Les Wilkerson étaient de ceux qui ne loupaient aucun événement populaire. Il faisait toujours bon être vu, et c'était aussi bon pour la carrière de monsieur, qui ne crachait jamais sur la possibilité de défendre quelqu'un qui l'aurait déjà croisé à un moment ou à un autre, que pour celle de madame, qui, elle, aimait faire connaître son association dès qu'elle en avait l'opportunité. Cependant, il ne fallait pas oublier que les soirées comme celle qui se préparait en ce moment n'étaient pas seulement faites pour les affaires. Beth avait bloqué son après-midi entier dans son agenda, juste pour avoir le temps de bien se préparer. Avec Daniel, ils avaient convenu qu'il la rejoindrait chez eux et qu'ils iraient ensemble au Diamond's. Depuis leur conversation, les choses avaient changé, et ça n'avait pas été sans satisfaire la brune qui, depuis cette soirée, semblait peu à peu entrevoir un nouvel avenir devant elle, devant eux. Il resterait encore certaines choses à travailler, sans doute, mais Beth se plaisait maintenant à croire que le plus difficile se trouvait maintenant derrière eux. Quelles que soient les difficultés qui s'opposaient à eux à partir de maintenant, elle savait qu'ils auraient la force suffisante pour les combattre et les surmonter. Le soulagement procuré par cette soirée lui avait allégé le cœur à un point qu'elle n'aurait même pas osé espérer. Elle avait vécu chaque journée avec un optimisme sans faille et un dynamisme à toute épreuve. Elle revenait plus tôt à la maison, et, à nouveau et peu à peu, ils se retrouvaient et redevenaient ce couple qui s'était fait la promesse de l'amour éternel en s'échangeant leurs alliances, des années auparavant. Alors, non, cette soirée ne servirait principalement pas à se faire voir pour le couple de Wilerson qu'ils étaient -de toute façon, tout le monde serait plus ou moins méconnaissable. Elle serait une occasion de plus pour eux de se retrouver. Et c'était avec cette idée derrière la tête que Beth avait élaboré dans son esprit plusieurs idées de costumes accordés. Elle était passée des membres royaux européens les plus nobles à des personnages de contes de fées on ne peut plus clichés. Et puis, elle lui avait simplement exposé son idée : et s'ils se déguisaient en pirates ? Et plus précisément, en ceux qui les avaient fait rire alors qu'ils commençaient seulement à se fréquenter... Oui, et si, le temps d'une soirée, ils étaient Jack Sparrow et Elizabeth Swann ? A la limite, il pourrait kidnapper le chien des voisins pour faire William Turner, mais ce rôle n'en valait clairement pas la peine. Jack et Elizabeth -mais appelons-la Beth, en plus, ça simplifie les choses-, c'était passionnel. Pas comme avec cette nouille de Turner qui, en plus, piquait son nom au peintre britannique favori de la brune... Après l'approbation de son époux, elle s'était donc mise en quête des costumes parfaits. Pas de robe pour elle, elle comptait venir en vrai pirate. Sinon, elle aurait choisi la robe jaune et informe de Belle qui avait croisé son chemin au détour d'une boutique de déguisements.

Elle était donc assise sur son canapé, devant une télé-réalité lambda, doigts tapotant d'ennui sur son pistolet, accroché à sa taille. Daniel aurait du être là depuis... bon, d'accord, un quart d'heure. Il suffisait d'un suicide sur une route très fréquentée, et il était foutu. Et elle aussi, qui, du coup, se retrouvait quand même à regarder un drôle de truc. Et la télécommande était trop loin. Si son revolver était un vrai, nul doute qu'elle aurait déjà fait un sort à leur écran plasma -ou alors, qu'elle aurait essayé de viser le bouton de marche sur la télécommande. Bon, ok, qu'est-ce que Daniel pouvait bien faire ? Elle était impatiente comme une gamine. C'était leur première vraie sortie en tant que couple Wilkerson depuis... que tout s'était arrangé. Si seulement ce vieil alcoolique -parce que c'était forcément un vieil alcoolique, voyez-vous, et elle pensait ça avec beaucoup de respect pour les vieux alcooliques malgré tout- avait choisi un autre moment pour se jeter du haut de la tour la plus haute de la ville... A dire vrai, Beth s'impatientait réellement. Elle n'osait même plus bouger tant elle était inquiète de défaire son costume. Jetant un coup d’œil à son portable, posé à côté d'elle, elle se dit que ce serait sans doute excessif de l'appeler dès maintenant. Et il serait totalement ridicule d'essayer de le retrouver sur son trajet. Aussi, elle s'efforça de patienter, l'air de rien, en face de cette pimbêche qui semblait avoir décidé que sa plastique éclipsait toutes les conneries qu'elle disait. Non, ma pauvre. Il n'y a pas six millions d'humains sur Terre. La brune hésita entre entrer dans une crise de fou rire et pleurer de désemparement. Il ne fallait absolument pas que ses petits Guatémaltèques finissent avec une culture pareille. Une vingtaine de minutes plus tard, après s'être décidée à se lever pour changer de chaîne, Beth attrapa son portable. « Allo, Dany ? Qu'est-ce qui se passe ? Je t'attends ! » Ouais, elle l'attendait, comme ils en avaient décidé, pour qu'elle n'ait qu'à sauter dans la voiture. Lui serait déjà Jacksparrowé. A l'autre bout du fil, elle entendit Daniel hésiter quelques instants et lui répondre qu'il avait du retard. « Je viens te chercher au cabinet », puisqu'ils n'avaient pas le problème de savoir qui avait la voiture, « coiffe tes dreads, j'arrive. » Et elle raccrocha aussitôt sans en savoir plus. Puisqu'il était en retard, elle allait compenser ce retard. Et il n'était à présent nullement question d'attendre qu'il vienne la chercher. Le cabinet était sur le chemin de Diamonds, alors imaginez la figure géométrique imbuvable que donnerait le trajet que devrait faire Daniel et sa voiture. Non, non, elle prendrait sa petite Chevrolet et voilà tout. Après avoir jeté un dernier coup d’œil à son miroir, Beth claqua la porte de la villa Wilkerson et grimpa dans sa voiture. De longues minutes plus tard, elle éteignait ses phares devant le cabinet d'avocats. Je suis en bas, ramène tes fesses de pirate, lui envoya-t-elle rapidement avant de remarquer plusieurs appels manqués de son mari. Elle arqua un sourcil, se demandant s'il avait juste hâte de la retrouver ou s'il n'était pas encore disponible. Le temps d'évaluer toutes les possibilités, le voilà qui ouvrit la porte du côté passager... en costume d'avocat. « C'est ce que je voulais te dire, j'ai oublié le costume à la maison... » glissa-t-il avec un sourire pincé et amusé. « Mais... on a pas le temps d'y retourner, en plus ton costume est super long à enfiler, et puis je suis sûre qu'il y a des jeunes qui nous tendent un guet-apens devant chez nous parce qu'il y a plus personne pour leur donner des bonbons. » Elle s'était accrochée au volant comme si c'était son ultime solution. « Je vais être une pirate lambda sans son pirate beau gosse... » glissa-t-elle, déçue. « Et toi, tu vas être... non, me dis pas que tu vas oser faire le coup du je me suis déguisé en moi ? » Elle avait froncé les sourcils et le regardait d'un air de pimbêche choquée, ses lèvres trahissant un sourire amusé. Elle agitait maintenant sa main devant lui, et il l'arrêta en la prenant dans la sienne. « T'inquiètes pas, je gère. » Elle le regarda et pencha la tête sur le côté, attendrie par le geste de Daniel. « Tu me dois un restau, on est d'accord ? » le défia-t-elle du regard, malicieuse. Elle n'attendit pas la réponse et ralluma ses phares avant de démarrer. De toute façon, elle l'aurait, son restau d'excuse. Et puis, elle aimait les manières qu'ils avaient de se réconcilier, de toute façon.

