› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: “ – This is my paradise. ” Mer 17 Sep 2014 - 22:56
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
Il riait. C'était stupide de rire, il venait de se faire mal. Et pourtant, il riait. Quelle heure était-il ? Sans doute pas loin de six heures puisqu'on pouvait voir non-loin le ciel devenir plus claire. Il faisait un peu frais aussi et là Benjamin n'était pas du tout en très bonne position. Son buste était entièrement entré dans l'appartement, mais le reste était encore dehors. Pied nus, ça lui donnait des frissons. Il pouvait sentir le courant d'air caressait sa voute plantaire et ça le faisait rire davantage. La vérité c'était qu'il était en train d'entrer par infraction dans l'apparemment d'une demoiselle dont il avait connaissance. Il avait soulevé avec beaucoup de difficultés la fenêtre dans la cuisine et avait réussi à se glisser en se cognant lamentablement la tête. Il était ensuite resté dans une position pas très confortable, à mi-chemin entre l'intérieur et l'extérieur et puis finalement, avec une étrange facilité, il réussit à entrer dans la cuisine sans faire trop de bruit. Il se releva, se recoiffa et vérifia qu'il n'avait rien cassé. Le sol de la cuisine était glacée, il pouvait le sentir. Bon, il était là. Maintenant, il fallait qu'il aille dans la chambre. Il y avait un sourire idiot sur ses lèvres.
Tellement idiot qu'en se voyant sur le reflet dans le miroir du couloir il ria de nouveau. Il n'en fallait pas beaucoup à Benjamin pour qu'il rit, surtout lorsqu'il était dans cet état. C'est-à-dire sous l'influence de drogue dur. Un petit avantage de travailler dans la brigade des moeurs. Ou pas. C'était compliqué. Comme le fait qu'il était actuellement complètement défoncé, en uniforme et dans l'appartement d'une fille qui allait surement le défoncer ou pire portait plainte. C'était une possibilité, vu la façon dont il faisait les choses. Benjamin n'était jamais du genre à faire simplement. Il était du style à faire un détour. En l'occurrence, avec Ally, c'était un peu ça. C'était pas clair, c'était pas très net, mais il n'arrivait pas à simplement s'arrêter là. Il s'éloignait tout seul pour mieux revenir, comme attirée par quelque chose qu'il ne comprenait lui-même pas. C'était étrange comme sentiment et tellement effrayant. Il avait déjà ressenti quelque chose de similaire une fois et ça ne l'avait pas aider. Ça ne l'avait pas aider du tout.
Retournant sur ses pas, il ferma la fenêtre de la cuisine, pour éviter que quelque chose d'entre ou ne sort de l'appartement. Elle avait peut-être adopté un chien depuis, qui sait ? Mais ce n'était pas plutôt les chats qui fuyaient par les fenêtres ? Ou alors les hamsters.
Benjamin n'avait pas vu Ally depuis sa soutenance. C'était compliqué. Il avait senti que quelque chose s'était produit, qu'elle avait lu/vu quelque chose durant son espèce de conférence, mais même s'il n'était pas en service, on l'avait rappelé peu avant qu'elle termine. Il lui avait quand même dit félicitation avant de filer rapidement la laissant au soin de ses amis. Et maintenant. Maintenant il était là. Dans un état catastrophique à deux doigts de faire une pure connerie. Reprenant son chemin en se dirigeant vers la chambre d'Ally, Benjamin sorti son téléphone, fouinant à la recherche d'une chanson. Le pire c'est qu'il n'envisageait même pas la possibilité qu'elle dorme ou que quelqu'un soit là avec elle - si c'était le cas il savait par avance qu'il allait défoncer la personne, juste comme ça. Mais là, il était trop ailleurs pour se rendre compte que ce qu'il faisait était complètement absurde. Un coup de tonnerre résonna dehors alors. Un orage allait éclater, ça c'était drôle. Et tellement inhabituel à Huntington Beach. Benjamin à ses pieds nus et aussi à ses chaussettes. Elles étaient où ses chaussettes ? Il ouvrit la porte de la chambre et « Sex Bomb » de Tom Jones débuta. Benjamin alluma la lumière en se déhanchant suivant l'air, puis il fredonna l'air déboutonnant le haut de chemise de policier. Il se retourna, montra son postérieur, enlevant un bras puis l'autre, avant de faire tourner sa chemise en l'air en chantant le refrain. Il jeta sa chemise à Ally - espérant que sa plaque de lui tombe pas dessus. Puis, connaissant la chanson par coeur, il fit un clin d'oeil à Ally en retirant sa ceinture de flic qu'il balança plus lin. Continuant à se déhanchait il retira ensuite rapidement son débardeur blanc, se retrouvant le torse en l'air. Il fit un tour sur lui-même.
« - Sexbomb, sexbomb; you're my sexbomb...» Continuait-il de chanter, ses pas de danse un peu ridicule sans pour autant être horrible à regarder. C'était la première fois qu'il improvisait ça pour une fille, vraiment. En fait, l'idée avait été lancée par un collègue de boulot qui était venu boire un coup chez lui, juste avant qu'il débarque ici. Il se cogna rapidement le pied, mais continua à rire, laissant tomber son débardeur. Il voulut ensuite arraché son pantalon, mais ce n'était pas fait pour ça, alors mort-de-rire il l'enleva comme un abruti pouvait l'enlever - avec beaucoup de mal donc. Du style gros débile qui agite la jambe en espérant que le vêtement va partir de lui-même. Il monta ensuite sur le lit, à quatre pattes, s'approchant d'Ally, avant de se laisser tomber à côté d'elle et de la regarder.
« - Surprise. T'as de la place pour héberger un SDF. Si oui, j'te laisserais peut-être enlever le reste. » Il lui offrit son plus beau sourire, mettant ses mains derrières la tête, prenant une pause digne d'un mannequin pour magazine.
Arriver jusqu'ici n'avait pas été une mince affaire. Benjamin était venu à pied, suivant le chemin qu'il prenait habituellement pour son jogging. Son pote était rentré chez lui depuis un moment, mais lui avait fini par errer, vide, dans les rues. Beaucoup de ses problèmes lui était remonté à la tête et tout ce qu'il désirait maintenant, c'était oublié. Oublié tout ça là, tout ce côté noir et lugubre et chiant de sa vie. Et en voyant l'appartement d'Ally il avait eu comme une illumination. Alors, sans réfléchir, il avait foncé.
Invité
Invité
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Ven 19 Sep 2014 - 21:41
Ah, sa couette... Son meilleur amant. Surtout depuis quelques temps. Depuis l'aventure de sa soutenance de thèse, en fait. Les bonnes nouvelles s'étaient enchainées, mais rien n'avait pu empêcher cette mélancolie qui s'était emparée d'elle. Même si elle était officiellement docteur, même si elle était officiellement médecin légiste et qu'elle avait signé un contrat à l'hôpital de Huntington Beach, elle portait le poids de ce qui s'était passé au Hilton. Et je ne parle pas de tous ces mets du buffet sur lesquels elle s'était jetée. Non, elle n'avait de cesse de penser à Emma, à la dernière fois qu'elle l'avait vue et à cette culpabilité qu'elle s'était pourtant fait un soin d'enterrer jusque là. Ça avait été sans compter sur ce fameux corbeau, qui lui avait tout recraché en pleine figure comme si de rien n'était, et qui plus est en plein milieu d'une des journées les plus importantes de sa vie professionnelle. Elle n'avait pas profité du moment comme elle aurait du, et elle n'avait pourtant souhaité en parler à personne. Même pas à sa meilleure amie. Elle ne se sentait pas prête à faire face à tout ça. On lui avait imposé le retour de cette culpabilité, mais elle n'était pas prête à la partager, même si cela aurait pu signifier s'alléger, rien qu'un peu. Alors, elle s'efforçait d'oublier, encore une fois. De mettre tout ça de côté, comme entre parenthèse. Elle savait que ce serait encore plus douloureux le jour où ou tout exploserait... et en réalité, elle s'était rendu compte que ce moment était probablement venu. Mais elle se battait. Pas pour accepter, pas pour faire son deuil, ni même pour assumer le poids de cette culpabilité... Mais simplement pour attraper au vol toute cette douleur et l'enterrer à nouveau. Le déni avait fonctionné jusque là, pourquoi pas encore un peu plus ? Elle prendrait chaque semaine, chaque mois, ou chaque année qu'on lui accorderait. La vie qu'elle s'était reconstruite ici était plus douce, plus agréable, mais ce corbeau venait de la détruire. Alors sa couette, elle l'aimait d'amour. Sa couette, elle espérait toujours en tirer des rêves plus beaux que ce qu'elle vivait chaque jour. Malheureusement, elle se retrouvait de bien nombreuses fois déçue. Il ne lui apportait que cauchemars et réminiscences de l'instant qui avait fait basculer sa vie. Car oui, ce moment où la vie de sa sœur lui avait échappé avait fait changer sa vie du tout ou tout, qu'elle le veuille ou non. Qu'elle l'assume ou non. Et le fait était qu'elle ne l'assumait pas. Elle s'était reconstruite à l'autre bout du pays, tout simplement parce qu'elle ne l'assumait pas une seule seconde. Si elle avait pu changer d'identité, elle l'aurait sans doute fait sans aucune hésitation.
Alors, lorsqu'elle était rentrée de sa garde de nuit, à pas loin de quatre heures du matin, Ally s'était écroulée, épuisée, entre ses draps douillets. Cet épuisement, se disait-elle, lui voudrait un sommeil lourd, et peut-être dénué de tout rêve, bon comme mauvais. Ce ne serait peut-être pas si mal, au fond. Elle était à nouveau de garde la nuit prochaine, ce qui lui laissait tout le loisir de dormir encore et encore, tant que le sommeil voudrait bien la cueillir sans lui amener de cauchemars. Et elle s'était endormie comme une masse, bercée par le vent qui s'était levé. Imaginez donc sa surprise lorsque son sommeil fut brutalement coupé par une musique tonitruante. « Putain, encore le voisin qui met de la musique douteuse à fond » pensa-t-elle tout d'abord, se tassant sous sa couette, comme si celle-ci pouvait lui servir d'isolant sonore. Le voisin avait l'air de bien se marrer. Elle ne pouvait lui en vouloir, à ce voisin bizarre. Plus après l'épisode du coup de feu tiré en pleine nuit. Mais elle ne comprenait pas pourquoi la musique était si forte. Et pourquoi elle semblait se rapprocher d'elle et de son lit. L'isolation de cet appartement laissait vraiment à désirer. Et puis y'avait un problème d'électricité, aussi. La lumière de sa chambre venait subitement de s'allumer, l'aveuglant à travers les draps. Elle grogna une insulte à peine compréhensible, avant de voir une silhouette se découper sur le fond sombre de la porte de la pièce.
L'effet de sa surprise ne se fit plus attendre. Elle hurla un cri strident et jeta la première chose qui lui tombait sous la main : un bouquin. Qui atterrit à deux bons mètres de son agresseur. Alors, c'est avec son oreiller qu'elle tenta de l'assommer. Oui, Ally n'était décidémment pas une guerrière. Et puis, ses yeux se firent peu à peu à la lumière vive. Elle finit par reconnaitre son agresseur... et par réaliser que c'était lui qui avait mis cette musique de merde en fond sonore pour... heu, wait, what ? Elle n'était pas trop sûre de ce qui était en train de se passer... Ah, maintenant qu'elle s'était pris sa chemise en pleine figure, si, elle était plutôt sûre de ce qui se passait. C'était encore un rêve chelou, ça, voilà tout. Au moins, elle ne rêvait pas de la mort d'Emma. Non, il ne fallait pas y penser. Sinon, cette scène loufoque allait disparaitre pour laisser place, dans un flou indéfinissable, à l'entrée des urgences de Boston. Le pire, c'est que, tassée sous sa couette, elle regardait le spectacle, un œil entr'ouvert, encore aveuglée par la lumière. La voix de Cohen s'élevait au-dessus de la musique, et, bizarrement, cette scène avait quelque chose de doux. De rassurant. Ce rêve n'était qu'un petit cocon qu'elle se construisait pour se rassurer. Mais quitte à ce qu'il ne soit que mirage, autant le vivre dans son entièreté. Quelques instants plus tard, Cohen se tenait en sous-vêtements devant elle. Et elle le fixait bêtement, tentant de se caler sous sa couette pour admirer au mieux la scène, malgré l'oreiller qui lui manquait. Elle le regarda monter sur le lit. Il gloussait. Elle aimait. Elle aimait, d'une façon qu'elle trouvait bien étrange, ce qui se passait dans ce rêve-là.
Il s'écroula à côté d'elle, à moitié nu, et elle le fixait de ses yeux bleutés encore mi-clos, qui était la seule parcelle de son corps qui dépassait de sa couette. Il la regardait, et elle l'observait en silence. « Surprise. T'as de la place pour héberger un SDF. Si oui, j'te laisserais peut-être enlever le reste », avait-il finir par dire en recouvrant la fin de la chanson. « SDF, laisse-moi rire... » lâcha-t-elle de la voix rauque d'une Ally qu'on avait surprise dans son sommeil. D'ailleurs, le ton de sa voix la fit tiquer : si elle était dans un rêve, elle aurait eu la voix suave de la parfaite blonde qui attend son parfait homme sous la couette. Et elle ne se serait sans doute pas demandé si elle avait une haleine correcte. « Tu es le bienvenu, Cohen... » lui accorda-t-elle. « Si t'enlèves le reste, je te montrerai ce que la couette cache » le défia-t-elle, sans préciser que ce que la couette cachait, c'était un vieux t-shirt des Clash et une culotte banale -désolée, Cohen, pas de dentelles rouges et sexys... Un coup de tonnerre se fit entendre au dehors. Toujours planquée sous ses draps, elle ajouta : « Si la police ne veut plus de toi pour une raison ou une autre, tu sais dans quoi te reconvertir... » Sa voix retrouvait peu à peu sa tonalité habituelle, et elle le fixait, les draps plaqués sur son nez. « Je dirais bien que t'as trop bu, mais tu sens pas l'alcool... Et si on fait ce qu'on doit faire, j'aimerais que tu t'en souviennes. Je suis inoubliable, je sais, mais j'aimerais être sûre que ça te marque comme ça a marqué tous les gentlemen qui ont déjà goûté à mon corps parfait. Alors, t'as mangé trop d’œufs pourris, ou bien ? Si jamais, tu sais où sont les toilettes. »
Benjamin L. Cohen
BAD COP
› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Ven 26 Sep 2014 - 22:52
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
Ce n'était pas un mauvais danseur, il avait simplement trop le rythme dans la peau pour que ça soit cohérent avec la musique. Il y allait de bon coeur ceci-dit, sans doute parce qu'il y avait quelques choses dans son sang qui le poussait à aller jusqu'au bout. Il ne faisait pas attention : ni à ce qu'il y avait dans la chambre, ni à la musique sans doute un peu forte pour les voisins du coin. Benjamin était dans son monde et il n'était pas prêt de se réveiller. Il dansait, il était bien. Il était léger, il riait. Il n'avait pas besoin d'autre chose, si ce n'était de voir la tête de la petite blonde qui se trouvait en face de lui, sous la couette. Ça aurait pu être une idée ridicule et désastreuse, mais rien à faire. Pour Benjamin c'était exactement ce dont il avait besoin. Oui, il avait besoin de croire que tout en ce monde n'était pas dicté par des règles de conduite irréprochable. Il avait toujours su comment détourner ça, comment faire ce que bon lui semblait sans aucune conséquence en retour. Ce policier avait été à une époque un enfant roi et aujourd'hui encore, ce petit roi était là, derrière cette couche indélébile de flic peu-parfait. Il y avait beaucoup de choses qu'il aurait aimé faire dans la vie. Mais être policier n'avait jamais été une option. Meredith lui avait appris à suivre ses idées, à faire ce qu'il aimait et il ne l'avait jamais déçu sur ce point-là. Mais il n'avait lui-même jamais su ce qu'il voulait vraiment faire. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il voulait faire l'inverse même de ce que son père désirait pour lui. Et c'était ainsi qu'il s'était retrouvé là, dans la brigade des moeurs, entre trois prostitué et un joint inachevé. Il aurait continué l'armée si son père n'avait pas trouvé un moyen de le faire sortir de force.
Il ne savait pas ce que cette soirée aller donner (ou cette matinée). Clairement parlant, il ne faisait pas la différence entre le Totoro géant derrière la fenêtre qui lui faisait coucou et Ally caché juste à côté. D'ailleurs, il ne voyait pas grand-chose d'elle, si ce n'était sa tête. Lui, il voulait en voir plus. Après tout, là il lui avait fait un jolie petit cadeau. Benjamin s'était écroulé lamentablement à côté d'Ally, il avait désormais une belle vue sur le balcon, respirant plus calmement et essayait de retrouver un peu de force pour palier à l'énergie perdue dans sa danse du ventre improvisé. Il avait un super déhanché, il le savait. Mais il était beaucoup trop doué en danse classique et ça, ça ne lui rappelait qu'une chose : son père et son éducation foireuse. Heureusement qu'il avait adoré ça, la danse. Etrangement, c'était bien la seule chose qu'il avait adoré apprendre plus jeune. Sans doute parce que Meredith était une ancienne danseuse, mais elle en avait fait tellement de choses dans sa vie, ça continuait à impressionner Benjamin qui n'éprouvait aujourd'hui qu'un amour maternel sans faille pour elle. En entendant Ally s'exprimait enfin, Benjamin se tourna un peu plus vers elle, la main sous la tête. Il était bien là, il était confortablement installé et maintenant il se sentait encore plus libre d'être capable de tout avec elle. L'époque où il ne l'avait vu comme la petite blondinette de l'hosto était révolue. Aujourd'hui s'était sa princesse. Une princesse sans couronne, une princesse des poubelles quoi. Ou simplement la princesse de son âme à lui...
Benjamin fronça les sourcils, un peu intriguait par ce qu'il y avait sous la couette. « - Si c'est pour découvrir un pyjama Hello Kitty, je risque de chialer. Et t'as pas envie de me voir chialé, ok ? » Il était sérieux. Le pire, c'est que lui n'avait aucune complexité avec son corps, ce qui le fit hésitait à enlever son caleçon juste parce qu'il aimait bien être à poil. Surtout avec un temps pareil. Son regard se porta vers la fenêtre, intriguait par le tonnerre. Il fronça les sourcils quand Ally reprit la parole. Se reconvertir dans la quoi ? Malheureusement Benjamin n'était pas assez conscient pour suivre ce genre de choses. Il reporta de nouveau son attention sur la jeune femme, souriant. « - Je vais devenir ton esclave, c'est ça ? Ecoute, tant que je te fais des omelettes et que je touche pas des morts, moi ça m'va. » Et il riait, bêtement. Parce que ça ne semblait pas si horrible comme vie, au contraire. Homme au foyer, ça lui plairait bien. En réalité, il pouvait déjà prendre sa retraire dès maintenant, mais il ne se voyait pas quitter son travail pour jouer les glandeurs. Et puis Policier, ça imposait. Il y avait un côté qui lui plaisait dans ce travail. Et il avait accès à des choses qu'aujourd'hui il ne regrettait pas.
« - Non, non. On couchera pas ensemble. J'suis pas venu pour ça. Puis j'aime pas baiser quand j'suis à l'ouest. Et si j'étais mauvais ? Bon, c'pas possible, mais on sait jamais ! On peut pas être un pro tout le temps. J'faisais un Bad trip tu vois ? Alors j'ai réfléchi et ça m'a fait mal à la tête, mais j'ai réussi à trouver la solution pour arrêter de tripé dans le Dark et la solution c'était... Toi ! » Gloussant bêtement. « - T'as déjà mangé des champi ? Parce que là tu vois, y'a un truc sur ta tête, si tu voyais avec mes yeux, t'aurais kiffé. » Il voyait une tiare. Une tiare à la Barbie, toute brillante. D'ailleurs il essaya de l'attraper, mais il n'y arrivait pas... « - C'trop spé. » Il boudait presque de ne pas pouvoir y arriver. « - J'ai l'impression que ça fait 3 jours que j'suis comme ça, mais pour être honnête, j'me souviens même plus de comment j'me suis retrouvé à snifer tout ça. J'crois que c'est Sakura qui est venu sur son bâton volant. J'pouvais pas refuser du coup. Non... » De nouveau sur le dos, il regarda le plafond, peu conscient des bêtises qui sortaient de sa bouche. Il fixait le plafond, essayant de calmer son coeur qui battait trop vite. La drogue n'allait pas tardé à faire moins d'effet, mais il était encore bien loin de toute logique. Il n'aurait peut-être pas dû, mais il n'avait pas pu refuser. Il y avait des jours comme ça, où il avait la sensation qu'il en avait besoin. Comme il avait besoin d'Ally, actuellement.
« - Je peux rester ici ce soir ? » Son sourire avait disparu, alors qu'il fixait encore le plafond, plus calme. Quelque chose le tracassait, quelque chose le rongeait. Quelque chose de mauvais.
Invité
Invité
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Ven 10 Oct 2014 - 2:27
Wake you up in the middle of the night to say, I will never walk away again, I'm never gonna leave this bed. So come here and never leave this place. Perfection of your face slows me down.
