› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Sam 24 Jan 2015 - 17:50
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
Son père était malade. C'était suffisant pour lui donner une raison valable de prendre des conneries. Non pas que c'était sa première consommation, mais cette fois, il aurait peut-être pu éviter. Il aurait pu dire non. Le problème c'était qu'il ne ressentait rien. Son père allait peut-être mourir et une part de lui s'en fichait royalement. Quelque part c'était ce qu'il avait toujours voulu : puisque je n'existe pas pour toi, tu n'existes pas pour moi. Et d'un autre côté il se rendait compte qu'après tout ce temps, lui et son père en était au même point. Pas la moindre fierté, pas le moindre amour. Comme s'il n'avait jamais réussi à atteindre l'homme de glace qu'était Andrew Cohen. Peut-être aurait-il dû faire comme tous les autres fils, suivre l'exemple et ne jamais dire non. Mais Benjamin était têtu, capricieux aussi et il avait fini par oublier ce que « père » signifiait. Pour lui, son père n'était autre qu'un inconnu qui partageait un repas ou deux dans la semaine. Un père, c'était quelqu'un qui fournissait l'argent et qui faisait sa vie ailleurs. Un père était forcément absent. Mais entre la mort et la vie il y avait une différence que même lui ne pouvait pas négliger. Toute la haine qu'il pouvait ressentir ne pouvait pas effacer le fait qu'il avait cette sensation de ne pas avoir été désiré. Un enfant c'étaitcensé apporter beaucoup de joie à un couple, non ? Pas quand l'enfant en question était Benjamin. Et jamais il ne découvrira si son père avait finalement un côté humain ou non. Non, il allait vivre avec l'idée que le connard qui l'avait éduqué (ou plutôt qui avait essayé) allait disparaitre de sa vie. Comme le fantôme qu'il avait toujours été. L'ombre qui avait pendant longtemps suscité sa peur allait disparaitre du globe pour ne jamais combler le vide qu'il avait toujours apporté.
Ally ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas un grand garçon qui pleurait comme un bébé et pourtant, il était là, incapable de se cacher même dans cet état. Pire, il ne pensait qu'à elle. Rien qu'à elle. Comme si c'était sa solution miracle. Comme si c'était la seule façon de faire disparaitre toute la confusion qui lui bouffait la vie. Alors il voyait des choses qu'il n'était pas censé voir et son rythme cardiaque battait des records. Sa température était élevée, ses pupilles dilatés et il respirait aussi maladroitement qu'il souriait. Ally faisait fondre tout le mal en lui pour ne laisser apparaitre que le bon. Comment un tel miracle était-il possible ? Peut-être que s'il avait présenté la jeune femme à son père, peut-être qu'elle, il l'aurait accepté. Peut-être qu'à elle, il n'aurait jamais tendu un chèque comme si elle n'était qu'un autre échec de plus dans la liste des trophées du jeune Cohen.
Dans la catégorie des conversations les plus étranges et les plus longues trônaient celles d'Ally et Benjamin. Les paroles allaient d'un point à l'autre, guidé par l'humour du médecin et par l'ivresse du policier. Quel couple quand même. Des pros en matière de discussion douteuse. Des pros aussi en matière de franchise.
« - Je n'ai rien compris. » Tigre, verre de terre. Il avait perdu le fil. En même temps avec ce qu'il avait dans le sang, c'était logique. Mais ce qui était certain, ce que ce n'était pas un romantique. Il avait juste décidé qu'avec Ally, il ne tenterait rien parce qu'il savait qu'avec des sentiments, tout était toujours plus compliqués. Il était donc simplement réaliste. Conscient que le sexe n'était pas toujours que du sexe. Ally comptait pour lui. Elle comptait beaucoup trop et cela le torturait déjà bien assez. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas mis à penser à quelqu'un, juste comme ça. Simplement parce que son coeur le voulait. Il n'avait pas envie d'Ally. Parce qu'il avait posé un mur et qu'il se forçait à ne pas dépasser la limite. C'était ce qu'il y avait de plus proche pour lui du respect.
Harry Potter. En voilà une chose qu'il n'avait jamais compris et il fallait dire qu'Ally ne l'aidait pas beaucoup. Peut-être qu'une fois sobre quelques scènes du premier film allait lui revenir en tête, qui sait ? En attendant, elle parlait beaucoup et lui, il ne comprenait pas assez. Une chose était certaine, il n'y avait pas de pénis dans Harry Potter, alors cela ne fit que rajoutait un fronçasse de sourcil de plus. Sérieusement, elle avait dit quoi déjà ? Des fois il avait l'impression qu'Ally se foutait sa gueule. Peut-être que c'était la réalité et qu'il ne s'en rendait tout simplement pas compte. En tout cas, il perdait vite le pourquoi du comment, se contentant de rire, complètement à l'ouest.
« - Pas du tout. Le changement c'est bien de temps en temps, que veux-tu. » Parler de position, voilà une chose qui était courante d'entendre avec ces deux-là. Mais ce n'était pas parce qu'il faisait une petite suggestion qu'il fallait automatiquement croire que c'était un pauvre paresseux. Tout homme devait admettre que c'était quand même pas mal une femme qui prenait le contrôle. De toute façon, à part Benjamin, personne ne voudrait d'Ally. Du moins, c'était ce que se disait Benjamin qui actuellement se considérait comme la seule personne probable à finir dans son lit... oh, attendez, il était déjà dans son lit. Il avait gagné donc, non ? Bim la concurrence. Et puis qui étaient les crétins qui iraient déposer des offrandes devant une maison juste pour coucher avec une nana ? Bon, être son esclave sexuel, c'est pareil. Personne ne se donnerait autant de mal, c'était aussi simple que ça. Ally rêvait, ça c'était une certitude. Ou alors elle se moquait de lui, non vraiment, il ne savait pas.