La circulation était plutôt fluide à cette heure-ci. En passant dans un quartier résidentiel, Beth dut piler à plusieurs reprises pour éviter de transformer des enfants imprudents en paillassons. « Tu conduiras au retour », avait-elle lancé à Daniel. « Enfin, jusqu'au cabinet. Faudra pas oublier ta voiture. » Mais finalement, et sans paillassonage aucun, ils finirent par arriver aux alentours du Diamond's. Ils mirent un moment à trouver une place, mais finirent par sortir de la voiture. Ils furent aussitôt plongés dans l'ambiance festive du coin, puisque de nombreux invités se pressaient sur le trottoir. Sans doute pour se rendre eux-aussi au Diamond's, d'ailleurs, vu ce qui avait été vendu en boucle aux habitants d'Huntington Beach depuis des jours... « Bon, Elizabeth Swann n'aura pas son Jack Sparrow, ce soir, alors ? » tenta-t-elle une dernière fois en faisant la moue, comme s'il allait miraculeusement sortir son costume de sa poche de pantalon. Elle le rejoignit sur le trottoir et attrapa son bras. « Alors, que serez-vous ce soir, monsieur Wilkerson ? » demanda-t-elle, espiègle.

Une rue plus loin, et ils étaient arrivés au bar. La musique s'était faite entendre crescendo alors qu'ils avançaient, confirmant qu'ils allaient dans la bonne direction. Un vaste attroupement était installé devant le Diamond's, preuve que les prospectus qui avaient élu domicile sur leur gazon pendant quelques jours avaient bien eu l'effet escompté. Tout le monde semblait avoir joué le jeu du costume... sauf Daniel. « En fait, t'es déguisé en James Bond, c'est ça ? » tenta-t-elle alors qu'ils s'apprêtaient à entrer.



HJ : Me frappez pas, j'ai pas inscrit Beth mais c'est trop tentant... Si je peux me faire pardonner, dites-le moi ! Et si je dois retirer mon message, dites-le moi aussi (mais ce sera grève de sushis !)

Spoiler - Vulgarity Ahead:

« En fait, t'es déguisé en James Bond, c'est ça ? » me lança la magnifique pirate que j'accompagnais à la soirée d'Halloween du Diamonds', et qui n'était autre que ma femme. Je lui renvoyais un haussement de sourcils mystérieux, tâchant de jouer le jeu. Mais que cela soit bien clair : je n'avais aucune envie d'être là. Premièrement, j'avais eu une journée épouvantable au boulot, enchaînant réunions et dossiers casse-gueule. Deuxièmement, mon empoté de stagiaire du doux nom de Jérôme - un français - avait oublié de me noter la soirée dans mon agenda, ce qui faisait que j'avais oublié mon costume à la maison et était, donc, encore en tenue de travail, ce qui ne me ravissait guère, venir en habit de tous les jours allant à l'encontre du principe d'une soirée déguisée (forcément). Et troisièmement, j'avais été de mauvaise humeur quasiment toute la semaine, malgré que les choses se passent beaucoup mieux à la maison, pour une raison que je n'avais guère envie de nommer, puisque je n'avais pas non plus envie d'y penser - et si ça n'a pas de nom, c'est mieux pour ne pas en parler, hein. « Je pourrais être James Bond déguisé en Daniel Wilkerson, qu'est-ce que t'en sais... » Répondis-je du tac au tac, feignant un sourire décontracté. « En réalité, je suis peut être un agent secret et notre mariage n'est qu'une couverture pour laisser penser que je suis un homme normal. Va savoir... » Je laissais ma phrase en suspend, me mordant la lèvre tout en la fixant d'un air sérieux. Puis, des fossettes se creusèrent dans mes joues, et je lui donnais un léger coup d'épaule. « C'est bon, détends toi. Je te promets que tu vas avoir bien mieux que Jack Sparrow à tes côtés ce soir... Un peu de patience. » Je pris sa main et m'apprêtai à entrer dans le bar quand nous fûmes interrompus par... Un espèce de play boy, dans le genre pâle imitation d'un certain Barney Stinson - oui je regarde la télé, le soir. Cependant, il ne s'était pas vraiment foulé non plus. Soit il avait oublié son déguisement lui aussi, soit son idée ce que qu'était un vértiable play boy était plutôt cheap, soit enfin, il avait eu l'idée du siècle et décrété que, lors d'une soirée costumée, on venait simplement ... En costume. Littéralement. Comme moi, en fait. Sauf que moi, je n'avais pas fait exprès. Diantre. Pourquoi n'y avais-je pas pensé moi-même avant ? Cependant, je ravalai bien vite cet éclair de génie, retirant tout crédit momentané que j'avais pu porter à cette personne à l'instant où elle ouvrit la bouche pour s'adresser à Beth, le tout avec un mépris évident pour ma personne. Ayant quelque peu l'habitude d'inspirer ce genre de sentiment, je ne m'en formalisai toutefois pas. Je l'écoutai même jusqu'au bout sans l'interrompre, non sans laisser un sourire caustique grimper sur mes lèvres, résolument closes. Au moins, il a évité le jeu de mot "à l'abordage !", pensai-je ironiquement, mais cela n'enlevait rien au fait qu'il venait de, sous mon nez, oser draguer ma femme. Pas n'importe laquelle. La mienne. Alors, forcément, ça ne passait pas.

