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| Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) | |
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| Sujet: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Mar 16 Juin 2015 - 18:41 | |
| Ça m’avait frappé avec toute la force d’un windshield de Porsche qui ramasse une mouche à merde sur l’Autobahn : je connaissais la petite dudette qui recevait les félicitations navrées de notre nouveau maire!
On s’était réunis avec quelques potes au Smash It pour suivre le dévoilement des résultats des élections. Parce que ouais, on pouvait dire beaucoup de chose du LSD-Z, mais pas que nous n’étions pas des citoyens politisés. Noooo Sir. En fait, j’avais été plutôt impressionné par les candidats, même si je m’en voulais d’avoir loupé ma propre mise en candidature. J’aurais dû utiliser des faux noms plus crédibles que Fabien Lamour et Jean Culvert dans ma liste de soutient... Bref, il s’agissait tous de jeunes gens, des gens d’ici, et presque des gens biens en plus. On sortait pas mal du curriculum de Jeb Bush, et c’était sacrément rafraichissant! J’étais quasi fier de mon petit HB chéri. Fier de la défendre jour et nuit contre les zombies.
Et c’est au troisième tour de pipe que le souvenir du visage de Beth Wilkerson s’est matérialisé dans ma tête : celle là, je l’avais déjà croisé au Diamond’s! En fait, je lui avais offert mon cul – ou plutôt, le cul de Heath Wilde– et elle n’avait pas officiellement dit non en plus. Fuck, ça aurait été le pied qu’elle devienne notre nouvelle mairesse!
Une semaine plus tard, remis de la déception générée par sa défaite (ouais, j’suis un gros sentimental, sous les tatous, les chaînes et les coats en cuir, vous voyez), j’avais décidé de prendre les choses en main. Comme toujours.
Maintenant que je connaissais autre chose que sa face (et son cul), c’était pas mal plus simple de la retracer. Pas besoin d’avoir recours à des pratiques douteuses. Juste se la jouer stalker 101 avec un bottin et google pour apprendre qu’elle était la sainte mère Thérésa des analphabètes d’un pays enfoui dans le trou du cul de l’amérique du sud. Quelques coups de téléphones plus tard, j’avais un rendez-vous pour discuter de la possibilité d’une importante donation. Easy as pie!
Je me trouvais donc dans le bureau qu’elle utilisait encore pour traiter les affaires de sa fondation, matant les photos, les cadres et les reliures de revues qui habitaient l’endroit. Je m’étais fait passer pour l’agent d’une riche famille indienne souhaitant faire bénéficier le monde de leur fortune, et qui s’intéressait énormément aux trous de culs d’amérique latine. J’avais donc dû me vêtir en conséquence. J’y étais allé avec le style old school scholar, avec un veston en tweed carrelé avec des patchs sur les coudes et une paire de « jeans ».
Et je n’eus pas bien longtemps à attendre avant que la dame de l’heure ne fasse son entrée dans son antre.
Je me levai instantanément de ma chaise, m’assurant de ne jamais lui faire dos, et me hâta d’aller lui serrer la main.
" Madame Wilkerson ? C’est un véritable honneur que de faire votre connaissance. Abbie Hoffman, agent de la famille Ramsamy. Monsieur Johar m’a dit tellement de bien sur vous et vos réalisations, et j’ai été franchement impressionné en lisant la brochure de votre fondation. Et sachez que j’ai été tout aussi navré que vous du résultat des dernières élections…"
J’espérais seulement qu’elle mette plus de trois minutes à réaliser que nous nous étions déjà croisé.
Car c’était tout ce dont j’avais besoin.
Dernière édition par Tom Fuller le Lun 10 Aoû 2015 - 20:01, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Sam 4 Juil 2015 - 16:10 | |
| ❝ Philanthropie version Tom ❞ Have we already met ?
Cela faisait maintenant une semaine que Beth avait officiellement perdu les élections à la mairie de sa ville bien aimée. Elle était passée par plusieurs phases, sa défaite s'apparentant quelques peu à un deuil. Elle avait tellement travaillé et mis du sien dans cette campagne qu'elle avait presque l'impression qu'on lui retirait un enfant sans lui en donner le choix. Elle n'avait aucun recours possible : c'était la magie de la démocratie. Pourtant, la jeune femme avait pris ses fonctions au sein du conseil municipal, et chaudement remercié et félicité son ancien concurrent et le nouveau maire d'Huntington Beach pour son nouveau titre bien mérité. Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir secondaire, et elle n'avait jamais toléré se rattraper in extremis pour quoi que ce soit. Elle allait toujours jusqu'au fond des choses, et elle le faisait impeccablement. Imran Johar lui avait offert un siège au conseil municipal, et Beth était sans doute un brin trop avide et perfectionniste pour savourer cette petite victoire sans se dire qu'elle aurait souhaité le fauteuil du maire. Pourtant, peu à peu et en passant par différentes étapes psychologiques, Beth passait à autre chose. Ce n'était pas une défaite, après tout : c'était une demi-victoire, et l'important était qu'elle aurait son point de vue à donner sur chacune des décisions prises en mairie. Et puis, elle avait toujours KIP (ndlr : rien à voir avec le cycle cellulaire, tmtc) et sa mission serait toujours la même au sein de son association. Elle repartirait peut-être dans le courant de l'été pour finaliser la construction de leur dernière école, si tant est, en tout cas, que les dons continuaient à affluer comme ils l'avaient fait depuis quelques temps. Sa notoriété toute neuve que lui avait amenée sa candidature avait eu quelques effets collatéraux à ce niveau : l'affluence ici avait cru tout au long de sa campagne, et l'association avait vu ses dons, comme ses offres de bénévolat, s'accroître de manière assez stupéfiante. Son association avait donc profité de tout cet investissement, et, plutôt que de penser négativement et de se focaliser sur ce qu'elle aurait pu considérer comme une pure et simple défaite, Beth pensait maintenant à tout ceci comme une avancée, une petite victoire. Sa mère n'était probablement pas fière d'elle comme elle l'aurait aimé, mais, et alors ? Daniel l'était.
Ce jour-là était une des journées qu'elle consacrait à son association. Pas de travail à la mairie. Elle avait insisté sur ce point auprès d'Imran, expliquant que même si elle apprendrait à déléguer, elle ne laisserait jamais son association de côté. Il faisait assez chaud en cette fin juin, mais tous les Californiens, à commencer par Beth, étaient habitués à de telles températures, d'autant plus qu'elles s'accompagnaient d'une brise légère que leur apportait l'océan, comme pour soulager ces petits êtres terrestres de chaleurs que l'évolution ne leur permettrait pas de tolérer. Pour autant, c'est avec le professionnalisme le plus total, comme à son habitude, que Beth avait poussé la porte de son bureau au sein des locaux de l'asso. Elle avait rendez-vous avec un potentiel donateur, mais elle ne connaissait rien d'autre que le nom Ramsani, que venait de lui donner l'un des bénévoles en charge de son planning. Aucune idée de qui il pouvait s'agir ; à dire vrai, même si elle fréquentait la haute société d'Huntington Beach, Beth n'arrivait pas à se remémorer ce nom. Venait-il de l'étranger ? Peut-être était un donneur d'une autre ville, d'un autre Etat, ou même d'un autre pays, qui sait... Ce genre de cas arrivait assez rarement, mais pourquoi pas ? Ils ne pouvaient pas continuer à exister en se basant sur de rares legs ou des dons aussi altruistes que minimaux. Un grand donateur de temps à autres ne leur faisait clairement pas de mal, et lorsque l'un d'eux se présentait ici ou l'invitait à une réunion d'affaire à l'extérieur, Beth sortait toute son artillerie pour le convaincre qu'investir pour son association permettait l'un des meilleurs retours sur investissements possibles : la satisfaction d'avoir aidé des jeunes enfants à recevoir une instruction qui leur permettrait d'avoir ce pouvoir de réflexion qui permettait de se faire une réelle place dans ce monde. Le fait que la jeune femme se soit présenté à une élection politique n'avait en soi rien d'étonnant : elle avait l'esprit pragmatique, organisé, mais surtout, elle avait un charisme qui lui permettait d'avancer à quelqu'un les meilleurs arguments dont elle disposait pour faire basculer cette personne dans son sens. Jusque-là, dans la grande majorité des cas, Beth avait obtenu des dons généreux de ceux qui s'étaient présentés à elle avec hésitation. Et ce jour-là, elle comptait bien sur son éloquence pour lui ramener un autre don tout aussi généreux. Peut-être pourraient-ils finir leur école d'ici août...
