Sujet: A taste for a waste ~ ft. Alvira Raichland Lun 25 Jan 2016 - 1:24
Reach out – Touch faith !
~ A taste for a waste ~
18h. Le détective raccrocha son téléphone souriant intérieurement. Finalement, après ces quelques jours où il s’était soigneusement adonné à d’autres tâches sans perdre son objectif de vue, elle avait appelé. Alvira Raichland, celle qui a eu le malheur de croiser son chemin et éveiller sa curiosité pour finalement se réfugier derrière de vulgaires mécanismes de défense. Aujourd’hui, elle serait amenée à changer et il n’en était que ravi. Dans quel sens irait son esprit ? Allait-il se briser ou bien résister et s’imposer telle une muraille ? Tant de suspens et d’imprévus qui, une fois n’est pas coutume, rendait la soirée délectable d’avance. Ils s’étaient donné rendez-vous dans une rue relativement bien fréquentée de la ville afin de parler affaire dans une demi-heure, profitant de l’emploi du temps relativement flexible de ce dernier. Tout ce qu’il fallait à son jeu de carte se mettait en place, et il avait bien plus d’un As dans sa poche. Fixant attentivement sa fenêtre, il hocha calmement la tête et ferma les volets, s’apprêtant à sortir sur le champ. Le retard était détestable, aussi il n’aimait pas faire attendre les gens.
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La voilà qui se dirigeait vers le lieu du rendez-vous, exactement comme cela avait été prédit. La rue était vide de sens, chacun ne se préoccupant que de lui. C’était à en avoir la nausée. Calmement caché dans les ténèbres d’une ruelle perpendiculaire, il inspira profondément et ouvrit le flacon qu’il gardait si soigneusement dans sa poche, avant d’en verser une quantité abondante sur un chiffon. Trois secondes, c’est le temps qu’il passa à contempler le pouvoir qu’il avait entre ses mains couvertes de gant. Dire qu’il ne fallut pas moins de cinq secondes, lorsque l’indienne passa devant la ruelle, pour que cette dernière se fasse happer par la silhouette, tombant dans un sommeil lourd. Bien sûr, personne dans la rue bondée ne prêta attention à cet évènement – les gens de cette ville était extrêmement prévisibles.
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18h45. Combien de retard pouvait-elle avoir ? Ce n’était que quinze minutes mais Ulysse faisait déjà mine de s’inquiéter, adosser à la petite table pour deux qu’il avait pris sur la terrasse d’un bar. Le téléphone de l’indienne sonnait sourd et il ne pouvait que s’empêcher de ne pas exploser de rire, sentant le succès de son entreprise. Son objectif unique était de s’inquiéter, de faire mine que rien n’allait bien. Jurant bruyamment, il décida de pousser le bouchon jusqu’au bout, demandant à un inconnu au niveau du bar s’il pouvait appeler la jeune femme afin de voir si le problème ne venait pas du fait qu’elle l’ignorait ou que le téléphone du détective ne fonctionnait pas. Bien sûr, celui lui avait valu d’être dévisagé mais finalement, l’homme en face de lui céda à sa requête et appela ce numéro qu’il ne connaissait pas. Aucune réponse, seul le répondeur qui avait déjà accueilli les appels du brun. Soupirant lourdement, ce dernier le remercia platement, proposant même de lui offrir un verre en guise de gratitude, puis se résolu à s’asseoir et attendre encore un quart d’heure, ce dont il informa avec un grand sourire son pseudo-sauveur. Cette partie de la manche commençait à bien se dérouler.
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Le plus compliqué avait été fait. Il s’était débarrassé du sac de la jeune femme en le lançant vulgairement dans une poubelle, papiers compris, prenant seulement la peine d’enlever la batterie de son téléphone. Par la suite, il avait vidé les poches de cette dernière et arraché tous ses bijoux ainsi que ses chaussures, la rendant seulement propriétaire de ses vêtements qu’il s’était gardé de profaner. Il avait le droit, certes, mais ce n’était pas nécessaire – il ne voulait pas qu’il le juge, combien même il savait que ce ne serait pas le cas de façon explicite. Trainer le corps dans la bouche d’égouts jusqu’à l’objectif s’était avéré bien plus compliqué qu’il ne l’avait pensé, l’obligeait à s’arrêter régulièrement pour reprendre son souffle. La garce s’était bien gardée de faire un régime dernièrement, et il avait promis de ne pas trop l’abîmer – couper un morceau pour la rendre plus légère était donc hors de question. De toute façon, si les choses prenaient la bonne direction, elle serait bientôt sa petite sœur. Il n’avait pas envie de la blesser plus que nécessaire. Comment serait-elle appelée si elle choisissait le bon chemin ? Le jeune homme se le demandait au fond de lui, mais il restait concentré sur son objectif. Faire tout comme cela avait été indiqué.
