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  “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)

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Roy Kapur
Roy Kapur
BAD COP


› MESSAGES : 218
› EMMENAGEMENT LE : 19/09/2015
› AGE : 46
› STATUT CIVIL : MARIÉ - MAIS PAS FIDÈLE ;
› QUARTIER : PALM AVENUE ;
› PROFESSION/ETUDE : PDG CHEZ KAPUR'S JEWELRY INDUSTRY ; CHEF DU CARTEL MEXICAIN CASA.
› HB AWARDS : (2016) PERSONNAGE LE PLUS AGACANT ; PERSONNAGE LE PLUS MECHANT ; PERSONNAGE LE PLUS CONNARD ;
› DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ;
› CELEBRITE : OSCAR ISAAC ;
› COPYRIGHT : ELOW' ;

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MessageSujet: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyDim 4 Oct 2015 - 23:22



“Forgiving does not erase the bitter past.”
Cordelia & Roy



On l'attendait, comme souvent. Trois hommes, sans doute des clients, étaient assis dans la salle d'attende devant le bureau de Roy. De l'étage où ils se trouvaient, ils avaient une vue splendide sur la ville, mais pas seulement. L'horizon dévoilait l'océan qui étincelait sous le soleil brillant. Huntington Beach était un endroit paradisiaque. De quoi émerveiller les clients qui faisaient tout le trajet pour venir trouver Roy. Ils avaient réussi à monter la pente depuis quelques mois, mais ce n'était toujours pas assez. Roy espérait cependant que les nouveaux concepteurs qu'il avait engagés aller donner un peu de fraicheur et d'innovation à leurs bijoux. Les collections Kapur avaient fait fortune en vendant aux plus beaux futurs mariés du pays. Très vite, plusieurs boutiques s'étaient ouvertes dans le monde entier. Pour les grands évènements, tout le monde s'était tourné vers eux, avant que la concurrence ne vienne changer les choses. Les étrangers avaient investi en Inde, changeant le marché du bijou à jamais. Maintenant, le côté traditionnel et luxueux des Kapur continuait de vendre, mais pas assez. Depuis quelques années, Roy faisait de son mieux pour maintenait l'entreprise à flot et il y arrivait assez bien. Il avait assez d'expérience dans le domaine pour gérer les choses. La prochaine sortie d'une collection moins couteuse, mais tout aussi riche, allait, celons les calculs, relancé la marque à une grande échelle. Roy avait étudié le projet depuis quelques mois maintenant et les clients qui attendaient, étaient de potentiels investisseurs assez ravis à l'idée d'entrer dans la partie. Ils venaient tout juste de sortir d'une réunion et Roy s'entretenait en privé avec le plus gros investisseur, qui fournirait l'une des matières premières aux bijoux. Ils ne tardèrent pas à sortir, sourire aux lèvres, se tapotant légèrement le dos comme de vieux amis. Les autres clients se levèrent, visiblement satisfait de la matinée. Roy serra la main de chacun d'eux, les invitants à suivre Anika, l'une de ses secrétaires. Un diner était organisé.

Roy ne faisait pas les choses à moitié. Cela n'avait jamais été son genre. Lorsqu'il se fixait un but, il savait quoi faire pour l'atteindre et rien au monde ne pouvait l'éloigner de son objectif. Laissant les clients s'en allaient, il se tourna vers ses assistants qui l'accompagnèrent vers son bureau. Roy claqua des doigts en direction de Pinky, le sikh qui le suivait partout – et qui portait justement un turban rose sur la tête aujourd'hui. Rapidement, l'Indien fit défiler l'écran sur sa tablette. « - Tu as 45 mins avant la réunion avec les Stevensen pour approuver leur nouveau design. Par contre… » Il leva les yeux vers l'autre assistante, Lee. « - La séance d'entrainement de tir que vous aviez demandé pour 14h a été reporté pour 15h. » Roy s'arrêta. « - Je dois partir à San Francisco, à 15h30. C'est une blague. » Il se tourna vers ses assistants, en colère. « - Vous m'expliquez ? » Comme toujours, c'était Lee qui prit la parole. C'était un trait de caractère qu'il aimait bien chez elle. Peu importe la situation, elle exposait les faits. « - Visiblement, ils ont noté deux personnes au même moment. Et ils vous ont décalé pour éviter tout problème. » Les mains sur les hanches, Roy fit signe à Pinky. « - Donne-moi l'adresse. Oublis le déjeuner, mais je veux qu'on me prépare quelque chose pour que je mange durant le vol. Lee, prépare la voiture. » Sans attendre une seconde de plus, Pinky se retira, téléphone en main alors que Roy suivait Lee dans l'ascenseur.

C'était toute sa vie qui était écrite dans son agenda. Chaque moment était calculé, préparé. Et une fois par mois, il allait au stand de tir s'entrainer. Une fois par mois, à la même heure, le même jour. En début de mois, en début d'après-midi. Il aimait son rythme, il aimait la façon dont les choses étaient organisées. Il refusait qu'on change quoi que ce soit. Il refusait que les choses ne se passent pas comme il le souhait. C'était ce qui était en train d'arriver. Et c'était une mauvaise idée de mettre Roy Kapur en colère. Fermant la veste de son costume, il entra dans sa voiture suivit de son assistante qui s'installa juste à côté de lui. Le chauffeur se mit en route, direction le nouveau stand où Roy s'était inscrit suite à la fermeture de celui où il allait à Los Angeles. Il n'avait beau pas aimer le changement, il était le genre d'homme à trouver des solutions. Du moins, ses assistants avaient fait les recherches à ses places. Et voilà où il en était aujourd'hui. Les bras croisés, il regardait la route alors que Lee s'occupait de ses emails.

Le calme de ces moments-là lui faisait du bien. C'était comme une pause, un break mental entre toutes ses choses auxquelles il devait penser. Il avait d'ailleurs prévenu ses assistants qu'il était interdit de lui adresser la parole en voiture lorsque celle-ci était en route. Il n'avait pas besoin de travailler à chaque minute de sa vie et eux-mêmes le comprennent. Roy n'était pas un tyran. Il n'avait jusqu'ici pas fait le moindre mal, ni à Lee, ni à Pinky. Ses assistants le respectaient et ils n'avaient pas à craindre qu'une toute petite erreur leur fasse perdre leur job. Roy n'était pas si stupide. Lee était essentiel pour lui, tant pour l'entreprise que pour le cartel. Quant à Pinky, il était beaucoup plus intelligent que ce qu'on pouvait croire. Pour l'Indien, tout reposait sur la qualité et le travail fourni. Le reste, ça n'avait pas d'importance.

« - Non, j'y vais seul. » Elle n'avait pas à rajouter quoi que ce soit, laissant Roy sortir. Elle l'attendrait ici, sans poser la moindre question. Lorsqu'il entra, il senti un frisson le parcourir. Quelqu'un lui spécifia automatiquement qu'il n'avait pas à être là, surtout sans rendez-vous et surtout à une heure ou la majorité des gens mangés. Mais Roy était têtu. Il n'allait pas attendre. Sans se soucier de ce qu'il disait l'employé, il chercha le bureau de la propriétaire. « - Quelqu'un ici veut-bien me dire où se trouve l'unique personne à qui je veux parler ?! » Le ton de sa voix était clair. Finalement, une demoiselle apparut, elle expliquant qu'il pouvait la suivre. Enfin quelqu'un qui avait compris que Roy était un problème qu'il fallait régler immédiatement.

Lorsque la porte s'ouvrit, que l'employée s'en alla le laissant seul face au bureau, Roy senti son visage se décomposer. La femme qui se trouvait devant-lui, il l'avait évité. Durant beaucoup d'années. Maintenant, il ne pouvait pas faire marche arrière. Pas après le petit scandale qu'il avait fait plus tôt. Son corps semblait réagir automatiquement à la vue de Delia, comme si depuis toutes ces années, une chose avait manqué. Mais il y avait surtout en lui de la peur. Étrange, vu le travail qu'il faisait. Étrange, parce qu'il n'avait pas peur d'une balle en pleine tête, mais le regard de Delia l'avait hanté et cela semblait ne jamais vouloir s'arrêter. Il était peut-être condamné à croiser son chemin, comme si toute l'histoire de sa vie était concentrée en ce même point. En cette unique personne. Combien d'années s'étaient écoulées depuis la dernière fois ? Depuis le dernier baisé ? Depuis le dernier regard ? « - Un de tes stupide employé à décaler mon rendez-vous, sans prendre la peine de me prévenir. » Grincheux, c'était tout ce qu'il représentait depuis des années. Sans attendre plus longtemps, il s'installa sur une chaise, décidé à affronter Delia, décider à arranger ce petit problème. Il aurait peut-être pu laisser Lee venir arranger les choses, il aurait peut-être dû garder sa fierté dans le placard pour une fois.

« - Si tu peux arranger ça, je m’en irais sur-le-champ. Sinon tu peux t’attendre à ce que je ne bouge pas de cette chaise. » C’était les premiers mots qu’ils s’échangeaient après out ce temps. Pas de politesse, pas d’inquiétude et d’attention particulière. Roy s’échappait, même par la parole. Il contournait ce qu’il pouvait réellement dire, se concentrant sur l’essentiel de sa venue. Il n’avait pas le choix de toute façon. Il devait se protéger de lui-même et de ce qu’il pourrait dire à la jeune femme. C’était la seule façon de ne pas donner d’importance à ses soudaines retrouvailles. La seule façon de ne pas laisser le passé reprendre le dessus.

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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptySam 10 Oct 2015 - 4:13


Roy & Cordelia

Like the stars chase the sun, over the glowing hill, I will conquer. Le choc. Leurs ruptures faisaient partie de leur relation, ils fonctionnaient comme ça, à coup de départs et de retrouvailles, de cris et de retrouvailles aussi passionnées. Chaque fin ne faisait que marquer le début d'un nouveau chapitre entre eux. Parce que c'était comme ça : leur attraction semblait hypnotique, incrustée dans un champ quantique qu'ils ne même pas pouvaient tenter de maîtriser. Pourtant, lui n'avait pas du percevoir les choses de la même façon. Trois ans n'avaient pas réussi à les lui clarifier. Et le meilleur moyen qu'il avait trouvé pour le lui faire comprendre avait été de se réfugier dans les bras de Bianca. Si leur relation était aussi électrique que fiévreuse, jamais ils n'en étaient arrivés là. Jamais en trois années, pourtant bien mouvementées... jusqu'à ce jour-là. Elle avait été blessée là où elle n'avait jamais pensé pouvoir l'être un jour : c'était son palpitant qui avait encaissé le coup. Le déni. Non, ce n'était pas possible. Ils s'étaient mal compris. Peut-être que Bianca avait exagéré les choses, et qu'ils avaient juste partagé un de ses jus de fruits à la con remplis de vitamines, minéraux et autres trucs indispensables à la psychologie de la névrosée qu'elle était. Peut-être que c'était elle qui était en tort, après tout... leur relation avait toujours fonctionné à coups de ruptures brutales. Et ils ne s'étaient jamais promis la Lune, ou aucun autre de ces astres qui faisaient tant rêver la rousse. Il avait le droit d'aller voir ailleurs... Alors, pourquoi cette... rage ? La colère. Il allait le lui payer, ce connard. De toutes les femmes qu'il pouvait avoir, c'était Bianca qu'il avait choisie. Il savait tout d'elle, cet enfoiré. Il connaissait la complexité de la relation qu'elle partageait avec sa jumelle, et pourtant, Bianca avait été la première femme à qui il avait offert toute cette intimité qu'ils avaient partagée pendant trois ans. Il l'avait fait exprès. La tristesse. Elle était seule face à tout ça. Elle ne pouvait pas en parler à Bianca, elle ne voulait pas en parler à Bianca. Elle ne pleurait pas, elle n'y arrivait pas. Elle valait mieux que ça. Mais tout perdait sa saveur. Elle regardait sa vieille amie la Lune avec une amertume qu'elle ne s'était jamais connue. Quelque part, plus loin, elle ne savait trop où, il était sous la même Lune. Et il n'en avait rien à faire d'elle. Il n'avait rien eu à faire de cette relation, quelle qu'elle soit, pendant les trois années qu'elle avait durée. Il n'avait pas plus d'estime pour elle que tous les autres. Encore une fois, on lui avait prouvé que rien n'irait jamais dans son sens. Et que, comme toujours, Bianca en serait la grande gagnante. Peut-être qu'elle devrait s'inscrire à ce projet Mars One, finalement. Rien ne la retenait sur Terre, après tout. Sur Mars, les choses iraient peut-être mieux; elle se trouverait un but, et elle se sentirait appréciée. Elle aurait passé une batterie de sélections qui lui auraient prouvé qu'on avait voulu d'elle pour ses compétences, ses aptitudes et ses capacités. Oh, mais... right. Qui voudrait d'une serveuse sans diplôme sur Mars, hein ? La résignation. Il ne voulait plus d'elle ? Et bien, c'était simple, elle ne voulait plus de lui non plus. Peu importe ce qui avait pu se passer entre eux pendant ces années, s'il avait pu tirer un trait si facilement sur elle, elle arriverait aussi à le faire. Il avait fait son choix avec Bianca, elle faisait le sien. Elle ne voulait plus dans sa vie. Il avait tout brisé. L'acceptation. C'était le bon choix. Sa décision était prise, elle ne voulait plus le voir. Elle le lui avait dit. Tout était terminé. Pour de bon. Ce n'était pas un break, pas une pause, pas une de ces conneries qui donnent encore de l'espoir. Il n'y avait plus d'espoir, il n'y avait plus rien. Eux deux, c'était bel et bien terminé. La reconstruction. Elle allait quitter LA. Elle avait besoin de nouveaux projets. Un peu plus loin de lui, un peu loin de ces souvenirs qu'elle avait de lui, endormi à ses côtés, buvant son café en silence, ou détaillant ses drôles d'étagères remplies de bouquins d'astronophysique. Eux deux, c'était fini.

