Derek & Erin

« Méfie ! Tu veux partir en balade ma belle ? » Derek riait pendant que son labrador tentait de lui lécher le visage. La chienne avait beau avoir d’abord vécu avec Inevera, elle s’était très vite habituée à son nouveau maître. Cela faisait maintenant quatre ans qu’ils se connaissaient et la belle couleur chocolat était devenue une amie pour lui qui adorait les animaux. « Allez go ! » Sur ces paroles, il quitta l’appartement, sa chienne en laisse. Il faisait un temps magnifique ce jour-là et le jeune homme prit un temps pour apprécier les rayons de soleil sur son visage. Bien dressée, Méfie attendait patiemment que son maitre se remette à marcher avant de l’accompagner. Elle savait qu’il la laisserait bientôt courir librement dès qu’ils seraient arrivés au parc. L’acteur se mit à marcher d’un pas vif, suivis docilement par son amie à quatre pattes. L’animal était joueur, mais rarement agressif et c’est pourquoi il ne s’attendit pas à la voir sauter sur une jeune femme blonde qui avançait vers eux. L’avait-il confondu avec sa maîtresse ? C’était possible vu que la chienne tentait avec tout l’amour du monde de lécher le visage de l’inconnue. Il grimaça en la voyant tomber et se précipita pour écarter l’animal de sa victime. « A qui appartient ce... Truc ? » Habituellement, il aurait grimacé en entendant ces mots. Il avait en horreur ces poufs qui ne pouvaient pas supporter les animaux tout ça parce qu’ils risquaient d’abîmer leurs vêtements hors de prix. Cette fois pourtant ce n’est pas ce qui se passa. Cette voix il l’aurait reconnu entre toutes, c’était une voix qu’il avait espéré ne jamais entendre à nouveau. Prenant son temps, il laissa glisser son regard sur ses jambes, son ventre, sa poitrine et enfin son visage. Le collant filé, moitié débraillée à cause de la chute et pourtant elle gardait cette classe froide. Inconsciemment, il avait tendu sa main pour l’aider à la relever, mais il hésita à la retirer quand il la reconnu enfin. Son regard croisa le sien et il comprit qu’il était trop tard pour fuir. « Derek ? » Passant sa main dans ses cheveux, il détourna ses yeux. Seule Méfie continuait à être excitée par cette rencontre malheureuse. Pourtant ses yeux joyeux se baissèrent quand la blonde lui parla d’une voix hargneuse. Les lèvres de Derek formèrent un rictus. Jusqu’à présent, toutes les personnes détestant les animaux qu’il avait pu rencontrer s’étaient trouvées être aussi de parfaits enfoirés dans la vie. Comme quoi, sa théorie se vérifiait à nouveau. « Erin. » Un prénom qu’il aurait voulu ne jamais prononcer à nouveau. Des souvenirs commençaient déjà à émerger juste à la regarder. « On peut savoir ce que tu fous-là ? » L’avait-elle suivi à Huntington Beach ? Si oui, comment avait-elle su où le trouver ? Il avait commencé à faire la promotion pour son prochain film, était-ce comme ça ? « Tu sais quoi ? » Un sourire mauvais sur les lèvres, il continua. « En fait je m’en fous. » Fouillant dans sa poche il sortit son portefeuille et assez en billets pour payer le pressing, lui tendant la liasse il garda un regard impassible. « Avec ça tu devrais pouvoir te racheter un collant et payer le pressing. » N’attendant pas qu’elle le lui prenne des mains, il plaça l’argent dans son décolleté, comme on le ferait avec une pute. Une ironie quand on connaissait leur passé, mais bon. « Ne me suis pas. » Sur ces mots il tira sur la laisse de sa chienne pour continuer à marcher, espérant que son passé déciderait de ne pas le rattrapper.