Fourrant sa carte dans les mains de cette dernière, il s'était déjà détourné, visiblement à la recherche d'une autre cible... Je lui pris le petit morceau de carton des mains avant même qu'elle ait eu le temps de le lire pour lancer : « Accordez moi un instant, Lady Swann... J'ai un petit truc à faire pour être fin prêt et je serais ensuite tout à vous. » Je ne lui laissais même pas le temps de protester, lançant un « on se retrouve à l'intérieur », déjà sur les traces de l'homme qui ne valait pas trois milliards, arrivant rapidement à sa hauteur. Je tapotai alors son épaule du majeur et de l'index. « Excusez-moi, Monsieur... Wilde. Heath Wilde, c'est bien ça ? » débutai-je d'un ton volontairement incertain en fixant la petite fiche cartonnée. Sûrement allait-il se dire que je cherchais mes mots... Mais cela n'était guère le cas. Simple entrée en matière, qui rendrait le ton ferme qui allait suivre plus impactant. Mes doigts refermèrent leur prise sur son épaule, sans me soucier de froisser ou non le tissu de son costume. De toute façon, et ça se voyait au premier coup d'oeil, il était bon marché. « J'imagine que votre temps est précieux, mais laissez moi vous signifier une chose. » J'émis un temps d'arrêt avant de, sans crier gare, me placer volontairement de trois quart sur sa droite, dissimulant ainsi ma seconde main que je fis descendre jusqu'à son fessier... pas si royal que ça. Il était sans gêne ? Je pouvais l'être aussi. Sans aucun soucis. Sans gêne aucune, donc, je tâtai ce fameux "best booty in da fuckin world, mothafucka" dont il semblait si fier, et une moue partagée se dessina sur mes traits. Mon regard était sûr, mes gestes assurés. Comme si j'avais fait ça toute ma vie. Peut être parce que, ouais, j'avais fait ça pratiquement toute ma vie, en fait. « Mmmh... Ouais. D'accord... » laissai-je échapper sans pouvoir m'en empêcher, et je me penchais par dessus son épaule pour murmurer la suite à son oreille : « J'en ai vu, des culs, et, pour être tout à fait franc, le votre est honorable... mais pas assez pour prétendre au "best booty award". Manque de fermeté. Clairement. Je serais vous, je ne miserais pas tout sur ça. » Temps d'arrêt. Je retirai ma main pour la passer dans mes cheveux, dans un léger rire. « Vous avez une belle gueule, un peu trop grande, mais ça peut avoir son charme, à petites doses. En fait, en plus d'un meilleur cul, ce qu'il vous manque, c'est la classe. Dommage que vous en soyez dépourvu, vous feriez des ravages. » Mon sourire se fit étincelant alors que, dans une dernière provocation, je glissai sa carte dans la poche de sa veste avant de la tapoter, franchement amusé. Et, sur ces entrefaites, je me décalai, croisant les mains dans mon dos pour me reculer. Je le toisai ensuite d'un dernier regard critique, puis conclus : « Mais poursuivez vos efforts, je suis sûr que vous y arriverez... Un jour. En attendant, je vous laisse à votre soirée, c'est dangereux de faire attendre les pirates. Oh et, en passant, n'hésitez pas à regarder ce qu'est un vrai cul de premier ordre, tant que vous y êtes... » Sur quoi, je m'éclipsai, sans plus lui accorder la moindre attention, entièrement confiant dans le fait qu'à cet instant, il devait être en train de mémoriser la forme parfaite de mon délicat et musclé postérieur. Présomptueux ? Moi ? Absolument. La fausse modestie, ça n'avait jamais été mon truc.

Revigoré par cet échange, je fis un crochet par le vestiaire où je retirai ma veste avant d'aussi enlever ma chemise, sous le regard éberlué de la jeune femme qui s'en occupait. M'assurant que le col amovible de ma chemise était toujours bien en place, je resserrais également mon nœud de cravate avant de lancer à la ronde un « ça va, je suis bien ? non, ne dîtes rien... », déjà conforté dans l'idée qu'en effet, j'étais "bien", par les regards scrutateurs alentours. Je revins ensuite dans la salle principale, retrouvant une certaine pirate brune prêt du bar. J'enserrais sa taille de mes bras pour venir déposer un baiser au sommet de son crâne, avant de la faire pivoter pour me tenir face à elle. « Alors, on regrette toujours de ne pas avoir de pirate beau gosse à ses côtés ce soir ? » lui opposai-je avec un air taquin. Déjà, elle ne pouvait pas dire que la partie "beau gosse" n'était pas respectée... C'était l'avantage d'être naturellement beau. Pour ça, n'importe quel déguisement aurait fait l'affaire. Même déguisé en moche. Je suis sûr que j'aurais été une putain d'oxymore. Rien que ça. Après tout, les figures de style, ça me connaissait... Au propre comme au figuré.

Un peu comme tout le monde, Henri avait reçu son invitation pour la fête de sa boite de nuit favorite. C'était un habitué alors forcément il n'allait pas dire non. Il était même curieux de voir comment les choses allaient se dérouler. Au moins, pour une fois, il n'allait pas passer sa soirée à balancer des bonbons sur les gamins par la fenêtre - et dieu seul savait à quel point Henri adorait faire ça. Il n'avait aucune idée de qui serait là ce soir et son petit doigt lui disait qu'il risquait de croiser du monde. La seule chose qu'il avait envie de faire c'était tout simplement s'incruster, s'envoyer en l'air et rire un bon coup grâce à une surdose d'alcool. Une soirée comme les autres en soi, avec un bonus pour la déco et le thème d'Halloween. Cigarette en bouche, il fouina dans une vieille mallette de son salon pour ressortir un costume qu'il avait acheté à New York quelques années plus tôt. Logiquement il aurait pu faire un effort, mettre un costume qui fait peur et jouer le jeu, sauf que non. Henri voulait se la jouer professeur d'histoire lourd qui sort un costume trop parfait pour ne couter que quelques dollars. Il était un peu ridicule aussi, mais ça, c'était qu'un détail. Lui, il se sentait sexy et puissant et cela le poussait à marcher la tête haute, de l'arrogance dans les yeux. En arrivant, il était assez surpris de voir autant de monde. Les déguisements étaient parfois très sexy comme très drôle. Henri se prit quelque fou-rire tout en passant devant la queue et doublant tout le monde.

