La Raichand posa son téléphone à côté d’elle tandis qu’elle étendait ses jambes de tout son long sur son lit, profitant de ce moment de calme. Elle ne travaillait pas aujourd’hui et n’avait pas très envie de se plonger le nez dans les bouquins, alors elle avait décidé de profiter de cette journée pour ne rien faire. C’était tellement jouissif de se lever à l’heure qu’elle voulait et de savoir qu’elle n’avait rien à faire mis à part prendre sa douche et manger aujourd’hui, ça devait faire très longtemps que ça n’était pas arrivé.

La brunette avait passé une bonne partie de la matinée à parler à Sameer qui ne travaillait pas lui non plus, à croire qu’ils étaient liés sur tous les plans. Elle ne savait pas où est-ce que tout allait les mener, ni même combien de temps ils allaient faire comme si tout était normal avant que les ressentis de cette séparation ne prenne le dessus, mais Alvira préférait prendre son temps et ne rien dire. Elle avait tellement de choses à lui dire, tellement de choses à partager avec lui que ce soit les informations les plus pertinentes de son quotidien comme la couleur de sa soupe qui avait prit une drôle de tournure. La seule chose dont voulait la jeune femme c’était de retrouver cette connexion qu’ils avaient autrefois et qui les rendaient presque invincibles contre le reste du monde. Elle qui avait l’impression qu’il lui manquait une part d’elle pendant toutes ces années, avait l’impression que ce vide était enfin comblé. Mais pour combien de temps encore… ? Cette amitié était fragile et pouvait éclater à tout moment, et Sameer… Il pouvait décider de s’en aller encore une fois, sans laisser de trace comme il l’avait déjà fait. Préférant chasser ces pensées de son esprit, elle secoua la tête et s’allongea totalement sur son lit en fixant le plafond. Elle se demandait d’ailleurs s’il avait lu les quelques lettres qu’il avait récupéré, et si oui, qu’en pensait-il ? Maintenant il pouvait lui répondre et même faire des remarques sur ses écrits. Dans certaines de ses lettres l’Indienne avait pris soin de glisser des petits éléments qui les rendaient unique, elle se souvint qu’une fois elle avait glissé un morceau de tissu avec l’odeur des épices du marché pour qu’il ait au moins quelque chose qui lui rappelle d’où il vient. La jolie brune se passait en revu tout ce qu’elle avait bien pu mettre dans ces enveloppes et qui étaient risibles selon elle, mais elle n’y trouva pas grand-chose. Les lettres qu’elle avait écrites exprimaient principalement ce qu’elle ressentait et surtout, elle les avait écrites à une période assez mouvementé de sa vie où elle ne savait plus vers qui se tourner. C’était pour elle le seul échappatoire qu’elle avait trouvé pendant ces derniers mois, si elle relisait ce qu’elle avait couché sur papier aujourd’hui, elle n’était pas sûre de se reconnaître. C’était sûrement ce qu’elle craignait le plus, que c’était cette période assez sombre et mouvementé qui allait ressortir de ces lettres alors qu’elle n’était pas le genre de personne à s’apitoyer sur son sort ou même à se plaindre. Mais c’était Sameer, alors ça changeait tout, à lui elle savait qu’il pouvait être au courant des moindres petits détails de sa vie, elle n’en aurait rien à faire.

Fermant les yeux quelques secondes, elle continua sa petite liste dans sa tête avant de les ouvrir d’un coup, se levant presque d’un bond de son lit. Non. Elle n’avait pas fait ça, ce n’était pas possible. « Non, non, non, non… » Comme une furie, l’Indienne se leva d’un coup sec avant d’aller vers son bureau où se trouvait tous les documents importants de l’avocate. Elle vida les tiroirs, les caisses dossiers, même ceux dont elle était sûre de ne rien trouver à l’intérieur. Elle s’attaqua ensuite à sa commode, son sac et alla même jusque regarder sous son lit. Elle n’avait pas pu lui donner ça sans s’en rendre compte. La lettre. Elle s’assit par terre entre les vêtements qu’elle avait balancée sur le sol, sentant son cœur s’accélérer sous les coups de l’agitation et du stress. Elle se repassa tous les événements qu’il y avait pu se passer entre le moment où elle avait la lettre et le moment où elle ne l’avait plus, mais son cerveau ne voulait pas fonctionner, ou du moins, lui donner une information qu’elle était incapable d’accepter. En même temps qu’elle avait lancé le paquet de lettres à Sameer, elle a dû la lui donner sans vraiment y prêter attention, sous le coup de la colère. « Non non non, Alvira tu n’as pas pu être aussi bête. » Elle se prit la tête entre les mains en se balançant d’avant en arrière comme une vraie folle. Prenant une profonde respiration, elle allait devoir se calmer et trouver une solution pour récupérer la lettre et faire en sorte que personne ne tombe dessus. La jeune femme se leva en titubant avant de s’asseoir sur son lit, le regard plongé dans le vide tandis que ses neurones chauffaient afin de lui trouver un plan en bêton, elle ne voyait qu’une seule solution : aller la récupérer sur place.

Sans réfléchir plus longtemps, elle prit son téléphone pour envoyer un message à Sameer pour lui annoncer sa venue histoire qu’il ne soit pas pris par surprise, et attendit la réponse du jeune homme en priant de toutes ses forces pour qu’il accepte. La chance semblant être de son côté, il accepta sans demander plus d’informations. Elle lui renvoya un message vite fait et se dirigea vers la sortie en attrapant son sac ainsi que ses clés au passage. Il n’y avait plus de temps à perdre et surtout.

Pendant tout le trajet qui séparait la jeune femme de la maison de son ami, elle élaborait un plan pour savoir comment est-ce qu’elle allait s’y prendre. Il fallait qu’elle trouve tout un stratagème et surtout, qu’elle se calme sinon il allait le remarquer que quelque chose n’allait. A moins qu’elle jouait la comédie, l’Indienne savait jouer la comédie lorsqu’il le fallait et n’était la plus mauvaise menteuse que la terre avait porté, mais saurait-il le voir ? Alvira ne voulait pas vraiment prendre ce risque, mais elle n’avait pas d’autres choix que de jouer cette carte, après tout elle ne pouvait pas se pointer chez lui en lui demandant sa lettre, ce serait mal venu de sa part et cela soulèverait beaucoup trop de questions dont elle n’a pas les réponses. C’est bien connu, sous la pression les gens font n’importe quoi et l’avocate ne dérogeait en rien à cette règle. Lorsqu’elle arriva au portail de sécurité et que le gardien vint l’ouvrir pour la laisser entrer, elle eu un pincement au cœur, se détestant elle-même de n’être ici que pour cette fichue lettre. Enfin, pas tellement, bien sûr qu’elle était là parce qu’elle avait envie de le voir et que d’une part, il lui manquait… Etrange quand on sait qu’ils avaient passé une bonne partie de la matinée ensemble au téléphone, mais toujours est-il que d’elle-même elle ne l’aurait pas demandé à ce qu’ils se voient si ce n’était pas pour récupérer cette maudite enveloppe. Et dire qu’il devait être content de sa venue.

