i trust you, i only trust you.

anna sivakova — roy kapur

Un peu d'eau sur le visage, voilà ce dont Roy avait besoin ce matin-là. De quoi le réveiller, complètement. De quoi le faire sortir des brides de rêves qui avaient parfumé sa nuit. Naina ne le remarquait sans doute pas, mais dormir ensemble était insupportable pour lui. Le plus souvent, Roy attendait qu'elle s'endorme pour aller boire un verre ou deux. Il prétendait être le mari exemplaire, mais il était rarement très proche de Naina une fois au lit, fatigué par ses longues journées – ce que sa femme semblait bien comprendre. Maintenant qu'il se voyait dans le miroir de la salle de bain, il se disait qu'une autre solution à ses problèmes nocturnes devait vite être trouvée. Il ne pouvait se permettre de se mettre dans un tel état, tout comme il ne pouvait pas négliger son sommeil. Il s'étira péniblement avant de se rincer la bouche et de se tamponner le visage à l'aide d'une serviette propre. Comme chaque matin, Naina préparait le petit déjeuner après avoir déposé sur le lit ce que Roy porterait. C'était une étrange habitude pour être honnête. Roy aimait bien choisir ses propres vêtements, mais Naina avait fait ça une fois et depuis il n'osait lui dire qu'il n'était pas toujours d'accord avec ce qu'elle lui proposait. D'un autre côté, il y avait un aspect pratique qu'il ne pouvait pas ignorer. Lorsqu'il sortit de la salle de bain, ses vêtements étaient là. Il n'avait plus qu'à les enfiler, mais Roy préféra s'allonger une seconde sur le lit. Il était épuisé. La semaine qui allait commencer n'allait pas être plus reposante, il s'en doutait. Il rattraperait une partie de son sommeil à ce moment-là, même si plusieurs soirées nécessiteraient sa présence. Se relevant légèrement, son regard se posa sur une photo non loin. Celle de son mariage. En costume traditionnel, Roy ne souriait pas complètement. Contrairement à sa femme, il ne regardait pas droit devant-lui. Il sentait que la photo avait été retouchée étant donnée sa couleur, mais le plus amusant c'est que malgré tout, il avait l'air heureux.

Une fois le petit déjeuner pris, Roy attrapa sa valise le temps d'arriver à sa voiture. Pour Naina, il partait une semaine au Canada, en réalité, il retournait au Mexique pour régler quelques affaires. Il y avait notamment un meeting assez important dans la semaine. Une confrontation, entre Roy et un grand nom de la pègre mexicaine. Il n'était pas le genre d'homme à appréhender ce genre d'évènement, il faisait d'ailleurs preuve d'un calme olympien. Il était préparé, c'était son secret. Quelle que soit la situation, il envisageait toutes les possibilités, aussi bonne que dangereuse. Les personnes qui le suivaient tous les jours le savaient. Il n'aimait pas les surprises, il n'aimait pas qu'on dérange ce qu'il mettait en place. Les choses devaient être organisées, correctement et pour ça il avait les meilleurs à ses côtés.

« - Le décollage est prévu dans dix minutes, Bienvenue à bord Mr Kapur. » Serrant la main du pilote, Roy entra dans le jet privé avant de s'asseoir sur l'un des fauteuils. Il aurait pu prendre l'avion de la marque de bijoux, mais voilà deux ans que Roy s'était offert son propre jet. Les trajets faits pour le cartel ne devaient pas être notés à travers le jet de l'entreprise. Roy voulait éviter le plus possible de lier les deux. Quelque part, il était très tactique et stratégie et chercher à préserver ses deux vies du possible effondrement de l'un ou de l'autre. Cela ne l'a pas empêché d'ajouter quelques milliers à la marque de bijoux lorsque celle-ci était en faillite. Il avait de l'argent, autant l'utiliser pour de bonnes choses. Maintenant, les chiffres se sont stabilités depuis son mariage. Les nouveaux plans marketing qu'il avait approuvés avaient fait augmenter le pourcentage par rapport aux années précédentes et depuis tout semblé allait pour le mieux. Les ventes sont correctes et chaque nouvelle collection apportent un profit supplémentaire. Tout cela satisfaisait amplement les parents de Roy, qui restaient sur son dos.

En voyant Anna arrivait dans l'avion, Roy se senti rassurer. Quelque part, il savait que partir aussi longtemps séparer la jeune mère de sa fille. Il en avait conscience, mais il ne pouvait plus vraiment se passer d'elle. Il ne l'avait pas forcé non plus, ayant spécifié qu'il n'y avait rien d'obligatoire. Anna avait préféré venir, comme souvent. « - Tu pourras appeler une masseuse quand on sera arrivé à Mazaltan ? » Comme souvent, Roy avait prononcé le nom de la ville dans un accent espagnol parfait. « - J'ai l'épaule qui tire légèrement. »