La pluie avait quelque chose de doux. Elle la détendait. A moins que ce soit cette présence nouvelle à ses côtés. Ce réveil, bien que brutal, semblait l'avoir accueillie dans une toute autre réalité, où plus rien d'autre ne comptait que cette chambre, ce lit, et Cohen. Elle se sentait reposée et apaisée, alors qu'elle n'avait du dormir que quelques heures depuis qu'elle était rentrée de sa garde. La tiédeur de ses draps et le moelleux de son matelas n'y étaient sans doute pas pour rien, mais, et elle était loin de l'admettre, le semi-cadavre presque nu qui s'était étalé près d'elle non plus. Elle était toujours cachée sous sa couette, à peine décidée à se montrer, alors qu'elle observait d'un œil aguerri la scène qui se présentait à elle. Déjà le strip-tease musical, puis la pose savante dont avait usé Cohen en s'installant sur son lit. Elle lui trouvait quelque chose d'étrange, d'un peu surréel, mais la pauvre Ally n'arrivait pas à déceler la moindre odeur d'alcool. Par contre, elle se rendait vaguement compte de quelque chose d'inhabituel dans son comportement. Sans doute en temps normal ne lui aurait-il jamais accordé ce type de danse. Pourtant, entendons-nous bien, Ally ne se plaignait aucunement de la situation. A aucun moment elle n'aurait su expliquer pourquoi, mais la simple présence de Cohen à ses côtés avait ce don-là, celui de l'apaiser. Et Dieu savait qu'à présent, de l'apaisement et de la paix, elle en avait besoin. Elle avait besoin d'oublier tout ce qui lui avait explosé en pleine figure lors de la soutenance et ne cessait de la hanter depuis. Et à l'instar de cette histoire qu'elle n'arrivait à expliquer ou justifier auprès de personne pour l'instant, sa relation avec Cohen était associée au vague le plus total. Pourtant, Ally, même si elle était la seule à la ressentir, trouvait à leur relation un quelque chose qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Quelque chose qui lui faisait peur, quelque part, mais qu'elle attrapait à pleines mains lorsque l'occasion s'en présentait. En réalité, avec Cohen, plus rien n'était étrange. Dès le départ, ils n'avaient posé aucune barrière, au contraire. L’œuf que l'agent de police avait reçu sur le crâne en plein jogging en avait été le premier exemple. Leur relation semblait éclipser toute la réalité autour, et, c'était encore une fois le cas à présent. A vrai dire, Ally ne se demandait pas une seule seconde comment il était rentré. En tant que policier, il avait peut-être des passepartouts (non, pas comme le nain...) ? Sauf que si elle y réfléchissait une seconde de plus, elle pourrait se souvenir de l'instant où il avait défoncé sa porte pour rentrer, quelques semaines auparavant. Bref, de toute façon, la question ne se posait pas réellement. Comment il pouvait être là ou même quelles en étaient les raisons ne l'intéressaient guère. Peut-être avait-il perdu un pari ou avait ressenti le besoin de retrouver des draps douillets en faisant une ronde dans la quartier. Tiens, d'ailleurs, était-il encore en service ? Vu son état et quelles qu'en soient, Ally osait espérer qu'il ne défendait pas veuves et orphelins ainsi. Par contre... par contre, elle, elle appréciait plutôt cette intervention qu'il lui offrait. D'abord parce que même si elle avait envoyé valser un oreiller dans la bataille, Ally s'était délectée de la vue qu'il lui avait offerte. Et ensuite parce que... et bah merde, elle ne savait pas l'expliquer. Mais d'un coup, les choses avaient l'air de, quelque part, rentrer dans une logique, dans une normalité. Comme la solitude dans laquelle elle s'était couchée quelques heures plus tôt n'avait rien de normal. Et, sans oser y penser ou même se l'expliquer une seule seconde, Ally espérait, quelque part, qu'il était venu particulièrement ici pour une raison. Elle, par exemple. Un instant, elle s'était même demandée s'il réalisait où il était et s'il ne regretterait pas son spectacle. Mais elle réalisa bien vite que malgré son état, il comprenait parfaitement où il était et qui elle était. Il était ce Cohen qu'elle connaissait et auquel elle s'était attachée malgré elle. Celui qu'elle espérait être la seule à voir et à connaître. Ce jeu auquel ils jouaient depuis des semaines, des mois maintenant, était unique à ses yeux. Et elle osait espérer qu'il en était de même pour lui. Et si on partait de ce principe, alors, oui, Cohen comprenait bien qui était la blonde qu'il venait de réveiller. En témoigne sa réponse... « Si c'est pour découvrir un pyjama Hello Kitty, je risque de chialer. Et t'as pas envie de me voir chialer, ok ? » Ally étouffa un gloussement dans sa couette avant d'ouvrir des yeux faussement effarés. « Tu crois que je m'habille comme une gamine de quinze ans, ou quoi ? » Non, elle avait vraiment quelque chose à offrir sous sa couette. Bon, d'accord, pas une nuisette en soie, mais pas un pyjama Hello Kitty non plus. « C'est ta façon de me faire comprendre que je ferai pas la connaissance de Benny Junior ce soir ? » demanda-t-elle, l'air soudain plus grave, un sourcil arqué. Car oui, même si Ally se réveillait à peine, elle ne perdait absolument pas le nord lorsqu'il s'agissait de Benjamin Cohen. Les deux jeunes gens observèrent le carreau de sa fenêtre pendant quelques secondes pendant qu'elle se faisait méchamment fouetter par de méchants coups de vents et de grosses gouttes de pluie. « Je vais devenir ton esclave, c'est ça ? Écoute, tant que je te fais des omelettes et que je touche pas des morts, moi ça m'va. » Un sourire malicieux se figea sur le visage de la blonde. « Je ramène pas le boulot à la maison... Par contre, vu que c'est aussi un hobby, j'ai un cadavre caché dans la penderie... et j'ai besoin qu'on m'aide à m'en débarrasser. » Faire ce genre de blagues devant un flic n'était peut-être pas un choix très judicieux, mais depuis quand Ally faisait des choix judicieux ? N'empêche, cacher le cadavre d'un corbeau, ça serait cool, ça. Mais malheureusement, même si Ally tripotait des cadavres toute la journée, elle n'avait pas la fibre meurtrière. Sauf pour les araignées, mais ça, ça ne comptait pas. Elle avait prémédité le meurtre de chaque araignée qui croiserait son chemin lorsqu'elle en avait une pour la première fois étant gamine. « Les omelettes, je prends aussi. Merci, esclave. »
Et le sujet incontournable dans chaque conversation qu'ils partageaient arrive sur le tapis. Bon, en fait, c'était elle qui l'avait lancé. Mais elle était presque déçue d'entendre la réponse du jeune homme. « Non, non. On couchera pas ensemble. J'suis pas venu pour ça. Puis j'aime pas baiser quand j'suis à l'ouest. Et si j'étais mauvais ? Bon, c'pas possible, mais on sait jamais ! On peut pas être un pro tout le temps. ». Bon, en fait, elle était carrément déçue. Si elle ne se souvenait pas de ce qu'il lui avait dit à la fête d'Ella, elle se demanderait ce qu'il lui voulait, s'il ne voulait pas baiser. Mais quelque part, malgré la déception de son entrejambe, Ally se satisfaisait très bien de l'idée selon laquelle il était pour elle... pour elle, et pas l'intérieur de ses cuisses. D'ailleurs, il le confirma aussitôt. « J'faisais un Bad trip tu vois ? Alors j'ai réfléchi et ça m'a fait mal à la tête, mais j'ai réussi à trouver la solution pour arrêter de triper dans le Dark et la solution c'était... Toi ! » Un... bad trip ? Il était donc bien défoncé, quoi. « Un trip dans le dark ? Tu sais, je suis pas la seule à avoir de l’électricité si tu veux triper en pleine lumière... » lança-t-elle tout d'abord le plus sérieusement du monde. « En tout cas, si à chaque fois que tu es high tu me fais un strip-tease, je vais devoir te demander d'enfreindre la loi plus souvent. Oublie pas que t'es mon esclave. Tiens, esclave sexuel, ça pourrait être un de tes rôles... » Mais... il venait bien de lui dire qu'elle était la solution. A quoi, limite, ça importait peu. Elle était une de ses solutions. « T'as déjà mangé des champi ? » lança-t-il, l'air de rien. « Oui, en tant que princesse j'ai déjà goûté à des truffes et des morilles... » Des champignons de Paris sur les pizzas que je m'enfile avec Jaggy, quoi. Et oui, elle était très sérieuse. Enfin, pas dans sa tête -quand même. Mais, de plus, son expression faciale était encore masquée par la couette. « Parce que là tu vois, y'a un truc sur ta tête, si tu voyais avec mes yeux, t'aurais kiffé. » Sceptique, Ally eut le réflexe étrange de lever les yeux au-dessus d'elle. Comme si 1) elle avait subitement acquis la vision délirante de Cohen et 2) lever la tête bêtement lui permettrait de voir autre chose que son plafond sur lequel se reflétait les gouttes qui continuaient de tomber sur sa fenêtre et de glisser sur le carreau. « Un... plateau de sushis ? Y'en a plein au saumon, hein, dis ? » Cohen, lui, jouait très sérieusement avec ce qui se trouvait sur sa tête. Lui aussi avait l'air d'aimer les sushis. « Eh, tu m'en laisses, hein ! » demanda-t-elle très sérieusement en lui donnant une tape sur la main. Mais elle fronçait alors les sourcils, plus sérieuse... quelque part, voir Cohen dans cet état l'inquiétait. « - J'ai l'impression que ça fait 3 jours que j'suis comme ça, mais pour être honnête, j'me souviens même plus de comment j'me suis retrouvé à snifer tout ça. J'crois que c'est Sakura qui est venue sur son bâton volant. J'pouvais pas refuser du coup. Non... » Il répondait à moitié à sa question. Plutôt moins qu'à la moitié, en réalité. Mais elle ne savait même pas qu'il était dans ce genre de trips, alors comment pouvait-elle ne pas s'inquiéter des raisons qui l'avaient poussé à prendre trop de champignons de Paris ? Surtout après l'épisode de la soirée, où, mine de rien, elle avait découvert quelques facettes du jeune homme... Les facettes d'un être humain, qui, malgré ce qu'il s'efforçait de laisser voir, souffrait d'un passé inavoué. « Oui, je comprends bien... Mais j'espère que tu es pas l'esclave de cette Sakura. Je partage pas mon personnel. »
Ally commençait à bouger sous sa couette. Elle commençait à s'extirper de là. En réalité, elle avait un peu trop chaud. Et elle était déçue de plus voir le regard brillant de Cohen, qui était à présent allongé sur le dos. « Je peux rester ici ce soir ? » demanda-t-il soudainement. Et c'est le moment où la blonde parvint enfin à quitter ses draps. En quelques secondes, elle s'était retrouvée au-dessus du jeune homme, à califourchon sur sa taille. Elle attrapa son menton entre ses mains et se pencha au-dessus de son visage pour lui répondre -en espérant très très très fort ne pas avoir une haleine de chacal qui trainerait une maladie hépatique- : « Mon personnel est logé, nourri, blanchi. » Et elle se redressa, posant négligemment ses mains sur le torse lisse du jeune homme. « Pas de pyjama Hello Kitty, j'aurai pas besoin de sortir des mouchoirs. Par contre, je suis désolée, mais je ne dors pas comme une héroïne de porno non plus. » Elle eut un petit rire avant qu'un coup de tonnerre la fasse frissonner. Elle n'avait jamais eu peur de l'orage, jusqu'à ce que... jusqu'à ce qu'elle arrive et se retrouve seule à Huntington Beach. Elle ne l'était plus depuis et avait fait des rencontres qui avaient changé sa vie, mais cette hantise de l'orage de lui était restée un minimum. « Où est-ce que t'as trouvé ce que t'as pris ? T'en as encore ? » demanda-t-elle très sérieusement en décrochant son regard de la fenêtre trempée. En réalité, elle était un brin jalouse de l'état de Cohen... et elle voulait vivre pleinement le trip de ce dernier et manger les sushis qu'elle portait sur la tête.
Benjamin L. Cohen
BAD COP
› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Dim 19 Oct 2014 - 21:34
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
« T'as une tête tellement adorable, ça semble logique donc pour moi que tu caches une collection de poupée Barbie quelque part. » Il était tellement déchiré. Tellement à l'ouest. La conversation pouvait être absurde comme totalement normal. Il s'était posé là, près d'Ally et tout ce qu'il voulait s'était tout simplement rester là. Juste rester là. Rien de plus. Il y avait quelques choses dans la présence de la jeune femme qui le transformait complètement. Un battement de cil et le voilà qui se sentait léger et prêt à affronter les pires emmerdes. Elles n'étaient pas nombreuses les filles comme ça. Elles étaient même inexistantes et c'était bien pour cela qu'il appréciait autant la jeune femme. Autant ne pas se voiler la face, il y avait un moment maintenant que Benjamin avait compris que quelque chose au fond de lui était tombé sous le charme d'Ally. Cela avait mis du temps à émerger, mais c'était là désormais. C'était visible. Il était là après tout, là dans un état médiocre à chercher refuge dans les bras d'une fille qui aurait pu le haïr. Il était là parce qu'elle était l'unique personne en ce monde à lui offrir une place. Une place de valeur, une place qui en valait la peine. Il ne se sentait pas à la hauteur d'Ally, persuadé depuis des années maintenant que la gente féminine devait mieux se porter sans lui. Persuadé d'être un virus contagieux qui allait la détruire. Et il ne voulait pas la détruire. Il voulait la protéger, au risque de se sacrifier lui-même et tout ce pour quoi il croit. C'était tellement pathétique de se rendre compte qu'on est capable de penser de cette façon. Tellement ridicule d'avoir l'impression de redécouvrir ce sentiment qui l'avait autrefois détruit.
« - Tu veux voir Benny Junior ? » Il disait ça dans un ton grave, persuadé que c'était la une demande trop direct. Benny junior. Qu'est-ce que c'était pourri comme pseudonyme quand-même. Mais tout nu, il aurait pu l'être. Il n'y avait rien qui l'empêchait de se mettre totalement à poil - si ce n'est la fatigue de devoir retirer le dernier morceau de tissu qu'il avait sur le corps. Il n'était pas gêné, pour rien. S'il était allé jusqu'au bout, il aurait probablement fini les fesses en premier plan sur le lit d'Ally. Mais il n'était pas là pour ça, aussi étonnant que cela puisse paraitre. Il n'était pas là pour une simple partie de jambe en l'air improvisé sous les effets super fun de la drogue dur. S'il était venu pour ça, il aurait manqué de respect à Ally et s'il y avait bien quelqu'un qu'il respectait aujourd'hui, c'était elle. Il se moquait souvent de sa petite tête blonde, de son job et de sa façon de parler. Il adorait la remettre en place. Il adorait rire d'elle et rire avec elle. Elle lui réchauffait le coeur avec tellement de délicatesse. Mais sa tête ne tournait pas rond en ce moment et les choses étaient un peu compliqués. Il y avait tellement de mots dans son esprit, tellement de choses auxquelles il ne voulait pas penser, mais qui pourtant étaient là. Il lui suffisait de regarder Ally, de la fixer un peu et de lui sourire pour avoir l'impression que son esprit arrivait à se vider de tous ses problèmes qui l'occupaient.
« - Brûle le corps, pour faire disparaitre l'ADN. » Avait-il lancé tout simplement sans comprendre qu'Ally faisait tout simplement une blague. Sa répartie n'allait pas être aussi identique à ce qu'il pouvait dire lorsqu'il était sobre - normal. Une partie de Benjamin était un peu effrayait par ce qui pourrait arriver ce soir s'il restait là, mais une autre était décidément à sa place. Il ne voulait pas partir, non. Il ne voulait pas affronter la solitude permanente de sa grande villa de fils de riche. Il ne voulait pas retourner dans ce monde de faux-semblant. Il voulait vivre quelque chose de vrai ce soir. Malheureusement se tourner vers la drogue n'était pas une solution très judicieuse et il se retrouvait à balancer des mini-monologues sans queue ni tête. Il n'était pas là parce qu'il avait envie de sauter Ally - même s'il en avait envie. Il était là parce que quelques choses ne tournaient pas rond et que sa seule façon de mettre tout ça de côté était de se cacher dans les draps de la jeune femme. « - Si je suis ton esclave, je suis à tes ordres, donc bon... au final tu peux faire de moi c'que tu veux. J'y avais pas pensé tiens... » Etre son esclave sexuel sonnait plus comme un cadeau de dieu qu'une malédiction. Cela ferait aussi un chouette scénario pour un film porno. Mais ça, c'était les champignons qu'il avait mangés plus tôt qui pensait pour lui. La vérité c'était qu'Ally était devenue son espoir, son repère. Il n'arrivait juste pas à le dire clairement. Ce n'était sans doute pas le moment de parler d'ange tombé du ciel, surtout dans son état.
Et Benjamin était ailleurs, hallucinant des choses, pour l'instant assez adorable. « - C'est une couronne de princesse, débile va ! Des sushis sur la tête... n'importe quoi ! » Il eut un fou-rire, digne de l'enfant encore présent lui. Du petit Benjamin Cohen, délaissé par sa famille, seul contre un monde trop compliqué pour son âge.
« - Non, non, j'suis pas son esclave à elle. Mais elle est trop gentille tu comprends ? Les gens gentils c'est si rare. Les femmes gentilles c'est rare en fait. Comme un animal en voie de disparition. » Il soupira. « - J'vais t'avouer un truc. La vérité, c'est que les filles biens, c'est des mecs comme mon père qui les convertissent en garce pur et dur. Avec un bon gros chèque, même la plus incroyable des nanas et prête à te laisser le soir de votre mariage pour aller à l'autre bout du pays faire je-ne-sais-quoi. » Il eut un sourire idiot, pensant à sa chère Evelynn, sans doute heureuse quelque part... Il senti ses yeux rougir soudain et avant de laisser Ally voir quoi que ce soit, il se tourna, fixant le plafond, essayant de comprendre pourquoi des poissons rouges nager là-haut. Des poissons qui semblaient disparaitre à chaque nouvelle seconde. Son sourire se perdit, son regard se voilà et tout ce qu'il voulait s'était rester là un peu longtemps si ce n'était pas l'éternité. Sans comprendre, Ally se releva alors, se plaçant à califourchon sur lui, son visage trop proche du sien. Visiblement, il compris qu'il pouvait rester ici et se contenta de dire tout simplement : « - Génial. » Il suivi Ally du regard, alors qu'elle se redressait légèrement, ses mains sur son torse à lui. Autant dire tout de suite que cette position éveillée en lui des désirs assez inavouable pour le moment. L'orage continuait à faire fureur dehors, un éclair avait d'ailleurs surgit. Alors que la demoiselle fixait l'extérieur, lui ne fixait qu'elle. Il se concentrait sur elle.
« - Non et de toute façon je ne veux pas que tu en prennes. » Il se releva alors subitement prenant le visage d'Ally dans ses mains froides, rapprochant son visage du sien. Il plongea alors son regard dans celui de la jeune femme. Il resta ainsi une fraction de seconde, peut-être un peu plus encore. « - J'ai besoin de toi. Si je ne veux pas perdre la tête, il faut que tu restes toi-même. Tu comprends ? J'ai besoin de toi Ally... » Ses yeux étaient tout humides, tout ce qui lui faisait mal remontait à la surface et il n'arrivait pas à se calmer. Il n'arrivait pas à arrêter la douleur. Il baissa alors la tête, encerclant finalement la demoiselle de ses bras. Il s'accrochait à elle, comme s'il s'accrochait à une bouée de secours : elle était pour l'instant la chose la plus précieuse à ses yeux.
« - Tu vas me haïr toi aussi, comme tous les autres. Je le sais, je le sens. Tu finiras par me tourner le dos. Mais avant, je veux simplement qu'on reste comme ça. »
Invité
Invité
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Mar 21 Oct 2014 - 2:33
Wake you up in the middle of the night to say, I will never walk away again, I'm never gonna leave this bed. So come here and never leave this place. Perfection of your face slows me down.