Le trajet entre l’allée qu’elle remonta et la maison de Sameer ne fut pas bien long, pour gagner un peu de temps elle fit comme si elle vérifiait qu’elle n’avait rien oublié dans sa voiture, avant d’en sortir pour gagner l’entrée de la villa. Passant son sac par-dessus son épaule, elle sonna en essayant d’être la plus décontractée possible même si ce n’était pas gagné. « Ma journée n’aurait pas été la même si nous ne nous étions pas vu voyons. » Elle partie d’un petit rire en découvrant le visage de son ami à travers la porte, et franchirent les quelques pas qui la séparait de l’intérieur. La première chose que fit la Raichand fut d’admirer la décoration qui la laissait sans voix. C’était vraiment une grande villa qui montrait bien tout l’argent que possédait Sameer et sûrement ses colocataires. C’était la première fois qu’elle venait en ces lieux et pourtant, elle se sentait comme chez elle en reconnaissant les petites touches personnelles qu’avait apportées Sameer dans cette grande villa, et rien que ça suffisait à faire sourire la jeune femme. Elle ne fit aucune remarque au sujet de l’intérieur ni même de la propreté des lieux, mais elle pouvait sentir qu’aucune femme ne vivait ici. Cet endroit manquait cruellement de touche féminine ; en parlant de ça, elle se demandait où en était Sameer sur le plan amoureux, si quelqu’un avait su faire chavirer ce cœur en or sous tout cet égo et cette carapace difficile à percer. « Je veux bien du café s’il te plait. » La jeune femme n’était pas sûre que cela allait lui rendre service vu son état de nervosité, mais depuis qu’elle avait découverte la vie californienne c’était quelque chose dont elle ne pouvait pas se passer au point d’en devenir presque accroc. Le temps qu’il aille à la cuisine, l’Indienne déposa son sac sur l’un des canapés du salon et commença à fouiner dans le salon en s’assurant qu’il ne la voit pas.

Le salon était tellement rangé qu’elle avait peur de déranger quelque chose et qu’il s’en aperçoive. « Mais d’où une maison où ne vivent que des hommes, c’est aussi propre !? » Pesta l’Indienne pour elle-même. Elle commença ses recherches en essayant de ne passer à côté de rien mais tout ce qu’elle trouvait c’était une salle tellement bien rangée et propre qu’elle se serait cru dans un hôpital. Elle n’eut pas le temps de tout passer au peigne fin, entendant des bruits de pas qui se rapprochaient, alors pour faire comme si elle visitait la villa d’elle-même, elle se posta devant un petit cadre photo qui passait presque inaperçu parmi toutes les choses qui se trouvaient là. Elle le prit entre les mains pour mieux voir les personnes qui se trouvaient sur la photo mais se rendit bien vite compte qu’elle ne connaissait personne. Il ne s’agissait que d’un homme et d’une femme que ne connaissait pas Alvira, haussant les épaules, elle reposa le cadre en allant se mettre debout devant l’un des canapés où l’attendait à présent Sameer. « La villa est magnifique, du moins peu que j’ai vu à savoir l’extérieur et le salon. Tu me fais visiter le reste ? » S’enquit la Raichand qui avant même d’obtenir une réponse positive ou négative de la part de son ami, lui avait déjà pris la main en l’amenant avec elle au milieu de la pièce, toujours avec un sourire scotché aux lèvres.

Elle eut un regain d’énergie lorsque l’avocat vint la rejoindre dans le salon, tellement qu’elle lui demanda de lui faire visiter la villa. Si ses calculs étaient bons, ils allaient en avoir pour un moment s’il voulait vraiment tout lui montrer, mais la seule chose qui intéressait la jeune femme c’était de monter à l’étage pour aller fouiller le bureau ou la chambre. Alvira savait que ces lieux-là étaient beaucoup plus appropriés pour garder des lettres que le salon, elle aurait bien pu prétexter devoir aller aux toilettes et le laisser seul quelques instants pour aller fouiller, mais ne connaissant pas l’emplacement exacte de la chambre ou du bureau, elle ne voulait pas prendre ce risque. Tandis qu’il attrapait sa tasse de café au vol, l’Indienne mit sa main au creux de celle de Sameer et commença la visite des lieux. Faisant quelques commentaires par-ci par-là, plus elle avançait et plus elle constatait de la réussite de son ami. Depuis que lui et son père ne se parlaient plus, elle imaginait bien que ce dernier n’avait pas coupé les vivres à son fils, mais elle savait que tout ce qu’il avait, il l’avait durement gagné. Ce qui pouvait passer pour un étalage de son argent auprès des autres, passait pour un étalage de sa réussite aux yeux d’Alvira et rien que pour ça, elle était fière de lui. Bien sûr, elle savait que professionnellement il avait réussi tout ce qu’il avait entrepris, mais le voir aujourd’hui ne faisait que concrétiser son sentiment de fierté à son égard. « Serais-tu devenu trop occidental pour cuisiner toi-même de bons petits plats de ton Inde natale ? » Lança la jeune femme en petite pique. Elle savait bien qu’il n’était pas un grand cordon bleu – du moins dans ses souvenirs – ça ne l’étonnait donc pas qu’il n’utilise pas la cuisine.

Lorsqu’ils passèrent à l’étage, l’excitation se faisait sentir du côté de la brunette qui avait accéléré le pas en faisant passer le tout pour de la curiosité. Elle y allait toujours de son petit commentaire à chaque pièce qu’ils visitaient, laissant entendre à Sameer qu’elle aimait bien ce qu’elle voyait. La décoration n’était pas vraiment tape à l’œil mais plutôt sobre, tout en étant classe et avec cette élégance orientale qu’avait apporté son ami. Lorsqu’ils arrivèrent dans le bureau de Sameer, la première chose qu’elle vit fut la carte de l’Inde qui prenait une place tellement importante dans la pièce qu’il fallait être aveugle pour ne pas le voir. Elle sourit de toutes ses dents, l’expression cependant ému de voir une partie de son chez elle en Californie. Elle resta bloquée un moment devant la carte en essayant de déterminer où est-ce qu’elle habitait et à chaque fois qu’elle voyait le nom d’une ville un souvenir venait automatiquement accompagner le tout comme pour se rappeler d’où elle vient. Elle avait lâché de son ami qui était allé s’appuyer contre le bureau tandis qu’elle poursuivait sa petite visite de son côté. « C’est… » Sans qu’elle ne s’en rende compte, sa main était partie rencontrer son poignet sur lequel elle avait un petit tatouage discret qui se remarquait à peine, et qui représentait un Ohm. C’était sûrement cliché mais c’était la seule folie qu’elle s’était permise de faire en arrivant en Californie. Tournant la tête dans tous les sens avant de continuer sa phrase, son regard se posa sur un cadre photo des parents du jeune homme. « Tes parents ? » Fronçant les sourcils, elle s’avança vers le meuble où était posé le cadre en question et le prit entre ses mains pour bien le voir. Alvira avait passé tellement de temps à côtoyer ces gens qu’elle aurait pu les reconnaître entre mille ; ils étaient beaux tous les deux et quand bien même ils n’avaient aucun trait physique similaires à ceux de Sameer, la jeune femme revoyait son ami en son père quelque part. Sûrement le caractère, la façon de voir les choses ou même les mimiques qu’ils arboraient parfois.

