Il n’y avait rien de plus satisfaisant que d’accomplir une bonne action, et même pour Alvira, elle devait avouer que ce soir elle était plutôt fière d’elle. Elle avait su organiser un blind date pour Sophia, son amie en recherche désespérée de l’amour. L’Indienne ne comprendrait jamais pourquoi  est-ce que la demoiselle s’efforçait à vouloir à tout prix se mettre avec quelqu’un, en ce qui la concernait personnellement, Alvira n’en voyait pas l’utilité. Elle était très bien seule et assumait parfaitement son statut de célibataire, au moins elle ne dépendait de personne et ça faisait des embrouilles en moins. Donc, que du bénéfique. Mais toutes les filles n’étaient pas comme elle, certaines rêvaient de mariage et d’enfants, de se poser et d’avoir quelqu’un sur qui compter à la fin de la journée. La Raichand avait préféré faire passer sa carrière avant tout. Même si aujourd’hui si on faisait le bilan, elle se rendait compte qu’elle n’avait ni carrière pour le moment, ni petit ami sur qui compter, ni même de plan cul. Pas qu’elle en cherche, mais tout ça pour dire que sa vie avait l’air de ne rimer à rien. Enfin bref, on s’éloigne du sujet.  Alvira était assise dans un coin du restaurant, bien cachée derrière des plantes mais pas assez pour qu’elle ne puisse pas voir ce qui se passe autour d’elle, en particulier, à la table de Sophia. Elle était en compagnie du beau jeune homme qu’elle avait pu lui trouver. En général elle ne faisait pas ce genre de chose, organiser des rendez-vous pour ses amies, ayant elle-même du mal à s’en trouver, mais elle voulait faire quelque chose pour quelqu’un pour une fois. Elle l’avait rencontré dans une pâtisserie un matin et elle avait décidé de l’aborder, après tout pourquoi pas ? Elle n’avait rien à perdre. Il cru d’abord que c’était elle qui était intéressée par lui, mais elle l’arrêta tout de suite en précisant que c’était pour une amie et lui montra même une photo de cette dernière. Et voilà comment elle en était arrivée là. Du moins Sophia. La vraie question qui se posait était de savoir pourquoi est-ce qu’Alvira était là, elle ? Sûrement pour espionner mais d’une façon ou d’une autre elle aurait été au courant de tout ce qui s’était passé durant la soirée. Mais sa chère amie avait trouvé bon de lui rendre la pareille en lui organisant à elle aussi un rendez-vous. Très enchantée par cette idée, Alvira la remercia en lui faisant la gueule pendant une journée – ne pouvant pas être en colère avec la brunette pendant plus longtemps que ça – et quand bien même elle n’avait pas envie d’y aller, décida d’accepter. Elle avait fait un minimum d’effort en se faisant belle pour son « grand soir » mais la beauté ne faisait pas tout si la personnalité n’accompagnait pas le reste. La jeune Indienne avait décidé d’être désagréable en adressant à peine la parole à son rendez-vous qui, de toute façon ne voulait pas vraiment s’intéresser à elle. Non, lui ce qui l’intéressait c’était la fin de la soirée en espérant la mettre dans son lit, malheureusement pour lui ce soir il n’aurait que sa main pour lui tenir compagnie parce qu’il était hors de question qu’elle passe la nuit avec lui. Il était même hors de question qu’elle sorte de ce restaurant avec lui. Il avait sûrement dû le comprendre car il n’essayait même plus de capter son attention, préférant jouer dans son assiette en ruminant dans sa barbe. Pendant ce temps, l’avocate avait sortie son téléphone et envoyait des messages à Sophia pour commenter tout ce qu’elle voyait en sachant très bien qu’elle ne pouvait pas répondre. Mais elle s’amusait quand même à le faire, il fallait bien qu’elle s’occupe le temps de son rendez-vous. « Excusez-moi, est-ce que vous pouvez transmettre un message à la table là-bas s’il vous plait ? » Fit la jeune femme en interpellant une serveuse. Elle prit le papier qu’elle lui tendit et le stylo, avant d’inscrire dessus « ses pieds sont moches donc si vous avez des gosses ensembles, ça va pas être joli tout ça ». Après avoir remerciée la jeune femme, elle reporta son attention sur son rencard qui semblait avoir perdue foi en l’humanité en l’espace d’une soirée avec la Raichand. Elle se leva avec un sourire affichée sur le visage avant de prendre la parole. « Je ne pense pas que ça va marcher entre nous, vous êtes bien sympa mais pas assez pour être avec moi. Dieu vous garde, au revoir. » Elle alla ensuite s’asseoir au bar sans même attendre une réponse, pour pouvoir regarder la scène de loin. Elle fit exprès de passer à côté de la table de son amie en lui faisant un clin d’œil juste histoire qu’elle remarque bien qu’elle était toujours là.