La nuit avait toujours eu quelque chose de rassurant aux yeux d'Ally. Parce qu'elle était douce et calme, elle lui permettait bien souvent de se poser, de réfléchir et de s'apaiser. Elle n'était pas une grande insomniaque, mais il lui arrivait régulièrement de ne pas trouver le sommeil. Elle restait alors assise sur son canapé ou allongée dans son lit à réfléchir et à ressasser certaines choses. Dernièrement, par contre, les nuits s'étaient révélées plus menaçantes. Même si elle espérait pouvoir en tirer un sommeil réparateur, ce n'était jamais le cas. Des angoisses nocturnes l'assaillaient constamment, et elle en était arrivée à s'étonner d'une bonne nuit de sommeil lorsqu'elle avait la chance d'en avoir vécu une. Cette nuit pourtant, ce n'était pas l'un de ces cauchemars qui l'avait réveillée. Et elle n'avait pas ouvert les yeux à bout de souffle, troublée par les jeux de son esprit torturé par le passé. Elle s'était réveillée brusquement, mais la peur d'être attaquée dans son appartement avait rapidement dégagé pour laisser place à un apaisement à peine explicable. La pluie et l'orage à l'extérieur donnait à la scène un air de film bidon, mais Ally ne s'en fit même pas la réflexion. A dire vrai, pour la première fois depuis sa soutenance de thèse, elle se sentait en sécurité. C'était sans doute ridicule à dire étant donné l'état dans lequel Cohen venait la retrouver chez elle, d'ailleurs. Mais la simple présence de ce dernier à ses côtés semblait avoir un don pour l'apaiser. Et puis, il l'avait déjà subie à la soirée de la fameuse Ella, cette soirée où elle avait peut-être un peu trop bu, mais très probablement mal pris l'intervention d'une brune tout droit sortie d'un défilé de tapis rouge ou de Victoria's Secret. Quoiqu'il en soit, à cet instant précis, Ally avait juste envie de le protéger. De lui donner tout ce qu'il voulait, juste pour qu'il ne ressente plus le besoin de se mettre dans un état pareil. ll était à présent allongé à ses côtés et Ally, encore cachée sous sa couette et à peine réveillée, n'en perdait pas le sens des priorités pour autant. Benny Junior. Depuis le temps que les présentations devaient être faites... elle allait finir par croire qu'il lui parlait d'un ami imaginaire, m'voyez. « Tu veux voir Benny Junior ? » Son air sérieux fit penser Ally qu'il était probablement prêt à exaucer son vœu et à se défaire du dernier bout du tissu qui le protégeait encore de la fraicheur de la pièce. « Je l'intimide ? » répondit-elle donc avec le même ton, un sourcil arqué. En réalité, voir Benny Junior n'était pas sa priorité. Si elle s'était écoutée, à ce moment précis, elle se serait lovée au creux de ses bras, juste pour être apaisée par la régularité de sa respiration. Elle avait juste besoin de lui. Ici et maintenant, Benny Junior n'avait pas vraiment sa place. De toute façon, la question ne se posa pas beaucoup plus longtemps, puisqu'ils passèrent à un sujet un brin plus sérieux : le cadavre qu'Ally avait caché dans son placard. Ou dans son congélateur. A cette heure-ci, elle n'avait plus les idées très claires. « Brûle le corps, pour faire disparaitre l'ADN. » Ah. Cohen semblait parfaitement sérieux. Le truc, au final, c'est qu'Ally elle-même n'avait pas pris le ton de la plaisanterie. Au moins, Cohen ne semblait pas décidé à l'arrêter. Tant mieux, il avait laissé son rôle de policier à l'entrée. Tiens, l'entrée ? Mais par où était-il rentré, d'ailleurs ? Peu importe. Peu importait si sa porte neuve était grande ouverte. Avec lui à ses côtés, elle était parfaitement en sécurité. Bref, à propos de cadavres, elle continuait sur sa lancée. « Et si j'ai lancé des fibres de mes fringues sur le lieu du crime ? Et du tapis dans lequel j'ai emballé le corps dans ma voiture ? Et si j'avais été filmée par des caméras de sécurité ? » Fallait pas dire, avec son job -et les séries policières-, Ally suivait un peu les preuves qui étaient utilisées pour inculper un suspect. Mais quelque part, si elle avait réellement tué quelqu'un, elle savait que Cohen la protégerait. Et, encore une fois, cette simple pensée la rassurait. Après tout... elle avait trouvé un homme qui était prêt à lui procurer des sushis en pleine nuit. Mais, comme d'habitude, ils en venaient à parler de cul... Enfin, elle en venait à parler de cul. « Si je suis ton esclave, je suis à tes ordres, donc bon... au final tu peux faire de moi c'que tu veux. J'y avais pas pensé tiens... » Satisfaite de sa demande, Ally émit un gloussement qui s'échappa de sous la couette. « Je te donnerai un liste de mes positions préférées, histoire que tu te prépares » reprit-elle. « Mais si l'idée te terrifie, je te forcerai pas » ajouta-t-elle en le fixant. Allongée sur le flanc, elle l'observait sans rien ajouter. La scène qui s'offrait à elle était incroyablement douce. Elle lui mettait du baume au cœur comme aucune commande de sushis n'aurait su le faire. Il était là, allongé à ses côtés, et elle se surprenait à vouloir vivre ça indéfiniment, comme si elle avait trouvé l'ultime solution pour panser ses blessures. Il était cette solution. Mais toutes ces pensées un brin mélodramatiques et niaises prirent fin lorsqu'il tenta d'attraper quelque chose au-dessus de sa tête. « C'est une couronne de princesse, débile va ! Des sushis sur la tête... n'importe quoi ! » riait-il à présent. Vexée, Ally sortit un bras de sous ses draps pour le frapper sur l'épaule. « Je suis pas débile... ! » Et puis, satisfaite par ce qu'il avait dit avant, elle ajouta : « Ou alors, si, mais je suis une princesse débile, alors... » Elle prit un air ravi et s'imagina une tiare sur le crâne. « Et puis t'as pas réussi à me la piquer, ma couronne, alors chut. C'est toi mon esclave, c'est moi la princesse. » D'ailleurs, à propos d'esclave... et si elle avait de la concurrence ? Non, elle voulait l'exclusivité. L'exclusivité de l'esclavagisme de Cohen, hein. Elle le voulait pour elle toute seule. « Non, non, j'suis pas son esclave à elle. Mais elle est trop gentille tu comprends ? Les gens gentils c'est si rare. Les femmes gentilles c'est rare en fait. Comme un animal en voie de disparition. » Outrée, elle commença par rétorquer un : « EHHH, je suis gentille, moi ! Attention, ton contrat d'esclave est pas encore signé. Période d'essai, Cohen, période d'essai. » Et puis elle ajouta : « Une espèce en voie de disparition... comme les licornes ! Mais je suis sûre que tu pourras m'affirmer en avoir croisée une ce soir. Elles apparaissent souvent quand on est dans un drôle d'état, elles ont un truc pour ça. »
Mais l'instant était plus grave que ces histoires de princesses et de licornes. Cohen avait pris un air grave qui ne lui ressemblait guère. Depuis le début, il ne se ressemblait pas tout à fait, de toute façon, il fallait bien se le dire. Les effets de ce qu'il avait pris, sans aucun doute. Mais à présent, il y avait quelque chose d'autre. Et le ventre d'Ally se noua lorsqu'elle entendit ce qu'il dit ensuite. « J'vais t'avouer un truc. La vérité, c'est que les filles biens, c'est des mecs comme mon père qui les convertissent en garce pur et dur. Avec un bon gros chèque, même la plus incroyable des nanas est prête à te laisser le soir de votre mariage pour aller à l'autre bout du pays faire je-ne-sais-quoi. » Et ce n'était pas un exemple pris au hasard. Ça se voyait. Ça se voyait à la feinte que le blond choisit en décidant de faire face au plafond, mais aussi à ses yeux, qui s'étaient humidifiés à la lueur des rayons lunaires. « Là tu décris la crétine de base qui préfère l'appât du gain au bonheur qu'elle pourrait vivre. Ça compte pas. » Mais une part d'elle se disait qu'il venait de confier une part de son passé, de façon plus ou moins détournée. C'est le moment que la blonde choisit pour sortir de la chaleur de ses draps et s'assoir au-dessus de sa taille. « Génial » répondit-il simplement lorsqu'elle le déclara bienvenu. Bien sûr qu'il pouvait rester. Elle ne demandait que ça. Et elle perdit son sourire en lisant son regard à lui d'abord, et puis en se laissant emporter quelques instants par le tonnerre qui grondait. Elle voulait être dans le même état d'esprit que lui lorsqu'il était venu chez elle. Elle voulait être insouciante et loin de ses préoccupations, elle aussi. « Non et de toute façon je ne veux pas que tu en prennes » la coupa-t-il. Mais c'était facile. C'était facile de lui interdire la même sérénité. Même si, à présent, elle semblait s'être envolée. Il s'était redressé, et Ally n'avait d'autre choix que de se plonger dans son regard. Les mains de Cohen était gelées, et un frisson la parcourut lorsqu'il les posa sur son visage. Peut-être était-ce là l'effet de ce contact frigorifié, mais ce qu'elle lisait dans ses yeux bleus n'y était sans aucun doute pas pour rien. Elle, elle paniquait. De le voir comme ça, qui la fixait avec ses yeux humides. « J'ai besoin de toi. Si je ne veux pas perdre la tête, il faut que tu restes toi-même. Tu comprends ? J'ai besoin de toi Ally... » Un nouveau frisson la parcourut. Une larme coula le long de sa joue. Elle colla son front au sien. Elle avait terriblement envie de l'embrasser. « Et Sakura peut pas faire le job ? » demanda-t-elle malgré elle, alors qu'elle voulait lui dire tellement plus. Mais elle n'y arrivait pas. Elle bloquait. Elle n'arrivait pas à lui dire qu'elle avait besoin de lui au moins autant que l'inverse, alors elle posa doucement sa main sur sa joue. « Moi aussi j'ai besoin de toi et de toute ta tête... Même si j'ai rien contre l'entrée que t'as faite dans ma chambre. » Son pouce essuya une larme qui avait coulé sur la joue du blond. Doucement, il la serra contre elle. Elle sentait son souffle dans son cou, et elle ferma les yeux quelques instants pour savourer la paisibilité de l'instant. Mais autant qu'elle était apaisée, elle souffrait. Elle passa doucement sa main dans les cheveux du policier. « Tu vas me haïr toi aussi, comme tous les autres. Je le sais, je le sens. Tu finiras par me tourner le dos. Mais avant, je veux simplement qu'on reste comme ça. » Ally arrêta de respirer quelques secondes. Et si elle avait continué sur sa lancée quelques secondes de plus, nul doute qu'elle aurait fini par voir des étoiles. Elle se dégagea de son étreinte et l'attrapa par les épaules pour le fixer. « On a déjà eu cette conversation, Ben. » Ben... Elle se surprit elle-même à l'appeler par son prénom et prit quelques secondes pour s'en remettre. « Je suis là et je compte pas partir. Je... » Devait-elle réellement rentrer dans le vif du sujet ? Elle ne s'était pas portée si mal à éviter les sujets douloureux jusque là... Mais puisque sa vie volait en morceaux, elle n'était plus à ça près. Il l'aidait rien qu'en étant là, rien qu'en affirmant avoir besoin d'elle et en s'accrochant à elle comme elle en avait rêvé malgré elle. « Je... suis pas le genre de filles à abandonner mon fiancé pour un chèque, aussi imposant soit-il. Je suis pas du genre à me donner à quelqu'un sans le faire totalement, même si j'ai aussi mes défauts et mes peurs. Sache juste que t'es pas seul, t'es plus seul. » Dans quoi s'embarquait-elle en disant ça ? Elle n'en avait aucune idée. Quelque part, c'était la première fois qu'elle sous-entendait une idée de couple. Mais à présent, elle ne pouvait plus le nier. Elle avait besoin de lui. Elle avait besoin de ces étreintes, de ces rires et ces taquineries, tout comme de ces instants hors du temps où elle réalisait qu'il n'était pas que cette façade de perfection qui aimait se moquer de son métier. « Mais promets-moi... Promets-moi que tu resteras. Je veux te l'entendre dire. Promets-moi que... tu ne dis pas ça à toutes les filles. Parce que si c'est une partie de jambes en l'air que tu veux, pas de problèmes, on fait ça maintenant et ça se termine comme ça. Mais je veux pas que tu me mentes. J'ai besoin que tu sois sincère... » Oh putain, elle s'était lancée. Et dans un sanglot, elle sortit une dernière phrase à peine audible. « ... parce que j'ai besoin de toi, Benjamin Cohen. » Et elle ne voulait pas de Sakura ou d'une autre écervelée dans cette histoire, qu'elle souhaitait être la leur.
Benjamin L. Cohen
BAD COP
› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Dim 2 Nov 2014 - 20:44
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
Il n'y avait rien de drôle à rentrer chez soi le soir, dans un endroit comme celui de Benjamin. Il se retrouvait seul face à lui-même. Oh il passait du bon temps à faire le gamin devant sa console quand il n'était pas en service, mais quand même. Il n'était pas insensible au silence des couloirs. Ce soir-là les choses étaient simplement différentes. Il avait déconné, comme souvent et le voilà maintenant dans le lit d'Ally. Ce n'était pas facile pour le policier de comprendre ce qu'il ressentait, ce qu'il éprouvait. C'était le genre de choses qu'il n'avait jamais appris. Il ne savait pas comment s'exprimer et il le faisait toujours mal. « - Non... » Il n'était pas convainquant, mais maintenant qu'il y réfléchissait il était peut-être un peu intimidé à devoir être nu alors qu'elle ne le serait pas. En plus, il avait bien envie de la voir nue, mais il ne trouvait pas ça très approprié vu la situation et tout ce qu'il souhaitait pour le moment c'était simplement se coucher là, prêt d'elle. Regarder les petits moutons dans le ciel et peindre les arc-en-ciel. Manger des sushis aussi, peut-être. Pourquoi avait-il soudain envie de sushi ? « - Toi aussi tu as buté le mari d'Annalise Keating ? » Il fronça les sourcils, l'air de rien. Oui, il connaissait la magie des séries TV et d'ailleurs il adorait ça. Il avait toute une collection cachée dans ses placards de luxe. Ally avait sûrement trouvé ça la fois où elle était venue dormir chez lui quand il avait fracassé sa porte d'entrée. Et sans comprendre pourquoi, Benjamin se mit à rire. « - Ou alors tu as décapité Stan. » Il faisait « oui » de la tête comme si c'était logique et des plus évidents.
Un sourire idiot sur le visage, Benjamin écouta Ally lui dire qu'elle lui ferait une liste de ses positions préférées. Quelque part il avait l'impression d'être dans la peau de ce gamin qui réalise son fantasme après des années et des années. Alors, avec ce même sourire, il avoua : « - Oh non, ça ne me dérange pas du tout et en vrai, tu ne me forces en rien... » Il donnait l'impression d'être dans un autre monde, visualisant parfaitement ce qui allait arriver si tout cela se passait. Lui, en esclave sexuel, fidèle et savourant chaque instant. Miam.
« - Aie ! » Elle venait de le frapper, peu satisfaite de son insulte. Boudant légèrement il se contenta de sourire quand même parce qu'Ally était tout simplement adorable. Il avait beau être ailleurs, sous des effets de drogues hallucinogènes, Ally le suivait. Elle suivait ses délires comme si c'était la chose la plus logique à faire. « - Non, désolé, j'ai jamais vu de licorne. Et toi t'es pas une femme, t'es une princesse. T'es au-dessus. » Mais ça ne servait à rien, car il pensait à son ex-fiancée et les pensaient drôles s'évaporèrent pour laisser place à des choses plus sombres, plus noir. Il avait mal au coeur, au point où tout lui paraissait difficile à admettre. Il pensait à ce qu'on lui avait fait, à cette trahison qui ne voulait pas disparaitre. Il savait qu'Ally n'était pas comme ça, il savait, mais il avait appris à se méfier, de tout le monde. Il n'y arrivait pas avec la blonde. C'était comme si une partie de lui était prêt à s'ouvrir complètement juste parce qu'elle le regardait. C'était un pouvoir étrange, dangereux aussi.
Non, c'est faux. Ils n'en avaient pas parlé. Pas de cette façon du moins. Pas de la façon dont il sentait le besoin d'en parler. Et la vérité c'était que les choses étaient bien plus compliquées que ça. Elles étaient même étrangement complexe et il n'arrivait pas à défaire le noeud du fil de sa vie. Ally se détacha de lui, ses mains sur ses épaules. Elle le fixait, prête à lui remonter les bretelles. Prête à faire de son mieux pour dissiper les doutes qui le submergeaient. Il avait l'air pathétique. Il avait l'air fatigué par tout, au point où son visage n'était plus que le reflet sans vie d'un coeur qui n'arrivait plus à battre correctement. Ally disait être là, elle disait qu'elle ne comptait pas partir, mais ça c'était maintenant. C'était parce que pour l'instant il n'avait encore rien fait. Les yeux de benjamin étaient rouge, comme une bombe prête à exploser. Il n'était pas seul et elle comptait bien rester à ses côtés. Elle ne risquait pas de partir sans un mot ou un bon chèque dans la poche. Elle lui tendait une main qu'il était prêt à accepter. Il ne disait rien, submergé par des émotions aussi variées qu'inattendues. Les choses se mixaient au fond de lui, créant un ensemble instable, incompréhensible. Elle ajouta alors qu'elle avait besoin de savoir qu'il était sincère. Qu'il n'était pas en train de mentir. Qu'il disait ce qu'il disait parce qu'il le croyait. Elle voulait une promesse. Elle voulait de lui. Se redressant un peu plus, essayant de ne pas pleurer comme un gamin, il tenta de se concentrer dans le silence qui s'offrait désormais à lui. L'orage continuait à battre dehors. Non, il ne voulait pas d'Ally comme un plan cul quelconque. Et puis avec lenteur, ravalant sa salive, il avoua :
« - Je te le promet... » Il se perdit un moment dans les yeux d'Ally. « - Je ne m'en irais jamais... » Il senti son coeur se serrait. Il allait foiré, il allait lui faire peur. Il allait lui faire du mal, une partie de lui en avait la certitude. Il était doué pour détruire les choses et pas l'inverse. Il savait par avance qu'il resterait toujours là pour elle, mais qu'elle finirait par ne plus vouloir de lui. Elle allait finir, tôt ou tard, par découvrir qu'il n'était pas digne d'elle. C'était pour ça qu'il disait qu'il était certain qu'elle lui tournerait le dos. Parce que ça serait de sa faute à lui. Parce qu'il cachait des choses qu'il ne pouvait pas lui révéler. Lui, en revanche, pourrait tout accepter d'elle. Même le pire. Même si elle lui brisait le coeur. Il se sentait capable d'affronter n'importe quoi sans pour autant sentir la moindre envie de partir. Elle pouvait le trahir, lui faire du mal, il s'en fichait. Il serait même ravi de mourir par sa main. Tant qu'elle était heureuse, que ce soit avec ou sans lui. Quoi qu'il se passe, il continuerait à la regarder avec ce même regard. Avec ce même sentiment.
« - Parce que je t'aime, Ally. » Il lui caressa doucement la joue, se rendant compte qu'il n'avait pas dit ses mots depuis une éternité. C'était exactement ce qu'il ressentait. C'était la définition parfaite de tout ce qui se passait dans sa tête depuis la soirée chez Ella. Il ne s'était pas attaché à elle, il l'aimait. Il ressentait le besoin de vivre à ses côtés, de connaître chaque petit détails de sa vie et de continuer à aimer chaque nouvelle choses qu'il apprendrait sur elle. Il baissa alors la tête, cessant de regarder Ally droit dans les yeux tant cela le perturbait. Il tremblait. Son corps tremblait, tout comme son âme. Incapable de savoir pourquoi avait-il osé dire ça. Le problème c'était qu'il n'arrivait pas à lui mentir. Qu'il n'arrivait pas à lui cacher ce qu'il ressentait. Il était tout simplement l'homme le plus vulnérable du monde face à elle. Sa princesse était décidément son point faible dans la vie. Qu'elle dommage qu'il ait mit autant de temps à croiser sa route. Peut-être que les choses auraient été beaucoup mieux s'il n'avait déjà connu un mariage raté et si elle avait toujours vécu ici. Mais les choses étaient ce qu'elles étaient et Benjamin était prêt à détruire le mur qu'il l'entourait simplement pour croiser une dernière fois le regard d'Ally. Simplement pour l'avoir auprès de lui.
Invité
Invité
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Lun 3 Nov 2014 - 1:34
Dreams start their drifting and you hear a lullaby... You and I. Trees touch windows, say their hellos, hear this house as it settles in. Worry slips away it don't know your name, it don't know where to find us...
Quelques heures auparavant, Ally aurait tué pour dormir. Le plus longtemps possible et sans interruption, sans rêves empreints de nostalgie, de culpabilité et de remords. A présent, il fallait se l'avouer, elle s'en moquait bien, de dormir. Elle semblait s'être réveillée dans un monde tout nouveau, duquel toute contrainte s'était échappée. L'orage, clairement, n'y était pour rien, et il aurait même plutôt eu l'effet inverse sur elle en temps normal. Cependant, à cet instant précis, les coups de tonnerre venaient en second plan. Et celui qui venait en premier plan, c'était toujours le même. Benjamin Cohen. Même si elle ne savait pas se l'expliquer, il était un des seuls qui avaient été capable de l'atteindre comme il l'avait fait en pourtant si peu de temps après leur rencontre. Pourtant, elle n'arrivait pas à mettre de mots sur ce qui se tramait, sur ce qu'elle ressentait. Elle savait juste qu'elle ne voulait pas que ça s'arrête. Quoi que ce soit, elle ne voulait pas que ça cesse. Pourtant, peu à peu, les choses changeaient doucement. Pas forcément en mal, mais elles perdaient un peu de leur insouciance. Depuis la fête d'Ella, leur relation avait pris un ton plus sérieux. Si quelques mois auparavant, Ally aurait été épouvantée et aurait préféré sauter par la fenêtre de la salle de bain plutôt que de promettre quoi que ce soit à qui que ce soit, maintenant, elle voyait les choses bien différemment. Et si ça aurait pu l'inquiéter, elle, au contraire, ne l'avait qu'à peine remarqué. Ce changement qui opérait, elle s'en rendait à peine compte. Par contre, elle se rendait bel et bien compte que quelque chose de nouveau se passait entre elle et cet homme-là. C'était quelque chose d'indescriptible, qui lui était totalement inconnu. Elle n'en avait pas peur, se plaisait-elle à penser. Pourquoi aurait-elle peur de s'attacher à quelqu'un ? Non, ce serait tout bonnement ridicule. Pourtant, même dans la situation présente, elle éludait toutes ses pensées avec son arme fétiche : l'humour. Par exemple, présentement, il s'agissait pour elle d'être -enfin- présentée à Benny Junior. « Non... » répondit son propriétaire alors qu'elle se demandait si elle l'intimidait. « T'es sûr ? Tu sais, si ça peut le rassurer, j'en ai déjà vu des vertes et des pas mûres... Enfin, je parle pas de... pénis, hein. Enfin, si. Mais pas de pénis verts et pas mûrs, ce serait dégueulasse. Et puis jsuis pas alienophile. » Elle fit une grimace avant d'ajouter : « Non, je veux juste dire que s'il est désavantagé verti-- horizon-- en terme de taille, c'est pas grave, tu sais. » Ah, merde, lorsqu'il s'agissait de Benny Junior, on ne pouvait plus l'arrêter -même si, il fallait bien l'avouer, elle était également capable d'avoir un discours aussi passionné et confus sur le dernier sushi au saumon qu'elle avait ingéré. « Et puis, encore une fois, si ça peut le rassurer, mes jumelles sont pas dignes d'un porno non plus. » Elle ne savait pas trop ce qu'elle cherchait à faire à cet instant précis. Parce que si Cohen en venait vraiment à se mettre tout nu, comment aurait-elle réagi ? Ally n'avait jamais été intimidée par l'engin masculin en général, mais, avec Cohen, c'était différent. Elle serait capable de lui taper la bise en se prétendant enchantée, tout comme elle serait capable de sauter sur Cohen ou de rester de marbre, juste parce qu'elle jugerait que ce serait la réaction la moins inappropriée. Non, en fait, elle comptait juste sur la situation actuelle pour qu'il n'enlève pas le dernier morceau de tissu qui avait encore la décence de le couvrir. Tout simplement parce que quasiment chacune de ses réactions probables était ridicule, et qu'elle ne comptait pas lui sauter dessus à cet instant précis. Et puis, l'air de rien, ils se mirent à parler de meurtre. Tout naturellement. Et d'ailleurs, de la part d'un policier, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus rassurant. Mais si Ally était privilégiée aux yeux du-dit policier vis-à-vis de son job, alors, elle ne pourrait en être que flattée -et rassurée, sans doute, mais autant vous le dire tout de suite... elle n'avait pas de cadavre dans son placard, pas plus que dans son congélateur. « Toi aussi tu as buté le mari d'Annalise Keating ? » OK. OK. Elle le fixait bêtement. Comment pouvait-il prétendre qu'elle ne connaissait pas son métier ? Elle savait comment les meurtriers se faisaient retrouver. Une fibre textile laissée malencontreusement sur la victime, un tissu humain sous les ongles, un cheveu blond sur un cadavre définitivement brun... Non, elle connaissait parfaitement son métier, et se sentait on ne peut plus offensée que... « En même temps c'est un connard, il mérite plutôt deux morts qu'une seule. » Oui, bon, d'accord, elle avouait tout. Elle aussi, elle regardait cette série. En même temps, c'était presque obligatoire. Shonda Rhimes, c'était Grey's Anatomy. Et Grey's, c'était de la médecine, donc elle devait regarder. Et cette autre série, c'était Shonda aussi. CQFD. Comment ça, c'est pas spécialement logique comme raisonnement ? Ally vous emmerde. Les séries, il n'y avait guère plus qu'à ça qu'elle s'accrochait pour se changer les idées. Et il fallait avouer que leur conversation avait l'air tout droit sortie de la dernière création de Shonda. « Au fait, tu sais que le petit jeune, là, Gibbins, c'est le Dean Thomas d'Harry Potter ? Ça m'a ruinée. Je suis vieille. » Elle fit mine de renifler, mais Cohen parlait déjà d'une potentielle décapitation de Stan. « Ou alors tu as décapité Stan. » La blonde arqua un sourcil et fit mine d'être ennuyée. « Pfff, ce serait tellement plus simple... Deux morceaux, pour le stockage, ça simplifie tout. Mais la décapitation, ça tâche. Tu crois que j'ai autant de tableaux pour quelle raison ? » Elle avait levé les yeux au ciel mais redevint brusquement plus sérieuse. Elle avait bel et bien tué quelqu'un dans sa vie, et elle ne comptait pas réitérer l'expérience. « D'ailleurs, t'as une continuité sur l'affaire ? T'en sais plus ? Il venait d'où ? J'étais vraiment son amoureuse et je le savais pas ? » En réalité, les quelques jours qu'elle avait vécus chez Cohen, elle ne s'était plus réellement intéressée à cette affaire -ou en tout cas, largement plus au bienveillant Keith Williams qu'à cet ivrogne de Stan. De toute façon, elle était à peu près sûre que si l'un des deux lui ferait l'honneur de se souvenir d'elle, ce ne serait pas le second.