Elle ouvrit la porte de son bureau avec assurance et tendit la main en s'approchant de l'homme qui l'attendait déjà. Elle avait un fichier à la main : les projets actuels de l'association, et en particulier cette école qui lui tenait tant à cœur. « Bonjour monsieur », le salua-t-elle, souriante. « Madame Wilkerson ? C’est un véritable honneur que de faire votre connaissance. Abbie Hoffman, agent de la famille Ramsamy. Monsieur Johar m’a dit tellement de bien sur vous et vos réalisations, et j’ai été franchement impressionné en lisant la brochure de votre fondation. Et sachez que j’ai été tout aussi navré que vous du résultat des dernières élections… » La brune ne se départait pas de son sourire. Avec un tel état d'esprit, il était sans doute à des années lumières de refuser un don. « Enchantée, monsieur Hoffman. Et merci de votre sympathie. Vous connaissez monsieur Johar ? » s'enquit-elle en lui tournant le dos pour poser son sac près de son fauteuil et ôter son blazer. « Je suis désolée de vous avoir fait attendre, c'est pas dans mes habitudes. Je peux vous offrir quelque chose à boire ? » proposa-t-elle, restant debout en observant le blond, prête à quitter son bureau brièvement pour lui procurer une boisson digne d'un petit déjeuner potable. « Jus de fruits, thé, café ? On a aussi quelques beignets, si c'est votre truc. » Elle posa son dossier son son bureau, qui, à l'image du reste de la pièce, était parfaitement ordonné. « C'est étrange, j'ai l'impression de vous connaître... » finit-elle par dire, les sourcils froncés, curieuse. « ... mais je dois me tromper, votre nom me dit rien. » Elle finit par s'asseoir à sa place et croisa les jambes, prête à attaquer les choses sérieuses. « Nous avons construit une école à Santa Catarina l'automne dernier, et nous sommes en train d'en construire une autre à Nahuala, mais il nous manque encore quelques fonds. Cette école accueillerait plus de cinq-cent enfants. Des bénévoles sont constamment sur place pour assurer la bonne mise en oeuvre de nos projets. Vous avez des questions particulières au sujet de Knowledge Is Power ? » Mais en l'observant, les doutes de Beth semblaient s'être amplifiés. Il lui rappelait vraiment quelqu'un, et elle venait de mettre la main sur la situation. Le Diamonds, avec Daniel, à Halloween. Elle n'avait jamais réellement su ce que lui avait dit son mari, d'ailleurs, mais peu importait. Au regard perdu qu'elle posait maintenant sur lui, il n'y avait plus aucun doute possible : il était à la fois Abbie Hoffman et Heath Wilde. Et aucun des deux en même temps.
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Mar 7 Juil 2015 - 16:39 | |
| " Oh, oui, il m’arrive très souvent de travailler pour monsieur Johar. Il admire la … taille… de mon professionnalisme, et moi, l’étendue de sa créativité. Et même si, par humilité, il m’a interdit de vous le laisser savoir, sachez qu’en fait, aujourd’hui, je suis ici pour le représenter, lui, et non la famille Ramsamy." C’était un mensonge éhonté, bien entendu. Je ne connaissais Imran que parce que son visage placardait chacun des poteaux de cette putain de ville, et que j’ai toujours eu un faible pour les individus en position de pouvoir. Mais ça m’arrangeait vraiment que Miss Wilkerson croit que j’étais ici parce que le nouveau maire me l’a demandé. C’était en fait au cœur de toute la manœuvre. " Même s’il ne peut pas l’avouer publiquement, il est lui-même profondément attristé de votre défaite… Sa victoire le comble de joie, bien entendu, mais il n’a pu s’empêcher d’avoir une pensée pour vous. C’est pourquoi il m’a demandé de le représenter ici, aujourd’hui. Et de fournir les rafraîchissements. " Je pris la mallette que j’avais déposée à mes pieds et la déposai en face de moi, sur le bureau, avant de l’ouvrir de telle sorte que Beth ne puisse en distinguer le contenu. J’en sortis une bouteille de Don Pérignon 2003, perlant d’humidité à cause de la fonte des glaçons qui la conservait fraîche, ainsi que deux flûtes, que je déposai sur le bureau. " Non, malheureusement, je vous assure que je me souviendrais si j’avais eu le privilège de faire votre connaissance." Hah, tu parles que je te connais, Anne Bonny! Et bientôt, ce sera réciproque, je t’assure. Je débouchai d’une main experte la bouteille, avant d’en remplir les deux verres. " Mais nous devrions pouvoir y remédier rapidement." J’appuyai sur le bouton du iPod qui se trouvait dans l’autre compartiment de mon porte-document, pré-connecté à un petit haut-parleur bluetooth. Une chanson bien connue commença à se faire entendre. " Imran trouve que vous faites tellement de bien autour de vous, que ce soit à Santa Catarina, Nahuala ou encore à Huntington Beach. Aujourd’hui, il a décidé que c’était à votre tour d’avoir un peu de plaisir…Et me voilà. Appelez-moi votre prix de consolation..." Je sortis du même porte-document (qui ne portait vraiment aucun document, vous devez commencez à vous en douter à ce moment, non ? ) une petite bouteille d’huile de massage à la lavande, et un pot de K-Y ridiculement immense. Juste pour le malaise. " Il m’a aussi dit que vous protesteriez également légèrement, pour la forme, et qu’il serait plus sage de prendre quelques précautions…" Je pris la chaise sur laquelle je m’étais assis, et j’allai la caler contre la porte d’entrée du bureau, faisait dos pour la première fois à Beth et révélant de ce fait qu’aucun tissu ne couvrait mon cul. Si ce n’était que ce si petit string gris (que, pour l’anecdote, j’avais volé à Buckley même si ce n’était pas exactement clair d’où il provenait). " Ouf, c’est moi, ou il commence à faire chaud ? " Je déposai mon veston sur la chaise et commençai, lentement et sensuellement, à défaire les boutons de ma chemise en me rapprochant du bureau de Beth. Putain, l’expression de son visage valait mille fois le prix éhonté de la bouteille de champagne! Et certainement la semaine de tôle que cette petite folie allait me coûter. |
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Ven 17 Juil 2015 - 1:51 | |
| Même si certains pouvaient considérer que créer et gérer sa propre association n'était pas ce que l'on pouvait appeler un travail, Beth le considérait clairement comme tel. Elle mettait à profit tout ce qu'elle avait appris pendant ses études, des bases du management au droit le plus poussé. Dans ce genre d'activités, le moindre détail comptait, et Beth n'était pas à la tête d'une immense multinationale : chaque employé et bénévole avait ici une place bien déterminée selon ses compétences et ses savoirs. Chacun pouvait endosser plusieurs rôles comme un seul, dépendant de leurs envies, du temps qu'ils étaient prêts à dédier à l'association, et de leurs spécialité. Beth, de son côté, s'occupait surtout de faire connaître son association et de superviser la distribution du budget qui lui parvenait à travers les dons. Elle était également en charge d'accueillir les potentiels donneurs lorsqu'ils avaient des questions : elle n'était pas la seule à qui incombait cette tâche, mais elle se faisait un plaisir de présenter son association et son travail dès que cela lui était possible. Et ce jour-là, c'était le cas. Elle était supposée accueillir une grande fortune, et elle en était d'autant plus agitée. Les discours qu'elle répétait à ces occasions-là étaient toujorus sensiblement les mêmes, mais ces potentiels dons mis en jeu avaient le chic pour lui donner plus d'espoir encore quant à ses projets en cours ou futurs. Elle s'imposait toujours la perfection, comme à une soutenance de fin d'études. Tenue parfaite, attitude parfaite, réponses parfaites. Tout devait être parfait, et la décision ne serait plus qu'entre les mains de la personne qu'elle avait en face d'elle. L'entretien de ce matin lui tenait particulièrement à cœur maintenant qu'elle avait perdu les élections à la mairie ; c'était un défi qu'elle s'imposait de réussir, rien que pour se prouver à elle-même qu'elle valait encore quelque chose ici-bas.