Une fois de plus elle sortie de ses pensées quand elle entendit la voix du jeune homme qui la ramena à la réalité. Sentant un petit coup de pression monter, elle lui tourna le dos pour faire comme si elle regardait ce qu’elle avait entre les mains, réfléchissant à ce qu’elle pouvait bien lui dire. « Te dire quelque chose ? Non, pas spécialement. » Elle se retourna avec une telle assurance et un tel naturel qu’elle était à peu près sûre qu’il n’avait pas grillé son mensonge. Qui en soit n’en était pas un si on y réfléchissait bien. Non, elle n’avait rien à lui dire, elle voulait tout simplement récupérer sa lettre. « J’essaie de rattraper toutes ces années perdues comme je peux, écoute. » Elle reposa le cadre à sa place et poursuivit sa visite en se concentrant sur son objectif principal : les lettres. Faisant le tour du bureau, elle fouinait un peu partout sans gêne – de toute façon c’était ce qu’elle aurait fait si elle était venu pour une vraie visite. « En tout cas les lieux sont décorés avec bon goûts, je t’en félicite. » Elle fit le tour du bureau et alla jusque la chaise où elle hésita un instant, avant de tirer la chaise vers elle pour y prendre place. Ne faisant aucun mouvement brusque pour ne pas qu’il trouve cela suspect, elle essaya de se trouver une position confortable avant de lancer. « Alors c’est donc ça quand on est dans la peau de Sameer Saxena ? J’aime bien. » Haussant les épaules, elle s’enfonça dans le siège en commençant à tripoter un peu les dossiers sans pour autant les déranger, sachant à quel point le jeune homme était très à cheval sur le rangement. Elle effleura une enveloppe qu’elle tira légèrement vers elle avant de se rendre compte qu’il s’agissait d’une des lettres qu’elle avait écrite, mais où étaient les autres ? Elle n’en avait aucune idée mais elle savait qu’elle chauffait en tout cas.

Alvira avait tellement l’impression de toucher son but du bout des doigts qu’elle oublia la présence de son ami pendant quelques instants avant de tirer l’enveloppe vers elle, sans grande discrétion. Lorsqu’elle la tint dans sa main, un petit sourire s’afficha sur son visage mais qui fana très rapidement lorsqu’elle leva les yeux vers Sameer dont elle venait de se souvenir de la présence.  

Même s’il ne le disait pas, il savait que ça lui faisait quand même quelque chose de parler de ses parents, et même de ne plus leur parler comme il le faisait avant. Alvira qui était toujours en bons termes avec eux savait qu’il avait toujours des nouvelles de sa mère – ce qui était une bonne chose selon elle – mais plus avec son père. La concernant, elle évitait de parler de Sameer à son père et éviterait aussi de venir sur le sujet sensible de ses parents avec le jeune homme du moins dans les jours à venir. Pour lui ce n’était peut-être rien de bien exceptionnel, mais pas pour elle, elle savait qu’il y avait encore cet attachement entre eux malgré qu’ils n’aient plus contact comme avant, sinon il n’aurait même pas pris la peine de mettre une photo des deux dans son bureau. Surtout dans son bureau qui devait être l’une des pièces qui représentait le plus la personnalité du jeune homme, en comparaison de toutes les autres pièces de la maison qu’il partage avec ses colocataires. Il y avait de tout, passant de l’Inde par des petits souvenirs sur sa famille, sans oublier la partie de sa vie qu’il avait passé à Londres.

« Je cherche des dossiers compromettants sur toi, mais je ne m’en fais pas je vais sûrement en trouver en continuant ma fouille. » Lança la brunette en continuant de passer toute la pièce au peigne fin. Sans perdre plus de temps, elle fit le tour du bureau pour aller s’asseoir à la place qu’occupait généralement Sameer. Son siège était confortable et elle devait dire qu’elle se sentait puissante d’être à cette place. Lorsqu’elle était en Inde, elle aussi avait un bureau avec des dossiers importants – comme ici – et ne passait pas son temps à assister les autres, non, là-bas elle était totalement indépendante et les gens l’appelaient « Maître Raichand », et non « hey assistante ». Elle poussa un soupir en repensant à son ancienne vie, se concentrant sur les choses qui occupaient le bureau du jeune homme. « Tu veux qu’on échange nos rôles pour voir ? » Elle partit d’un petit rire qui cachait une certaine tristesse dans ses propos. Elle n’aimait pas la vie qu’elle menait et oui, si elle avait le choix elle aurait voulu prendre la place de Sameer, du moins sur le plan professionnel. Il n’était déjà pas facile d’être une femme en Inde, mais être en plus une femme trentenaire qui devait repartir de zéro pour certaines raisons qu’elle préférerait oublier. Malheureusement ça ne se passait pas comme ça, elle savait qu’elle ne pouvait pas laisser tout ça derrière elle aussi facilement, mais les choses le seront encore moins si Sameer venait à lire cette lettre. L’indienne reporta son attention sur ses recherches tout en faisant passer ça pour de la simple curiosité. Elle avait réussi à faire taire les doutes de l’avocat en lui disant qu’elle était venue ici seulement pour le voir et se sentait mal à propos de ça d’ailleurs. Oui elle avait envie de le voir et de passer du temps avec lui, mais pas maintenant alors que la situation est plutôt critique. Lorsqu’elle mit la main sur l’une de ses lettres, elle ne pu cacher bien longtemps la satisfaction qui pouvait à présent se lire sur son visage, mais il se rétracta en entendant la voix du Saxena qui lui parvint sur le côté. A quel moment avait-il bougé pour qu’elle ne se rende compte de rien ? Depuis combien de temps était-elle assise à cette place d’ailleurs ? Ne poussant pas plus loin la réflexion, la brunette croisa le regard de Sameer, une moue hésitante. « Euh… » Commença la jeune femme avant de réfléchir quelques secondes. Elle ne pouvait pas se permettre de lui dire non ici, car elle devait de toute façon ouvrir la lettre pour savoir si c’était bien celle-là qu’elle cherchait, mais si c’était celle-là, qu’est-ce qu’elle pouvait faire ? Lui dire qu’elle ne voulait pas la lire et la récupérer ? Non, ce serait impensable et totalement infaisable. La brunette qui devait absolument chercher un échappatoire face à un homme un peu trop perspicace qui risquerait de trouver drôle sa réaction, décida de tenter le coup.

Elle poussa un petit soupir avant de détourner son regard du sien et fixer la lettre, et se leva tout en prenant la lettre dans ses mains pour donner un effet théâtral à la chose. Eux deux qui avaient choisis le droit savaient parfaitement que dés le moment où ils posaient les pieds dans un tribunal, la cour se transformait en scène géante où toutes les personnes n’étaient que des acteurs. Du moins c’était la façon dont les choses lui avaient été présentées et elle trouvait ça un peu moins sombre que de se dire que dans cette salle, la vie d’une personne pouvait en dépendre d’une autre. L’Indienne se racla la gorge et redressa ses vêtements en faisant semblant de les défroisser, avant d’ouvrir la lettre qu’elle tenait entre les mains tout en tournant le dos à son ami. « Attention… » Elle parcourut les quelques lignes de la lettre en s’empêchant de pousser des cris de fureur en voyant ce qu’elle tenait entre les mains. C’était bien la lettre qu’elle avait cherché et par une sorte de chance inexpliquée, elle était tombée sur la bonne, dés le premier coup, sûrement le coup de sa bonne étoile qui veillait sur elle.  L’Indienne réprima une envie de s’effondrer en larmes en se replongeant dans cette période plutôt sombre qu’avait été sa vie ; c’était la période où elle avait vraiment l’impression de ne plus savoir où se tourner et où elle se retrouvait confrontée à certaines situations qu’elle souhaiterait oublier. Les mots, les tournures de phrases, la calligraphie… Tout indiquait que c’était elle et pourtant elle ne se reconnaissait. Elle avait l’impression qu’une autre personne avait pris possession de son corps le temps d’écrire cette lettre parce que ce n’était pas possible autrement. « Je… » Elle prit une profonde respiration pour briser le silence dans lequel elle s’était enfermée pendant quelques secondes, avant mettre une main devant sa bouche en toussant pour reprendre ses esprits. « Cher Sameer. » Commença la jeune femme en se tournant vers l’intéressé pour faire face à lui. « Cela doit faire plusieurs minutes que je me triture le cerveau en cherchant comment formuler mes idées mais rien ne me vient. Je sais ce que je veux te dire, mais je ne sais pas comment m’y prendre. Je sais que c’est sûrement plus facile pour moi de te dire ces choses par écrit que si je t’avais en face de moi, alors je vais juste me lancer. » Elle s’arrêta en prenant une profonde respiration, se rappelant qu’elle ne devait pas craquer et tenir la comédie jusqu’au bout. Bien sûr, tout ce qu’elle disait n’était pas du tout écrit sur la lettre qu’elle tenait entre les mains, mais elle avait eu cette brillante idée de tout inventer avant de s’en débarrasser. « Tu sais, je pense vraiment que ce n’est pas une très bonne idée que je lise cette lettre. » Sa voix était à présent tremblante et ses yeux étaient toujours rivés sur le papier qu’elle tenait, sans pouvoir les relever pour regarder Sameer en face. « Il serait peut-être préférable que je m’en débarrasse. » A ce moment-là elle aurait dû s’avancer vers la corbeille à papier qui se trouvait dans la pièce, déchirer la lettre et la jeter en ne laissant tout ça derrière elle, mais quelque chose l’en empêchait. Comme si les vieux souvenirs de cette période la rattrapaient de façon plus ou moins violente, mais bien sûr elle ne devait rien montrer, encore une fois.