L’anachorète, car tel était son nom, était fatigué de la solitude. La nouvelle d’une potentielle petite sœur l’avait donc enchanté comme tout, le motivant plus que nécessaire à tout faire pour le mieux. Il avait même proposé quelques idées, c’était dire à quel point il pouvait être investi quand il le voulait. Toujours péniblement, il traina le corps en dehors des souterrains de la ville et se cacha rapidement avec dans les buissons, évitant ainsi d’attirer le regard des rares passants potentiels. Le lieu était presque atteint.
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19h. Assis devant son bureau, Ulysse se délectait. Tout ce qu’il se passait était directement transmis sur la tablette qu’il feignait posséder – l’Anachorète et Alvira était arrivé au sein de la maison de retraite, se faufilant par la fenêtre de la chambre qu’il avait laissée tantôt ouverte, et la refermant silencieusement avant que le tour du soir des infirmières ne commence. Tout se passait comme prévu. Dans une demi-heure, soi-disant torturé par un mauvais pressentiment, il se rendrait à la police pour signaler la disparition de la brune. Bien sûr, son scénario était suffisamment ficeler pour savoir qu’il se ferait rejeter avec violence – il y était tout sauf apprécié, et il aurait au mieux le rire gras de ces quelques agents qui iraient admettre qu’il s’était juste fait poser un lapin et qu’il devait mieux s’y prendre avec les femmes. Qu’étaient-ils tous rustres… Quoi qu’il en soit, c’était le jeu qui finirait de prouver son innocence dans cette affaire. Un léger sourire marqua ses lèvres à l’idée de ce qui allait se jouer bientôt.
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Une fois dans la chambre du vieillard qui était son objectif terminal, Justin – plus personne ne l’appelait par ce prénom à part Ulysse – enleva les deux chaussettes de ce dernier, libérant les pieds atrophiés de celui qui ne pouvait plus marcher. Roulant chacune en boule, il en plaça une dans la bouche de la détective et l’autre dans celle de la jeune fille âgée d’une vingtaine d’année qui gisait, inconsciente sur le sol, et qui n’était autre que la quatrième des protagonistes de la pièce de théâtre qui se préparait à être jouée. Une fois le bâillon mis en place, l’Anachorète procéda à la suite de sa quête divine, ligotant la malodorante chaussette dans la bouche des victimes avec de la bande adhésive. Quel goût pouvait avoir la sueur absorbée par le tissu de ce vieil homme paralysé et changé la veille seulement ? Une question qui resterait sans réponse pour le moment. Se penchant sur les deux femmes endormies sur le sol, le blond usa de nouveau de son flacon de chloroforme sur la deuxième, s’assurant qu’elle dormirait plus longtemps que sa petite sœur. Ensuite, il lia fortement les mains des deux femmes dans leur dos avec la même bande adhésive. Leurs pieds suivirent le même sort avant que la plus jeune ne soit jetée vulgairement dans le placard de la chambre, tandis qu’Alvira y fit placée soigneusement en position assise, de sorte à pouvoir voir ce qui allait se passer – il avait même pris le soin de scotché son front à l’armoire afin que sa tête reste dans la bonne position et, bien sûr, d’entre-ouvrir l’armoire assez pour qu’elle puisse voir le lit du vieillard qui dormait et suffisamment peu pour que cela paraisse naturel. Vérifiant que l’indienne dormait encore fermement, il enfila le masque de clown triste – il en voulait un avec un sourire mais il n’en avait pas trouvé – et se cacha dans les toilettes, levant son pouce devant la caméra pour signaler que tout était bon.
