Derek & Sameer

20 Novembre 1996 – Londres, Angleterre

« Il a l’air d’un petit con. » Hope fit les gros yeux à Derek qui lui fit les gros yeux. « Tu… » Ses lèvres vinrent sceller celles de la jeune femme par un baiser. « Oui je sais, je ferais des efforts. » Elle leva les yeux au ciel, ce qui déclencha le rire du beau châtain. Cet affront lui valut un coup de poing léger dans l’abdomen et il reprit son sérieux. C’était aujourd’hui qu’il devait rencontrer le prince charmant de Meeta, une amie d’enfance de la belle blonde. Elle lui avait demandé de se montrer sous son meilleur jour et il savait très bien ce que ça voulait dire, elle n’approuvait pas le nouveau petit ami de celle qu’elle considérait comme une sœur. Dès que son regard avait croisé le sien il s’était tout de suite dit qu’il devait être un crétin arrogant, le genre qui croit que tout lui ai dû à cause de sa belle gueule. Bref, typiquement pas le genre de personnes avec qui le jeune Vessalius aimait passer du temps. « Coucou ! » Il fit une bise à la jolie indienne et accorda un bref coup de tête à celui qui l’accompagnait. « Hope, Derek je vous présente Sameer ! » le jeune homme lui tendit la main. « Salut. », main que l’autre lui serra avec vigueur. Une fois le minimum fait, il décida de se mettre en mode veille et de laisser sa belle animer la conversation.  Le temps coulait lentement et les deux filles parlaient pendant que leurs amoureux attendaient que leur petite réunion soit terminée impatiemment. Une phrase d’Hope tira pourtant Derek de sa torpeur. « Je te jure, il passe tout son temps sur la PlayStation en ce moment. » Il leva les yeux au ciel et entra dans l’arène afin de se défendre. « Tu y jouerais tu comprendrais, Tomb Raider c’est… » Il n’eut pas le temps de terminer que Sameer entra à son tour dans la discussion. « Tu as une PlayStation ? Je voulais jouer à ce jeu quand il est sorti, mais je n’ai pas eu l’occasion. » Le beau châtain en tomba des nues et il commença une conversation avec son nouvel ami, oui le même qu’il considérait être un petit con quelques minutes auparavant. « Oh tu sais ça ne fait que cinq jours, c’est normal. » Une heure plus tard ils quittaient leurs douces pour aller jouer toute l’après-midi plus la soirée sur la console de Derek, ce fut le début d’une grande amitié.

Le présent – Huntington Beach, Etats-Unis

Derek eut un petit sourire quand le souvenir de sa première rencontre avec Sameer vint se rappeler à lui. Ils s’étaient vu la veille chez l’avocat et avaient passé toute la soirée à parler de tout et de rien et avaient fini par jouer à la console comme s’ils étaient redevenus adolescents. Il était l’une des rares personnes avec qui il n’avait jamais perdu le contact, même dans ses années sombres. Le jeune homme s’en était d’ailleurs beaucoup voulu pour ça parce que c’est lui qui avait fait replongé son ami à l’époque, alors qu’il avait tout fait pour l’en sortir quand ils avaient commencés à se connaître. Maintenant son pote lui disait qu’il était clean et il le croyait, après tout il n’avait aucune raison de remettre sa parole en doute. Il s’était rendu compte dans la matinée qu’il avait oublié une clé USB chez lui et il devait absolument la récupérer parce qu’elle contenait des papiers qu’il devait envoyer pour l’école de Jamie. Ayant également zappé son portable dans sa propre maison il était en route pour la maison de Sameer sans l’avoir prévenu. Il devait initialement passer l’après-midi, mais ayant un moment de pause dès maintenant il comptait en profiter. Il doutait que cela embête son ami et puis il devait sûrement être au travail de toute manière. Arrivé devant la porte, il récupéra la clé là où l’avocat lui avait dit qu’elle était cachée et ouvrit la porte d’entrée. Il se dirigea alors d’un pas sûr vers la chambre de son ami et il fut étonné d’y entendre de la musique. Ouvrant la porte sans frapper, il cria d’une manière sonore. « Surprise ! » ah ça oui, pour une surprise s’en était une. Son regard se noircit quand il comprit ce qui se déroulait devant ses yeux, l’indien n’avait finalement pas réussi à se débarrasser de ses vieux démons…