« - Je sais ce qu'être un esclave sexuel signifie. Merci. Tu me prendrais pas pour un blond par hasard ? » Non, il n'avait pas fait le lien avec sa véritable couleur de cheveux. Il était lent, c'était tout. Et puis, avec Benny Junior en tête des sujets préférés, il avait autre chose à dire. « - Tu vas devoir vivre avec le mythe, bébé. » Un peu agressif ? Pas du tout. La limite toujours et encore. Et il n'allait pas la franchir, non, même sous effet illicite. Un vrai héros ce Cohen. Toujours prêt à suivre ses principes, quoi qu'il arrive. Peu importe la situation. Il avait bien trop peur des conséquences pour faire quoi que ce soit.
Ally, frappeuse de bébé. Il voyait ça d'écrit sur son front maintenant. C'était moche. Et surtout très bête. Voilà sans doute une chose qu'il allait oublier dès le lendemain.
« - Mais ce ne sont pas des animaux de compagnie ! » Ok, il devait l'avouer, c'était un homme à bébé. Peut-être parce que sa nounou et mère de substitution avait une grande famille et qu'il avait passé pas mal de temps avec eux. Quelque part il désirait la même chose plus tard. Une grande famille. Des enfants partout. Et lui, étant le père qu'il aurait aimé avoir. Attentif, présent, aimant et surtout fier. Et rien que de penser à tout ça, cela lui rappelaitla raison qui l'avait amené ici. Et cela brisa un peu sa bonne humeur, durant l'espace d'une seconde. Il se concentra ensuite sur la question d'Ally, réfléchissant. « - La plupart de mes collèges ont des enfants. » Il aurait pu répondre qu'il était plus pour les orgasmes que pour les enfants, mais il devait avouer que parler bébé lui rappelait une femme qui lui avait brisé le coeur. Ce n'était jamais facile de se rendre compte que tout ce qu'on avait prévu n'est en fait jamais arrivé. N'arrivera jamais.
« - Je suis certain de l'inverse, oui ! » Ma petite blatte. Berk. RE-BERK. L'expression de dégout de Benjamin ne reflétait que trop bien l'image immonde qu'il avait en tête. Il avait vu un reportage une fois sur les cafards. Quelque part, ça l'avait traumatisé et cela expliquait sans doute pourquoi il ne regardait plus la chaine animalière à 6h du matin quand il n’arrivait plus à dormir. Quelques secondes plus tard, un éclair illumina la chambre, ramenant la mauvaise humeur de Benjamin à son sommet.
Tu n'aimeras plus jamais. C'était une vague promesse qui avait hanté son esprit et qui aujourd'hui avait disparu. Ces paroles étaient apparus dans la vie de Benjamin le jour où tout avait basculé. Le jour où son coeur s'était arrêté. Après ça, il avait oublié à quel point il n'y avait pas de mal à regarder quelqu'un et à se dire que cette personne nous rend heureux. Ally avait décidément brisé tous les murs qui l'entouraient, inconsciemment et c'était ça qui était le plus beau. Elle n'avait pas cherché à le séduire, elle n'avait pas cherché à l'avoir. Elle n'avait fait qu'être elle-même. Ce n'était pas le cas de Benjamin qui portait un masque lourd en conséquence. Un masque qui semblait fondre chaque seconde un peu plus. Ally n'était pas qu'une femme les autres. Benjamin voyait beaucoup plus qu'un petit bout de femme à l'humour bien à part. Il y voyait une lueur d'espoir qu'il avait oublié. Un parfum attachant qu'il voulait embrasser continuellement. C'était comme voir le reflet de cette partie de son âme. Celle qui survivait à la noirceur vivante qui prenait Benjamin quand il était loin d'elle. Cette partie de lui qui n'était que bonté et naïveté. A ses côtés, Benjamin se sentait si fragile. Ally avait-elle donc le pouvoir de lire en lui et de découvrir ses secrets les plus enfouis ? Ses désirs les plus cachés ? Au fond, tout ce qu'il avait toujours voulu dans sa vie, c'était être quelqu'un de normal. Plus jeune, son statut l'avait tout de suite différencier des autres et cela l'avait torturé. Ses amis n'étaient pas de vrai ami. On cherchais souvent à se servir de lui. Son argent, son rang, tout était prétexte à se rapprocher du fils du grand Cohen. C'était peut-être pour ça que Matthew et Andrew étaient ses seuls amis. Ses cousins étaient comme des frères à ses yeux.Ceux qu'il aurait aimé avoir à ses côtés toute sa vie. Mais Benjamin était un enfant unique, dans les deux sens. Ni frère, ni soeur et l'enfant à part et différent que tout homme d'affaire refusait d'avoir. Un rebel, jamais heureux avec ce qu'il possède. Cherchant à jamais une image autre que celui de son paternel. Au fond, on ne pouvait pas lui en vouloir. Son père était un monstre, constamment sur son dos. A une époque, Benjamin en avait fait des cauchemars. Une ombre qui le suivait sans cesse même en plein jour et qui parfois le dévorait. La haine l'avait souvent envahis lorsqu'il voyait le père des autres. Le père présent, aimable et protecteur. Les pères qui encourageaient et laissaient leurs enfants respirer. La dernière fois, il avait fait le même rêves, des années plus tard comme si au fond rien n'avait changé. Il s'était réveillé en sursaut dans le noir avant de finalement laisser la peur disparaitre face à la vision qui s'était présenté à lui. Ally dormais. C'était après la soirée de chez Ella. Le soir où il avait compris qu'il y avait dans cette relation bien plus qu'une amitié tordue. Il y avait des cristaux de sentiments pures qui grandissaient et qui envahissait son coeur inexistant jusqu'à présent.