Pourtant, les choses démarraient déjà étrangement avec son interlocuteur. Imran avait été amené sur le tapis assez rapidement, et même si elle faisait maintenant de son équipe municipale, Beth ne pouvait pas se vanter de personnellement connaître son ancien opposant. Malgré tout, l'homme qui lui faisait face se vantait finalement d'être là au nom du nouveau maire et pas en celui des Ramsamy. Les choses prenaient donc rapidement une tournure bien étrange. Pourtant, Beth préféra ne pas relever plus que cela ce qui se passait. S'il avait de l'argent à lui donner, peu importait d'où il venait ou qui l'envoyait. Tant qu'elle était à peu près sûre qu'il ne provenait pas des bas quartiers et de trafic de drogues ou d'organes... D'ici quelques minutes, elle aurait peut-être même l'occasion de googler le nom de son interlocuteur sur son pc sans que ce dernier ne se rende compte de rien. On trouvait des choses bien intéressantes sur google, parfois. « Même s’il ne peut pas l’avouer publiquement, il est lui-même profondément attristé de votre défaite… Sa victoire le comble de joie, bien entendu, mais il n’a pu s’empêcher d’avoir une pensée pour vous. C’est pourquoi il m’a demandé de le représenter ici, aujourd’hui. Et de fournir les rafraîchissements. » Sans s'en rendre compte, la brune avait froncé les sourcils, ce qui lui donnait un air un brin sévère. « Il m'a proposé une place dans son conseil municipal et a fait savoir qu'il était intéressé par plusieurs de mes projets, ça me suffisait... », commença-t-elle, hésitante et elle-même surprise d'avoir perdu cette prestance qui la rassurait tant. Sans rien ajouter, elle le regarda donc ouvrir la mallette qu'il avait amenée avec lui, s'attendant presque à ce qu'il en sorte une mitraillette et à ce qu'il pulvérise tout de la pièce -y compris elle et ses Louboutin. Lorsqu'elle comprit qu'il en sortait une bouteille de champagne français et deux flûtes, des dizaines de questions se bousculèrent dans sa tête. Il savait qu'elle n'était pas une escort, n'est-ce pas ? Pourtant, plus les minutes passaient, plus elle avait l'impression de déjà l'avoir rencontré. « Non, malheureusement, je vous assure que je me souviendrais si j’avais eu le privilège de faire votre connaissance » finit-il par répondre, alors qu'à présent assise, Beth comprenait que ce monsieur Hoffman avait quelques points commun avec Heath Wilde, le propriétaire du Diamonds, où elle avait passé la soirée d'Halloween, des mois auparavant. Si c'était vraiment lui, elle aurait deux mots à lui dire sur le service, d'ailleurs. Mais là n'était pas actuellement pas son problème. En réalité, même si elle commençait à douter de l'identité de son interlocuteur, elle avait à ce moment précis un problème plus grand encore : elle n'avait aucune idée de ce qui était en train de se passer dans son bureau. On fêtait quelque chose, peut-être ? Un Dom Perignon de 2003, tout de même... A moins qu'il ne cherche à lui vendre plusieurs caisses du précieux nectar ? C'était plutôt Daniel qui s'occupait de remplir leur cave, normalement, mais elle ne laisserait pas passer une occasion pareille pour autant. Malgré tout, elle avait comme l'impression qu'ils n'avaient rien à fêter, et qu'il n'avait rien à vendre. Elle tirait doucement un trait sur sa promesse de don, aussi. Le truc, c'est que maintenant, elle ne savait plus du tout ce qui se passait, ce qui était censé se passer, ou même ce qu'elle devait faire. Elle fit discrètement bouger la souris de son pc pour le sortir de sa veille, et, sans perdre de vue le blond, tapa rapidement son supposé nom sous google. Elle tomba sur la page wikipédia d'un anarchiste, et ce n'était pas lui. Elle en était à peu près sûre. Il n'avait rien à voir avec la photo qui lui était attribué, mais ce qui la mit sans doute le plus sur la piste était qu'il avait une date de mort : 1989. Y'avait un truc qui clochait. « Vous êtes bien aimable », le remercia-t-elle pour ses politesses tandis qu'il versait le champagne dans les flûtes. Merde alors, il était quoi... neuf heures du matin ? Elle était censée boire du champagne à neuf heures du matin en espérant qu'il n'était pas un charlatan et qu'il lui ferait au moins don de quelques dollars ? Hésitante, et peut-être un peu écœurée, la jeune femme fixait à présent les deux flûtes. Pourquoi avait-il refusé le café ? C'était pas mal, ça, le café, à neuf heures du matin !
Mais le pire, dans toute cette histoire, c'est qu'il ne semblait pas décidé à s'arrêter là. « Mais nous devrions pouvoir y remédier rapidement. » Wait... what ? Non mais là, on est d'accord et ce n'était pas de la parano, il y avait vraiment un truc bizarre qui était en train de se passer ? Est-ce que c'était le moment où elle devait appeler les flics ? Crier sa détresse à ses collègues ? Sauter par la fenêtre en espérant un avenir meilleur en tant que paraplégique ? Lorsqu'elle entendit les premières notes de la chanson de Diana Ross et Lionel Richie sortir de la mallette du jeune homme, elle décroisa instinctivement les jambes, prête à courir un marathon s'il le fallait. Il fallait qu'elle prenne la fuite, c'était de l'instinct de survie, là. « Heu... qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle subitement, froide, en se relevant. Il répondit aussitôt, bien décidé à aller jusqu'au bout de son plan. « Imran trouve que vous faites tellement de bien autour de vous, que ce soit à Santa Catarina, Nahuala ou encore à Huntington Beach. Aujourd’hui, il a décidé que c’était à votre tour d’avoir un peu de plaisir… Et me voilà. Appelez-moi votre prix de consolation... » Ce qu'il posa ensuite sur son bureau la fit reculer d'un pas.
Pas besoin d'un prix Nobel pour comprendre qu'il n'avait aucune intention de lui faire un don pour aider les enfants guatemaliens à s'instruire. Oui, il lui avait fallu un moment pour en être sûre, mais rassurez-vous, maintenant, le moindre doute était dissipé. Pas comme l'huile de massage et le pot lubrifiant qui... étaient toujours posés près de l'une des photos qu'elle avait prises avec les enfants lors de sa première visite au Guatemala. « Vous vous foutez de moi, là ? » commença-t-elle à s'échauffer en s'appuyant sur son bureau pour minimiser ses tremblements de colère. « Vous savez que je suis mariée ? » Pourtant, elle était encore loin d'être arrivée au bout de sa peine. « Il m’a aussi dit que vous protesteriez également légèrement, pour la forme, et qu’il serait plus sage de prendre quelques précautions… » Il avait bon dos, Imran... Il y avait deux possibilités, donc : soit c'était effectivement Imran Johar qui lui avait envoyé un gigolo, pensant pour une raison quelconque que sa vie sexuelle était loin d'être épanouissante; soit c'était un mec lambda dont elle ne connaissait pas l'identité dont, pour diverses raisons mystérieuses, elle était le fantasme. Ou alors il s'agissait juste d'une... « caméra cachée ? C'est une caméra cachée ? » demanda-t-elle, finalement remplie d'espoir. Ce pauvre espoir, pourtant, se prit une grosse merde d'éléphant en plein fouet alors qu'il s'était retourné pour bloquer la porte du bureau, dévoilant son arrière-train avec une aisance qui la déconcerta presque. « Ouf, c’est moi, ou il commence à faire chaud ? » Bêtement, le premier réflexe de Beth fut de vérifier la hauteur de son décolleté. Mais si Daniel l'avait laissée sortir comme ça ce matin, normalement, c'était qu'elle était correcte. Alors, pourquoi avait-elle l'impression d'être une allumeuse, une salope ou une écervelée ? Elle avait l'impression d'avoir perdu tout son amour propre rien qu'en voyant les fesses de l'homme et ce qu'il avait posé sur son bureau. Rapidement, d'ailleurs, elle fit le tour de ce dernier pour prendre le lubrifiant et l'huile de massage et les jeter dans la mallette du blond. « Tout ce qui va vous réchauffer, bientôt, c'est la marque de ma main sur votre face. » Elle lui tourna le dos quelques instants pour arrêter l'Ipod. Si ça ne tenait qu'à elle, elle lui aurait jeté le champagne à la figure... mais la moquette ne se nettoyait pas toute seule. Une fois le silence retrouvé, elle fit volte face et, les sourcils froncés, inquiète et énervée, elle demanda : « je suppose que vous avez rien à voir avec monsieur Johar et que vous comptez pas faire de don à l'association. C'est quoi le but, là, au juste ? J'ai l'air d'une prostituée, pour vous ? » Elle marqua une pause et leva les yeux au ciel. « Je dois appeler la police ? D'autant que je suis à peu près sûre qu'on se connait, et dans ce cas je suis désolée pour vous, mais avez oublié que vous avez déjà eu l'honneur de me rencontrer. » Elle lui faisait à présent face, le défiant du regard. Ses doigts venaient de se poser sur le pied de l'une des deux flûtes remplies de champagne. Ses doigts la démangeaient... un shampooing de Dom Perignon ! Quel gâchis, mais il méritait bien d'être remis à sa place, non ?