Derek & Erin

Cela faisait plus de quatre ans maintenant que Derek n’avait plongé son regard dans ses yeux verts. Il s’était perdu dedans lors d’une soirée de débauche quelques semaines seulement après la mort d’Hope et il avait mis cinq ans à se sortir de cette prison d’émeraude. Ces années de perditions étaient maintenant loin derrière lui et il était redevenu l’homme bon qu’il était avant le décès de son premier amour. L’acteur aimait son petit train-train quotidien que tant de personnes cherchaient à fuir. Le danger, la passion, les émotions fortes et autres conneries il avait donné. A présent il préférait la tendresse, la douceur et ces émotions qui vous réchauffent comme un chocolat chaud devant une cheminée en hiver. C’est pourquoi il avait eu un tel mouvement de recul en la reconnaissant. Si son premier réflexe avait été de se demander ce qu’elle faisait-là, il s’était vite rétracté. Le jeune homme ne voulait plus rien à faire avec cette femme qui était le symbole de cette vie qu’il cherchait à oublier à tout prix. Lui parler était lui donner une possibilité d’entrer de nouveau dans sa vie et c’était la dernière chose qu’il voulait. Ne résistant tout de même pas à l’humilier légèrement, il lui tourna le dos sans hésitation. L’espace d’un instant il se convainc qu’elle ne le suivrait pas, qu’elle ne chercherait pas à l’emprisonner à nouveau, mais c’était bien mal connaître Erin Griffin. L’acteur se sentit tiré en arrière et fut contraint de se tourner pour faire face à l’implacable blonde. A nouveau, son regard se fit dur et son visage se ferma. « C'est tout ce que tu as à me dire ? Tu me dois quand même quelques explications non ? Après t'être barré comme un crevard sans rien dire à personne ! » Elle blaguait ? Cela ne pouvait être que ça ou alors elle était stupide. « Alors quoi ? Monsieur ne se plaisait plus dans sa petite vie ? » Cette fois s’en était trop et Vessalius sentit qu’il était à deux doigts d’exploser. Il lui prit la main et la tira sans délicatesse aucune vers une petite ruelle en cul de sac où il n’y avait pas de passant. Un regard vers sa chienne suffit pour lui faire comprendre de rester assise à l’entrée de la rue. Une fois à l’abris des regard il laissa montrer sa colère et se mit à parler d’une voix tranchante, mais qui restait assez discrète pour ne pas être entendue de la rue passante. Il avait enfin réussi à avoir un rôle qui ferait décollé sa carrière et il ne pouvait donc pas se permettre à être reconnu dans la rue à être entrain de s’engueuler avec une superbe femme blonde, il était certain que cela lancerait des rumeurs qu’il ne voulait pas imposer à Inevera ou son fils. « [b]Je[/i] te dois des explications ? Tu te fous de moi ou quoi ? Comme si tu ne savais pas ce qui m’était arrivé. » Face à l’apparente incrédulité de son interlocutrice, le jeune homme décida de développer. « Tu te rappelles de Bagrov et de son petit clan ? Du coup que tu leur avais fait ? » Il regarda autour de lui afin de s’assurer que personne ne l’entendait ou ne regardait dans la ruelle et continua. « Ils voulaient leur argent et ils sont venus me voir pour me le demander, gentiment tu imagines bien. Ce soir-là j’ai failli crever et ça m’a fait réaliser que cette vie que je pensais vivre n’en était pas une. Je n’étais que l’ombre de moi-même, un pantin à ta merci qui ne se nourrissait que de souffrance. » Il inspira et expira lentement pour tenter de retrouver son calme, en vain. « Je me suis engouffré dans le premier train que j’ai trouvé et je me suis retrouvé à Paris. La seule raison pour laquelle je ne suis pas mort est qu’une femme m’a trouvé évanouis dans une rue et m’a sauvé. » Toujours aussi sérieux, il fit en sorte de bien placer son regard dans le sien. « Ne me dis pas que tu ne savais pas ce qu’il m’avait fait, que tu ne savais pas qu’il m’avait laissé pour mort. » Lui saisissant les épaules, il l’agita sans ménagement. Lui qui n’utilisait normalement jamais de violence était hors de lui. « Il m’a vu dans un film et il est venu me trouver à Paris. J’ai dû payer tes dettes pendant des années pour qu’il me laisse finalement en paix. » Ses mains étaient tellement crispées qu’il se rendit compte qu’il devait lui faire mal. Desserrant son étreinte, il s’écarta et se posa le dos contre le mur d’en face, la tête dans les mains il resta ainsi un court moment avant de la regarder à nouveau, montrant sa lassitude. « Je ne rigolais pas quand je disais que je n’en avais rien à foutre de ce que tu étais devenu, je ne veux juste plus jamais te revoir. » Il fixa le sol et continua d’une voix à peine audible pour la blonde. « Ce cauchemar aurait dû être terminé pourtant… »