Dix ans plus tard, Cordelia n'avait pas bougé d'un poil. Ses rides s'étaient accentuées, seules témoins du temps qui était passé. L'inquiétude et la rancœur, constantes, avait marqué ses traits. Oui, elle était propriétaire de l'unique stand de tir de la ville, mais elle n'avait pas bougé d'un iota. La Terre, sa maison, avait fait dix fois le tour de son étoile, mais elle était toujours en perdition. Elle l'avait oublié, Roy. Elle n'avait rien vécu depuis. Il avait été le seul, et il serait probablement le seul. Elle ne se laisserait plus approcher de la sorte; l'expérience lui avait suffi une seule fois, pas besoin de la réitérer, même pour des soucis de statistiques ou de véracité. Dans son bureau, elle s'efforçait de donner un sens à tout ça. Elle s'occupait, et oui, il y avait vraiment de quoi s'occuper. Les formalités administratives étaient si aberrantes qu'il lui arrivait parfois d'éclater de rire toute seule, devant son ordinateur. Spirit, quand elle était là, levait la tête, curieuse, pour savoir quelle mouche avait piqué sa maîtresse. Mais cela ne durait toujours que quelques instants : il y avait les papiers, les chiffres, les comptes, les entrées, les formations, les plannings, le staff, les armes, la sécurité, les offres d'abonnements... et puis ces dettes sous lesquelles elle se noyait, jour après jour, s'attendant presque, un jour prochain, à ouvrir le stand de tir à perte. A trente-cinq ans, elle habitait un petit appartement de jeune actif, dans un quartier de jeunes et d'étudiants, et elle n'était toujours pas propriétaire d'un chez-elle. Elle dépensait son argent dans ses trois priorités : son apparence -ce n'était pas pour rien que ses employés se moquaient de ses talons, de ses tailleurs ajustés et de ses robes élégantes, tous aussi inadaptés dans un stand de tir qu'un boulanger dans un bloc de chirurgie-; Spirit, qu'elle choyait comme un membre de sa famille à part entière; et ce qu'elle considérait comme un petit luxe, ses clopes et ses ouvrages d'astronomie et d'astrophysique. Au boulot, elle perdait pied. Elle tentait de faire au mieux, constamment, mais malgré tous ses efforts, les comptes semblait obstinés à rester dans le négatif. Et elle passait ses journées entre des classeurs désorganisés et des tableurs excel, tentant de trouver un accomplissement dans le fait de commander de nouvelles armes neuves de temps à autres. Sa seule réelle fierté, depuis qu'elle avait repris le stand, était de ne pas y avoir eu d'incident, comme celui qui avait coûté à Edelstein son entreprise familiale. En ce tout début d'après-midi, Delia pestait donc sur des histoires de planning et d'équipes. Quelque chose s'était mal passé aujourd'hui, ce n'était pas la première fois que ça arrivait, mais il fallait dire que trois employés qui se faisaient porter pâle la même journée, c'était assez inédit. Elle reçut un coup de fil de l'accueil. La jeune femme voulait savoir si elle était disponible pour recevoir un client mécontent, qui était parmi leurs plus fidèles, ce à quoi elle répondit par la positive, soufflant rien qu'à l'idée de quitter ses calendriers quelques instants. Il allait falloir qu'elle s'occupe de ses employés. Parmi les trois absents ce jour-là, un l'était plutôt régulièrement, et ce n'était pas tolérable. Il allait encore falloir qu'elle mette en place des démarches de fin de contrat et de recherches d'embauche...

Le regard posé sur son ordinateur, cherchant désespérément quel employé serait assez motivé pour faire quelques heures supplémentaires aujourd'hui, Delia entendit à peine la porte s'ouvrir. C'est le mouvement qui attira son regard. Le menton posé sur sa main, accoudée, l'autre main posée sur sa souris, elle ne bougeait pas. Il n'y avait que ses yeux pour crier son désarroi. Un... un revenant. Non, elle ne lui ferait pas ce plaisir. Il n'était qu'un client comme un autre. Mécontent, mais un client comme un autre. Et elle ne bougeait, son regard posé sur cette homme qu'elle n'avait pas vu depuis dix ans. Il était là, devant elle, en chair et en os. Un revenant. « Un de tes stupides employés a décalé mon rendez-vous, sans prendre la peine de me prévenir » déclara-t-il tout simplement. Elle le regarda s'asseoir, se décidant finalement à s'adosser à son fauteuil pour l'observer avec un aplomb et assurance dont elle ne s'était pourtant pas sentie capable quelques secondes plus tôt. « Trois d'entre eux sont malades, aujourd'hui. On dirait qu'il y a une épidémie, j'espère que tes vaccins sont à jour... » Elle marqua une pause alors que ses lèvres s'étiraient dans un sourire impitoyable. « ... ou pas, d'ailleurs. » Si Ebola avait décidé d'éradiquer la population de cette ville, elle était prête à donner un nom au virus pour le début de sa mission. Elle ne fléchirait pas. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, Delia lui avait hurlé dessus, dépassant toute raison. La dernière fois qu'elle avait vu Roy, Delia avait rompu avec lui, lui demandant, inflexible et cruelle, à ne plus jamais le voir. Jamais. « Si tu peux arranger ça, je m’en irais sur-le-champ. Sinon tu peux t’attendre à ce que je ne bouge pas de cette chaise », attendait-il, ferme. La rousse attrapa un stylo, qu'elle fit tourner entre ses doigts sans quitter des yeux celui qui se tenait en face d'elle. Elle le haïssait. Elle le haïssait, et ce n'était pas juste. Que faisait-il là ? Elle ne le savait à peine capable de tirer avec une arme... Depuis combien de temps venait-il ici ? Depuis combien de temps se croisaient-ils sans le savoir ?

Delia aurait aimé avec Spirit avec elle. Elle lui aurait donné du courage, et peut-être un peu plus d'assurance. Parce que même son sourire empli d'animosité et son regard froid laissait passer tout le message qu'elle voulait faire passer, elle était vulnérable. Elle était fragile, elle était de nouveau cette gamine qui, dix ans plus tôt, avait tiré un trait sur ces relations destructrices qu'étaient celles de l'amour. « Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Tu peux vraiment pas attendre un heure ? C'est pour prouver que tu es le mâle alpha, c'est ça ? » Elle jeta négligemment son stylo sur son bureau. Elle continuait de le fixer sans ciller. Dans son crâne, c'était la panique la plus totale. Il était le même. Il était habillé avec classe, et il dégageait toujours ce drôle de magnétisme fascinant qui l'avait tant attirée. Il lui aurait suffi de sourire pour faire s'écrouler toutes les convictions de Cordelia. Face à lui, elle n'était rien. Même dix ans après, il avait ce pouvoir sur elle. Même dix ans après, le processus d'acceptation n'était pas réellement terminé. Toutes ces terminologies n'étaient que des inepties destinées à vous rassurer, et Delia n'était plus rassurée. Toutes ces idées qu'elle s'était faites, tout ces mécanismes de défense et de reconstruction volaient en des milliers d'éclats irrécupérables. Blood is running deep, some things never sleep... sorrow that you keep.
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Roy Kapur
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyMar 20 Oct 2015 - 12:16



“Forgiving does not erase the bitter past.”
Cordelia & Roy



Parmi les choses que l'homme ne pouvait pas contrôler, il y avait le temps et les sentiments. Les deux choses glissaient entre les doigts de Roy au moment même où il entra dans la pièce de celle qui possédait les lieux. Le temps, d'un côté, se moquait royalement de lui en présentant sous ses yeux une personne qui avait échappé à son regard depuis des années. Les sentiments, par contre, pleuraient une passion oubliée. Il en avait vécu des choses, mais son histoire avec Cordelia avait un parfum amer aujourd'hui. La fin de leurs relations se résumait assez simplement. Il suffisait de penser à une rupture naïve provoquer par leurs sentiments puissants, conduisant son âme à peine blessée vers la seule personne qui pouvait mettre un terme à tout ce qu'ils avaient construit. Oui, Roy avait trouvé confort dans les bras de la sœur de Delia. Il n'avait aucune excuse. Aucune de ses paroles n'aurait la force d'éradiquer cet acte de la pensée de la jeune femme et il le savait. Il avait encore la sensation qu'il avait toujours sue, même lorsque son regard s'était posé sur Bianca ce soir-là. Il l'avait cherché, inconsciemment. Il avait voulu de cette rupture, net et douloureuse. Il avait voulu de cette séparation, mais son âme s'était divisé à ce moment-là. Il y avait une fissure dans ce muscle qui refusait de se refermer. Tout ce qu'ils avaient vécu revenait à lui sans qu'il ne puisse arrêter son cerveau. Il y avait eu de beaux moments dans ce qu'ils avaient partagés. Dans le genre qui faisait rêver ceux qui n'avaient pas connu l'amour. Et puis il y avait les souvenirs qui représentaient tout le contraire. Les disputes, les cris, les malentendus qui se terminaient par des larmes et des lamentations avant de revenir à une paix éphémère. Il ne lui avait jamais rien promis. Mais il avait tout donné de lui-même. Les choses n'avaient aucune valeur, mais son âme oui et il le lui avait offert comme le pauvre qui dépense sa dernière pièce. Et pourquoi au final ? Se retrouver seul dans la rue. C'était mieux ainsi, c'était ce qu'il se disait. C'était toujours mieux ainsi. Il avait pourtant faibli une fois. Il avait regardé sa silhouette à l'autre bout de la rue et avait senti un frisson parcourir tout ce qu'il était. Un pas en avant et il aurait pu lui parler. Un pas en avant qui s'était transformé en une chute lorsque sa vie avait décidé de prendre une tournure catastrophique. La mort de Diego avait dévié ses pensées pour Cordelia vers la vie qu'il menait aujourd'hui. Jusqu'à ce que le temps ranime les sentiments et que Roy se retrouve devant celle qui avait un jour gouverné ses journées.