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Sujet: Re: A taste for a waste ~ ft. Alvira Raichland Sam 30 Jan 2016 - 0:39
L’Indienne déposa son téléphone après avoir vérifié une dernière fois qu’elle avait bien raccroché. Elle poussa un soupir et cala son dos contre le dossier de sa chaise en fixant le plafond pendant quelques secondes. Elle était fatiguée et les traits tirés qu’elle affichait ainsi que les cernes qu’elle avait essayé dé cacher avec du maquillage n’arrangeait rien. Lorsqu’elle était arrivée ce matin on lui avait dit qu’elle affichait une mine radieuse, mais lorsqu’elle se regardait dans un miroir elle avait plutôt l’impression de voir un zombie. Sur les nerfs depuis quelques temps, elle avait l’impression que ce début d’année ne démarrait comme elle l’aurait voulu et s’empirait à mesure qu’elle avançait, il était inutile de préciser que la brunette en avait déjà marre et n’avait qu’une seule envie, celle de rentrer chez elle se cacher sous sa couette et ne parler à personne. Lorsqu’elle sortait du boulot c’était ça en général, elle ne faisait rien en particulier si ce n’était se rendre à la salle de sport ou passer à la Fondation pour ne pas qu’on la prenne pour une no life ou pire, pour une personne en pleine déprime. Ce qui n’était pas le cas, du moins pas selon elle. La technique du jour avait été de passer un maximum de temps au bureau en traînant même sur les dossiers qu’elle devait regarder, pour ne pas qu’elle se retrouve à devoir rentrer chez elle trop tôt. Elle avait donné rendez-vous à un détective qu’elle avait rencontré lors de sa dernière visite au parc. Parfaitement professionnelle le rendez-vous, elle allait en avoir besoin pour l’une des affaires sur laquelle travaillait le cabinet de Noah. Elle était plutôt fière d’elle sur ce coup, c’était elle qui avait pris l’initiative de proposer à Noah cette idée et les choses étant plutôt bien faites, elle n’avait même pas eu besoin de chercher pendant très longtemps un détective qui accepterait de travailler pour le cabinet.
La jeune apprentie récupéra le dossier dont elle allait se servir et le rangea soigneusement dans son sac, tout en s’assurant de ne pas oublier son portable ou quoi que ce soit d’autre. Elle n’avait aucune envie de devoir revenir au bureau une fois qu’elle aurait mis fin à son rendez-vous, comptant terminer sa journée sur cette rencontre. La Raichand ayant déjà en tête le trajet qu’elle allait devoir emprunter pour arriver au point de rendez-vous, décida d’y aller à pied, ne voyant pas bien l’intérêt de prendre sa voiture pour seulement quelques mètres. Et quand bien même elle allait mettre plus de temps qu’à l’accoutumée à arriver, Alvira sentait qu’elle avait besoin de décompresser de cette journée et c’était sa façon à elle de le faire pendant qu’elle était au boulot. Malgré l’heure qu’il était, les rues étaient encore bondées et elle demander pardon plus d’une fois entre les gens qui gênaient la circulation et ceux qui prenaient le temps de vivre en contemplant le paysage qu’offrait la ville. Ils n’avaient trouvé ni un meilleur jour, ni un meilleur moment que celui-là pour examiner les bâtisses et à peu près tout ce qui se trouvait autour. Elle regrettait presque de ne pas avoir pris sa voiture, elle n’aurait pas pu profiter de l’air frais mais de toute façon avec toutes ces personnes présentes elle ne pouvait pas profiter de grand-chose. Un énième soupire, un énième embouteillage humain et un énième juron qu’elle poussa doucement en hindi pour ne pas qu’on la remarque. Elle n’était déjà pas dans son pays, il ne lui manquait plus qu’elle se crée des ennuies ici. Lorsque la personne devant elle se décida enfin à lui dégager le passage, elle poussa un soupire de soulagement allant même jusque provoquer un petit sourire chez l’Indienne. Les secondes qui suivirent passèrent très rapidement, de sorte que l’avocate n’eut même pas le temps de réagir, ni même de pousser un son ou de bien comprendre ce qui était en train de se passer. Elle sentit juste une force supérieure à la sienne prendre possession de son corps physiquement et puis… plus rien.