Tu n'aimeras plus jamais. C'était ses propres paroles après avoir compris que le monde ne se résumait qu'à l'argent. Qu'il avait beau avoir donné son coeur aveuglément, cela ne servait à rien. Prêt à mourir à la moindre demande, on lui renvoyait son amour à la figure comme si ça ne comptait absolument pas. Est-ce que l'argent pouvait remplacer cette blessure ? Non. Mais l'argent pouvait visiblement remplacer son amour. Du moins, cela avait été suffisant pour son ex-femme qui n'avait pas attendu longtemps avant de disparaitre. L'argent qu'avait tendu son père l'avait convaincu à quitter l'homme qui était prêt à tout pour elle. Alors forcément, il avait oublié ce que c'était. Le sentiment était une variable inconnue dans sa vie. Il avait arraché son coeur pour finir par le laisser là où il l'avait donné. Et depuis, il s'était senti aussi vivant qu'un robot. Même avoir une arme entre les mains et sentir la vie des autres s'échapper de lui avait pas fait le moindre effet. Entre la vie et la mort, il n'y avait que peu de différence à ses yeux. Jusqu'à ce qu'un facteur bouleverse tout son monde. Il aurait pu rester le même et ne jamais changer, mais avec Ally à ses côtés il n'y avait plus aucune raison d'ignorer le fait que son coeur s'était remis à battre. Quelqu'un avait trouvé son coeur brisé quelque part et avait décidé de recoller les morceaux et cette personne n'était autre que la jolie blonde chez qui Benjamin cherchait la paix. Il avait la sensation qu'une fois dans ses bras il était capable d'accepter la fin de tout. Un peu comme dans Seeking a friend for the end of the world. Une fois avec la bonne personne, que la mort approche ou non, ça n'a pas d'importance. C'est normal. Parce qu'il n'y a alors plus aucun regret. On partage le restant de sa vie avec la personne que l'on aime le plus au monde. Il n'y avait donc pas de plus belle façon de mourir. Tout pouvait s'effondrer à cet instant précis que Benjamin n'en perdrait pas son sourire. Jamais.
Tu n'aimerais plus jamais. Ce n'était plus valable aujourd'hui, parce qu'il était là et il avait dit les mots interdits. La vérité c'était qu'il était amoureux et qu'il aimait Ally de toutes ses forces. Il aimait sans se soucier des règles et des promesses jadis prononcés. Il n'avait plus peur de souffrir, plus peur de se sentir trahis. Il savait juste qu'il ressentait quelque chose de fort et il en voulait pas perdre ça. Il voulait continuer à ressentir son amour pour Ally jusqu'à la fin de sa vie, car pour la première fois il se sentait vivant. Pour la première fois depuis des années il avait l'impression que le monde était beaucoup plus vaste que ce qu'il avait imaginé. Qu'il y avait encore beaucoup à découvrir. Et ce baiser qu'ils partageaient ne faisait qu'augmenter ce frisson qui l'avait envahi. Son coeur aurait été capable d'exploser tant la sensation était inexplicable. De toute façon il ne voulait plus chercher à comprendre ce qui lui arrivait, non, il voulait simplement prendre ce qui venait à lui et saisir chaque émotion à la seconde près. Savourer chaque détail et ne jamais se soucier de ce qui allait suivre. A quoi bon se questionner de la sorte, ça n'avait tellement aucune importance. Parce qu'elle l'aimait aussi. Parce qu'elle ressentait la même chose à son égard, ce qui était étonnant. Tu n'aimeras plus jamais aurait pu être tu ne seras jamais aimé. Mais cela aurait été un mensonge, parce qu'Ally ne pouvait pas mentir, pas à lui. Du moins c'était l'impression qu'il avait. Tout avec elle semblait plus simple et plus réelle. Il était transporté à des années lumières du monde sombre et étouffant dans lequel il avait grandi et évoluer. Il ne voulait plus jamais retourner là-bas, il voulait rester dans cette bulle qu'Ally et lui venait de faire naitre. Si le monde avait un tant soit peu pitié, peut-être qu'elle n'allait pas explosé. Peut-être qu'on lui offrirait l'éternité ?
Tu l'aimeras toujours. C'était sa nouvelle promesse, encré au plus profond du reste de lui-même. Il fixait Ally dans le silence le plus beau, incapable presque de respirer de peur de bouleverser l'harmonie du moment. Les mots avaient volé et les je t'aime avait trouvé leurs places. Plus jamais il ne voulait prononcer ses mots, sauf pour elle. Il n'y avait plus aucune barrière qui empêchait Benjamin d'exprimer ses désirs. Elle captura de nouveau ses lèvres, comme si désormais ils allaient être incapable de se séparer. Il ria légèrement, un peu amusé par la façon dont elle réussissait à toujours le faire rire, peu importe le moment. Etait-ce le moment venue ? Peut-être pas. Ou peut-être parce qu'il y avait encore des choses en lui qu'il ne pouvait pas ignorer et qui risquait de la blesser. Mais à côté, il avait tellement envie de rester ce soir. Il avait tellement envie de combler cette chose en lui. De rester dans ses bras et de ne devenir plus qu'une même entité avec celle qui faisait tourner son univers. Il resta silencieux, sans savoir ce qu'il pouvait dire. Tout ceci semblait si beau, trop beau.
« - Si je reste, je serais incapable de partir demain. » Et sans attendre, il reposa de nouveau ses lèvres contre les siennes, comme s'il était capable de passer le restant de ses jours ici. Il ne voulait pas partir de toute façon et cela ne lui avait même pas traversé l'esprit. Finalement, il avait réussi. Il avait trouvé son paradis.
Tu l'aimeras toujours, quoi qu'il arrive. Quoi qu'elle fasse. Quoi que tu fasses. Elle sera la plus belle révélation de ta vie. Elle sera ton espoir et l'amour qui te ramènera à la raison. Oubli demain et chéri chaque souvenir à ses côtés. Tu n'as pas besoin d'air pour respirer, tu as besoin simplement de son bonheur. A jamais, elle sera ta force.