Henri était Ares - mais ça, personne ne risquait vraiment de le comprendre. Fils de Zeus et Hera, il était le dieu de la guerre. A l'inverse d'Athena, Ares était violant, impulsif et c'était sans doute l'un des dieux les plus haïs de toute l'olympe. C'est clairement pas le plus doué, puisqu'à chaque fois qu'Henri avait lu quelques choses sur lui, ce pauvre Ares se faisait lamentablement humilié. C'était un Dieu, mais c'était un Loser. Mais bon, qui d'autres peuvent se vanter de s'être tapé Aphrodite ? (qui notons, est aussi la fille de Zeus. Il se faisait sa demi-soeur, normal, pépère quoi.)

Les décorations étaient impressionnantes. Le professeur s'était arrêté dans la salle du temple Aztèque. Il en avait profité pour commander un verre du nom de « Nawatlatoli » au gout très fruité. Il s'était amusé à marcher, à croiser des regards, à changer de salle, jusqu'à s'asseoir sur le trône du roi dans la fausse salle de bal du château de la renaissance. C'est d'ailleurs là qu'une fausse Marie-Antoinette lui avait sauté dessus pour lui faire peur, la tête à moitié découpé. Bravo... Une fois assi, buvant son verre comme un pro, une demoiselle s'était installé sur le trône de la reine et tout content, Henri lança :

« - Oh, vous voilà enfin, ma reine. » Il fit son plus beau sourire, finissant son verre. Aucun doute, ce soir, Henri comptait bien s'envoyer en l'air.

Ok.
Ok.. Sérieusement ok. Je sais que cette soirée va être différente. Parce que cette fois-ci je ne me contente pas d’être ailleurs qu’à Huntington Beach. Parce que cette fois-ci Rebecca a pris ma place et est partie chez une amie. Faire la fête là-bas. Elle savait que je serais pas seul pendant la soirée que j’ai vite décidé de venir à la soirée qu’organise le propriétaire du Diamond’s. Je n’ai absolument pas envie de rester chez moi à entendre des enfants appuyer sur la sonnette dans les intervalles de cinq minutes ! Non. Déjà si j’avais les bonbons, je les aurais gardés pour moi seul. Parce que c’est bon et ça coute cher - je ne suis pas radin juste que j’aime les bonbons, c’est tellement bon que ça ne devrait pas être cher… Encore je ne me vois pas du tout rester chez moi, à regarder un film d’horreur alors que c’est la période des fêtes. Là, avec cette merveilleuse idée qu’a Aleksey - je me permets de l’appeler par son prénom, après il n’est pas là pour me dire que je suis déjà un peu trop familier: j’ai toujours été comme ça et je pense que vous l’avez remarqué. Je vais pouvoir rencontrer et peut-être retrouver des gens. Enfin, dans des bonnes conditions. J’ai quand même une légère crainte de me retrouver en face d’une ancienne amie du lycée que j’ai carrément… Hm… Disons, que j’ai dû la plaquer un peu méchamment à cette époque. ‘Fin.. Du passé quoi. Mais y a des gens qui font vraiment une fixette sur le passé.

Donc c’est dans un élégant costume de prince - d’un pays plutôt exotique. Un costume qui me va plutôt bien que j’entre en scène dans le Diamond’s. À côté de moi, se tient une petite blonde déguisée en diablesse. Je suis venu passer la prendre parce que c’était sur mon chemin. Puis c’est bien de venir à deux que d’être tout seul. « _ Bon… Y a déjà du monde là. » fais-je dans un soupir, m’adressant évidemment à Jane. Je cherche quelques têtes que je connais déjà mais apparemment, pour l’instant… Je ne connais personne. Par contre, ce qui m’intrigue c’est de trouver une carte par terre. À laquelle je peux lire. Heath… Je hausse les sourcils, esquissant un léger sourire au coin. Ah, là. Il m’étonnera toujours Heath… Mais. Je fronce les sourcils et prend un air légèrement préoccupé. « _ Il ferait ça lui ? » laisse-je échapper en oubliant que Jane est à côté de moi, je cherche du regard Heath puisqu’apparemment il est là. Mais je ne le trouve pas, il doit être bien déguisé lui… Noooon. Il ne ferait pas ça ? Il va vraiment attirer toutes les femmes chez lui s’il distribue toutes les cartes comme ça. Je ne le trouve toujours pas. Je hausse les épaules et me mets à observer les décors. « _ C’est plutôt bien foutu, le propriétaire a bien géré sur ce coup-là. » fais-je à Jane, pour ne pas dire que je ne reconnais pas le Diamond’s étant plus ou moins un habitué dans ces lieux. J'espère que cette soirée va bien se passer et qu'il y aura pas d'ennuis. Et bizarrement j'ai la sensation que ça va être le cas: les ennuis, y en aura.

Halloween. Pumpkins... Pumpkins ! Jane était comme une petite folle à cette période de l'année. Enfin peut-être moins qu'à Noël mais plus que pour Pâques, ça c'était certain ! Quoi que l'histoire sur le lapin de Pâques s'était mignon quand même non ? Mais ce n'était définitivement pas la même ambiance que pour la fête des morts et des monstres ! Elle était tellement heureuse que Aleksey est organisé ça au Diamond's. Dire qu'elle y avait travaillé comme serveuses il y avait quelque temps pour cet homme qu'elle appelait aujourd'hui volontiers Tonton. Si si Tonton. Mais c'était une longue histoire qui n'était pas tellement dans le thème de l'automne Californien. Néanmoins, s'il y avait bien une chose qu'elle regrettait, c'était bien le mauvais temps anglais, les arbres aux feuillages rouge ou dorée. Bref, un vrai automne Européen. Oui, voilà ce qui lui manquait depuis 3 ans à chaque fois qu'elle fêtait Halloween. On ne pouvait pas en vouloir à la Californie d'avoir plus de soleil sur 365 jours que le Royaume-Uni.

