Ça avait commencé par un bête texto anonyme. Non, en fait, une centaine de textos anonymes, plutôt. Après avoir volé le Iphone d’un pauvre con, je m’étais réfugié dans une des rares survivantes de l’apocalypse des cabines téléphoniques et j’avais commencé à envoyer de petites délicatesse à certains numéros inspirants. Ça manque d’amour, sur les réseaux 3, 4 ou 5G, vous voyez ?
Ma seule récompense de tous ces efforts a consisté en un seul petit retour. Sur une centaine! J’avais le cœur brisé…
Au moins, elle avait un nom marrant. Buckle up, Bucker, ‘cuz this is gonna be a helluva ride.
**********
Il va sans dire que j’avais passé la dernière semaine à l’épier comme un pur maniaque. Primo, elle vivait avec une autre femme. Sur l’échelle Fuller du sourcil froncé une fois sa curiosité piquée, ça lui donnait pas mal de points. Secundo, elle menait une vie ridicule. Elle piétinait dans les limbes, ma Buckette, prisonnière de son corps de cheerleader et des envies des envieux qui venaient avec. Triste à mourir… Au moins, si elle provenait de l’Europe de l’est, elle pourrait gagner de l’argent à se faire reluquer par des mateurs. Ici, bah…
Je devais la sauver. Je lui devais au moins ça : elle avait répondu à mon cri dans la nuit.
À 16h, le lendemain, je pénétrai chez elle par infraction. Sa coloc (ou sa fiancée – not judging) ne devait pas rentrer avant 18h, et Buckette, un peu avant 17h, normalement. J’aimais mieux les rencontres plus tardives, mais prévoir l’heure de retour de soirée de mon hôte relevait du domaine du divin. Je parcouru sans gêne les différentes aires communes, me permettant de prendre un biscuite et un verre de lait. Que je rangeai ensuite soigneusement dans le lave-vaisselle, hein, faut pas déconner, je sais vivre!
Je passai ensuite aux chambres des deux demoiselles, pour tuer le temps. Non, je ne collai aucun sous-vêtement sur mon visage. Pour quel genre de malade me prenez-vous ? Je me contentai de lui mettre quelques affaires dans un sac de sport, trouvé à l’étage du dessous. De quoi tenir deux ou trois jours. J’ai même pensé lui mettre sa brosse à dent. Enfin, j’espérais que la rose était bien la sienne, et pas celle de Maxim. Satisfait de ma petite balade, je revins à la cuisine pour préparer des sandwiches en attendant le retour de ma future nouvelle meilleure amie.
Oh cool, des cornichons!
**********
J’entendis des clés cliqueter dans la serrure, et la poignée tourner. Dès que la porte fut refermée, je sortis de derrière le coin de mur où je m’étais réfugié pour ne pas être aperçu trop tôt.
" Mademoislle Bucker ? Sophia Bucker ? Agent special Fuller, de la NSA. "
Je portais un hoodie gris remonté sur ma tête sous ma plus belle veste de cuir dans la plus pure tradition des bad cops urbains. J’avais tout appris de cette enflure de Cohen. Je lui flashai un faux badge au nom de John Smith, avec ma photo.
" Vous êtes la seule personne susceptible de nous aider à éventer ce qui pourrait bien être la plus grosse conspiration américaine depuis Nixon. "
Pas sûr que le Watergate lui sonnerait une cloche, mais ça faisait classe.
" Votre vie s’en trouve cependant menacée, et vous n’êtes plus en sécurité ici. Vous allez devoir m’accompagner. J’ai préparé un sac avec vos vêtements, et je vous ai fait un sandwich. "
J’indiquai son sac de sport que je portais à la main gauche.
"Je ne peux malheureusement pas vous laisser prévenir qui que ce soit, pour ne pas compromettre votre sécurité. Avez-vous remarqué s’il quelqu’un vous suit depuis quelques temps ? Des évènements qui vont ont semblés bizarres ? "
Fuh hu uh
Buckette, fais-moi confiance : c’est le début de ta nouvelle vie.