Elle aurait voulu attraper cette lettre et la déchirer en mille morceaux pour ne pas avoir à la lire ou qu’il la lise lui, mais comme clouée au sol, elle n’arrivait plus à faire un seul geste. Les yeux toujours rivés sur ce morceau de papier, elle continuait de lire dans sa tête les moindres mots qu’elle y avait couché sur papier alors qu’elle était encore en Inde, elle se souvenait parfaitement du jour où elle avait écrit cette lettre et toute la colère qu’elle avait ressenti à chaque fois que sa mine rencontrait le papier. Ce devait d’ailleurs être la toute dernière lettre qu’elle avait écrite avant de quitter Mumbai ; elle contenait plusieurs pages mais voyant ce qu’il y avait ne serait-ce que sur la première, elle n’avait pas envie de poursuivre sa lecture parce qu’elle savait ce que disait la suite. Sans pouvoir se l’expliquer aujourd’hui, elle avait déversé toute sa colère et sa tristesse dans ces quelques pages en faisant bien comprendre à Sameer qu’elle lui en voulait énormément de son absence, qu’il aurait dû être là pour elle mais qu’il avait faillit à sa promesse qu’ils s’étaient fait tous les deux. Elle, elle avait respecté sa part du marché en continuant de lui écrire même sans rien attendre en retour, mais lui… Il continuait de jouer les morts et de vivre sa vie sans même se soucier d’Alvira. Ce qu’elle avait ressenti le jour où elle avait écrit cette lettre n’était certes plus d’actualité, mais elle savait que s’il venait à apprendre ce qu’elle avait écrit même sous le coup de la colère, cela pouvait mettre un terme définitif à leur amitié qu’ils commençaient à récupérer tout doucement. Même après avoir dit qu’elle allait s’en débarrasser en s’arrêtant dans sa lecture, elle resta au milieu de la pièce sans rien faire toujours dans la position qu’elle avait prise pour lire.

Plongée dans ses pensées, le visage triste, la jeune femme n’entendit pas les pas de Sameer s’approcher d’elle, elle ne le remarqua sa présence que lorsqu’il lui arracha la lettre des mains pour se faire la lecture à lui-même. « Sameer non, arrête ! » Beaucoup trop rapide pour elle, même par réflexe elle n’avait pas pu stopper son geste. La jeune femme savait pertinemment pourquoi est-ce qu’il faisait ça. Il voulait une réaction mais aussi des explications, tout ce qu’elle faisait là était contradictoire. Si elle avait écrit ces lettres en premier lieux c’était bien pour qu’il les lises, non ? Maintenant qu’il les avait en sa possession pourquoi voulait-elle absolument les récupérer ? Elle avait ses raisons mais ne pouvait pas le dire et là, ce n’était pas une question de confiance ou pas. « Non ne fais pas ça… » Elle se devait de réfléchir vite et bien pour ne pas qu’il pose les yeux sur ce morceau de papier, et dans la précipitation pour trouver une idée, elle fit la première chose qui lui passa par la tête.  « Tu sais quoi, finalement tu peux lire cette lettre si tu veux, moi je vais faire un tour dans ta chambre, je suis sûre qu’il y aura des choses beaucoup plus intéressantes qu’ici. » Haussant les épaules de façon désinvolte, elle espérait que cette technique marche, après tout elle s’apprêtait à violer un espace personnel. Et que ce soit elle ou une autre personne, elle savait qu’il tenait beaucoup trop à son intimité pour la laisser aller seule dans sa chambre au risque de ce qu’elle pouvait trouver. S’éloignant de lui, elle marcha à reculons en le fixant, le regard malicieux l’air de lui dire qu’il n’avait qu’à le stopper s’il le pouvait. Lorsqu’elle colla son dos à la porte, le sourire aux lèvres elle tourna la poignée de la porte avant de se retourner et de sortir. Elle s’arrêta un moment pour essayer de trouver de façon logique l’emplacement de la chambre. « Par contre je ne sais pas du tout où est la chambre, pas grave si je les fais toutes j’arriverai à trouver la bonne. » Une autre provocation de sa part pour faire en sorte qu’il la suive. Malheureusement elle n’avait pas le temps de se retourner pour voir s’il venait ou pas, alors elle fit quelques pas dans le couloir et se dirigea vers ce qui semblait être les chambres et ouvrit une porte au hasard. D’une façon ou d’une autre elle arriverait à récupérer cette lettre en minimisant les dégâts.  

Il parlait mais elle ne l’écoutait déjà plus, bien sûr que ça ne se faisait pas de violer l’intimité des gens comme elle allait le faire. Mais est-ce qu’elle en avait quelque chose à faire ? Non. Est-ce que quelqu’un allait pouvoir la stopper ? Non plus. Surtout qu’elle avait longtemps imaginé ce à quoi pouvait imaginer la chambre de Sameer dans le temps où elle se posait toute sorte de question sur ce que devenait le jeune homme. A cette époque elle se faisait toute sorte de scénario dans sa tête allant de ce qu’il pouvait faire au moment où elle pensait à lui, jusqu’à se demander quelle était la décoration de sa chambre. Oui, c’était peut-être un peu excessif mais elle s’en fichait, elle essayait d’entretenir les souvenirs qu’elle avait gardé de lui comme elle le pouvait et surtout, avec les moyens du bord.