Serre-tête en place, Jane avait revêtu son costume de petite diablesse. Cela lui allait tellement bien n'est-ce pas ? Un démon avec une bouille d'ange. Oui bon, la blonde avait longuement hésité avec un costume de Catwoman, elle avait du finir par trancher... L'année prochaine peut-être, et Beny serait en Batman ? Oui mais ça voudrait dire qu'il devrait se raser la barbe non ? Pas sûr qu'il aurait envie... Tant pis, en tout cas pour le moment cet acolyte de la première heure devait passer la chercher, c'était sur la route. Et parce que Rebecca était allée fêter Halloween chez une amie. Trêve d'explication, Jane avait quitté son appartement pour filer au Diamond's avec Beny. Parfois elle se demandait vraiment si ce n'était pas un surnom.

Elle l'avait découvert en prince d'un autre temps. Cela lui allait plutôt bien. Enfin avec Jane à ses côtés, c'était un prince qui avait pactisé avec le Diable. C'était amusant. En arrivant sur place, Jane avait eu un peu de mal à reconnaître l'endroit. Damn it, qu'est-ce qu'il avait changé pour l'occasion ! Il faudrait au moins qu'elle aille voir Aleksey pour le féliciter ! Et aussi faire la bise à quelques serveuses qu'elle connaissait bien. Enfin si il avait le droit, elle ne voulait pas être à l'origine d'un quelconque soucis. Tout sourire, Jane répondu par la positive à l'observation de Beny à ses côtés. En effet, il y avait beaucoup de monde ! Cela promettait une sacrée soirée. Elle le vit alors ramasser une carte, mais elle n'y prêta pas attention, sans doute un truc d'Halloween. « Ô oui ! J'ai du mal à reconnaître de quand j'y travaille ! » Euh... Beny savait qu'elle avait travaillé ici ? Ce n'était pas grave s'il n'était pas au courant. Jane cherchait quelques têtes connues, mais sans doute faudrait-il avancer. « On bouge ? »

Un dernier trait d'eye-liner, un peu de faux sang par-ci par là, et le tour était joué, Katherina était enfin prête pour la soirée qu'elle attendant tant : halloween au Diamond's. Elle avait passé plusieurs semaines à chercher le costume parfait, à fouiller les magasins à la recherche d'accessoires farfelus, effrayants, marrants, et elle avait fini par pousser la porte de la boite de nuit sous les traits de la charmante blanche-neige ... Attendez une seconde, il ne manquerait pas quelques bouts de peau à la charmante Blanche-neige ? Ohoh ... Katherina avait beau être la plus belle du royaume, son côté zombi en faisait ternir plus d'un. Pour cette occasion, elle avait enfilé une somptueuse robe corset, bicolore, de base bleue, on trouvait sur celui-ci des bandes rouges qui partaient de la poitrine jusqu'au ventre, lacet, derrière, dévoilant une partie de son dos, les manches bouffantes sur ses épaules étaient déchirées, donnant l'effet d'une bagarre récente. La longue jupe jaune que portait la princesse avait été remplacée par une largement plus courte, lui arrivant à hauteur des cuisses, les trous dans celle-ci dévoilaient une partie de sa peau, pas beaucoup et rien de très vulgaire, de simples déchirures que voulez-vous ? Elle restait néanmoins particulièrement élégante, dans un tissu donnant l'impression d'être en velours, une jupe bouffante. Ses bas blancs étaient tâchés de sang, on pouvait reconnaître une trace de mains au niveau de sa cheville, comme si quelqu'un avait voulu s'y accrocher de toutes ses forces. Elle semblait avoir des plaies ouvertes au niveau des cuisses, des bras, couverte de sang, ce petit côté sauvage, une vraie tigresse, non ? Une tigresse morte ? Non plus ?

Son visage était blanchi, pâle comme une morte, le contour de ses yeux était bleuté, ses paupières noires, le maquillage du parfait petit zombi ! Du sang coulait de ses lèvres, sur lesquelles elle avait posé un rouge à lèvre vif, flamboyant, de nombreux traits tracés donnaient l'impression d'une bouche craquelée, abîmée, un visage restant plutôt sobre pour garder une touche séduisante, elle ne voulait pas faire fuir tout le monde, quand même. À vrai dire, elle ressemblait surtout à une blanche-neige psychopathe plutôt que morte, mais vous savez, ressembler à un zombie quand on n'est pas une maquilleuse pro, c'est plutôt compliqué ... En ce qui concerne ses cheveux, elle les avait laissé lâcher, coiffée avec de grosses boucles, elle avait ajouté le ruban rouge que la princesse portait dans le dessin animé, sur lequel on pouvait voir dessiné une petite tête de mort pour rappeler le thème.

Satisfaite du résultat, elle se mit en route, direction la plus grande soirée déguisée de l'année, panier remplie de pomme empoisonnées en main, bien décidé à en distribuer quelques-unes aux personnes qu'elle détestait le plus au monde ... C'est une blague, vous comprenez ? Enfin bon, la charmante petite blanche-neige zombifiée avait fait son entrée au bal des vampires, et elle comptait bien passer une soirée plus qu'excellente ! Pour le moment, elle attendait simplement au bar, goutant à un cocktail spécial halloween dont elle n'avait pas retenu le nom, goût bizarre, odeur bizarre, effets bizarres ? Mouais.

Elle vagabondait finalement entre les pièces, cherchant celle où elle était sûre et certaine d'y trouver l'éclate totale, parce qu'elle n'était certainement pas venue ici pour se faire chier, oh non, loin de là. Première mission ? Trouver quelqu'un avec qui commencer la soirée, quelqu'un de reconnaissable ? Vu leurs tronches, ça s'annonçait plus compliqué que prévu ! Croquant dans sa pomme, elle observait tout ce petit monde s'agitait autour des décorations, rirent des frayeurs qu'ils pouvaient se faire pendant la soirée, un petit sourire moqueur sur les lèvres, elle haussa légèrement les épaules en reprenant son repérage de camarades.