Flashback, Londres
« Je suis mort de chez mort... » posé dans le canapé de sa chambre d'étudiant, Sameer était en train de parler avec Derek. Ou du moins il était supposé parler avec lui, sauf que lui il était défoncé pour par changer. Son ami avait tendance à lui dire de ne pas faire le con avec ça. Qu'il devait penser à lui, à sa vie et surtout à sa petite-amie qui risque de ne pas supporter le voir comme ça. Sauf que le Saxena à cette époque avait tendance à en faire qu'à sa tête, il n'écoutait que lui et son envie de toucher à tout. Enchaîner les soirées, se droguer, finir ivre et faire n'importe quoi. Voila une conception intéressante de la vie et du mot profiter. En tout cas, Sameer sans l'aide de sa petite-amie, il n'aurait pas décroché, il serait encore drogué..Plus tard dans la journée en se réveillant après cette fête, Meeta lui avait posé un ultimatum. « Soit tu continues de te drogue et tu fais ta vie sans moi. Soit tu prends les choses en main et tu vas te faire soigner.. » elle lui avait dit ça d'un ton ferme, sec et sans retour en arrière possible. Il avait opté pour la deuxième solution, celle de se faire soigner. D'accepter de suivre une cure et de s'en sortir. Il avait tenu, pas mal d''années en fait. Jusqu'à sombrer de nouveau...

De nos jours, Huntington Beach
« Affaire Sullivans contre Lewins..perdue.. Affaire Owens contre Barbot...perdue... » il finit par balancer avec rage les dossiers dans la poubelle qui traîne au pied de son bureau. Depuis quelques temps Sameer ne fait que perdre ses procès, il sait qu'il n'a plus le droit à l'erreur avec les prochains sinon il va devoir annoncer à Adam que son associé est en train de déconner. Le jeune homme pose sa tête contre le dossier de son fauteuil de bureau avant de se passer une main sur le visage. Il doit se reprendre en main, il ne sait pas pourquoi, mais en ce moment le marché est serré, la concurrence est rude et la ville ne manque pas d'avocats surpuissants, prêt à écraser les autres. Il finit par pousser un soupir qui se termine dans un bruit de haine. L'avocat ouvre les yeux et pose son regard sur un nouveau dossier, un cas d'investissement, simple, rapide et efficace. S'il arrive à gérer ce dossier, il sait que la marge qu'il va se faire va se chiffrer avec beaucoup de zéros. Il continue de lire la documentation qu'il possède avant de se lever de son bureau. Quitte à bosser chez lui, autant se poser dans sa chambre pour se mettre bien. Il file alors dans sa chambre, embarquant avec lui de quoi écrire et va se poser sur son canapé. Une fois installé il attrape la télécommande pour lancer la télé sur une chaîne musicale, avant de sortir une petite boite. Dans cette boite se trouve une poudre blanche, oui, oui, vous avez bien lu. Il continue de prendre de la drogue, lui qui depuis des années dit à tout le monde qu'il est clean, ne fait que mentir. Avouer qu'il continue de se droguer, c'est reconnaître qu'il a un problème et qu'il ne peut pas s'en sortir tout seul. Sauf que ça, il n'est pas prêt à le faire. Il l'avait fait une fois, il y a plusieurs années maintenant, il avait été heureux de ne plus toucher à cette merde. Mais un jour, il avait fait l'erreur de retomber dedans, la descente en enfer, le retour.  Il se rapproche de sa table basse, trace une ligne avec la poudre blanche, qu'il rapproche avec une lame de rasoir, oui, ça lui permet de faire une belle ligne . Et là, il s'approche pour respirer la poudre, par le nez, ça agit vite, ça monte direct. Il aime l'effet que ça procure, cette sensation de partir, de ne plus sentir son corps. Il entend la porte de sa chambre s'ouvrir à grande volée et là, son regard se pose sur Derek. Que faisait-il là ? Pourquoi venir le voir maintenant. Sameer se frotte rapidement le nez et se lève d'un bond de son canapé. « Derek.. » il lance un regard à son pote puis pose son regard sur la table basse. Il est pris au piège, il ne peut pas mentir, il n'a pas le droit de le faire, c'est trop tard, il vient de se faire griller. Il se passe alors une main sur le visage avant de reprendre la parole. « C'est rien mec.. » tout en essayant de se déculpabiliser. Cette façon de toujours dire que rien grave, que ça va passer, qu'il y a pire, c'est du Sameer tout craché...

