Ce matin c’était grâce matinée pour tout le monde ou presque, étrangement depuis qu’il était père Noah ne pouvait plus dormir à des heures tardives comme ces enfants. Même si aujourd’hui ils étaient capables de se gérer seuls, il était comme tous les parents il était condamné à se lever ! Ce matin Noah avait posé les pieds au sol sur les coups de neuf heure trente, un exploit surtout qu’il n’avait pas fait de cauchemar. Depuis le décès de sa femme, Noah avait pour habitude de faire de temps à autre le même rêve qui n’en était pas un. Généralement une fois réveillé il ne pouvait plus s’endormir à nouveau, il revoyait le corps de sa femme sans vie et le visage de tous ceux qui avaient coopéré à son assassinat. Peut être qu’un jour tout ceci prendrait fin, peut être qu’un jour il arriverait à se construire une nouvelle vie ou plutôt une vie différente car il n’était pas question d’oublier Sophia et de construire autre chose avec une autre. A part quelques relations d’un soir Noah n’avait personne, il n’aimait qu’une seule femme : la sienne. Seuls ses enfants comptaient, ils étaient tout ce qu’il lui restait et il ne referait plus jamais l’erreur de les laisser seuls, de les abandonner.

Une fois debout son premier réflexe était de regarder son téléphone, surtout lorsqu’il savait que l’un de ses enfants ne rentrait pas à la maison. Matthias avait une soirée avec des amis, il avait réussi à se faire des amis et c’était tout ce qui comptait aux yeux de ce père qui ne supporterait pas de voir à nouveau son fils hospitalisé après une tentative de suicide. Il avait confiance en son fils et sa fille, ils étaient responsables tous les deux mais comme tout père qu’il se respectait il aimait avoir des nouvelles. Il avait d’ailleurs un texto de son fils qui datait du milieu de la nuit où il l’informait qu’il rentrerait dans le courant de l’après midi. Après cette vérification Noah partait sous la douche avant de quitter la villa avec le chien pour se rendre à la boulangerie la plus proche. Il avait pris quelques croissants et pains aux chocolats pour lui et sa fille, même si il ne savait pas à quelle heure elle pointerait le bout de son nez. Une fois de retour chez lui Noah avait prit son petit déjeuner sur la terrasse contemplant la vue magnifique qu’il avait. C’était magnifique, Sophia aurait adoré vivre ici… dommage qu’il n’est pas pensé à venir ici plus tôt avec sa femme ! Si ils étaient tout les trois ici aujourd’hui c’était parce que Noah voulait honorer sa mémoire en quelque sorte mais aussi et surtout pour prendre un nouveau départ.

Après avoir pris quelques viennoiseries il sortit quelques secondes le temps d’aller chercher son journal posé dans l’herbe. Il revint à l’intérieur s’installant dans le salon de jardin, il déplia son journal commençant à le lire tout en balançant de temps à autre une balle à son chien qui était d’humeur à jouer.