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Lun 20 Juil 2015 - 15:24 | |
| " Pour être tout à fait honnête, dans l'histoire, ce qui se rapproche le plus d'une prostituée, c'est moi. Mais je préfère "escorte mâle" - ça évite d'égratigner mon égo meurtri durant l’enfance, lorsque mon père me... ahem. Et c'est aussi le titre inscrit sur ma carte d'affaire. Il y en a quelques unes là, dans la mallette, si jamais vous avez des copines qui... enfin, vous voyez quoi."
J'avais eu au moins autant de plaisir à aller me faire imprimer des cartes d'affaires au nom de "Abbie Hoffman ; escorte mâle" à la petite imprimerie du coin que trouver le Don Pérignon m'avait fait chier. Si un jour, la vie vous accable au point que vous en perdez le sourire, je vous suggère d'en faire de même : l'expression de la p'tite étudiante qui vous remet votre boîte vous le rendra, j'vous le garantis!
" Et pas besoin de me menacer ou quoi que ce soit : je suis simplement un professionnel qui essaie de gagner mon beurre. "
Je levai les deux bras à demi en l'air dans un geste apaisant, ma chemise à moitié ouverte.
" Si c'est le pot de lubrifiant qui vous trouble, c'est pas un problème. Un petit clin d'oeil pour vous laisser savoir que ça fait partie des possibilités, sans plus. Si les pénis, c'est pas votre truc, on passe à autre chose et puis voilà. J’en ai en plastique aussi, si vous préférez pouvoir choisir plutôt que la surprise. "
AH! Fallait que je me retienne pour ne pas la rire celle-là, tellement elle était déplacée.
" Sachez aussi que j'ai passé trois mois en stage de perfectionnement du massage à Stockholm, et trois autres à Amsterdam. Il peut y avoir autant ou aussi peu de peau que vous le souhaitez. C'est vous la maîtresse : et ça aussi, on peut le pousser loin...Imran s’est assuré de me payer largement pour toutes les options que j’offrais."
Je voyais dans ses yeux l'envie de me précipiter par la fenêtre. Je ne savais pas si elle allait véritablement croire qu’Imran était derrière tout ceci, mais cela ne m’importait guère : il resterait toujours un petit doute dans son esprit. Et c’est tout ce que je voulais.
" Par contre, je l’avoue, je crois aussi que nous nous sommes rencontrés. Je voulais tenir ça mort, parce qu’il y a peu de gens qui deal bien avec le fait de reconnaître des escortes. C’est devenu difficile à notre époque d’être un consommateur ou un professionnel du sexe. Beaucoup de stigmates… Je crois que nous nous sommes brièvement croisé au Diamond’s – le propriétaire m’avait engagé pour y mettre un peu d’ambiance. Tom Fuller, gentleman extra ordinaire – si ça peut vous rassurer de connaître mon vrai nom."
Je lui tendis ma grosse main comme si j’avais peur qu’elle ne me morde.
" Je sais aussi comment tricher pour perdre au strip-scrabble, si vous êtes plus du type intellectuelle coincée que physique lascive – mais ce n’était pas l’impression que je retenais de notre première rencontre, miss capitaine Jackie Sexy Sparrow." |
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Jeu 23 Juil 2015 - 2:10 | |
| C'était la première fois que ça lui arrivait. Non, vraiment; en général les gens, quitte à ne pas les aider, avaient au moins la décence de laisser les associations tranquilles. Elle ne savait pas quel avait été l'élément déclencheur de ce bordel, mais le blond qui se tenait à présent devant elle n'était clairement pas sorti de nul part. Elle n'était pas particulièrement sûre de savoir d'où, d'ailleurs, mais la question lui trottait très sérieusement dans la tête. Peut-être qu'il avait juste un problème avec elle, après tout. Son visage avait été placardé sur bon nombre de murs de la ville et avait été diffusé sur pas mal de chaînes régionales, son nom avait été mentionné à la radio comme à la télé, son programme détaillé par les émissions politiques du coin... et peut-être que ça avait suffi à créer certaines animosités dont elle n'avait pas encore pris conscience jusque-là. Pourtant, les choses étaient en train de changer radicalement de ce côté-là. D’un coup, Beth s’était crispée, s’attendant au pire de la part de son interlocuteur. Si au départ elle s’était simplement demandée si elle ne l’avait pas déjà vu ailleurs, à présent, elle élaborait toutes sortes de théories plus ou moins plausibles qui pourraient expliquer ce qui se passait dans son bureau à cet instant précis. Depuis un moment maintenant, elle avait tiré un trait sur son don pour Knowledge Is Power. Elle avait bien compris que ce rendez-vous n’avait rien de professionnel, et qu’elle ne soutirerait pas un centime de don de cet homme qu’elle ne savait plus comment appeler. Il n’était pas là au nom de cette famille indienne, premier chamboulement. Mais maintenant, elle était à peu près sûre qu’il n’était pas là non plus au nom de son nouveau collègue et maire ; Imran Johar, même s’ils s’entendaient bien, n’aurait sans aucun doute pas été jusqu’à être déçu de sa victoire juste parce qu’elle était synonyme de la défaite de Beth. Et puis, maintenant, il semblait être impliqué dans une toute autre histoire… aurait-elle l’air sexuellement insatisfaite aux yeux d’Imran ? Elle était tendue et stressée à la mairie, mais c’était purement le fait de son travail et d’y être encore novice, pas celui de sa vie sexuelle. Tout se passait bien dans le lit des Wilkerson, merci bien. Le pourquoi du comment de ce qui se déroulait dans son bureau restait donc totalement obscur, mais Beth était tenace. Et son interlocuteur plutôt près à apporter des explications à ce qu'il avait préparé. « Pour être tout à fait honnête, dans l'histoire, ce qui se rapproche le plus d'une prostituée, c'est moi. Mais je préfère "escorte mâle" - ça évite d'égratigner mon égo meurtri durant l’enfance, lorsque mon père me... ahem. Et c'est aussi le titre inscrit sur ma carte d'affaire. Il y en a quelques unes là, dans la mallette, si jamais vous avez des copines qui... enfin, vous voyez quoi. » Le truc, c'est qu'il avait beau tenter de démêler l'histoire, Beth n'était plus très sûre de vouloir en croire un mot. Si ça se trouve, il s'agissait d'un comique qui avait installé une caméra quelque part et posterait tout ça sur internet dans les prochaines vingt-quatre heures... Mais encore une fois, Beth croyait autant à cette théorie qu'elle n'y croyait pas, ce qui n'était pas pour l'arranger. C'était panique à bord. « Vous vous foutez de moi ? » Plus besoin de bonnes manières, et tant pis si elle passait sur tous les écrans de la ville ce soir. Le truc, par contre, c'est qu'elle n'arrivait à rien dire de plus. Elle ne savait pas quoi dire, en fait, parce qu'elle n'arrivait même pas à comprendre ce qui se passait. Est-ce qu'il se foutait de sa gueule sur tous niveaux, ou il y avait une part de vérité quelque part ? Elle n'était pas Sherlock Holmes, merde ! Mais une chose, pourtant, était sûre : elle ne jetterait pas un coup d'oeil supplémentaire dans cette mallette. Elle avait peur d'y retrouver l'équivalent du stand d'hygiène sexuelle de la pharmacie du coin. « Si jamais des amies sont intéressées, je demanderai à monsieur Johar comment vous contacter, plutôt. » Elle avait peur de toucher les cartes de visite, on ne savait jamais. Peut-être qu'il était possible pour certains vecteurs de maladies sexuellement transmissibles de muter pour trouver un nouveau mode de contamination. Mais au-delà de cette méfiante plus qu'apparente, Beth était irritée. C'était la première fois que quelqu'un osait utiliser son association pour l'emmerder comme ça. Malgré tout, elle était sûre que si elle confiait cette histoire aux autorités, personne ne pourrait rien pour elle. Elle ne pouvait donc compter que sur elle-même -et peut-être ses collègues, si elle arrivait à mettre la main sur son téléphone ou à hurler suffisamment fort pour qu'ils l'entendent. Mais Beth n'était pas du genre à dépendre de quiconque -en dehors de Daniel, bien évidemment-, et elle allait gérer cette histoire toute seule, comme l'adulte responsable et autonome qu'elle était. « Et pas besoin de me menacer ou quoi que ce soit : je suis simplement un professionnel qui essaie de gagner mon beurre. » C'est qu'il arriverait presque à la faire regretter sa réaction... « Que ce soit vraiment votre boulot ou pas, moi, ça m'intéresse pas, et ça me paraissait normal d'arrêter avant qu'on soit tous les deux face à une situation qui nous plaît pas. » Du lubrifiant dans son bureau, quoi...