Assise au loin au bar, elle se commanda un verre de vin blanc avant de se retourner pour observer la table qui l’intéressait. Elle savait très bien que son amie pouvait l’apercevoir de là où elle se tenait, et lorsque leur regard se croisa, elle fit un petit signe de la main à la jeune brune en agitant légèrement les doigts avec un petit sourire. Elle ne savait pas vraiment si elle devait rigoler de la scène qui se déroulait sous ses yeux, ou si elle devait avoir de la peine pour Sophia. Elle opta pour la première solution et porta même un toast à son amie lorsqu’elle la vit se lever pour la rejoindre, toujours avec le même sourire malicieux collé aux lèvres. « Alors ? Dure soirée ? » Demanda l’Indienne en prenant une gorgé de son verre tandis qu’elle se retournait pour faire face au comptoir, tandis que la photographe se prenait un verre de vodka. Elle n’était pas très experte lorsqu’il s’agissait d’alcool, mais elle savait que la vodka était un alcool assez fort et qu’elle devait vraiment vouloir oublier cette soirée pour commander ça. Elle connaissait déjà la réponse à sa question, mais elle voulait entendre le débriefe de son amie. « Tu sais que si tu continues de jouer les difficiles, tu vas finir vieille avec dix chats autour de toi pour te tenir compagnie ? Remarque c’est peut-être pas plus mal, au moins eux te seront fidèles. » Elle disait tout ça pour embêter Sophia sachant très bien que ses amours était un sujet sensible. Dans ce monde il y avait deux sortes de personnes  et aujourd’hui elles se retrouvaient toutes les deux à un bar, un samedi soir. Au moins elle devait voir le bon côté, la brunette ne lui demanderait plus de lui présenter quelqu’un avant très longtemps, voire même plus jamais. Ce qui arrangeait parfaitement la jeune indienne qui avait d’autre chose à penser que de caser son amie. Si elle le voulait, Alvira pouvait lui organiser son mariage en lui présentant un homme indien avec une grande per$onnalité, ce qui en soit n’était pas le plus foireux qu’elle connaissait. Mais ce n’était pas ce que cherchait Sophia, non, elle, elle voulait sûrement vivre une belle histoire d’amour où les deux protagonistes constatent qu’ils pourraient passer toute leur vie à vivre d’amour et d’eau fraîche. L’Indienne se tourna une nouvelle fois pour observer la table que venait de quitter son amie, et s’aperçu que le jeune homme avec qui elle avait arrangé ce petit rendez-vous, était déjà là. Elle croisa les jambes ce qui fit remonter légèrement sa robe, qu’elle s’empressa de redresser, puis croisa ses bras. Il ne voyait pas qu’elle l’observait – et tant mieux, manquerait plus qu’il pense qu’elle le fixe parce qu’elle est intéressée par lui – elle se mit à dévisager le peu qu’elle pouvait voir de là où elle se tenait. De loin il n’avait pas l’air mal, il avait cette veste de costume qui lui donnait ce côté classe qu’Alvira avait sûrement dû voir pour l’autoriser à sortir avec Sophia. Puis elle descendit légèrement la tête pour poser ses yeux sur les affreuses sandales qu’elle avait vue depuis l’autre bout du restaurant. Dégoûtant. Déjà qu’elle n’aimait pas les pieds en général, voir ceux des autres surtout dans un endroit où les gens mangent, c’était répugnant. Alvira grimaça légèrement avant de reprendre sa position face au comptoir et se mise à jouer avec son verre de vin. « Je suis désolée pour ton rendez-vous. Mais à ma décharge, il avait de belles chaussures que j’ai proposé qu’il t’invite à sortir. D’ailleurs pour me rattraper, je m’engage à te trouver quelqu’un ce soir, en guise de remplacement. » Si elle était assez intelligente, elle déclinerait cette proposition surtout que bon, la dernière fois qu’elle lui avait présentée quelqu’un… Il était inutile de revenir sur ce qui s’était passé parce que ce serait redécrire les évènements d’il y avait moins de cinq minutes. Le problème était cependant qu’elle connaissait Sophia, et qu’elle aurait peut-être dû se taire et se contenter de s’excuser.