De façon complètement détachée, Alvira s’éloigna de Sameer en se dirigeant vers la chambre à coucher – du moins l’une d’elle, elle ne savait pas trop où est-ce qu’elle allait mettre les pieds en ouvrant la porte. En réalité, que ce soit la chambre du jeune homme ou pas, elle n’hésiterait pas à faire sa petite fouine pour le divertir de façon à récupérer la lettre, tout allait être nécessaire pour ne pas qu’il la lise. Elle entendit des pas se rapprocher d’elle et elle en conclut qu’il avait finalement décidé de la suivre, bien, sa stratégie semblait marcher. Maintenant, la suite. « C’est plutôt toi qui devrait avoir peur, qui sait ce que je peux trouver là-bas. » Elle ouvrit une porte au hasard, mais trop rapide pour elle, elle se retrouva bloquée devant la porte par la carrure imposante de son ami qui lui bloquait le chemin. « Quoi, sérieusement ? Allez, bouge que je puisse voir un peu ce que t’as foutu là-dedans. » Essayant de se dépêtrer comme elle le pouvait, la jeune femme passait sa tête tantôt par-dessus, tantôt par-dessous le bras du jeune homme qui lui bloquait toute visibilité. Cela dit elle ne lâchait rien, trop pressée de voir ce qu’il avait tant envie de cacher. Une fois qu’il libéra le chemin, elle leva les yeux au ciel en poussant un petit soupir mais toujours en souriant, de toute façon il aurait dû la laisser passer parce que d’une façon ou d’une autre elle serait rentrée dans cette fichue chambre. Ne se faisant pas prier, elle fit quelques pas avant de s’arrêter en plein milieu de la pièce, les poings sur les hanches. « Tracasse que je vais percer le mystère de monsieur qui parle de lui à la troisième personne. » Il avait raison, elle ne savait pas où donner de la tête tellement elle avait envie de regarder partout autour d’elle et d’explorer la chambre. La première chose qu’elle remarqua était que la décoration était sobre avec cependant des petites touches qui faisait ressortir le côté de Sameer qu’elle reconnaissait bien. La pièce était aussi accueillante que n’importe quelle chambre avec sa petite touche personnelle, rien de plus. Elle fit un pas vers un des tableaux qui décorait la pièce avant de pencher la tête vers la gauche pour essayer de voir ce qu’il représentait. Elle ne savait pas trop ce qu’elle devait en penser mais elle n’était même pas étonnée de voir de telles choses dans la chambre de Sameer, il avait toujours eu cette fibre artistique qui le rendait attendrissant malgré ce côté homme sûr de lui. Elle continua sa fouille et trouva des petites choses qui attirèrent son attention, comme des photos du Saxena en compagnie de ses amis ainsi que des numéros qui trainaient un peu ici et là. Même si elle retint de faire des commentaires, au nombre des papiers qui traînaient elle constatait qu’il n’avait pas du mal avec la gente féminine, mais est-ce que parmi tous ces numéros se trouvaient la bonne ? Elle en prit un au hasard avant de le brandir. « Je vois que tu t’amuses bien. » Elle ne lui montra pas son visage mais intérieurement elle avait envie de lui faire bouffer le papier, sans qu’elle ne puisse se l’expliquer elle avait ce sentiment de contrariété qui montait plus elle regardait les numéros. Préférant détourner son regard pour se calmer, elle continua d’avancer dans ses recherches de dossiers compromettants. Elle se sentait un peu comme chez elle alors elle faisait ce qui lui passait par la tête, lorsqu’elle tomba sur un collier de fleurs dans la chambre du brun, elle le prit entre les mains avant de se le passer autour du cou. C’était bête mais elle aimait bien ce genre de chose, tout ce qui pouvait lui rappeler chez elle, elle le faisait, même les choses les plus bêtes. De toute façon elle était en présence de Sameer, elle pouvait se permettre d’être elle-même. « J’espère que tu prends mon bon profil au moins. » Elle se mit de côté en lui montrant un profil au hasard, levant les yeux au ciel en entendant sa réflexion.

Ne trouvant rien de bien exceptionnel dans la pièce, elle alla rejoindre Sameer sur le lit une petite moue déçue sur le visage. « Bon finalement y a rien dans ta… » La jeune femme s’arrêta en trébuchant sur quelque chose qui lui fit presque perdre l’équilibre. Alvira dû regarder à deux fois avant de se rendre compte qu’elle avait raté un détail en rentrant dans la chambre, à croire qu’elle n’avait pas bien fouillé. « Qu’est-ce que c’est que ça… ? » Elle se baissa doucement avant de prendre la boîte entre ses mains et de jeter un regard vers le jeune homme, mais ne prenant même pas la peine de le consulter avant de faire quoi que ce soit, elle s’assit par terre comme une enfant et l’ouvrit délicatement de peur de faire une bêtise pour découvrir ce qu’elle contenait.

Elle préférait passer outre les remarques de Sameer en haussant les épaules de façon complètement détachée. Oui, il lui arrivait de se faire draguer quand elle travaillait et même dans la rue, mais elle n’acceptait pas de numéros d’inconnus pour autant. Ce n’était pas son genre et ça ne l’a jamais été, mais visiblement ce n’était pas le cas de tout le monde. Sameer lui, savait qu’il avait un physique à faire craquer les filles et de toute évidence s’en servait beaucoup au vu du nombre de petits papiers qui traînaient dans les environs. Mais tant mieux pour lui, vraiment.  « Je ne donne pas mon numéro aussi facilement, moi. » Elle accentua bien sur le dernier mot, laissant entendre que toutes les filles qui avaient pu lui donner leur numéro ne valaient pas mieux qu’elle, au contraire. Non seulement l’Indienne savait ce qu’elle valait, mais elle savait également que pour obtenir ne serait-ce que son numéro, il ne suffisait pas de se présenter devant elle avec un sourire charmeur comme pouvait faire le jeune homme lorsqu’il tentait d’obtenir quelque chose. Bien qu’elle n’était pas sûre qu’elle aurait pensé de la même façon si elle ne connaissait pas l’avocat et que ce dernier lui demandait son numéro. Bref, préférant ne pas s’attarder sur ces choses qui ne que la contrarier, elle préféra continuer sa fouille jusqu’à ce qu’elle fût guidée vers quelque chose de plus intéressant que ces morceaux de papiers qu’elle aurait prit plaisir à jeter au même titre que la lettre. Et non, ce n’était pas de la jalousie, juste de la contrariété.

Comme un enfant devant un cadeau le jour de Noël, elle ne tarda pas à vouloir savoir ce qui se trouvait dans cette boîte, surtout qu’elle n’avait pas l’air comme toutes les autres. Pour commencer elle était sur le sol et non pas sur une étagère ou quelque part où on mettait normalement ce genre de chose, signe qu’il voulait sûrement la cacher et devait la glisser souvent sous son lit. Ensuite, lorsqu’elle la souleva, elle ne pouvait pas vraiment deviner ce qui se cachait à l’intérieur, elle était sûre que ce n’était pas une paire de chaussure parce que le poids n’était pas assez lourd pour que ça en soit une. Alors qu’est-ce que ça pouvait être ? Elle secoua légèrement la boîte de façon à deviner ce qui pouvait bien se trouver à l’intérieur sans pour autant casser – ou même tuer, ne sait-on jamais – ce qu’il y avait dans la boîte. La réaction de son ami l’étonna d’autant plus en voyant qu’il s’était carrément rapproché pour être sûre qu’elle n’ouvre pas la boîte, prétextant que ce sont juste de vieux dessins. « De vieux dessins, tu es sûre de ça… ? » Elle le fixa droit dans les yeux, plongeant son regard dans le sien mais se rendit vite compte qu’il ne disait pas la vérité. Même sans le regarder elle le savait qu’il mentait, mais elle voulait savoir pourquoi. L’expression sur son visage avait changé laissant place à de l’inquiétude, une certaine peur mais aussi une certaine tristesse. « Pourquoi ça ne me plairait pas ? Encore plus que toi qui semble me cacher quelque chose je veux dire. » Elle ne le lâchait pas du regard, sentant bien qu’il essayait de garder la situation sous contrôle en essayant de reprendre la boîte des mains d’Alvira. Elle arqua un sourcil ne comprenant pas sa réaction, s’il n’avait rien à cacher pourquoi est-ce qu’il agissait de la sorte ? Que pouvait bien contenir cette boîte pour qu’il essaie d’en protéger le contenu à ce point ?