« Si c'est le pot de lubrifiant qui vous trouble, c'est pas un problème. Un petit clin d'oeil pour vous laisser savoir que ça fait partie des possibilités, sans plus. Si les pénis, c'est pas votre truc, on passe à autre chose et puis voilà. J’en ai en plastique aussi, si vous préférez pouvoir choisir plutôt que la surprise. » Et merde. Il continuait. Il était tenace, on ne pouvait pas lui enlever ça. Pourtant, Beth était trop atterrée pour l'admirer. Elle avait eu un mouvement de recul, l'air stupéfait et insulté. « Mais c'est même pas le problème ! » Elle porta une main à son front, désespérée. Elle ne savait plus si elle devait le gifler ou attendre calmement qu'il comprenne qu'il n'avait rien à faire là. Elle n'avait pas tellement envie de faire entrer le pénis de Daniel comme argument, mais... « Mon truc, c'est le pénis de mon mari, c'est tout. » Mais elle avait encore plus peur de regarder la mallette, maintenant qu'elle avait encore plus de détails sur ce qu'elle contenait. En fait, c'était plutôt l'équivalent d'un sex shop... « Sachez aussi que j'ai passé trois mois en stage de perfectionnement du massage à Stockholm, et trois autres à Amsterdam. Il peut y avoir autant ou aussi peu de peau que vous le souhaitez. C'est vous la maîtresse : et ça aussi, on peut le pousser loin...Imran s’est assuré de me payer largement pour toutes les options que j’offrais. » Elle allait pleurer. De rire ou de désespoir, elle n'était juste pas encore décidée de ce côté-là.
Machinalement, elle tira sur sa jupe pour être sûre qu'elle dévoile le moins de peau. Lui, par contre, était complètement à l'opposé : elle était à deux doigts de se retrouver avec un inconnu à poil -pas un chien errant, hein, un mec qu'elle ne connaissait pas et qui était nu, quoi- dans son bureau. Et merde, pourquoi n'avait-elle pas installé de caméra de surveillance dans son bureau ? Ah, oui... parce qu'elle ne pensait pas en avoir besoin. De toute façon, à quoi cela pourrait bien lui servir de revoir cette scène après coup... Les autorités ne pourraient rien pour elle, et à part se rincer l’œil en décalé, elle n'aurait rien pu en tirer -oui, parce qu'elle ne pouvait pas le nier, même si la situation était catastrophique, le corps du blond était loin de l'être. « Il vous a aussi payé pour prendre la porte ? » Elle marqua un temps d'arrêt. « Enfin, sortir, quoi. Vous prendrez rien ni personne, ici, désolée. » Elle remonta le tissu de son chemiser sur sa poitrine, soudainement persuadée d'être au top de vulgarité. Même habitée par le doute, Beth bouillonnait de l'intérieur. Ce qui se passait ne lui plaisait pas du tout, et même si elle était maintenant proche de la crise de fou rire, elle n'en revenait toujours pas du toupet de l'homme. « Par contre, je l’avoue, je crois aussi que nous nous sommes rencontrés. Je voulais tenir ça mort, parce qu’il y a peu de gens qui deal bien avec le fait de reconnaître des escortes. C’est devenu difficile à notre époque d’être un consommateur ou un professionnel du sexe. Beaucoup de stigmates… Je crois que nous nous sommes brièvement croisé au Diamond’s – le propriétaire m’avait engagé pour y mettre un peu d’ambiance. Tom Fuller, gentleman extra ordinaire – si ça peut vous rassurer de connaître mon vrai nom. » Pendant qu'il parlait, Beth avait croisé les bras et s'était assise sur son bureau, juste à côté de cette mallette qu'elle n'osait toujours pas regarder. Elle commençait bêtement à sourire tant la situation virait au ridicule. « C'est toujours que le troisième nom que vous vous donnez. En vrai vous pourriez être menuiser, espion du MI6 ou un extraterrestre qui cherche à exterminer la race humaine, qu'est-ce que vous voulez que j'en sache. A ce stade je me pose plus vraiment la question, pour tout vous dire. » Mais au moins elle était à présent sûre de ne pas débloquer en pensant l'avoir déjà croisé auparavant; et, maintenant qu'il parlait du Diamond's, effectivement, elle le remettait. Daniel était parti lui faire une réflexion après qu'il ait proposé ses services... et ceux de son pénis, déjà à ce moment-là. Elle regardait la main qu'il lui avait tendue, avec une grimace instinctive qui voulait tout dire de la situation. « Enchantée... ou pas, je sais pas trop », dit-elle froidement et en toute simplicité sans quitter cette main du regard pendant quelques instants. Ses bras restaient fermement croisés sur sa poitrine. « Vous m'en voudrez pas si je vous serre pas la main, je suis pas sûre que tous mes vaccins soient à jour. » Et puis, c'était surtout que serrer la main du monsieur reviendrait à approuver sa présence ici.
Elle qui pensait être claire dans ses propos se heurtait pourtant à un mur. Heath Wilde, Abbie Hoffman ou Tom Fuller, peu importe son vrai nom, n'était décidément pas du genre à abandonner. « Je sais aussi comment tricher pour perdre au strip-scrabble, si vous êtes plus du type intellectuelle coincée que physique lascive – mais ce n’était pas l’impression que je retenais de notre première rencontre, miss capitaine Jackie Sexy Sparrow. » Arquant un sourcil, Beth essayait à présent de tourner la dernière phrase dans tous les sens. « Vous êtes en train de dire que je suis débile, ou plutôt une salope ? » Mais c'était donc vrai. Il se souvenait d'elle autant qu'elle se souvenait de lui, et c'était même un peu flippant. Ca lui donnait, en plus du reste, un air de stalker qui n'avait rien pour rassurer la jeune femme. « Non mais sérieusement », reprit-elle en soupirant, à présent trop blasée pour ressentir quoique ce soit d'autre qu'une profonde indifférence. « vous pensiez que vous arriveriez à quelque chose de concret ? » Elle se leva de son bureau pour en faire le tour. « Vous aurez eu de l'argent facile, avec cette histoire. Quel homme généreux, Imran Johar », dit-elle, sarcastique. « Pour le remercier, vous pourriez mettre quelques dollars au service des enfants guatemaliens, vous leur devez bien ça. » Elle marqua une pause et scruta son ordinateur, qui était ouvert sur sa page de mail. Elle venait d'en recevoir un du maire, qui discutait de leur prochain conseil municipal. Soit il voulait vraiment lui faire cette -merveilleuse- surprise, soit l'homme aux trois noms était complètement perdu dans ses histoires. « Et sérieusement, je sais pas ce que j'ai fait pour mériter un tel traitement. C'est certainement pas Imran --monsieur Johar qui vous a donné mon nom. » Ouais, bon, pour tout dire, ce mec lui faisait un peu peur, quand même. « Vous pouvez garder votre pénis et ses amis en plastique bien rangés ce matin. Avant que vous partiez, j'aimerais juste savoir si vous comptez refaire ce genre d'interventions. » Elle s'assit sur son fauteuil, tirant à nouveau sur sa jupe, comme pour se protéger du regard de cet homme dont elle commençait à suspecter le pire. « Et si vous êtes vraiment un "escort mâle" comme vous le prétendez, pensez à trouver quelque chose de plus valorisant. Si un jour vous êtes sérieux, repassez à l'asso. On sera heureux de vous accueillir parmi nos bénévoles. Mais seulement si vous êtes sérieux et que nous sortez pas vos attributs dès que l'occasion se présente -ou même qu'elle ne se présente pas. » Son regard clair mais intransigeant accrocha celui du trentenaire. Si elle ne comptait plus appeler les flics -faute d'une possibilité de réponse suffisante-, elle avait dans l'intention de connaître les raisons qui l'avait mené jusqu'à elle, au moins histoire que ça ne se reproduise pas, mais également de le remettre dans ce qu'elle considérait être le droit chemin. C'était Beth, quoi.