Derek & Sameer

Flashback, Londres – 2004

« Meeta s’il te plait écoute-moi… » La jeune femme haussa les sourcils, visiblement énervée. Cela faisait des semaines qu’elle parlait à Hope du problème de drogue de Sameer et d’à quel point cela la faisait souffrir, elle avait même évoqué de le quitter. Ne se cachant rien dans leur couple, la jolie blonde lui en avait parlé et lui avait avoué penser que son amie serait mieux sans lui. Sachant à quel point le poids des paroles de son amie d’enfance était important pour la jeune indienne, il avait décidé de se mêler de ce qui ne le regardait pas. « Cela fait des années que vous êtes ensemble et tu as appris à le connaitre depuis tout ce temps non ? Ne vois-tu pas à quel point il t’aime ? Imagine ce que ça lui ferait si tu rompais avec lui, à quel point ça le détruirait… » Il tentait de la résonner, mais elle refusait de l’entendre. « Je n’en peux plus Derek,  tu m’entends ? C’est moi qu’il détruit petit à petit quand il est comme ça. » Des larmes commençaient à perler au bord de ses yeux et il s’approcha d’elle pour la prendre dans ses bras. Tapotant dans son dos, il continua d’une voix plus douce. « Je sais, je sais… » il la laissa pleurer sur son épaule et continua. « Tu ne peux pas jeter cinq ans de relations aux orties comme ça. Si tu le lui demandes, s’il sait que c’est sa seule chance de te garder, il acceptera de se soigner pour toi. » Il s’écarta et lui posa les mains sur les épaules, posant son regard apaisant dans le sien. « Il t’aime plus que tout, plus que n’importe quelle drogue. »

Le présent – Huntington Beach, Etats-Unis

L’addiction n’est pas toujours facile à détecter pour l’œil novice, mais lorsque l’on en a été victime on sait souvent en reconnaître les signes. Derek avait touché à la drogue durant une période sombre de sa vie et était rapidement devenu dépendant à la poudre. Le jeune homme était à présent clean, mais jamais il n’oublierait ce qu’il avait pu ressentir à cette époque. Le pire était qu’il ne s’était jamais autant haï que quand il prenait de la cocaïne. Pour quelques minutes de plaisir, il se maudissait d’avoir été si faible et de ne pas réussir à sortir de ce cercle infernal qu’était devenu sa vie. Sa plus grande déception avait été de faire replonger Sameer quand ce dernier avait voulu l’aider et maintenant il pouvait en observer les dégâts. Son ami lui avait dit s’être soigné et il l’avait cru. Vessalius venait à peine de fuir l’enfer qu’était devenu sa vie à Londres et il reconstruisait sa vie en combattant ses propres démons. Peut-être qu’il n’avait pas voulu voir la vérité, qu’il n’avait pas voulu creuser. Il était trop tard pour s’en vouloir et la scène sous ses yeux ne laissait pas la place au doute.  « C'est rien mec.. » Le jeune homme fronça les sourcils et se regard se durcit, il était visiblement énervé. « Tu te fous de moi là ? » Un sourire froid vint se coller sur ses lèvres. « Tu parles à qui là ? Tu crois que je vais te croire si tu me dis que c’est rien, que c’est juste une fois et que ça ne veut rien dire ? Si c’est le cas tu me prends vraiment pour le dernier des abrutis. » Il s’approcha de la table basse et fit s’envoler la poudre d’un coup de main. « Où est le reste ? » Il n’attendit pas sa réponse et entreprit de retourner en partie sa chambre avant de trouver un sachet de coke qu’il avait dû laissé sorti le temps de prendre sa dose. N’attendant pas plus longtemps il alla jusque dans les toilettes, en versa le contenu du paquet et revint à sa rencontre. « Pas plus tard d’hier tu me parlais d’Alvira, tu me disais que tu la pensais différente, que tu avais des sentiments pour elle… » sa voix s’était calmée, mais il était toujours aussi sérieux. « Tu penses qu’elle mérite ça ? Qu’elle mérite que tu te détruises ? » il marqua une pause et termina sur ces mots, « et toi tu penses que tu mérites de t’infliger ça ? » Il le connaissait depuis si longtemps qu’il le considérait un peu comme sa famille, il ne le laisserait jamais sombrer s’il pouvait l’éviter.