Ce n’était pas parce que les rendez-vous respectifs des deux jeunes femmes ne s’étaient pas passés comme prévu qu’elles devaient rentrer chez elles. Posées au bar, elles sirotaient toutes les deux un verre – du moins Alvira le faisait, Sophia elle descendait des shots – pour essayer d’oublier ce qui venait de se passer. Concernant l’Indienne, elle n’était pas dans l’optique de se trouver quelqu’un, ni pour la vie, ni pour une nuit, mais pour son amie c’était une déception de plus à rajouter à sa liste. Cela dit, la Raichand admirait l’optimisme de la brunette qui ne perdait pas espoir en l’amour, ce qui n’aurait pas été le cas de tout le monde. De plus que peu de personne croyait en l’amour dans l’entourage de la jeune femme, et elle la première. Elle venait d’un milieu ou la plupart des couples étaient basés sur une dot, un mariage forcé et ou l’amour venait après, et sans oublier qu’elle avait fait des études de droit, elle savait que le mariage n’était rien de plus qu’un accord passé entre deux personne et officialisé auprès de la loi. Et il y avait des avantages niveau réductions des impôts à payer dans certains pays, avait-elle entendue dire. Pour se rattraper de la soirée catastrophe de son amie, elle décida cependant de l’aider à se trouver quelqu’un pour la soirée, en dédommagement, elle ne savait pas très bien comment elle allait faire, mais elle trouverait bien. Alors qu’elle espérait que la photographe décline son invitation, c’était mal connaître cette dernière, surtout que pour une fois elle n’avait pas besoin de forcer la main d’Alvira pour qu’elle lui présente quelqu’un. Elle leva les yeux au ciel avec un sourire aux lèvres, et regarda un instant son amie avec une tête désespérée. Elle ne changerait donc jamais celle-là. « Alors, on va voir qui je peux te présenter. Et promis, je regarde les pieds avant de te proposer qui que ce soit. » Elle porta son verre à sa bouche avant de prendre une gorgée de son vin, avant de le poser et de se tourner de nouveau pour pouvoir un peu les gens autour d’elle. La mine concentrée, Alvira se mis à regarder tous les hommes qu’elle pouvait voir de là où elle était posée, et qui pourrait potentiellement intéressée Sophia. A première vue, ce n’était pas un endroit où traînaient beaucoup de célibataire étant donné que presque tout le monde était accompagné. Rendez-vous galant ou d’affaire, il semblait y avoir pour tous les goûts. Cependant, il y avait certaines âmes errantes qui étaient présents dans le restaurant. C’était d’une tristesse sans nom. « Ah, voilà ! » Se levant d’un bond, la Raichand redressa sa robe avant de se tourner vers la brunette d’un air confiant. Elle avait repéré de loin un homme seul, qui n’était pas mal physiquement et qui en plus avait de bonnes chaussures ! Cela faisait un moment que l’avocate le regardait, il avait l’air d’attendre quelqu’un, mais étant donné que ce quelqu’un n’arrivait pas, il était de son devoir de jouer les entremetteuses pour que son amie, comme ce bel inconnu, fassent connaissance. Sans la prévenir, Alvira prit son amie par un bras pour la tirer vers la table du jeune homme, et d’un pas lent mais assuré, elle se dirigea vers le futur prétendant de Sophia, avec cette dernière qu’elle traînait derrière elle. « Bonsoir ! » Fit la jeune Indienne avec un sourire scotché aux lèvres. Elle la fit s’asseoir sur la chaise de libre qui se trouvait en face du jeune homme, et sous le regard interloqué de celui-ci, elle prit la parole. « Vous ne le savez peut-être pas, mais aujourd’hui est un jour placé sous le signe de la rencontre et pourquoi pas de l’amour. Le restaurant s’engage à ce que tout le monde reparte, accompagné et je suis en charge de rassembler les gens. Parce que oui, moi je réunis les familles. » Elle prit la main de Sophia et de celle du garçon, et sous leurs yeux surpris, elle les fit se tenir. « N’est-ce pas magnifique. Après avoir constaté que vous étiez seul depuis un moment, et elle… Son rendez-vous ne s’est pas très bien passé donc bon. Faites le calcul, vous êtes fait pour être ensemble. Du moins pour passer la soirée ensemble. Après on verra mais si y a des mariages et des enfants, vous êtes priés d’inviter tout le personnel du restaurant, ou du moins moi comme représentante. » Elle s’éloigna de la table de quelques pas, avant de mettre sa main devant sa bouche en prenant une mine émue. «Vous êtes beaux tous les deux ! Maintenant que mon devoir est accompli, je pense que je peux retourner former des couples. » Elle recula en faisant un cœur à l’aide de ses deux mains, et retourna au bar, là où elle pouvait tout voir sans être dérangée. Voilà, ça c’était fait. A partir elle n’avait plus intérêt à dire qu’Alvira ne faisait rien pour elle, elle venait limite de sortir de sa zone de confort en abordant un étranger, juste pour elle.