Le noir, la douleur dans ses articulations, l’impression que quelqu’un s’amusait à jouer avec ses neurones tellement son crâne lui faisait mal… La jeune Indienne ne savait pas ce qui se passait et pourtant elle avait comme ce pressentiment que quelque chose n’allait pas. Avec difficulté, la brunette ouvra les yeux en essayant d’adapter sa vue à la luminosité de là où elle se trouvait. Elle essaya de bouger la tête ne serait-ce que pour faire un mouvement, mais se retrouva vite bloqué dans son élan à cause de quelque chose qui la retenait. Fronçant les sourcils, d’instinct elle commença à bouger tout son corps pour voir ce qui se passait et sentit que ses pieds, comme ses mains étaient attachés. La panique prenant possession de son corps, elle se mit à bouger encore plus pour essayer de se détacher mais s’arrêta lorsqu’elle sentit un goût étrange dans sa bouche. Elle poussa violemment un cri – du moins ce qui semblait ressembler à un cri d’après elle – et intensifia ses mouvements pour que quelque chose se produise. Sans qu’elle ne puisse le contrôler, sa respiration commença à s’accélérer et des larmes coulèrent le long de ses joues, curieux mélange de peur, d’incompréhension et même d’un peu de colère. Elle ferma les yeux quelques secondes et essaya de pousser le tissu dégueulasse qui se trouvait dans sa bouche à l’aide de sa langue, mais se rendit bien vite compte que cela ne servait à rien à part à amplifier un peu plus le niveau de ses pleurs. A cause de ses larmes qui lui avaient embuées la vue, elle n’arrivait même pas à discerner clairement les formes qu’elle pouvait voir grâce à l’entrebâillement de la porte. La première chose qui lui passa par la tête à ce moment-là était qu’elle n’allait pas s’en sortir et que toutes les mauvaises actions qu’elle avait commises jusque-là avaient finis par la rattraper. Le karma apparemment. Fermant les yeux en essayant de contrôler sa respiration et de se calmer par la même occasion, elle se mit à prier intérieurement, demandant à tous les saints et à toutes les divinités qu’elle connaissait de lui venir en aide.
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Sujet: Re: A taste for a waste ~ ft. Alvira Raichland Dim 31 Jan 2016 - 19:55
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~ A taste for a waste ~
20h30. Il ne se passait plus rien de particulier, seulement l’attente – le calme avant la tempête – et cela arrangeait énormément le détective. Tout s’était passé comme il avait prévu sur l’heure précédente, jusqu’au détail près. Certains humains étaient décidément trop simplets, trop… prévisibles et, pour une fois, il n’allait pas s’en plaindre – ils allaient exactement dans le sens qu’il avait prévu et c’était très bien ainsi. Perturber les gens était la passion de sa vie, les voir obliger à réagir à des situations auxquelles ils ne s’attendaient pas – c’était d’ailleurs ce qui attendait une certaine avocate enfermée dans un certain placard à l’insu de tous. La première fois qu’il avait essayé de jouer avec elle, elle s’était cachée dans les méandres de ses pensées, aujourd’hui il avait tout organisé pour qu’elle ne puisse plus le faire. Un choc, un trauma, un contexte nouveau qui la sortait de tout ce qu’elle connaissait actuellement ; tellement d’ingrédients associés dans les bonnes proportions pour qu’elle n’ait ni le temps, ni l’occasion, de construire une quelconque défense. Bien sûr, Ulysse n’était pas dupe – les réactions de l’avocate étaient tout de même relativement prévisible vu ce qu’il y avait de prévu – néanmoins il ne pouvait s’empêcher de se délecter des graines que son action planterait.
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L’armoire avait quelque peu bougé, comme si une créature s’approchant de l’apothéose de sa vie s’en rendait compte et essayait, misérable comme un insecte, de se débattre pour espérer ne pas voir la fin. Alvira était exactement comme Ulysse l’avait décrit, l’Anachorète ne pouvait s’empêcher de le penser. Bientôt. Bientôt. Bientôt. C’était le mantra qu’il se répétait en permanence. Bientôt, Ulysse le lui avait annoncé, elle deviendrait sa petite sœur. Bientôt, il ne serait plus seul. Bientôt… Le jeune blond ne perdait pas son objectif de vue, ni ce qu’il devait faire – bien au contraire, ces quelques pensées ne faisaient que le renforcer dans le bien fondé des actions entreprises. La pauvre indienne ne voyait pas qu’elle était prisonnière de la société et que cette dernière ne voulait qu’une chose – la détruire. Elle ignorait être prise dans un filet de toile épaisse et collante, devenait plus obèse chaque jour jusqu’à l’étouffer et la faire devenir comme tant d’autres un objet du système. Ulysse était sûr qu’elle était capable de se libérer de ce filet mais qu’elle s’y prenait mal et Ulysse ne se trompait jamais. Il était seulement nécessaire de lui donner un petit coup de main, d’être la délicate frappe réconfortante sur le dos qui l’aiderait à faire le grand saut, à quitter la falaise et découvrir la beauté de la vie sous-marine, la sienne. Bientôt. Les mouvements dans l’armoire s’étaient calmés et le silence s’était imposé de nouveau dans la chambre, entrecoupé seulement de la respiration saccadée du vieillard.
