi j'aurais droit à des explications maintenant, hein ? Qu'est-ce qui a changé ? Une lettre ne suffit plus ? Tout d'un coup je vaux mieux que ça ? Ah ouais. Ben non. » Il était sec. Et même après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, elle ne l'avait jamais vu comme ça. Mais elle le méritait, elle le savait parfaitement. Le voir comme ça, cependant, lui brisait le cœur plus que de raison. Parce qu'elle aurait du l'oublier, ne plus le revoir : c'était le jeu, c'était le prix de cette décision qu'elle avait prise il y avait un moment, et peut-être trop subitement. Il s'était sans doute plus reconstruit qu'elle, et toutes ces filles qui l'entouraient auparavant en étaient la preuve : il s'était retrouvé. Pourtant, cette souffrance qu'il semblait éprouvait ne faisait que montrer à Alex qu'elle avait peut-être tort sur toute la lignée : peut-être qu'elle avait vraiment compté... « Je sais pas ce qui m'a pris, je sais pas ce que j'ai espéré un instant, en te voyant sur ce bar... je sais pas ce que j'ai vu, mais j'ai cru, un bref moment, que... Écoute, je sais pas ce que j'ai cru, mais de toute façon, c'était stupide. » Il continuait à parler, mais la serveuse elle, fermait sa gueule pour de bon. De toute façon, comment pouvait-elle se défendre ? Elle avait tort. Tort ! « T'es plus celle que t'étais. Et tu le seras jamais plus. Parce que, tu sais quoi ? Elle est partie, cette fille. Et elle est jamais revenue. » Non, il avait raison... elle n'était plus ce qu'elle avait été, et ne le serait sans doute jamais plus. Il y avait de ces événements qui vous transformaient, et Alexis avait été transformée. A présent, la clope d'Alex restée figée dans sa main gelée. Elle se consumait toute seule. « Je sais tout ça, No-- » commença-t-elle, au bord de l'effondrement. « Tu sais quoi, au pire, si t'y tiens vraiment, t'as qu'à m'envoyer un texto. A moins que t'aies supprimé mon numéro quand tu m'as supprimé de ta vie. Là, écoute, je peux plus grand chose pour toi. » Bien sûr que non. Elle avait tout gardé de lui... tout, sauf lui. Il la fixait, comme désemparé, alors qu'il était celui qui venait de vider son sac. Mais que pourrait-elle ajouter à ça ? Elle le comprenait, elle percevait chacun de ses mouvements et se rendait compte qu'elle le connaissait encore par cœur. Qu'il était toujours ce même Nolan qu'elle avait aimé, mais qu'aujourd'hui, à cet instant précis, il souffrait. A cause d'elle. « T'as raison, je serai plus jamais cette fille, Nolan. J'ai changé... » Mais elle ne savait pas comment tout lui dire, tout expliquer... parce que c'était trop difficile, et qu'elle voulait tirer un trait sur ce qui la hantait pourtant tous les jours... Non, elle ne pouvait pas. Était-il au moins au courant ? Avait-il eu des échos ? Rien n'était moins sûr... Non, elle ne pouvait pas savoir. Et elle ne voulait rien lui dire. Alors elle se contentait de dire qu'elle avait changé. Et de blâmer intérieurement la vie, comme si elle était la seule responsable de cette situation. « Et je suis désolée de ce que je t'ai fait, je suis la seule fautive, j'aurais pas du, tu méritais mieux... t'as toujours mérité mieux. » Parce qu'elle n'était pas une belle personne. Et son départ en avait été la plus flagrante des preuves.
Face à elle se tenait donc Nolan Buckley, les sourcils froncés, le regard grave, avec cette cage thoracique qui n'arrivait pas à briser ce cycle anxiogène, démonstratrice d'une colère sur laquelle, muet, il n'arrivait plus à mettre de mots. Alors, silencieuse, Alexis le fixait, portant sa cigarette à ses lèvres de temps à autres, oppressée par le silence de l'instant. La réalité était qu'elle ne savait plus quoi ajouter. Si elle s'écoutait, elle aurait peut-être l'audace de lui dire qu'il lui manquait... mais elle avait puisé toutes ces faibles forces qu'elle avait réussi à emmagasiner par un quelconque miracle, comme en prévision de ce moment. Et sans comprendre d'où ça venait ni pourquoi ça se produisait, Alex était subitement en train d'étouffer. De soulagement, sans doute. Nolan avait fondu sur elle, et si elle se sentait peu à peu décongeler, il y avait autre chose qui se passait en elle. Enfin. Timidement, elle posa une main, puis deux, dans le dos du brun. « Putain, Alexis... Tu m'as tellement manqué. » Gauche, Alex le serra un peu plus dans son étreinte. Il ne pouvait pas lui faire ça... il n'avait pas le droit. Parce que lui aussi, il allait partir, et ce serait bien là toute la justice qu'elle mériterait. « Je sais pas si j'ai le droit de le dire, mais toi aussi... tu m'as manqué. » Et elle ne voulait pas que l'instant se finisse. Car elle le savait, ce n'était qu'une petite bulle qui ne manquerait pas de s'éclater dès qu'il s'éloignerait. Et alors, il faudrait à nouveau faire face à la réalité. Elle enfouit sa son nez gelé dans son cou, pour se protéger encore un peu plus du froid, ou pour savourer un instant de plus ce moment... peu importait. « Tu vas manquer à tes copines... » glissa-t-elle comme pour se donner bonne conscience. Quelque part, à ce moment précis, elle voulait qu'il parte. Au moins, elle avait savouré cette étreinte, et si tout devait cesser à nouveau, autant que ça soit maintenant. Elle ne pouvait plus se permettre de vivre des montagnes russes comme les lui avait fait vivre Dustin. « Ou alors, elles vont boire toute la vodka... » Enfin, il fallait un truc, quoi. Sa cigarette consumée fermement tenue entre index et majeur derrière le dos du brun, Alexis ne pouvait pas se résoudre à la jeter. Parce que ce serait le lâcher. Mais en fin de compte, que voulait-elle ? « Je suis désolée, Nolan... Mais si tu veux, je peux t'envoyer une dissertation par sms. J'ai toujours ton numéro... » Elle s'éloigna légèrement, juste pour voir son visage, et, la voix se brisant peu à peu, ajouta : « J'ai toujours nos photos, même celles où t'es pas beau... J'ai toujours le bracelet bizarre que tu m'as offert, et même le t-shirt que je t'avais piqué... J'ai toujours tout, Nolan... » Sauf toi.
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Ven 9 Jan 2015 - 21:02
OH I CAN EASE YOU FROM YOUR PAIN, FEEL YOU GIVE ME LOVE AGAIN...
Je n'aurais pu vraiment décrire ce que je ressentais à cet instant, mettre des mots sur ces émotions complexes qui se battaient en moi. Quelque part, je ne les comprenais pas vraiment. Tout avait été si soudain. D'abord le fait de la revoir, là, dans cette ville où nous avions tant partagé... Et dont elle était partie. Et puis, pouvoir la toucher de nouveau. Cela avait quelque chose d'irréel, et si je n'avais pas été plutôt lucide en arrivant, j'aurais pu penser que c'était le mélange de vodka et de drogue dans mon système qui avait créé cette illusion parfaite, ce visage que j'avais tant aimé observer, ce corps que je connaissais sous tous ses angles. Oui, si ma tolérance aux opiacés n'avait pas été plus que raisonnable, j'aurais pu le croire, tant tout ceci semblait un rêve. Pourtant, il n'en était rien. Je ne pouvais pas l'avoir imaginé, pour la simple et bonne raison que je m'étais efforcé de ne plus penser à elle pendant tellement de temps que cela n'aurait eu aucun sens. Elle avait été mon ancrage dans le monde réel tout le temps que notre relation avait duré. Même dans les moments de non-sens le plus complet, son visage avait toujours su me faire revenir à la réalité. Ces moments passés avec elle n'avaient jamais rien eu d'artificiel, et ce peu importe les drogues que l'on prenait. Alors, non, recréer son image sous l'effet d'un psychotrope n'aurait pas eu le moindre sens. Mais peut être qu'en réalité, rien n'avait jamais eu de sens... Rien, sauf ces sentiments que j'avais refoulé parce qu'ils étaient trop forts, trop destructeurs, et qui, à présent, se libéraient à nouveau. Et, tout ce que je pouvais faire, c'était les laisser sortir. « Je sais pas si j'ai le droit de le dire, mais toi aussi... tu m'as manqué. » Les mains de la jeune femme s'étaient resserrées contre mon dos, et ce simple contact me fit frissonner. Ou peut être était-ce simplement son nez, gelé, qui venait de s'enfouir dans son cou... Non, je n'y croyais pas une seconde.