Trois ans, c'était le temps qu'il avait passé à ses côtés. Ce n'était rien comparé au vide qui existait entré aujourd'hui et la dernière fois qu'ils étaient l'un en face de l'autre. Dix années. C'était comme si quelqu'un avait décidé que c'était la date idéale pour des retrouvailles. Est-ce que cela changerait les choses ? Il ne savait pas. Il n'en avait pas la moindre idée car ce qui avait toujours caractérisé leur lien c'était l'imprévisibilité. Un orage allait éclater et ça par contre, il pouvait le sentir. Des nuages se formaient et son regard prit un aspect plus difficile encore. Roy était connu pour être un patron difficile. Un homme caractériel, qui aimait le contrôle. Il avait un œil sur tout, camouflant lui-même ses traces. Son monde était devenu complexe, il ne se résumait plus à un ring de boxe. Il ne menait plus une double vie entre le monde de son père et le monde de la rue. Il était lui-même deux personnes différentes et il en avait conscience. Les choses avaient changé, sa vie avait pris une tournure inattendue. C'était mieux ainsi. C'était mieux pour Delia de ne plus faire partie de ce monde si abstrait. Il espérait qu'elle avait fini par l'oublier, qu'elle l'avait rangé dans une case d'homme sans cœur et méprisable. C'était ce qu'il était, finalement. Peut-être pas complètement à l'époque, mais aujourd'hui il n'y avait aucun doute sur ce dont il était capable.
Il entra aussi légèrement qu'un fantôme qui traversait un mur. Une seconde avait suffi pour qu'il comprenne à qui il avait à faire. Finalement, le fantôme ce n'était pas lui. C'était eux et leur histoire commune. Dans son costume de créateur, il avait l'air d'un autre homme. Il n'avait pas ce visage blessé, dû aux combats. Son regard dévia rapidement de l'espace à Delia elle-même alors qu'elle prit la parole à son tour. Une épidémie, visiblement, avait rendu inactif trois de ses employés. « - De nos jours, les gens diraient n'importe quoi pour éviter d'aller travailler. » Une brève pause, le temps de baisser les yeux et de se concentrer sur une de ses manches. « - Surtout quand le patron n'est pas des plus aimables. » Ses yeux fixaient toujours le bouton en or qui ornait sa manche. Il donnait l'impression de chercher un défaut là où il n'y en avait pas. Il se souvenait parfaitement des dernières paroles de la jeune femme. Des derniers mots qu'elle lui avait donnés en guise d'adieu. Ne plus jamais le revoir. Jamais. Et il était là aujourd'hui, comme l'effronté d'autrefois. Il allait faire vite, tant qu'elle réglait le problème qui était le sien. C'était son travail après tout. Cela changeait de son job de serveuse. À moins qu'elle ne lui serve la solution sur un plateau d'argent. Les yeux de nouveau sur Delia, il attendait. Il était très simple dans sa façon de faire. Il n'avait pas le temps de jongler et de jouer les clients désespérés. Il n'avait pas le temps de regarder ce visage qu'il avait aimé. Il avait le regret de se dire qu'elle n'avait pas changé. Qu'elle avait toujours ce même regard qui l'avait séduit. Ce n'était pas une situation pour faire ce genre de réflexion. Ce n'était tellement pas le moment de penser à cette ancienne intimité. « - Je croyais que tu ne voulais plus jamais me revoir. Tu aurais changé d'avis ? » Son regard avait suivi le stylo qu'elle avait abandonné sur son bureau. Elle paraissait forte, sans doute animé par la rancune qui s'était réveillé en elle. Les années avaient passé, oui, mais aujourd'hui étaient aussi palpables qu'hier. Roy pouvait le ressentir et il savait qu'elle le ressentait aussi. « - Tu comptes faire quelque chose pour régler cette situation où ton travail consiste-t-il à négliger tes clients et à te tourner les pouces ? » Il croisa les bras, lançant un coup d'œil visible à l'ordinateur de Delia. Il était là pour une raison précise : son rendez-vous. Rendez-vous reportait par un abruti. « - Je t'ai connu plus serviable que ça. »

C'était lui. C'était Roy. Il avait beau être le même, physiquement, la noirceur de ses paroles était bel et bien le reflet d'une âme complètement différente, défiguré par le temps et les sentiments. Il n'était pas là pour se faire pardonner. Il n'était pas venu parce qu'il voulait changer les choses entre eux. Leur histoire appartenait à un passé révolu. Il était là parce qu'un problème le forçait à se présenter de nouveau à sa porte. Maintenant, il devait laisser de côté tout ce qu'il aurait aimé dire à l'époque, parce que cela n'en valait pas la peine. Il n'y avait sans doute pas de seconde chance pour eux et Roy le savait. C'était trop tard. Alors forcément, Roy agissait comme si plus rien n'existait entre eux. Comme si aucune relation n'était née, qu'aucun amour n'avait été partagé. Il ne pouvait pas prétendre qu'elle était une inconnue pour autant, parce que c'était ridicule. Il n'avait pas le temps pour l'ignorer et faire comme si elle n'existait pas. Il avait le choix d'agir de telle ou telle façon et il avait choisi une carte spéciale. Celle où agissait comme avec n'importe qui. Peu importe qui elle était et ce qu'elle représentait pour lui. Peu importe la peine qu'il avait ressentie et la colère qui résidait toujours en lui. Peu importe les mots qui voulaient sortir de sa bouche. Pour l'instant, il voulait garder une certaine distance. Il voulait s'éloigner le plus possible des conflits, même si la tension était déjà palpable. Ils étaient peut-être voués à se retrouver, à se cogner l'un à l'autre. Delia était peut-être l'amour de sa vie, elle était peut-être la seule et l'unique. Et même si c'était le cas, qu'est-ce que ça changeait ? Il était marié. Et ce mariage, même s'il était loin d'être désiré, ne pouvait se briser au risque de déverser sur lui une autre tempête qui pourrait bien l'anéantir à jamais. Roy ne voulait pas réfléchir à tout ça. Il ne voulait pas passer les prochaines heures de sa vie à imaginer ce que sa vie aurait été si la mort de Diego ne l'avait pas détruit de cette façon et s'il n'avait pas baissé les bras pour Delia. Il ne voulait pas. C'était mieux ainsi. Il devait se le répéter, continuellement, sinon son cœur n'arriverait jamais à supporter la situation dans laquelle il était actuellement.

« - 14h, pas 15h. Toujours 14h et je ne veux pas que ça change. Est-ce que c'est possible ? » Sa voix était très neutre, mais on pouvait comprendre qu'il restait tout de même impatient. Son vol était à 15h30 et il ne voulait pas perdre une séance de tir. Il ne venait qu'une fois par mois et il ne pouvait pas changer ça étant donné son travail. Il ne pouvait pas tout décaler à cause d'un stupide changement lié à un de ses employés. Sa vie était organisée à la seconde près. C'était une manie chez lui. Il devait tout contrôler. Le moindre changement modifiait tout, bousculant ses plans comme un domino. Chose qu'il ne supportait pas. « - J'espère que ton professionnalisme ne sera pas influencé par la rancune que tu me voues. Nous savons tous les deux que tu es plus maline que ça, n'est-ce pas ? » Il faisait clairement allusion à Bianca, qu'il voyait encore. Au fait qu'il avait passé une nuit avec elle, après une de leurs fraîches ruptures. Oui, il lui parlait de la pire trahison qu'un homme puisse faire à une femme. Ce qui était étonnant, c'était que Roy continuait de voir Bianca. De partager des moments forts avec elle. Avec le temps, ils avaient vécu des choses qui avaient permis à Roy de garder la tête haute durant des instants difficiles. A chaque fois qu'il était à ses côtés, il se sentait soudainement apaisé.

Il jeta un coup d'œil à sa montre, signe significatif. Il ne voulait pas rester ici toute la journée, mais pas pure provocation il se sentait capable de beaucoup quitte à s'imposer et annuler tout ce qu'il devait faire malgré les répercussions. Roy était du genre à suivre son instinct. À faire ce qu'il avait à faire pour montrer qui il était et pourquoi il fallait suivre ses directives. Après toutes ses années à jongler entre l'entreprise de son père et le cartel, il avait développé une chose : la fierté.


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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyMar 20 Oct 2015 - 20:09



Plus de dix ans. Cela faisait plus de dix ans qu'elle ne l'avait pas vu. Elle avait pensé à tout ce qu'elle aurait du lui dire lorsqu'ils s'étaient séparé, tout ce qu'elle aurait pu faire différemment, toute cette rage qu'elle aurait pu canaliser pour faire passer un message plus clair dans son intention de ne plus jamais le revoir. Elle avait pensé à ce qu'il devenait, s'il était toujours le même, s'il s'était remis avec quelqu'un, s'il l'avait oubliée. Elle avait pensé avec mélancolie à ce qu'ils avaient partagé pendant plus de trois ans, presque quatre. A trente-cinq ans, Cordelia n'avait vécu qu'un réel amour, et ça avait été Roy. Pour lui, elle aurait tout fait. Elle aurait abandonné ses rêves, comme elle l'avait fait pour Bianca; elle aurait quitté Huntington Beach, la Californie et sa sœur. S'il lui avait demandé, elle aurait traversé le monde, elle aurait commis des crimes, elle aurait enterré des cadavres et brûlé des preuves. A ses côtés, la raison n'avait plus aucune valeur, et il était le seul à lui faire ressentir des choses assez fortes pour lui donner envie d'abandonner jusqu'à sa jumelle. Elle l'avait aimé comme elle n'avait jamais aimé aucun homme avant, et elle l'avait aimé comme elle n'avait jamais plus aimé après lui. Il avait été le seul à lui faire ressentir de telles choses, violentes, volcaniques. Leur relation n'avait jamais été de tout repos, mais elle avait été belle. Elle avait été démentielle, majestueuse dans tout ce qui l'avait caractérisée. Et pourtant, tout cela ne lui avait pas suffi. Il l'avait touchée là où la douleur était la plus intense, et elle n'arrivait pas à concevoir qu'il ne l'avait pas fait exprès. Ils se connaissaient par cœur, dans les pires douleurs, leurs plus grandes envies et leurs plus grandes faiblesses. Et pourtant, il l'avait brisée.