Visuellement, Kath en blanche-neige ça donne ça :

« C'est quoi cette coupe de cheveux ? » Jude regardait Imran avec un air perplexe. Il était tard ce jour-là et les patients/clients du docteur Johar n'allaient pas revenir avant demain dans la matinée. Voilà un moment qu'elle avait remarqué ce changement capillaire soudain. Encore, la barbe, elle avait l'habitude - elle savait que c'était un flémard avisé qui passait plus de temps à boire qu'à se doucher. Elle fronça les sourcils comme si elle voulait comprendre ce qui se passait dans la tête de psychiatre - ce qui était clairement impossible. « - Tu t'es pris pour Tom Sturridge en mode hipster/clochard newyorkais assumé ? » Ce qui était bien avec Jude c'est qu'elle savait parfaitement de quoi elle parlait. Elle savait aussi qu'Imran avait un appartement à New York et que parfois en vacance il allait y faire un tour. Aller savoir pourquoi Imran n'avait pas vendu cet appartement, Mais quelque part il y avait une signification très forte à l'amour qu'il portait à cette ville. S'accoudant à la table haute de l'accueil, Imran se pencha vers Jude comme s'il allait lui murmurer un secret. « - Très drôle, mais tu sais quoi. Tu ne le sauras probablement jamais. » Un fin sourire sur le visage il laissa tombé l'hôpital pour rentrer chez lui. Halloween - comme tout autre fête en général - n'avait aucune importance pour le médecin. En réalité il n'avait pas besoin de ce genre de fête pour boire et s'amuser. En fait, il n'avait besoin d'aucun prétexte pour boire tout court, mais là n'était pas la question. Cette année il s'était dit qu'il allait jouer le jeu. Qu'il allait se déguiser et faire chier les autres comme il aimait tant le faire.

La soirée en question où Imran comptait se rendre était celle du Diamond's. Tout le monde ne parlait que de ça depuis des semaines. The place to be, comme quoi. Il aurait préféré rester chez lui et jeter des bonbons sur les gosses par la fenêtre, mais on va dire qu'il y avait quand même un plus à venir ce soir. Il y avait du monde partout ! Des déguisements aussi réussis que ridicule - portait des lunettes et un tee-shirt de superman ne faisait pas de vous Clark Kent. Il commanda trois cocktails différents avant de trouver celui qui allait combler ses désirs. Un cocktail vendu dans la fausse « prison » de l'une des sales. Le spécial Hannibal - d'ailleurs il y avait un mec qui ressemblait beaucoup à Anthony Hopkins pas loin, enfermé le pauvre. Au moment où Imran se retourna, il aperçut un visage familier. Une petite bouille de blanche-neige dans une vie antérieure apocalyptique. Ohoh ! La soirée semblait tout un coup sublime.

« - Splendide ! T'es encore plus laide que d'habitude. » Il offrit son plus beau sourire. Il avait stupide lui avec son chignon sur la tête et son costume d'athlète. Heureusement qu'ils étaient dans un coin du pays où il faisait 15° en hiver parce que ses jambes étaient magnifiques de sortie ce soir. Ses muscles aussi. « - Tu sais, je crois que tu t'es trompé. La rue c'est de l'autre côté. Mais je suis content que tu admettes enfin ton vrai visage. C'est un grand pas vers la guérison ça. » C'était un jeu. Dès qu'il voyait la petite bouille de Katherine, Imran fonçait. Mais il ne disait pas ça de manière méchante. Le but ce n'était pas qu'elle pleure parce qu'il était odieux avec elle. C'était plutôt qu'elle essaye de lui répondre et généralement ça marchait plutôt bien. Elle était agaçante des fois, mais Imran revenait toujours à la charge. Il n'aimait pas perdre.

« T'es encore plus laide que d'habitude » n'avait-il pas mieux à lui sortir ? Elle arqua légèrement le sourcil face à Imran, combien de chance de tomber sur lien durant cette soirée ? Non, attendez, Kath n'avait jamais véritablement eut de chance, elle aurait dû s'en douter. Se mordillant légèrement la lèvre inférieure, elle s'apprêtait à lui tourner le dos avant de se rendre compte qu'elle n'avait pas envie de le laisser gagner, ni cette manche, ni aucune autre. « Attends voir une seconde, un peu plus d'une centaine d'invités, cinq salles, des strip-teaseuses dans l'autre salle, et c'est face à moi que tu te retrouves ? » Vidant son cocktail d'une traite, parce qu'il lui fallait un verre de plus pour pouvoir supporter sa présence et son horrible sourire moqueur, elle continua après un long soupir « Seriez-vous en train de me suivre monsieur le psy ? » Elle lui offrit alors son plus merveilleux sourire, parce qu'au fond, elle ne pouvait pas s'empêcher de rentrer dans son jeu.

Elle s'approcha doucement, lui donnant un léger coup de coude, elle murmura : « On est entre nous, t'es plus obligé de cacher que tu me trouves à ton goût. » Haussant un peu les épaules après un petit clin d'œil, c'était par de petites piques qu'elle devait lui répondre, parce qu'il fonctionnait comme ça et qu'il n'attendait rien d'autre que ça. C'était devenu un passe-temps, jouer à celui qui emmerderait le plus l'autre, la manche était rude, parce qu'il était sacrément doué, il maniait les mots aussi bien qu'elle maniait son scalpel, satané psychologue.

« En fait, je me disais que c'était plutôt étonnant que ce ne soit pas toi qu'on ait confondu avec un SDF, à moins que ce soit à la mode d'avoir un chignon et une barbe ringard ? » Bien sûr, elle accompagna ses paroles d'un petit tirage de cheveux, léger et furtif, rien d'autre qu'une forme de taquinerie. « Mais, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis plutôt occupée ... »

Constatant avec le plus grand des regrets que son verre était vide, Kath lui tourna le dos un petit moment le temps de récupérer un autre cocktail qui traînait sur la table, bien entendu, c'était juste une excuse pour l'envoyer ailleurs, un peu plus loin, genre à l'autre bout de la boite quoi. Mais, lorsqu'elle se retourna, dans un long soupir, il était encore là, avec cet horrible sourire ravageur, haussant les épaules, elle finit par ajouter : « En fait, c'était juste une façon polie de te dire d'aller voir ailleurs. »

Se mordillant à nouveau la lèvre, elle vint taper son verre contre le sien, trinquant à ce nouveau jeu dont elle allait à nouveau être sacrée vainqueur, bien entendu, au fond d'elle, le voir partir n'était pas du tout ce qu'elle souhaitait. Non, elle ce qu'elle voulait, c'était jouer, l'agacer, après tout, c'était dans ce domaine qu'elle excellait. « On me déclare vainqueur maintenant ou on se tape quand même un tournoi ? »