« Tu vas manquer à tes copines... » jugea-t-elle bon de souligner soudain, cassant légèrement le moment. Je levai les yeux au ciel, sans bouger d'un cil, bien que je ne pus empêcher un rictus de dépasser mes lèvres. J'avais complètement oublié ces greluches, et n'avais guère envie de me rappeler leur bon souvenir maintenant. « Ou alors, elles vont boire toute la vodka... » ajouta-t-elle ensuite et cette fois, ce fut un tic de langue claquant contre mon palet qui lui répondit. Elle faisait vraiment une fixation sur ces filles, ma parole ! Si je n'avais pas eu un peu plus de jugeotte, j'aurais pu penser qu'elle était jalouse, tiens... Mais je la connaissais mieux que ça, et je savais qu'avec Alexis, une provocation n'allait jamais seule... Et si elle avait levé les yeux, elle aurait pu lire dans mon regard un impérieux : "Toi, tu cherches la merde..." Mais en fin de compte, elle n'aurait guère besoin de faire de télépathie. « Oh, ta gueule. » m'entendis-je alors proférer, sans aucune retenue. Un sourire sur mes lèvres ôtait toute agressivité à cette assertion. De toute façon, elle ne pouvait guère s'y tromper, vu le ton complice que j'avais repris malgré moi. Mais elle ne comptait plus se taire. Ni cesser ses provocations, fidèle à elle-même. « Je suis désolée, Nolan... Mais si tu veux, je peux t'envoyer une dissertation par sms. J'ai toujours ton numéro... » J'eus un léger rire face à cette affirmation, me retenant tout juste de lui demander à quoi cela avait bien pu lui servir, et je fis bien, car elle n'avait pas terminé. Non, elle ne comptait plus se taire... Ni me provoquer. En tout cas, pas dans le sens initial du terme. « J'ai toujours nos photos, même celles où t'es pas beau... J'ai toujours le bracelet bizarre que tu m'as offert, et même le t-shirt que je t'avais piqué... J'ai toujours tout, Nolan... » Ce faisant, elle s'était reculée, et son regard bleu reflétant les néons de la devanture me fixait avec une espèce d'appréhension... Les inflexions de sa voix avaient perdu leurs accents d'assurance, comme la mienne, un peu plus tôt, lorsqu'elle s'était nimbée de tristesse pour lui signifier combien son absence avait été dure à supporter. Faire remonter tous ces souvenirs à la surface me mirent soudain dans un état un peu hors du temps, une torpeur de laquelle il me fut difficile de sortir. C'est vrai qu'il était moche, ce bracelet. D'ailleurs, je n'étais pas sûr de ne pas l'avoir trouvé par terre ou quelque chose comme ça. Et puis, toutes ces photos que nous avions prises, avec un vieil argentique à Dustin... J'en avais gardé quelques unes, moi aussi, bien cachées au fond d'un tiroir que je n'avais jamais osé réouvrir depuis que je l'avais refermé. Ces instants, je les revoyais comme s'ils dataient d'hier. C'était agréable et douloureux à la fois, car avec son départ, ces réminiscences étaient pour moi devenues traumatiques. Depuis lors, je ne croyais plus au bonheur, et c'était sûrement ce qui rendait si pénible de se rappeler l'avoir ressenti un jour.
Après ce petit moment d'absence, mon premier réflexe fut de, lentement, retirer ma veste pour, avec une tendresse infinie, venir la déposer sur ses épaules, un sourire un peu absent aux lèvres. Puis, une fois que je fus sûr de l'avoir bien ajustée, je lui dis simplement : « Tiens, un nouveau trophée pour ta collection. » Mes yeux se firent moqueurs, brillant de malice. Ce n'était sûrement pas ce à quoi elle s'attendait, même si je ne pouvais plus réellement prétendre savoir ce qui lui passait par là tête, après tout ce temps, après notre séparation qu'encore aujourd'hui, je ne comprenais pas, mais c'était là ma réponse. « Alors c'était toi qui avait mon tee-shirt d'Oasis ? Je pensais que je l'avais perdu dans une rave ou un truc comme ça. » A vrai dire, je ne comptais plus les fois où j'étais rentré chez moi avec un vêtement en moins, voire même tout nu, certains soirs, après des soirées plus qu'arrosées... Fallait croire que j'avais quelques penchants exhibitionnistes - hein Neela - mais passons. « Je suis content que ce soit toi qui l'ait, » finis par ajouter doucement, avant de glisser une main dans la poche intérieure de la veste que je venais de lui donner, me rappelant soudain d'un léger détail qui pouvait avoir son importance. « Il vaut mieux que je récupère ça, quand même. » lançai-je en récupérant mon porte-feuille, avant de l'ouvrir pour en sortir un petit rectangle de 10x15cm. Une photo dont les couleurs avaient commencé à passer. « Moi, j'ai gardé ça. » fis-je alors avant de lui tendre le rectangle de papier glacé plié en deux avec un sourire, toujours ce même sourire un peu étrange, et je l'observai attentivement, attendant qu'elle l'ouvre.
C'était une photo mal cadrée, un peu floue, de deux amoureux qui se regardaient. Le pliage avait fait partir la couleur au milieu, délimitant les deux personnes qui n'étaient autres qu'elle et moi, tenant chacun à bout de bras un côté de l'appareil photo. Tout ce temps elle était restée là. Dans ma poche. Côté gauche... Côté coeur.
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Mar 13 Jan 2015 - 23:16
Alexis voulait se sentir bien. Ces quelques mots étaient ridicules, sans doute infantiles, idéalistes et même irréalistes, mais ils étaient loin d'être superficiels et impensés. Elle voulait réellement retrouver cette joie de vivre qui l'animait voilà maintenant plus d'un an, mais elle s'était rendue compte depuis bien longtemps que ce ne serait pas possible. Quelque chose s'était brisé en elle, et il n'y avait pas de possibilité de retour en arrière. Les jours se succédaient sans qu'elle soit réellement capable de les vivre. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle attendait de l'avenir ; en réalité, si vous lui posiez la question, elle ne serait pas capable d'y répondre. Elle n'attendait plus grand chose. Ceux qui comptaient n'étaient plus à ses côtés : même Dustin avait osé réveiller un espoir lorsqu'elle l'avait retrouvé, et elle avait du se rendre à l'évidence par elle-même : il ne comptait pas honorer ses promesses. Oui, Alexis était toute seule depuis tous ces mois. Elle était seule depuis qu'elle avait pris cette décision, abandonnant tout et tout le monde derrière elle dans un acte égoïste qui lui avait coûté tout ce et tous ceux qui lui étaient chers. Tout le reste, à présent, lui importait peu. Elle ne savait plus ce qu'elle voulait, elle ne savait plus pour quoi se battre. Elle était enfermée dans un monde qui la débectait. Elle ne se souvenait même plus pourquoi elle avait pris la décision de chercher un job, ni ce qui l'avait poussée à accepter celui-là. Plus d'un an qu'elle travaillait dans l'atmosphère oppressante d'un bar qui mettait plus en avant le cul de leurs serveuses que la meilleure cuvée de whisky qu'ils possédaient, mais elle n'arrivait pas à y mettre un terme. Sans doute parce que c'était la seule chose qui la rattachait au réel, et qu'elle n'arrivait pas à concevoir l'idée d'être acceptée ailleurs. De toute façon, c'était un fait : où pourrait-elle postuler avec une chance d'être reçue ne serait-ce qu'en entretien ? Son CV ressemblait à un gruyère, sa photo était pathétique et ses expériences inexistantes. Elle n’existait même plus aux yeux de la société. En réalité, et c'était la dure vérité, Alexis n'avait plus réellement lieu d'être. Mais, sous l'effet d'une impulsion étrange, elle continuait à avancer. Elle continuait à se lever tous les jours, elle continuait à sourire aux clients, et elle continuait à faire son show lorsque son tour arrivait. Elle continuait à savourer la tequila qu'elle pouvait piquer à la fin de ses services, elle continuait à sourire en pensant à Dustin. Oui, quelque part, elle était encore animée par une force incompréhensible et indescriptible, sortie de nulle part. Peut-être était-ce cet espoir vain de retrouver sa vie d'autrefois, cet perspective d'une vie meilleure. Mais au fond, elle savait qu'elle ne pourrait plus se cacher du monde. Qu'elle devrait y faire face quoi qu'il arrive.