Mais revenons à du sérieux : revenons à l'esclavagisme de Cohen. Il serait donc son esclave sexuel, entre autres choses. Mais Ally n'était pas une tortionnaire : elle lui accorderait quand même une liste de positions. Lorsqu'elle le lui annonça, il fit une tête assez étrange, mais elle ne s'en formalisa pas. « Oh non, ça ne me dérange pas du tout et en vrai, tu ne me forces en rien... » La blonde fit une mine satisfaite et répondit, à peine modeste : « Je sais. C'est le rêve de tous les hommes hétérosexuels de la ville... » Et puis elle pouffa : « et même de certaines femmes intéressées par la gent féminine. » Coucou Jaggy la coupine ! Avec un œil brillant, elle ajouta : « J'espère que Benny Junior sera de ton avis, en tout cas. » Mais étrangement, elle n'arrivait toujours pas à s'imaginer concrètement les choses. Même si l'instant n'était peut-être pas propice à la première séance d'esclavagisme de Cohen, ce serait mentir que de prétendre qu'Ally n'avait jamais pensé à la chose. Mais pourtant, lorsqu'elle était en face de lui, elle n'arrivait pas à se dire une seule seconde que ça pourrait arriver. Parce qu'ils tournaient toujours prudemment autour de cette ligne platonique qui semblait définir leur relation. De toute façon, si elle avait eu un instant une image un peu impure à l'esprit, elle aurait eu tout loisir de disparaître presque instantanément. Voilà qu'il se moquait d'elle. Et elle ne comptait pas laisser passer la chose. « Aie ! » se plaignait-il alors qu'Ally elle-même semblait surprise d'avoir réussi à lui faire mal. « Tu l'as bien mérité, saleté. » répondit-elle avec un sourire satisfait. Et il risquait de se reprendre une frappe vengeuse s'il ne rattrapait pas l'éloge qu'il venait d'avoir pour la fameuse Sakura. « Non, désolé, j'ai jamais vu de licorne. Et toi t'es pas une femme, t'es une princesse. T'es au-dessus. » Presque choquée de la réponse, Ally ne bougea pas pendant plusieurs instants. « Tu... tu viens de m'avouer que... t'as jamais vu de licorne ? » Bon, ok, en fait c'était assez réaliste comme confession. « Et ça va, tu te rattrapes bien. Je suis sûre que j'aurais pu te casser un bras si tu t'étais mal débrouillé. »
L'instant d'après, sans trop savoir comment ni pourquoi, l'ambiance était passée de quelque chose d'assez léger à son total opposé. L'orage semblait à nouveau prédominer, et Ally, effrayée, avait à nouveau du mal à oublier toutes ces pensées obscures qui l'ennuyaient depuis des semaines, que l'on pouvait même maintenant comptabiliser en mois. Alors, elle tentait de le rassurer, parce que c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour tenter de contrôler ce qui se passait dans cette chambre. Le moment était beaucoup plus grave qu'auparavant. Mais elle voulait lui faire comprendre coûte que coûte qu'elle avait entendu l'histoire qu'il venait de lui raconter, et qu'elle ne serait en aucun cas celle qu'était son ex-fiancée. Pourquoi s'aventurait-elle sur un tel terrain, à s'assimiler à celle qui avait été celle avec qui il aurait du passer la fin de ses jours ? Pour toutes ces mêmes raisons qu'elle ne savait pas expliquer. En tout ça, elle ne savait plus réellement quel mot utiliser pour éclipser la sombre mine de Cohen. Elle était autant atteinte, voire plus, par ce visage qui se décomposait que par le tonnerre qui grondait de plus en plus fort à l'extérieur. Mais, en réalité, Ally n'était franchement pas dans un meilleur état, même si elle s'efforçait de remonter Cohen. Elle avait besoin de promesses. Parce qu'il ne fallait plus se le cacher, que c'était devenu impossible : il y avait bien quelque chose entre eux. Et ce n'était pas qu'un jeu malsain ou un jeu entre deux amis qui se cherchaient. C'était autre chose, mais elle n'était toujours pas réellement sûre de pouvoir l'admettre. Pas à voix haute, en tout cas. Mais le silence qui suivit sa demande l'angoissa à un point inestimable. Encore une fois, il n'y avait plus que la pluie, qui se faisait de plus en plus violente, et le choc des branches sur sa fenêtre. Cohen avait un drôle d'air qui n'avait pas réellement pour effet de la rassurer. Il avait l'air de choisir ses mots avec une précaution sans faille, et, de la part de quelqu'un d'aussi affirmé que lui, ça ne pouvait être que mauvais signe, n'est-ce pas ? Pourtant... « Je te le promets... » Et c'était d'un soulagement infini. Ces quatre simples mots firent l'effet d'une bombe. Il voulait d'elle... il voulait réellement d'elle... alors qu'elle avait à peine réalisé, en réalité, ce qu'elle lui avait demandé. Ils semblaient réellement s'engager dans quelque chose de bien nouveau. « Je ne m'en irai jamais... » ajouta-t-il, comme pour confirmer sa promesse. Et c'était tout ce qu'elle avait besoin d'entendre. « Merc- » commença-t-elle à souffler avant qu'il l'interrompe. « Parce que je t'aime, Ally. » Si sa promesse avait fait l'effet d'une bombe, alors que devait-elle dire de cette nouvelle déclaration ? Bizarrement, deux sentiments contradictoires s'imposaient à elle. La première, c'était une satisfaction qu'il était impossible à décrire. C'était la première fois qu'on lui disait ces trois mots, et elle se rendait maintenant compte, et seulement maintenant, de leur réelle signification, du réel impact qu'ils pouvaient avoir. C'était ridicule, mais c'était comme si elle avait attendu qu'il dise ces mots depuis des mois... Pourtant, ce second sentiment, c'était la peur panique. Parce qu'elle ne connaissait pas tout ça, et qu'elle n'avait jamais rêvé de le connaître. Elle était bien, avant, sans se soucier de la fidélité d'un homme, de cet homme qui aurait le sien, tout comme elle aurait été sa femme. Cependant, ici, c'était clairement ce qui était en train de se passer. Elle allait s'engager dans quelque chose qu'elle ne connaissait pas, qu'elle ne maîtrisait pas. Et elle était pétrifiée, au point de ne pas savoir quoi répondre. « Merci » ou « ohhh t'es mignon » serait certainement mal vu; « ah, cool » serait sans doute trop froid et « il faut que j'aille pisser » serait définitivement inapproprié. Pourtant, elle crevait d'envie de lui répondre les trois mêmes mots. Elle crevait d'envie d'avoir la confiance nécessaire à cette simple élocution. Elle le réalisait maintenant plus que jamais : oui, elle aimait Benjamin Cohen. Mais elle ne pouvait se donner le droit de le lui dire. Tout simplement parce qu'elle ne pouvait pas accepter que lui puisse lui dire une chose pareille. Il ne la connaissait pas. Il ne savait pas qu'elle était une lâche qui préférait abandonner sa famille que vivre son deuil, en plus d'être une incapable qui avait laissé sa sœur mourir. Dans un hoquet, Ally s'efforçait de reprendre une contenance correcte, mais c'était peine perdue. Elle avait relâché le jeune homme, qui, pourtant, caressait sa joue avec une douceur qui aurait du la rassurer. Mais elle ne pouvait plus être rassurée par grand chose, à vrai dire. Parce que son passé rattrapait même cette relation hors du temps qu'elle entretenait avec Cohen. Elle ne le vit même pas fuir son regard, elle qui avait fixé ses mains dès qu'elle s'était mise à réfléchir à une fuite. « J'ai tué ma sœur, Cohen. » BAM. Quatre mots. Quatre mots qu'elle n'avait jamais prononcé mais qui définissaient sa vie depuis plusieurs années maintenant. Elle eut un frisson rien qu'en les disant, parce que c'était, même des années plus tard, rendre les choses encore plus réelles. « Et je devrais même pas te le dire, parce que je l'ai dit à personne ici... j'ai refait ma vie, et je veux pas que tu me voies pour ce que je suis pas... Je... » Si elle s'arrêtait, elle le savait, le silence s'emparerait de la pièce et elle serait capable d'en faire une syncope tant elle paniquerait. « Je peux pas te laisser croire que j'ai aucun défaut et que j'ai un passé lisse et sans encombres. T'inquiètes pas, ton rôle de flic n'est pas mis en jeu, je suis pas considérée comme... responsable de... de... sa mort... de la mort d'Emma... Mais toi qui t'es demandé si souvent pourquoi je bossais à la morgue... te voilà sans doute avec la ... réponse. » Elle hoquetait en tentant de retenir ses larmes, mais avant tout, elle fuyait le regard de Benjamin. Elle ne pourrait pas supporter d'y lire la déception et le jugement. Alors, elle continuait son monologue, sans s'arrêter, sans même savoir où elle allait et si ce ne serait pas plus simple pour elle de fuir et de s'enfermer dans ses toilettes jusqu'à être sûre qu'il soit parti. Elle était en train d'avouer à une des personnes qui comptaient le plus à ses yeux son plus gros secret. Même à Jagger, elle n'avait rien dit. Et c'était sans doute parce qu'il lui avait dit qu'il l'aimait qu'elle s'était sentie forcée de s'exposer dans son entièreté, sans artifices et sans mensonges. Mais qui voudrait d'une Ally meurtrière et lâche ? « Tu-- tu sais que je suis pas Californienne, hein ? Que je viens de Boston ? J'ai-- j'ai tout lâché quand elle est morte... j'ai pas supporté... Mais la vérité c'est que je t'aime aussi, Benjamin Cohen, » oups, merde, exactement ce qu'elle s'était promis de garder pour elle, « mais je veux pas que toi tu aimes une personne que tu penses connaitre alors que... » Alors que putain, c'est une meurtrière ! « Je peux pas te faire ça... » Sans attendre de réaction, elle se décollait de Cohen et retournait s'installer de son côté du lit. Allongée sur le flanc, dos à Cohen, elle redoutait plus que tout ce qu'il pourrait dire ou faire. Elle avait peur qu'il prenne la porte et ne revienne jamais; mais elle ne pourrait pas l'en blâmer. Encore une fois, c'était elle la coupable, et elle devrait vivre avec cette culpabilité jusqu'à la fin. Dans son geste, elle n'avait même pas pensé à se glisser sous sa couette, et, plus jamais, le contact avec Cohen était rompu, elle frissonnait comme pas possible. Mais elle n'osait plus bouger. Elle pleurait silencieusement, parce que c'était à présent tout ce qu'elle était capable de faire. Et elle attendait qu'il s'en aille.
Heart's still beating but it's not working, it's like a million dollar phone that you just can't ring. I reached out trying to love but I feel nothing. But with you, I feel again.
Benjamin L. Cohen
BAD COP
› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Lun 24 Nov 2014 - 20:55
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
Il se sentait si mal, si nul, si invisible. Durant pratiquement toute son enfance c'était qu'il avait le plus souvent ressentie. Même en grandissant il n'avait cessé de se sentir ainsi, comme si le monde entier était indifférent envers lui. Il se disait parfois qu'un frère ou une soeur aurait changé les choses. Qu'un véritable soutient parental aussi. Aller savoir, le nombre de possibilité qui aurait pu changer tout son univers étaient impressionnant. Maintenant il ne faisait rien pour changer quoi que ce soit. Il était ce qu'il était et il acceptait ça avec beaucoup de doute. Fumer n'était pas une solution, boire non-plus, ce qui n'empêchait pas Benjamin de sombrer là-dedans quand il se retrouvait seul face à lui-même. Tout était bon pour fuir et quand une porte de sortie s'ouvrait devant vous, il fallait foncer et ne pas attendre. Il ne croyait pas qu'un jour, qu'à un moment donné alors que rien ne semblait différent, tout changerais. Il doutait, aujourd'hui plus que jamais. Il avait la sensation que le monde entier le mettait à l'épreuve. Qu'on le défiait d'aimer de nouveau. Qu'on le défiait de vivre réellement. Il passait la plupart de son temps à revivre certains souvenirs de son passé, sans se rendre compte qu'il pouvait façonner l'avenir comme il le désirait. Aujourd'hui, il le comprenait. C'était tout de même incroyable qu'il ait besoin d'être dans un autre monde pour comprendre ce qui se passait - pour se comprendre vraiment. Il n'aurait jamais fait ce qu'il faisait actuellement sobre et il le savait. Il aurait peut-être fait une petite blague, gardant tout de même son sérieux. Là, c'était différent. Il s'était passé quelque chose, quelque chose qui l'avait poussé à sombre ce soir-là. Et en se noyant dans l'obscurité il avait cherché à sortir. Il aurait pu penser à quelqu'un d'autres. Aller vers quelqu'un d'autres. Mais personne ne comptait vraiment pour lui. Personne ne pouvait le comprendre réellement. Andrew, Matthew, ils étaient comme des frères pour lui, mais il n'était pas encore prêt à s'ouvrir à eux comme il s'était un jour ouvert à son ex-fiancée. Il adorait ses cousins, vraiment, mais s'il y avait bien une chose qui caractérisait Benjamin c'était qu'il gardait pour lui tout ce qu'il ressentait, tout ce qu'il éprouvait. Il avait fini par croire qu'il n'était pas assez important pour partager ses plus petites déceptions.
La drogue faisait son effet. Puissante, douce, parfumé, elle faisait planer Benjamin dans un monde où tout est plus calme et plus simple. C'était peut-être stupide d'user de drogue pour se sentir mieux, mais c'était sa façon d'affronter les choses et personne ne lui avait appris à faire ça autrement.
« - Pourquoi tu parles de mûres ? Tu as faim ? » Il n'avait pas tout suivi et il fronçait légèrement les sourcils essayant de comprendre tout ce qu'elle venait de dire. Est-ce qu'elle essayait de le réconforter si jamais elle ne trouvait pas son engin à la hauteur ? Sérieusement. Il souriait un peu bêtement quand Ally, sa princesse à lui, avoua que ses seins n'étaient pas digne d'un film de porno, mais quelque part, il avait bien envie de dire que ça se voyait simplement à la taille. Tout en essayant de réfléchir - ce qui était un peu trop lui demander - il ajouta tout de même : « - Benny Junior est parfait. Tu comprendras le moment venu, princesse. Mais je n'ai pas très envie que tu me sautes dessus en le voyant, tu piges ? » Au moins, même un peu à l'ouest, il n'en perdait pas sa répartie. Il avait toujours trouvé ça excellent chez Ally. La façon dont elle lui répondait, dont elle le suivait, comme si c'était écrit quelque part. Peut-être qu'ils étaient destinés l'un à l'autre, qu'ils étaient connectés mystiquement d'une façon ou d'une autre ? Il n'était pas du tout romantique dans le genre, il voyait rarement une relation se finir bien depuis ce qui lui était arrivé, mais quand il regardait Ally, il ne voyait pas forcément une histoire parfaite. Il voyait une histoire qui allait le marquer. Il se fichait pas mal de si cela allait durer une heure ou quatre ans, au final tout ce qui comptait c'était qu'elle soit là, à ses côtés. Qu'elle soit sa petite-amie ou non, ce n'était qu'un détail. Le principal restait qu'ils ne se mentent pas, qu'ils soient toujours aussi honnêtes l'un envers l'autre, non ?
Alors qu'Ally lui parlait de cadavre, lui avait la sensation de l'entendre parler d'une série. Non pas qu'il soit inculte, mais c'était un peu son coup de coeur du moment. Pendant un instant Ally et Benjamin se regardèrent droit dans les yeux, avant que celle-ci ne reprenne la parole. Il lâcha un léger rire vu la façon dont elle disait ça. Pour être un connard, c'était un connard. En réalité, la vrai série du moment de Benjamin, c'était Brooklyn nine-nine. Il rêvait d'une team comme ça, de délire comme ça. C'était super fun. Mais il fallait bien qu'il soit un peu plus malin, alors les séries plus intrigante ne lui faisait parfois pas de mal. Il ressemblait à ses types un peu relou qui suivait toutes les déclinaisons de NCIS et des experts, comme si c'était important que cela figure dans son CV. Fronçant de nouveau les sourcils, Benjamin essaya de visualiser la tête du gars dans princesse parler avant de se rendre compte d'un détail assez important. « - J'ai pas vu Harry Potter. » Ou peut-être juste le premier, mais il n'avait pas vraiment suivi et il n'avait pas vraiment cherché.
Ce qui semblait plus logique à Benjamin, c'était l'hypothèse que la jeune femme ait décapité un certain Stan. Un gros débile qui avait foncé chez elle comme un malade. Ah non, celui qui avait foncé chez elle comme un malade c'était plutôt lui. « - J'avais pas remarqué qu'il y avait beaucoup de tableau... Mais je sais plus... j'me souviens plus de ce que j'ai noté dans le rapport. Mais me semble qu'ils s'étaient juste trompés de porte, tu vois le genre.... Oh, j'ai vu Winnie l'ourson ! » Des hallucinations vous dites ? Oui, oui.
Etait-ce normal de considérer le métier d'esclave sexuel comme une bonne chose ? Comme si le fait de se faire malmener par une femme lui plaisait. En fait, ce qui lui plaisait vraiment, c'était qu'Ally soit maitre de tout. Qu'elle dirige les choses et que lui, lui appartienne. Cela ne le dérangeait pas plus que ça d'être l'objet. « - Non, c'est juste moi. Les autres s'en balance je pense. » Non, du tout, il n'essayait pas de lui briser ses petits rêves de blonde dominatrice. « - C'est pas Junior pour rien. Il suit ce qu'on lui dit de faire. » Il disait ça comme si c'était d'une logique imparable, mais jusqu'ici il n'avait jamais eu le moindre problème. Il avait du mal à croire que tout ce qu'il disait-là était réelle parce qu'entre eux il n'y a jamais vraiment eut quelque chose. Ils se comportaient pourtant comme s'il n'y avait aucune frontière, aucun tabou entre eux. Comme si les années étaient passées et qu'ils avaient grandi ensemble. Ils étaient tout de même adorables ensemble. Ils donnaient l'impression qu'il y avait pas d'ombre dans ce tableau. Que ce lien était simplement bon pour l'un comme pour l'autre et Benjamin s'accrocha à ça avec beaucoup de force.
« - Hé, j'suis pas un cafard. » Lança-t-il avec un peu de mal alors qu'elle venait de le frapper. Il lui arrivait, entre deux moments d'inconscience, de regarder Ally comme si c'était la plus belle chose du monde. Elle ne le remarquait sans doute pas, parce que c'était subtile et léger, mais c'était bien ça. « - Et ça fait quoi si j'ai jamais vu de licorne ? » Vraiment, il ne comprenait pas. C'était quoi comme bête ?
L'orage continuait son chemin dehors alors que Benjamin se laisser submerger par différentes émotions. Il n'était pas là parce que c'était drôle de l'embêter. Il était là parce qu'Ally était sa plus belle porte de sortie. Qu'elle était la dose de bonheur et de légèreté dont il avait besoin pour affronter le mal qui le rongeait depuis le début de la soirée. Tout le monde a ses bons comme ses mauvais moments et Benjamin passait par ce mauvais moment qui vous attrape par le coeur et qui ne vous lâche plus. Le policier était là parce qu'il voulait qu'Ally le rassure, qu'elle le fasse rire et qu'elle lui fasse oublier toute sa colère. Elle le disait magnifiquement : elle était là, elle ne comptait pas partir. Elle n'avait rien à avoir avec l'ex de Benjamin. Elle était incapable de faire une chose pareille et il le savait. Il le savait même très bien, comme si à la minute où il avait rencontré Ally il avait compris qu'elle n'était pas comme les autres. Qu'elle avait un meilleur fond, un plus beau coeur. Et il ne supportait pas l'idée qu'un jour où l'autre, simplement en étant lui-même, elle le haïsse. Il voulait voir la même lueur dans ses yeux, jusqu'à la fin du monde. Sauf qu'il savait qu'un jour il y verrait de la déception, du dégout même. Il savait qu'il ne serait jamais à la hauteur de la jeune femme, mais il ne pouvait pas ignorer non plus ce désir en lui d'être à ses côtés. Ce désir de vouloir lui tenir la main et de partager un fou-rire. C'est pour cela qu'il savait que quoi qu'il arrive, lui, ne partirais jamais.
Avec ce qu'il avait dans le sang, il essayait de réfléchir avec un peu plus de lucidité. Il ne voulait pas passer par quatre chemins, dire des choses interminables et parler sans pouvoir s'arrêter. Il avait du mal pourtant à faire simple et à mettre des mots sur ce qu'il ressentait et tout ce qu'il ressentait à cet instant précis était très fort et très instable aussi. Il avait besoin d'elle, il en avait tellement besoin qu'il sentait sa vie le quitter si jamais il s'éloignait un peu trop. Et après une intense réflexion il comprit. Il l'aimait. Il avait osé retomber là-dedans, aussi faiblement qu'il était tombé amoureux la première fois. Il sentait ce sentiment l'envahir et il se sentait incapable de le cacher plus longtemps. Ce n'était peut-être pas le moment parfait, ni le moment adéquate, mais il l'avait dit. Il n'attendait pas de réponse, il ne voulait pas savoir si elle ressentait la même chose. Il voulait simplement le dire, lui faire comprendre que lui, il l'aimait toute entière. Que lui, il lui offrirait toujours sa main. Il se senti tremblait, comme si son corps comprenait ce que son coeur vivait.
Soudain, il eut la sensation qu'Ally s'éloigner. Qu'elle prenait du recul et qu'elle partait au loin. C'était peut-être la drogue qui faisait ça, ou peut-être était-ce réellement le cas. Le silence qui s'installa ne lui prédisait rien de bon, mais il préférait ce silence à autre chose. Son coeur s'arrêta cependant quand il entendit Ally de nouveau. Il ne réalisa pas tout de suite ce qu'elle lui avoua, avant de finalement relever le regard vers elle. Elle ne le fixait pas lui, elle fixait ses mains. Elle était ailleurs, sans doute revivant cet instant où elle avait perdu sa soeur. Attentif, il avait l'impression de ressentir parfaitement ce qu'Ally ressentait. Comme s'il était capable de partager son chagrin et sa peine. Elle lui disait que si elle faisait ce qu'elle faisait aujourd'hui, c'était à cause de ce qui s'était passé. A cause du fait qu'elle avait tué sa soeur. Sa propre soeur. Cela devait être terrible. Benjamin comprenait bien qu'elle n'avait pas voulu ça, qu'elle avait plutôt subi ça. Il voyait dans ses yeux qu'elle essayait de pas se laisser submerger par les larmes. Elle continua à parler, sans s'arrêter et Benjamin l'écoutait, sans jamais la lâcher du regard. Elle rajouta qu'elle n'était pas californienne, qu'elle avait tout abandonné à cause de ça. Et puis finalement, elle ajouta qu'elle l'aimait, elle aussi et Benjamin cru que son coeur allait exploser.
Elle ne voulait pas qu'il aime quelqu'un qu'il pensait connaitre. C'était ce qu'il avait vécu avant, ce qu'il était persuadé de ne pas vivre aujourd'hui. Mais Ally, il semblait la connaître par coeur. Malgré tout ce qu'elle venait de lui dire, rien n'avait jamais changé. Elle se releva, le quittant aussitôt pour s'allonger dos à lui, de son côté. Lui ne bougeait pas, essayant de comprendre tout ce qui venait de se passer. Essayant de retenir ses émotions et de laisser la drogue partir au loin.
« - Ce n'est pas de ta faute. Je sais pas ce qui s'est passé, mais je sais. Je sais que c'est pas de ta faute. » C'était apparus comme un murmure. Un long soupir qui sortait du plus profond de son âme. « - Je sais que tu ne l'aurais jamais laissé mourir, n'est-ce pas ? C'est juste.... arrivé. C'est tout. Non, tu n'es pas une meurtrière. Si tu n'es pas considérait comme responsable, c'est pour une raison valable. Elle n'est pas morte par ta faute. Tu... » Il se leva, avec beaucoup de violence, avant de se retourner et de regarder Ally.
« - Tu sais ce que c'est d'être un meurtrier ? C'est d'avoir, à un moment donné, le choix de prendre la vie de quelqu'un. C'est d'avoir un flingue pointer vers une personne et décider de tirer. » Il ricana bêtement un instant. « - Je peux pas t'en vouloir, Ally. Je peux pas t'en vouloir pour une chose que j'ai fait plus d'une fois. Et ne me dit pas que c'est différent. Que c'est de l'auto-défense, ou que le type en face de moi le mérite parce que c'est un criminel. Aucune raison au monde ne peut justifier qu'à un moment donné j'ai jugé que la bonne chose à faire c'était de tuer. Et rien de ce que tu me diras ne changeras ce que je ressens pour toi. Tu as tué, bien. Moi aussi. Tu veux continuer ? Tu veux faire une liste ? Je t'aime Ally, je t'aime comme si c'était d'un seul coup ma seule façon de vivre. Tu peux être la pire fille au monde que j'ai l'impression que ce sentiment s'en ira jamais. Alors ne me tourne pas le dos, veux-tu. » Il continuait de tremblait, le monde était en train de s'écroulait autour de lui. Plus calme, sans pour autant perdre l'émotion qui le submergait, il rajouta :
« - Tu es la première personne depuis bien longtemps qui me donne l'impression d'être vivant, princesse. »
Aujourd'hui, il avait appris que son père était à l'hôpital. Que l'homme qui n'avait jamais été là et qui avait toujours voulu que Benjamin soit à son image, ce même homme que Benjamin haïssait tellement, cet homme-là était en train de mourir. Et l'espace d'une seconde, d'une fraction de seconde, alors qu'il était au téléphone, Benjamin avait ressenti cet amour paternel qu'il avait longtemps nié. Et durant ce même instant, il regrettait qu'une partie de lui aime cet homme qui n'avait vu en Benjamin qu'un objet de plus dans sa collection.