« C’est quoi ce sms de merde ? » Sophia venait de regarder son téléphone pour y découvrir un message bien perturbant. Il venait d’un numéro qu’elle ne connaissait pas, ce qui était assez classique pour elle. Dans le métier on donnait son portable assez rapidement à des connaissances pour qu’ils la contactent dans l’espoir d’organiser une séances photos avec elle. Elle avait déjà dû changer deux fois de numéro dans ses dix ans de carrière. Ce n’était pourtant pas faute de demander à ce qu’il ne soit pas divulgué. Elle mangeait avec Hazel ce midi-là pour discuter d’idées sur sa prochaine campagne de bijoux. La belle lui montra le message avec une petite moue dégoûtée. « Salut. Je suis tout nu et je me perturbre. Niark Niark Niark. Beeeeeeppppppp ». Son amie eut un air exaspéré. « Un crétin, oublie-le. » Seulement, la jeune femme ne voulait pas le laisser s’en tirer comme ça et elle décida de lui répondre par une petite réplique qui se voulait spirituelle. « Bonsoir. Je ne crois pas vous connaitre non ? Si vous voulez vous pouvez rencontrer mon ami bescherelle. A moins que ça ne vous perturbRe ? Merci d'oublier mon numéro. » Dans les gencives gros naze. Elle bloqua ensuite son numéro et profita du reste de son repas, soulagée de s’être débarrassé de ce mec étrange.
Le présent
Sophia revenait d’une journée qui s’était avéré très agréable. Un temps magnifique, on lui avait offert son café et sa séance photos du jour s’était passée à merveille. Ce soir elle avait prévu de passer une soirée tranquille avec sa colocataire à regarder des films pour filles en se bourrant de pop corn et autres conneries. Rien n’aurait pu la mettre de mauvaise humeur, surtout qu’elle revenait un peu plus tôt que prévu du boulot. Arrivée devant sa porte, elle passa un certain temps avant de remettre la main sur ses clés. Trente secondes plus tard elle les brandit, victorieuse. Elle déverrouilla sa porte et entra d’un air décidé. Elle la claqua et posa son sac par terre, enleva ses chaussures et se mit à hurler. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement parce qu’un homme qu’elle n’avait jamais vu venait d’apparaitre devant ses yeux dans son appartement. Il portait un sweat à capuche qu’il avait rabattu sur sa tête et une veste en cuir. Elle doutait fortement qu’il soit une conquête de sa colocataire, surtout qu’elle ne l’aurait pas laissé seul dans chez-elles. Son cri s’arrêta assez rapidement et elle se contenta de le regarder d’un air méfiant, cherchant si elle avait un objet contendant duquel elle pourrait se saisir pour l’assommer. « Mademoiselle Bucker ? Sophia Bucker ? Agent special Fuller, de la NSA. » Son cœur rata un battement, il connaissait son nom ? Comment savait-il qui elle était ? Elle s’ordonna de se calmer, elle était apparu dans quelques journaux pour son travail de photographe de mode, ce devait être pour ça. Il ne pouvait pas vraiment être un agent de la NSA ? Que ficheraient-ils chez-elle ? « Vous êtes la seule personne susceptible de nous aider à éventer ce qui pourrait bien être la plus grosse conspiration américaine depuis Nixon. » Plus il parlait, moins tout ce qu’il disait n’avait de sens. « Votre vie s’en trouve cependant menacée, et vous n’êtes plus en sécurité ici. Vous allez devoir m’accompagner. J’ai préparé un sac avec vos vêtements, et je vous ai fait un sandwich. » Il tenait son sac de sport de la main gauche. Elle était partagé entre fuir à toutes jambes en espérant qu’il ne la retienne pas et rire sans pouvoir s’arrêter tellement la situation était loufoque. Il lui avait même préparé à manger ? Il déconnait là ? « Je ne peux malheureusement pas vous laisser prévenir qui que ce soit, pour ne pas compromettre votre sécurité. Avez-vous remarqué s’il quelqu’un vous suit depuis quelques temps ? Des évènements qui vont ont semblés bizarres ? » Non sans déconner, elle ne pouvait appeler personne. Quelle surprise ! « Bon ça suffit les conneries. Je ne sais pas qui vous êtes, mais c’est fini maintenant le délire ! Vous allez quitter bien gentiment mon appartement ou vous allez le regretter. » Elle faisait du Ju-Jitsu depuis des années et elle n’hésiterait pas à aller chercher la police. « Quand à la réponse à votre question. » Elle marqua une pause. « Je pense que l’évènement le plus bizarre est qu’un homme inconnu à l’esprit dérangé s’est invité dans mon salon pour me raconter de la merde et pourrir une parfaite journée. » Elle montra la porte d’entrée. « Maintenant cassez-vous. »
Dernière édition par Sophia R. Bucker le Mer 24 Fév 2016 - 23:59, édité 1 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: Agent Spécial Fullershit (ft Buckette!) Jeu 29 Oct 2015 - 16:45
Pendant une fraction de seconde, j’ai envie de jouer au chien battu. De me laisser rembarrer, la queue entre les jambes, sur un petit « ah, ok alors… aurevoir », et de partir. Juste d’imaginer le caractère complètement ridicule de ce petit échange fait ma journée! Ça, et l’imaginer en train de m’imaginer en train de renifler ses sous-vêtements.