Flashback, Paris
« Tu dois le faire, tu dois arrêter de déconner, c'est pour ton bien que je dis ça. Penses à la vie que tu pourrai avoir !! C'est pas si dur que ça, regarde moi ! » tout en se montrant d'un signe de la main, Sameer tente de faire réagir son ami. Il veut lui faire comprendre qu'il peut s'en sortir, qu'il peut chasser le démon qui est en lui, pour laisser place à un Derek apaisé. Certes, ce n'est pas simple de décrocher de la drogue, de réussir à combatte la petite voix qui ne cesse de réclamer sa dose dans le cerveau, mais avec force de caractère, conviction et envie, tout peut être plus simple. Surtout que Sameer va être là pour le soutenir, pour lui dire que tout va bien se passer, que tout va aller pour le mieux. Il sait que la vie de Derek n'est pas si simple et que la drogue était la solution peut-être la plus rapide pour oublier, mais il ne veut pas le voir sombrer. « D'accord, demain, je verrai pour rentrer en cure ou je ne sais quoi qui va m'aider. En attendant ce soir on fait la fête, ok ? » il était assis dans le canapé, défoncé, un immense sourire sur le visage. Sameer avait envie de le tuer et en même temps de rire avec lui. Il avait hoché la tête en guise d'acceptation, c'est ce jour là, ou il avait sombré de nouveau. Il avait touché à la poudre du bonheur une fois de plus, une fois de trop. C'était une soirée alcoolisée, une soirée festive, des filles, de l'alcool et de la drogue. Tout s'était passé très vite, et Sameer avait franchit les limites une fois de plus. Déjà à Londres il s'était montré faible en craquant de nouveau, mais il avait réussit à ne pas y retoucher régulièrement. Sauf que ce jour là, la drogue sera plus forte que son mental et expliquera son comportement du jour..

De nos jours, Huntington Beach
En une fraction de seconde, Sameer a l'impression que son monde est en train de s'écrouler. Lui qui fait toujours le fort, qui n'a peur de rien, ni même de dire ce qu'il pense, se retrouve comme un idiot devant son ami de toujours. S'il y a bien deux personnes qu'il ne veut pas décevoir, c'est Derek et Jason, pourtant là, il voit bien dans le regard de son pote que c'est tout le contraire. Son regard est noir, il est déçu ça se voit. Il pourrait chercher pendants des heures et des heures des excuses, essayer de lui faire à l'envers en lui indiquant que c'est la première fois qu'il y retouche, mais son pote n'est pas con. Il connaît Sameer, il sait comment il est quand il touche à la drogue, et il sait surtout qu'il redevient rapidement dépendant. Le jeune Saxena avait vécu des années et des années d'enfer sous l'emprise de la drogue, il était devenu accro et surtout à cran, à chaque prise son comportement changeait, il devenait de pire en pire. Presque dur, froid et méchant, il avait cette tendance à s'emporter pour un oui ou pour un non, l'effet du manque. La cocaïne ça permet de planer rapidement, au bout de deux minutes et ce pendant une heure. Alors oui, Sam' adore ça, il ne peut pas le nier, pendant cette montée il a l'impression d'être ailleurs, de vivre une autre vie. Pourtant il sait que le retour à réalité est pire que tout. « Arrêtes Derek, c'est bon, on va pas en faire toute une histoire. Ok ce n'est pas qu'une fois, mais ça va, sérieux, je gère.. » il ne gère rien du tout, mais il tente de se montrer convainquant dans ses propos. Son ami est énervé et il lui demande ou se trouve le reste de la poudre. Sameer ne répond pas, il regarde autour de lui, essayant de revenir à la réalité, il est en train de planer. Alors il doit se concentrer sur la conversation pour éviter de dire des conneries. Il finit par poser son regard sur Derek, ainsi que sur le sachet de poudre qu'il vient de prendre dans ses mains, il ne cherche pas longtemps et file directement le vider dans les toilettes. Sameer se passe une main sur le visage une nouvelle fois, et finit par s'asseoir sur son canapé. Derek revient à la charge, certes sa voix est plus posée, mais elle reste grave. « Ne viens pas me parler d'Alvira, ça n'a rien à voir avec ça. J'ai des sentiments pour elle, je le sais, mais sérieux ne parle pas d'elle ici... » il marque une petite pause avant de regarder ses mains puis il lève la tête pour fixer son pote. Il a raison, elle ne mérite pas ça et lui non plus. Il a l'impression de retourner des années en arrières quand il faisait pleurer Meeta à cause de ça. « Je sais bien qu'elle ne mérite pas ça, pas un mec comme moi qui va la faire souffrir à force de déconner.. » il déglutit avant de s'appuyer contre le dossier de son canapé. « C'est bon ! Vas-y arrêtes tes conneries, c'est rien. Je fais ça une fois de temps en temps, quand j'en ai envie.. » toujours essayer de dire que ce n'est rien, que tout va bien, qu'il maîtrise. C'est un peu la phase de déni, celui qui persiste à dire que ce n'est rien, c'est celui qui refuse de se faire soigner.