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Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Mer 28 Jan 2015 - 5:13
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Water is my eye, most faithful mirror, fearless on my breath, teardrop on the fire of a confession.
La pluie n'avait de cesse de tambouriner contre les carreaux de la chambre, et ces cliquetis faisaient écho à ceux des autres fenêtres de l'appartement. Ally était comme libérée d'un poids depuis qu'elle s'était livrée à lui toute entière, mais aussi et même surtout depuis qu'il avait posé ce regard protecteur sur elle. Durant toutes ces années, Ally avait eu tout loisir de s'imaginer les réactions de ses amis si elle avait le courage de leur raconter un jour son passé, mais elle n'avait jamais osé imaginer autant de bienveillance. Malgré les apparences et ce qu'elle s'efforçait de faire croire, elle était loin d'être confiante envers les autres, mais surtout envers elle-même. Son histoire n'avait été faite que de relations superficielles, bien vite détruites par le temps, la distance ou la moindre difficulté. Se confier et partager n'avait jamais donc jamais fait partie de ses habitudes, et pourtant, c'est en arrivant en Californie qu'elle en aurait eu le plus besoin. Au lieu de cela, elle s'était contentée de tout nier, de se forcer à laisser dans le passé tout ce qui semblait obstruer l'avenir qu'elle se réservait ici. Et cet avenir, il s'était construit peu à peu, sans qu'elle s'en rende compte. Les semaines avaient défilé, s'étaient transformées en mois, puis en années, et Ally avait trouvé dans sa vie professionnelle un accomplissement auquel elle ne s'était pas attendue. Mais, au-delà de cette surprise-là, il y avait eu ces rencontres qui l'avait transformée en tant que personne. Sans le réaliser, sans le comprendre ou même s'en rendre compte, Ally s'était mise à croire en la bonté des gens, mais surtout en celle de quelques personnes. Bon, d'accord. Elle croyait en Jagger. Pendant ces quelques dernières années, elle avait cru en Jagger comme elle n'avait jamais cru en personne d'autre, et, en dommage collatéral et malgré elle, elle s'était mise à croire un peu en elle-même. Elle ne subissait plus sa vie dans l’expectative de devoir faire face à son histoire bostonienne à l'avenir ; non, sa vie, elle la vivait pleinement. Elle allait travailler tous les gens avec cette même passion dévorante, cette envie de jouer un rôle, d'apprendre et de découvrir ; elle aimait son sujet de thèse et restait parfois travailler à des horaires exotiques juste pour pouvoir finir ses marquages d'immunofluorescence et pour les observer au microscope. Elle aimait ses pauses café qu'elle s'imposait aux machines du deuxième étage, celles qui crachaient le meilleur café du bâtiment, et elle aimait croiser ses collègues, apprendre à les connaître, deviner d'un regard s'ils étaient dans un bon ou dans un mauvais jour. Elle aimait aussi découvrir la ville qu'était Huntington Beach, ses bars, ses restaurants, ses boutiques, mais aussi ses interminables plages qui lui donnaient cette sensation de liberté, et cette impression d'infini, de possibilités illimitées. Elle aimait rencontrer les gens via un chat partagé, nommer le félin après un met des plus gastronomiques et avoir l'impression que tout était naturel. Et puis, elle aimait les interventions un peu bizarroïdes qu'avait un policier lorsqu'il était amené à passer par la morgue de St John pour clarifier certaines de ces affaires. Elle aimait son esprit affuté, sa vivacité d'esprit et les batailles verbales qui s'engageaient dès qu'il mettait les pieds dans son domaine glauque. Elle avait peu à peu tourné la page de cette réalité qui lui faisait encore mal. Elle ne s'était pas pardonnée, n'avait pas oublié, mais elle avait appris à vivre avec ce poids à sa façon. Le temps l'avait changée peu à peu, progressivement et sans aucune once de malaise. On l'appréciait pour ce qu'elle était à ces instants précis, sans connaître la personne qu'elle avait été durant quelques instants des années auparavant. C'était là sa force : cette sensation de pouvoir être elle-même sans être jugée, et c'était sans doute ce qu'elle avait cherché malgré elle et plus que tout en traversant le pays. Sa famille était toujours là, sur la côte opposée, mais elle se forçait à ne plus y penser. C'était sa façon d'être heureuse, sa façon se reconstruire.
Pourtant, quoiqu'on en dise et quoiqu'elle ait pu penser durant ces années, la vérité finissait toujours par refaire surface. Sans doute pas de cette manière, la plupart du temps, pas en passant par un corbeau dont elle ne connaîtrait probablement jamais la véritable identité, mais la vérité, d'une manière ou d'une autre, était au final ce qui était le plus important. Seulement, cette vérité, elle ne pouvait pas la supporter. Chacun avait ses secrets, ses poids, mais Ally avait l'impression d'être un cas unique, de ceux que l'on croise, tourmenté, dans un film glauque, et qui finira toujours mal, quel que soit le scénario et le fil conducteur de l'histoire. Son histoire à elle, elle avait l'impression de l'avoir achevée le jour de sa soutenance, alors que tout aurait du être un nouveau départ. Depuis lors, elle n'avait eu de cesse de vouloir continuer, mais cette putain de vérité s'était imposée comme une certitude : elle ne serait jamais cette Ally Fleming qu'elle aspirait à être. Ce passé ne la laisserait jamais vivre sa vie, et elle n'arriverait jamais à l'inclure dans sa vie, c'était impossible, c'était au-delà de ses forces.