Et à présent, dix ans plus tard, il lui faisait face, comme si rien ne s'était passé. Ou presque. Elle l'avait oublié, elle était passée à autre chose. En dix ans, de l'eau était passée sous les ponts. Et elle allait lui faire comprendre comment elle fonctionnait avec les clients mécontents. Elle dirigeait un stand de tir, for God's sake, pas une halte-garderie. Et les adultes, normalement, étaient censés être capable de compromis. S'il ne le comprenait pas, ce ne serait pas de sa faute.  « De nos jours, les gens diraient n'importe quoi pour éviter d'aller travailler », sembla-t-il d'abord compatir avant de... « Surtout quand le patron n'est pas des plus aimables. » Ironiquement, Cordelia sourit. « Tu te bases sur quoi pour critiquer l'amabilité du patron ? » Lui qui voulait éviter de faire entrer le personnel dans cette affaire entre un patron et un client... « L'amabilité des clients ? » Parce que ce serait justifié. Elle en avait croisé, des connards, durant sa carrière. Des cons qui trouvaient que leur bière n'arrivait pas assez vite dans leur main, des cons qui critiquaient l'hygiène des chiottes, des cons qui trouvaient leur café un peu trop froid, un peu trop chaud, pas assez sucré ou trop écrémé. Et puis, depuis qu'elle avait repris cette affaire qu'était le stand de tir, elle avait fait la connaissance de ces cons, beaucoup plus agressifs qui, malheureusement pour elle, étaient plutôt du genre à griller de la viande sur une arme à feu et à taper du poing sur la table -ou quoi ou qui ce soit d'autre- si les choses n'allaient pas dans le sens exact qu'ils désiraient. Roy semblait tout prêt à rentrer dans cette catégorie. Elle ne se pliait pas aux moindres désirs de ses clients -si c'était le cas, nul doute qu'ils amèneraient leur belle-mère pour jouer le rôle de la cible en papier habituel, et il n'en était pas question. « Je croyais que tu ne voulais plus jamais me revoir. Tu aurais changé d'avis ? » demanda-t-il abruptement, comme pour continuer de la provoquer. Mais des deux protagonistes, ce n'était pas elle la mal élevée. « C'est toi qui es venu dans mon bureau... » remarqua-t-elle en arquant un sourcil. Si elle avait pu se tenir loin de lui jusqu'au Big Crunch, ça l'aurait vraiment arrangée. Il aurait pourtant pu relever bon nombre d'indices qui auraient pu lui mettre la puce à l'oreille : son nom était écrit sur la porte du bureau, par exemple. Même si c'était son employé qui l'avait ouverte pour le laisser passer, il était le plus à même des deux de deviner qui s'était trouvé de l'autre côté de cette porte. Pour elle, avant qu'elle ne réalise qu'il s'agissait de Roy, cette porte allait s'ouvrir sur un client comme un autre. Ils allaient régler ça à l'amiable, trouver un compromis, et s'il n'arrivait pas à avoir sa séance aujourd'hui, elle lui aurait offert une ou deux heures de forfait -de toute façon, avec son stand au bord de la faillite, qu'est-ce que cela pourrait bien lui faire ? Mais en aucun cas elle ne mettrait en péril la sécurité d'autrui, même celle de Roy -pas pour ses beaux yeux, mais parce qu'elle ne pouvait pas se permettre un incident ou des problèmes légaux. « Pourtant, j'avais été clair. C'est toi qui en fait qu'à ta tête, comme d'habitude », dit-elle en soupirant, réalisant doucement qu'ils n'étaient pas prêts de sortir de l'impasse dans laquelle ils se trouvaient. « Tu comptes faire quelque chose pour régler cette situation où ton travail consiste-t-il à négliger tes clients et à te tourner les pouces ? » Elle allait rester calme. Rester calme, tout à fait. Et ses sourcils qui se fronçaient n'étaient en aucun cas un quelconque signe de rage. Il était le seul qui avait réussi, dix ans auparavant, à la faire perdre son vocabulaire. Et il était en passe de réussir à nouveau. « Et bah, j'espère que c'est pas comme ça tu fais valoir tes droits partout où tu vas. Je suppose que ton dentiste t'aurait déjà planté un foret dans un globe oculaire. » En tout cas, elle, ce n'était pas l'envie qui lui en manquait. « Je t'ai connue plus serviable que ça. » Il regardait son ordinateur. Son tableur infini et emberlificoté qui donnerait le tournis à monsieur Excel lui-même. « Je t'ai connu plus aimable que ça. Comme quoi... » rit-elle jaune. Il était le même, mais dix ans s'étaient écoulé. A présent, il la haïssait autant qu'elle le haïssait. C'était légitime. Entre eux, tout avait toujours été décuplé : l'amour, le chagrin, la colère, la violence, la vengeance... et à présent, la haine. Elle était tout ce qui leur restait. Il semblait y avoir en lui, à présent, une rage qu'elle ne lui avait pourtant jamais connue. Peut-être portée par cette haine qu'il éprouvait à son sujet, d'ailleurs. Elle ne voulait pas le savoir. Mais il allait falloir qu'ils trouvent une solution, tous les deux. Plus vite ce serait le cas, plus vite ils seraient débarrassés l'un de l'autre, et c'était tout ce qu'ils cherchaient, non ? « 14h, pas 15h. Toujours 14h et je ne veux pas que ça change. Est-ce que c'est possible ? » insistait-il avec ce ton neutre qu'il étudiait depuis le début. « Non. Qu'ils soient malades ou morts ou qu'ils détestent leur boss, mes employés sont pas là. » Et elle ne voulait pas d'emmerdes avec la justice comme en avait eu Edelstein avant elle. Elle suivait ses conseils, elle faisait les choses bien. Bien entendu, si elle le voulait vraiment, elle pouvait toujours descendre elle-même pour surveiller les lieux auprès de Roy, ou vérifier qu'aucun employé n'est en train de se tourner les pouces en attendant des tireurs qui n'auraient pas réservé de séance. Puisque ces derniers étaient souvent plus nombreux, la plupart des employés chargés de la sécurité des lieux leur était propre. A une heure pareille, par contre, ils n'avaient sans doute rien de mieux à faire que de manger. Sauf qu'elle n'était pas forcément sûre de vouloir les déranger pour... Roy. « J'espère que ton professionnalisme ne sera pas influencé par la rancune que tu me voues. Nous savons tous les deux que tu es plus maline que ça, n'est-ce pas ? » Il venait de toucher dans le mille. Elle se redressa sur son fauteuil sans le quitter des yeux, s'accoudant à la table, avec un petit sourire narquois. « Ta politesse l'a pourtant été, influencée par cette rancune. » Parce qu'elle ne s'y trompait pas : il était comme ça parce que c'était elle. Ce genre de réactions ne sortait pas de nulle part. « Je sais pas si mon incompétence pourra t'aider, et mes employés me détestent donc pour t'aider... ça va être compliqué. D'autant que j'ai bien envie de me tourner les pouces. » Son ton était sarcastique, froid, grave. Elle reporta son attention sur son écran et attrapa la souris. « Ouais, j'ai jamais essayé, mais il doit bien y avoir un solitaire, ici... » Elle se satisfaisait, cruellement, de ce qu'elle faisait subir à Roy. Il voulait quitter le bureau au moins autant qu'elle voulait le voir quitter le bureau. Mais elle ne voulait pas lui donner raison. Elle ne voulait pas fléchir. C'était tout ce qui avait fait ces tempêtes qui avaient animé leur relation : leur besoin commun d'avoir le dernier mot, d'avoir gain de cause, d'avoir la part belle de l'histoire. Et d'habitude, ça se réglait d'une façon qui ne pourrait plus être employée à présent. Elle voulait le voir forcé à s'excuser. S'il tenait tellement à son horaire, alors, qu'il vienne le chercher. Du coin de l’œil, elle le vit regarder le cadran de sa montre. Elle, elle ne trouvait pas son solitaire. Et puis, le vieux pc, qui marchait sous une version obsolète de windows, commençait à ramer très sérieusement. Il faisait le bruit d'une fusée Saturn, et il montrait toute la médiocrité dans laquelle baignait encore Cordelia. Mais elle était plus forte que ça. Elle restait fière, avec sa robe hors de prix, ses talons cachés sous le bureau, et sa coupe de cheveux parfaitement maîtrisée. Mais en un coup d'oeil, la rousse avait repéré autre chose à la main de son seul amour. Et une boule venait de se former dans sa gorge. Elle ne le montrerait pas, non, elle ne le montrerait pas. Elle était plus forte que ça. Elle l'avait toujours été, et ça ne changerait pas. Ces choses-là, celles qui font le bonheur de tout un chacun, n'étaient pas faites pour elle. Elle n'était pas faite pour le bonheur, c'était trop simple. « Au fait, sympa, l'alliance. Même si elle te va pas au teint. » Au teint, à la tête, au cœur... Cette alliance ne lui allait pas. Elle n'était pas lui. Elle n'était pas le Roy qu'elle avait connu et aimé de tout son être.

Mais de qui se moquait-elle ? Bien sûr que non, elle ne l'avait pas oublié.
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Roy Kapur
Roy Kapur
BAD COP


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› STATUT CIVIL : MARIÉ - MAIS PAS FIDÈLE ;
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› HB AWARDS : (2016) PERSONNAGE LE PLUS AGACANT ; PERSONNAGE LE PLUS MECHANT ; PERSONNAGE LE PLUS CONNARD ;
› DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ;
› CELEBRITE : OSCAR ISAAC ;
› COPYRIGHT : ELOW' ;

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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyMer 25 Nov 2015 - 14:15



“Forgiving does not erase the bitter past.”
Cordelia & Roy



Pour un homme qui semblait avoir son propre destin au creux de sa main, il semblait bien malheureux. En dix ans, il n'avait pas une seule fois envisagé que l'impossible pourrait arriver. Que Cordelia referait une apparition. Elle ne l'avait sans doute pas souhaité, tout comme lui. Ces retrouvailles étaient bel et bien le hasard le plus total, la beauté de l'imprévisible dans toute sa splendeur. Si Roy le pouvait, il aurait quitté la pièce où il affrontait son passé aussi rapidement qu'il avait tourné le dos à la vie elle-même. C'était plus facile à dire qu'à faire, il le savait. Il ne pouvait pas tout simplement fuir dès qu'un visage le touchait en plein cœur. Surtout quand ce visage appartenait à Cordelia. Il avait tout de même du mal à croire ce qui était en train de se produire. Les choses étaient aussi réelles qu'absurdes. Pendant une seconde, il aurait aimé rire et croire que tout ceci n'était qu'un rêve du matin qui ne demandait qu'à s'évaporer, mais son esprit n'était pas du genre à le faire souffrir. Son esprit était plutôt du genre à laisser tout ce qui pouvait le heurter dans le coin le plus reculé de son esprit. Il jugeait que retourner le passé dans tous les sens n'avait aucun but, si ce n'était de faire resurgir de la peine. Comme un robot, il s'était habitué à avancer sans se retourner, convaincu que seul l'avenir en valait la peine. Cela fonctionnait bien, parce qu'il n'avait plus rien à perdre. Il n'avait rien à offrir à la vie, alors la vie ne lui offrait plus rien. C'était suffisant. C'était mieux que d'entendre constamment la voix de Cordelia dans sa tête, brisant tout ce qu'ils avaient construit à deux parce que Roy l'avait cherché. Parce que Roy voulait qu'elle s'éloigne de lui autant qu'il voulait s'éloigner d'elle. Et la solution à ce besoin, il l'avait trouvé en Bianca. Un acte impardonnable, il le savait très bien. Et il l'avait accepté, avec autant de peine que d'amour. C'était la seule solution, la seule. Il ne faisait jamais de rétrospective sur sa vie, mais s'il devait faire le tri, il savait très bien que Cordelia avait évité le pire avec lui. Qu'elle avait eu beaucoup plus sans lui qu'elle n'aurait jamais eu avec lui.

Il luttait. Il luttait pour ne pas laisser les souvenirs lui éclatait aux visages, impuissant. Il y avait eu tellement de beauté dans leur histoire. Tellement de sentiment, de passion. Tellement de besoin d'être ensemble, de ne pas se quitter. Ils se retrouvaient toujours comme s'il n'avait jamais été ensemble. Les situations semblaient parfois démesurées, mais finissaient par retrouver une réalité qui leur été propre. Ils avaient atteint ce stade où le secret était devenu secondaire et où l'être aimé était aussi lisible que l'eau la plus net du monde. Roy avait toujours su lire les regards de Cordelia, il avait toujours su ce que ses expressions voulaient dire et il en était de même pour la jeune femme. Personne ne connaissait Roy mieux qu'elle. Mais aujourd'hui, Delia allait se rendre compte que l'homme qu'elle avait connu n'était plus là. Qu'il s'était échappé dans un monde à part, laissant sa place à une douleur vivante.

« - Non, je me base sur le travail fourni par ses employés. » Il ne baissait pas les yeux, prêt à défier Cordelia en duel si cela était nécessaire. Il était comme il était et le compromis n'était abordable que lorsqu'un contrat était signé. En dehors, il se fichait pas mal du reste. Lorsque les conditions étaient posées, il fallait les suivre et les accepter. Dans ce cas présent, l'heure de ses rendez-vous mensuels n'avait pas à être changé. Cordelia allait devoir faire quelque chose, au risque de mettre en colère quelqu'un qui avait le pouvoir de l'anéantir plus encore qu'il ne l'avait déjà fait. Il continuait d'être surpris par la situation, par le fait qu'elle travaille ici et par le fait qu'ils auraient pu se croiser bien avant. Il continuait de se dire que tout ça finirait aussi rapidement que cela avait commencé, mais plus Delia prendrait le temps de lui répondre, plus Roy savait qu'il ne bougerait pas de sa chaise.

« - Il ne tient qu'à toi de régler le plus rapidement mon problème et je serais dehors. » Il aurait dû faire plus attention. Demander le nom et le prénom du gérant, faire attention aux indices qu'il avait eus sous les yeux, mais non. Voilà longtemps que Roy avait à sa disposition des gens qui faisaient les choses à sa place. Et que la mort était devenue une solution de choix face à un obstacle. Néanmoins, il n'avait pas de temps à perdre en belle et parole et conversation lente et sans avenir. Il lui fallait une réponse et une solution tout de suite. Quitte à ce qu'il frappe du poing le bureau sans valeur de Cordelia, elle allait devoir se plier à sa volonté. Voilà des années que Roy n'était pas n'importe qui. Des années que Roy se savait capable du pire et que beaucoup savaient qu'il n'était pas nécessaire de le contredire. Sans attendre plus longtemps, il reformula sa demande observant naturellement Cordelia qui devait lutter sans doute pour rester calme. Ils savaient comment mettre l'autre en colère. Mieux que personne, ils avaient sans doute battu des records solos. Il releva son regard face à sa réponse, un peu trop coloré à son goût, mais ne rajouta rien avant de lui envoyer une nouvelle pique aux visages. Oui, il l'avait connu plus serviable que ça.