Derek & Sameer

Flashback, Paris – 2014

Habillé dans son smoking sur mesure, Derek était assis à côté de Sameer sur un banc à l’extérieur de l’église. C’était le jour de son mariage, un jour qu’il n’aurait jamais imaginé voir arriver. « Tu y crois toi ? Je vais me marier… » Ses pensées se perdirent vers le passé, vers ses promesses d’alliance avec Hope. Une main sur son épaule le fit revenir à la réalité. « Mec, je sais que tu penses à elle. » Elle, ce ne pouvait être qu’une seule personne. « Moi aussi, mais dis-toi qu’elle aurait été heureuse de te voir aimer à nouveau, de te voir sortir de ce trou noir qu’était devenu ta vie. » Son ami avait essayé de l’aider à Londres, mais n’avait pas réussi. Au final, lui-même s’était remis à prendre de la drogue. Ils s’étaient retrouvés à Paris et cette-fois il l’avait convaincu d’entrer en cure de désintox. A peine sorti, il avait rencontré Inevera qui était rapidement devenu celle qu’il considérait maintenant comme la femme de sa vie. Saxena lui avait affirmé qu’il avait réussi à ne pas replonger dans ses addictions malgré Londres et l’acteur avait décidé de le croire. C’était plus facile ainsi, il avait déjà eu tellement de mal à retrouver une vie normale. Se tournant vers lui, il initia une rapide embrassade virile et adressa un grand sourire à l’indien. « Merci d’avoir toujours été là pour moi. »

