| Sujet: Fix you •• lily&elias Mer 25 Nov 2015 - 11:10 | |
| Il faisait nuit depuis un petit moment déjà à Huntington Beach. Elias avait terminé le boulot quelques heures auparavant et il avait depuis erré dans les rues à la recherche d’un abri pour la nuit. Il s’était arrêté dans un bar pour boire un verre, tôt dans la soirée, et puis il avait repris sa route sans adresser la parole à qui que ce soit. C’était une nuit solitaire comme il en avait connu des centaines. Parfois, il aimait cela et parfois non. Ce soir, il allait bien. Il était plutôt content de sa journée, pas parce que quelque chose de cool lui était arrivé, mais simplement parce que rien de mauvais n’était arrivé. Pas d’imprévu, pas de galère, pas d’emmerde, pas de bon, pas de mal, pas de quoi se plaindre donc. Il avait appris à se réjouir des journées comme celle-ci où la vie semblait avancer à son rythme, sans grand évènement pour la perturber, sans rien de véritablement intéressant à raconter. De toute façon, il n’aurait personne à qui parler de sa journée même s’il y avait quelque chose à en dire. Il n’était pas spécialement solitaire de base, bien qu’il ait toujours aimé sa propre compagnie plus que celle de n’importe qui d’autre, après tout il était lui-même le plus à même de se comprendre. Seul, il n’avait pas besoin d’expliquer quoique ce soit à quelqu’un d’autre. Il était libre de faire ce qu’il voulait, quand il le voulait. Son expérience avait malgré tout engendré son désir de suivre une route plutôt solitaire. Les rares fois où il avait accepté quelqu’un dans sa vie, il avait fini par être abandonné comme un malpropre. Alors, il avait vite appris que la seule personne sur laquelle il pouvait véritablement compter était nul autre que sa propre personne. Son passé l’avait façonné ainsi, et parfois c’était plus lourd à porter que d’autres soirs. Parfois aussi, il s’autorisait un compagnon de route pour quelques heures, quelques nuits, jamais plus. La règle d’or était la suivante: « Ne pas s’attacher. » Jamais. Jamais. Jamais. Avec le temps, c’était devenu un jeu d’enfant. Il souffrait encore tant de l’absence de ces êtres qui avaient un jour étaient chers à ses yeux. Sa mère et son meilleur ami notamment… Elle avait quitté ce monde sans le vouloir, ce n’était pas sa faute à elle, même si quelque part il lui en avait toujours un petit peu voulu. Il avait vu sa mère mourir, il avait été dans la même pièce qu’elle lorsque c’était arrivé, caché dans un placard. Impossible d’oublier ce jour-là. Et malgré tout, elle s’était associée à des gens malhonnêtes, elle n’avait pas su le protéger de ce monde si brutal… Isaac, de son côté, était simplement parti. Lui, il était totalement responsable et à lui, Elias ne pardonnerait jamais cet abandon. Jamais, c’était très long quand on y pense… Mais Elias avait la dent dure et il était hors de question à ses yeux de se rabibocher un jour avec celui qui lui avait fait tant de mal par la simple action d’un au revoir. Peut-être bien que c’était égoïste, parce qu’Isaac aussi avait le droit de vivre sa vie, mais soit. Elias s’en foutait bien d’être égoïste. On pourrait ajouter cela à la longue liste de tout ses défauts, un de plus, un de moins, who gives a fuck? Certainement pas lui.
Il marchait dans les rues d’Orange Avenue, joli petit quartier résidentiel accueillant principalement des familles moyennes, ni trop riches, ni trop pauvres. Il avait repéré une maison qui semblait tranquille l’autre jour et ce soir il allait tenter d’y entrer. Loin de lui l’idée d’aller piquer des biens de valeur, il n’en avait pas grand chose à faire de toutes ces banalités. Ce qu’il cherchait surtout c’était de quoi se mettre un truc sous la dent. Son ventre lui faisait mal tant il avait faim et il commençait à sentir la fatigue le gagner. En arrivant aux pieds de la jolie petite maison qu’il visait, il l’observa quelques instants. Toutes les lumières étaient éteintes, et un sentiment profond de tranquillité en émanait. Il traversa la pelouse d’un pas lent mais assuré et fit un rapide petit tour de la propriété à la recherche d’une fenêtre ouverte. En général, les gens de ce quartier n’étaient pas trop méfiants et il n’était pas rare de pouvoir pénétrer à l’intérieur des maisons sans avoir à casser une vitre. Il tenta la porte d’entrée, et par chance elle n’était pas verrouillée. C’est dingue ce que les gens sont inconscients. Lui, il s’intéressait surtout à leur frigo et leur sofa, mais qui sait si un serial killer venait à se balader dans le coin… Il en eut un frisson rien que d’y penser, parce qu’au fond il était quand même un bon gars et il ne souhaitait le mal de personne. Ou presque. Une fois dans l’entrée, il marcha tout doucement jusqu’au salon, observa la pièce en silence, déposa son sac à dos sur le sol et se dirigea finalement vers la cuisine. Quel bonheur d’ouvrir le frigo et d’y trouver tout un tas de restes alléchants. Il attrapa une boite, l’ouvrit et y trouva des ailerons de poulet. Il en dévora un premier, puis un second et un troisième, presque sans respirer entre chaque. Il mourrait de faim, vraiment. Il mangea quelques autres trucs qui lui tombèrent sous la main et termina par une bonne dose de chantilly. Lorsque son estomac fut bien rempli, il retourna au salon et ne tarda pas à prendre place sur le canapé. Il avait l’habitude de dormir chez des inconnus, sans qu’ils le sachent, il préférait cela aux refuges pour sans abris. Ces derniers étant essentiellement des trous à rats. Il était devenu super fort en escalade de fenêtre, et en fuite improvisée en plein milieu de la nuit lorsque ses hôtes venaient à se lever sans prévenir. Il n’arrivait même pas à se rappeler la dernière fois où il avait dormi plus de huit heures à la suite. Il s’autorisait parfois une chambre dans un motel, pour Noël ou son anniversaire… Et encore. Son « lit » pour ce soir était confortable. Elias empila les cousins sous sa tête, et utilisa l’une de ses vestes comme couverture. Il ne tarda pas à s’endormir.
Lorsqu’il ouvrit à nouveau les yeux, il faisait toujours nuit dehors. La pièce était plongée dans la pénombre. Quelque chose clochait pourtant. Doucement, il se redressa, regarda autour de lui et soudain, ses yeux croisèrent ceux d’une femme qui se tenait debout dans la pièce et le fixait à mi-chemin entre la surprise et la peur. «Oh putain!» laissa-t-il échapper avant de bondir hors du canapé et de tenter de rassembler ses affaires d’un seul geste. Elle barrait le chemin jusqu’à la porte d’entrée, alors instinctivement il se tourna à la recherche d’une fenêtre pour tenter de s’échapper. Son visage se décomposa en constatant le volet électrique complètement baissé qui l’empêchait de voir au dehors. Il était officiellement dans la merde. «Je peux tout expliquer…» articula-t-il calmement, mais non sans une pointe d’angoisse. Si elle appelait les flics, il était foutu.
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