Il allait perdre patiente. Bien qu'il gardait son calme, il ne put s'empêcher de demander de nouveau à ce que son rendez-vous ne change pas. Il n'aimait pas perdre son temps et clairement, il perdait de précieuses minutes en face d'une femme qui un jour avait réussi à lui faire perdre la notion du temps. Evidemment, Cordelia refusa de nouveau ce qui arracha un rire nerveux à Roy. Il refusait de rater le seul moment du mois où il pouvait s'exercer. Il le refusait. Il reprit légèrement son calme, serrant les poings. « - J'ai réservé bien avant qui que ce soit, alors c'est ton autre client qui devrait être décalé à 15h et non moi. Et c'est ton stand, pas celui de tes employés, alors tu peux faire le changement et ne me dit pas le contraire, Delia ! » Il se fichait royalement des problèmes qu'elle pourrait avoir, tant qu'il était satisfait. Il se fichait pas mal de la justice, lui qui avait décidé d'être un hors-la-loi. Cordelia allait avoir du mal à le convaincre que c'était impossible, qu'elle ne pouvait rien faire. Alors forcément, Roy en rajoute. D'une fois grave, il rajoute qu'elle était plus maligne que ça. Qu'elle pouvait faire un effort, même pour lui. Il savait que c'était leur histoire qui l'empêchait de faire les choses « normalement ». Elle se redressa, un sourire qu'il aurait aimé lui faire avaler.

« - Tu es si drôle... » Il lui offrit un sourire à son tour, un sourire au fond de menace et de colère. Elle ne voulait pas le satisfaire, elle ne voulait pas lui donner ce qu'il voulait. Elle préférait ne rien faire plutôt que de l'aider, parce qu'elle ne voyait pas le client, elle ne voyait que lui. L'espèce de salaud qui lui avait brisé le cœur il y a dix ans. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir le dernier mot. De vouloir être celle qui commande et dirige. Alors qu'il regarda sa montre, son attention se porta sur l'ordinateur de la jeune femme. Clairement, cet endroit avait besoin d'un coup de neuf. La voix de Cordelia brisa le silence alors et Roy observa son alliance. Est-ce que le fait d'être marié avait la moindre importance pour lui ? Non. Mais cela touchait Cordelia, il pouvait le sentir. Comme si le frisson qui la parcourait à ce moment-là, le parcourait lui aussi.

« - Ma vie privée ne te regarde pas, mais je vais traduire ta remarque par « félicitation ». Alors merci. Maintenant, si nous pouvons revenir à l'essentiel, sache que je te donne deux options. » Il avait pris cet air sérieux qu'il donnait à tous ses employés. Cet air qui pouvait annoncer un orage désastreux. « - Soit tu réponds à mes attentes tout de suite et je ne te poserais plus aucun problème. » Le regard plongé dans celui de la jeune femme, il rajouta. « - Soit je m'en vais insatisfait et je te ruine par la même occasion. » Il se leva, comme pour rajouter un peu de pression à la situation, il en profita pour fermer sa veste à un bouton. « - À toi de choisir. » Roy ne plaisantait pas. Il était sérieux. Il en était capable.

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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyMer 25 Nov 2015 - 23:59


Cordelia était une femme posée. On la détestait rarement, on l'appréciait souvent. Elle était de ces personnes qui sourient aux inconnus dans la rue, juste parce que ça rendait sa journée un peu plus belle. Avec Bianca, elle avait longtemps celle des deux qui restait en retrait, calme, à l'écoute, apaisée. En s'affirmant, elle avait appris à faire de ce trait de caractère une force, et aujourd'hui, il était le seul duquel on pouvait dire qu'elle était meilleure que sa sœur. Pourtant, il ne fallait pas voir là une preuve quelconque de faiblesse. Cela faisait bien longtemps qu'elle avait dépassé ce stade. Elle n'était plus celle qui se taisait, restait passive et effrayée, arrangeante à outrance. Elle refusait de tenir une seule seconde le rôle de martyr. Avec les années, elle avait appris à s'affirmer, même si ça devait malencontreusement créer quelques dommages collatéraux. Elle s'était tue trop longtemps pour laisser passer ces moments où on essayait de faire d'elle une moins que rien. Elle en était une, elle le savait; mais le meilleur moyen de vivre dans cette situation était de prétendre que tout ce qu'elle savait au plus profond d'elle n'était qu'un mensonge, un mirage dont elle pouvait se débarrasser en en affirmant l'exact opposé. Pourtant, il fallait l'admettre... Cordelia ne perdait pas souvent le contrôle de ses actes. Elle avait toujours réfléchi à ce qu'elle faisait. Même si elle était spontanée, elle était avant tout une cérébrale. Il n'y avait que eu de situations qui pouvait la faire sortir de ses gonds au point de perdre toute maîtrise de ses paroles ou de ses actes. L'une de ces situations se tenait assise de l'autre côté de son bureau. Roy avait été son plus bon rêve, mais il était maintenant son pire cauchemar. Une chose était sûre : il ne la laissait pas indifférente. Elle qui avait prétendu l'inverse pendant plus de dix ans s'en rendait à présent compte : elle ne lui serait jamais indifférente. Elle l'avait trop aimé pour ça. Et il l'avait blessée trop fort pour ça. Le temps ne pourrait rien faire contre ces traces indélébiles ; les blessures superficielles s'étaient refermées en d'immondes cicatrices, qui feraient toujours mal lorsqu'on les triturerait. Alors, depuis dix ans, Delia n'y avait pas touché. Elle avait prétendu que Roy n'était qu'un homme parmi d'autres, ou, encore mieux, qu'elle n'avait pas besoin d'un homme pour trouver un sens à sa vie. Pourtant, elle n'avait pas changé. Face à cet homme-là, elle serait probablement toujours la même. Et elle sentait déjà la rage lui monter aux joues, et Roy ne faisait rien pour arranger les choses. « Non, je me base sur le travail fourni par ses employés. », répondit-il aussi froidement qu'elle. « Tu fais un raccourci assez simpliste, mais ça te correspond bien. » Il n'était déjà plus question d'échanger quelques banalités. Il avait toujours eu le don de la pousser au fond de ses retranchements en un temps record, et il avait encore clairement cet effet sur sa maîtrise d'elle-même. Ils étaient bien loin des bonnes intentions et d'un quelconque professionnalisme. Pourtant, ses remarques cinglantes ne la faisaient pas perdre son assurance. Elle ne détournait pas le regard. Lui non plus, d'ailleurs. Ils se fixaient tous les deux, les sourcils froncés, comme deux animaux sauvages prêts à défendre leurs territoires jusqu'à la mort. D'ailleurs, un documentaire animalier aurait sans doute pu être tourné à cet instant précis. Les messages qu'ils avaient à se transmettre après toutes ces années passaient probablement encore mieux par le regard que par les mots. Ils savaient tous les deux ce qu'ils avaient vécu, mais aussi ce qui y avait mis fin. Ils savaient que ce créneau horaire n'était pas qu'un vulgaire créneau horaire. Si les choses avaient été aussi simples, elles auraient probablement déjà été résolues. Pourtant, entre le choc des retrouvailles et l'envie irrépressible de se venger de ce qu'il lui avait fait par tous les moyens possibles, Delia demeurait plutôt silencieuse. Elle ne pouvait pas le laisser partir comme ça; elle n'en avait pas très envie non plus d'ailleurs. Mais elle ne savait pas trop ce qu'elle voulait non plus. Ils n'étaient plus censés se revoir. Plus du tout. Jusqu'à quelques minutes plus tôt encore, il appartenait au passé. Il n'était qu'un beau souvenir parsemé d'amertume et de colère. Et tout s'était réveillé d'un coup. « Il ne tient qu'à toi de régler le plus rapidement mon problème et je serai dehors. » Il insistait. Sauf qu'elle n'était pas dupe. Même si le client est roi, elle ne voulait pas lui donner raison. Elle aimait croire qu'elle lui offrait les mêmes alternatives qu'elle aurait offertes à n'importe quel autre client. Les mêmes, saupoudrées d'une animosité bel et bien concrète. « C'est ce que j'essaie de faire. Le problème vient pas de moi. » Peu à peu, elle perdait patience. Et plus elle perdait patience, moins elle vouloir le voir s'en tirer facilement de cette situation. « J'ai réservé bien avant qui que ce soit, alors c'est ton autre client qui devrait être décalé à 15h et non moi. Et c'est ton stand, pas celui de tes employés, alors tu peux faire le changement et ne me dit pas le contraire, Delia ! » Elle le fusilla du regard. Les apparences, merveilleux miroir de ce qui se passait dans sa tête, commençaient aussi à s'effriter. « Je suis vraiment désolée que ta mère t'ait bercé trop près du mur quand t'étais petit. Je vais t'expliquer une dernière fois. » Elle inspira, arquant un sourcil à la limite de la condescendance. « Il n'y a pas assez d'employés à cette heure-ci. C'est un client qui a déjà été confronté à ce problème. Lui a eu l'amabilité de s'en accommoder la première fois. Ça s'appelle la courtoisie, mais bon, c'est trop tard pour que t'apprennes les bonnes manières. » Son regard s'était durci. Elle en venait à justifier des évidences, juste pour lui prouver qu'il avait tort.

Mais il ne semblait pas comprendre. Et une chose était sûre : Cordelia ne lui accorderait jamais son créneau comme il l'entendait. « Le monde n'est pas constamment à ton service. Il tourne pas constamment autour de toi », siffla-t-elle d'un ton glacial. Et elle joua à son petit jeu. Elle pouvait être bien acerbe et sarcastique, elle aussi. Mais il la connaissait par cœur. Encore maintenant. Et ça lui faisait mal, si mal... car il la connaissait au point de connaître chacun de ses points faibles. Jamais personne n'avait pu se vanter d'un tel exploit auprès d'elle. Et la seule personne à qui elle s'était vraiment confiée au cours de sa misérable vie lui prouvait une nouvelle fois que ça avait été une erreur monumentale. « Tu es si drôle... » Il était railleur, moqueur. Il était persuadé de réussir à avoir le dernier mot. Mais jusqu'à preuve du contraire, elle avait l'avantage. L'avantage du temps. Bientôt, la question du créneau ne se poserait même plus, et elle aurait gagné. « Merci. C'est indiqué dans mon CV, d'ailleurs », répliqua-t-elle, pince-sans-rire. Elle le voyait, son regard. Il avait atteint ses limites, lui aussi. Ça allait péter, elle le savait. Mais elle n'avait jamais cédé face à lui, et lui non plus. A l'époque, ce genre de querelles finissait par de l'angry sex. Chacun s'abandonnait à l'autre, et tout était terminé. Dans la situation présente, les choses pouvaient donc durer un bon moment...

Qu'était-il devenu, lui ? Elle l'avait vue, son alliance. Elle ne pouvait pas prétendre qu'elle s'en moquait. Il n'avait jamais été question de mariage, entre eux. Leur relation tout entière était basée sur une incertitude propre à leur indécision constante et à leur envie commune de liberté. Quelle femme avait pu lui donner cette envie de mariage ? Pas elle, en tout cas. Et elle constatait, malgré la douleur aiguë que cela provoquait dans son petit cœur atrophié, que le temps avait passé. Et si ces quelques années n'avaient pas changé grand chose pour Delia, Roy, de son côté, semblait ne plus être le même. Il la haïssait. Ce qu'il se passait entre eux n'avait plus rien à voir avec de la passion. Il la méprisait. Et se détestait elle-même d'y être si sensible. « Ma vie privée ne te regarde pas, mais je vais traduire ta remarque par « félicitations ». Alors merci. Maintenant, si nous pouvons revenir à l'essentiel, sache que je te donne deux options. » Son regard avait bel et bien quitté son vieil écran d'ordinateur. Elle eut un sourire dédaigneux. « Tu traduis vraiment mal, donc tu peux garder tes remerciements. » Elle soupira. « J'espère qu'elle au courant que tu te tapes aussi sa sœur. Ou sa mère. » Elle ne chercha pas à connaître la réponse de Roy, et attrapa à nouveau sa souris d'ordinateur pour chercher son jeu de solitaire. « Soit tu réponds à mes attentes tout de suite et je ne te poserais plus aucun problème », exposait-il. « Soit je m'en vais insatisfait et je te ruine par la même occasion. » Son regard bleuté se dirigea à nouveau vers Roy, qui se leva avec cette élégance dont il était capable. Elle resta de marbre quelques secondes, avant d'exploser de rire. « Ah non, mais t'es sérieux ? J'ai pas peur de toi. » Elle abandonna sa souris une nouvelle fois et se leva elle aussi, alors que ses doigts maintenaient le contact avec le bois de son vieux bureau. « Si tu commences à me menacer, ça va très mal se passer. » Elle ne riait plus. Plus du tout. Sa mâchoire carrée s'était crispée sous l'effet de la rage qui affluait. « C'est pas parce qu'on t'a toujours tout donné que tout le monde doit se plier à cette tradition pathétique. T'es un pourri-gâté, mais t'es CHEZ MOI. T'es un client parmi tant d'autres. Je vais pas remuer ciel et terre pour satisfaire ton caprice. Qu'est-ce que tu veux ? Que je descende moi-même surveiller le stand ? Oh, attends, non... si j'éternue, TU VAS ME TIRER DESSUS ! » D'un geste totalement maîtrisé, elle lissa sa robe. La patience était passée aux abonnés absents. Pourtant, malgré son ton complaisant, Cordelia continuait de le fixer. Elle n'était pas enragée, pas d'apparence. Par contre, elle était glaçante. Et si elle avait une arme dans le tiroir de son bureau, elle aurait probablement visé les couilles de monsieur.
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› EMMENAGEMENT LE : 19/09/2015
› AGE : 46
› STATUT CIVIL : MARIÉ - MAIS PAS FIDÈLE ;
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› PROFESSION/ETUDE : PDG CHEZ KAPUR'S JEWELRY INDUSTRY ; CHEF DU CARTEL MEXICAIN CASA.
› HB AWARDS : (2016) PERSONNAGE LE PLUS AGACANT ; PERSONNAGE LE PLUS MECHANT ; PERSONNAGE LE PLUS CONNARD ;
› DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ;
› CELEBRITE : OSCAR ISAAC ;
› COPYRIGHT : ELOW' ;