Et, ce soir précisément, c'était à Nolan qu'elle faisait face. Elle ne comprenait pas ce qui s'était déclenché en elle, mais c'était comme si une toute nouvelle histoire était devenue possible. Avec lui à ses côtés ou pas, peu importait. Le revoir lui redonnait toute foi en l'humanité, comme ça avait été le cas avec Dustin. Mais cette fois, elle ne laisserait pas l'euphorie la gagner. Cette fois, elle ne laisserait rien l'atteindre. Elle ne voulait plus être cette Alexis qui avait cru aux belles paroles de celui qu'elle avait toujours aimé. Elle voulait être forte, inébranlable. Mais au fond, en était-elle réellement capable ? Était-elle assez détachée pour ne rien espérer d'autre de Nolan que sa présence ce soir-là ? La réponse était simple. Elle la connaissait, d'ailleurs, mais elle préférait prétendre l'inverse.
Mais dans ses bras, elle n'avait plus le droit de soutenir que sa présence n'était pas plus importante que ça. Son contact était revivifiant. Il réapparaissait à un moment où elle était devenue morne, terne, l'ombre d'elle-même, enfermée dans une spirale infernale qui l'attirait vers le bas sans aucun répit possible. Mais au creux de ses bras, ses vitales semblaient repartir. Elle ne voulait pas espérer davantage que ce moment-là. Pour des raisons évidentes, il la détestait. Pour des raisons évidentes, il devait avoir refait sa vie, et elle ne voulait pas prétendre s'y immiscer ; elle n'y avait plus sa place depuis qu'elle était partie lâchement. Alors, elle se contenterait de cette entrevue, de ces retrouvailles un peu particulières, et n'oserait pas espérer plus. Parce que ça lui serait fatal. Alors, elle ressortait ses habitudes provocatrices et mentionnait les dindes avec qui il devait passer la soirée. « Oh, ta gueule » l'arrêta-t-il sur un ton qu'elle lui connaissait. « Tu diras pas que je t'ai pas prévenu » répondit-elle sur la même lancée avant de se taire quelques instants. Mais ce silence, même s'il n'était pas inconfortable, elle ne l'aimait pas. Elle avait trop à dire pour le tolérer. Et elle parlait, sans trop savoir comment s'arrêter. En réalité, elle n'était même plus tellement sûre de ce qu'elle lui disait, de ce qu'elle devrait lui dire ou de ce qui pourrait paraître déplacé. Au fur et à mesure, elle s'était détachée de lui, juste légèrement, juste pour le voir.
Lui ne disait rien. Elle pouvait continuer à parler, alors, se disait-elle. Mais elle n'y arrivait plus. Elle avait tellement de choses à lui dire, et tout autant de choses qu'elle préférait lui cacher. Elle attendait qu'il réagisse. Doucement, il ôta sa veste pour la poser sur ses épaules. Ce regard qu'il posait sur elle... il semblait ne plus la détester. Et les larmes montèrent aux yeux de la blonde alors qu'elle ne quittait pas des yeux ceux de Nolan. « Tiens, un nouveau trophée pour ta collection. » Alex rit en attrapant les côtés de la veste pour les tirer sur sa poitrine. « Tu comptes sur tes copines pour te réchauffer ? » demanda-t-elle. C'était sa façon de lui faire comprendre qu'elle s'inquiétait de son état. Il faisait tellement froid... Mais le lieu était peut-être plus approprié à ces retrouvailles que les toilettes du bar. « Alors c'était toi qui avait mon tee-shirt d'Oasis ? Je pensais que je l'avais perdu dans une rave ou un truc comme ça. » Ah, oui, le fameux t-shirt... En réalité, Alex ne savait même plus réellement dans quelles circonstances elle se l'était approprié, mais elle l'avait toujours gardé proche d'elle. Il portait son odeur, au moins au début. Maintenant... ce parfum, elle se l'imaginait sans doute. Mais ce bout de tissu avait été quelque chose de rassurant pour elle au fil de ces mois. Quelque part, Nolan était encore avec elle. « Je suis content que ce soit toi qui l'ait » ajouta-t-il. « Je sais pas trop où je l'ai récupéré. Dans une rave, peut-être, on sait jamais. Et si tu le veux... » commença-t-elle en inspirant une latte de cette cigarette qu'elle avait presque oubliée, « je peux te le rendre sans soucis. Je sais à quel point tu l'aimais. » Elle eut un petit sourire nostalgique. Elle le lui piquait souvent, ce t-shirt, mais elle avait du finir par se l'approprier sans éveiller de rancœur chez Nolan. Alexis le regarda glisser une main dans une poche de sa veste. « Il vaut mieux que je récupère ça, quand même » s'expliqua-t-il en sortant son portefeuille. Ah, il était sérieux ? Il lui donnait sa veste ? Genre donner ? « Jpense que la garde alternée, c'est mieux. Tu vas congeler, sans veste ». Et puis, elle avait de quoi se rhabiller au bar. Alors qu'elle parlait, Alex le regardait ouvrir son portefeuille pour en sortir un morceau de papier plié en deux. Dans un premier temps, elle n'y prêta pas plus attention que cela, se demandant comment ils pourraient partager la veste pour éviter toute congélation intempestive. « Moi, j'ai gardé ça » la coupa-t-il dans ses pensées en lui tendant le petit papier. Souriante, Alex l'attrapa en se demandant de quoi il pouvait bien s'agir. Sourire qui s'effaça pour laisser place à de la mélancolie lorsqu'elle reconnut une photo. Pas n'importe laquelle... C'était eux deux. Et cette photo représentait tout ce qu'elle avait perdu... et que lui avait gardé, quelque part, avec lui. Elle releva ses yeux vers lui, bouche bée. « Tu l'as gardée ? Genre... là, dans ton portefeuille ? » réussit-elle à articuler. Il ne l'avait peut-être pas oubliée, et peut-être même qu'il ne la détestait pas à hauteur de ses droits. Ce geste, cette photo, c'était comme s'il lui faisait une déclaration. Alors, fuyant le regard du brun, Alexis porta une nouvelle fois sa cigarette à ses lèvres. « Tu m'as pas oubliée », se souffla-t-elle plus à elle-même que pour qu'il l'entende. Alors qu'elle regardait à nouveau l'image qu'elle tenait de sa main gauche, un petit sourire se dessina sur ses lèvres. « La montre pas à tes copines, elles pourraient être jalouses », lança-t-elle dans l'espoir de regagner un peu d'aplomb. Elle releva la tête pour planter son regard dans le sien. Sans le quitter des yeux, elle lui tendit la photo. Lorsqu'il l'eut récupérée, elle posa sa main sur le bras du trentenaire pour le frotter et tenter de le réchauffer. « C'est pas le moment de te geler, elles risquent d'être déçues par ce qu'elles vont trouver en bas... alors qu'il y a pas de quoi l'être. » Finalement, elle se décida à enlever à son tour cette veste pour n'en enfiler que la moitié, se déplaçant à la gauche de Nolan. « Tiens, » dit-elle en tentant de poser la moitié droite du vêtement sur l'épaule de l'homme. Elle avait collé son épaule à la sienne et se sentait toute étrange de cette proximité. Elle fuma une nouvelle latte en regardant droit devant elle. Elle sentait la veste lui retomber dessus, et l'attrapa à temps pour la replacer sur le bout d'épaule de Nolan. Elle était ridicule. Ils étaient tous les deux gelés, et la veste ne servait à présent à aucun des deux. Mais elle n'arrivait pas à se sortir de la tête la photo qu'il avait conservée tout ce temps dans son portefeuille. Elle avait porté son t-shirt, il avait porté cette photo. « Sinon, on peut aller se cacher aux vestiaires du staff » lança-t-elle en écrasant sa cigarette. « Tout le monde bosse à cette heure-ci, et puis c'est plus tranquille. Et chauffé. » Mais vraiment... leur photo dans son portefeuille. Elle venait d'échouer, à nouveau. Elle espérait.