La soirée commençait d'une façon qui faisait déjà reconsidérer tous ses plans à Beth. S'il y a quelques temps elle en aurait paniqué -histoire de control freak, tout ça-, maintenant, elle préférait ne visualiser que le côté positif. Daniel l'avait rassurée sur toute la ligne, et elle en venait presque à oublier le Jack Sparrow qu'il aurait du être. « Je pourrais être James Bond déguisé en Daniel Wilkerson, qu'est-ce que t'en sais... » continuait-il sur la lancée de la brune, qui arqua un sourcil amusé. « James Bond se serait plutôt déguisé en Winnie l'Ourson, on le sait tous. » Quitte à se déguiser, autant le faire jusqu'au bout. Échanger un costard contre un autre costard n'avait aucun intérêt, n'est-ce pas ? « En réalité, je suis peut être un agent secret et notre mariage n'est qu'une couverture pour laisser penser que je suis un homme normal. Va savoir... » lança-t-il le plus sérieusement du monde alors qu'elle se figeait, se demandant vraiment s'il n'était pas en train de lui dévoiler ce secret dont il lui avait parlé. Elle serait une couverture... Un mariage par obligation, en somme. Le rêve de toutes les femmes. Heureusement pour elle, Daniel n'était finalement pas aussi sérieux qu'il s'en était donné l'air. « C'est bon, détends toi. Je te promets que tu vas avoir bien mieux que Jack Sparrow à tes côtés ce soir... Un peu de patience. » Beth sourit, soulagée de ne s'être qu'imaginée un scnéario rocambolesque -mot ressorti du cimetière des mots pour vous. « Tu connais mes capacités en terme de patience, pourtant ! » Elles étaient à peu près aussi élevées que si on lui demandait de tenir une conversation de physique quantique. Mais soit, elle serait patiente. Il ne s'agissait plus seulement de la rassurer, maintenant, Beth pensait très clairement qu'il avait une idée précise derrière la tête. Daniel Wilkerson, un homme rempli de surprises ! Et, honnêtement, elle s'en moquait complètement que leurs costumes ne soient pas assortis. Même si elle avait déniché des perles de costume et s'était déjà imaginée les photos qui s'ajouteraient à leur collection de souvenirs, elle avait appris à prendre du recul sur ces choses-là, qui n'étaient que futilité à côté de ce que représentait Dan à ses yeux. Tant qu'il était là... elle était prête à se montrer en société avec un époux déguisé en tortue Ninja si c'était ce qui devait arriver. Les retrouvailles avec Daniel n'avaient pas été pour rien à cette transformation. Elle ne l'avait même pas décidé, mais elle lâchait maintenant du lest là où elle n'aurait pourtant jamais imaginé le faire. L'image lisse des Wilkerson lui avait toujours tenu à cœur, mais elle lui importait maintenant tellement peu... Tant que ces Wilkerson existaient toujours. Son visage toujours éclairé par ce sourire, Beth suivait son mari, et, alors qu'ils allaient entrer dans le bar, un jeune homme s'imposa à eux et déblatéra un charabia des plus chics. La première réaction de la jeune femme fut de pouffer comme une débile finie. Elle attrapa la carte de visite sans trop comprendre ce que c'était, et jeta un coup d’œil amusé à Daniel alors que l'invité les laissait pour rejoindre le bar. Sauf que son mari ne semblait pas prendre les choses de la même façon. Déjà, elle avait perdu la carte de visite. « Accordez moi un instant, Lady Swann... J'ai un petit truc à faire pour être fin prêt et je serais ensuite tout à vous » lança-t-il. « Laisse tomber, Sparrow-Bond-Winnie, tu sais très bien que les pics du Plaisir et l'île de la Sensualité Perpétuelle je les connais ! » Mais il était déjà parti, et elle parlait à moitié dans le vide. Enfin, non, pas vraiment. Quelques personnes s'étaient retournées. Bah ouais, quand c'est un mec chic qui hurle ces choses-là on ne dit rien, mais lorsque c'est une jeune femme, on la regarde comme si c'était une prostituée. Levant les yeux au ciel, la pirate entra dans le bar, qui s'avérait aussi bondé à l'intérieur qu'à l'extérieur. Elle accéda plus ou moins facilement aux vestiaires, où elle laissa ses affaires. Le portable dans les bottes, et quelques billets dans le décolleté -la technique des winners ! Allégée du manteau et de son sac, Beth se sentait déjà plus libre de ses mouvements, et elle accéda à la première salle. La décoration était impressionnante, et elle ne put s'empêcher de se demander le temps qu'ils avaient consacré à toute cette organisation. Peut-être aurait-elle pu proposer quelque chose pour son association, se disait-elle maintenant, mais il était trop tard. Et puis, elle s'était un peu calmée sur l'asso depuis qu'elle avait retrouvé une vie de couple.