La jeune femme qui avait décidé de n’en faire qu’à sa tête à cause de tout ce mystère qui planait et qui commençait à la fatiguer, et commença à soulever tout doucement le couvercle contre l’avis de Sameer. « Tu penses vraiment que je vais m’arrêter alors que je suis à deux doigts de percer le mystère de Sameer Saxena ? Tu rêves mon chou. » Elle passa une main douce sur son visage comme pour se moquer de lui, et ouvrit le couvercle un sourire aux lèvres. Même s’il ne voulait pas qu’elle le fasse, il ne lui avait pas non plus arraché la boîte des mains, signe qu’il n’avait pas très envie de protéger ce qui s’y trouvait. Elle fronça les sourcils aux premiers abords, ne comprenant pas pourquoi est-ce qu’il tenait à lui cacher ça, il ne s’agissait que de vieilles photos après tout. Il en avait toute une collection qui traînait un peu partout et s’amusait même à en prendre depuis tout à l’heure avec son Polaroïd, alors pourquoi ? « Franchement, c’est ça que tu voulais me cacher ? Une boîte à souvenirs ? » Elle prit quelques photos entre les mains avant de poser la boîte sur le côté pour pouvoir les examiner de plus près. Presque toutes les photos se ressemblaient, du moins celles qu’elle avait prises. Il n’y avait pour la plupart que deux personnes, Sameer, et une fille qu’elle ne connaissait pas… Ils avaient l’air plutôt proche, plus proches qu’elle et lui ne l’avaient jamais été même… « Sameer… ? » Dit-elle en levant les yeux vers le jeune homme, la voix tremblante à l’idée que ce qu’elle croyait tenir entre les mains étaient bien ce qu’elle pensait être.  

Alvira n’avait pas compris aux premiers abords pourquoi est-ce qu’il était tellement réticent à ce qu’elle sache ce qui se trouvait dans la boîte. Après tout  il n’y avait rien qu’elle n’avait jamais vu auparavant, à moins qu’il y ait caché un cadavre ou quelque chose d’autre, elle ne serait pas plus choquée que ça. Ce n’était qu’une boîte à souvenirs comme elle l’avait souligné à voix haute. Elle ne releva même pas sa phrase, préférant garder ses commentaires pour elle. L avait tous les droits d’avoir des souvenirs et de ne pas vouloir les partager, mais c’était pour Alvira la seule façon de se mettre à jour dans la vie de Sameer, la jeune Indienne avait tout de même passé une grande partie de sa vie à rester sans nouvelles de lui et essayait de tout faire pour rattraper ce temps perdu… Elle estimait d’ailleurs être en droit de savoir, il lui avait fermé les portes de sa vie sans raison apparente, alors elle ferait en sorte d’y rentrer comme elle le pouvait.

Elle détourna le regard du beau brun pour se concentrer sur les photos qui se trouvaient dans la boîte et commença à les examiner avec attention. Elle pouvait reconnaître les traits de son ami qui n’avaient pas tant changés au fil du temps, ni même sa façon de prendre la pose sur les photos qui était bien particulière, la brunette ne savait pas s’il s’en rendait compte mais il avait cette signature corporelle qui faisait de lui quelqu’un d’unique. Sur chaque photo qu’elle visionnait, le visage d’une personne inconnu revenait souvent au point de lui faire se demander qui est-ce qu’elle pouvait  être. Alvira garda encore une fois ses questions pour elle, avant de s’apercevoir que plus elle regardait les photos et plus elle voyait à quel point Sameer et la demoiselle sur les clichés semblaient proches. Tellement proches qu’il était impossible qu’ils ne soient qu’amis. Le visage sérieux, elle reporta son attention sur le Saxena pour lui demander plus d’explications, elle ne posa aucune question, sachant très bien qu’un simple regard suffirait à ce qu’il comprenne ce qu’elle attendait de lui. Lorsqu’il lui répondit tout simplement que c’était du passé, elle continua de le regarder avec insistance pour qu’il poursuive ses explications. Lorsque la main du jeune homme rencontra la sienne elle savait que ça ne présageait rien de bon, mais ne voulant pas non plus créer une situation de gêne entre eux, elle referma sa main sur la sienne en enlaçant ses doigts autour des siens. « Ton ex ? » S’enquit la Raichand sur un ton assez surpris. Rien que le début de sa phrase avait réussi à lui faire perdre son sourire, dés qu’elle entendit le mot « ex », elle baissa les yeux vers la photo qu’elle tenait entre ses mains pour dévisager les traits de la jeune femme. Elle était jolie et reconnaissait bien le bon goût du jeune homme ; ils étaient tous les deux enlacés et on voyait bien que c’était Sameer qui avait pris la photo à cause de son bras tendu. Ils avaient l’air… bien tous les deux. Ce qu’elle ne comprenait pas était, pourquoi est-ce qu’il avait gardé ces photos ? Et cette boîte ? Il l’écoutait parler et par la même occasion elle regarda la boîte d’un peu plus près, à l’intérieur il s’y trouvait toutes sortes de choses, des portes clés, des petits ours en peluches et des lettres qu’elle n’osait même pas regarder de plus près. Cette boule qu’elle avait ressentie dans l’estomac lorsqu’elle avait vu les papiers avec les numéros de téléphone dessus refit son apparition mais cette fois de façon plus violente, au point de lui donner envie de vomir. Elle n’était pas dégoûtée de voir ces choses là, elle avait toujours su que Sameer avait continué son train de vie et avait vécu pas mal d’expériences sans elle, mais jusque là elle n’avait jamais dû se confronter à cette réalité. Lorsqu’elle voulu reposer le petit paquet de photos qu’elle avait sur les genoux dans la boîte, elle s’aperçut d’une inscription au dos qui l’interpella, retournant une d’entre elles aussitôt, elle vit qu’il ne s’agissait que d’une date, ni plus ni moins. Sûrement poussée par l’envie de savoir, elle lâcha la main du jeune homme pour retourner toutes les photos unes par unes et vit qu’elles étaient toutes datées.

Fronçant les sourcils, son cerveau commença à partir dans tous les sens pour lui délivrer une information qu’elle avait du mal à digérer. L’avocate vida toute la boîte et commença à examiner les photos de plus près, du moins le dos des clichés pour confirmer sa pensée. Elle avait en effet raison, les dates correspondaient parfaitement ; la même année où les photos ont été prises, il avait cessé de lui donner des nouvelles. A croire que tout était lié. « Est-ce que tu l’aimais ? Je veux dire, à quel point c’était sérieux entre vous ? » La jeune femme posait des questions bêtes, bien sûr qu’il l’avait aimé – et l’aimait peut-être toujours – et pour qu’il garde une boîte de son passé, elle devait avoir été plus qu’une aventure dans sa vie. « Est-ce que c’est… à cause d’elle que tu n’as plus donné de nouvelles ? » La voix tremblante et les yeux qui commençaient à se remplir de larmes, elle plongea son regard dans le sien en attendant une réponse mais étrangement, elle savait que ce qui allait suivre n’allait pas lui plaire. « Et à quel moment est-ce que ça s’est terminé entre vous pour que même là tu ne donnes pas signe de vie ? » Poursuivit la brunette qui venait de passer de la tristesse à la colère en temps record.  