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Mer 25 Fév 2015 - 13:28
REALIZATION GREW ON ME, AS QUICKLY AS IT TAKES YOUR HAND, TO WARM THE COOL SIDE OF THE PILLOW, I'M THERE FOR YOU... BE THERE FOR ME.
Le bruit de la musique arrivait jusqu'à nous, la porte du bar étant restée ouverte, et je l'écoutais d'une oreille distraite. J'avais toujours trouvé les choix du Pim's en matière de musique plutôt discutables, mais pas ce soir. Je reconnus la voix du chanteur des Alt-J, non sans un certain plaisir. Peut-être même les notes d'Hunger of the pine. Sourire. Ce soir, on aurait dit qu'elle avait été choisie pour eux, pour ces retrouvailles aussi étranges qu'inattendues. L'envie de hurler, de rire ou de pleurer se battait en mon for intérieur. Et je la regardais, de ce regard que j'avais posé sur elle du premier jour jusqu'au dernier. Avec le même sentiment de plénitude, ce sentiment qui ne m'avait jamais quitté. « Tu comptes sur tes copines pour te réchauffer ? » trouva-t-elle bon de relever maintenant que je m'étais délesté de ma veste pour la couvrir elle, en vrai gentleman que j'étais. Ou tout simplement parce que j'aurais détesté la voir attraper une pneumonie à cause de moi. « Sur ma copine. » rectifiai-je sourire en coin, le regard pétillant. Je laissai un léger silence se prolonger, et l'interrogation se peindre dans son regard, avant de hausser les épaules pour rajouter d'un ton qui se voulait faussement sérieux : « La vodka, bien sûr. » Qui d'autre, hein ?, semblait dire mes yeux redevenus taquins. Puis, soudain, un éclair de lucidité les traversa. Fugace. Passager. Déjà, il avait disparu... Pourtant, il avait laissé une impression palpable, que je m'efforçai d'écarter. Pour le moment. Remettant le sujet du tee-shirt d'Oasis que j'avais "perdu" sur le tapis, j'éloignai mes pensées. Il était plus simple, pour l'instant, de se concentrer sur le passé, même s'il faudrait bien, à un moment ou à un autre, faire face au présent. « Je sais pas trop où je l'ai récupéré. Dans une rave, peut-être, on sait jamais. Et si tu le veux... je peux te le rendre sans soucis. Je sais à quel point tu l'aimais. » « Non non, garde le. Il est plus à toi qu'à moi, maintenant. Et puis, je suis sûr qu'il te va beaucoup mieux. » Rien de tel qu'une fille dans le tee-shirt de l'homme qu'elle aime pour paraître sexy as hell. Même si, aujourd'hui, je n'étais plus cet homme. Mon regard se voila un peu. Que nous était-il arrivé ? On aurait pu être si beaux, ensemble... J'en étais tellement sûr que, rien que d'y penser, j'en avais la boule au ventre. Elle tergiversait sur la garde de la veste, mais je ne l'écoutais plus vraiment. J'étais plutôt concentré sur ce qu'elle contenait. Ce porte-feuille que j'avais manqué oublié. Et cette photo... A laquelle, durant tout ce temps, j'avais continué de m'accrocher. Inconsciemment. Ou peut-être pas. Peut-être qu'en réalité, j'avais prié de toutes mes forces pour que cet instant arrive. Pour la revoir. Rien qu'une fois.
Je secouais la tête. Une vague de mélancolie m'envahissait tout entier, du bout des orteils jusqu'à la racine des cheveux. Mes poumons avaient du mal à garder l'oxygène, ma respiration se faisant de moins en moins calme et sereine, sans parler des images qui se bousculaient à présent dans ma tête, saturant mon cortex pré-frontal. Il ne fallait pas que je me laisse emporter... C'était trop dur de remonter à la surface, après. « Tu l'as gardée ? Genre... là, dans ton portefeuille ? (silence) Tu m'as pas oubliée. » prononça-t-elle et alors que je la fixai toujours, je sentis une digue céder en moi. Tout un flot de sentiments qui se déversaient devant son ton surpris, son regard devenu fuyant et ce sourire, mon dieu ce sourire... Elle détaillait l'image et moi, je détaillais son visage. Je gravai sur ma rétine chaque détail, la moindre micro-expression que je pouvais capter, alors que mon coeur tambourinait violemment contre mes côtes, mon esprit toujours happé par un nombre incalculables de souvenirs que j'avais refoulé, et qui choisissait ce moment pour me revenir en mémoire. Ah... Qu'est-ce que j'avais pu l'aimer, cette fille, bordel. « La montre pas à tes copines, elles pourraient être jalouses. » Son regard flamboya, et je me rappelais alors pourquoi je l'avais aimé comme ça ; comme on aime jusqu'à être prêt à donner sa vie. Elle avait toujours eu cette force et cette fragilité mélangée, ce tempérament qui donnait autant envie de la sauver qu'elle pouvait, d'un regard relevé vers vous, vous relever à son tour. Elle me tendit la photo et, après une hésitation, je la repris, les doigts légèrement tremblants. Ce n'était pas le froid, non, mais l'émotion qui me traversait tout entier, comme une onde de choc. Ses pupilles étaient plantées dans les miennes, et cet instant aurait pu durer toujours, mais elle le rompit par sa sollicitude. « C'est pas le moment de te geler, elles risquent d'être déçues par ce qu'elles vont trouver en bas... alors qu'il y a pas de quoi l'être. » glissa-t-elle, toujours sur le même ton. Et moi, j'étais à peu près sûr d'avoir toujours le même air con.
