Pour une ville
qui répond à nos besoins.
La famille, la tolérance,
l’environnement.

Il était prétentieux. Voilà un point en plus pour lui. Mais Imran n'en laissa rien paraître. Un léger sourire apparut par la suite, quand Noah qualifia sa remarque de fausse. Un sourire qui voulait en dire long. « - C'est là où vous vous trompez. Je ne vous juge pas sans connaissance de cause. J'en sais assez sur vous pour être certains de ce que j'avance. » Imran ne cherchait pas à énerver Noah, simplement à le mettre dans une position inconfortable.
Nouvelle question, nouvelle réponse. « - C'est simple. Le choix compte. La personne qui sera élue doit correspondre aux envies des habitants. Si vous voulez améliorer votre ville, faire partie des changements qui vont, petit à petit, se mettre en place à l'avenir, alors c'est le moment ou jamais. C'est l'occasion d'agir. »

Beth ne comprenait pas cette histoire d'entêtement ou de non entêtement, pas plus qu'elle ne comprenait comment Harper en avait déduit que Johar parlait d'une tierce personne. Elle n'aimait pas non plus cette façon condescendante qu'il avait de s'adresser à son adversaire. Elle observa la brève interaction qu'eurent les deux candidats sans piper mot, dubitative face à un débat dont elle ne savait finalement rien d'autre que ce qu'elle avait pu voir dans les médias. Ce n'était pas son terrain de jeu.

La question qui suivit représentait un point intéressant et loin d'être négligeable des élections : le vote. Le taux de participation n'était jamais total, et la plupart des électeurs voulaient une bonne raison de se déplacer pour le faire. « Le vote est un droit qu'il ne faut pas négliger, il faut s'en servir. N'oublions pas que certains pays considèrent ce droit comme de la pure science-fiction et se battent quotidiennement pour l'obtenir. Ici, nous l'avons, et ce n'est pas au moment des résultats qu'il faut montrer son désaccord et réagir face à ce qui nous est proposé alors que nous pouvons le faire en amont. Ce n'est pas aux autres qu'il faut laisser le pouvoir; il est à nous. Il faut voter pour le candidat dont les convictions sont les plus proches des nôtres, ou même voter blanc si c'est ce qui nous convient. Mais faire entendre sa voix reste quelque chose de crucial pour ne pas basculer dans une sorte de dictature qui nous laisserait complètement impuissants. Nous avons tous un rôle dans la vie politique actuelle. »

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Le regard d'Imran se posa un instant sur Noah. Le psychiatre n'en perdit pas son sourire, un brin moqueur. Il n'avait pas besoin de garder en tête que les propos de Neela. Il voyait en Noah, simplement en le regardant là tout de suite, en le regardant parler, les signes profonds d'une sombre chute, lente et agonisante.

« - Tout comme c'est normal, en un aperçu, d'avoir la confirmation des propos entendus. » Le regard d'Imran se fit plus dur, avant qu'il ne reprenne la parole. Il n'avait pas besoin d'en dire plus. Il avait la version de Nela de son côté. Et il avait les actes de Noah en plus. Un nouveau sourire apparut, avant qu'il ne se tourne pour répondre aux autres questions.

« - Il faut avoir vécu à Huntington Beach, que ce soit depuis 10 ou 2 ans, pour comprendre Huntington Beach. Être née ici, c'est avoir vu la ville évoluer, grandir, changer. Je ne pense pas que ça soit automatiquement nécessaire pour comprendre ses habitants, mais c'est un plus. On ne peut pas reprocher les habitants de la ville de vouloir quelqu'un qui soit ici depuis aussi longtemps qu'eux. » Il repensa brièvement à son enfance, à ce que disait son père à l'époque. « - J'ai passé une partie de mon enfance ici et je vis actuellement dans la villa que mon grand-père avait fait construire en 1986. J'ai des racines ici, j'ai un passé ici. J'ai souvent voyagé, mais au final, je suis là. Parce que les gens que j'aime son ici. Ma famille est ici. Ma petite amie aussi. C'est ma maison. Et à partir du moment où quelqu'un décide qu'Huntington Beach est son foyer, peu importe où il a vécu, alors cette personne peut comprendre ses habitants parce qu'il voit la ville de la même façon qu'eux. »

Le débat touchait à sa fin. La dernière thématique était abordée, et la question que le journaliste venait de poser était loin d'être celle qui l'effrayait le plus. Elle savait que des trois candidats, elle était sans doute la mieux armée de ce côté-là. Pourtant, les deux autres défendaient bien leur point de vue. C'est Beth qui répondit la dernière. « Je ne sais pas. Je suis née ici et j'ai toujours vécu ici. Je ne m'imagine pas vivre ailleurs et je ne me suis jamais imaginée vivre ailleurs, tout simplement parce que c'est ma ville. Je n'ai jamais parlé et ne parlerai jamais de cette ville et de ses habitants sans me comprendre dedans. C'est notre ville, et nous sommes ses habitants. Je ne m'imagine maire d'aucune autre ville qu'Huntington Beach, que j'ai toujours connue, et qui m'a toujours connue. C'est ma maison. Et c'est en tant qu'habitante d'Huntington Beach que je me tiens aujourd'hui devant vous et vous présente mes projets pour notre ville. »

Avoir des ennemis sans en savoir la raison, voilà qui était intéressant mais pas assez important pour qu'il s'attarde sur tout ceci. Ce n'était surtout pas le moment de rentrer dans ce genre de conflit, ça ferait baisser sa côte de popularité rapidement. Il préféra se concentrer sur ce que disait la jeune femme, pour quelqu'un qui n'était pas du métier il trouvait qu'elle était plutôt douée !