Mais je suis un tenace. Même si elle avait du répondant, ma petite Bimbo Buckette aux crocs acérés, j’allais pas me laisser démonter aussi facilement. Ma stratégie était simple – allez suffisamment profond dans le n’importe quoi pour devenir crédible, et l’embarquer dans le trip.
" Je comprends votre réaction. Je ne vais pas vous forcer à quoi que ce soit. À partir de maintenant, il va se passer deux choses. Soit vous attendez trois minutes, et deux ex-collègues à moi vont débarquer dans un jolie suburban noir et vont vous embarquer, en toute civilité, vers là où vous ne verrez plus jamais la lumière du jour. Soit vous venez avec moi, et vous me donnez quinze minutes dans l’endroit de votre choix pour que je vous explique ce qui passe. Si vous croyez encore que je dis de la merde après ça, je ne vous retiendrai pas."
C’était même pas un bluff, en fait. Rosa et Georges, deux potes de la LSD-Z déguisés spécialement pour l’occasion en bona fide men in black des services secrets, arrivaient en ce moment même au volant d’un suburban noir que nous avions volé il y a deux jours, en banlieue. Je regardais par la fenêtre, derrière Sophia, pour lui laisser savoir qu’il se passait quelque chose dans son entrée.
Vous voyez comme je savais m’investir dans une relation ? Imaginez les feux d’artifice de la première date.
Je luis tendis la main, en ajoutant des accents de supplication dans ma voix, alors que Rosa et George débarquaient de la voiture et faisaient semblant de dire quelques mots dans la manche de leur veston.
" Les voilà. Quinze minutes, dans l’endroit de votre choix. C’est tout ce que je vous demande, Sophia. Ne les laissez pas gagner sans combattre. Vous seule pouvez faire une différence… "
Je n’avais pas beaucoup de marge de manœuvre sur ce pitch, et je le savais. Ce n’était jamais simple de nos jours, de convaincre quelqu’un de sauter dans le vide. Surtout sans hallucinogène. Du coup, j’avais préparé un plan B si jamais elle décidait de m’envoyer paître, moi et les sandwichs maisons que je venais de préparer avec tant d’amour. Infiniment moins excitant bien entendu, mais toujours mieux qu’une soirée lambda.
Je demeurai silencieux, la main toujours tendue, le regard emplit d’espoir alors que Rosa sonnait à la porte.
« Mademoiselle Bucker ? FBI. Ouvrez la porte s’il vous plaît. »
" Quinze petites minutes, Sophia… Mais vous devez choisir maintenant…"
Invité
Invité
Sujet: Re: Agent Spécial Fullershit (ft Buckette!) Sam 31 Oct 2015 - 0:15
Sophia & Tom
Un million de pensées se bousculaient dans l’esprit de Sophia à cet instant précis. Les plus récurrentes étaient comment est-il entré ici ? et est-il entré dans mon appartement par hasard ou me suit-il depuis des semaines voir des mois ?. Ce mec lui foutait les jetons avec ses paroles de tarés et elle n’aspirait qu’à une chose, le voir partir. De toute manière, elle avait déjà décidé de ce qu’elle ferait s’il ne se décidait pas à quitter les lieux. Un plan simple, elle lui enverrait un coup de pied dans les couilles, l’assommerait puis appellerait les flics. Tout est sous contrôle Bucky, tout va bien se passer. L’homme ne partait pourtant pas, au contraire il décida de continuer dans son délire. « Je comprends votre réaction. Je ne vais pas vous forcer à quoi que ce soit. À partir de maintenant, il va se passer deux choses. Soit vous attendez trois minutes, et deux ex-collègues à moi vont débarquer dans un jolie suburban noir et vont vous embarquer, en toute civilité, vers là où vous ne verrez plus jamais la lumière du jour. » Il déconnait là ? Comme si elle allait le croire. Il me prend pour une conne ou quoi ? Voyant ses yeux s’attarder sur la fenêtre derrière elle, elle se risqua quand même à un coup d’œil pendant qu’il lui énonçait sa seconde option. Les yeux ronds, la photographe vit un suburban noir se garer en bas de chez-elle. Coïncidence ? Un homme et une femme à l’air sérieux venaient d’en sortir et ils se dirigeaient vers son immeuble. Que lui avait-il dit déjà ? Qu’ils iraient jusqu’à l’enfermer ? Pourquoi elle ? Etait-ce lié à son passé ? Non vraiment elle ne comprenait rien à ce qui se passait