Mes gestes étaient devenus plus automatiques que réellement contrôlés lorsque j'acceptais son invitation à partager ma veste, me glissant du côté droit pour me retrouver de nouveau contre elle. Cette fois, ce contact me parut plus étrange, moins... Spontané. C'était comme si une gêne s'était établie entre nous depuis plusieurs minutes, et j'essayai de ne pas le montrer - ne pas me racler la gorge inutilement ou avoir l'air suspect en regardant le ciel d'un air d'autoroute, quoi. Elle tira une latte, et je décidai moi aussi de m'allumer une autre cigarette, histoire d'occuper ma main libre... Ce qui me fit me rappeler que c'était elle qui avait mes clopes et qui, depuis, plusieurs minutes, donc, fumait allègrement donc mon paquet. Je lui chipai donc la cigarette qu'elle tenait d'un air frondeur pour finalement en tirer une longue latte, avant de la lui rendre, docilement. « On partage tout, comme ça. » exposai-je avec un sourire qui s'évanouit presque aussitôt... Tout partager. Si seulement c'était vrai. La veste, la cigarette... Mais le reste ? Un frisson me transit, et je l'entendis alors proposer de rentrer, écrasant la cigarette du même mouvement. Mon sang ne fit qu'un tour. « Sinon, on peut aller se cacher aux vestiaires du staff. Tout le monde bosse à cette heure-ci, et puis c'est plus tranquille. Et chauffé. » Cette proposition était tentant, extrêmement tentante, et je la fixai un instant avec cet air de désir qu'elle m'avait connu. Je pouvais imaginer très distinctement ce qui allait se passer si je la suivai sur cette pente, dans un endroit où nous serions seuls, tranquilles... Réchauffés. Le sang me monta au visage alors que le regard d'Alex m'interrogeait, visiblement sûre que j'allais accepter. Et pourtant... Et pourtant. « Non. Non, Alex, attends, j-... » Je passai ma main sur mon visage, glissant hors du vêtement pour l'attraper par les épaules. « Je dois te dire quelque chose. » Sourcils vivement froncés, j'hésitai. Un long instant durant lequel je me mordis la lèvre, mes iris cognant les siens, douloureusement. La peur me saisit, juste avant que la vérité n'éclate. « Je suis fiancé. » Silence. « A - à Mischa. » Mon visage se tordit en un rictus désolé tandis que je me reculai, une main frottant ma nuque. La tension se lisait dans tout mon corps et j'eus un sourire un peu triste. Il fallait qu'elle le sache. Depuis peu, j'avais décidé de changer. Je n'étais plus le même homme, plus celui qu'elle avait connu. Je m'étais rangé, maintenant... Enfin, presque. En tout cas, j'essayais, j'y étais déterminé, même si je n'étais pas sûr d'y parvenir, une question ne cessant de revenir sur le devant de mon esprit... Dans quelle mesure pouvait-on vraiment devenir quelqu'un d'autre ? Mais surtout...
Moi, Nolan Buckley. 33ans et bipolaire depuis ses douze ans. Dépendant à différents psychotropes depuis plus de dix ans... ...Le pouvais-je seulement ?
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Lun 2 Mar 2015 - 5:33
Si, au début, Alexis avait cru faire face à un revenant, elle avait maintenant totalement assimilé le fait que Nolan se tenait devant elle. Quelque part, elle avait l'impression de ne jamais l'avoir quitté, de ne jamais avoir fait cette connerie. Il lui en voulait, et ça aussi, elle l'avait déjà accepté. Peut-être car elle le savait déjà, ou tout simplement car il avait tous les droits de le faire, peu importait. Tout ce qu'elle pouvait faire à présent était tenter de se racheter, de prouver par tous les moyens possibles qu'elle avait tant regretté d'avoir claqué la porte. Sauf que rien n'était oubliable et, peu importe ce qui était supposé arriver entre eux par la suite, ils devraient toujours porter ce poids, celui de la trahison d'Alex. Sur le moment, cette solution lui avait paru évidente. Pourtant, elle l'avait bien vite regrettée, et peut-être encore plus maintenant qu'elle avait fait face à ce qu'elle redoutait : les retrouvailles avec ceux qu'elle avait abandonnés. Dustin, tout d'abord, qui lui avait promis que tout irait mieux avant de laisser ses messages sans réponses. Et Nolan, maintenant, qui semblait beaucoup moins enclin à oublier la façon qu'elle avait eu de tirer un trait sur leur histoire. Mais la vérité était que maintenant, Alex n'arrivait même plus à avoir peur de perdre quiconque : la perte semblait être le fil conducteur de sa vie, à présent. Elle n'aurait aucune légitimité à exiger un retour dans la vie de Nolan, et même si l'envie était loin de lui manquer, elle était loin de le souhaiter. Car elle n'arrivait plus à se sentir la force d'espérer, que c'était devenu trop compliqué, mais surtout car, d'une certaine façon, elle cherchait à se protéger. Pourtant, elle en avait sans doute besoin, et c'était même sans doute tout ce dont elle avait réellement besoin, mais elle n'y arrivait pas, elle n'y arrivait plus. Son quotidien était morne, sans intérêt, mais au moins, il n'était pas dangereux. Il ne l'était plus. Elle ne pouvait plus se résigner à croire en quelque chose de nouveau. Elle n'avait plus la force ou le courage de faire des projets, quels qu'ils soient. Elle planifiait sa vie au jour le jour, bien loin de ces plans structurés qui avaient autrefois dominé sa vie. Cette vie n'avait aucun éclat et était loin de l'exalter, mais c'était une vie tranquille, sans risques. Plus rien de mal ne pouvait lui arriver. En réalité, plus rien du tout ne pourrait lui arriver. Mais c'était la solution la plus sécurisante qu'elle avait trouvée jusque-là.
Pourtant et même si elle s'y refusait, une part d'elle ne pouvait s'empêcher d'espérer. Quoi exactement ? Elle n'en avait aucune idée. Elle ne pouvait exiger quoi que ce soit. Mais elle espérait... elle ne savait pas trop. Peut-être un retour de Nolan, même minime, dans sa vie. Quelques coups de fil de temps à autres, peut-être quelques soirées, quelques conversations, peu importait. A cet instant précis, cet espoir était le seul auquel elle pouvait s'accrocher, même si elle se l'interdisait catégoriquement. En la mémoire de ceux qu'ils avaient été autrefois, peut-être au moins la pardonnerait-il, quitte à ce que chacun continue sa vie de son côté... Non, en réalité, elle n'arrivait plus vraiment à se dire que cette rencontre était le pur fruit du hasard et qu'elle resterait là où elle était. Il y aurait une suite à ce soir. Il le fallait. Elle en avait besoin. Elle ne pouvait plus être cette fille à l’œil morne que l'on préfère éviter dans la rue, quitte à changer de trottoir. Ce soir-là, Nolan avait réveillé des envies de grandeurs en Alexis. Elle voulait voir autre chose. Elle avait subitement envie de plaquer son boulot, de laisser ses parents derrière elle, et de repartir à la découverte d'une monde qui serait le sien, qui l'accueillerait sans juger la personne qu'elle était ou son passé chamboulé. Nolan ne pouvait pas être là pour rien. Mais, se disait-elle encore une fois, c'était aussi le cas de Dustin... Non, elle ne pouvait rien espérer.
Dans sa tête s'était donc déclarée une guerre entre son cœur et sa raison, alimentée par sa peur. Pendant un instant, elle en avait oublié le froid sibérien qui faisait frissonner sa carcasse et les fêtards qui traînaient devant l'entrée du bar. Elle n'arrivait plus à savoir ce qu'elle devait penser, espérer, croire, prétendre ou imaginer. Pourtant, comme souvent, elle s'accrochait aux apparences. Elle tentait de prétendre que tout allait bien, et elle en oubliait même peu à peu tout ce que ces retrouvailles avaient fait naître en elle, et elle retrouvait ce Nolan qu'elle ne semblait jamais avoir quitté. Pour preuve, il venait de lui offrir sa veste, se délestant lui-même de ce qui le protégeait de la fraîcheur nocturne. « Sur ma copine », répondit-il à sa réflexion alors que le sourire d'Alex s'était figé une seconde, se demandant s'il était sérieux ou non. Il ajouta presque aussitôt : « La vodka, bien sûr. » La blonde se détendit subitement, répondant à son sourire en coin. « Décidément, c'est le véritable amour entre vous. C'est pour quand les fiançailles ? » demanda-t-elle, amusée, avant de se rappeler que lui avait été son seul amour, et qu'elle lâchement laissé derrière elle, aveuglée par un élan d'égoïsme. Elle se racla la gorge, comme si cela pouvait faire oublier sa maladresse.