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20h45. Justin n’allait pas tarder à passer à l’action, ou plutôt, l’action n’allait pas tarder à venir jusqu’à Justin. Du dernier rapport qu’il avait obtenu, le détective savait que tout se passait bien pour le moment. Justin. Ce cher Justin – un fantôme, personne oubliée de la société qui avait accepté de le rayer bien plus vite qu’il ne le fallait. Il était rare pour le brun de s’interposer dans les actes des gens, mais cette exception-là avait été l’une des meilleures de sa vie. Au bord de l’overdose, fatigué, amaigri, couvert d’ecchymoses et avec les cernes marqués – c’était ainsi qu’il l’avait croisé la première fois, gisant sous un pont à attendre la mort venir. A dix-neuf ans, ce garçon était dans un état tellement déplorable que, n’importe qui passant, se serait contenté d’appeler une ambulance pour qu’un médecin puisse conclure à un décès. Il n’y avait rien de bon, rien de concret, sinon des os sur de la peau, une aiguille à moitié enfoncée dans le bras et ce regard tellement… vide. C’était les yeux bleu du garçon qui avait attiré l’attention d’Ulysse et, une fois qu’il s’était retrouvé devant lui, il devait se faire une raison – au pire, il était libre de l’achever. Deux ans étaient passés depuis ce jour-là. Deux longues années où il a fait admettre de façon anonyme Justin dans un refuge pour jeunes en difficulté après l’avoir faire reprendre des forces et sevré en héroïne dans les secrets de son appartement. Il n’y avait plus de foi, plus de dieu, ni même plus de point de repère pour ce jeune garçon – lui faire ouvrir les yeux et lui montrer que, s’il avait fini comme il avait fini, c’était uniquement à cause d’une société qui refusait de le comprendre car trop perdue dans son propre paradigme… Oui. L’Anachorète était sa plus belle création. Une âme égarée, ayant perdue toute volonté de vivre, qu’il avait formatée à son image. Devait-il lui arriver quelque chose, Justin aurait repris la suite de ses actions. Avait-il besoin de quelqu’un pour faire quelques tâches ingrates que Justin était là – alors que la ville entière ou presque ignorait son existence et ses relations avec le détective.
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Des pas résonnèrent dans le couloir, sourds et réguliers comme les oscillations d’une horloge à battant. Le spectacle allait enfin commencer. Inspirant profondément, Justin attrapa le pied de biche qu’il avait pris soin d’amener avec lui lorsqu’il avait apporté la plus jeune des deux femmes. Bientôt. Calmement, la porte de la chambre fut ouverte et les pas se rapprochèrent plus encore. L’infirmière de nuit faisant son tour était arrivée et, comme chaque soir depuis quelques mois déjà, elle s’arrêta froidement devant le lit du vieillard, le dévisageant ouvertement. Elle était seule de nuit pour la maison de retraite, comme ces dernières étaient calmes en général, et elle ne comptait s’en priver. Enlevant l’une de ses chaussures, elle frappa le vieil homme sans défense de toutes ses forces. Une fois de plus. Et encore. Et un coup de plus. Hanche. Bassin. Torse. Chacune des parties qui étaient couvertes par des habits le jour y passaient, laissant la rage de cette dernière se libérer, sa souffrance se libérer. Un coup de plus. Encore un. Et un de plus. Elle ignorait totalement les grognements de protestation maigre du vieillard et continuait de lui asséner coup sur coup, se délectant dans sa psychose des hématomes qui commençaient à apparaître. Et un coup de plus. Et un de plus. Encore un. Jusqu’à combien pouvait-elle le frapper ? Autant qu’elle voulait, personne ne s’en rendrait compte si elle le faisait basculer du lit et signalait une chute sans gravité par la suite. Un coup de plus. Un de… Elle s’arrêta net dans son mouvement. L’armoire venait de bouger. Justin hocha la tête, faisant signe à la caméra qu’il y avait une potentielle complication. Bien sûr, Ulysse avait déjà prévu cette éventualité.