Une nouvelle question faisait son arrivée, il connaissait le programme de ses adversaires. Il les avait lu voir même étudié, c'était important de connaître le programme des parties adversaires. « C'est une idée qui ne me déplaît pas, si jamais je devenais maire et que nous pouvions travailler ensemble ça me poserait aucun problème au contraire. Je connais les programmes de deux autres candidats, il y a beaucoup de chose que je trouve intéressante, de plus je trouve que nous ne sommes pas si diffèrents au point de vue de nos programmes, nous semblons avoir les mêmes priorités telles que l'éducation, la sécurité, le social ou bien encore l'environnement. » Il marqua une pause. « Dans le programme de Madame Wilkerson j'ai beaucoup aimé l'idée de partenariat entre les écoles, je trouve cela très intéressant tandis que pour Monsieur Johar j'ai apprécié l'idée de créer des événements sur les différentes traditions et ainsi permettre à tous d'être accepté. Il y a plusieurs idées comme ces deux là qui sont intéressantes ! » Huntington Beach avait de la chance car les trois programmes étaient réellement intéressants et ne semblaient pas être bidons.

Leurs trois programmes avaient, il fallait l'admettre, un certain nombre de points communs. A croire que leurs envies pour Huntington Beach étaient les mêmes. Beth écouta la réponse de Harper avec attention, approuvant d'un discret hochement de tête. « Je ne vois pas pourquoi nous devrions refuser des idées proposées par d'autres candidats. Si elles correspondent à la vision que nous nous faisons de notre ville, je ne vois pas ce qui pourrait nous retenir. Mais avant de dépendre de notre futur maire, cette décision appartient à nos habitants. Si je deviens maire, je ne choisirai pas une idée de monsieur Johar ou une idée de monsieur Harper parce qu'elle est belle sur papier et qu'elle me plait bien; le futur maire sera là parce que nous avons voté pour lui et ses idées, pas pour celles de son adversaire. L'idée de reprendre des projets d'un autre candidat ne me déplaît pas, mais à mes yeux, le maire n'est pas le seul à avoir son mot à dire à ce sujet. »

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« - Je suis en grande partie d'accord avec Mme Wilkerson. Je ne suis pas contre reprendre l'idée d'un autre candidat si celle-ci correspond aussi aux besoins des habitants. » Imran observa un instant la candidate avant de rajouter quelque chose. « - Ce qu'il faut aussi prendre en compte, c'est que nous avons beaucoup travailler sur nos programmes. Et si l'on revient sur l'argent, sur les ressources, on ne peut pas tout faire et d'un seul coup rajouter quelque chose en plus à ce que chacun de nous propose. » Il afficha un léger sourire, puisqu'il trouvait ça en partie dommage de se priver de certaines bonnes choses.

Le journaliste venait de le confirmer, le débat touchait réellement à sa fin. Beth n'aurait su dire combien de temps il avait duré, même si les programmes télévisuels lui en avaient donné une petite idée. La dernière question, pour le coup, était loin d'être la plus simple. Même s'il s'il ne s'agissait pas d'une question piège, elle restait assez ouverte pour amener à pas mal de divagations, chose que Beth s'interdisait formellement. « Pas réellement. Je suppose que mon programme parle de lui-même, ou que si ce n'est pas le cas, mes réponses à ces questions ont réussi à éclaircir mes intentions et mes aspirations pour notre ville. » Elle marqua une pause et se redressa dans son fauteuil pour poser ses avants bras sur ses genoux et ajouter d'un air grave : « Do not overthink it, act on it ». Elle se laissa retomber contre son dossier en ajoutant, rieuse :  « Votez Beth Wilkerson, quoi. »

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Imran eut un fou-rire, pas du genre moqueur, au contraire, c'était joyeux et léger. Le débat c'était assez bien passé et Beth avait trouvé le moyen de se détendre a 500% en laissant évacué tout son stress en une fraction de seconde.

« - Et si vous pensez que mon programme vous correspond, que mes idées vous parlent et que je suis, pour vous, le prochain maire. Alors votez Johar. » Puis, sourire radieux aux lèvres, il se tourna un instant vers Beth. « - Et pour ceux qui ne veulent pas votez, votez Johar quand même. Vous aurez pris une sage décision. Ou Wikerson, parce que son slogan est quand même bien accrocheur. » Il haussa les épaules. Il trouvait que son programme n'était pas mal, assez proche de certaines de ses idées. Il trouvait que c'était une bonne candidate. Avec la bonne équipe, elle pourrait être une très bonne mairesse.

Noah sourit, amusé par la jeune femme qui amenait de la bonne humeur et ça faisait du bien. Il écouta également Imran avant que son tour ne vienne. Le débat c'était bien passé, ça avait été très intéressant et il n'avait pas vu le temps passer. « Allez voter, c'est important et j'espère que j'ai répondu au mieux à vos questions. Et que le meilleur gagne ! » Tout était dit, que le meilleur gagne et même si comme les deux autres il avait envie de gagner, Noah savait au moins que le prochain maire avait un bon programme.