L’Indienne resta silencieuse un moment avant de lui poser les questions dont elle estimait avoir besoin de réponses. La vérité était qu’elle pensait déjà connaître les réponses à ses questions avant même qu’il n’ouvre la bouche, mais elle avait besoin de les entendre. Sûrement qu’elle avait besoin de ce retour à la réalité pour qu’elle puisse avancer de son côté. Plein de sentiments se mélangeaient dans ce petit bout de femme qui restait pourtant de marbre et stoïque, comme si tout était imperméable. Il en était pourtant tout autre, elle était intérieurement partagée entre une certaine colère envers Sameer qui avait quand même sacrifié leur amitié au profit de son couple, sans même avoir le courage de le lui dire. Lâche. Voilà ce qu’elle avait pensé lorsqu’il souffla un « oui » honteux. Penser ça d’une personne qu’elle avait tant estimée pendant toutes ces années lui brisait le cœur ; à chaque fois qu’elle allait vérifier la boîte aux lettres et qu’elle n’obtenait aucune réponse, elle ne perdait pas espoir et trouvait même des excuses au comportement du jeune homme. Seize ans. La brunette avait passé seize longues années à nourrir un espoir vain qui la faisait passer parfois pour une folle auprès de sa famille qui ne comprenait pas pourquoi est-ce qu’elle continuait de lui écrire alors qu’elle savait très bien qu’il ne répondrait jamais. Mais ça, elle l’avait peut-être cherchée. La jeune femme avait dû se voiler la face pendant tellement longtemps sur cette relation qu’elle en avait oublié le côté tellement évident. Il ne se fichait pas seulement d’elle lorsqu’il ne répondait pas à ses lettres, mais surtout il la blessait en la laissant comme ça sans réponse. Alvira aurait voulu se lever pour s’éloigner de lui, mais elle sentait bien que ses jambes étaient bloquées et qu’elle ne pouvait pas bouger. C’était fou de voir à quel point elle avait l’impression de revivre ces mêmes scènes à chaque fois qu’ils se voyaient, ça devait faire seulement quelques temps qu’ils se sont revus et pourtant, elle avait l’impression qu’elle se brisait un peu plus à chaque fois qu’ils se parlaient.

« Le passé… » Souffla la jeune femme qui ne pouvait décoller les yeux des photos qu’elle avait sous les yeux. C’était certes le passé, mais ce passé en question était en train d’avoir pas mal de répercussions sur le présent. « Et pourtant c’est arrivé. Tu n’as plus donné de nouvelles, tu m’as éjecté de ta vie comme si je ne comptais pas, sans même me que je le sache. Est-ce que tu sais à quel point cette situation m’a mise mal pendant des mois ? A quel point j’ai perdu confiance en moi pendant un moment à me demander ce que j’avais pu faire de mal pour que tu ne m’écrives pas, ou même que tu ne donnes signe de vie ? » La tête toujours baissée et la voix toujours tremblante, elle se contenait au maximum pour ne pas éclater en sanglots. Non, cette fois il ne verrait pas de larmes couler sur son visage, il avait clairement montré qu’il ne le méritait pas et ne l’avait sûrement jamais vraiment méritée. Toutes les fois où elle s’enfermait dans sa chambre parce qu’elle souffrait de son absence, toutes les fois où elle devait se justifier de ses yeux rouges et gonflés auprès de ses proches qui ne comprenaient rien – mais qui semblaient avoir eu raison pendant tout ce temps – rien… Il ne méritait rien de tout ça. Elle ne savait même pas si elle devait le croire ou pas lorsqu’il disait qu’il n’avait pas le temps. Pour elle, il avait le temps en question mais il n’avait tout simplement pas envie parce qu’il ne savait pas comment est-ce qu’il allait se justifier de faire passer une fille avant son amitié avec Alvira. Elle l’aurait très mal pris, mais au moins elle aurait su à quoi s’en tenir en lui disant qu’il voulait couper les ponts définitivement.

La jeune femme passa de la tristesse à la colère en moins d’une seconde, lui demandant depuis combien de temps était finie cette relation mais elle aurait peut-être mieux fait de ne pas le faire. « 5 ans… ? » Comme une calculatrice, le cerveau de l’Indienne commença à faire le calcul et compris qu’il avait vécu une relation d’à peu près 11 ans avec cette femme dont elle ignorait tout. « Donc ça veut dire que tu as été avec elle pendant 11 ans, et que même après ça… » Elle s’arrêta au milieu de sa phrase en poussant un soupir. La jeune femme n’était plus sûre de rien ; elle ne savait même pas si une amitié entre eux était encore possible. Dans ses souvenirs, ils n’avaient jamais eu une relation qu’on pouvait qualifier de normale, ils étaient plus fusionnels qu’autre chose au point d’en être effrayant. Mais peut-être que ça ne fonctionnait que dans un sens… Le jeune homme qui s’était éloigné d’elle pour aller se poster à la fenêtre, fini encore une fois par souffler un désolée qu’elle n’eut pas de mal à entendre. Il ne pouvait faire que ça, être désolée. Qui allait rendre à Alvira les années perdues de sa vie ?

Elle se leva à son tour et déposa le collier de fleurs qu’elle avait autour du cou sur le lit, et s’avança tout doucement vers le jeune homme qui était dos à elle. Elle passa une main sur le dos de Sameer avant de l’enlacer en collant sa tête contre lui. « Je ne veux pas qu’on se dispute, encore. » Lâcha la brunette qui avait fermé les yeux. Elle n’était peut-être plus sûre de rien concernant cette relation, mais elle savait qu’elle ne pourrait pas une énième séparation, ni même une énième dispute entre eux. Il avait son passé et elle avait le sien aussi, et ça ne devait pas empiéter ni sur le présent, ni sur le futur qu’ils essayaient de construire tous les deux. La Raichand s’écarta de quelques centimètres avant de poser une main sur l’épaule du jeune brun et de le faire se retourner face à elle, avant de se jeter dans ses bras. « Je te déteste tellement. » Du moins elle en avait envie, mais face à Sameer ce n’était pas chose facile.  

Alvira n’était pas plus d’humeur à se prendre la tête qu’à régler des comptes aujourd’hui, ni même un autre jour d’ailleurs. Lorsqu’il s’agissait des problèmes des gens, l’Indienne avait une facilité étonnante à trouver des solutions, mais lorsqu’il s’agissait des siens, elle préférait fuir plutôt que de les affronter. Elle était devenue experte en ce domaine, et c’était ce qu’elle voulait faire avec Sameer. Pas faire comme si le problème n’existait pas, mais du moins le mettre de côté pour quelques temps, la seule chose qu’elle voulait c’était de retrouver son ami qui lui avait manqué tout ce temps, sans parler du passé ou autre chose désagréable. Même si elle n’avait pas pu voir l’expression sur le visage du jeune homme, elle avait pu discerner cette pointe d’amertume dans sa voix en parlant de sa relation passée. Signe qu’elle ne devait pas insister davantage, elle avait posé ses questions et obtenue ses réponses, c’était largement suffisant.