Sans la moindre hésitation, l’Anachorète sorti des toilettes et frappa une unique fois, de façon presque chirurgicale, le crâne de l’infirmière, laissant son coup résonner de façon creuse dans la nuit. Elle était là, inconsciente, à ses pieds. Il fallait continuer. L’alternative B venait d’être enclenchée par ce petit mouvement, mais le plan restait pareil. Tirant la chaise du petit bureau dans la chambre, il y installa l’infirmière inconsciente avant de la ligoter à l’aide de ce même scotch qui avait déjà fait deux victimes dans l’armoire. Après quoi, il se dirigea vers le vieillard et le déshabilla intégralement sans perturber le sommeil du dément plus que cela n’avait été fait. L’intégralité des sévices qu’il avait subis de dessinait sur son corps, le rendant semblable à une carte géographique d’ecchymoses. A le vouloir réellement, il était possible d’extrapoler des voyages internes, de chercher quel point serait le plus douloureux à appuyer pour le voir se tordre de douleur… Non. Il ne devait pas s’égarer. A l’instar de ce qu’il avait fait à l’indienne, il enfonça le sous-vêtement du vieillard dans la gueule de la garce d’infirmière et lui attacha la bouche avec la bande magique. Voilà qui la calmerait.
Laissant le pauvre vieil homme gire dénudé dans le lit, l’Anachorète vêtu de son masque se dirigea vers l’armoire pour établit sa propre pièce de théâtre. Il passa sa main sur les cheveux d’Alvira, s’arrêtant au milieu de son geste et détachant brusquement le scotch qui tenait sa tête fixée à l’armoire puis il la tira violemment en dehors de l’armoire, la laissant tomber sur le sol. Il savait qu’elle était réveillée et la blesser lui faisait mal intérieurement, mais c’était pour la bonne cause. Ulysse le lui avait expliqué. « Pauvre conne. » La voix de Justin n’était en rien celle qu’il se connaissait, un dispositif modificateur de voix ayant été intégré au masque. C’était cool il trouvait, presque comme Darth Vader. « Ne t’imagine pas fuir. » Sur ces mots, il se pencha sur le corps de l’indienne et, inspirant profondément, il lui tordit une cheville, puis l’autre. Elle ne pourrait pas bouger, sinon ramper – lui assurant de la rattraper peu importe l’opportunité. Ulysse avait besoin qu’elle soit instable sur ses deux jambes, et la vérité était qu’en trois semaines d’impotence, elle récupérerait intégralement. Ce n’était que deux entorses. Se désintéressant complètement d’Alvira, Justin se dirigea vers l’autre jeune femme – ou était-ce encore une fille ? – et la souleva péniblement. Elle ne respirait plus. Merde. La jetant violemment au sol, il lui asséna un vif coup de pied dans la poitrine. « Réveille-toi connasse. Allez ! Putain tu vas te réveiller sale pute ? » A chaque phrase, un coup de pied de plus, chacun plus fort que le précédent. Aucune réaction. Elle était bien morte. « Tant pis… » Il se tourna brutalement vers la jeune femme encore en vie, ne se souciant guère des mouvements minables qu’elle réalisait. « Elle est morte noyée dans ses propres vomissements. Faut vraiment être conne comme pas possible pour que ça arrive non ? »
Il claqua sa langue deux fois contre son palet puis il se baissa pour être au niveau de sa petite sœur future. « Je vais t’enlever ça pour que tu ne partages pas son sort, ok ? » Il inspira profondément et se rapprocha plus encore, le latex de son masque effleurant le lobe de l’oreille de l’avocate. « Hurle si tu veux, il n’y a que cette infirmière ici cette nuit. Hurle trop fort et tu partagera le sort de ta nouvelle meilleure amie. » Arrachant le scotch autant de la bouche de celle dont le métier était de parler, il se releva brutalement et donna un énorme coup de pied dans la tête de la pauvre jeunette cette fois-ci, laissait résonner un craquement brutal, marque pathognomonique de l’os qu’il venait de fracturer post-mortem. A quelques kilomètres de là, Ulysse jubilait intérieurement du magnifique jeu d’acteur de son protéger. De son objet…
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