Invité
Invité
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Mar 25 Nov 2014 - 4:42
Dreams start their drifting and you hear a lullaby... You and I. Trees touch windows, say their hellos, hear this house as it settles in. Worry slips away it don't know your name, it don't know where to find us...
Ally n'avait jamais été une sentimentale. Pas que ce soit volontaire, mais c'était toujours comme ça qu'elle avait vécu : sans autres attaches réelles que sa famille. Elle n'en avait pas réellement eu besoin non plus : sa famille avait toujours su la combler, même avec ses hauts et ses bas. Des personnes étaient rentrées et sorties de sa vie au fur et à mesure qu'elle grandissait, mais Ally n'avait jamais su accorder de place spéciale à une meilleure amie ou à un mec avec qui elle se verrait vieillir. Elle vivait la vie au jour le jour, sans se soucier de qui aurait disparu du paysage le lendemain, parce qu'elle avait grandi avec cette idée que la vie était ainsi faite, et qu'il y aurait toujours de nouvelles rencontres pour l'aider à avancer. Et puis, cet épisode avait ébranlé la seule base qu'elle se connaissait : sa famille. Lorsqu'elle était arrivée à Huntington Beach, elle s'était laissée entraîner malgré elle dans une relation qu'elle n'aurait même pas imaginé des années plus tôt, et c'était Jagger qui lui avait fait comprendre que tout ce qu'elle avait pris pour des mensonges existait bel et bien : l'amitié, la vraie, qui vous lie à une personne, existait. Pourtant, pour Ally, se rendre compte de ça était déjà un énorme pas en avant. Elle n'avait pas eu peur pour autant de dépendre autant d'une personne, parce que les choses s'étaient faites naturellement. Mais lorsque Cohen était entré dans sa vie, ça avait été une autre histoire. Parce que même si ce qui les liait était tout aussi naturel, il y avait une ampleur toute nouvelle. L'amour, avouons-le, avait toujours été considéré comme la Rolls des relations, et c'était pour cette raison toute particulière qu'Ally était loin d'être prête à admettre qu'elle pourrait être liée, de loin comme de près, à ce genre d'aventures. C'était une pression toute particulière que d'admettre s'attacher à une personne au point de vouloir passer le restant de ses jours avec. Parce que voilà ce semblait impliquer l'amour. Un attachement profond qui se décline en toute une palette d'implications plus ou moins contraignantes. Et de toutes ces implications, Ally, sans même s'en rendre compte, redoutait par-dessus tout cet attachement qui vous rendait vulnérable vis-à-vis de cet être spécial, qui, dans le cas présent, n'était autre que Cohen. Elle n'avait jamais vraiment cru en cette possibilité de rencontrer un homme et vouloir quelque chose d'autre de lui que du plaisir charnel. Aussi, quand elle avait rencontré Cohen et même appris à le connaître, elle ne savait absolument pas à quoi s'attendre. Quelque chose de bizarre s'était passé entre eux, comme si une complicité inattendue était née de nulle part, les liant d'une amitié toute nouvelle. Mais il y avait quelque chose. Ce besoin irrépressible qu'avait Ally de le voir et d'être à ses côtés ou d'entendre son rire et ses répliques... Ce qu'elle avait ressenti lorsqu'il s'était confié à elle à la soirée de President Drive ça, elle ne pouvait pas l'expliquer. Ce pincement au cœur qu'elle s'était efforcée de cacher lorsqu'une autre femme s'était imposée face à Cohen, elle ne pouvait pas l'expliquer. Ça dépassait sa raison et son entendement. Et les mois étaient passés, l'air de rien, alors que leur relation ne cessait, quelque part, de s'intensifier. Ally l'avait toujours dans la tête, à se demander ce qu'il faisait, s'il était avec Naya, s'il allait bien, ou même s'il lui répondrait si elle lui écrivait un message à la con. Mais tout ça, elle n'en parlait pas. Tout ça, elle le gardait pour elle. Car le contraire reviendrait à concrétiser quelque chose qu'elle n'était même pas sûre de savoir expliquer, et qu'elle n'était même pas sûre de vouloir expliquer. Son esprit était devenu hors de contrôle, mais ce lâcher prise avait quelque chose de libérateur. Accepter ce que la vie mettait au-devant d'elle. Peut-être qu'au final, elle avait besoin d'une relation comme celle-là. Peut-être qu'au final, tout ce qui lui était arrivé à Huntington Beach était pour le mieux. C'était peut-être ici qu'elle se découvrait réellement. Peut-être parce qu'elle était enfin prête à accepter ce qu'elle n'aurait pas toléré autrefois. Et si Ally avait pourtant partagé un lit avec Cohen à plusieurs reprises, cette soirée apportait encore quelque chose de nouveau. Cette fois-ci, ce n'était pas lui qui prenait soin d'elle alors qu'elle était à peine capable de tenir debout. Elle s'en occuperait avec toute cette tendresse qu'elle éprouvait rien qu'en le regardant. Peu importe comment il était rentré chez elle. Il était avec elle, et quelque part dans son trip, c'était chez elle qu'il avait décidé de venir. Pas chez Naya, pas chez une autre fille, un membre de sa famille ou un ami. Chez elle. Et cette simple réalisation lui faisait miroiter la plus grande des satisfactions. Parce qu'au final, elle ne savait pas ce que cela voulait dire. Elle ne savait pas ce qu'elle espérait. Ce qu'elle avait le droit d'espérer, ce qui était ridicule ou raisonnable de s'imaginer. Alors, pour l'instant, elle parlait, comme à son habitude. Elle le regardait, elle souriait bêtement. Parce qu'il était là, dans son lit, au milieu de la nuit, alors que le tonnerre ne semblait pas encore prêt à leur laisser un peu de répit. « Pourquoi tu parles de mûres ? Tu as faim ? » tentait-il de comprendre, alors qu'elle avait presque oublié elle-même ce qu'elle venait de raconter. « Contrairement à toi, je suis pas un ventre sur pattes. Je parlais de Benny Junior. Et je vais lui parler seulement à lui, toi t'écoutes rien ! » s'offusquait-elle en faisant mine de bouder. Mais la façon qu'il avait d'être perdu l'attendrissait encore plus. Il était totalement confondu, et même si Ally se découvrait une vocation d'infirmière, elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui avait pu le pousser à se mettre dans un état pareil. Rien de ce qui était en train de se passer n'avait l'air réel. Il était complètement perdu, et la scène semblait tout droit sortie d'un rêve, ou d'un film pour filles. L'instant était tellement onirique et hors du quotidien que tout semblait possible. Mais elle était encore loin de se douter de ce qui allait se dire par la suite. Pour l'instant, ils en étaient encore à parler de leur ami. « Benny Junior est parfait. Tu comprendras le moment venu, princesse. Mais je n'ai pas très envie que tu me sautes dessus en le voyant, tu piges ? » Haussant les sourcils avec un sourire taquin, Emma ne cessait de le regarder. Il arrivait encore à promouvoir son pénis, et il retrouvait peu à peu le fil de la discussion. « T'as peur d'Ally la tigresse ? » lança-t-elle, malicieuse, avant d'ajouter : « Et je veux bien attendre le moment venu, mais il vient pas, le moment. Peut-être que je vais devoir aller le chercher moi-même ». Elle lança un coup d’œil au dernier vêtement qui couvrait encore Cohen pour appuyer son argumentation. Mais bon, au final, elle préférait encore qu'il vienne la chercher, même si elle n'avait pas donné de noms aux différentes parties de son anatomie susceptibles d'intéresser la gent masculine. Elle savait aussi se faire désirer, il ne fallait pas croire. Et peut-être encore plus maintenant que l'homme qui était dans son lit était celui-là...
La conversation n'allait pas réellement en s'améliorant. Cohen, au final, était à peu près le même en un peu plus lent, et ce malgré les quelques molécules illicites qui devaient danser la macarena au niveau de ses synapses. En tout les cas, Ally lui annonça un scoop digne des plus grands tabloïds. Oui, Dean Thomas. « J'ai pas vu Harry Potter. » Que venait-il de lui dire ? Le visage d'Ally eut un mouvement de recul. « Je sais qu'on fait pas partie de la génération "j'ai le même âge qu'Harry", mais quand même ! » Se remettant de ses émotions, elle ajouta : « Bah voilà, y'a un p'tit jeune dans Harry Potter, c'est Wes ! » Elle marqua une pause, penseuse, avant de demander, les sourcils froncés : « Ça veut dire que tu sais pas ce qu'est le quidditch ? Et que si je te parle de baguettes, tu les assimileras à des pénis ? » Non, Ally n'était pas fan. Non, vraiment pas -et ce n'était pas ironique. Mais c'était les bases, quoi ! Ally avait vu les premiers... avec Emma. Quand elles étaient encore jeunes, un peu folles, et qu'elles espéraient secrètement recevoir une lettre d'une école de magie américaine. Emma avait toujours eu un crush sur l'acteur qui faisait Harry, d'ailleurs, chose qu'Ally n'avait jamais pu comprendre. L'accent anglais, répétait Emma. Ouais, Mr Bean aussi a l'accent anglais, hein... Mais ce n'était pas maintenant qu'il fallait qu'elle s'emporte sur le sujet et qu'elle s'oublie encore une fois à sa culpabilité. Qu'elle se perdre encore une fois dans ces souvenirs. Cette nuit, c'était à propos d'autre chose. A propos de Cohen et elle qui, encore une fois, se retrouvaient. Parce que c'était ce qui comptait, parce que c'était ce qui lui faisait oublier Emma. Par exemple, en parlant de meurtres -si si, rien de plus efficace que d'oublier un meurtre en parlant d'un autre meurtre ! « J'avais pas remarqué qu'il y avait beaucoup de tableaux... Mais je sais plus... j'me souviens plus de ce que j'ai noté dans le rapport. Mais me semble qu'ils s'étaient juste trompés de porte, tu vois le genre.... Oh, j'ai vu Winnie l'ourson ! » Et si ça, ce n'était pas passer du coq à l'âne... C'était au moins passer du poisson rouge au lama ! « Ouais ouais, il passe de temps à autres. Des fois je lui propose un peu de miel », lança-t-elle en regardant derrière elle pour tenter de visualiser ce brave Winnie. « J'espère que Keith n'a pas eu de problèmes, ça a l'air d'être un mec bien » ajouta-t-elle, réellement sérieuse pour la première fois depuis qu'il était arrivé. « Sinon, pour les tableaux, tu peux toujours aller vérifier, si ça te chante... » Le regard ampli de défi, Ally remua la tête pour se contredire elle-même. « Enfin, non, là maintenant tout de suite, j'ai la flemme de bouger. T'es confortable. Et puis je suis sûre que mon côté du lit est gelé, maintenant. » Eeeeet... on repassait au sexe ! Mais le pire, dans toute cette histoire, c'est que Cohen était sans doute l'homme avec qui elle avait le plus parlé de ça et avec qui elle en avait le moins fait. Ce simple fait ne pouvait qu'attester de la singularité de leur relation -ou en tout cas, du point de vue de la blonde. Et, de toute façon, Cohen semblait bien lui faire comprendre qu'il serait bien le seul intéressé. « Non, c'est juste moi. Les autres s'en balancent je pense. » Mais, bizarrement, Ally ne s'en offusqua pas un seul instant, tout simplement parce qu'elle, elle avait retenu autre chose de cette phrase. « Ohhhh, c'est trop mignon, t'as peur que j'aille voir la concurrence ? T'inquiètes pas, pour l'instant je suis pas encore déçue. Ceci dit, c'est peut-être parce que j'ai pas encore vu Benny Junior... » Le fameux Benny Junior. La star de toutes leurs conversations. « C'est pas Junior pour rien. Il suit ce qu'on lui dit de faire. » Se penchant légèrement au-dessus de lui pour passer sa main sur ses pectoraux parfaitement dessinés, Ally ne put s'empêcher de répliquer. « Je sais pas trop comment je dois le prendre... que tu doives le forcer pour qu'il se réveille ou que tu aies envie qu'il se réveille avec moi. » Elle haussa les épaules et ajouta avec une petite moue : « Tant pis, de toute façon t'as pas l'air décidé pour ce soir non plus... » Comme ça, ça pouvait sonner comme du chantage affectif. Mais en réalité, Ally ne comptait pas saluer Benny Junior cette nuit, car elle avait quelque chose de différent. Parce que Cohen et elle, ce n'était pas du cul, et que là, c'était Cohen et elle. C'était quelque chose de différent, et entre eux, ce sujet qu'était le sexe était devenu presque mystique, au point où s'ils en arrivaient un jour à franchir le cap, les choses prendraient une dimension bien différente de toutes ces aventures qu'Ally avait connues jusque là. Et, encore pour preuve de la particularité du lien qui les liait -si vous en avez encore besoin-, c'était le geste qu'elle venait de faire. Oui, elle venait de le frapper. « Hé, j'suis pas un cafard. » Ally éclata de rire brusquement et brièvement, avant de se calmer suffisamment pour répondre. « Tu frappes que les cafards, toi ? Moi je frappe aussi les chats, les bébés, et les serveurs japonais qui me donnent de la sauce salée. » Elle marqua une pause juste pour mettre de côté la vision qu'elle avait d'un plateau de sushis au saumon. « Et puis, tu serais plutôt une blatte, si jamais tu te demandes. Et je frappe aussi les blattes ». La blonde lui jeta un regard moqueur avant de caresser la joue du policier et d'ajouter, tendrement : « ma petite blatte... » Et à propos de blattes et de cafards, on en était arrivé à parler de licornes -oui, la transition est magistrale, avouez ! « Et ça fait quoi si j'ai jamais vu de licorne ? » Ally haussa les épaules et, sur un ton dramatique, lui expliqua : « tu n'as pas compris le sens de la vie, alors... Mais bon, si tu vois Winnie l'ourson, tout n'est pas encore perdu. »
Et malgré toute cette déconne, ces histoires de licornes, de blatte, de pénis, d'esclavagisme ou de meurtre, ils en arrivèrent à parler beaucoup plus sérieusement. Sans trop savoir comment ni pourquoi, Ally s'était retrouvé beaucoup plus sérieuse et grave, parce que ce qui se tramait lui rappelait drôle l'épisode à la villa d'Ella, avec quelque chose d'encore différent. De plus profond encore. Ils se promettaient avec une sincérité à toute épreuve qu'ils ne se laisseraient pas. Une peur commune, sans doute, qui semblait même s'approcher de la phobie. Mais si Ally avait cette peur bleue de l'abandon et de cette vulnérabilité découverte, elle savait d'ores et déjà qu'elle ne le laisserait pas. Si elle était prête à affronter toutes ces nouvelles choses, ce n'était pas pour le laisser dès que la première complication se mettrait en travers de leur route. Peut-être qu'ils en connaîtraient, des difficultés, mais avec lui, elle avait envie d'essayer. Et même au-delà de cette envie, elle en avait besoin. Pourtant, malgré toutes ces preuves du dévouement le plus total, malgré ces promesses et cet espoir naissant, Ally ne s'attendait clairement pas à ces trois mots, qui raisonnèrent dans la pièce -ou dans sa tête, elle ne savait pas trop. Aucun homme ne les lui avait jamais dits. Et ça faisait bizarre. Ces trois mots l'apaisaient autant qu'ils l'apeuraient, parce que c'était encore une fois un énorme pas en avant. Et si elle était toute retournée de les avoir entendus, imaginez l'état dans lequel elle était rien qu'à l'idée de devoir les prononcer à son tour... Dans sa tête se tramait tout un bordel, qui expliqua le silence qui suivit la déclaration du beau blond. Ally sentait à peine le corps de Cohen trembler sous le sien, peut-être parce que ces frissons se confondaient avec les siens, ou bien qu'elle était tellement perdue et assaillie par des pensées plus contradictoires les unes que les autres qu'elle ne captait presque plus aucune information extérieure. Et là, ces pensées-là avait pris une toute autre direction.
Elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle était un monstre. Elle ne pouvait pas continuer à prétendre et à mentir. Elle ne pouvait pas faire ça à Cohen, tout comme elle ne pouvait plus faire ça à Jagger. Elle était un monstre, mais ne l'assumait même pas, et s'en cachait aux yeux des gens qui comptaient le plus dans sa petite vie. Elle ne réalisa même pas ce qu'elle fit, mais en quelques instants, tout était sorti. Son secret inavouable avait été avoué. Et Benjamin Cohen serait le premier à la détester, la mépriser, la juger... en somme, la traiter comme elle devait l'être. Mais ce n'était peut-être pas si mal : enfin, elle devrait faire face aux faits. Pourtant, la seule idée qui lui venait maintenant qu'elle tournait le dos à Cohen, allongée sur ses draps effectivement gelés, c'était la fuite. Encore une fois. Parce qu'elle n'avait pas la force d'affronter qui que ce soit. Et qu'elle se demandait ce qui lui avait pris de tout dire à Cohen, elle qui avait gardé ce lourd secret pour elle pendant des années. Elle enverrait une lettre à Jagger, lui expliquerait tout, mais ne pourrait pas affronter son regard. Elle n'arrivait déjà pas à le faire à présent, tournant le dos au premier homme qui l'avait aimée. Mais pour ce qu'elle n'était pas...
Elle ne faisait même plus attention à ce qui se passait du côté du lit de Cohen. Il aurait pu prendre la fuite qu'elle ne lui en aurait pas voulu; elle n'aurait pas cette légitimité. Et elle aurait au moins le soulagement de ne pas avoir à lire la déception dans son regard. Pourtant, au bout de quelques instants qui semblèrent une éternité, la voix du policier s'éleva dans la chambre, recouvrant le vacarme de l'orage : « Ce n'est pas de ta faute. Je sais pas ce qui s'est passé, mais je sais. Je sais que c'est pas de ta faute » commença-t-il avant de continuer sur sa lancée. Elle sentit le lit bouger sous le poids du blond. Elle le devinait la regarder, mais ne bougea pas pour autant. Elle continuait de pleurer silencieusement alors qu'il parlait. « Tu as tué, bien. Moi aussi. Tu veux continuer ? Tu veux faire une liste ? » continuait-il sans relâche. Mais quelque part, elle en avait besoin. Et son flot de larmes se calmait. Il n'était pas parti. Il n'était pas parti, et il ne la jugeait pas. Il la défendait. Il la défendait. « Je t'aime Ally, je t'aime comme si c'était d'un seul coup ma seule façon de vivre. Tu peux être la pire fille au monde que j'ai l'impression que ce sentiment s'en ira jamais. Alors ne me tourne pas le dos, veux-tu. » Il le répétait, putain, il le répétait. Il l'aimait, même après ça. Même après qu'elle lui ait avoué être une meurtrière et une lâche, une trouillarde et une déserteuse. Le silence se fit à nouveau pendant quelques instants, alors qu'Ally reprenait peu à peu son souffle. « Tu es la première personne depuis bien longtemps qui me donne l'impression d'être vivant, princesse. » Et cette fois, elle eut le souffle coupé. Tournant doucement la tête et les épaules pour le voir à côté d'elle, Ally le fixa bêtement, les yeux embués et les joues encore humides. « Ben... » lâcha-t-elle d'une voix chevrotante. « Pourquoi moi ? Tu peux avoir toutes les femmes que tu veux... » Elle ne comprenait pas, mais elle n'arrivait même pas à réellement avoir envie d'entendre la réponse. Elle glissa lentement pour se retrouver sur le dos et passa une main timide sur la joue de Cohen, accoudé à ses côtés. Un faible sourire éclaira son visage. « Je t'aime, Benjamin Cohen » avoua-t-elle une nouvelle fois sans réellement comprendre comment elle avait la force de se montrer si vulnérable. De toute façon, elle avait dépassé tous les seuils de la vulnérabilité, là... « Et je suis là. Alors, prends plus ces saloperies pour te sentir vivant. Je suis là, peu importe ce qui a pu se passer ou ce qui peut se passer, ou ce qui t'a donné l'impression que tu avais besoin de prendre ces trucs. Je suis là... » répétait-elle. « Je t'aime, je t'aime, je t'aime », répéta-t-elle alors que les larmes lui montaient de nouveau aux yeux. Putain, elle l'aimait. Et elle comprenait enfin ce que cela voulait dire. Il l'acceptait pour ce qu'elle était, ce qu'elle avait fait. C'était un sentiment tout nouveau de liberté de se rendre compte qu'elle pouvait vivre avec cette culpabilité, et même apprendre à l'accepter, et à la transformer en un deuil dont elle avait besoin. Son regard s'était posé sur les lèvres du beau blond, et, sans savoir d'où ça sortait, elle souffla : « approche... » Elle glissa son index sous le menton de Cohen, comme pour lui faire comprendre ce dont elle avait envie pour cet instant. Et pour une fois, ce n'était pas de sushis. Putain, elle l'aimait.
Benjamin L. Cohen
BAD COP
› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Sam 13 Déc 2014 - 21:02
(post perdu)
Dernière édition par Benjamin L. Cohen le Sam 24 Jan 2015 - 17:51, édité 2 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Lun 15 Déc 2014 - 5:48
Water is my eye, most faithful mirror, fearless on my breath, teardrop on the fire of a confession.