Elle se leva pour emboîter le pas à l’avocat qui s’était à présent posté à la fenêtre, préférant l’enlacer que de le gifler comme elle avait envie de le faire. La jeune femme n’avait plus envie de le perdre, surtout pas pour des raisons pareilles, pas pour un passé qui ne devrait pas avoir tant de répercussion sur le présent, ni sur leur futur. Posant une main sur l’épaule du brun pour qu’il se tourne face à elle, avant de se blottir dans ses bras en laissant derrière elle tout ce qui venait de se passer. Bien sûr elle aurait voulu avoir la force de se tenir en face de lui et lui dire tout ce qu’elle pensait, sans même tenir des comptes des conséquences. Elle aurait aimée pouvoir tourner les talons sans jamais se retourner pour ne plus jamais avoir à affronter ces douleurs qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle était en sa présence… Mais paradoxalement, elle savait que si jamais elle quittait cette pièce ou décidait même de couper les ponts, ça n’allait faire qu’empirer les choses. La première séparation avait été assez douloureuse comme ça pour qu’elle en risque une deuxième. « Et tu mérites des claques aussi. » Dit-elle lorsque l’Indien prit son visage entre ses mains, faisant une petite moue. Elle plongea son regard dans le sien en arquant un sourcil, l’encourageant à finir ses phrases qu’il avait du mal à finir. Sans qu’elle ne se rende compte, la distance entre le visage de l’avocat et du sien commençait à se réduire dangereusement, ne laissant qu’entre un tout petit espace où elle sentait son souffle chaud sur son visage. Son cœur s’était machinalement à mis à battre à lui en rompre la cage thoracique et tous ses sens semblaient être en éveil.

Ses lèvres rencontrèrent enfin celles du bel homme, ne réalisant pas vraiment ce qui se passait. Elle hésita un moment avant de le repousser, mais décida finalement de lâcher prise et de se laisser aller. Alvira passa ses bras autour du cou du Saxena pour prolonger ce baiser tendre, mais surtout cette sensation de bien être qui venait de s’emparer de tout son corps. Pour l’Indienne, il n’y avait plus de disputes, plus de cris, plus de pleurs… Juste tous les deux. Sentir son corps près d’elle et ses lèvres sur les siennes avait l’impression de l’enfermer dans une petite bulle dont elle ne voulait jamais sortir. Elle mit cependant fin au baiser tout doucement en ne s’éloignant pas de lui pour autant, laissant son visage proche du sien et ses bras autour de lui. « Sameer… » Souffla la brunette à bout de souffle, les yeux toujours fermés. Elle fit glisser doucement son bras le long du cou de Sameer avant de passer un pouce délicat sur les lèvres de ce dernier. « Je crois qu’on vient de franchir une nouvelle étape dans notre relation. » Lança l’avocate avant de partir d’un petit rire nerveux.  

Heureuse. Voilà ce qu’elle était. Depuis très longtemps, Alvira se sentait bien et heureuse, sans qu’elle n’ait à faire semblant. En même temps pourquoi faire semblant à cet instant ? Elle était là, en présence de la seule personne avec qui elle avait envie d’être, et un rapprochement monumental venait en plus de se créer. L’Indienne ne voulait pas le lâcher de peur qu’il ne s’en aille, ou pire, qu’elle se réveille et qu’elle ne se rende compte qu’il ne s’agissait que d’un énième rêve où ils étaient tous les deux ensembles. La jeune femme ouvrit les yeux tout doucement lorsqu’elle entendit son prénom, se rendant compte peu à peu que tout ceci était loin d’être un rêve, Sameer était bien près d’elle et ils venaient bien de s’embrasser. Il ne devait jamais lui avoir semblé aussi beau qu’à cet instant, sûrement à cause de cette proximité et de cet instant magique qui faisait qu’elle sentait qu’il n’était qu’à elle. Elle venait de retrouver son Sameer et peut-être même un peu plus que ce qu’elle n’aurait espéré.

Ce n’était pas un secret pour ceux qui connaissaient la jeune femme, qu’elle avait toujours eu un coup de cœur pour le jeune homme  alors qu’ils n’étaient qu’enfants. C’était sûrement ce qui avait fait s’accrocher Alvira même lorsqu’il ne le méritait pas, et pendant toutes ces années où il ne lui rendait pas de réponses également. Elle posa sa tête contre le torse du jeune homme où elle pouvait sentir les battements de son cœur qui s’accéléraient, ce qui la faisait sourire. Elle aussi son cœur avait battu la chamade lorsqu’elle avait senti ses lèvres se poser contre les siennes, mais elle s’était calmée lorsqu’elle avait retrouvé la chaleur de ses bras et la protection dont elle avait besoin. « Je sais… » Se contenta de répondre Alvira à ce que disait le brun. Bien sûr qu’elle était d’accord pour vivre ça avec lui, ça devait faire plus de trente ans qu’elle attendait ce moment. Sa raison lui dirait en temps normal qu’elle devrait ralentir un peu le rythme et ne pas se précipiter. Ils venaient à peine de se retrouver et au fond, qu’est-ce qu’elle savait vraiment de lui ? Est-ce qu’il était toujours ce petit garçon qu’elle avait connu et avec qui la connexion était tellement forte qu’elle avait l’impression de pouvoir le comprendre sans même qu’il n’ait besoin de dire quoi que ce soit ? Elle n’en avait aucune idée, et surtout, elle n’avait aucune garantie que cette histoire fonctionne. Mais après tout, personne ne peut savoir ce que réserve l’avenir et elle n’avait pas envie de passer à côté d’une histoire dont elle avait rêvé quasiment toute sa vie. Lorsqu’il se détacha d’elle pour plonger son regard dans le sien, elle sentit son cœur recommencer à battre de plus en plus vite alors qu’il s’était calmé au creux de ses bras, de peur de ce qu’il avait à lui dire. La jeune femme poussa un soupir en entendant sa phrase qu’il avait à peine soufflé, comme s’il voulait qu’elle la seule à entendre. Elle passa une main tendre sur son visage avec de descendre doucement vers ses lèvres qu’elle caressa lentement avant d’afficher un sourire. « Me faire souffrir ? » La brunette secoua la tête lentement en lui faisant comprendre qu’il ne devait pas penser à ça. Ils n’avaient même pas encore commencé quoi que ce soit qu’il pensait déjà à ça ? Pourquoi n’avait-il pas plus confiance en lui lorsqu’il s’agissait de ça ? A quel point avait-il pu être brisé par cette fille pour qu’il réagisse comme ça ? Oui, ils n’étaient à l’abri de rien, et oui il pouvait faire souffrir Alvira. Mais l’inverse était tout autant envisageable, elle aussi pouvait le faire souffrir. Faisant fît de sa raison, elle décida d’écouter son cœur pour une fois, et déposa un léger baiser sur les lèvres du jeune homme avant de s’écarter de lui de nouveau. « Je suis prête à prendre le risque. » Brisant de nouveau la distance, elle se rapprocha encore une fois de lui pour se blottir de nouveau dans ses bras. Maintenant qu’ils étaient ensemble, il était hors de question qu’elle le laisse partir.

En posant une main sur la veste de l’avocat, la Raichand senti quelque chose qui l’interpella. Réfléchissant quelques secondes en passant doucement son doigt sur la veste du jeune homme, elle se souvint finalement de pourquoi elle était venue en premier lieux. Elle avait été tellement emportée par ses émotions et tous ces événements qu’elle allait même en oublier l’essentiel. « Sameer, je sais que ce n’est peut-être pas le moment, mais tu ne voudrais pas te débarrasser de la lettre tout à l’heure ? » Ce n’était pas la façon la plus subtile de le demander, mais elle ne savait pas vraiment comment s’y prendre. La seule chose qu’elle espérait était qu’il n’estime pas être en droit de savoir ce que disait cette lettre parce qu’elle avait ouverte cette maudite boîte, ou bien parce qu’elle lui était destinée en premier lieux.