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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyDim 10 Jan 2016 - 16:13



forgiving does not erase the bitter past
cordelia hoogendijk — roy kapur



Le monde dans lequel Roy vivait n'avait rien de doux, de réconfortant, d'amusant. Il était devenu un homme d'affaires des plus classiques aux yeux de beaucoup. Le genre à prendre en main les moindres détails, à ne pas laisser tomber une proie et surtout à faire des profits. Il avait réussi, c'était ce que son image reflétée. Il était là où tout homme à succès était : au sommet. Et il regardait le monde de haut, comme les autres. Mais avec Roy, il était un peu plus compliqué aussi. Il n'était pas qu'un homme d'affaires, il y avait tout une autre facette en lui. Un autre homme qui attendait. Un monstre qui dormait paisiblement et qui ne sortait que lorsque cela était nécessaire. Le combattant en lui, celui qui avait su pendant en temps gérer sa rage à travers la boxe, s'était réfugié dans un univers qui n'avait rien de beau, qui n'avait rien de simple. Il était le tyran des quartiers dangereux, celui qui faisait entendre sa loi là où celle du monde ne pouvait plus régner. Ceux qui osaient se mettre sur sa route se savaient mort par avant, tant Roy était un roi capricieux. Jonglait entre deux vies n'avait rien d'une chose facile et l'Indien calculait assez bien pour ne pas se retrouver dans une position qui le mettrait en danger. Il excellait dans l'art de la tromperie, changeant de masque sans que personne ne remarque quoi que ce soit. Son esprit calculateur prenait tout en compte, tout. Sauf qu'il n'avait pas prévu, pas à un seul instant, ce qui était en train de se produire. Se retrouver en face de Cordelia bousculait amèrement ses plans comme un domino. Une seconde, c'était tout ce dont il avait besoin pour changer la situation, pour que tout ceci tourne en sa faveur, mais il ne le faisait pas. Il se contentait pour l'instant de rester assis en face d'elle et de parler, comme si les mots allaient pour une fois lui servir à quelque chose. C'était idiot. Et il perdait patiente tant ce jeu n'était pas un de ceux qu'il maîtrisait.

La vérité, c’était qu’après dix ans, Roy avait la sensation que rien n’avait changée, qu’aucun sentiment n’avait bougé. Ils étaient comme ces histoires que le temps ne pouvait pas transformer. Cette rencontre aurait été différente à l’époque, sans l’être totalement. Ils se battaient, comme ils se bagarraient à l’époque. Leur amour il n’avait jamais été simple. Il y avait eu des moments incroyables, comme des moments de déchirures impossibles à soigner. Ils étaient ainsi, toujours à se cogner l’un à l’autre, toujours à se retrouver, toujours à s’aimer totalement. Il n’y avait jamais eu de mensonge, il n’y avait jamais eu de cachoterie. Ils avaient toujours tout fait, tout vécu, tout dans une honnêteté à trancher le cœur de l’autre.

« - Je suis logique. » Ce n'était pas la peine d'essayer d'amadouer Cordelia, ou d'être polis avec elle. De toute façon Roy était direct dans son genre et se baisser rarement pour saluer les autres. Il était toujours plus haut, plus loin et forcément, son univers était trop riche pour les autres. Trop bien. De toute façon, il ne peut pas jouer la comédie avec elle. C'était comme si c'était naturel, comme si Delia faisait toujours ressortir ce qu'il y avait au fond de lui, même si c'est une méchanceté sans pareille. Ils étaient en guerre, c'était ce que la scène laissait croire. L'un en face de l'autre, les yeux dans les yeux. Il y allait avoir un perdant dans l'histoire et Roy refusait par avance d'endosser le rôle. Ce n'était pas son genre et après toutes ces années, il avait développé un esprit calculateur qui l'empêchait de perdre face à qui que ce soit. Cordelia donnait l'impression qu'elle n'allait pas baisser les bras aussi. Ils étaient dans une impasse qui pourrait durer un moment. Il y avait sans doute beaucoup à dire, beaucoup de vérité à entendre, mais la conversation ne laisserait aucune échappatoire pour dévier sur le passé. Et c'était mieux ainsi. Roy pouvait pourtant lire en elle, lire à travers son regard et savoir que son refus de se laisser marcher sur les pieds venait de sa trahison passée. En plus d'être tout aussi perturbé que lui par ses retrouvailles, elle devait réfléchir à sa vengeance. Après tout, il était le fléau qui lui avait brisé le cœur, c'était logique qu'elle souhaite lui faire mal. Qu'elle souhaite qu'il ressente lui aussi ce qu'elle avait ressenti à l'époque. Une douleur qu'il n'avait pas de revivre.

Il devait insistant, il devait impatient. Quitte à répéter à Delia le problème. Il ne partirait pas sans avoir eu raison, sans qu'elle lui offre ce qui lui revient de droit. Roy n'était pas du genre à suivre les règles, il n'avait pas besoin de beaucoup pour sortir des frontières et s'imposer. Il faisait ça tous les jours et il ferait ça, ici aussi. Mais c'était stupide de croire que Delia serait du genre à rendre les armes aussi rapidement, alors forcément, elle allait se battre, elle aussi. Elle allait lever la voix et probablement taper du poing, refusant que Roy lui dise quoi faire. « - Et c'est visiblement trop tard pour que tu apprennes à gérer quoi se soit. » Autant dire qu'il préférait qu'elle lâche l'affaire et qu'elle retourne travailler en tant que serveuse dans un petit café plutôt que de gérer un stand de tir – qu'elle ne savait pas gérer correctement. « - Non, tu as raison. Le monde ne tourne pas autour de moi. Toi, par contre, tu devrais apprendre à ne pas tourner le dos à tes clients. » Surtout a un client comme lui. Inutile de dire que s'il avait eu le choix, il serait parti ailleurs, mais ce stand de tir était le plus près de chez lui. Roy ne se voyait pas changer de stand, pas une troisième fois. Cordelia pouvait ravaler son ton glacial, cela ne le toucherait pas. Son indifférence, sa mauvaise foi et son « éthique » de travail n'étaient pour lui qu'une manière détournée pour lui rendre la vie plus difficile. Il connaissait Delia, il savait qu'elle savait s'imposer lorsqu'elle en avait besoin. Il ne l'avait pas pour autant vu d'apparence si forte, si certaine d'elle-même. Finalement, peut-être que la présence de l'homme d'affaires faisait remonter en elle cette facette de battante.

Il n'était qu'une question de temps. Bientôt, 14h serait là et Roy devait atteindre son objectif. Cordelia l'avait sans doute déjà remarqué. Mais Roy n'allait pas abandonner et plus le temps passé, plus la jeune femme aurait le droit au pire chez lui. Et finalement, elle lui posa la question. Celle que Roy attendait au tournant. Celle sur son mariage. Du coup, il ne voyait cette réflexion que comme une tentative de changer de sujet, de gagner du temps là où il en restait peu. Et Roy refusait. Il refusait de parler de la comédie qu'était son mariage, il refusait de parler de quoi que ce soit le concernant. Il ne voulait pas qu'elle sache. La rancune de Delia fit enfin une apparition. Elle devait le haïr, tellement, plus encore aujourd'hui parce qu'il avait épousé quelqu'un. Mais Roy ne prit pas en compte ses remarques, préférant remettre de l'ordre dans cette conversation qui lui semblait maintenant interminable. Il était temps de passer aux choses sérieuses. Il était temps que Roy lui montre son vrai visage et qu'elle arrête de le sous-estimer. Le rire de Cordelia ne le fit pas bouger d'un pouce, lui qui s'était relevé. Au contraire, c'était une erreur de sa peur de ne pas avoir peur de lui. Une terrible erreur. Il regarda alors Delia se lever à son tour, les mains posaient sur son vieux bureau. La position de la force, celle de la femme qui ne veut pas se rendre. Et le sérieux qu'elle lui offrait désormais le fit sourire. Un sourire franchement peu amical.

« - Tu pourrais, n'est-ce pas ? » Un blanc s'installa, léger et subtil. « - Descendre, travailler plutôt que de jouer au solitaire sur ton ordinateur. Tu pourrais remplacer l'un de tes employés malades et faire du profit plutôt que de perdre un client. D'ailleurs, c'est peut-être ça qui explique l'état de cet endroit. » Il se rapprocha du bureau et donc, de Delia, sans la lâche du regard. « - Si je suis un client parmi tant d'autres, tu pourrais faire un effort pour me satisfaire et m'empêcher de partir, non ? » Il recula alors, toujours très sérieux. Son regard ne signifiait qu'une chose : Alors ? Que choisit-elle ? Faire son travail ou rester sur sa position et ne pas bouger pour lui ? Dans un des cas, elle ne perdait pas un client et pas la même occasion Roy gardait son horaire et sa journée se passerait comme prévu. D'un autre côté, si elle refusait, Roy savait par avance quoi faire. Elle avait sans doute assez de problèmes comme ça, alors peut-être pouvait-elle ravaler sa colère pour ne pas en avoir davantage sur le dos. Car s'il y avait bien une chose que Roy respectait, c'était ses menaces.
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyDim 10 Jan 2016 - 20:40