Ally n’avait jamais été simple aux yeux des autres. Un brin imprévisible, cynique, mais surtout souriante, quelles que soient les circonstances. Elle avait toujours considéré l’humour comme la plus efficace des armes contre la morosité, mais la vérité était qu’elle n’avait probablement jamais connu le vrai chagrin pour croire une chose pareille. Elle avait été conne et aveugle. Le sourire n’était pas la réponse à tout. On ne vivait pas dans un talk-show. La réalité était bien trop cruelle pour qu’on puisse y survivre sans aucune blessure. Le poids de la culpabilité l’avait accablée d’un coup, et ne l’avait jamais quittée. Le sol s’était effondré sous ses pieds, et plus rien ne lui apportait de sérénité. Même lorsqu’elle était arrivée à Huntington Beach, il lui avait fallu se forcer à oublier pendant un moment. Se forcer à tout recommencer, comme si rien ne s’était produit. Mais le passé était toujours réel, même si elle avait décidé de le vivre à l’autre bout du pays. Elle s’en rendait compte maintenant, et peut-être qu’il n’était pas trop tard pour accepter. Les choses avaient changé en Californie. Ici, quoi qu’il arrive, elle se sentait entourée, comprise. L’effet qu’avait Jagger sur elle, sans doute, mais elle en venait à penser que cette nouvelle vie lui avait apporté toute cette liberté dont elle n’aurait pas eu idée quelques années auparavant. Elle en avait eu besoin, de ce nouveau départ. Et même si elle ne l’aurait pas deviné à l’époque, elle avait eu besoin de ces rencontres. De ces personnes dans sa vie… celles qui faisaient maintenant partie de sa famille. Elle avait eu besoin qu’on l’apprécie pour ce qu’elle était, mais, au-delà de cela, qu’on l’accepte vraiment. Qu’on lui prouve qu’elle n’était pas juste cette bonne copine souriante qui avait toujours réponse à tout et que l’on pouvait mettre dans son lit sans grande difficulté si on était un mâle au charisme non discutable. Mais ici, elle était autre chose que ça. Elle s’était reconstruite autour de cette certitude, malgré tout fragile, qu’elle valait plus que tout ce qu’on avait pu penser d’elle à New York ou à Boston. Elle n’était plus cette étudiante lambda qui racontait des blagues graveleuses entre deux bières après le service ou les examens. Ici, elle avait été une étudiante qui avait su se détacher de son rêve de chirurgienne pour aimer ce qu’elle faisait. Elle avait continué dans cette lancée, ignoré les réflexions et trouvé un certain plaisir, peut-être étrange, à découper des corps morts. Elle s’était habituée à l’embrun marin, au vent qui soufflait parfois fort en pleine ville, à cet air estival qu’avait toujours Huntington Beach. Les gens, ici se détachaient plus des préjugés qu’ils ne semblaient le faire dans le nord-est du pays. Ou peut-être était-ce juste elle qui s’était découvert une confiance, une sensation de devenir peu à peu cette personne dans la peau dans laquelle elle se sentait la plus confortable. Mais pourtant, ce putain de mensonge restait omniprésent dans sa vie. Un mensonge par omission, se forçait-elle à croire alors qu’elle développait des liens de plus en plus étroits avec des Californiens sans leur révéler les raisons de sa venue. Le boulot et le besoin de changement, disait-elle toujours pour se justifier. Le soleil, l’océan et les palmiers. C’était les mensonges qui l’empêchaient de ressentir cette totale liberté, mais maintenant que la vérité apparaissait peu à peu, Ally n’arrivait pas réellement à comprendre comment sa vie pourrait s’en porter mieux. Elle ne ferait que reporter ici le problème qu’elle avait rencontré à Boston : le jugement. Ce ne serait pas ses parents, ce ne serait pas ses collègues, et personne n’aurait vécu cette histoire de près… mais les faits étaient là. Et si elle les racontait comme il se devait, la situation deviendrait limpide : elle avait été incompétente. Froussarde. Elle n’avait pas réussi à sauver Emma, directement ou indirectement, et elle n’avait même pas eu le courage d’aller la voir se faire enterrer. Elle n’avait pas supporté l’idée de la perdre à tout jamais, alors elle avait simplement fui. Et, par-dessus, elle n’avait pas eu le courage d’affronter le regard et la douleur de ses parents. Voilà ce qu’elle allait revivre ici si elle expliquait. Pourtant, cette nuit avait quelque chose de bien particulier, un peu comme si elle n’était plus à Huntington Beach, pas plus qu’à Boston. Dans son lit, avec Cohen, elle était dans ce petit monde qui semblait se construire dès qu’ils étaient tous les deux. C’était ce même monde qu’ils avaient traversé lorsqu’il l’avait prise dans ses bras, simplement parce qu’elle n’avait pas la force de rentrer à pieds après la fête d’Ella. Et ce monde-là, il était tout doux. Pas niais et rose, rempli de licornes et d’arcs-en-ciel, mais tout doux. Chacun des deux portait le poids de ce qu’ils n’osaient pas se dire, mais lorsqu’ils étaient ensemble, la gravité paraissait plus légère, et le poids de sa conscience un peu moins écrasant. Ally ne comprenait pas pour autant ce qui se passait, mais elle en profitait de chacun de ces moments pour s’apaiser ; et lorsqu’il n’était pas là, tout redevenait plus accablant. Ces sensations n’étaient pas médicales, pas plus que scientifiquement explicables. Ally ne se droguait pas, mais cette simple présence de Cohen à ses côtés avait un effet antalgique, presque euphorisant. Elle en avait déjà oublié la peur bleue qu’elle avait eue à son réveil en réalisant que quelqu’un avait pénétré son appartement. Malgré tout, Cohen, cette nuit, n’était pas tout à fait Cohen. Car si Ally avait réussi à rester loin de substances illicites, cela ne semblait pas être le cas du policier. Peut-être que l’accès lui était plus simple, aussi. Et elle n’avait pu s’empêcher de se demander si c’était seulement sa consommation qui l’avait fait venir ici, ou s’il y avait toujours une part de conscience qui primait sur ses gestes et ses envies. Il lui voyait une tiare sur la tête, peut-être que quelqu’un avait finalement accepté cette royauté qu’elle imposait à tout le monde ? Encore une preuve que quelque chose de spécial se passait entre eux. Depuis leur première rencontre, sans doute, même s’ils n’étaient à l’époque pas du tout près à l’admettre. Pourtant, ils avaient toujours joué franc jeu. Lui était de ceux qui ne pouvaient s’empêcher de relever le contraste entre Ally et sa spécialité médicale, et elle, pour sa part, semblait avoir développé comme seules obsessions dans sa vie les pectoraux et le pénis du blond. Aucun ne se formalisait de ces jugements, pourtant, ils n’avaient même de cesse de les répéter et de jouer avec sans que cela n’épuise cette étincelle qui était née entre eux. Une étincelle, mais attention… pas de coup de foudre niais et sans intérêt. Ce qui se passait là était beaucoup plus subtil, à peine perceptible, même. Pourtant, cette chose-là, quelle qu’elle soit, était douce, et c’était tout ce qui comptait. Peu importe quelle explication on pouvait lui donnait. « Tu iras rien chercher du tout. Le moment venu, c’est le moment venu, ça se fait tout seul, c’est écrit par avance », répliquait-il devant le regard étonné de la blonde, « c’est magique, imprévisible. Et avant même que tu t’en rendes compte, bam ! Benny junior fera admirablement son travail. Enfin bref, tout ça pour dire qu’en tigre tu aurais une sale tronche. » La jeune femme avait haussé un sourcil, n’en revenant pas de ce qu’elle venait d’entendre. « OHHHHHhhHHHH en fait t’es un grand romantique ! » le chambra-t-elle, prenant un air attendri. « Le prince Benjamin Cohen attend sa princesse ! Ce sera pas du cul avec elle, tu lui « feras l’amour » ! Avec passion et tendresse ! » Elle lui fit une petite moue taquine avant de reprendre, dans un tout autre registre. « Je t’emmerde. Je préfère avoir une sale tronche en tigresse sexy plutôt que le corps d’un vers de terre me soit flatteur. Ça voudrait tout dire sur ma tronche. » Drôle d’idée, me direz-vous. Mais elle repensait à présent à ce que Cohen avait dit, ce qui avait déclenché en elle une vague de moqueries. Soit elle venait de découvrir une nouvelle facette de lui, soit il la chambrait lui-même. Dans tous les cas, la blonde se surprenait à penser que si jamais elle en viendrait à connaitre du sexe qui ne serait pas juste du sexe, ce serait avec lui. Mais elle chasse bien vite l'idée de sa tête, effarée d'un tel raisonnement. Les choses étaient évidentes : ils comptaient l'un pour l'autre, et entretenait une relation toute particulière. Mais quelle était-elle au juste ? Jusque-là, ils ne s'étaient pas tracassés à la définir et à lui coller une étiquette. Il y avait ce jeu qui ne cessait pas, pourtant. Ils se tournaient autour sans jamais dépasser cette frontière invisible qui rendait la partie encore plus amusante.
« C’est un sandwich ? » répondait maintenant Cohen alors qu'ils parlaient Harry Potter. Hein, sandwich, de quoi ? Ah, baguette ? « Non, c'est un pénis. Tu suis vraiment rien », souffla-t-elle avec un faux air excédé, espérant le perdre un peu plus -parce que c'était marrant, quand même, avouez-le. Harry Potter n'était pas tout à fait de la génération de la blonde, mais elle et Emma avaient toujours eu pour tradition de se faire les films ensemble. Emma devait finir à Serdaigle, et elle à Gryffondor. Elles avaient faits plein de tests savants et parfaitement scientifiques sur internet pour le confirmer. « Tu es trop gentille » dit-il le plus sérieusement du monde alors qu'elle décrivait rapidement les visites de Winnie l'ourson. Un gourmand, celui-là. « Je sais, et comme je reçois bien mes invités, je te proposerais bien une baguette à manger, mais tu sais, vu que c'est un pénis, tout ça... » Elle se pinça la joue et émit un petit son attristé. Bientôt, ils en vinrent à débattre sur tous les tableaux qui ornaient le mur de son appartement. Un vrai Poudlard, chez elle. Mais il n'était pas question de bouger pour le lui prouver : tout d'abord parce que c'était totalement faux, mais aussi et peut-être même surtout parce qu'elle ne voulait pas bouger. « T’inquiète. J’ai la flemme aussi. Et puis, j’vais pas mentir, c’est bien de t’avoir au-dessus... » Hmm. Intéressant. Avec un sourire en coin, elle commenta. « Quelque chose me dit que t'es en train d'essayer de me donner des indices pour tes positions préférées... Paresseux ! » Et en parlant de cul -de toute façon, c'était visiblement leur sujet préféré... « La concurrence ? Quelle concurrence ? Y’a que moi là... » Le dos d'Ally se courba sous l’abattement. Elle fronça les sourcils et fit une moue, attristée par l'acharnement de Cohen. « Tu fais exprès ma parole... Tous mes prétendants sont dehors pour l'instant... ils me laissent quelques offrandes et attendent patiemment leur tour. » Elle se redressa et lui asséna un sourire aguicheur. « Chaque seconde compte pendant un entretien. A toi de tirer le meilleur parti du temps qui te reste, Cohen. » C'était le moment venu, ça ? Aucune idée. « T’essayerais pas de me chauffer là, par hasard ? » Ally haussa les épaules et se redressa, vexée. « Tout ça pour me faire croire que je te fais pas effet. Si c'était le cas, tu serais même pas intéressé par la place d'esclave sexuel. Y'a rien d'autre à gagner dans ce job qu'une rémunération en naturel, j'espère que t'en es conscient. » Et puis, Benny Junior, encore et toujours, toujours et encore... « Ce que tu dois comprendre c’est qu’il n’a jamais déçu qui que ce soit. » Retrouvant un sourire malicieux, la blonde rétorqua, la tête haute : « je suis pas qui que ce soit, je suis une princesse. Et puis à force de m'en parler je vais croire que c'est un mythe dont tu vantes la grandeur, comme le grand méchant loup, et qu'il existe pas. Je veux des preuves, monsieur Cohen. DES PREUVES. T'es un flic, tu devrais comprendre. Chez moi, on appelle ça des démonstrations. DES PREUVES. »
Et cette fois, on parlait de violence. Et avec le flic qu'était Cohen, ce n'était pas forcément une mince affaire. C'était même une affaire qui avait trop mangé de donuts. « Les bébés ? Tu frappes les bébés ? Mais tu es un monstre ! » Le sérieux du jeune homme la laissa perplexe quelques instants. Cohen serait donc un monsieur à bébés ? De là à ce qu'il lui annonce qu'il avait lui-même déjà procrée... non, non ! « Y’a pas plus chou qu’un bébé. Bon d’accord, ça te vomi dessus toutes les cinq minutes et ça pue comme dans le cul d’un éléphant, mais quand même. C’est trop mignon ! Tu peux pas frapper les bébés. Non. » Il semblait camper sur ses positions. « En général c'est plutôt quand je parle du japonais qui me sert de la sauce salée que les gens sont choqués, mais soit. Benjamin Cohen aime les bébés. Quitte à parler d'animaux de compagnie, je préfère les ratons-laveurs. » En réalité, Ally n'avait jamais réfléchi aux bébés. Elle n'en avait croisé que lorsqu'elle était en stage en pédiatrie, mais son travail s'arrêtait aux soins. Dans sa tête, ce n'était pas pour elle -à moins d'un accident. C'était mignon... chez les autres. A temps plein, pas question. L'occasion ne lui en serait probablement jamais donnée, de toute façon, alors pourquoi se torturer sur le sujet ? « J'arrive pas à t'imaginer devant un bébé. Avec un bébé... en fait, j'arrive pas à concevoir une phrase qui vous inclue tous les deux. » Cohen gaga des bébés ? Il y avait comme un bug dans la matrice. Elle ne s'était jamais posé la question de la vision qu'il avait des bébés, après tout. « T'en connais ? Je veux dire... moi, en vrai, je crois que j'aurais peur des bébés. Ça casse, ces trucs-là. » Elle eut un sursaut brusque. « HAA t'as failli m'avoir ! C'était ta façon de me faire des avances ! » Elle tendait un index accusateur sous le nez du blond. « Tu sais les bébés c'est pas dans mes projets immédiats, si tu me promets de l'orgasme c'est tout aussi bien ! » Fière d'avoir déjoué le piège, Ally partait déjà dans un débat sur les insectes. « Je répondrais jamais si tu m’appelles comme ça dans la rue. Je te préviens » se défendait-il. « Je sais que ça peut décrédibiliser un flic dans la rue, mais c'est affectueux, ma petite blatte ! Je suis sûre que pendant nos ébats, ça te stimulera ! » Lui tendant le cou et accompagnant son geste de quelques mouvements de hanche significatifs, elle ajouta d'un ton sans équivoque : « oh, oui, ma blatte ! » -et si cette scène vous rappelle quelque chose, Ally n'était pas du tout du genre à imiter aléatoirement des orgasmes au milieu d'une conversation, non non. Et, puisqu'elle était la reine pour passer du coq à l'âne, les voilà qui parlaient à présent de licornes... « Ok… bah si un jour je vois une licorne, je t’appelle. » Satisfaite, Ally acquiesça. « Ca marche, mais attention, elles sont souvent timides et furtives ! Au pire tu m'envoies une photo. Je sais pas si elles acceptent les selfies, mais tu peux toujours la paparazzer. »
Un nouvel éclair illumina la pièce. Le grondement retentit quelques instants plus tard, mais Ally n'avait plus vraiment peur. Elle n'était pas seule, cette fois-ci. Les orages étaient si rares en Californie, et elle ne pouvait que s'estimer heureuse que lorsque l'un d'eux frappe, un homme soit allongé à côté d'elle. Cohen, plus particulièrement. Dans leur bulle, l'orage ne pouvait pas frapper, il n'était pas dangereux et rien de mauvais ne pouvait leur arriver. Serait-ce pourtant dangereux d'annoncer que la suite de la conversation vira à quelque chose de beaucoup plus sérieux ? C'est lui qui lança ses confessions le premier, et c'est lui qui creva cet abcès qui n'avait cessé de prendre de leur ampleur sans même qu'Ally s'en rende compte... Un an peut-être qu'ils se connaissaient à présent, mais c'était sans aucun doute une des premières fois où le ton était si sérieux. Ça aurait pu être aussi flippant que l'orage qui ne cessait de gronder à l'extérieur, mais il y avait eu ces quelques mots qui avaient tout changé... tout. Ils avaient déclenché en Ally quelque chose de tout nouveau. Enfin, elle comprenait ce qui lui arrivait. Ou plutôt, elle n'en avait plus aussi peur. Elle pouvait se permettre de se l'admettre : elle était amoureuse. La plupart des femmes tombent amoureuses une toute première fois durant leur adolescence et connaissent alors leurs premiers émois amoureux, mais Ally n'avait jamais eu ce privilège. Elle ne s'était attardée sur le sujet des garçons que lorsqu'elle avait réellement compris ce qu'était le sexe, mais l'engagement le plus long qu'elle avait vécu avec un homme était celui qu'elle avait entretenu avec le propriétaire du restaurant japonais de sa rue bostonienne. Une fidélité sans failles qui n'avait pas eu les répercutions attendues puisqu'il l'avait trahie en mettant la clé sous la porte quelques années plus tard, lorsqu'elle était revenue de New York. Il y avait bien eu Cooper, qui était sans doute l'homme avec qui elle avait partagé le plus de parties de jambes en l'air, mais il n'y avait jamais eu... ça. Cette chose, là, qui se profilait enfin. Et elle en tremblait, parce qu'elle réalisait toutes ces choses. Elle réalisait que Cohen n'était définitivement pas n'importe qui à ses yeux, et qu'il ne le serait jamais ; elle ne voulait pas qu'il le soit. Elle réalisait aussi qu'elle était prête à laisser de côté cette peur qui l'avait laissée mettre de côté toutes ces choses-là depuis des mois. Elle réalisait que quelque chose de nouveau naissait ce soir, et qu'elle ne serait plus jamais cette Ally qu'elle avait été en allant se coucher en rentrant du travail. Cette nuit, elle franchissait à tâtons les barrières qu'elle s'était imposées. Si Huntington Beach lui avait permis de se redécouvrir et de renaître, si Huntington Beach lui avait apporté Jagger, alors qui d'autre qu'Huntington Beach pouvait lui promettre que tout irait bien ? Oui, tout irait bien. Il paraissait que l'amour, c'était beau. Conneries, ouais. C'est ce qu'elle aurait dit des mois en arrière. Pourtant, elle avait la première témoin de ce qui s'était tramé entre sa meilleure amie et Donovan. Peut-être était-ce réellement son tour... et tous ces signes n'avaient de cesse de lui montrer que tout irait bien. Que cette aventure dans laquelle elle allait s'embarquer serait toujours aussi douce, parce qu'elle ne ferait que renforcer cette bulle de savon avec des parois en verre, beaucoup plus solides et résistantes.
Mais toutes ces résolutions s'effondrèrent aussi vite qu'elles étaient nées. Parce qu'Ally serait toujours rattrapée par son passé, et qu'elle ne comprenait maintenant mieux que jamais. Elle était un monstre, voilà ce qu'elle était. Pas de ces monstres tout droit sortis de films d'épouvante... Non, elle était de ces monstres que vous croisez tous les jours dans la rue sans vous en rendre compte. Mais elle se cachait si bien que même les personnes dont elle était la proche n'en avaient aucune idée. Il y avait toujours cette même peur, loin d'être ridicule, de se retrouver seule à nouveau. Elle devrait vivre avec ce poids toute sa vie, à présent. Peut-être qu'elle vivrait cette vie sur les routes, à rejeter toute sorte d'attachement pour ne pas lire la déception, le jugement et le dégoût sur le visage. Car elle n'avait pas su sauver sa sœur, et qu'elle avait eu le réflexe le plus abject qui soit : elle avait abandonné ses parents. Sur le coup, elle s'était forcée à croire que ce serait mieux pour eux comme pour elle, mais la vérité se faisait plus claire quelques années plus tard. Elle l'avait fait pour elle. Parce qu'elle n'aurait pas su vivre avec ce regard qu'ils auraient posé sur elle jusqu'à la fin de leurs jours. Pourtant, ils auraient été dans leur juste droit, et ça, elle le savait déjà à l'époque. Ce qu'elle n'avait pas réalisé était que ça ne leur aurait pas donné cette sensation d'abandon supplémentaire qu'ils avaient du vivre lorsqu'ils s'étaient rendu compte qu'elle ne reviendrait pas. Et tous ces mensonges et ces magouilles, elle n'avait pas le droit de les faire vivre à Cohen. Pas maintenant. Pas maintenant qu'il se confiait et lui avait ces trois mots qu'aucun homme ne lui avait pourtant jamais dits... Elle ne pouvait plus surfer sur cet égoïsme. Alors elle avait répondu en s'effondrant, trahissant toute cette culpabilité pour la toute première fois, plus de deux ans plus tard. Tout ce discours avait été répété des dizaines, voire des centaines de fois au fil des ans, mais jamais elle n'avait osé les prononcer... et à l'oral, ils semblaient encore plus cinglants que dans son esprit. Plus transperçant, plus douloureux. Ils venaient de prendre une dimension toute nouvelle, et Ally n'avait pas su prétendre plus longtemps. Elle était en pleurs, et n'avait même pas pu soutenir le regard de Cohen, se forçant à s'écrouler à côté, dos à lui. Il allait partir, elle le savait, et c'était tout ce qu'elle méritait. Il allait peut-être même se laisser la liberté de retrouver ses parents et de ls contacter lui-même, puisqu'elle n'était pas capable d'être une fille correcte d'elle-même. Elle se retrouverait seule et n'aurait plus d'autre choix que de se confronter à ses parents. Mais elle n'était pas prête, non, elle ne l'était pas... et en réalité, maintenant qu'elle serrait fort les yeux en pleurant silencieusement, elle réalisait qu'elle n'avait même pas été prête à admettre la dure vérité à Cohen. Cohen qui était différent... et qu'elle ne voulait pas perdre. Non, elle n'était pas prête à le perdre. Non, laissez-le moi, suppliait-elle. Après Cohen, elle le savait, ce serait Jagger. Ce serait Donovan, Hendrix, et puis les gens du boulot. Tout le monde la regarderait différemment, comme une meurtrière ou une lâche, et... et puis après ? La fuite ? Non, il n'y avait plus d'issue. Et pour commencer, pour démarrer ce calvaire, il allait partir. Elle attendait que le matelas bouge sous le poids des muscles qui allaient le quitter, mais rien. Silence. Il n'y avait que ce putain d'orage qui continuait à faire son show, et pour le coup, à dramatiser encore un peu plus la situation. Finalement, elle le sentit bouger derrière elle. Mais rien de ce qui se passa ensuite ne correspondit à ses attentes, même les plus folles. Il lui avait parlé, doucement, avec cette compréhension qu'elle n'avait jamais osé espérer de quiconque. Elle avait cessé de geindre presque aussitôt, apaisée par les mots du blond, comme une enfant que l'on berçait après un cauchemar. Et elle s'était retournée, tout doucement, le visage humidifié par ses lèvres. Putain, elle l'aimait. Elle l'aimait. Et elle n'avait plus peur de le dire. Maintenant et avec lui, elle n'avait plus peur de rien. Elle l'aimait, et elle pourrait le lui répéter autant de fois qu'il le faudrait. Et les réponses du blond ne se firent pas attendre. Ce sourire, tout d'abord, et puis... Ce baiser.