Pourtant, ils en vinrent bientôt à retourner un peu dans le passé, ce passé commun qui représentait aux yeux d'Alexis une des plus belles périodes de sa vie, si ce n'était la meilleure. Au moins, à défaut de lui pardonner ou d'officialiser leurs explications et la situation actuelle, aucun d'eux ne semblait décidé à oublier tout ce qu'ils avaient partagé. Pourtant, leur conversation semblait laisser un goût amer, comme si elle concluait officiellement leur histoire, comme si tout devait être laissé au passé sans aucune chance de voir le présent. « Non non, garde le. Il est plus à toi qu'à moi, maintenant. Et puis, je suis sûr qu'il te va beaucoup mieux. » Les lèvres d'Alex s'étirèrent en un petit sourire, mais elle se garda bien de répondre qu'il ne serait plus là pour attester de l'allure qu'elle pouvait avoir en portant son t-shirt.
Qu'avait-elle fait ? Un pur acte individualiste, la seule chose qui semblait décente à un moment où elle avait eu besoin de changer d'air. Peut-être pas tant que ça de rester clean, mais de prendre du temps pour elle, rien pour elle, pour réfléchir à sa vie et ce qu'elle signifiait, pour savoir où elle allait et comment elle en était arrivée là, comment ils en étaient arrivés là... Nolan, pourtant, s'était toujours tenu à ses côtés, peu importe les circonstances. Ils étaient restés là l'un pour l'autre dans les moments les plus doux, les plus planants, les plus violents, et les plus misérables... Pourtant, elle avait eu besoin de prendre l'air, sans doute de croire qu'elle pouvait être quelqu'un d'aussi heureux sans toutes ces substances qui lui bouffaient l'intérieur... Et elle l'avait réalisé clairement un an auparavant, alors qu'elle avait été lâchée dans la vie réelle et tentait à tâtons d'y faire un retour décent... elle ne pouvait pas être heureuse sans toutes ces saloperies, et surtout, elle ne pouvait pas être heureuse sans Nolan, sans Dustin et sans tous ceux qui avaient formé sa famille. Le résultat de sa décision était aujourd'hui clair : elle les avait tous perdus, et pas un seul ne dérogeait à la règle. Voilà pourquoi, encore une fois, Alex n'arrivait pas à s'imaginer quoique ce soit de nouveau avec Nolan. Parce qu'elle se détestait. Elle se haïssait pour cette personne qu'elle était, pour ce qu'elle avait fait, et aussi pour cette personne qu'elle était devenue. Elle était à présent le modèle parfait de la fille qui faisait peur aux vieilles sur le trottoir et aux gamins dans le bus. De temps à autres, elle en venait à se demander ce que la vie pourrait lui apporter d'un peu plus joyeux, ce qui pourrait changer, et elle venait toujours à cette même conclusion : si elle ne trouvait pas la force d'avancer, personne ne le ferait pour elle, et il ne lui restait alors plus qu'à subir ce quotidien sans saveur ou à y mettre fin. Mais la triste vérité était que cette force dont elle avait tant besoin, elle ne l'avait plus réellement. Ou plutôt, le peu de forces qui lui restaient était placé dans cette lutte perpétuelle contre cette poudre blanche qui lui ferait, elle le savait pourtant, le plus grand bien. Et, aussi lâche qu'elle l'était, la troisième option semblait inenvisageable. Voilà comment Alex en était venue à errer sans trop de buts et sans même oser espérer, se battant contre la moindre once de joie qui pourrait venir parasiter sa bataille de chaque instant. Et voilà pourquoi, à cet instant précis, elle s'interdisait tout réel sentiment. Elle préférait rester en surface, prétendre qu'elle retrouvait un vieil ami mais que plus rien ne pouvait exister entre eux.
Quelle imagination. La photo que Nolan avait dégainée de son portefeuille avait tôt fait de lui rappeler tout ce qu'elle s'était escrimée à laisser de côté. Oh oui, ils avaient été tellement heureux ensemble. Elle se souvenait de cet après-midi durant laquelle ils avaient pris cette photo, et d'autres encore. Elle avait encore, dans le tiroir de sa table de nuit, une photo mal cadrée de Nolan qui dormait. De toutes celle qu'elle avait gardées, c'était sans doute celle qui l'apaisait le plus. Parce qu'assise sur son lit, elle s'imaginait qu'il était derrière elle, endormi, et que rien ne les avait séparés, qu'il était toujours là et qu'elle n'avait pas fait cette connerie. Mais au final, lorsqu'elle rouvrait les yeux et rangeait les photos, elle savait très bien qu'elle s'inventait un tissu de mensonges juste pour faire illusion. Nolan n'avait jamais dormi dans sa chambre de la maison familiale, et ce n'était certainement pas maintenant que cela allait se produire. Pourtant, là, ces illusions avaient un goût de réel, car Nolan était vraiment à côté d'elle. Elle regardait la photo, fixement, émue, touchée, et elle savait pertinemment que lorsqu'elle lèverait les yeux, Nolan serait là. Et il ne suffisait que de cela pour qu'elle se perde dans ses illusions, qu'elle y croie un peu trop. Elle passa le doigt sur la représentation du visage de Nolan, se battant contre ces larmes d'émotion qui semblaient bien décidées à se montrer.
Alors, pour se donner un peu plus de contenance et de confiance, Alex avait relevé le regard vers lui, faisant une nouvelle fois références à la basse-cour qui l'attendait à l'intérieur du bar. Elle lui tendit la photo, presque à contrecœur, se demandant ce qu'il adviendrait d'elle après ce soir. Peut-être qu'il allait clôturer leur histoire une bonne fois pour toutes, après ça. Ce n'était peut-être pas plus mal, d'ailleurs. Tout serait clair pour elle, et pour lui aussi. Pourtant, en attendant, elle comptait rendre ce moment aussi inoubliable que tous ceux qu'ils avaient vécus ensemble. Elle ne savait absolument pas comment s'y prendre, en fait, alors elle se contentait d'essayer de grappiller du temps, quelques minutes, quelques secondes. Il était gelé, elle le voyait à ses mains tremblantes. Alors, comme une gamine de dix ans, elle tenta un partage de veste. En réalité, plus aucun des deux n'était réellement couvert, à présent. Mais leurs bras étaient collés l'un à l'autre, et un frisson avait parcouru l'échine de la blonde rien qu'à son contact. Non, rien ne se passait, rien ne se passerait, c'était là le cours de son histoire, de sa vie. Ils ne disaient à présent plus rien, et l'ambiance alentour avait resurgi. La musique du bar se faisait aussi clairement entendre que les baragouinements perdus d'un mec un peu trop alcoolisé qui traînait à côté. Pourtant, Alex trouvait une espèce de poésie à l'instant. Ils étaient immobiles, ne disaient plus grand chose, et elle piochait dans le paquet de cigarettes de Nolan comme si c'était le sien, mais c'était un des moments les plus rassurants qui lui ait été donné de vivre depuis des mois. Alors elle s'en contentait, sachant pertinemment qu'il était aussi éphémère que grotesque. Qu'étaient-ils supposés se dire ? Et si Nolan était en train de chercher une porte de sortie ? Oui, c'était sans doute ce qu'il était en train de faire, d'ailleurs. C'était elle qui l'avait emprisonné dans sa propre veste. Ses poules l'attendaient. La serveuse finit par être tirée de ses pensées lorsque sa cigarette lui fut arrachée des mains. Enfin, sa cigarette... Malgré l'ADN qu'elle y avait laissé, cette clope était sans aucun doute plus à Nolan qu'à elle, aussi elle se contenta d'un « Maiiiis » très puéril suivi d'une moue en parfaite harmonie avec son argumentaire. « On partage tout, comme ça » lui dit-il en lui rendant la clope dont elle tira une latte à son tour. Elle ne put retenir un petit sourire à l'idée qu'ils partagent quelque chose. Au présent. C'était lire entre les lignes, sans doute, et s'inventer des interlignes. Mais cette simple phrase avait quelque chose qui aurait pu appartenir au passé flamboyant qu'ils avaient partagé et à cette complicité qui avait été la leur. Revigorée, elle souffla sa fumée sous le nez de Nolan, taquine, remerciant mentalement le Pim's d'exiger de ses serveuses qu'elles portent de hauts talons.