Le présent – Huntington Beach, Etats-Unis

Derek était dans un état d’énervement avancé, mais il tentait de garder son calme pour ne pas braquer plus son ami. Son éclat de colère il l’avait fait un peu plus tôt quand il lui avait hurlé dessus et avait bazardé le reste de sa poudre aux chiottes. Son travail maintenant était de réussir à le raisonner et ce ne serait pas chose facile. La veille il lui avait parlé de cette jeune indienne qu’il avait connu petit et qu’il avait retrouvé il y a peu. L’acteur avait dû lui tirer les vers du nez pour avoir un résumé détaillé de tout ce qui avait pu se passer et il était ressorti de leur soirée avec un énorme sourire aux lèvres. Les yeux de Sameer brillaient quand il mentionnait Alvira et les mots qu’elle avait pu prononcer. S’il ne s’en rendait probablement pas encore vraiment compte, il y était beaucoup plus attaché qu’il n’aurait pu imaginé. Enfin, il devait l’avoir un minimum réalisé puisqu’ils sortaient à présent ensemble. « Ne viens pas me parler d'Alvira, ça n'a rien à voir avec ça. J'ai des sentiments pour elle, je le sais, mais sérieux ne parle pas d'elle ici... » Le jeune homme fit non de la tête pour marquer son opposition à ce que lui disait le bel indien. Bien entendu que la belle avait rapport avec ça ou tout du moins, elle finirait par être impactée par son addiction. Quand Vessalius avait réalisé que la personne de laquelle son ami était tombé amoureux était en fait celle qui l’avait sauvé quatre ans plus tôt en France il n’avait pu s’empêcher de s’amuser de cette coïncidence. Jamais il n’aurait imaginé qu’elle puisse vivre à Huntington Beach, il avait toujours cru qu’elle resterait habiter en Inde. Il n’avait pas jugé utile de mentionner cette anecdote à Saxena, il voulait d’abord la revoir pour y croire. Il restait tout de même persuadé que cet ange tombé du ciel était la même personne que celle qui partageait maintenant la vie du beau brun et elle ne méritait définitivement pas de se retrouver liée à un junkie. « Je sais bien qu'elle ne mérite pas ça, pas un mec comme moi qui va la faire souffrir à force de déconner.. » Bien entendu qu’il le savait, mais ça ne faisait pas tout. Combien de fois avait-il merdé auprès de Meeta avant de réussir à se soigner ? Faudrait-il aussi qu’elle le mette au pied du mur pour qu’il réagisse ? Si oui, en aurait-elle l’envie ou le courage ? L’aimerait-elle autant que son ex avait pu l’aimer ? « C'est bon ! Vas-y arrêtes tes conneries, c'est rien. Je fais ça une fois de temps en temps, quand j'en ai envie.. » Derek serra les poings dans un espoir de se contenir. Fermant les yeux un moment, il inspira et expira lentement avant de s’assoir devant Sameer. « Tu t’entends-là ? » Il passa sa main dans ses cheveux comme toujours quand il était agacé et continua. « De temps en temps… Juste comme ça… Une fois seulement... Je voulais fêter quelque chose... Ce n’est rien... Demain c’est terminé… » Ses yeux étaient plantés dans ceux de son ami. « Tu veux que je continue encore ou tu as compris où je voulais en venir ? Ces mots aussi bien moi que toi on les a prononcé combien de fois ? Je ne dis pas que je n’y croyais pas certaines fois, mais franchement après tout ce temps est-ce que tu crois que tu peux encore te leurrer bien longtemps ? Tu as été en désintox tout comme moi. N’as-tu rien retenu ? » L’acteur expira bruyamment pour marquer son énervement, puis retrouva une voix calme, mais ferme. « Je ne suis pas n’importe qui Sam, je suis quelqu’un qui connait certaines facettes de toi plus que quiconque parce que moi aussi j’ai été toi un jour. J’ai été là pour toi puis tu as été là pour moi…. Laisse-moi t’aider à nouveau. » Aussi parce qu’au fond de moi, je sais que je suis la raison pour laquelle tu as de nouveau sombré. fut la phrase qu’il ne put prononcer.

Flashback, Paris, 2014.

Sameer avait un immense sourire collé sur son visage, un sourire qu'il ne pouvait pas du tout enlever en regardant son ami depuis plusieurs années maintenant, vêtu de son costume. Il était heureux, émerveillé de le voir aussi amoureux. En fait depuis qu'il avait fait la connaissance de sa future épouse, Derek était vraiment devenu différent, il avait retrouvé cette lueur de bonheur dans le regard. C'était suffisant pour rendre Sameer heureux, suffisant pour l'admirer alors qu'il va faire d'elle son épouse. Tout le monde mérite la joie de vivre, Derek le premier. Avec toutes les épreuves qu'il avait traversé dans la vie, il est bien normal aujourd'hui de le voir franchir le seuil de l'église pour dire oui à la belle Inevera. « Tu l'as fais ! T'as le droit au bonheur.. » il lui avait soufflé ça à l'oreille à la sortie de l'église. Cachant ses yeux humides et rouges, essayant de faire semblant d'être joyeux. Alors qu'au fond il souffrait encore de sa séparation, il avait du mal à faire avec, des difficultés à prendre lu aussi sa revanche sur la vie. Il se revoit encore au mariage à rire avec des gens, faire semblant d'exister..Cacher sa douleur pour montrer un visage des plus beaux aux autres. Sameer est fort pour camoufler au plus profond de son âme sa douleur. À cette époque il l'avait fait pour éviter de crier son mal être, éviter de dire à Derek qu'il était toujours le même, il lui avait menti, purement et simplement, sans même quitter son regard. « Sois heureux.. » il lui avait fait un signe de tête avant de s'éloigner, de disparaître dans la foule de gens venus à leur mariage.