Alvira était loin d’être une experte en relation amoureuse et si on devait faire un bilan global, elle n’était pas experte non plus en relation humaine, mais Sophia était son amie et elle tenait à l’aider quoi qu’il arrive. L’objectif de la soirée était de lui faire oublier son premier rendez-vous raté en le remplaçant par un autre, rien de plus simple. L’Indienne n’allait pas faire la difficile et préféra prendre le premier qui lui tombait sous la main, bien sûr elle ne s’attendait pas à non plus à lui trouver le prince charmant dans ce restaurant mais au moins quelque chose qui la dépannerait pour la nuit. Et qui sait, peut-être que ça pouvait aller plus loin. Lorsqu’elle entraîna la brunette à la table du garçon qu’elle avait trouvé, elle préféra ne même pas croiser son regard ou lui adresser une parole parce qu’elle savait déjà ce qui l’attendait, elle allait commencer par la traiter de folle et faire sa drama queen, et ensuite, après avoir fait un scandale dans le restaurant elles sortiraient toutes les deux et Sophia continuerait de parler de cette soirée ratée. Alvira ne ferait qu’hausser les épaules en lui disant qu’elle essayait de l’aider du mieux qu’elle pouvait et qu’elle n’était jamais contente, pour au final se retrouver sur le canapé d’une d’entre elles à descendre une bouteille de bon vin et à parler de tout et de rien. C’était comme ça que se finissait la majeure partie de leur soirée et vu comment elles étaient parties, ça ne risquait pas d’être différent ce soir, du moins pour la Raichand.

Une fois qu’elle eut fini de former le nouveau couple de son amie, elle s’éloigna et pour ne pas abandonner son rôle d’aussitôt, elle fit comme si elle cherchait encore des couples à former. Elle tourna un moment au milieu des tables en lançant un petit sourire aux gens qui la regardaient – même si elle était un peu gênée de voir que des regards se posaient sur elle, elle préférait se sortir de cette situation la tête haute – malgré qu’elle ait eut la nausée plus d’une fois en croisant deux fois le regard d’un vieux pervers qui avait fini par lui faire un clin d’œil. Elle poussa un soupir assez lourd avant d’aller se réinstaller au bar pour regarder la scène de loin et intervenir si jamais elle devait jouer le rôle de garde du corps pour la photographe. Elle reprit le verre qu’elle avait laissé quelques minutes auparavant et avant de le porter à sa bouche, le leva en haut comme pour porter un toast au nouveau petit couple qui allait ou qui était en train de se former. Son sourire disparut bien vite lorsqu’elle vit une troisième personne entrer dans le tableau. Elle ne la connaissait pas, Sophia non plus ne semblait pas la connaître… En revanche, le jeune homme lui semblait être familier avec la personne. L’Indienne sentit qu’il était peut-être temps pour elle d’intervenir. «Décidément. » Dit-elle à voix basse en hindi pour elle-même. Elle n’eut même pas le temps de se lever que son amie avait déjà pris les choses en main. Mais est-ce qu’elle était en train de… raper ? Automatiquement elle croisa les bras et fixa la scène d’assez loin pour ne pas interférer dans le petit show de la Bucker, attendant sagement qu’elle finisse. Elle était plutôt bonne, si jamais la photographie ne lui plaisait plus il y avait moyen pour qu’elle se reconvertisse. Honnêtement elle ne savait pas si elle devait être fière ou gênée pour son amie, c’était pourquoi lorsqu’elle la vit s’approcher pour se rassoir à côté d’elle, elle ne put que l’applaudir. Comme quoi elle savait se sortir de situations gênantes comme personne. « Bravo, je vois qu’on a la nouvelle Tupac. » Lança l’avocate d’un ton moqueur. Elles partirent toutes les deux d’un petit rire quant à la réflexion de son amie et décidèrent de quitter les lieux, il n’y avait rien de bon pour elles deux ce soir et elles feraient mieux d’aller voir ailleurs. Après avoir payé les consommations et récupérés leurs affaires, elles traversèrent le restaurant bras dessus, bras dessous, Alvira obligeant la photographe à passer à côté de son second rendez-vous raté la tête haute. Lorsqu’elles furent assez proche, elle donna une claque assez violente dans la tête de l’homme en question et accéléra le pas sans se retourner, se contentant des cris de sa furie qu’elle pouvait entendre au loin. « La nuit n’est ni à l’amour, ni au romantisme. On va manger une pizza ? » Sans même attendre de réponse la jeune brune embarqua Sophie dans la pizzeria la plus proche parce qu’elle savait que rien ne pouvait mieux soigner les peines de cœur que la nourriture. Et cela marquait en plus le début d’une longue soirée entre filles.