Il avait éveillé quelque chose en elle, quelque chose qu'elle ne s'était pas connue depuis plus d'une décennie. Un mélange de rage et de chagrin, de colère et d'un amour maladif, incontrôlable. Il était inutile de se leurrer plus longtemps : il avait été le seul, et il serait probablement à jamais le seul. Il avait été le seul homme capable de trouver un chemin jusqu'à cette drôle de chose que certains appelaient un cœur. Ils s'étaient aimés à leur façon, ils s'étaient tellement aimés. Ils s'étaient détestés, pardonnés, retrouvés, déchirés, aimés... jusqu'à ce que ce ne soit plus possible. Jusqu'à ce que l'impardonnable se produise, laissant une Cordelia déchirée entre la trahison d'une sœur et celle de son amant. Le plus facile avait été d'en imputer la totale responsabilité à Roy, car faire face à une double trahison l'aurait laissée complètement détruite. Mais elle ne pouvait pas prétendre s'en être sortie indemne pour autant. En laissant partir Roy, elle avait renoncé à toute cette passion qui était la leur. Elle avait renoncé à l'amour, le seul qu'elle avait jamais connu; elle avait renoncé à l'idée de jamais en connaître un autre. Il avait été le seul et l'unique, et leur relation était bel et bien révolue. C'était la décision qu'elle avait prise dix ans plus tôt, ordonnant à Roy, enragée, de ne plus jamais croiser son chemin. Pourtant, même après toutes ces années, et elle s'en rendait compte à présent, il n'avait jamais été réellement loin d'elle. Il avait été là, dormant, dans un coin de son esprit qui ne demandait qu'à s'éveiller. Et maintenant qu'ils se retrouvaient bien malgré eux, ils semblaient prêts à reprendre les choses là où ils les avaient laissées ; elle avide de vengeance, lui prêt à passer à autre chose. « Je suis logique », se battait-il, espérant encore sans doute avoir gain de cause. « Peu importe, dis-toi ce que tu veux pour soulager ta conscience. » Car non, Cordelia n'était pas prête à lui laisser la moindre once de terrain. Elle se défendrait becs et ongles. Et pour cette trahison qui lui avait fait subir dix ans plus tôt, il paierait. Il avait voulu l'atteindre au cœur, elle l'atteindrait là où il était le plus sensible : son ego. Elle ne se demanda pas un seul instant si certains de ses employés, ou même de ses clients, pouvaient les entendre. A dire vrai, à cet instant, elle ne pensait même plus tellement à son stand de tir. Elle était revenue à cette douce époque où elle était une moins que rien, et où seul Roy avait su lui donner de l'importance. Ces années-là étaient bel et bien révolues. En face d'elle, elle avait à présent un ennemi. Un ennemi féroce, mais un ennemi qu'elle aimait encore de tout son cœur meurtri. Mais cela, elle n'en tenait pas compte. Blessée au plus profond de son être, Delia en était devenue amère à l'extrême, prête à lui faire subir tout ce qui pourrait l'ennuyer de près ou de loin. Alors, il avait beau répéter ce qu'il considérait comme étant ses droits, elle continuait à les lui refuser. Roy n'était pas un roi. Si elle lui aurait tout donné quelques années plus tôt, sans doute même jusqu'à sa propre vie, elle souhaitait à présent lui mener la vie dure. Ils connaissaient chacun les points faibles de l'autre, ce qui, à l'époque déjà, leur avait valu bien des déconvenues. A présent, ils s'en serviraient comme des armes bien aiguisées. « Et c'est visiblement trop tard pour que tu apprennes à gérer quoi se soit. » Et en voilà une, d'arme bien aiguisée. Il la connaissait encore par cœur. Elle avait tenté d'évoluer avec le peu de bagages qu'elle avait. Cordelia n'était pas des plus ambitieuses, au grand dam de sa famille. Pourtant, ça n'avait pas empêché Roy de lui trouver un intérêt, et il lui avait toujours connu cette fragilité. Maintenant, il l'utilisait comme s'il était en droit de le faire. Mais il n'avait plus le droit de rien. Il n'avait même plus le droit de se tenir devant elle en lui faisant comprendre que la vie lui avait été belle, depuis elle. Il n'avait pas plus le droit de lui ordonner l'impossible. « Non, le problème c'est que tant que les choses ne vont pas dans ton sens, c'est qu'elles sont mal gérées » répondit-elle sur un ton sec sans égal. « Non, tu as raison. Le monde ne tourne pas autour de moi. Toi, par contre, tu devrais apprendre à ne pas tourner le dos à tes clients. » Elle le fusilla du regard. « Mais tu comprends vraiment pas ?? Tu n'es pas mes clients. Tu es un client mécontent pour plusieurs autres clients satisfaits. Y'a pas besoin d'avoir fait un doctorat de maths pour se rendre compte de quel côté penche la balance, si ? » Elle avait toujours un moyen de pression sur lui en plus du temps : son stand de tir était le seul de la ville. C'était sans doute ce qui le maintenait en vie, d'ailleurs. Sans cet avantage, elle aurait sûrement mis la clé sous la porte depuis longtemps.

Elle le détestait. Elle le détestait, et elle se débectait de voir chaque nouvelle minute s'écouler. Pourtant, lorsqu'elle vu cette drôle de chose dorée briller à l'annulaire de Roy, quelque chose s'était retourné en elle. Il s'était marié. Elle le haïssait. Elle le haïssait d'avoir trouvé le bonheur sans elle, elle le haïssait d'avoir su se construire sans elle alors qu'elle y avait lamentablement échoué. Et, plus que tout, elle se détestait de ressentir toutes ces choses-là face à un morceau de métal noble glissé autour de son doigt. L'or, fabriqué au cœur des étoiles comme la plupart des éléments qui constitue notre monde, était d'une rareté qui avait toujours impressionné Cordelia. Il n'était pas le plus rare des éléments, loin de là. Mais il était le plus beau, celui auquel on avait donné la plus poétique des significations. Le carbone et l'azote, l'hydrogène et l'oxygène, étaient beaucoup plus communs. Crées au cœurs de ces étoiles et de ces supernova qu'elle chérissait tant, ils constituaient chaque être vivant. Roy avait été sa poussière d'étoile. Maintenant, il était celle d'une autre. Et puisqu'il refusait d'en parler, elle en vint à l'horrible conclusion qu'il était heureux et qu'elle ne méritait même pas de le savoir. Elle se demandait comment Bianca avait pu ne pas le lui dire. Blessée au plus profond d'elle, Cordelia se lâcha dans chacune de ses paroles. Elle allait finir par le faire quitter les lieux de force, et tant pis si elle perdait un client. Elle n'avait pas peur de lui. Ils étaient à présent debout face à face, de part et d'autre du vieux bureau. Un sourire flippant se dessina sur les lèvres de Roy. Il la haïssait aussi à ce point-là. Car elle n'était pas bête : ce combat, autant pour l'un que l'autre, n'était qu'une question d'ego. Si Delia pouvait parfaitement l'accompagner en salle de tir, lui pouvait tout aussi bien annuler ou reporter sa séance. « Tu pourrais, n'est-ce pas ? »

Un silence suivit. Oui, elle le pouvait, et elle savait qu'il le savait. C'était sans doute le plus jubilatoire. « Tes deux neurones se sont connectés, ça y est ? » Elle ne tentait même pas de le contredire. Elle rendit son sourire à Roy, plus que satisfaite d'elle-même. Les minutes continuaient de défiler. Bientôt quatorze heures; bientôt, elle aurait gagné. Bientôt, il aurait perdu. « Descendre, travailler plutôt que de jouer au solitaire sur ton ordinateur. Tu pourrais remplacer l'un de tes employés malades et faire du profit plutôt que de perdre un client. D'ailleurs, c'est peut-être ça qui explique l'état de cet endroit. » Il l'attaquait, mais elle ne se départait pas de son sourire. Son stand de tir était dans l'état où il était, mais il n'avait pas à lui donner de leçons. Il pouvait toujours se rapprocher d'elle et ne pas la quitter des yeux, il ne gagnerait pas. « Si je suis un client parmi tant d'autres, tu pourrais faire un effort pour me satisfaire et m'empêcher de partir, non ? » Oui, elle le pourrait. Mais ils le savaient tous les deux, il n'était pas un client comme un autre. Se bouger pour qu'il ait sa séance reviendrait à lui rendre un service, qu'elle serait prête à rendre à n'importe quel autre client. Mais elle ne voulait pas le laisser gagner. Et elle ne voulait pas se trouver dans la même pièce que lui, qui porterait une arme. « Je pourrais. Mais je suis pas sûre que ce serait me rendre service que de te donner une arme en restant à côté. Je me trompe ? » Elle croisa les bras sous la poitrine. Elle était à quelques minutes de la victoire, elle le savait. Elle ne voulait pas le laisser avoir le dernier mot. Elle ne voulait pas s'abaisser à lui rendre service ou à le laisser gagner une nouvelle fois. « Et ta femme, qu'est-ce qu'elle dirait, si elle était au courant de tout ça ? » De tout ça, de lui qui avait couché avec Bianca, de lui qui l'avait oubliée comme on oublie la plaque d’égout sur laquelle on vient de trébucher, de lui qui se considérait plus important que n'importe quel autre client, de lui qui la menaçait dans son business, de lui qui la traitait d'incompétente et de bonne à rien.
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptySam 16 Jan 2016 - 20:37



forgiving does not erase the bitter past
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Il n'y avait plus d'amour en lui, c'était une évidence. Il n'était qu'un homme dont le cœur était rempli de rage et de colère, un cœur qui ne battait plus pour les petits plaisirs de la vie et qui battait encore moins pour la femme qui allait partager sa vie. Roy avait aimé une fois et c'était tout. Et depuis il se contentait d'oublier ce que c'était, d'oublier ce que cela faisait. D'oublier la joie qui cela pouvait donner, comme la tristesse que cela pouvait infliger. Avec Cordelia, tout avait toujours été multiplier. Chaque émotion, chaque parole. C'était comme si tout était plus intense, tout était plus vivant et plus douloureux. Roy s'en souvenait, parfaitement. C'était comme si dix ans n'avaient rien changé à la fraicheur d'un tableau à peine terminé. C'était comme si Cordelia n'avait jamais perdu de sa beauté, de son éclat et qu'il était condamné à se sentir si différent à ses côtés. Pour de nombreuses raisons, il avait gardé cette distance qu'elle avait demandée. Pour de nombreuses raisons il s'était rendu invisible à ses yeux, car c'était là son souhait aussi. Le temps avait un défaut, il lui avait fait croire qu'elle avait disparu quelque part et que sa route ne risquait plus de recroiser la sienne. Cette illusion s'était brisé à la seconde où Roy avait de nouveau croisé son regard. Le parfum dans l'air aurait pu lui indiquer qu'il entrait dans un piège machiavélique mis en place par le destin lui-même, mais il avait ignoré cet appel. Il ne croyait plus en rien, vraiment. Il était sans cœur et il le resterait sans doute ainsi, jusqu'à la fin. Ses actions avaient, peu à peu, éteint la flamme en lui. Elle avait refroidi tout son être jusqu'à ce qu'il devienne cet homme que Cordelia pouvait observer aujourd'hui. Une statue de pierre aussi vivante que les hommes, aussi morte que les défunts. Et le temps continuait son chemin, laissant des cicatrices sur sa chair qui ne disparaitraient jamais et qui continueraient à lui faire mal. La seule chose qui avait réussi à le sortir de cette prison, c'était la musique de Bianca. Depuis quelque année, elle était son seul réconfort. La seule à avoir réussi à ouvrir une porte vers les miettes de ce qu'il avait été. Et plus il restait là, plus il savait que Cordelia avait ce pouvoir aussi. Qu'elle pouvait détruire cette porte en un battement de cils, mais il se refusait à laisser faire. Il avait accepté ce qu'il était devenu et il n'y avait pas de raison pour qu'il retourne en arrière. Il n'y avait aucune raison.

C'était une combattante, un peu comme lui. Elle ne voulait pas le laisser gagner, peu importe les mots qui sortiraient de sa bouche. Roy le sentait et il se préparait à lui dévoiler dans toute sa splendeur ce qu'il était devenu. Il était inutile de penser au mal que cela pourrait ajouter. À la souffrance que Cordelia découvrirait, si jamais elle osait creuser trop profondément. Il n'était plus celui qu'elle avait connu, il ne restait rien de celui qu'elle avait connu. C'était loin d'être une bonne chose. C'était loin d'être un miracle, car il était bien pire encore que celui qui avait commis l'impardonnable parce qu'il ne supportait plus l'emprise que sa copine avait eue sur lui. Roy était d'ailleurs toujours effrayé par ce pouvoir invisible que Cordelia avait et qu'elle aurait toujours. Il l'avait aimé, vraiment, tendrement, passionnément et il l'avait aimé de cette façon qui vous terrasse et vous effraie. Il croyait que ce genre d'amour n'existait pas et pourtant, il l'avait connu lui. Le genre qui pourrait vous pousser à faire n'importe quoi pour l'autre. Roy aurait pu lui donner son cœur, si cela pouvait lui faire plaisir. Cette pensée l'avait réveillé de la plus horrible des manières qui soient. Comme une dose d'adrénaline qui vous réveille en plein sommeil. Pour taire cette petite voix dans sa tête, il n'avait rien trouvée de mieux que la trahison même.

Un léger sourire apparut sur son visage, alors que Cordelia affirmait que le problème c'était quand les choses n'allaient pas dans son sens à lui. « - Crois-ce que tu veux, si cela peut… soulager ta conscience. » Il avait repris ses mêmes mots, pour une raison particulière. Elle se montrait si forte, si dure, comme si c'était hier qu'elle avait eu le cœur brisé. Comme si les morceaux n'avaient jamais réussi à retrouver leur place. « - Vu l'état des lieux, je pourrais très bien être ton seul client. » Et son regard se balada dans l'espace, sans qu'il ne rajoute mot. Elle n'avait pas beaucoup de client, cela pouvait se sentir. Tout ce qu'elle possédait en été la preuve même. Et Roy savait que perdre un client pouvait être douloureux. Peu importe ce qu'il demande. L'argent, cela fait toute une différence quand on gère un endroit. Quand on en a besoin et qu'il n'y en a pas assez dans le coffre. Elle allait sans doute le haïr maintenant, encore plus qu'auparavant. Son nom serait à jamais synonyme de malheur et de rancune. Elle allait accrochait son portrait quelque part et tirait dessus pour s'exercer. Elle avait d'ailleurs, sans doute, déjà brulé et effacé les souvenirs qu'elles avaient eus de lui. Les cadeaux, les photos, les petits mots.