Derek & Erin

« Arrête de te plaindre, on dirait une fillette... » La souffrance des autres n’avait jamais semblé atteindre Erin, au contraire elle semblait s’en délecter comme si c’était un nectar précieux. Ce qu’elle espérait était sûrement de le faire réagir, mais Derek s’en foutait du regard qu’elle pouvait porter sur lui. Si apparaitre faible et misérable était le prix pour qu’elle laisse en paix il le paierait. Lorsqu’il était au plus bas il apparaissait toujours comme quelqu’un de fort et fier. Il se rappelait encore de mecs qu’il avait humilié juste pour le plaisir parce qu’ils avaient osé lui tenir tête. Tout était différent à présent et le sombre connard qu’il avait pu être n’existait plus. Seul le mur dans son dos lui permettait de rester debout dans ce cauchemar éveillé. Continuant à parler, il avait pourtant la sensation d’observer la scène comme un spectateur impuissant. C’était simple, s’il commençait à réaliser que tout ceci était bien réel il n’aurait pas le choix que de l’affronter. Lui faire face voulait aussi dire qu’elle avait plus de chance de l’atteindre. Rayer sa vie durant ces cinq années avait été facile à partir du moment où il n’avait plus aucun lien avec celle-ci, maintenant qu’il en avait une preuve vivante sous ses yeux c’était autre chose. Les yeux rivés au sol, il vit d’abord arriver ses talons vers lui. Suivant la ligne de son collant filé, son regard glissa lentement de ses jambes à son visage. Elle était assez proche de lui pour qu’il puisse sentir son souffle lui caresser la peau. Le contact de sa main avec son visage l’électrisa et il ferma les yeux un moment. Quelques flashbacks de cette époque lui revinrent. Leurs baisers passionnés, elle sur lui qui lui griffait le torse, lui en elle et cette impression constante de vivre dans un monde flou où seul la drogue et cette femme lui permettaient de tenir debout, comme un zombie qui erre sans réellement vivre, sans rien ressentir. « Oh bébé, tu ne crois pas que ta réaction est excessive pour quelqu'un qui s'en fout. » Bien entendu que sa présence ne le laissait pas froid, mais pas pour les raisons qu’elle espérait. La recroiser voulait dire qu’elle allait de nouveau faire partie de sa vie et donc qu’il risquait de tout perdre s’il ne lui obéissait pas. La question était de savoir ce qu’elle voulait vraiment de lui. Juste jouer ? Autre chose ? Erin Griffin était-elle capable d’aimer assez pour en vouloir à quelqu’un de l’avoir abandonnée ou était-ce juste un caprice de plus ? Son petit jouet était parti et elle boudait ?

La suppliait ne mènerait à rien et il aurait dû le comprendre depuis le départ, ce qu’elle voulait était qu’il entre dans son jeu. Posant sa main sur celle qu’elle avait mise sur sa joue, il la serra sans ménagement et la fit basculer tout tournant pour la bloquer contre le mur. Ne lâchant pas sa main, il tapa contre le mur juste à côté de son visage et s’approcha de ses lèvres comme s’il allait l’embrasser. Au dernier moment il dévia vers son oreille et lui parla dans un murmure. « Tu cherches quoi au juste ? » Revenant vers sa bouche il s’en empara et l’embrassa passionnément. « Ca ? » Sa main droite vint caresser sa cuisse vers l’entre jambe, « Ca peut-être ? » Son autre main vint passa sous sa robe et la remonta sans ménagement pour presser sa poitrine. « Tu veux quoi de moi ? Je te baise et on est quitte ? » Son regard dur et méprisant ne lâchait pas le sien et il resta là quelques secondes avant de s’écarter d’elle. « Je ne suis pas ton jouet Griffin. » Calme, mais tranchant il continua. « Si tu veux balancer ce que tu as sur moi n’hésite pas, mais si je coule tu couleras avec moi. » C’était vrai, mais il n’espérait pas en arriver jusque là parce que c’était le risque de tout perdre. Inevera ne savait rien de ces cinq années de pénombre et si ses secrets apparaissaient dans les journaux il pouvait dire adieu à son film et sa carrière d’acteur. Calme, il maintenait son bluff en espérant que ça soit assez pour qu’elle le laisse, mais quelque chose lui disait qu’elle n’était pas prête à le laisser en paix si facilement.