Son premier réflexe fut de rejoindre le bar lui-même, juste histoire de scruter les alentours avec la sécurité d'un meuble pour la soutenir -et d'une boisson pour bien débuter. Il y avait du monde, mais, au final, la taille du bâtiment permettait tout de même une certaine fluidité dans les déplacements, et la jeune femme se retrouva finalement assez vite accoudée au bar qu'elle visait. Le truc, maintenant, était qu'elle hésitait sur sa commande. Alcool or not alcool ? Bizarrement, elle n'était pas sûre que quelque chose de trop fort passerait. Une bière, peut-être, alors ? Ou alors un jus de fruit exotique de fille bien chiante ? Genre jus de goyave ou de papaye... Perdue dans ses pensées, elle sursauta lorsqu'elle sentit quelqu'un la prendre par la taille. Elle pensa bizarrement aussitôt au pervers, finalement pas si rassurée d'être seule avec un psychopathe pareil dans les parages. Il fallait dire qu'être défendue par son époux, ça n'avait pas de prix... C'était un peu retrouver son âme de jeune princesse en détresse. Même si Beth se plaisait à penser qu'elle saurait se défendre si quelque chose venait à lui arriver, elle n'en était pas moins apeurée dans ce genre de situation. Mais en quelques instants, elle s'était retournée, et faisait face à son mari. Putain, le soulagement. Sauf qu'avec tout ça, elle n'avait même pas réalisé que voir Dan à moitié à poil dans un bar, ce n'était pas tout à fait normal. « Alors, on regrette toujours de ne pas avoir de pirate beau gosse à ses côtés ce soir ? » Secouant la tête pour se remettre les idées en place -approuvé par les plus grands neurologues-, Beth lâcha un « ah ? heu... » avant de comprendre ce qui se passait. « Non, j'avoue que tu te rattrapes bien... » Elle glissa sa main sur ses pectoraux avec un sourire espiègle. « Non, vraiment, j'ai rien à dire, t'es pardonné. Je me trouve même trop habillée, maintenant. Mais n'en profite pas pour draguer d'autres demoiselles. Sinon je cours tout droit dans les bras de l'autre. » En résumé, il avait plutôt intérêt à ne pas s'intéresser à d'autres femmes... tout simplement parce qu'elle ne comptait absolument pas se jeter sur le pervers qui avait attaqué les capacités sexuelles de son compagnon. « Tu m'as trouvée tout de suite ? Je suppose que le bar, c'est le premier endroit où tu m'as cherchée... » Le repère des gens normaux qui débarquent à une fête, non ? Ah, non, peut-être juste le leur... Mais elle n'en avait pas pour autant oublié le moment où il l'avait quittée pour suivre le dieu du sexe. « Tu lui as dit quoi, à l'autre ? Tu t'es montré comme ça et il est parti parce qu'il s'est rendu compte qu'il avait forcément tort ? » Mais oui, il avait tort... Et elle savait bien que Dan le savait, mais elle voulait également lui faire savoir qu'elle le savait elle aussi -vous me suivez ? C'était bien la première fois qu'un gigolo se jetait sur elle comme ça... Encore plus alors qu'elle n'était pas tirée à quatre épingle avec la robe d'un grand couturier. « Je sais pas quoi prendre, je me sens pas top. » Se pinçant la lèvre, elle s'était à nouveau retournée vers le bar, comme si l'illumination ultime devait avoir lieu. « Tu prends quoi, toi ? Oublie pas qu'on doit conduire tous les deux. » Mais déjà, elle ne pensait plus aux boissons... mais à l'Apollon qui était le sien. Strip-teaser ? Elle adhérait. Plutôt deux fois qu'une.

« Bien entendu, tu me connais. J'en ai d'ailleurs profité pour leur donner un peu de tes nouvelles, elles semblaient tellement inquiètes de plus voir un habitué. » Lançait-elle avec un certain dégoût. Même si Imran s'avérait être d'une meilleure compagnie que ces charmantes demoiselles sans autre intérêt que leur fessier, elle en venait à se demander si elle ne préférait pas plutôt perdre un billet dans une culotte plutôt que de rester ici une seconde de plus. Elle arqua légèrement le sourcil quand il souleva le fait qu'elle puisse apprécier être suivie ... Par lui ? Vraiment ? Tapotant nerveusement son doigt sur son verre en signe d'agacement, elle lui fit quand même les yeux doux en faisant un pas de plus vers lui, approchant dangereusement son visage, Katherina finit par simplement lui murmurer « Oh oui. Garde ça pour toi Casanova. »

Reculant finalement la tête, elle ne put s'empêcher de rire face à son expression de dégout, est-ce qu'elle était si repoussante que ça ? Dans le fond, ce n'était pas si dérangeant que ça, Katherina n'avait jamais cherché à plaire à Imran, elle, elle ne cherchait rien d'autre que la provocation, ce petit jeu qu'il y avait entre eux, une taquinerie pas bien méchante. Même si elle le niait, sa présence rendait sa soirée tellement plus intéressante, parce qu'elle savait qu'aucun des deux n'abandonnerait avant d'avoir gagné ... Ou bien tant qu'Imran ne trouverait pas une demoiselle à se mettre sous la dent.

« Pardon princesse, j'ignorai que tes cheveux étaient aussi importants ! » Lança-t-elle d'un ton moqueur, « Je ne cherche pas à manger quoi que ce soit chez toi, pas assez à mon goût ... Mais si jamais tu veux te battre, et que tu n'as pas peur de mordre la poussière, dans ce cas-là ... » Sa main tapota gentiment sa joue, elle n'était pas violente la demoiselle, juste taquine, puisqu'il ne voulait pas qu'elle le touche, c'est ce qu'elle allait faire, logique non ?

Ce qu'elle n'avait pas prévu en revanche, c'est qu'il se colle autant à elle pour déposer son verre sur la table derrière. Katherina eut un léger mouvement de recul avant de lever les yeux au ciel et finalement le laisser réaliser son numéro, après tout si ça pouvait lui faire plaisir. Elle profita tout de même de cette proximité pour lui murmurer : « Tu sais Imran, si tu tenais tant à te coller à moi, il suffisait de demander. »
Mais la suite devint tout de suite plus intéressante, elle n'était ici que pour une seule et unique raison : s'éclater, que ce soit avec lui ou n'importe qui. Haussant un peu épaule, la demoiselle vida son verre avant de le déposer sur la table derrière elle. « Voyons voir si tu es prêt à tout pour gagner. » Katherina faisait cette tête pas spécialement rassurante, celle qui annonçait qu'elle avait quelque chose de vraiment terrible derrière la tête. Elle se sentait d'humeur à pousser Imran à bout, lui montrer qu'il été tombé sur la mauvaise personne et qu'il allait sans aucun doute le regretter. « On va commencer gentiment, le jeu des devinettes. Je mime un animal, si tu gagnes, je t'embrasse, si tu perds, je te gifle, interdiction de refuser. » En réalité, elle n'attendit pas sa réponse pour commencer son numéro, était-ce l'alcool qui lui faisait faire ce genre de connerie ? Qu'importe puisque quelques secondes plus tard elle se retrouvait à faire semblant de dormir sur une rampe ... Et comme si elle n'était pas assez ridicule, elle se laissa glisser pour se retrouver accrochée à celle-ci, la tête en bas, donnant cette impression de dormir et de manger en même temps, retenant un fou-rire en attendant une réaction de la part d'Imran ... La véritable question n'était pas de savoir s'il trouverait ou non l'animal en question, mais plutôt si elle assumerait ce geste jusqu'à la fin de son internat ?

Pauvre demoiselle, dans quoi t'étais-tu encore fourrée ?