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Ven 24 Juil 2015 - 17:06 | |
| Pauvre, pauvre Beth – l’espace d’un instant, j’ai envie de la prendre dans mes bras et de lui avouer qu’il ne s’agit que d’une mauvaise blague. En même temps, les contacts physiques étant maintenant hors du portrait, quelle option me restait-il sinon que de poursuivre avec mon plan initial ? All aboard the crazy train!" Vous savez quoi, madame Wilkerson ?" , que je commence en me rapprochant du bureau et de ma mallette, en fouillant dans mes poches et en regardant le sol. " Le privilège de la bourgeoisie qui permet de regarder de haut les choix que les autres ont dû faire pour survivre n’est pas donné à tout le monde… " Je mets l’entièreté du contenu de mes poches sur son bureau : à savoir, 3 billets de un dollars, trois vingt-cinq sous et trois dix sous. Ainsi qu’un coupon deux pour un sur les Big mac, un ticket d’autobus et un préservatif encore emballé. À saveur de raisins. " À 17 ans, je me suis engagé dans l’armée. Et ils m’ont envoyé en Irak. Quand je suis revenu, écœuré par ce que j’y avais fait, ils m’ont baisé le cul à sec en me demandant de leur dire merci. " Je récupère le préservatif, et je le remets dans mes poches. Même si ça pourrait aider à les éduquer, les guatémaltèques. " Y’a beaucoup de choses qui ont perdu de leur sens, à ce moment là… Mais comme tout le monde, je devais gagner ma vie et mon bonheur, comme j’le pouvais. Avec les options qui s’ouvraient à moi. Vous croyez que si j’avais eu le choix, j’aurais pas aimé ça, passer ma vie à rencontrer des beaux riches pour construire des écoles dans des pays en développement ? Avoir mon beau petit bureau tout à moi, et la secrétaire qui vient avec ? La p’tite femme qui m’accueille le soir, en me demandant comment a été ma journée et qui me demande de déboucher le drain pendant qu’elle fait du bœuf Wellington ? " Je range le pot de lubrifiant et l’huile à massage dans ma mallette. " Mais vous savez quoi ? Malgré tout ce que vous en pensez, j’suis fier de ce que je fais, et honnêtement, ma main est bien moins sale que celle des nombreux financiers et gens d’affaires que vous embrassez et avec qui vous rigolez et buvez des cocktails dans les soirées mondaines où vous sollicitez l’argent nécessaire pour faire tourner Knowledge is Power. Cocktails qui doivent d’ailleurs coûter ce que j’arrive à gagner en une semaine." Avouez que je suis doué. " Quand j’ai su qu’Imran me payait pour venir vous voir, j’ai crû que j’étais le plus chanceux des hommes. J’vous ai vu, à la télé. Si j’avais eu une adresse civique, j’aurais voté pour vous. L’idée de faire un petit quelque chose pour vous, au lieu de ces dégeulasse de banquiers dont je vous parlais précédemment, me remplissait d’un sentiment d’accomplissement. Un petit éclairci dans un orage sans fin. J’pensais que vous étiez différente. Que vous étiez une sorte de mère Thérésa de l’humanité, version 2015, austérité en moins. Une femme cool et ouverte. J’me suis dit que c’était le moment parfait pour en profiter pour apporter ceci." Je pris une grande enveloppe blanche de ma mallette, et je la lançai avec désinvolture sur le bureau de Beth. Et là, je la regarde dans les yeux. " Eugene Ramsamy. Sa famille est décédée dans un incendie pendant qu’on tournait en rond en Irak, en attendant de se faire exploser. Il n’avait nulle part qui l’attendait à son retour, alors il m’a suivit à Huntington. Il s’est suicidé il y a deux semaines. Il a fait de moi son exécuteur testamentaire, et m’a demandé de faire quelque chose de bien avec les 14 532 et 24 US$ que le ministère de la défense lui verserait en indemnité. J’ai mis quelques photos de lui avant, pendant et après son service. N’oubliez pas de vomir sur sa vie lorsque vous encaisserez le chèque…Et de vous assurez de la validité de votre carnet de vaccination..." J’ai les yeux humides, parce que ça, c’est pas de la bullshit. Eugene… Quand je l’ai trouvé, dans son lit, j’ai voulu m’arracher le cœur. De ne pas avoir réussit à le sortir de là, malgré tous mes efforts. Au final, la rambarde qui nous protège de l’abysse tient à bien de chose. Moi, j’ai eu la chance d’avoir une Kath en béton armé… Eugene, lui… je n’ai pas pu… Je referme la mallette, je détourne le regard et je m’apprête à prendre congé. |
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Sam 25 Juil 2015 - 4:04 | |
| « Vous savez quoi, madame Wilkerson ? » Non mais c'était quoi, ce plan foireux, vraiment ? Beth n'était pas un monstre de patience, mais quand même, il avait clairement joué avec ses nerfs, non ? Alors pourquoi elle avait un frisson de malaise qui lui parcourait l'échine ? Cette phrase, même si elle n'était qu'une unique phrase, ne pouvait rien amener de bon. Il allait dégoupiller une grenade et la lancer dans son bureau. Ou sortir un flingue de cette mallette qu'elle n'avait pas osé regarder et la fusiller sur sa chaise de bureau. D'ailleurs, il semblait chercher quelque chose, ce qui commençait à l'inquiéter au plus haut point. Oui, elle avait peur. Dans quel merdier s'était-elle foutue ? C'était quoi cette histoire ? « Le privilège de la bourgeoisie qui permet de regarder de haut les choix que les autres ont dû faire pour survivre n’est pas donné à tout le monde… » Ah, donc il le prenait comme ça... Beth avait peut-être perdu patience et manqué de tact, mais elle n'en revenait pas que de tous les arguments qu'il avait à sa disposition, il choisisse celui-là. « Oui, tout à fait, je suis complètement inconsciente des différences sociales qu'on nous inflige et de ce qu'elles impliquent. C'est d'ailleurs pas pour cette raison que j'essaie d'aider les jeunes à avoir une éducation ou que je m'engage au sein de notre mairie à tenter d'équilibrer les choses. » Elle n'avait plus envie de rire. Elle n'avait pas été correcte, mais lui semblait ne pas tenir compte de la personne qu'elle était. Elle l'avait regardé vider ses poches, incrédule, avant de comprendre qu'il lui exposait tout ce qu'il avait sur lui. « Si vous voulez jouer à ce jeu-là, vous feriez mieux d'être plus sérieux. J'en viens donc à la conclusion que monsieur Johar n'a rien à voir avec cette histoire et que vous n'avez aucun pourcentage à accorder à l'asso... » Cela faisait un moment qu'elle avait tiré un trait sur ce don qu'elle s'était imaginé. Si auparavant elle avait simplement voulu comprendre ce dont il s'agissait, maintenant elle avait à nouveau envie de le défenestrer. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi il était venu là, pourquoi il lui avait menti sur tant de points, pourquoi il s'était inventé deux -voire trois- identités, pourquoi il s'évertuait à vouloir lui offrir ces services dont elle ne voulait pas. Il était venu se moquer d'elle, ils allaient en rester là, non ? Pas besoin de polémiquer plus longtemps. Chacun retrouverait sa place. Il aurait eu sa partie de rigolade, elle aurait vécu une expérience bizarre, et voilà. « À 17 ans, je me suis engagé dans l’armée. Et ils m’ont envoyé en Irak. Quand je suis revenu, écœuré par ce que j’y avais fait, ils m’ont baisé le cul à sec en me demandant de leur dire merci. » Beth resta stoïque. A quel moment devait-elle le croire, à présent ? « Et c'était bien, votre voyage sur la Lune ? » Elle n'était pas moqueuse, juste très sarcastique. A partir de maintenant, elle partait du principe que tout ce qui pouvait sortir de la bouche du blond était un mensonge. C'était plus simple comme ça, et tant pis si elle s'attirait ses foudres. Bien entendu, si cette histoire qu'il lui racontait était vraie... et bien elle passerait pour une sans-cœur. Mais elle n'avait plus la foi suffisante pour essayer de démêler le vrai du faux et s'accrocher à tout ce qu'il disait comme à un potentiel trait de vérité. Pourtant, cette fois-ci, c'était un peu différent. Il racontait les choses avec une intonation bien particulière dans sa voix qui donnait l'impression à Beth soit d'être face à un acteur très doué, soit face à un mec qui était réellement en train de confier quelques traits marquants de son histoire. Elle le regardait ranger ses affaires, tentant de se contenir en s'entendant être mise au bûcher pour ce qu'elle était. « Oh, oui, je comprends bien, ces gens-là sont des monstres », lança-t-elle en faisant un geste d'un revers de main, agacée.