Derek & Erin

Lorsque Derek avait rencontré Eva neuf ans plus tôt, il était au plus bas. N’ayant plus de raison de vivre après la mort d’Hope, il s’était complètement laissé aller. Enchainant les choix de vie merdique, il en était arrivé à devoir de l’argent à des personnes qui n’auraient pas hésité à le tuer. C’est là qu’elle était apparue pour l’aider. Un démon aux allures d’ange. Il s’était souvent dit que si on lui proposait un jour de remonter dans le temps, ne pas croiser ses yeux bleus aurait été son second choix après sauver Hope. Il ne pouvait effacer les cinq ans durant lesquels ils avaient été ensemble. Le désir qu’il éprouvait pour elle à l’époque était l’une des rares choses qui le faisait tenir, mais maintenant il se détestait de vouloir l’embrasser encore plus passionnément, de vouloir laisser sa main monter encore plus haut le long de sa cuisse. Il ne l’admettrait jamais, mais elle était aussi séduisante qu’haïssable à ses yeux. Lorsqu’il s’arracha enfin à son emprise, il remarqua que la petite allée où il s’était isolé avec elle ne l’était pas tant que ça. Les passants pouvaient les voir mieux qu’il ne l’aurait cru et un petit groupe de vieilles s’était arrêté non loin de l’entrée de la ruelle pour les regarder discrètement. Se grattant l’arrière du crâne, il se maudit de ne pas avoir réfléchis et de s’être laissé emporter par ses pulsions. Si on le prenait en photo dans cette position, si on le reconnaissait, cela le mettrait dans une très mauvaise position. Sa carrière risquait de couler ou pire, il pourrait perdre Inevera. L’image de sa femme le frappa et il se sentit honteux d’avoir embrassé cette femme, ce démon de son passé. Que foutait-il au juste ? Le silence s’installait et il se rendait compte que sa petite démonstration avait juste réussi à l’exciter un peu plus. « Il ne me semble pas t'avoir menacé de quoi que ce soit. » Elle s’amusait avec ses nerfs. « Ca te rassure de passer pour la victime ? Ca amoindri ta culpabilité à vouloir bien plus que toucher mes lèvres ? » Il n’était pas une victime et il le savait. A l’époque, c’était lui qui s’était mis dans une situation de laquelle il n’aurait jamais pu se sortir seul. De sa manière torturée et psychotique, elle l’avait aidé à survivre. Seulement voilà, tout ça était dans le passé. A présent, elle était la dernière chose dont il avait besoin. L’accepter dans sa vie c’était comme laisser un bulldozer détruire tout ce qu’il avait eu tant de mal à reconstruire. Il ne culpabilisait pas une seconde à l’idée de la repousser parce qu’il était bien conscient que tout n’était qu’un jeu pour elle. Si elle avait été tout son monde pendant cinq ans, il n’avait été qu’un jeu parmi d’autres pour elle. L’acteur restait persuadé qu’elle était incapable d’aimer ou de s’attacher à quelqu’un. Erin avait raison pour une chose, son désir était revenu comme si les dernières quatre années n’avaient pas existées quand il l’avait embrassé. Si son cœur n’avait pas appartenu à Inevera et que son esprit ne l’avait pas forcé à réfléchir, il aurait pu essayer de lui faire l’amour dans cette ruelle. « T'en a autant envie que moi et tu le sais. » Oui.

« Non. » Non, il ne la laisserait pas entrer dans sa tête. Elle se rapprochait de lui de sa démarche féline, certaine d’arriver à ses fins. « Je t'avais manqué non ? » Il pouvait sentir qu’à chaque pas, son envie d’elle augmentait. Peut-importe son amour pour Inevera, peut-importe son film, il avait juste envie d’elle. C’est ce moment que Méfie choisit pour aboyer contre cette inconnue qui tournait autour de son maître, le faisant revenir à la réalité. Erin elle venait de reculer par peur que la chienne l’attaque, toujours avec cette même expression de dégoût. La chienne n’était pas formée pour l’attaque, mais elle pouvait se montrer agressive quand elle pensait ses maîtres en danger. Il l’observa, puis la jolie blonde et il décida de s’amuser un peu. Regardant l’animal, il ne prononça qu’un mot, mais qui suffit pour qu’elle lui obéisse. « Attaque. » Méfie se lança en avant et fit tomber la jeune femme. Grognant, elle lui bavait sur le visage en lui montrant ses crocs. Derek savait qu’elle n’irait jamais jusqu’à la mordre, mais il aimait entendre les cris de la belle. Il était très agréable de la voir perdue ainsi plutôt qu’avec son éternel petit sourire satisfait. « Méfie stop. » La chienne s’écarta tout de suite et vint s’assoir non loin d’eux, toujours à grogner. « Elle ne t’a pas fait trop peur j’espère. » Un sourire narquois sur les lèvres, il continua. « Tu m’excuseras si je ne t’aide pas à te relever, mais j’ai peur de me salir. » Elle était la seule personne qu’il avait envie de faire souffrir, lui qui était devenu un véritable bisounours avec les années. Ça la rendait spéciale d’une certaine manière, non ?