Pourtant, ce soir-là, tout son monde avait changé. Ce n'était pas juste sa présence, c'était lui. Lui tout entier. Il la changeait. En avouant ce secret qu'était le sien, elle l'avait laissé faire un pas dans son monde, elle l'avait laissé la découvrir plus que quiconque n'avait pu le faire. Sa réaction ne s'était pas faite attendre, et c'était sans doute la preuve la plus tangible de ce qu'il lui avait affirmé. Sa vision de la personne qu'elle était n'en était pas altérée. Et cette certitude semblait marquer le début d'une nouvelle vie. Il était à ses côtés, et elle en avait oublié cette peur bleue qu'elle avait des gens, mais surtout d'elle-même. Si il y avait quelqu'un avec qui elle se voyait vivre quelque chose, c'était lui. Chose inconcevable quelques années auparavant, mais plus autant maintenant. Son apparition dans sa vie, ou plutôt sa persistance à travers les mois, ressemblait drôlement à ce qu'aurait été un chant d'oiseau à l'extérieur à cet instant précis, au milieu de l'apocalypse qui se tramait à Huntington Beach. C'était la renaissance d'un espoir depuis longtemps disparu. Cet apocalypse, ou n'importe quel apocalypse, elle était prête à le vivre sans aucune forme de peur, puisqu'il était là, à ses côtés. Oui, Benjamin Cohen était allongé à côté d'elle, et c'était tout ce qui comptait. Tout le reste avait peu d'importance. « Je n'ai rien compris », l'avait-il arrêtée dans ses idées. Ally, à ce moment, était encore partie dans de grandes tirades dont aucun des deux n'avait particulièrement besoin. Elle fit une grimace et répondit un simple « tu m'étonnes », encore étonnée de l'état dans lequel il était venu ici. Et, encore une fois et sans trop savoir comment, ils en étaient à parler de sexe. Que de mots, peu d'action, mais c'était là cette barrière qu'ils semblaient s'être imposés l'un comme l'autre depuis le tout début. Les plans cul, Ally les avait enchaînés, et c'était ce qui s'était rapproché le plus de relations romantiques au cours de sa vie. Là, cette barrière, elle était tout autant volontaire qu'involontaire. Avec Cohen, elle l'avait décrété depuis bien longtemps, ce ne serait pas une affaire de fesses. Des mots, juste des mots. « Pas du tout. Le changement c'est bien de temps en temps, que veux-tu. » Lorsqu'il s'agissait de sexe, le blond semblait un peu plus en état d'enchérir, bizarrement. « Changement... OK, donc pour notre première fois, ce sera toi qui fera tout le boulot. Attention, la barre est haute. Mais je crois en toi, et je crois en Benny Junior », fit-elle en gloussant. « Je sais ce qu'être un esclave sexuel signifie. Merci. Tu me prendrais pas pour un blond par hasard ? » Un sourcil arqué, Ally se contenta de lâcher un « heuuu » on ne peut plus clair avec un coup d’œil au crâne du jeune homme. « Tu vas devoir vivre avec le mythe, bébé. » Le mythe était déjà crée depuis un moment, c'était un fait. Mais... « En tant qu'esclave sexuel, tu vas devoir me prouver tout ça. » Mais, si Cohen ne semblait pas prêt à accepter le deal, Ally, elle, ne manquait pas une occasion de se faire passer pour une femme cruelle. Car oui, après le sexe, viennent les bébés. « Mais ce ne sont pas des animaux de compagnie ! » Il ne semblait pas se départir de cette passion pour les bébés, et Ally ne pouvait s'empêcher de s'en étonner. Les bébés, pour le coup, étaient un mythe pour elle. Le plus près qu'elle en avait approché avait été lors de son externat en pédiatrie, mais elle était loin de se sentir à l'aise à leurs côtés, et encore plus loin de s'imaginer que ces choses-là étaient faites pour elle. « Pardon », s'excusa-t-elle, penaude, « c'est juste que je suis plus à l'aise avec les ratons-laveurs. » Surtout que les ratons-laveurs vivaient loin d'elle, en fait, ce qui représentait un argument non négligeable. « La plupart de mes collèges ont des enfants », reprenait-il alors qu'elle était persuadée d'avoir déjoué une ruse machiavélique. Elle, mère, un jour ? Hin, la bonne blague. La famille ne semblait vraiment pas être son fort, et elle ne voyait pas réellement comme la situation pouvait changer. Elle serait une piètre mère. Si cela venait d'ailleurs à arriver, elle était à peu près sûre qu'elle le laisserait tomber en voulant le mettre dans son berceau ou qu'elle le noierait en lui faisant prendre son bain. « Et les orgasmes, non ? » tenta-t-elle malgré elle de le ré-aiguiller vers le droit chemin avant de continuer, « j'ai déjà tué un cactus... » Oui, elle ne se voyait pas mère, vraiment pas. Mais peut-être aussi parce qu'elle n'avait jamais considérée comme possible l'option de rencontrer l'homme qui lui donnerait envie de le devenir. La donne avait peut-être changé, à présent... « T'as envie de devenir père, toi ? » demanda-t-elle brusquement et très sérieusement. Elle le regardait soudain d'un air tendre. En réalité, elle le voyait bien être père. Et elle se mit à sourire niaisement alors que plusieurs images s'imposaient dans son esprit. Mais, avant les bébés venait le sexe. Éternel débat entre nos deux protagonistes. « Je suis certain de l'inverse, oui ! » Bon, il n'avait peut-être pas totalement tort, pour le coup. Les petits noms d'insectes avaient rarement leur place dans la vie sexuelle d'un couple, quel qu'il soit.
Sans trop comprendre ce qui venait de se passer, Ally ne put que constater que Cohen semblait s'être renfermé. Taraudé par de drôles d'idées, sans doute, et Ally aurait aimé extraire de sa tête toutes ces saletés qui semblaient le paralyser au quotidien, mais elle ne pouvait pas prétendre en être capable. Elle n'arrivait même pas à se débarasser de ses propres démons, alors quelle utilisé aurait-elle face à ceux de quelqu'un d'autre, malgré l'importance qu'avait cette personne à ses yeux ? A plusieurs reprises, la blonde fut tentée de briser ce silence qui l'inquiétait. Elle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer les pires atrocités, n'y d'y lier l'état dans lequel il était arrivé ici. Elle n'avait absolument rien contre son strip-tease, par contre, toutes ces substances qui parcouraient tranquillement ses veines lui posaient un peu plus de problèmes. Elle ne voulait pas de ça pour lui. Elle ne voulait pas de ces dépendances glauques et de ces sensations de vide qu'il avait l'air de se sentir obligé à combler.