De nos jours, Huntington Beach.

Il savait qu'il avait merdé une fois de plus, comme toujours il va tout faire pour se sortir de la situation, l'air de rien. De faire semblant que tout va bien et qu'il gère, c'est une manie chez lui, de dire qu'il contrôle la situation alors que pas du tout, qu'il perd pieds, mais ça, il n'arrivera jamais à le dire. Le dire ça veut dire qu'il est faible, la faiblesse c'est une honte pour le Saxena. Il n'aime pas ça et puis ça reviendrait à avouer que son état de santé est le même depuis des années. En gros il fait un pas en avant pour en faire trois en arrière. Il regarde son ami s'asseoir devant lui, il voit bien qu'il n'est pas du tout content des propos qu'il est en train d'entendre. Sameer le sait et ça se voit dans son regard, il continue pourtant de le fixer, droit dans les yeux. Il l'écoute alors parler, tout en regardant le moindre de ses faits et gestes, tout dans sa gestuelle montre qu'il est agacé. Sameer se passe les mains sur le visage, avant de croiser les bras devant lui, il se met sur la défensive naturellement. C'est sa façon de se protéger, de se dire que tout va bien se passer, même si c'est faux. « Rien retenu ? » il répète cette phrase avec un ton ironique dans la voix. Il aimerait tellement exploser contre son pote, parce qu'il est en colère contre lui, mais aussi contre lui-même. S'il n'avait pas été le sauver, lui dire d'arrêter ses conneries, il n'en serait peut-être pas là aujourd'hui. Certes il n'est pas responsable des décisions de Sameer, mais il est quand même en partie témoin de sa déchéance à l'époque. Il aurait du le voir, lui tendre la main, lui dire qu'il serait là pour lui. Sameer fait craquer son poing le long de sa jambe avant de détourner le regard. « Je me souviens très bien de la cure, des séances à parler de mon addiction.. Des propos et des engagements que j'ai tenu, mais ptin.. » il se passe une main dans les cheveux avant de se lever et de marcher dans sa chambre. « J'y arrive plus.. » il se fixe un instant devant le polaroid qu'il avait fait d'Alvira et esquisse un sourire avant de prendre la photo dans ses mains. « Je suis en train de tout foutre en l'air pour pas changer.. » il se tourne alors pour regarder Derek. « J'ai été là pour toi, mais t'as pas besoin de te préoccuper de moi. T'as ta vie, ta femme, ton fils, tu dois prendre soin d'eux, pas de moi. T'en fais pas, je vais m'en sortir, je vais trouver une solution. » il marche de nouveau dans sa chambre avant de se poser devant la fenêtre. Toujours ce moyen qu'il utilise pour s'échapper, regarder dehors. « J'ai pas envie de t'embarquer la dedans une fois de plus.. » il murmure cette phrase tout en continuant de regarder dehors, petit soupir pour clore ses propos.