Enfin. Leurs lèvres s'étaient rencontrées avec douceur, et elle était transportée dans quelque chose d'extraordinaire. C'était sans aucun doute la première fois qu'elle ressentait tout ça. C'était probablement cela que tout le monde qualifiait de réel baiser d'amour. Il portait une nouvelle dimension qu'elle n'avait jamais observée auparavant. Enfin, ils s'embrassaient. Et enfin, elle réalisait qu'elle attendait ça depuis si longtemps... Sa main s'était doucement portée à sa joue, puis dans son cou. L'instant était parfait. Elle se plongeait corps et âme dans cet avenir qui semblait s'offrir à eux dès ce moment. Ce baiser dura à la fois longtemps et pas assez, et Ally aurait pu mourir en cet instant qu'elle aurait eu l'impression d'avoir enfin vécu le point culminant de sa vie. Lorsque leurs lèvres se séparèrent, ils se fixèrent quelques instants, presque étonnés de ce qui venait de se produire. Elle ne pleurait plus, mais ses joues portaient encore la marque de son chagrin, et ses cheveux ébouriffés semblaient mettre au défi cet amour que Cohen lui avait déclaré. A présent allongée sur le dos avec le visage de Benjamin au-dessus du sien, Ally n'osait plus bouger. Elle le regardait, tout simplement, son regard planté dans le sien. Mais sans attendre plus longtemps, elle décolla sa tête de son matelas pour venir arracher un autre baiser au blond. Sa main droite s'était plaquée dans son dos nu, et lorsqu'elle s'écarta, elle ne put s'empêcher de souffler avec un sourire amusé : « alors, c'est le moment venu ? » Sa main gauche remonta doucement sur son visage alors qu'elle l'imprimait sur sa rétine. « T'es pris en période d'essai, Benjamin Cohen. » Apaisée, Ally en venait presque à oublier le principal. « T'as le droit de virer les concurrents dehors, tu m'as offert la plus belle des offrandes. » L'écoute, la compréhension, une épaule... et le baiser le plus magique qu'elle avait jamais vécu. Toujours dans un murmure, elle demanda : « Tu restes cette nuit, hein ? » Son pouce glissa doucement sur les lèvres du jeune homme. « Je t'aime... » répéta-t-elle encore une fois, comme pour se convaincre que le monde ne se finissait pas de tourner dès qu'elle l'admettait, mais aussi et surtout parce que cette liberté qu'elle ressentait en l'admettant n'était qu'une preuve supplémentaire de bien-fondé de cette confession-là. Son regard bleuté se promenait des prunelles de Cohen à ses lèvres, à son regard à nouveau... « Reste. »
Benjamin L. Cohen
BAD COP
› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Sam 24 Jan 2015 - 17:50
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
Son père était malade. C'était suffisant pour lui donner une raison valable de prendre des conneries. Non pas que c'était sa première consommation, mais cette fois, il aurait peut-être pu éviter. Il aurait pu dire non. Le problème c'était qu'il ne ressentait rien. Son père allait peut-être mourir et une part de lui s'en fichait royalement. Quelque part c'était ce qu'il avait toujours voulu : puisque je n'existe pas pour toi, tu n'existes pas pour moi. Et d'un autre côté il se rendait compte qu'après tout ce temps, lui et son père en était au même point. Pas la moindre fierté, pas le moindre amour. Comme s'il n'avait jamais réussi à atteindre l'homme de glace qu'était Andrew Cohen. Peut-être aurait-il dû faire comme tous les autres fils, suivre l'exemple et ne jamais dire non. Mais Benjamin était têtu, capricieux aussi et il avait fini par oublier ce que « père » signifiait. Pour lui, son père n'était autre qu'un inconnu qui partageait un repas ou deux dans la semaine. Un père, c'était quelqu'un qui fournissait l'argent et qui faisait sa vie ailleurs. Un père était forcément absent. Mais entre la mort et la vie il y avait une différence que même lui ne pouvait pas négliger. Toute la haine qu'il pouvait ressentir ne pouvait pas effacer le fait qu'il avait cette sensation de ne pas avoir été désiré. Un enfant c'étaitcensé apporter beaucoup de joie à un couple, non ? Pas quand l'enfant en question était Benjamin. Et jamais il ne découvrira si son père avait finalement un côté humain ou non. Non, il allait vivre avec l'idée que le connard qui l'avait éduqué (ou plutôt qui avait essayé) allait disparaitre de sa vie. Comme le fantôme qu'il avait toujours été. L'ombre qui avait pendant longtemps suscité sa peur allait disparaitre du globe pour ne jamais combler le vide qu'il avait toujours apporté.
Ally ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas un grand garçon qui pleurait comme un bébé et pourtant, il était là, incapable de se cacher même dans cet état. Pire, il ne pensait qu'à elle. Rien qu'à elle. Comme si c'était sa solution miracle. Comme si c'était la seule façon de faire disparaitre toute la confusion qui lui bouffait la vie. Alors il voyait des choses qu'il n'était pas censé voir et son rythme cardiaque battait des records. Sa température était élevée, ses pupilles dilatés et il respirait aussi maladroitement qu'il souriait. Ally faisait fondre tout le mal en lui pour ne laisser apparaitre que le bon. Comment un tel miracle était-il possible ? Peut-être que s'il avait présenté la jeune femme à son père, peut-être qu'elle, il l'aurait accepté. Peut-être qu'à elle, il n'aurait jamais tendu un chèque comme si elle n'était qu'un autre échec de plus dans la liste des trophées du jeune Cohen.
Dans la catégorie des conversations les plus étranges et les plus longues trônaient celles d'Ally et Benjamin. Les paroles allaient d'un point à l'autre, guidé par l'humour du médecin et par l'ivresse du policier. Quel couple quand même. Des pros en matière de discussion douteuse. Des pros aussi en matière de franchise.
« - Je n'ai rien compris. » Tigre, verre de terre. Il avait perdu le fil. En même temps avec ce qu'il avait dans le sang, c'était logique. Mais ce qui était certain, ce que ce n'était pas un romantique. Il avait juste décidé qu'avec Ally, il ne tenterait rien parce qu'il savait qu'avec des sentiments, tout était toujours plus compliqués. Il était donc simplement réaliste. Conscient que le sexe n'était pas toujours que du sexe. Ally comptait pour lui. Elle comptait beaucoup trop et cela le torturait déjà bien assez. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas mis à penser à quelqu'un, juste comme ça. Simplement parce que son coeur le voulait. Il n'avait pas envie d'Ally. Parce qu'il avait posé un mur et qu'il se forçait à ne pas dépasser la limite. C'était ce qu'il y avait de plus proche pour lui du respect.
Harry Potter. En voilà une chose qu'il n'avait jamais compris et il fallait dire qu'Ally ne l'aidait pas beaucoup. Peut-être qu'une fois sobre quelques scènes du premier film allait lui revenir en tête, qui sait ? En attendant, elle parlait beaucoup et lui, il ne comprenait pas assez. Une chose était certaine, il n'y avait pas de pénis dans Harry Potter, alors cela ne fit que rajoutait un fronçasse de sourcil de plus. Sérieusement, elle avait dit quoi déjà ? Des fois il avait l'impression qu'Ally se foutait sa gueule. Peut-être que c'était la réalité et qu'il ne s'en rendait tout simplement pas compte. En tout cas, il perdait vite le pourquoi du comment, se contentant de rire, complètement à l'ouest.
« - Pas du tout. Le changement c'est bien de temps en temps, que veux-tu. » Parler de position, voilà une chose qui était courante d'entendre avec ces deux-là. Mais ce n'était pas parce qu'il faisait une petite suggestion qu'il fallait automatiquement croire que c'était un pauvre paresseux. Tout homme devait admettre que c'était quand même pas mal une femme qui prenait le contrôle. De toute façon, à part Benjamin, personne ne voudrait d'Ally. Du moins, c'était ce que se disait Benjamin qui actuellement se considérait comme la seule personne probable à finir dans son lit... oh, attendez, il était déjà dans son lit. Il avait gagné donc, non ? Bim la concurrence. Et puis qui étaient les crétins qui iraient déposer des offrandes devant une maison juste pour coucher avec une nana ? Bon, être son esclave sexuel, c'est pareil. Personne ne se donnerait autant de mal, c'était aussi simple que ça. Ally rêvait, ça c'était une certitude. Ou alors elle se moquait de lui, non vraiment, il ne savait pas.
« - Je sais ce qu'être un esclave sexuel signifie. Merci. Tu me prendrais pas pour un blond par hasard ? » Non, il n'avait pas fait le lien avec sa véritable couleur de cheveux. Il était lent, c'était tout. Et puis, avec Benny Junior en tête des sujets préférés, il avait autre chose à dire. « - Tu vas devoir vivre avec le mythe, bébé. » Un peu agressif ? Pas du tout. La limite toujours et encore. Et il n'allait pas la franchir, non, même sous effet illicite. Un vrai héros ce Cohen. Toujours prêt à suivre ses principes, quoi qu'il arrive. Peu importe la situation. Il avait bien trop peur des conséquences pour faire quoi que ce soit.
Ally, frappeuse de bébé. Il voyait ça d'écrit sur son front maintenant. C'était moche. Et surtout très bête. Voilà sans doute une chose qu'il allait oublier dès le lendemain.
« - Mais ce ne sont pas des animaux de compagnie ! » Ok, il devait l'avouer, c'était un homme à bébé. Peut-être parce que sa nounou et mère de substitution avait une grande famille et qu'il avait passé pas mal de temps avec eux. Quelque part il désirait la même chose plus tard. Une grande famille. Des enfants partout. Et lui, étant le père qu'il aurait aimé avoir. Attentif, présent, aimant et surtout fier. Et rien que de penser à tout ça, cela lui rappelaitla raison qui l'avait amené ici. Et cela brisa un peu sa bonne humeur, durant l'espace d'une seconde. Il se concentra ensuite sur la question d'Ally, réfléchissant. « - La plupart de mes collèges ont des enfants. » Il aurait pu répondre qu'il était plus pour les orgasmes que pour les enfants, mais il devait avouer que parler bébé lui rappelait une femme qui lui avait brisé le coeur. Ce n'était jamais facile de se rendre compte que tout ce qu'on avait prévu n'est en fait jamais arrivé. N'arrivera jamais.
« - Je suis certain de l'inverse, oui ! » Ma petite blatte. Berk. RE-BERK. L'expression de dégout de Benjamin ne reflétait que trop bien l'image immonde qu'il avait en tête. Il avait vu un reportage une fois sur les cafards. Quelque part, ça l'avait traumatisé et cela expliquait sans doute pourquoi il ne regardait plus la chaine animalière à 6h du matin quand il n’arrivait plus à dormir. Quelques secondes plus tard, un éclair illumina la chambre, ramenant la mauvaise humeur de Benjamin à son sommet.
Tu n'aimeras plus jamais. C'était une vague promesse qui avait hanté son esprit et qui aujourd'hui avait disparu. Ces paroles étaient apparus dans la vie de Benjamin le jour où tout avait basculé. Le jour où son coeur s'était arrêté. Après ça, il avait oublié à quel point il n'y avait pas de mal à regarder quelqu'un et à se dire que cette personne nous rend heureux. Ally avait décidément brisé tous les murs qui l'entouraient, inconsciemment et c'était ça qui était le plus beau. Elle n'avait pas cherché à le séduire, elle n'avait pas cherché à l'avoir. Elle n'avait fait qu'être elle-même. Ce n'était pas le cas de Benjamin qui portait un masque lourd en conséquence. Un masque qui semblait fondre chaque seconde un peu plus. Ally n'était pas qu'une femme les autres. Benjamin voyait beaucoup plus qu'un petit bout de femme à l'humour bien à part. Il y voyait une lueur d'espoir qu'il avait oublié. Un parfum attachant qu'il voulait embrasser continuellement. C'était comme voir le reflet de cette partie de son âme. Celle qui survivait à la noirceur vivante qui prenait Benjamin quand il était loin d'elle. Cette partie de lui qui n'était que bonté et naïveté. A ses côtés, Benjamin se sentait si fragile. Ally avait-elle donc le pouvoir de lire en lui et de découvrir ses secrets les plus enfouis ? Ses désirs les plus cachés ? Au fond, tout ce qu'il avait toujours voulu dans sa vie, c'était être quelqu'un de normal. Plus jeune, son statut l'avait tout de suite différencier des autres et cela l'avait torturé. Ses amis n'étaient pas de vrai ami. On cherchais souvent à se servir de lui. Son argent, son rang, tout était prétexte à se rapprocher du fils du grand Cohen. C'était peut-être pour ça que Matthew et Andrew étaient ses seuls amis. Ses cousins étaient comme des frères à ses yeux.Ceux qu'il aurait aimé avoir à ses côtés toute sa vie. Mais Benjamin était un enfant unique, dans les deux sens. Ni frère, ni soeur et l'enfant à part et différent que tout homme d'affaire refusait d'avoir. Un rebel, jamais heureux avec ce qu'il possède. Cherchant à jamais une image autre que celui de son paternel. Au fond, on ne pouvait pas lui en vouloir. Son père était un monstre, constamment sur son dos. A une époque, Benjamin en avait fait des cauchemars. Une ombre qui le suivait sans cesse même en plein jour et qui parfois le dévorait. La haine l'avait souvent envahis lorsqu'il voyait le père des autres. Le père présent, aimable et protecteur. Les pères qui encourageaient et laissaient leurs enfants respirer. La dernière fois, il avait fait le même rêves, des années plus tard comme si au fond rien n'avait changé. Il s'était réveillé en sursaut dans le noir avant de finalement laisser la peur disparaitre face à la vision qui s'était présenté à lui. Ally dormais. C'était après la soirée de chez Ella. Le soir où il avait compris qu'il y avait dans cette relation bien plus qu'une amitié tordue. Il y avait des cristaux de sentiments pures qui grandissaient et qui envahissait son coeur inexistant jusqu'à présent.
Tu n'aimeras plus jamais. C'était ses propres paroles après avoir compris que le monde ne se résumait qu'à l'argent. Qu'il avait beau avoir donné son coeur aveuglément, cela ne servait à rien. Prêt à mourir à la moindre demande, on lui renvoyait son amour à la figure comme si ça ne comptait absolument pas. Est-ce que l'argent pouvait remplacer cette blessure ? Non. Mais l'argent pouvait visiblement remplacer son amour. Du moins, cela avait été suffisant pour son ex-femme qui n'avait pas attendu longtemps avant de disparaitre. L'argent qu'avait tendu son père l'avait convaincu à quitter l'homme qui était prêt à tout pour elle. Alors forcément, il avait oublié ce que c'était. Le sentiment était une variable inconnue dans sa vie. Il avait arraché son coeur pour finir par le laisser là où il l'avait donné. Et depuis, il s'était senti aussi vivant qu'un robot. Même avoir une arme entre les mains et sentir la vie des autres s'échapper de lui avait pas fait le moindre effet. Entre la vie et la mort, il n'y avait que peu de différence à ses yeux. Jusqu'à ce qu'un facteur bouleverse tout son monde. Il aurait pu rester le même et ne jamais changer, mais avec Ally à ses côtés il n'y avait plus aucune raison d'ignorer le fait que son coeur s'était remis à battre. Quelqu'un avait trouvé son coeur brisé quelque part et avait décidé de recoller les morceaux et cette personne n'était autre que la jolie blonde chez qui Benjamin cherchait la paix. Il avait la sensation qu'une fois dans ses bras il était capable d'accepter la fin de tout. Un peu comme dans Seeking a friend for the end of the world. Une fois avec la bonne personne, que la mort approche ou non, ça n'a pas d'importance. C'est normal. Parce qu'il n'y a alors plus aucun regret. On partage le restant de sa vie avec la personne que l'on aime le plus au monde. Il n'y avait donc pas de plus belle façon de mourir. Tout pouvait s'effondrer à cet instant précis que Benjamin n'en perdrait pas son sourire. Jamais.
Tu n'aimerais plus jamais. Ce n'était plus valable aujourd'hui, parce qu'il était là et il avait dit les mots interdits. La vérité c'était qu'il était amoureux et qu'il aimait Ally de toutes ses forces. Il aimait sans se soucier des règles et des promesses jadis prononcés. Il n'avait plus peur de souffrir, plus peur de se sentir trahis. Il savait juste qu'il ressentait quelque chose de fort et il en voulait pas perdre ça. Il voulait continuer à ressentir son amour pour Ally jusqu'à la fin de sa vie, car pour la première fois il se sentait vivant. Pour la première fois depuis des années il avait l'impression que le monde était beaucoup plus vaste que ce qu'il avait imaginé. Qu'il y avait encore beaucoup à découvrir. Et ce baiser qu'ils partageaient ne faisait qu'augmenter ce frisson qui l'avait envahi. Son coeur aurait été capable d'exploser tant la sensation était inexplicable. De toute façon il ne voulait plus chercher à comprendre ce qui lui arrivait, non, il voulait simplement prendre ce qui venait à lui et saisir chaque émotion à la seconde près. Savourer chaque détail et ne jamais se soucier de ce qui allait suivre. A quoi bon se questionner de la sorte, ça n'avait tellement aucune importance. Parce qu'elle l'aimait aussi. Parce qu'elle ressentait la même chose à son égard, ce qui était étonnant. Tu n'aimeras plus jamais aurait pu être tu ne seras jamais aimé. Mais cela aurait été un mensonge, parce qu'Ally ne pouvait pas mentir, pas à lui. Du moins c'était l'impression qu'il avait. Tout avec elle semblait plus simple et plus réelle. Il était transporté à des années lumières du monde sombre et étouffant dans lequel il avait grandi et évoluer. Il ne voulait plus jamais retourner là-bas, il voulait rester dans cette bulle qu'Ally et lui venait de faire naitre. Si le monde avait un tant soit peu pitié, peut-être qu'elle n'allait pas explosé. Peut-être qu'on lui offrirait l'éternité ?
Tu l'aimeras toujours. C'était sa nouvelle promesse, encré au plus profond du reste de lui-même. Il fixait Ally dans le silence le plus beau, incapable presque de respirer de peur de bouleverser l'harmonie du moment. Les mots avaient volé et les je t'aime avait trouvé leurs places. Plus jamais il ne voulait prononcer ses mots, sauf pour elle. Il n'y avait plus aucune barrière qui empêchait Benjamin d'exprimer ses désirs. Elle captura de nouveau ses lèvres, comme si désormais ils allaient être incapable de se séparer. Il ria légèrement, un peu amusé par la façon dont elle réussissait à toujours le faire rire, peu importe le moment. Etait-ce le moment venue ? Peut-être pas. Ou peut-être parce qu'il y avait encore des choses en lui qu'il ne pouvait pas ignorer et qui risquait de la blesser. Mais à côté, il avait tellement envie de rester ce soir. Il avait tellement envie de combler cette chose en lui. De rester dans ses bras et de ne devenir plus qu'une même entité avec celle qui faisait tourner son univers. Il resta silencieux, sans savoir ce qu'il pouvait dire. Tout ceci semblait si beau, trop beau.
« - Si je reste, je serais incapable de partir demain. » Et sans attendre, il reposa de nouveau ses lèvres contre les siennes, comme s'il était capable de passer le restant de ses jours ici. Il ne voulait pas partir de toute façon et cela ne lui avait même pas traversé l'esprit. Finalement, il avait réussi. Il avait trouvé son paradis.
Tu l'aimeras toujours, quoi qu'il arrive. Quoi qu'elle fasse. Quoi que tu fasses. Elle sera la plus belle révélation de ta vie. Elle sera ton espoir et l'amour qui te ramènera à la raison. Oubli demain et chéri chaque souvenir à ses côtés. Tu n'as pas besoin d'air pour respirer, tu as besoin simplement de son bonheur. A jamais, elle sera ta force.
Invité
Invité
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Mer 28 Jan 2015 - 5:13
=
Water is my eye, most faithful mirror, fearless on my breath, teardrop on the fire of a confession.
La pluie n'avait de cesse de tambouriner contre les carreaux de la chambre, et ces cliquetis faisaient écho à ceux des autres fenêtres de l'appartement. Ally était comme libérée d'un poids depuis qu'elle s'était livrée à lui toute entière, mais aussi et même surtout depuis qu'il avait posé ce regard protecteur sur elle. Durant toutes ces années, Ally avait eu tout loisir de s'imaginer les réactions de ses amis si elle avait le courage de leur raconter un jour son passé, mais elle n'avait jamais osé imaginer autant de bienveillance. Malgré les apparences et ce qu'elle s'efforçait de faire croire, elle était loin d'être confiante envers les autres, mais surtout envers elle-même. Son histoire n'avait été faite que de relations superficielles, bien vite détruites par le temps, la distance ou la moindre difficulté. Se confier et partager n'avait jamais donc jamais fait partie de ses habitudes, et pourtant, c'est en arrivant en Californie qu'elle en aurait eu le plus besoin. Au lieu de cela, elle s'était contentée de tout nier, de se forcer à laisser dans le passé tout ce qui semblait obstruer l'avenir qu'elle se réservait ici. Et cet avenir, il s'était construit peu à peu, sans qu'elle s'en rende compte. Les semaines avaient défilé, s'étaient transformées en mois, puis en années, et Ally avait trouvé dans sa vie professionnelle un accomplissement auquel elle ne s'était pas attendue. Mais, au-delà de cette surprise-là, il y avait eu ces rencontres qui l'avait transformée en tant que personne. Sans le réaliser, sans le comprendre ou même s'en rendre compte, Ally s'était mise à croire en la bonté des gens, mais surtout en celle de quelques personnes. Bon, d'accord. Elle croyait en Jagger. Pendant ces quelques dernières années, elle avait cru en Jagger comme elle n'avait jamais cru en personne d'autre, et, en dommage collatéral et malgré elle, elle s'était mise à croire un peu en elle-même. Elle ne subissait plus sa vie dans l’expectative de devoir faire face à son histoire bostonienne à l'avenir ; non, sa vie, elle la vivait pleinement. Elle allait travailler tous les gens avec cette même passion dévorante, cette envie de jouer un rôle, d'apprendre et de découvrir ; elle aimait son sujet de thèse et restait parfois travailler à des horaires exotiques juste pour pouvoir finir ses marquages d'immunofluorescence et pour les observer au microscope. Elle aimait ses pauses café qu'elle s'imposait aux machines du deuxième étage, celles qui crachaient le meilleur café du bâtiment, et elle aimait croiser ses collègues, apprendre à les connaître, deviner d'un regard s'ils étaient dans un bon ou dans un mauvais jour. Elle aimait aussi découvrir la ville qu'était Huntington Beach, ses bars, ses restaurants, ses boutiques, mais aussi ses interminables plages qui lui donnaient cette sensation de liberté, et cette impression d'infini, de possibilités illimitées. Elle aimait rencontrer les gens via un chat partagé, nommer le félin après un met des plus gastronomiques et avoir l'impression que tout était naturel. Et puis, elle aimait les interventions un peu bizarroïdes qu'avait un policier lorsqu'il était amené à passer par la morgue de St John pour clarifier certaines de ces affaires. Elle aimait son esprit affuté, sa vivacité d'esprit et les batailles verbales qui s'engageaient dès qu'il mettait les pieds dans son domaine glauque. Elle avait peu à peu tourné la page de cette réalité qui lui faisait encore mal. Elle ne s'était pas pardonnée, n'avait pas oublié, mais elle avait appris à vivre avec ce poids à sa façon. Le temps l'avait changée peu à peu, progressivement et sans aucune once de malaise. On l'appréciait pour ce qu'elle était à ces instants précis, sans connaître la personne qu'elle avait été durant quelques instants des années auparavant. C'était là sa force : cette sensation de pouvoir être elle-même sans être jugée, et c'était sans doute ce qu'elle avait cherché malgré elle et plus que tout en traversant le pays. Sa famille était toujours là, sur la côte opposée, mais elle se forçait à ne plus y penser. C'était sa façon d'être heureuse, sa façon se reconstruire.
Pourtant, quoiqu'on en dise et quoiqu'elle ait pu penser durant ces années, la vérité finissait toujours par refaire surface. Sans doute pas de cette manière, la plupart du temps, pas en passant par un corbeau dont elle ne connaîtrait probablement jamais la véritable identité, mais la vérité, d'une manière ou d'une autre, était au final ce qui était le plus important. Seulement, cette vérité, elle ne pouvait pas la supporter. Chacun avait ses secrets, ses poids, mais Ally avait l'impression d'être un cas unique, de ceux que l'on croise, tourmenté, dans un film glauque, et qui finira toujours mal, quel que soit le scénario et le fil conducteur de l'histoire. Son histoire à elle, elle avait l'impression de l'avoir achevée le jour de sa soutenance, alors que tout aurait du être un nouveau départ. Depuis lors, elle n'avait eu de cesse de vouloir continuer, mais cette putain de vérité s'était imposée comme une certitude : elle ne serait jamais cette Ally Fleming qu'elle aspirait à être. Ce passé ne la laisserait jamais vivre sa vie, et elle n'arriverait jamais à l'inclure dans sa vie, c'était impossible, c'était au-delà de ses forces.