De toute façon, tout avait changé du tout au tout. Il avait suffi de quelques instants, et la situation n'était plus du tout la même. Elle était libérée, il était là, et quelque chose de tout nouveau se passait. Elle l'aimait. Oh oui, elle l'aimait, et c'était la première fois qu'elle prononçait ces mots. Cohen n'était plus un de ces hommes qu'elle côtoyait de temps à autres; l'avait-il seulement été un jour ? Un lien encore plus fort semblait les lier maintenant. Ils étaient tous les deux aux antipodes de ce que l'on appelait l'amour, chacun pour ses raisons, mais ils venaient d'inviter ce dernier à les rejoindre. Ally n'avait plus peur de faire confiance. Il la sauvait, pourquoi devrait-elle avoir peur ? Le silence qui s'était maintenant installé n'avait plus rien de pesant ou d'effrayant. Il était apaisant. Elle fut surprise de son rire lorsqu'elle s'était emparée une seconde de ses lèvres, mais elle l'avait suivi, sans trop savoir pourquoi. Et maintenant, elle le regardait, sereine, et ne peut s'empêcher de sortir cette blague récurrente qui était devenue leur marque de fabrique. Elle n'y pensait pas sérieusement... ou peut-être que si ? Peu importaient le sexe, tout ce qu'elle voulait, à cet instant précis, c'était qu'il reste à ses côtés. Elle ne voulait plus être seule et, à dire vrai, les deux fois où elle avait dormi chez lui faisaient partie des rares fois où elle n'avait pas rêvé au moins une fois d'Emma. Avec lui à ses côtés, elle ne regardait plus amèrement le passé. Elle commençait à entrevoir un avenir beaucoup plus lumineux, porteur d'espoir. « Si je reste, je serais incapable de partir demain » souffla-t-il finalement alors que les doigts fins de la blonde continuaient de se promener sur le visage du blond. « Et alo- » tenta-t-elle alors qu'il emprisonnait ses paroles dans un nouveau baiser.
Finalement, c'était peut-être réellement le moment, ce moment dont ils parlaient sans relâche depuis plus d'un an. Ce ne serait pas juste ça, ce serait bien plus, mais Ally n'avait pas peur. Alors que leurs visages s'éloignaient à nouveau, la blonde fit glisser une main le long du torse de celui qu'elle aimait. Avec un petit air malicieux, elle fit claquer l'élastique du dernier vêtement qui le couvrait encore. Elle ne pût s'empêcher de penser à l'allure qu'elle avait et de se demander si quelque chose pouvait réellement se passer. Si ça se trouve, tout cela n'était qu'un rêve. C'était finalement trop beau pour être réel ; autant, dans ce cas, vivre ce rêve jusqu'au bout, n'est-ce pas ? Quelques instants plus tard, Cohen était allongé à ses côtés, et elle s'était redressée, ôtant son t-shirt ridicule pour se retrouver dans une semi-nudité similaire à celle du blond. Leurs lèvres ne se séparaient à présent presque plus.
En fait, peut-être qu'elle avait un peu peur. Elle ne s'était jamais posé la question avant, mais c'était la première fois que cet acte signifiait vraiment quelque chose pour elle. Et tout était arrivé tellement vite que, si ce n'était effectivement pas un rêve, elle n'avait pas eu le temps de se préparer mentalement à passer ce nouveau cap. Mais, au fond, était-ce vraiment un cap ? Elle était libre, à présent, pas l'inverse. Elle était épanouie, et elle n'avait pas besoin de se savoir impeccablement maquillée et apprêtée pour faire sensation. Ces fioritures n'avaient d'importance que pour ces hommes aléatoires qu'elle avait ramenés chez elle autrefois, sans doute en mal d'un amour qu'elle ne connaissait même pas. Maintenant et depuis quelques mois déjà, tout était différent. Il était le seul à avoir sa place ici. Elle était heureuse, épanouie, et peu importaient les larmes séchées qui marquaient encore son visage. Ce soir-là, pour la toute première fois, elle partageait ses draps avec celui qu'elle aimait.
Benjamin L. Cohen
BAD COP
› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Dim 29 Mar 2015 - 12:36
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
L'orage grondait dehors et à l'intérieur de lui-même. Un désastre, inévitable, qui le poussait à se perdre dans un monde profondément obscur. Il y avait tellement de choses qui se passaient actuellement dans sa tête. Tellement de questions, qui se retrouvaient sans réponse et qui rajoutaient un vide à celui déjà existant. Benjamin Cohen n'était pas quelqu'un de bien, son père l'avait toujours dit. Et ces paroles avaient finalement trouvé une réalité puisque le jeune héritier y croyait. Il était devenu cette mauvaise herbe que sa famille souhaitait arracher. Cependant, il était trop tard aujourd'hui pour améliorer une situation déjà trop difficile. Son père allait mourir. Il allait disparaitre quelque part, laissant derrière lui le corps d'un homme qui n'avait jamais supporté la faiblesse. Andrew Cohen sentait qu'il ne lui restait que quelques années avant de n'être qu'un vague souvenir dont on aurait vite oublié le nom. Il avait pourtant fait des choses dans sa vie, des choses qui avaient propulsé son nom au sommet de l'affiche. C'était un homme d'affaires reconnu, respecté, dont le fils ne supportait pas la présence. Bientôt, cette image, cette réputation à laquelle il tenait tant, allait subitement s'effacer dans les pages de sa vie. Et Benjamin n'allait rien faire pour changer ça. L'annonce de sa maladie n'avait rien suscité en lui, à part cette réaction étrange et perplexe. Ce besoin de drogue et d'évasion. Il voulait presque oublier ce nouveau détail qui allait changer sa vie. Comme si c'était impossible que son père finisse par mourir.