Le pire, dans tout ça, étant sans doute que malgré tout, elle continuait à l'écouter. Il prenait tellement à cœur ce qu'il racontait maintenant que Beth commençait presque à y croire. Et dans tout ce qu'il disait, il avait tout de même raison sur certaines choses : si Beth savait parfaitement qu'elle évoluait dans un monde qui n'était pas accessible à tous et qu'elle devait ce succès à ses parents et à Daniel, qui, les uns puis l'autre, lui avaient toujours offert le meilleur, elle était parfaitement consciente de tout ce qu'il avançait. Les fortunes les plus importantes n'étaient bien souvent pas les plus méritantes et les plus respectueuses, et lorsqu'elle avait cherché à lever des fonds pour sa campagne électorale, tout comme à chaque fois qu'elle en cherchait pour enrichir les caisses de l'association, elle savait très bien à quelles portes sonner. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'était souvent les plus grosses fortunes qui étaient les plus enclines à donner, sans doute car elles y voyaient là un moyen de s'acheter une image que l'argent ne pouvait pas acheter autrement. Les donateurs modestes étaient plus nombreux, mais Beth avait toujours plus de mal à leur soutirer de l'argent. Elle n'aimait pas cette idée. Elle était là pour aider les plus démunis, pas pour déplumer ceux qui avaient déjà des fins de mois difficile. L'équilibre ne pouvait pas se trouver dans ce sens-là. Pourtant, et malgré son interlocuteur qui commençait à s'échauffer, elle ne pouvait pas avouer ça. Ce serait cracher sur ses donateurs et les gens qui avaient investi dans sa campagne. Dans cette situation, elle se retrouvait piégée. C'était les aléas de la chose... Faire attention aux mots. Le moindre faux pas pouvait l'empêcher d'accomplir tous ces projets qu'elle avait. Et si pour les réaliser, elle devait fermer sa gueule devant Heath/Abbie/Tom, alors elle le ferait. « Ce sont ces disparités que j'essaie d'éradiquer, ou du moins, de diminuer », répondit-elle donc simplement sans avancer davantage.
Pourtant et malgré ce revirement de situation, il continuait à s'accrocher à son histoire avec Imran. Elle n'arrivait plus à démêler le vrai du faux -pas vraiment qu'elle osait encore essayer, mais elle était complètement perdue. Pourtant, elle prit à cœur et sans doute plus de raison ce qu'il disait. « [...] J’pensais que vous étiez différente. Que vous étiez une sorte de mère Thérésa de l’humanité, version 2015, austérité en moins. Une femme cool et ouverte. J’me suis dit que c’était le moment parfait pour en profiter pour apporter ceci. » Il récupéra quelque chose dans sa fameuse mallette, mais d'un coup, elle n'avait plus peur. Elle était gênée. Toute cette mascarade pour quoi, au final ? Une enveloppe blanche qui venait de tomber sur son bureau. Elle la regarda à peine, relevant aussitôt son regard vers le peut-être-stripteaser. Son visage s'était décomposé à mesure qu'il racontait l'histoire de cette enveloppe et surtout, de son contenu. Et putain, qu'est-ce qu'il était bon acteur... Peut-être que cette part de l'histoire était vraie, au moins.
Subitement, Beth se leva, attrapa l'enveloppe, fit le tour de son bureau et se posta entre la porte et un Tom Fuller bien décidé à quitter les lieux. Soudainement intimidée, sans doute impressionnée, elle lui tendit l'enveloppe. « Prenez-la. Il n'y a pas qu'au Guatemala qu'il y a besoin d'argent. Que vous soyez "escort mâle" comme vous l'avancez ou non, vous devriez avoir le droit à la chance que j'ai eue de pouvoir me permettre certaines choses. Utilisez cet argent pour faire quelque chose que vous avez toujours voulu faire -si tant est que ce n'est pas vous lancer dans le trafic d'armes, mais étrangement, je pense pas que ce sera le cas. Emmenez une femme que vous appréciez dans un bon restaurant, offrez-vous un cocktail hors de prix, bâtissez un projet... » Elle marqua une pause, troublée par les larmes qui brillaient à présent dans les yeux du grand blond. « Ce que j'ai dit, ce n'était pas pour vous descendre. Au contraire. » A croire qu'elle descendait les gens pour les forcer à être au meilleur de leurs capacités. Oh putain... elle était comme sa mère. « Mais avouez que votre point était pas limpide dès le début. » Puis elle désigna vaguement le corps de l'homme d'un mouvement de la main. « Rhabillez-vous. Vous êtes pas dégueulasse, mais je m'en voudrais si vous preniez froid à cause de la clim -elle est un peu déréglée depuis quelques jours. »
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Mar 4 Aoû 2015 - 15:48 | |
| Ouais, je m’étais un peu laissé prendre au jeu. Je voulais faire un grand coup de théâtre avec la mort d’Eugene, mais là, je perdais un peu le contrôle… J’étais allé piocher un peu trop creux, et si je ne faisais pas gaffe, the joke would end up being on me.
Je me dois cependant de refuser l’enveloppe. Il y a l’âme de Ram’s là-dedans. Ouais, Ram’s. Comme ça qu’on l’appelait, chez les jar heads. On trouvait qu’il avait l’air d’un puceau, alors on l’a appelé bélier. Vous savez, le GROS TRUC avec lequel on DÉFONÇAIT les portes fermées, à l’époque des barbares? Ça le dégoutait royalement. Nous, on se pissait dessus à chaque fois.
« Je ne peux pas, madame Wilkerson. De toute façon, ce qu’il me faut, l’argent ne pourra jamais me le procurer. J’ai besoin de modèles à qui me rattacher. Des pushers d’espoir. Et ils sont beaucoup plus rare qu’on le pense.»
J’espérais qu’elle comprenne que je parlais d’elle. Après tout, nous avons tous besoin d’une bonne tape dans le dos à l’occasion, non ? Et elle avait toujours plus d’impact lorsqu’elle provenait de la plus inattendue des directions.
Un peu à contre cœur, j’entreprends de reboutonner ma chemise, lentement. Juste au cas où elle aurait un élan de lucidité impromptu et se décide finalement à me sauter dessus.
« Malheureusement, les femmes que j’apprécie ne me laissent pas les inviter dans les grands restaurants.»
Bourgeoise un jour…
« Par contre, j’ai des forfaits vraiment abordables si un jour vous souhaitez que je vous accompagne. I’ll keep your tab open, so just call me. Ça m’évitera de devoir rembourser monsieur Johar.»
Je dois penser très fort à Maura Rosales nue avec un bélier (ouais, j’ai de la suite dans les idées) pour éviter de sourire. Ça détruirait complètement l’effet, si je m’échappais.
« Je ne vous retiendrai pas plus longuement, madame Wilkerson. Je vous souhaite une bonne journée, limpide, comme vous les aimez. Et je vous en prie, n’oubliez jamais qui vous êtes, ni celle que vous souhaitez être…Y’a beaucoup de gens qui comptent sur vous.»
Avec un petit hochement tête, j’entreprends de la contourner pour prendre la porte. Définitivement, je l’aimais bien, cette Beth, malgré sa bourgeoisie. Une femme d’un chic certain. Je me demandais ce qu’elle retiendrait de cette petite rencontre. Si j’étais parvenu à lui faire un impact suffisant pour l’aider à ne jamais basculer du côté de ceux que je n’aime pas. Ou pour qu’elle parle de moi au nouveau maire. À son mari, peut-être ? Putain, lui aussi, je l’aimais bien! Et j’suis convaincu qu’il serait aux anges d’entendre parler à nouveau de moi. Quelles sont mes chances de finir dans leur lit conjugal… ?