Ce que Lily préférait le plus au monde c’était dormir. Et ce matin là justement, elle savait que son père ne la réveillerait pas le matin mais qu’il la laisserait dormir tranquillement jusqu’à ce qu’elle se lève par ses propres moyens. Elle s’était couchée tard la veille, discutant avec des amis sur internet, écoutant de la musique, rêvant de son ancienne vie à New-York qui lui manquait tant. Enfin bon, la jeune Harper n’avait pas tellement eu le choix de venir ici, c’était une décision de son père qui s’était repris en main, elle n’allait pas le freiner alors qu’il remontait doucement la pente. Depuis le décès de sa mère, Lily avait tout fait pour que rien ne change mais quelques petits problèmes s’étaient immiscés dans la vie des Harper. La tentative de suicide de son frère avait vraiment effrayé Lily et son père, elle le revoyait dans ses pires cauchemars sur ce lit d’hôpital à la limite entre la vie et la mort. Jamais elle ne s’en serait remise si elle avait aussi perdu son frère, il était tout pour elle. La jeune femme préférait ne pas y penser, cette période chez les Harper avait été des plus horribles et lorsque quelqu’un faisait allusion à ça, Lily se fermait totalement, une vraie carapace se formait autour d’elle.
La jeune demoiselle se réveilla finalement moins tard qu’elle le pensait, il était près de onze heures lorsqu’elle émergea. Elle prit bien le temps de se réveiller, attrapa son portable qui était sur la table de chevet et regarda les quelques nouvelles qui y étaient. Rien de bien intéressant, c’était lassant d’ailleurs, Lily avait l’impression qu’il ne se passait jamais rien dans cette ville. Elle se leva ensuite et ouvrit ses volets, il faisait beau, c’était déjà ça. Et en plus, elle n’avait pas à aller à l’hôpital aujourd’hui, elle était de repos, du moins jusqu’à ce que son bipeur la rappelle à la dure réalité du métier d’interne en médecine et de sa cadre qui était parfois un vrai martyr avec la jeune Harper. Elle enfila un gilet et descendit les escaliers qui menaient au salon. Lily aperçu son père installé dans le salon de jardin, jouant avec le chien d’une main et lisant son journal de l’autre, il avait l’air heureux comme ça et c’était tout ce qui importait la jeune femme. Elle attrapa une tasse dans un des placards et se prépara un café avant de remarquer un sachet de viennoiseries posé sur la table, elle prit une chocolatine, sa tasse de café et alla rejoindre son père. Une fois dans le salon de jardin, elle lui adressa un grand sourire, posa sa tasse de café et la chocolatine – elle connait bien sa maladresse – et se dirigea vers son père pour lui déposer un bisou sur la joue avant de prendre place face à lui.
« Merci pour les viennoiseries Papa ! T’es levé depuis longtemps ? »
Certes elle connaissait la réponse mais Lily ne savait pas comment commencer la conversation autrement. Elle remarqua également qu’il manquait son frère au tableau familial et se souvint qu’il avait quelque chose de prévu mais elle ne savait pas trop quoi exactement. La jeune Harper regarda son père en souriant avant de boire une gorgée de café et de croquer un bout de sa chocolatine, il n’y avait rien de meilleur au monde.

D’un œil extérieur personne ne pouvait se douter un instant tout ce qu’avait vécue cette famille, Noah ne préférait d’ailleurs pas que les gens le savent. Il ne cachait pas la vérité mais il ne s’étalait pas. Quand sa femme avait été assassinée ça avait fait la une des journaux à New-York, il était un avocat très connu là bas et évidemment les journaux s’étaient vite intéressés à tout ceci. Voir le visage de sa défunte épouse dans la presse locale ça n’avait pas été simple tout comme pour ses deux enfants qui avaient déjà du mal à se remettre de ce décès. Quant il était revenu pour la première fois à son cabinet après des mois d’absences il avait remarqué le regard de ses employés, ils avaient tous un regard compatissant ce qu’il n’avait pas supporté. Les gens n’aidaient jamais dans ces moments là, il aurait aimé avoir des personnes qui continuaient leurs vies tranquillement autour de lui mais ce ne fut pas le cas. Par la suite que ce soit lui ou ses enfants, ils avaient fait pas mal de conneries qui ne les avaient pas aidé. Huntington c’était un nouveau départ, il aimait déjà cette ville même si ici il y avait pleins de commères, de femmes assoiffés d’argent etc… Noah s’en moquait, il revivait ici. Le soleil constant, la plage et son sable fin c’était tout simplement paradisiaque pour lui. Sophia aurait été tellement heureuse ici… le jeune homme sorti de ses pensées entendant du bruit en provenance de la maison, sûrement sa fille qui était debout.

Il tourna la page du journal fronçant légèrement les sourcils face à un article très intéressant pour l’avocat qu’il était. Relevant la tête de son journal il adressa un sourire à Lily qui arrivait face à lui, elle lui déposa un bisou sur la joue avant de prendre place face à lui. « Bonne question, neuf heure et demi… dix heure à peu près ! ». Il posa son journal qu’il continuerait à lire plus tard, pour le moment il était avec sa fille. « Tu es en repos aujourd’hui ? Ça te fera pas de mal vu les heures que tu fais ! ». Noah était fière du choix de Lily sur ses études mais il trouvait que les médecins abusaient énormément au niveau des horaires. Sa fille n’était qu’une interne après tout. Bien sûr ça lui allait bien de dire ça lui qui pouvait rentrer tard dans la nuit après avoir passé des journées et des soirées à son bureau. Pour le moment ça n’était pas encore arrivé à Huntington tout simplement parce qu’il n’avait pas de cabinet, il n’arrivait pas à trouver un lieu qui lui plaisait et à l’agence ils en avaient marre de lui ! Il avait du visiter une trentaine de bureau sans avoir le coup de cœur. « Tu connais les amis de ton frère ? »