Ally, ce prénom résonnait comme un dernier espoir. Un dernier cri. Une volonté intérieure de vouloir remonter la pente malgré la douleur. Il avait besoin d'elle. Il avait besoin de voir ce sourire, ces cheveux blonds, ce petit regard... Tout son être avait crié son nom alors que son coeur se renfermait encore plus. Son père pouvait le haïr, ne jamais le trouver à la hauteur de quoi que ce soit, mais Ally, elle, c'était comme si à ses yeux il était quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui en valait la peine. Quelqu'un qu'on désirait, qu'on voulait à ses côtés et qui n'étaient pas forcément synonymes de malheur. Quand elle posait ses yeux sur lui, il ressentait un tel soulagement. Il apprenait de nouveau à respirer dans un monde si étouffant. Son coeur se mettait à battre et le monde s'illuminait. Lui qui avait perdu la foi, redécouvrait la magie des sentiments. Il avait cette sensation, ce sentiment, d'être un homme, un vrai. Un être vivant, comprenant enfin le véritable sens de la vie. Une fois qu'il avait plongé ses yeux dans ceux de la jeune femme, c'était trop tard. Il était capable de rester là, à la contempler, parce qu'il n'y avait pas de choses plus belles. Elle était d'un coup ce à quoi se résumait sa vie. Elle était son monde. L'univers entier pouvait s'effondrer, que Benjamin Cohen continuerait à passer ses dernières secondes à écouter le coeur d'Ally Fleming battre.
Il savait pourtant, qu'elle méritait mieux. Mieux que lui. Benjamin n'était encore qu'un enfant, coincé dans des situations dont il en tirait profit. Son intelligence n'avait jamais servi que lui-même. Sourire au monde pour mieux les manipuler, ça il l'avait très bien appris. Mais la seule fois où il avait ouvert son coeur, où il avait essayé d'être quelqu'un de bien, on lui avait rappelé à quel point cela ne servait à rien. À quel point il était inutile pour lui de croire que c'était le genre d'homme à sauver le monde. Il n'était pas le héros des films. Il était le vilain. Celui qui n'aurait jamais sa fin heureuse. L'idée de se retrouver seul ne changer rien. Mais l'idée de faire tomber avec lui la seule personne qui comptait le torturer. Et plus Benjamin y réfléchissait, plus il savait. Que ça soit ses cousins, son meilleur ami ou le peu des personnes qui avait un jour partagé de bons moments avec lui, tous, un par un, finirait par lui tourner le dos. Sans un regard en arrière.
Le changement, c'était une bonne chose. Du moins, c'était ce qu'il disait à Ally. Même ivre, drogué, Benjamin n'en perdait pas ses réflexions vis-à-vis du sujet de conversation le plus discuté du monde. Avec Ally, il n'y avait pas de tabou, pas de limite apparente. Les réflexions dans le genre n'avaient rien d'inhabituel, au contraire. Le point positif qu'il y avait avec eux, c'était qu'ils ne s'étaient pas sauté dessus comme deux désespérés. Dès le départ, ce lien était différent. Visiblement ravit de savoir que Benjamin allait faire tout le boulot, la jeune femme rajouta qu'elle croyait en lui et en Benny Junior, ce qui fit rire Benjamin légèrement. « - Compte sur moi. » Une légère voix grave, un regard de côté emprunté à Elvis Presley, Benjamin était prêt à défendre l'honneur de ses facultés sexuelles. Mais pas tout de suite, pas maintenant. Malgré tout, Benjamin n'était pas prêt de sauter le pas dans son état actuel. Il en avait envie pourtant et l'idée de faire plus que dormir dans ce lit lui plaisait assez. Le problème c'était qu'avec Ally, Benjamin avait appris le respect. Il faut dire qu'il ne considérait pas Ally comme une femme banale. Elle avait très vite pris une place plus importante que celle de la simple collègue de travail. Son charme avait vite marché sur Benjamin qui réalisait seulement à quel point il tenait à elle. Qui sait, le petit jeu qui s'était installé entre eux aurait pu continuer pendant des années encore sans la soirée d'Ella... Chaque fois que Benjamin pensait à la danse qu'Ally avait partagée avec un autre, il sentait une étrange colère monter en lui.
« - Je te pardonne. On arrangera ça à l'avenir. » Comme si c'était ce qui allait arriver. Benjamin le pensait sérieusement ceci-dit, bien qu'une partie de lui l'oublierait sans doute le lendemain. C'était peut-être étonnant et un peu étrange, mais Benjamin continuait à croire qu'un jour il aurait sa propre petite famille. C'était tout bêtement lié au fait que ses parents étaient inexistants, sentimentalement parlant. Il repensa à ses collègues, à leurs enfants, à la façon dont il s'entendait si bien avec eux et à ce vide qui grandissait en lui parce que la femme qu'il avait aimée, avec qui il avait prévu d'avoir trois enfants, avait pris ses rêves et son coeur et s'en est allé à Paris sans un regard en arrière. Il fronça les sourcils, revenant à la réalité alors qu'Ally parlait d'orgasme. « - Un cactus ça peut avoir des orgasmes tu crois ? » Ce n'est pas parce que la quantité de drogue dans son sang disparaissait petit à petit, que son cerveau retrouvait un semblant d'intelligence. Se retrouvant avec l'image étrange d'une plante hurlant de plaisir, il se calma en pensant à la question que la jeune blonde venait de lui poser.