La cigarette avait lâché son dernier souffle, et Alexis, sans trop savoir avec quel espoir -ou naïveté-, lui avait proposé de rentrer. Ils allaient finir par mourir congelés. Et peut-être qu'ils seraient un peu libres s'ils étaient cachés... pas forcément de se retrouver comme une groupie de fifty shades of grey s'y attendrait, non. Mais peut-être qu'un peu d'intimité leur permettrait d'être un peu libres l'un envers l'autre. Explications, accusations, engueulade... un pardon ? Et peut-être, oui, de vraies retrouvailles. Elle ne savait pas ce qu'elle attendait, mais elle n'était pas prête à laisser Nolan partir, car elle savait ce que ce départ impliquerait : le définitif. Et, alors qu'après avoir jeté leur clope elle avait levé son regard bleuté vers lui, elle avait bien compris qu'il ne s'agissait plus vraiment d'un pardon. Elle répondit par un sourire taquin, subitement persuadée de bien belles choses. Sauf que...
« Non. Non, Alex, attends, j-... » Non.
Elle le regardait, soudainement accablée par tout le poids du monde. Oh, il allait juste lui dire qu'une de ses poules lui avait filé une MST et qu'en attendant que ce soit réglé, ils devraient se protéger... Non ? Non.
Il s'était extrait de la veste pour l'attraper par les épaules, alors qu'avec quelques gestes vagues, perdus et désespérés, elle rattrapait cette dernière pour ne pas qu'elle tombe salement à terre. Mais elle ne faisait que fixer Nolan, essayer de déceler ce qu'il allait lui dire. Et la triste vérité, dans toute cette histoire, c'est qu'elle le connaissait assez bien pour savoir que ce ne serait pas une histoire de MST. « Je dois te dire quelque chose. » Elle avait besoin de savoir. Maintenant. Alors elle se taisait, attendant la révélation comme on attend une sentence. Et à l'expression de Nolan, Alex savait que c'était bien à ce genre de choses qu'elle devait s'attendre. Et la sentence tomba lourdement, gravement, sourdement.
« Je suis fiancé. » Alex s'efforçait s'encaisser le coup, mais le plus beau était que ce n'était pas fini. « A - à Mischa. »
Elle aurait préféré un million d'autres confessions. La MST, par exemple. Mais elle était atterrée, écrasée par ce qu'il venait de lui dire. Elle ne bougeait plus, les yeux toujours rivés sur Nolan, qu'elle ne regardait pourtant plus réellement. Elle était partie ailleurs. Mischa, il lui en avait parlé. Et elle n'en avait pas gardé de très bons souvenirs. Pourtant, le voilà qui s'était engagé avec elle... Oh, mais qu'avait-elle fait ? Était-elle responsable de son retour auprès d'une femme qui n'était pas faite pour lui ? Ou était-elle simplement d'une mauvaise foi extrême, persuadée de ne pas être juste une fille de passage au milieu de l'histoire parfaite qu'il vivait avec Mischa ? C'était à plus rien n'y comprendre. Les signaux étaient contradictoires. Qu'est-ce que leur photo avait à faire dans son portefeuille s'il était fiancé ? S'il avait choisi de vivre à nouveau avec celle qu'il devait clairement considérer comme la femme de sa vie ?Peut-être qu'elle n'était plus que la petite sœur. Oh, elle s'en contenterait. Elle était prête à tout accepter. Enfin...
Elle finit par bouger, baissant le regard vers les larges pavés du trottoir. « OK, bah... félicitations... » Que pouvait-elle dire d'autre ? Devait-elle exploser en avouant qu'elle avait espéré en se croyant dans un film de Disney ? Mais la vérité était là, cruelle, douloureuse : oui, elle avait espéré. Elle avait espéré comme elle s'était interdite formellement de le faire. Elle s'était surprise à penser un instant qu'ils allaient finir dans les vestiaires du Pim's, qu'elle n'allait pas reprendre son service, qu'elle se ferait virer, mais que plus rien ne serait grave, parce qu'elle serait avec Nolan. Elle s'était surprise à penser qu'il pourrait finalement la revoir porter son t-shirt d'Oasis, et qu'ils auraient encore plein de photos à prendre ensemble. Elle s'était surprise à croire que tout irait bien, qu'elle pourrait se permettre de prendre des risques avec sa vie à présent, puisque Nolan serait à ses côtés. Alors oui, elle avait échoué lamentablement à cette seule mission qu'elle s'était donnée : celle de rester indifférente à tout ce qui aurait pu se passer. Mais elle était prise à son propre piège. Elle n'avait plus le droit de se débattre, elle était la seule fautive.
Pourtant, doucement, elle ôta la veste de Nolan et la lui tendit, le regard rivé sur celle-ci, n'osant plus regarder celui qu'elle avait tant aimé. Elle n'en avait plus la force. Elle était à terre. « Tiens », lui força-t-elle la main. Après qu'il l'ait prise, elle l'arrêta d'un geste et fouilla dans la poche pour y récupérer le paquet de clopes. « Mischa serait pas très contente que tu donnes des vestes à tes ex. » Elle ne connaissait absolument pas Mischa, c'était un fait, mais elle pensait plus à ce qui lui restait de dignité et d'amour pour elle-même -à savoir, vraiment pas grand chose- pour se battre contre cette envie de croire, encore et toujours. « Il faut que je retourne bosser », tenta-t-elle de s'excuser en faisant un geste vers l'entrée du bar, pourtant bien consciente de la magnifique contradiction qu'elle venait d'avoir avec elle-même qui, plus tôt, lui proposait de continuer ces retrouvailles à l'intérieur. Il pourrait retrouver sa basse-cour, au moins... comment ça, sa basse-cour ? Il trompait Mischa ?
Alors, brutalement, rageusement, elle se retourna à nouveau vers le brun, tendant un index accusateur vers lui. « Tu me laisses deux options, c'est ça ? Etre la pétasse qui te servira de maîtresse, comme toutes les autres, ou être la petite sœur de cœur bien chiante ? » Elle était totalement perdue. Énervée, mais tout aussi désolée. Elle ne voulait plus rien. Elle en avait marre d'être la sœur de ceux qu'elle aimait. Elle en avait marre de n'être qu'une option à peine considérée, une fille que l'on préférait laisser au passé. Pourtant, Nolan ne méritait pas toute cette haine. C'était à lui de la détester, et il ne fallait pas retourner les rôles. « Pardon... Jte souhaite une vie heureuse, Nolan », lâcha-t-elle faiblement en levant enfin son regard vers lui. Mais elle le savait, à ce moment-là, que ces quelques phrases étaient, pour le coup, synonyme d'un adieu dramatique. Jamais plus elle ne le reverrait. Jamais plus il ne voudrait la revoir, et elle ne savait même pas si elle aurait la force de le revoir, ce beau Nolan Buckley, qui aurait donné son nom une seconde fois à Mischa. Avec un sourire affectueux et sincère, elle ajouta : « jsuis contente que tu aies trouvé ton bonheur... enfin, que tu l'aies retrouvé. » Qu'est-ce que ça lui faisait mal... mais au moins, se disait-elle, l'un d'eux semblait destiné à vivre un happy end.
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Sujet: Re: All the roads you took came back to me... {{ ended Ven 10 Avr 2015 - 16:17
CAN YOU HEAR ME ? I GOT A LOT THAT'S ON MY MIND. I CANNOT BREATHE... CAN YOU HEAR IT TOO ?