Avant de laisser mon esprit divaguer, je dois me souvenir d’une dernière chose : laisser subtilement tomber deux cartes « d’affaires » avec le préservatif aux raisins devant le bureau de la secrétaire, question de faire bonne mesure. Sait-on jamais… |
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) Mer 5 Aoû 2015 - 3:44 | |
| Les choses avaient pris une nouvelle fois un tout autre tournant. Si au début, elle avait été persuadée qu'il s'agissait d'un donateur, puis d'un fou en mal de sexe, d'un acteur en pleine prestation, et enfin un blagueur étrange, maintenant, elle était convaincue par tout ce qu'il lui racontait. Pour un début de matinée, cet épisode était quelque chose. Pour le coup et même si c'était loin d'être le cas une heure auparavant, la jeune trentenaire était à présent bel et bien réveillée. Elle n'était plus énervée ou amusée; pour autant, elle n'était pas impassible. Cet homme, peu importe son nom, semblait à présent bien plus sincère qu'il ne l'avait été avec chacune de ses histoires jusqu'à maintenant. Et elle se sentait bête, si bête... Elle avait l'impression d'avoir été catégorisée par l'homme comme faisant partie de cette élite qui ne se soucie de personne d'autre qu'elle-même, et cette sensation contribuait grandement à sa sensibilité grandissante. Comment la situation avait-elle pu basculer d'un extrême à un autre en quelques minutes à peine ? Il était doué, le monsieur. Et Beth était prise au dépourvu par ses révélations. « Je ne peux pas, madame Wilkerson. » Il refusait à présent de reprendre l'enveloppe qu'elle lui tendait. Beth le regardait, interloquée. « De toute façon, ce qu’il me faut, l’argent ne pourra jamais me le procurer. J’ai besoin de modèles à qui me rattacher. Des pushers d’espoir. Et ils sont beaucoup plus rares qu’on le pense. » Beth baissa les yeux, penaude, se sentant visée. Oui, il avait vraiment réussi à la calmer. « Il y en a plus que vous le croyez. Il faut savoir regarder au bon endroit. » Elle avait l'impression de retomber en enfance, de revoir sa mère la gronder pour, ce qu'elle ne savait pas à l'époque, les bonnes raisons. « Votre inspiration n'a pas besoin d'être président ou de diriger une multinationale. » Si on demandait à Beth qui était la sienne, elle aurait sans aucun doute donné une réponse des plus clichées : sa plus grande inspiration, c'était son mari. Lorsqu'elle l'avait rencontré, il avait été celui qui l'avait encouragée, épaulée, écoutée... et elle l'avait admiré pour tout ça. Elle l'avait admiré pour son acharnement, pour le travail qu'il fournissait et la détermination dont il faisait preuve. Elle l'admirait pour ses rêves, ses ambitions. Avec cet ami-là à ses côtés, Beth s'était sentie capable d'accomplir les plus grandes choses; avec ce mari-là à ses côtés, elle était aujourd'hui invincible. Pas besoin d'aller chercher ses modèles dans les endroits où les plus corrompus se cachaient ; Beth elle-même était loin d'en être un, et elle en avait pleinement conscience. Pourtant, se le faire entendre dire -ou sous-entendre- n'était jamais très agréable. Elle faillait à ses objectifs : peut-être qu'à vouloir s'approcher trop près du soleil, elle s'était brûlée. Peut-être qu'elle s'était oubliée, que ses objectifs n'étaient plus tout à fait les mêmes, elle ne savait pas. L'homme en face d'elle lui faisait clairement comprendre qu'elle n'avait rien de la sauveuse qu'elle espérait être; peut-être n'avait-elle jamais rien eu de cette sauveuse, et que depuis toutes ces années, elle ne faisait en réalité que se ridiculiser. A y réfléchir, en tout cas, c'était la décision partagée par la majorité des habitants d'Huntington Beach : ils n'avaient pas voulu d'elle à la tête de leur mairie, parce qu'elle n'était pas assez bien. Pas assez battante, sans doute, pas assez convaincue, pas assez charismatique... peu importait. La déception qu'elle avait lue dans le regard du blond était à l'image de celle de tous ceux qui n'avaient pas voté pour elle. Et à l'image de celle de sa mère, aussi, qui était l'experte en la matière. Une nouvelle fois, mais cette fois-ci atterrée par toutes ces pensées moroses, Beth tendit l'enveloppe blanche à son interlocuteur. « Trouver une inspiration, ça ne s'achète pas. Mais il y a beaucoup d'autres choses pour lesquelles l'argent peut aider, vous l'avez dit vous-même. Il ne fera pas de vous un homme aigri ou malhonnête. C'est comme tout, il faut savoir... » Elle marqua une pause. Bien l'utiliser ? En faire bon usage ? Non non, on va éviter de lui tendre une perche... « ... respecter ses valeurs. Et pour ceux qui ont les pieds à terre, un peu d'argent ne fait qu'adoucir leur vie. » Elle le regarder reboutonner sa chemise, agréablement surprise de voir que leur conversation prenait à présent un tout autre tournant. « Malheureusement, les femmes que j’apprécie ne me laissent pas les inviter dans les grands restaurants. » Elle haussa les sourcils, rapprochant son enveloppe de l'homme d'un geste brusque, le poussant presque à la prendre. Elle ne voulait pas de cet argent-là. Elle ne voulait pas d'un argent qui avait une telle histoire, parce qu'elle savait parfaitement que la cause qu'elle défendait avec tant de hargne était loin d'être la seule cause qui méritait qu'on s'y attarde. « Offrez-vous un joli voyage, des cours de peinture ou de japonais, reconstruisez-vous. Ne me dites pas que votre ami aurait pas souhaité ça pour vous. » Mais lui semblait reparti sur ses affaires d'escort, ce qui arracha un sourire amusé à Beth. « Le remboursez pas. Dites lui que vous m'avez prise sur mon bureau... ou contre le mur, selon vos préférences », dit-elle en riant, sous-entendant qu'elle émettait toujours un fort doute quant à l'implication du maire dans cette histoire, « c'est ma participation. Je vous libère de votre dette ». Son ton solennel la fit sourire à nouveau tandis qu'elle se demanda, l'espace d'un instant, si elle avait bien fait de faire cette proposition à l'homme. Et si toute cette histoire était vraie ? Et s'il allait vraiment raconter à Johar qu'il l'avait prise et retournée sur son bureau ? Et si ça arrivait aux oreilles de Daniel ? Elle avala sa salive avec difficulté, tentant de se convaincre dans un débat interne qu'elle ne courrait aucun risque. Au pire, des enquêteurs pourraient bien prouver avec des lumières bizarres que rien ne s'était passé ici, non ? A moins que sa secrétaire ne profite parfois de son absence pour s'adonner à quelques plaisirs dans le bureau de la patronne avec son compagnon...
Mais il était sur le départ. « Je ne vous retiendrai pas plus longuement, madame Wilkerson. Je vous souhaite une bonne journée, limpide, comme vous les aimez. » Elle regardait l'enveloppe qu'il n'avait toujours pas prise. Elle avait failli dans ses arguments. Dans un dernier geste désespéré, elle lui tendit à nouveau l'enveloppe alors qu'il reprenait : « Et je vous en prie, n’oubliez jamais qui vous êtes, ni celle que vous souhaitez être…Y’a beaucoup de gens qui comptent sur vous. »
Et encore une fois, elle se retrouvait conne devant lui. Peut-être qu'elle ne le décevait pas tant que ça, finalement. Peut-être qu'il y avait un peu d'espoir pour son avenir, peut-être qu'elle pouvait réellement accomplir des choses. « Merci... » dit-elle presque timidement. Car oui, même si certaines personnes auraient pris les paroles du blond comme une pression supplémentaire et inutile, Beth, elle, les considérait comme des projets empreints de promesses. Beth était de ceux qui rêvaient d'accomplissement, de changer quelques petits trucs, de laisser sa trace dans ce bas-monde. Elle ne voulait pas croire qu'on arrivait, qu'on vivait plus ou moins bien, et que lorsque l'on partait, tout était fini. Et si elle ne pouvait pas avoir d'enfant... alors il ne lui restait que ça. Son travail, sa vie, son accomplissement. « Vous savez que ma proposition de venir à l'association était sérieuse, hein ? On a besoin de main forte ici. Et d'ailleurs, vous vous rendriez compte que même vos voisins peuvent être une source d'inspiration. » Elle se poussa pour le laisser accéder à la porte. « C'était un rendez-vous très particulier, et je suis toujours pas sûre de connaître votre nom. Votre réel nom, jveux dire. Alors je vous souhaite une excellente journée, monsieur... » Ouais, non, elle n'osait pas opter définitivement pour l'une des identités qu'il s'était donné. « Prenez soin de vous, et continuez de croire en la bonté des gens et de notre univers. Le monde est pas aussi pourri qu'on a tendance à le penser. Vous avez vu et vécu le pire, il vous reste donc le meilleur. » Elle lui tendit la main, attendant maintenant avec impatience de pouvoir la lui serrer. Elle n'était même pas sûre des raisons qui l'avaient poussée à changer d'opinion à son sujet comme ça, mais à présent, elle voyait un homme complètement différent de l'escort d'il y a quelques minutes en face d'elle. Cet homme-là voulait croire même s'il était affligé et consterné, il voulait essayer même s'il n'en était pas réellement convaincu... et il était entré dans ce cercle de personnes que Beth voulait aider, même à l'aide d'une seule phrase. Car si on n'arrivait pas à espérer le meilleur pour demain, que pouvait-on en attendre ?
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| Sujet: Re: Philanthropie version Tom - avec Beth (terminé) | |
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