et ce mec étrange continuait à insister sur le caractère d’urgence de la situation. Si c’était une farce, elle était parfaitement construite. Qui, mais qui irait jusqu’à de tels extrêmes pour se moquer d’une parfaite inconnue ? Ah moins qu’il n’ait prévu de la violer ou pire… mais dans ce cas pourquoi ce délire sur une conspiration ? Quelle conspiration ? Elle ne connaissait personne de si important. « Les voilà. Quinze minutes, dans l’endroit de votre choix. C’est tout ce que je vous demande, Sophia. Ne les laissez pas gagner sans combattre. Vous seule pouvez faire une différence… » La main tendu vers elle, l’homme continuait d’insister de plus en plus suppliant. Les mains de la belle tremblaient et elle se rendit compte qu’elle était morte de peur, mais pas pour les mêmes raisons que plus tôt. Non, cette histoire paraissait dingue, mais elle se rendait compte qu’elle y croyait. Les bruits dans l’entrée se faisaient entendre et elle avait bien vu ces deux agents entrer dans son immeuble. Ce ne pouvait pas être une coïncidence, alors elle fit quelque chose qu’elle n’aurait jamais pensé faire, elle mit sa main dans la sienne. « Je… Je ne comprends rien à ce qui se passe. Mon instinct premier me fait dire que vous êtes juste un taré psychopathe et pourtant… Je refuse d’imaginer que je suis spéciale, que je peux faire une différence dans une conspiration à grande échelle ou je ne sais quelle connerie mais… » Elle ferma ses yeux un instant, le temps d’inspirer et d’expirer lentement pour retrouver son calme. « Mademoiselle Bucker ? FBI. Ouvrez la porte s’il vous plaît » La panique reprit le dessus à nouveau. « Quinze petites minutes, Sophia… Mais vous devez choisir maintenant… » et puis merde ! Sa main se serra autour de la sienne et elle plaça son regard dans le sien dans un effort désespéré pour voir s’il lui mentait ou non. « Je vous suis. » mais dans quelle merde je me suis encore fourrée ?
Buckette venait de décider de suivre le lapin blanc, contre toute attente. Je me sentais comme ce type étrange qui avait sauté de la plateforme Redbull, d’en dehors de l’atmosphère. Une réelle euphorie à l’univers des possibilités qui s’ouvrait à nous, maintenant qu’il y avait concrètement un ‘nous’.
Je devais cependant continuer de jouer mon rôle, et sourire de toutes mes dents ne le faisait absolument pas. Je serrai donc sa main dans la mienne, fermant les yeux et poussant un faux soupir de soulagement.
" Thank God... Merci, Sophia. Merci infiniment. Suivez-moi. Nous n’avons plus beaucoup de temps. "
Je l’entraînai derrière moi, sans brutalité, mais avec fermeté et diligence, jusqu’à une fenêtre du salon qui donnait sur la cour arrière de la maison. Fenêtre que j’avais préalablement ouverte. Je l’aidai à la traverser, avant de l’y suivre.
Nous pouvions entendre Rosa et Georges, qui insistaient pour qu’on leur ouvre la porte de devant.
" Nous allons traverser jusqu’à la rue d’en face, puis prendre sur la droite. Il y aura un petit café, le Hometown, à 400 mètres. "
Je luis tendis un billet de 20$
" Commandez ce que vous voulez. J’irai prendre une table, et vous pourrez venir me rejoindre. Et nous pourrons discuter, dans un lieu public. Quinze minutes, pas plus. Ils vous identifieront par les caméras de surveillance, et seront sur place vingt minutes après votre arrivée. Si ce que j’ai à vous dire ne vous plais pas, vous n’aurez qu’à demeurer bien docilement sur votre chaise, et tout se terminera. Littéralement. "
« Nous allons défoncer la porte, Mademoislle Bucker! »
Je prenais un gros risque, bien sûr. De se retrouver dans la normalité d’un café, avec des gens normaux, à boire des cafés normaux, risquait de tout foutre en l’air. En même temps, j’espérais avoir réussi à suffisamment la troubler pour qu’elle regarde cette « normalité » avec méfiance. Que la bizarrerie l’ait suffisamment affecté pour qu’elle croit que le seul chemin qui lui permette de retourner du bon côté du miroir impliquait d’aller au bout de l’histoire que j’avais à lui offrir.
Une histoire de complots et de liberté.
Une histoire de vie
One story to bring them all and in the darkness bind them.