« - La plupart des gens qui ont grandi avec un père comme le mien sont complètement effrayé à l'idée de devenir père à leur père... mais pas moi. » Il marqua une brève pause. La dernière fois qu'il avait réfléchi à ça, son père était encore persuadé d'être le maitre du monde. Aujourd'hui, les choses avaient pris une tout autre tournure. Peut-être que les enfants de Benjamin ne verraient jamais cet homme. Peut-être que c'était même mieux ainsi. Benjamin savait qu'il était mieux qu'Andrew Cohen. Il savait qu'il avait beaucoup à donner à ses enfants. « - Je sais que je ne suis pas comme lui. » Son regard se perdit. « - Je ne le serais jamais. »
Il n'y avait rien à faire. C'était une cause perdue. La drogue mêlait à l'humour d'Ally avait changé une partie de sa nuit en un festival de rire et de regard. Tout cela avait commencé par qu'une envie, se terminant désormais par des révélations couteuses. Petit à petit, Ally et Benjamin n'allaient plus être des inconnus dont le seul but est de faire rire son prochain. Ils seraient différents, à jamais marqués par le simple fait d'avoir permis à l'un d'entrée dans le monde de l'autre. Benjamin allait-il passer sa vie à se questionner ? Ou allait-il chercher le bonheur, comme les autres ? Plus il écoutait la pluie tombée, plus il se demandait comment il avait fait pour en arriver là. Comment une femme avait réussi à tout détruire, jusqu'à lui arracher la seule âme qu'il possédait. Et comment une autre l'avait retrouvé, lui qui nageait dans un océan de doute et de peur. Ally avait vu plus loin. Plus loin que le simple policier. Plus loin que le crétin d'héritier. Elle avait vu son coeur, encore existant malgré tout. Et elle avait aidé celui-ci à redémarrer. Doucement. La drogue faisait de moins en moins son effet et Benjamin errait. Il réalisait à quel point il aimait ce petit bout de femme. Il comprenait à quel point il tenait à elle, comme à personne. À quel point il voulait partager ses doutes et ses peurs et sentir son fardeau sur ses épaules. Il ne s'en irait jamais, il l'avait dit. Il pouvait le crier. Il ne s'en irait jamais parce qu'il l'aimait. Et il l'aimait tellement fort qu'il se sentait capable de l'aimer jusqu'à la fin. Qu'elle reste la même ou non. Qu'elle l'aime encore ou non. Il avait cette image en tête, ce murmure au fond de son coeur qui lui certifiait qu'elle était celle qu'il avait toujours attendue et dont il avait le plus besoin.
Le passé n'avait aucune place avec Ally, parce qu'à cet instant, seul le présent comptait. Tout le mal qu'il avait fait et qu'il allait faire n'avait plus d'importance tant que ce moment ensemble était parfait. Il avait décidé, depuis bien longtemps, d'offrir à la jeune femme tout ce qui restait de lui. Le peu de confiance et d'amour, d'estime et de respect que Benjamin Cohen avait gardé en lui-même. Il lui donnait tout, ouvertement et librement. Il tendait sur un plateau d'argent bien plus qu'un coeur. Il lui offrait son corps tout entier. Maintenant et à jamais.
L'ambiance qui plus tôt avait pris une tournure dramatique, retrouvait un peu de couleur. Benjamin se sentait libérer, capable de beaucoup de choses. Les yeux dans les yeux, son monde s'illuminait dans un silence poétique. Il allait rester, il voulait rester. Le monde pouvait l'oublier, il préférait se réveiller dans ses bras. Il préférait sentir sa peau contre la sienne, ses lèvres proches des siennes. Plus personne ne pouvait l'empêcher d'aimer, parce que oui, il aimait. Une jeune femme incroyable, pleine de surprise. Une petite blonde avec une blouse blanche qui ne manquait pas d'humour et d'énergie pour quelqu'un qui travaillait avec les morts. Une princesse, dont la générosité faisait parfois peur. Il voulait Ally tout entière pour lui et lui seul et ce soir, c'était le moment. Celui ou plus jamais il ne se sentirait seul. Il avait trouvé. Il l'avait trouvé elle, comme s'il l'avait toujours cherché. Il observa doucement la jeune femme retirer son tee-shirt, recherchant ses lèvres dans le besoin. Cette nuit serait une nuit inoubliable. Le genre à vous marquer. Les mains de Benjamin glissèrent le long du dos nu d'Ally, avant que toute son âme ne décide de la suite des évènements. L'orage était passé. Les ténèbres avaient fui face à la lueur d'espoir qui émanait de cette fille.
Lorsque Benjamin ouvrit les yeux le lendemain, il senti le coeur de quelqu'un battre. Ce n'était pas le sien, mais celui d'une jeune blonde dont la tête était posée sur son torse. Il contempla un moment le haut de cette tête avant de se rendre compte qu'une migraine était en train de le tuer. Oui, il avait un peu abusé la vieille et il s'en rendait compte. Quelques souvenirs lui rappelaient certains de ces exploits et un étrange sourire idiot apparut sur son visage. Cherchant l'heure du regard, il se rendit compte qu'il était encore trop tôt pour se lever. Pourtant, il devait aller travailler et ça, il le savait. Le problème c'est qu'il ne voulait pas bouger. Et il voulait encore moins réveiller Ally. Doucement, il s'extirpa du lit, cherchant dans le calme le plus absolu ses affaires. On aurait dit un chat, prudent à souhait. Il fut un temps où la fille avec qui il passait ses nuits n'avait aucune importante. Où ses matins restaient les mêmes. Alors qu'il ramassa sa chemise, il se rendit compte que subitement tout était différent. Qu'aujourd'hui, le monde avait changé. Ce n'était pas flagrant, cela ne se remarquait pas tout de suite, mais c'était pourtant bel et bien le cas. De nouveau droit, ses affaires dans les bras, son regard se posa sur ce visage si paisible et endormi. Il pouvait passer le reste de la journée à la contempler, mais après un moment, il s'en alla.