Pourtant, ce soir-là, tout son monde avait changé. Ce n'était pas juste sa présence, c'était lui. Lui tout entier. Il la changeait. En avouant ce secret qu'était le sien, elle l'avait laissé faire un pas dans son monde, elle l'avait laissé la découvrir plus que quiconque n'avait pu le faire. Sa réaction ne s'était pas faite attendre, et c'était sans doute la preuve la plus tangible de ce qu'il lui avait affirmé. Sa vision de la personne qu'elle était n'en était pas altérée. Et cette certitude semblait marquer le début d'une nouvelle vie. Il était à ses côtés, et elle en avait oublié cette peur bleue qu'elle avait des gens, mais surtout d'elle-même. Si il y avait quelqu'un avec qui elle se voyait vivre quelque chose, c'était lui. Chose inconcevable quelques années auparavant, mais plus autant maintenant. Son apparition dans sa vie, ou plutôt sa persistance à travers les mois, ressemblait drôlement à ce qu'aurait été un chant d'oiseau à l'extérieur à cet instant précis, au milieu de l'apocalypse qui se tramait à Huntington Beach. C'était la renaissance d'un espoir depuis longtemps disparu. Cet apocalypse, ou n'importe quel apocalypse, elle était prête à le vivre sans aucune forme de peur, puisqu'il était là, à ses côtés. Oui, Benjamin Cohen était allongé à côté d'elle, et c'était tout ce qui comptait. Tout le reste avait peu d'importance. « Je n'ai rien compris », l'avait-il arrêtée dans ses idées. Ally, à ce moment, était encore partie dans de grandes tirades dont aucun des deux n'avait particulièrement besoin. Elle fit une grimace et répondit un simple « tu m'étonnes », encore étonnée de l'état dans lequel il était venu ici. Et, encore une fois et sans trop savoir comment, ils en étaient à parler de sexe. Que de mots, peu d'action, mais c'était là cette barrière qu'ils semblaient s'être imposés l'un comme l'autre depuis le tout début. Les plans cul, Ally les avait enchaînés, et c'était ce qui s'était rapproché le plus de relations romantiques au cours de sa vie. Là, cette barrière, elle était tout autant volontaire qu'involontaire. Avec Cohen, elle l'avait décrété depuis bien longtemps, ce ne serait pas une affaire de fesses. Des mots, juste des mots. « Pas du tout. Le changement c'est bien de temps en temps, que veux-tu. » Lorsqu'il s'agissait de sexe, le blond semblait un peu plus en état d'enchérir, bizarrement. « Changement... OK, donc pour notre première fois, ce sera toi qui fera tout le boulot. Attention, la barre est haute. Mais je crois en toi, et je crois en Benny Junior », fit-elle en gloussant. « Je sais ce qu'être un esclave sexuel signifie. Merci. Tu me prendrais pas pour un blond par hasard ? » Un sourcil arqué, Ally se contenta de lâcher un « heuuu » on ne peut plus clair avec un coup d’œil au crâne du jeune homme. « Tu vas devoir vivre avec le mythe, bébé. » Le mythe était déjà crée depuis un moment, c'était un fait. Mais... « En tant qu'esclave sexuel, tu vas devoir me prouver tout ça. » Mais, si Cohen ne semblait pas prêt à accepter le deal, Ally, elle, ne manquait pas une occasion de se faire passer pour une femme cruelle. Car oui, après le sexe, viennent les bébés. « Mais ce ne sont pas des animaux de compagnie ! » Il ne semblait pas se départir de cette passion pour les bébés, et Ally ne pouvait s'empêcher de s'en étonner. Les bébés, pour le coup, étaient un mythe pour elle. Le plus près qu'elle en avait approché avait été lors de son externat en pédiatrie, mais elle était loin de se sentir à l'aise à leurs côtés, et encore plus loin de s'imaginer que ces choses-là étaient faites pour elle. « Pardon », s'excusa-t-elle, penaude, « c'est juste que je suis plus à l'aise avec les ratons-laveurs. » Surtout que les ratons-laveurs vivaient loin d'elle, en fait, ce qui représentait un argument non négligeable. « La plupart de mes collèges ont des enfants », reprenait-il alors qu'elle était persuadée d'avoir déjoué une ruse machiavélique. Elle, mère, un jour ? Hin, la bonne blague. La famille ne semblait vraiment pas être son fort, et elle ne voyait pas réellement comme la situation pouvait changer. Elle serait une piètre mère. Si cela venait d'ailleurs à arriver, elle était à peu près sûre qu'elle le laisserait tomber en voulant le mettre dans son berceau ou qu'elle le noierait en lui faisant prendre son bain. « Et les orgasmes, non ? » tenta-t-elle malgré elle de le ré-aiguiller vers le droit chemin avant de continuer, « j'ai déjà tué un cactus... » Oui, elle ne se voyait pas mère, vraiment pas. Mais peut-être aussi parce qu'elle n'avait jamais considérée comme possible l'option de rencontrer l'homme qui lui donnerait envie de le devenir. La donne avait peut-être changé, à présent... « T'as envie de devenir père, toi ? » demanda-t-elle brusquement et très sérieusement. Elle le regardait soudain d'un air tendre. En réalité, elle le voyait bien être père. Et elle se mit à sourire niaisement alors que plusieurs images s'imposaient dans son esprit. Mais, avant les bébés venait le sexe. Éternel débat entre nos deux protagonistes. « Je suis certain de l'inverse, oui ! » Bon, il n'avait peut-être pas totalement tort, pour le coup. Les petits noms d'insectes avaient rarement leur place dans la vie sexuelle d'un couple, quel qu'il soit.
Sans trop comprendre ce qui venait de se passer, Ally ne put que constater que Cohen semblait s'être renfermé. Taraudé par de drôles d'idées, sans doute, et Ally aurait aimé extraire de sa tête toutes ces saletés qui semblaient le paralyser au quotidien, mais elle ne pouvait pas prétendre en être capable. Elle n'arrivait même pas à se débarasser de ses propres démons, alors quelle utilisé aurait-elle face à ceux de quelqu'un d'autre, malgré l'importance qu'avait cette personne à ses yeux ? A plusieurs reprises, la blonde fut tentée de briser ce silence qui l'inquiétait. Elle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer les pires atrocités, n'y d'y lier l'état dans lequel il était arrivé ici. Elle n'avait absolument rien contre son strip-tease, par contre, toutes ces substances qui parcouraient tranquillement ses veines lui posaient un peu plus de problèmes. Elle ne voulait pas de ça pour lui. Elle ne voulait pas de ces dépendances glauques et de ces sensations de vide qu'il avait l'air de se sentir obligé à combler.
De toute façon, tout avait changé du tout au tout. Il avait suffi de quelques instants, et la situation n'était plus du tout la même. Elle était libérée, il était là, et quelque chose de tout nouveau se passait. Elle l'aimait. Oh oui, elle l'aimait, et c'était la première fois qu'elle prononçait ces mots. Cohen n'était plus un de ces hommes qu'elle côtoyait de temps à autres; l'avait-il seulement été un jour ? Un lien encore plus fort semblait les lier maintenant. Ils étaient tous les deux aux antipodes de ce que l'on appelait l'amour, chacun pour ses raisons, mais ils venaient d'inviter ce dernier à les rejoindre. Ally n'avait plus peur de faire confiance. Il la sauvait, pourquoi devrait-elle avoir peur ? Le silence qui s'était maintenant installé n'avait plus rien de pesant ou d'effrayant. Il était apaisant. Elle fut surprise de son rire lorsqu'elle s'était emparée une seconde de ses lèvres, mais elle l'avait suivi, sans trop savoir pourquoi. Et maintenant, elle le regardait, sereine, et ne peut s'empêcher de sortir cette blague récurrente qui était devenue leur marque de fabrique. Elle n'y pensait pas sérieusement... ou peut-être que si ? Peu importaient le sexe, tout ce qu'elle voulait, à cet instant précis, c'était qu'il reste à ses côtés. Elle ne voulait plus être seule et, à dire vrai, les deux fois où elle avait dormi chez lui faisaient partie des rares fois où elle n'avait pas rêvé au moins une fois d'Emma. Avec lui à ses côtés, elle ne regardait plus amèrement le passé. Elle commençait à entrevoir un avenir beaucoup plus lumineux, porteur d'espoir. « Si je reste, je serais incapable de partir demain » souffla-t-il finalement alors que les doigts fins de la blonde continuaient de se promener sur le visage du blond. « Et alo- » tenta-t-elle alors qu'il emprisonnait ses paroles dans un nouveau baiser.
Finalement, c'était peut-être réellement le moment, ce moment dont ils parlaient sans relâche depuis plus d'un an. Ce ne serait pas juste ça, ce serait bien plus, mais Ally n'avait pas peur. Alors que leurs visages s'éloignaient à nouveau, la blonde fit glisser une main le long du torse de celui qu'elle aimait. Avec un petit air malicieux, elle fit claquer l'élastique du dernier vêtement qui le couvrait encore. Elle ne pût s'empêcher de penser à l'allure qu'elle avait et de se demander si quelque chose pouvait réellement se passer. Si ça se trouve, tout cela n'était qu'un rêve. C'était finalement trop beau pour être réel ; autant, dans ce cas, vivre ce rêve jusqu'au bout, n'est-ce pas ? Quelques instants plus tard, Cohen était allongé à ses côtés, et elle s'était redressée, ôtant son t-shirt ridicule pour se retrouver dans une semi-nudité similaire à celle du blond. Leurs lèvres ne se séparaient à présent presque plus.
En fait, peut-être qu'elle avait un peu peur. Elle ne s'était jamais posé la question avant, mais c'était la première fois que cet acte signifiait vraiment quelque chose pour elle. Et tout était arrivé tellement vite que, si ce n'était effectivement pas un rêve, elle n'avait pas eu le temps de se préparer mentalement à passer ce nouveau cap. Mais, au fond, était-ce vraiment un cap ? Elle était libre, à présent, pas l'inverse. Elle était épanouie, et elle n'avait pas besoin de se savoir impeccablement maquillée et apprêtée pour faire sensation. Ces fioritures n'avaient d'importance que pour ces hommes aléatoires qu'elle avait ramenés chez elle autrefois, sans doute en mal d'un amour qu'elle ne connaissait même pas. Maintenant et depuis quelques mois déjà, tout était différent. Il était le seul à avoir sa place ici. Elle était heureuse, épanouie, et peu importaient les larmes séchées qui marquaient encore son visage. Ce soir-là, pour la toute première fois, elle partageait ses draps avec celui qu'elle aimait.
Benjamin L. Cohen
BAD COP
› MESSAGES : 642 › EMMENAGEMENT LE : 08/06/2013 › AGE : 41 › STATUT CIVIL : DIVORCÉ, DE RETOUR DANS LE LIT DE SES DAMES APRES AVOIR BRISER LE COEUR D'ALLY (ET LE SIEN). › QUARTIER : UN APPARTEMENT DE LUXE SUR PRESIDENTE DRIVE. OUI, AU 69. › PROFESSION/ETUDE : PDG DU GROUPE HÔTELIER INTERNATIONAL "COHEN DELUXE", ANCIEN FLIC DANS LA BRIGADE DES MŒURS ; › HB AWARDS : (2015) MEILLEUR TRIANGLE AMOUREUX AVEC ALLY ET NAYA ; SEX SYMBOL JUNIOR ; MEILLEUR SECRET DEVOILE ; › DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ; › CELEBRITE : RYAN GOSLING ; › COPYRIGHT : ELOW ;
Sujet: Re: “ – This is my paradise. ” Dim 29 Mar 2015 - 12:36
“ This is my paradise ” ALLY & BENJAMIN
L'orage grondait dehors et à l'intérieur de lui-même. Un désastre, inévitable, qui le poussait à se perdre dans un monde profondément obscur. Il y avait tellement de choses qui se passaient actuellement dans sa tête. Tellement de questions, qui se retrouvaient sans réponse et qui rajoutaient un vide à celui déjà existant. Benjamin Cohen n'était pas quelqu'un de bien, son père l'avait toujours dit. Et ces paroles avaient finalement trouvé une réalité puisque le jeune héritier y croyait. Il était devenu cette mauvaise herbe que sa famille souhaitait arracher. Cependant, il était trop tard aujourd'hui pour améliorer une situation déjà trop difficile. Son père allait mourir. Il allait disparaitre quelque part, laissant derrière lui le corps d'un homme qui n'avait jamais supporté la faiblesse. Andrew Cohen sentait qu'il ne lui restait que quelques années avant de n'être qu'un vague souvenir dont on aurait vite oublié le nom. Il avait pourtant fait des choses dans sa vie, des choses qui avaient propulsé son nom au sommet de l'affiche. C'était un homme d'affaires reconnu, respecté, dont le fils ne supportait pas la présence. Bientôt, cette image, cette réputation à laquelle il tenait tant, allait subitement s'effacer dans les pages de sa vie. Et Benjamin n'allait rien faire pour changer ça. L'annonce de sa maladie n'avait rien suscité en lui, à part cette réaction étrange et perplexe. Ce besoin de drogue et d'évasion. Il voulait presque oublier ce nouveau détail qui allait changer sa vie. Comme si c'était impossible que son père finisse par mourir.
Ally, ce prénom résonnait comme un dernier espoir. Un dernier cri. Une volonté intérieure de vouloir remonter la pente malgré la douleur. Il avait besoin d'elle. Il avait besoin de voir ce sourire, ces cheveux blonds, ce petit regard... Tout son être avait crié son nom alors que son coeur se renfermait encore plus. Son père pouvait le haïr, ne jamais le trouver à la hauteur de quoi que ce soit, mais Ally, elle, c'était comme si à ses yeux il était quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui en valait la peine. Quelqu'un qu'on désirait, qu'on voulait à ses côtés et qui n'étaient pas forcément synonymes de malheur. Quand elle posait ses yeux sur lui, il ressentait un tel soulagement. Il apprenait de nouveau à respirer dans un monde si étouffant. Son coeur se mettait à battre et le monde s'illuminait. Lui qui avait perdu la foi, redécouvrait la magie des sentiments. Il avait cette sensation, ce sentiment, d'être un homme, un vrai. Un être vivant, comprenant enfin le véritable sens de la vie. Une fois qu'il avait plongé ses yeux dans ceux de la jeune femme, c'était trop tard. Il était capable de rester là, à la contempler, parce qu'il n'y avait pas de choses plus belles. Elle était d'un coup ce à quoi se résumait sa vie. Elle était son monde. L'univers entier pouvait s'effondrer, que Benjamin Cohen continuerait à passer ses dernières secondes à écouter le coeur d'Ally Fleming battre.
Il savait pourtant, qu'elle méritait mieux. Mieux que lui. Benjamin n'était encore qu'un enfant, coincé dans des situations dont il en tirait profit. Son intelligence n'avait jamais servi que lui-même. Sourire au monde pour mieux les manipuler, ça il l'avait très bien appris. Mais la seule fois où il avait ouvert son coeur, où il avait essayé d'être quelqu'un de bien, on lui avait rappelé à quel point cela ne servait à rien. À quel point il était inutile pour lui de croire que c'était le genre d'homme à sauver le monde. Il n'était pas le héros des films. Il était le vilain. Celui qui n'aurait jamais sa fin heureuse. L'idée de se retrouver seul ne changer rien. Mais l'idée de faire tomber avec lui la seule personne qui comptait le torturer. Et plus Benjamin y réfléchissait, plus il savait. Que ça soit ses cousins, son meilleur ami ou le peu des personnes qui avait un jour partagé de bons moments avec lui, tous, un par un, finirait par lui tourner le dos. Sans un regard en arrière.
Le changement, c'était une bonne chose. Du moins, c'était ce qu'il disait à Ally. Même ivre, drogué, Benjamin n'en perdait pas ses réflexions vis-à-vis du sujet de conversation le plus discuté du monde. Avec Ally, il n'y avait pas de tabou, pas de limite apparente. Les réflexions dans le genre n'avaient rien d'inhabituel, au contraire. Le point positif qu'il y avait avec eux, c'était qu'ils ne s'étaient pas sauté dessus comme deux désespérés. Dès le départ, ce lien était différent. Visiblement ravit de savoir que Benjamin allait faire tout le boulot, la jeune femme rajouta qu'elle croyait en lui et en Benny Junior, ce qui fit rire Benjamin légèrement. « - Compte sur moi. » Une légère voix grave, un regard de côté emprunté à Elvis Presley, Benjamin était prêt à défendre l'honneur de ses facultés sexuelles. Mais pas tout de suite, pas maintenant. Malgré tout, Benjamin n'était pas prêt de sauter le pas dans son état actuel. Il en avait envie pourtant et l'idée de faire plus que dormir dans ce lit lui plaisait assez. Le problème c'était qu'avec Ally, Benjamin avait appris le respect. Il faut dire qu'il ne considérait pas Ally comme une femme banale. Elle avait très vite pris une place plus importante que celle de la simple collègue de travail. Son charme avait vite marché sur Benjamin qui réalisait seulement à quel point il tenait à elle. Qui sait, le petit jeu qui s'était installé entre eux aurait pu continuer pendant des années encore sans la soirée d'Ella... Chaque fois que Benjamin pensait à la danse qu'Ally avait partagée avec un autre, il sentait une étrange colère monter en lui.
« - Je te pardonne. On arrangera ça à l'avenir. » Comme si c'était ce qui allait arriver. Benjamin le pensait sérieusement ceci-dit, bien qu'une partie de lui l'oublierait sans doute le lendemain. C'était peut-être étonnant et un peu étrange, mais Benjamin continuait à croire qu'un jour il aurait sa propre petite famille. C'était tout bêtement lié au fait que ses parents étaient inexistants, sentimentalement parlant. Il repensa à ses collègues, à leurs enfants, à la façon dont il s'entendait si bien avec eux et à ce vide qui grandissait en lui parce que la femme qu'il avait aimée, avec qui il avait prévu d'avoir trois enfants, avait pris ses rêves et son coeur et s'en est allé à Paris sans un regard en arrière. Il fronça les sourcils, revenant à la réalité alors qu'Ally parlait d'orgasme. « - Un cactus ça peut avoir des orgasmes tu crois ? » Ce n'est pas parce que la quantité de drogue dans son sang disparaissait petit à petit, que son cerveau retrouvait un semblant d'intelligence. Se retrouvant avec l'image étrange d'une plante hurlant de plaisir, il se calma en pensant à la question que la jeune blonde venait de lui poser.
« - La plupart des gens qui ont grandi avec un père comme le mien sont complètement effrayé à l'idée de devenir père à leur père... mais pas moi. » Il marqua une brève pause. La dernière fois qu'il avait réfléchi à ça, son père était encore persuadé d'être le maitre du monde. Aujourd'hui, les choses avaient pris une tout autre tournure. Peut-être que les enfants de Benjamin ne verraient jamais cet homme. Peut-être que c'était même mieux ainsi. Benjamin savait qu'il était mieux qu'Andrew Cohen. Il savait qu'il avait beaucoup à donner à ses enfants. « - Je sais que je ne suis pas comme lui. » Son regard se perdit. « - Je ne le serais jamais. »
Il n'y avait rien à faire. C'était une cause perdue. La drogue mêlait à l'humour d'Ally avait changé une partie de sa nuit en un festival de rire et de regard. Tout cela avait commencé par qu'une envie, se terminant désormais par des révélations couteuses. Petit à petit, Ally et Benjamin n'allaient plus être des inconnus dont le seul but est de faire rire son prochain. Ils seraient différents, à jamais marqués par le simple fait d'avoir permis à l'un d'entrée dans le monde de l'autre. Benjamin allait-il passer sa vie à se questionner ? Ou allait-il chercher le bonheur, comme les autres ? Plus il écoutait la pluie tombée, plus il se demandait comment il avait fait pour en arriver là. Comment une femme avait réussi à tout détruire, jusqu'à lui arracher la seule âme qu'il possédait. Et comment une autre l'avait retrouvé, lui qui nageait dans un océan de doute et de peur. Ally avait vu plus loin. Plus loin que le simple policier. Plus loin que le crétin d'héritier. Elle avait vu son coeur, encore existant malgré tout. Et elle avait aidé celui-ci à redémarrer. Doucement. La drogue faisait de moins en moins son effet et Benjamin errait. Il réalisait à quel point il aimait ce petit bout de femme. Il comprenait à quel point il tenait à elle, comme à personne. À quel point il voulait partager ses doutes et ses peurs et sentir son fardeau sur ses épaules. Il ne s'en irait jamais, il l'avait dit. Il pouvait le crier. Il ne s'en irait jamais parce qu'il l'aimait. Et il l'aimait tellement fort qu'il se sentait capable de l'aimer jusqu'à la fin. Qu'elle reste la même ou non. Qu'elle l'aime encore ou non. Il avait cette image en tête, ce murmure au fond de son coeur qui lui certifiait qu'elle était celle qu'il avait toujours attendue et dont il avait le plus besoin.
Le passé n'avait aucune place avec Ally, parce qu'à cet instant, seul le présent comptait. Tout le mal qu'il avait fait et qu'il allait faire n'avait plus d'importance tant que ce moment ensemble était parfait. Il avait décidé, depuis bien longtemps, d'offrir à la jeune femme tout ce qui restait de lui. Le peu de confiance et d'amour, d'estime et de respect que Benjamin Cohen avait gardé en lui-même. Il lui donnait tout, ouvertement et librement. Il tendait sur un plateau d'argent bien plus qu'un coeur. Il lui offrait son corps tout entier. Maintenant et à jamais.
L'ambiance qui plus tôt avait pris une tournure dramatique, retrouvait un peu de couleur. Benjamin se sentait libérer, capable de beaucoup de choses. Les yeux dans les yeux, son monde s'illuminait dans un silence poétique. Il allait rester, il voulait rester. Le monde pouvait l'oublier, il préférait se réveiller dans ses bras. Il préférait sentir sa peau contre la sienne, ses lèvres proches des siennes. Plus personne ne pouvait l'empêcher d'aimer, parce que oui, il aimait. Une jeune femme incroyable, pleine de surprise. Une petite blonde avec une blouse blanche qui ne manquait pas d'humour et d'énergie pour quelqu'un qui travaillait avec les morts. Une princesse, dont la générosité faisait parfois peur. Il voulait Ally tout entière pour lui et lui seul et ce soir, c'était le moment. Celui ou plus jamais il ne se sentirait seul. Il avait trouvé. Il l'avait trouvé elle, comme s'il l'avait toujours cherché. Il observa doucement la jeune femme retirer son tee-shirt, recherchant ses lèvres dans le besoin. Cette nuit serait une nuit inoubliable. Le genre à vous marquer. Les mains de Benjamin glissèrent le long du dos nu d'Ally, avant que toute son âme ne décide de la suite des évènements. L'orage était passé. Les ténèbres avaient fui face à la lueur d'espoir qui émanait de cette fille.
Lorsque Benjamin ouvrit les yeux le lendemain, il senti le coeur de quelqu'un battre. Ce n'était pas le sien, mais celui d'une jeune blonde dont la tête était posée sur son torse. Il contempla un moment le haut de cette tête avant de se rendre compte qu'une migraine était en train de le tuer. Oui, il avait un peu abusé la vieille et il s'en rendait compte. Quelques souvenirs lui rappelaient certains de ces exploits et un étrange sourire idiot apparut sur son visage. Cherchant l'heure du regard, il se rendit compte qu'il était encore trop tôt pour se lever. Pourtant, il devait aller travailler et ça, il le savait. Le problème c'est qu'il ne voulait pas bouger. Et il voulait encore moins réveiller Ally. Doucement, il s'extirpa du lit, cherchant dans le calme le plus absolu ses affaires. On aurait dit un chat, prudent à souhait. Il fut un temps où la fille avec qui il passait ses nuits n'avait aucune importante. Où ses matins restaient les mêmes. Alors qu'il ramassa sa chemise, il se rendit compte que subitement tout était différent. Qu'aujourd'hui, le monde avait changé. Ce n'était pas flagrant, cela ne se remarquait pas tout de suite, mais c'était pourtant bel et bien le cas. De nouveau droit, ses affaires dans les bras, son regard se posa sur ce visage si paisible et endormi. Il pouvait passer le reste de la journée à la contempler, mais après un moment, il s'en alla.