Derek & Sameer

« Rien retenu ? » L’ironie dans la voix de Sameer n’avait pas échappé à Derek, mais ce dernier ne revint pas sur ses paroles. Il savait à quel point l’indien avait pu souffrir jour après jour à travailler comme un fou pour se sortir de sa dépendance, d’à quel point il avait tout donné dans l’espoir de devenir un homme meilleur pour Meeta. Bien entendu qu’il savait tout cela puisqu’il avait vécu la même chose quatre ans plus tôt et qu’il devait encore combattre ses démons quand un autre acteur lui proposait en soirée de se lâcher un peu. C’était pour le choquer qu’il utilisait ces mots, pour le sortir de la torpeur dans laquelle la drogue l’enlisait. Son ami appuya ses pensées en reparlant des mois qu’il avait passé à se battre contre son addiction. C’était exactement ce que cherchait l’acteur, qu’il se rappelle de ces moments où il avait dû faire face à sa souffrance pour qu’ils n’aient pas été vains. « J'y arrive plus.. » L’avocat fixait une photo dans laquelle il se trouvait avec Alvira, l’ange gardien secret de Vessalius. Que deux des personnes qui lui avaient sauvé la vie en étant là pour lui aux pires moments soient ensemble à présent aurait dû lui réchauffer le cœur, mais il ne pouvait pas se résoudre à sourire à cet instant. Non, si Saxena continuait ses conneries il finirait par la faire souffrir et surtout à se détruire un peu plus et ça Derek ne pouvait pas l’accepter.  « Je suis en train de tout foutre en l'air pour pas changer.. » Au moins il s’en rendait compte, mais cela ne suffisait pas. A l’époque de Meeta il avait le même discours et pourtant il avait fallu qu’elle le menace de le quitter pour qu’il change. Est-ce que Raichand serait capable de lui donner le même ultimatum ? Si elle partait sans se retourner il pouvait difficilement lui en vouloir, mais il ne voulait pas que son ami subisse un départ aussi déchirant une seconde fois. « Oui. » Ce n’était pas pour enfoncer le clou que le jeune homme avait prononcé ce simple mot, mais bien pour lui dire qu’il comprenait. Sa frustration il la comprenait mieux que quiconque. « J'ai été là pour toi, mais t'as pas besoin de te préoccuper de moi. T'as ta vie, ta femme, ton fils, tu dois prendre soin d'eux, pas de moi. T'en fais pas, je vais m'en sortir, je vais trouver une solution. » Une nouvelle fois il essayait de le sauver même si cela voulait dire sombrer seul, mais pas cette fois. A l’époque où l’acteur l’avait aidé la première fois il était avec Hope et elle lui avait permis de rester solide, de l’aider à convaincre l’indien de se sortir de ce cauchemar sans pour autant y tomber lui-même. Il savait qu’Inevera lui donnerait également cette force, même si bien entendu il ne lui expliquerait pas le problème de son ami. C’était bien trop personnel pour être partagé et il avait peur qu’elle découvre son passé également s’il commençait à parler de drogue.

Derek laissa son ami se diriger vers la fenêtre, c’était sa manière à lui de respirer à nouveau. Le regard de l’acteur était à la fois tendre et dur, mais il ne pouvait s’empêcher de montrer qu’il réprouvait la situation dans laquelle s’était mise l’indien. Dans ces moments-là, le jugement de ses proches est la pire chose qu’il soit et Vessalius le savait. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’être déçu. « J'ai pas envie de t'embarquer la dedans une fois de plus.. » Ce que Sameer n’avait sûrement pas compris c’était que la déception que ressentait son ami n’était pas liée entièrement à lui. Non la personne qu’il blâmait vraiment pour cette rechute c’était lui-même. L’indien ne l’avait jamais embarqué nulle part, jamais. La tête baissée vers ses chaussures, l’acteur continua d’une voix faible mais qui pouvait s’entendre là où se trouvait l’avocat. « Tu n’as pas envie de m’embarquer ? » Un sourire triste pouvait se lire sur son visage. « A l’époque où je t’ai aidé et tu as réussi à t’en sortir la première fois je n’ai rien pris, rien. Tout a commencé pour moi à la mort d’Hope et tu n’es pas la raison pour laquelle j’ai commencé. » Ses yeux étaient humides, mais il ne pleurait pas. « Ces années-là je n’étais pas moi-même. J’étais devenu un con froid, un mec qui essayait d’écarter ses amis à tout prix. Tu fais partie des rares à avoir réussi à rester près de moi… et encore même toi ne sais pas tout de cette époque. Non j’ai sombré seul à l’époque et c’est moi qui t’ait embarqué dans ma merde. Je me rappelle encore ce jour où je t’ai dit de me rejoindre, de te lâcher un peu comme si le geste de reprendre de la coke était quelque chose d’anodin pour toi. » Ses poings serrés il continua à parler, de plus en plus fort. « C’est moi qui ait merdé ! C’est moi qui t’aie emmené dans ma merde ! C’est moi qui aie refusé de voir que malgré le fait que tu me disais que tout allait bien à présent ce n’était pas le cas ! C’est moi qui ait choisi d’être égoïste, de nager dans mon bonheur après m’en être sortis en te laissant te noyer… » La tête dans ses mains il se tut. La seule personne qui avait merdé dans cette histoire c’était lui, oui seulement lui.

Derek & Sameer