Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

Ma vie venait de prendre un tout nouveau tournant aujourd’hui. Je venais de revoir Jayce l’après-midi même, le meilleur ami de Dale mon frère, parti six ans plus tôt à Philadelphie. Jayce était de retour mais seul. Ce dernier avait fini par m’apprendre que mon grand frère avait perdu la vie lors d’une mission, deux semaines plus tôt.

Totalement anéantie, j’avais mis du temps à me relever du carrelage de mon salon et à prendre ma voiture, l’insigne de mon frère à la main pour aller annoncer la nouvelle à mes parents. Une bombe avait déferlée dans la maison, je n’avais jamais vu mes parents dans un tel état et n’avait aucune idée de comment gérer la situation. Après avoir pleuré ensemble tous les trois nous avions décidé de passer les deux jours suivants à Philadephie pour aller sur la tombe de Dale. Je pris un jour de congé sans souci quand j’expliquai la situation. Après avoir diné avec eux je décidai d’aller faire un tour en ville, chose que je ne faisais qu’avec mes amis habituellement mais là il me fallait de l’air frais et de la vie surtout.
Après avoir erré dans les rues pendant une bonne demi-heure je tombais devant le Green Stallion, un bar irlandais dont j’avais entendu parler mais dans lequel je n’avais jamais mis les pieds. Toujours vêtue de ma robe fleurie et de bottines marron, j’entrai finalement dans ce bar aux alentours de 23h. Nous partions le lendemain assez tôt mais, de toute manière je ne conduirai pas.

Le bar battait son plein, la décoration était sympas, folklorique ainsi que la musique et l’ambiance qui y régnait. J’étais donc embarquée en Irlande, tout ce qu’il me fallait. J’allai directement au comptoir pour prendre ma commande. Je regardai rapidement la carte en attendant un serveur.

« Bonsoir, je vais vous prendre une Guiness ! »

Cliché bonjour ! Je ne suis pas du genre à boire, je n’ai d’ailleurs jamais pris une cuite, je ne m’embarque jamais dans de grosses soirées.

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Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

J’entrai donc finalement de la pub irlandais et commandait une Guinness à une femme que je n’avais encore jamais vu en ville. Un peu rousse elle avait bien des airs irlandais ce qui me fit sourire. J’appréciais que les gens qui tenaient des lieux typiques s’y connaissent un minimum. « Première fois que vous venez ici ? » me dit-elle avant de me donner la bière.

« Ça se voit tant que ça ? »

Lui répondis-je avant de boire quelques gorgées. La bière était bonne mais n’avait rien d’exceptionnel à mon gout et surtout, il me fallait quelque chose de plus fort. La douleur était trop forte pour être supportable. Je bus ma bière assez rapidement, m’étant mise dos au comptoir pour observer les lieux. Le pub était tout de même assez grand. Je ne connaissais pas du tout l’Irlande mais tout ce que je voyais c’est que l’intérieur de ce bar nous faisait voyager dans un endroit totalement différent que Huntington mais à vrai dire, je m’en fichais.

J’étais, tout ce qu’il y a de pathétique, je voulais boire pour oublier. Etant donné que je ne buvais jamais d’ailleurs, enfin de temps en temps, en famille et très peu, la bière agrémenté à la chaleur qui régnait dans l’endroit me tournait déjà la tête. Je me retournai finalement et regardai la carte des boissons typiques derrière le bar. J’optai finalement pour un whisky, quand je vous dis que je voulais oublier ce qu’il s’était passé… Que j’étais seule à présent et que je n’avais personne pour me confier. Même avec ma meilleure amie je n’avais pas envie d’en parler. Je lui dirai que Dale était mort mais je ne me confie pas facilement donc ca n’irait sans doute pas plus loin, je la laisserai un moment me dire que tout ira mieux, qu’il faut que je fasse mon deuil… avant de renaitre rapidement de mes cendres.

« Excusez-moi ? adressai-je à la serveuse de tout à l’heure. Une fois qu’elle fut retournée je passai ma nouvelle commande. Je vais vous prendre un verre de Bailey s’il vous plait. »

Je n’avais pas du tout l’allure d’une pilier de bar je le savais mais là, ce soir-là c’était tout ce dont j’avais besoin.

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Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

Visiblement on voyait à des kilomètres que je n’étais pas le genre de filles à trainer les bars et j’avoue que j’en étais contente car je n’étais pas vraiment amie avec ces personnes-là. « Hmm ma belle, vu votre tête, j'vous conseille plutôt un Connemara. Ça vous donnera un bon coup de fouet. » J’acquiesçai d’un signe de tête, je n’y connaissais rien de toute façon. J’avais plus besoin qu’on m’assomme, qu’on m’éteigne plutôt qu’on me réveille mais bon. La jeune femme me servit donc un verre de Connemara dont je pris rapidement une gorgée. C’était immonde, enfin, peut-être pas mais c’était fort et mes yeux s’écarquillèrent. Je le bus en quelques gorgées alors que la serveuse me parlait encore. « Alors dites moi, qu'est-ce qui peut pousser une jolie fille comme vous à venir s'encanailler toute seule dans une taverne ? » Moi qui espérais passer inaperçue c’était visiblement louper. Je finis rapidement le verre, bien trop rapidement et sentit ma tête me tourner encore plus.

« Rien du tout j’avais juste envie de sortir de chez moi. Vous auriez pas un truc plus fruité ou je sais pas ? »

Quand je vous dis que je ne tenais pas l’alcool, je n’avais pas le même langage qu’habituellement mais, heureusement pour moi je n’en étais pas au point de parler sans m’en rendre compte. Je surveillais ce que je disais, j’étais en total contrôle de moi-même… Je n’allais tout de même pas me confier à la première inconnue que je croisais.

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