Mes entrailles se tordaient douloureusement depuis que j'avais prononcé les mots fatidiques. J'aurais tellement voulu la suivre dans ces vestiaires, la prendre dans mes bras, ressentir de nouveau le frisson que le parfum de sa peau me procurait... Mais non, je ne pouvais pas. J'étais fiancé. Fiancé, putain de merde. Mais cette rencontre était tellement inattendue que j'avais failli l'oublier, failli me laisser aller à la douce torpeur de tant de souvenirs heureux qui me revenaient en mémoire juste parce qu'elle se tenait là, devant moi, avec ce regard si franc qu'il transperçait mon âme. Sauf que ce n'était pas possible. Parce que j'avais choisi de devenir quelqu'un de bien. Et que je ne pouvais définitivement pas lui cacher ça. J'avais toujours été honnête avec elle, toujours. Jamais un mensonge. Jamais même une omission. Je lui avais toujours tout dit, lui livrant mon âme. Notre relation avait été à coeur ouvert, et je n'allais pas commencer maintenant à renier la beauté de la sincérité de ce que nous avions eu... Même si ça signifiait voir son expression se décomposer, ses pupilles s'écarquiller, et la colère se peindre sur ses fantastiques traits doux, laissant apparaître une vulnérabilité extrême qui me fit l'effet d'un coup de poing dans l'abdomen. « OK, bah... félicitations... » finit-elle par prononcer. Je fronçai les sourcils et ouvris la bouche, comme pour protester : « Alex. » Mais elle n'écoutait pas, elle ne m'écoutait plus, trop occupée à retirer ma veste comme s'il se fut agi des haillons du clochard du coin de la rue. «Tiens. Mischa serait pas très contente que tu donnes des vestes à tes ex. » D'accord. Très bien. Si elle voulait qu'on la joue comme ça... Moi aussi je pouvais être insensible. J'eus un vague rictus, sans lui faire le plaisir de relever et, veste en main, la fixai, d'un air profondément impassible. « Il faut que je retourne bosser » dit-elle alors, et elle commença à partir alors que je continuai de la regarder sans un mot. Pourtant, j'aurais voulu hurler. J'aurais voulu lui dire de rester, de me faire face, mais je n'en fis rien, me mordant farouchement la langue. Je n'avais pas le droit de la retenir. A quoi bon ? Nous n'étions plus que des étrangers, à présent, elle le démontrait bien. Car c'était bien ce qu'elle pensait à cet instant, non ? Je pouvais le lire dans son attitude. Elle ne me considérait même plus. J'étais devenu inexistant.
Mais soudain, alors que j'allais tourner les talons puisqu'elle me plantait là sans le moindre regard en arrière, elle se retourna et je pus lire la colère sur son visage alors qu'elle vociféra : « Tu me laisses deux options, c'est ça ? Être la pétasse qui te servira de maîtresse, comme toutes les autres, ou être la petite sœur de cœur bien chiante ? » Ce fut à mon tour de sentir mes pupilles s'écarquiller sous la surprise. Hein, quoi ? Elle était en train de dire que... Qu'elle me considérait comme un Don Juan volage et sans coeur ? Qu'elle me pensait capable de... Oh putain. Mon sang ne fit qu'un tour. « Tu fais chier, Alex ! Je pensais que tu me connaissais mieux que ça, putain. Mais parce que j'ai une belle gueule et que je sors le soir, j'ai forcément aucune morale, c'est ça ? D'ailleurs, c'est pour ça que je préfère être clair avec toi, parce que je suis un putain d'enfoiré, c'est ça ? Parce que forcément, je suis un briseur de coeur, parce que je suis un mec alors je peux pas souffrir, je peux pas avoir des doutes et des peurs, je suis juste un putain de connard sans sentiment, quoi. C'est bien ça ? Ben écoute, puisqu'on est dans les clichés, retourne montrer ton cul à tes clients, va ! Parce qu'après tout c'est bien ça que tu fais, non ? T'es une meuf, t'es sexy, donc t'es forcément une chienne en chaleur, c'est ça ? C'EST CA ? Putain de merde. Tu fais chier, putain. Tu fais chier ! » L'énervement me gagnait tout entier et mes membres tremblaient alors que je ponctuais ma tirade de grands gestes, jusqu'à finir par m'immobiliser à moins d'un mètre d'elle, mon regard flamboyant planté dans le sien. Oui, j'étais profondément blessé. Et, oui, je l'étais au point de devenir blessant, et d'avoir envie de lui faire mal, aussi mal qu'elle m'en faisait de me voir avec ces yeux là, les yeux de la haine et du déni. Les yeux de chaque personne qui me croisaient quelque part et me jugeais sans même chercher à me connaître. Les yeux d'une putain d'aveugle. Merde ! J'aurais voulu la secouer par les épaules et lui faire entendre à quel point elle se gourait, mais je n'en avais pas la force. Il ne me restait plus qu'à m'en aller. Et oublier cette soirée. Oublier comme j'avais fait en sorte d'oublier jusqu'à aujourd'hui pour ne pas ressentir ça, pour ne pas ressentir cette amertume et cette rancoeur. Mais au moins, cette fois, elle me rendait les choses plus faciles. Elle me montrait un visage que je ne connaissais pas, et qui me décevait profondément, plus encore qu'une trahison. Parce qu'elle était la seule à m'avoir toujours acceptée comme j'étais, jusqu'à ce soir. Et ça faisait putain de mal. « T'étais partie, putain, tu m'as laissé comme une merde, à pas savoir où t'étais, à pas savoir si t'allais bien, à pas savoir si un jour même je te reverrais. Tu m'as laissé de côté, sans le moindre espoir, et puis t'es revenue, et même pas t'as cherché à me revoir, ni à savoir si j'allais bien. Il a fallu que je te croise par hasard pour savoir que t'étais vivante, et c'est moi qui te laisse aucun choix ? Mais ouvre les yeux, Alex ! T'as aucune leçon à me donner. Aucune. Parce que tu vaux pas mieux que moi. » finis-je par asséner en me reculant, pointant à mon tour mon index vers elle. Mon regard se détourna, et je levai les yeux vers le ciel. Il fallait que je me casse de là. Il fallait que je rentre. Qu'elle me regarde comme ça, je ne pouvais pas le supporter.
Ce qu'elle dit ensuite, si je l'entendis, je ne l'intégrais pas vraiment, si ce n'était avec le mépris et le cynisme le plus profond. Je survolais son regard qui s'était radouci, son expression qui s'était détendue, mais je ne la voyais pas, je ne la voyais plus. Si elle le pensait réellement, je n'en sus rien, parce que je ne voulais plus croire un seul mot qui sortait de sa bouche, parce que j'étais bouffé tout entier par un état de stupeur et de colère que je maîtrisais à grand peine. Il fallait que je rentre. Il fallait que je parte. Il fallait que je prenne mes médicaments, sinon, j'allais imploser. Alors, après avoir balancé dans un dernier rictus sarcastique « Arrête, qui tu crois tromper ? », je haussais simplement les épaules pour lui tourner le dos, et disparaître, sans même un au revoir, sans même un mot de plus, sans même un dernier regard. La tête me tournait et j'accélérai le pas pour, après avoir tourné au coin de la rue, m'adosser à la première chose qui fut à ma portée. Mes jambes tremblaient. Était-ce un adieu ? Non. Je ne pouvais pas, je n'avais même jamais réussi à lui dire adieu... Elle avait toujours été là, quelque part dans mon crâne, et je n'avais jamais été capable de l'en déloger, comme le prouvait la photo qui était restée si longtemps dans mon porte-feuille. Et ce soir, si je lui en voulais, malgré tout, je n'étais toujours pas prêt à le faire, je ne voulais pas y croire. Alors, non, la regarder dans les yeux, lui dire au revoir, lui souhaiter d'être heureuse sans moi... Non, moi, je n'en étais pas capable. Et le fait était que je ne le serais sûrement jamais. C'était bien ça le problème. J'étais trop lucide, beaucoup trop pour mon propre bien. Et j'allais y remédier tout de suite. Reprendre mon traitement. Malgré mon aversion pour la personne que je devenais quand je le prenais. Mais s'il le fallait pour l'oublier, alors j'allais devenir cette coquille vide et docile.
Oui. J'allais faire taire ces voix dans ma tête qui me disaient de faire demi-tour, coûte que coûte.
Oh, I was there for you Oh, in your darkest time Oh, I was there for you Oh, in your darkest nights But I wonder... where were you?
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