Quand Roy jeta un coup d'œil à son doigt, que l'or brilla légèrement comme pour lui sourire, il se rappela des chaines qu'il avait au cou. Du devoir qu'il avait sur les épaules et de la femme qu'il avait épousée. Naina n'était rien de plus qu'une obligation. Il ne l'aimait pas. Il ne pourrait jamais l'aimer et tout ce qu'il faisait, c'était lui faire plaisir et lui sourire quelques secondes pour disparaitre la minute d'après. Il jouait à un jeu. Un jeu terrible qui le mettait parfois dans un état pas possible, mais il continuerait à porter le masque tant que cela lui était utile. Tant qu'il avait quelque chose à gagner derrière. Après tout, il n'était jamais à la maison. Il travaillait beaucoup, alors il pouvait continuer la mascarade encore un moment et Cordelia pouvait croire qu'il était heureux. Il pouvait avaler tout ce qu'il faisait avaler à Naina. Mais il n'était pas là pour parler de sa vie privée. Il n'était pas là pour mettre en avant un bonheur qui n'existait pas. Il était là pour respecter son emploi du temps, pour s'entrainer. À quelques minutes de la fin, de cette heure qu'il demandait, il trouva une faille. Il trouva une possibilité. Un moyen d'avoir ce qu'il désirait.

« - Tu te trompes. » Il n’avait pas hésité une seule seconde, son regard plongé dans celui de Delia. Il comprenait, il savait qu’elle ne voulait pas perdre. Qu’elle ne voulait pas lui rendre service. Qu’elle voulait se venger, qu’elle voulait ruiner ses plans pour sa satisfaction personnelle. C’était idiot. « - Elle sait. Elle sait bien plus encore que tu ne le crois. » Il mentait, mais il aurait été impossible de le savoir. « - Mais ne perdons pas de temps sur des stupidités, veux-tu ? Et rend-moi ce service. Je te promets de ne pas te tirer dessus. » Il lui offrit un sourire, un vrai sourire, tendre et léger, tout en se dirigeant vers la porte de son bureau. « - Tu viens ? »
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyMar 19 Jan 2016 - 4:27


Cordelia était une femme forte. Elle avait trop encaissé pour que l'inverse s'avère vrai. Elle avait priorisé les rêves de Bianca, abandonné père, mère et carrière pour la suivre. Elle avait travaillé d'arrache-pied pour lui offrir les meilleurs conditions d'études, elle avait enchaîné les boulots minables, un peu moins minables, mais surtout sous-payés. Elle s'était engagée à rendre sa sœur jumelle heureuse, quoi qu'il arrive. Peut-être était-ce par pur égoïsme, par peur de la quitter, ou peut-être était-ce par réelle bonté d'âme, peu importait. Elle s'était trop souvent effacée pour croire qu'elle ne pouvait pas supporter les coups les plus durs. Elle avait survécu à la trahison de Roy, aux années d'échec, aux rêves abandonnés et à une famille déçue. Pourtant, à cet instant précis, Delia ne se sentait pas forte. Elle aurait aimé que ce soit le cas, mais elle en était à mille lieues. Il était réapparu presque aussi vite qu'il avait disparu, et, dix plus tard... il lui faisait toujours ce drôle d'effet. Et elle n'était pas assez forte pour le réaliser. Elle ne comprenait pas pourquoi ou comment, elle ne comprenait pas à quoi avaient pu servir toutes ces années, ou si elle pouvait quoi que ce soit à ce qui était en train de se passer jusqu'aux moindres tréfonds de son être. Comme autrefois, face à lui, elle ne maîtrisait plus rien. Mais autrefois n'existait plus, il était révolu depuis bien trop longtemps. Leurs querelles ne pouvaient plus se résoudre sur l'oreiller; elles ne pouvaient donc plus se résoudre tout court. Le fait était que, et Delia en avait parfaitement conscience, la situation dans laquelle ils se trouvaient maintenant pourrait durer jusqu'à la fin des temps. C'était pour ça qu'ils s'étaient tant aimés, qu'ils avaient été fusionnels jusque dans leurs désaccords : leurs forts caractères étaient ce qui les avait amenés l'un à l'autre, mais aussi ce qui avait causé leur perte. Et maintenant, quelle issue pourrait leur permettre de mettre un terme à cette entrevue ? Roy ne céderait pas, elle le savait. Dix années n'auraient pas changé cette tendance à l'irrévérence. Dans ce regard, Delia pouvait lire toute la haine qu'il éprouvait pour elle, et si cela tuait peu à peu une part d'elle, il semblait également évident qu'il ne comptait pas lui accorder le dernier mot. Pas pour avoir sa séance de tir, elle en était persuadée; mais juste pour ne pas lui donner raison. Le problème, pourtant, était que Cordelia ne comptait pas abdiquer plus que lui. Elle était sur son terrain, et pour une fois, elle s'autoriserait à faire ce que bon lui semblait. Le choix ne lui en était pas réellement donné, d'ailleurs. Même si elle avait le recul nécessaire pour penser aux préjudices possibles que cette altercation pourrait poser à son stand de tir, elle maintiendrait la position exacte dans laquelle elle se trouvait. Elle ne pouvait pas se laisser marcher sur les pieds par Roy, pas une seconde fois. Il lui avait fait assez de mal pour lui accorder cette victoire-là. « Crois-ce que tu veux, si cela peut… soulager ta conscience » lui crachait-il pourtant avec un dédain qui l'attrista presque autant qu'il l'énerva. Elle ne savait pas dans quel état elle allait rentrer auprès de Spirit ce soir, mais la pauvre bête n'allait rien comprendre. Elle aurait du la prendre au bureau avec elle, aujourd'hui -elle lui offert Roy en pâture. Bon, en réalité... elle s'imaginait très mal l'animal faire autre chose que la fête au brun, mais Cordelia se délectait de l'idée même de pouvoir le blesser physiquement. « Oh, mais prouve-moi que j'ai tort, alors. » Elle gardait son calme. Ou tout du moins, elle essayait. Sa peau pâle avait laissé transparaître ses émotions depuis de longues minutes déjà. Ses joues rosées trahissait toute la rage qu'elle tentait de contenir. Et le pire pour elle était sans doute d'avoir conscience de ça, et savoir qu'il la connaissait assez bien pour lire tous les signes de la rage sur son visage et dans ses gestes. Lui était de marbre, stoïque. Froid. Glacial, même. Il était au zéro absolu. Qu'est-ce que lui avaient fait ces années ? Était-il encore cet homme qu'elle avait aimé jusqu'à l'insanité ? La vérité, c'est qu'à cet instant, Delia se moquait complètement d'avoir raison ou tort. Pour elle, elle était dans son droit le plus total. Ses arguments étaient valides et valables. Pourtant, comme prévu, Roy ne lâchait rien non plus. « Vu l'état des lieux, je pourrais très bien être ton seul client. » Elle ne lui fit même pas l'honneur de le fusiller du regard. Cet homme était la représentation de tout ce dédain qu'elle exécrait. Elle, dont la plus grande phobie était d'être jugée insuffisante dans ce qu'elle entreprenait, avait fait l'erreur d'aimer cet homme au point de lui confier ses plus sombres peurs. Dix ans plus tard, il ne semblait pas en avoir oublié une once. « Bien sûr. Et parce que n'avoir aucun client serait suffisamment rentable, j'aurais payé des acteurs pour te faire croire que des gens tiraient dans les salles. » Elle ne dépendait pas de lui. Elle n'avait jamais dépendu de lui. S'il était homme à croire qu'elle ne valait rien parce qu'il valait tant, elle préférait encore le perdre comme client que de le subir une seconde de plus. Elle n'avait pas peur. Aveuglée par la haine, sans doute, par cette haine qui n'était pourtant jamais allée sans cet amour passionnel et fusionnel qu'elle avait éprouvé pour lui.

Pourtant, comme elle, il devait savoir que le temps jouait contre lui. Et il n'était pas bête. Il savait comment les choses se passaient. Il savait qu'elle l'exécrait à ce point-là, et de le savoir elle-même la conforta dans sa manœuvre. Elle était satisfait. Elle voulait qu'il ressente cette haine qu'elle avait pour lui, mais aussi cette détresse dans laquelle il l'avait plongée, des années auparavant. Avait-elle était la seule des deux à aimer ? S'était-elle bercée d'illusions pendant les quatre années qu'avait duré leur relation ? Alors, plutôt que de lui donner satisfaction, Cordelia utilisa une nouvelle carte. Peut-être parce que c'était un coup bas digne de lui, mais peut-être aussi parce qu'elle voulait savoir qui était la malchanceuse. Elle la plaignait tellement. Cet homme était incapable d'aimer, d'aimer réellement. Il était incapable de rendre une femme heureuse. Son argent le persuadait peut-être de l'inverse, d'ailleurs. Mais elle en était maintenant persuadé, il ne connaissait pas l'amour. Ce dernier lui était inconnu. Et cette madame Kapur, Delia la plaignait de tout son être. Elle plaignait autant qu'elle la haïssait. Car si Roy était un être dépourvu de toute sensibilité, elle ne pouvait pas cacher qu'il avait été le seul, et qu'il serait sans doute à jamais le seul. Cette femme, qui qu'elle soit, avait passé cette alliance scintillante au doigt de celui qui serait le seul homme qui lui avait fait ressentir ces choses-là. Delia était en train de se découvrir capable d'une haine infinie envers une femme qu'elle ne connaissait même pas, mais elle n'avait même pas le recul nécessaire pour réaliser l'étendue des effets collatéraux qu'avait provoqué cet instant, dix ans plus tôt. « Tu te trompes. » Il la fixait, impassible, son regard foncé planté dans le sien. Delia eut un rire glacial. « Bien sûr. T'allais pas me répondre l'inverse, maintenant que tes deux neurones se sont retrouvés. » Elle n'avait pas peur de lui, même pas qu'il lui tire dessus. Elle se moquait presque qu'il lui tire dessus. S'il le faisait, ce serait peut-être signe qu'il ne se moquait pas d'elle, mais elle s'interdisait d'y penser. « Elle sait. Elle sait bien plus encore que tu ne le crois. » Les bras croisés, Cordelia fit doucement le tour du bureau pour faire face à celui qui avait été son amour, son amant. « Si elle savait, elle ne t'aurait pas épousé », répondit-elle avec un sourire narquois. Et le pire, sans doute, était pour Delia de réaliser qu'elle l'aurait épousé, elle, malgré tout ce qu'il lui avait dit et tout ce qu'il aurait pu lui dire. Pourtant, il avait franchi une ligne impardonnable en commettant l'irréparable. La seule chose qui était capable de les séparer. « Mais ne perdons pas de temps sur des stupidités, veux-tu ? Et rends-moi ce service. Je te promets de ne pas te tirer dessus. »

Il ne lui fallut pas un mot de plus. Elle lui accorda son plus beau sourire et ôta sa veste, comme pour se parer à une bataille rude. Elle posa doucement son blazer sur le bureau et répondit : « moi, je ne promets rien. » Elle le suivit du regard alors qu'il prenait la direction de la porte, puis lui emboîta le pas, sans le lâcher du regard. Ses yeux verts, remplis de haine, dégageaient une provocation que lui seul savait susciter. Sa robe allait sans doute provoquer quelques remarques parmi le personnel, mais elle s'y était faite. Ce n'est pas ce qui l'empêcherait de le mener là où il souhaitait tant aller. Elle verrouilla la porte derrière eux et passa devant lui, ses talons claquant contre le sol froid du couloir. « Tu as une arme, ou tu en loues une ? » demanda-t-elle en s'arrêtant au niveau du comptoir où étaient rangées les armes destinées à la location, près de l'entrée. « Un Beretta 9000 S et les 9 mm Parabellum qui vont avec, s'il-te-plait » demanda-t-elle à son employée, qui lui tendit le pistolet sans broncher. Elle ajouta deux paires de lunettes et deux casques sans attendre la directive de sa patronne.

Quelques minutes plus tard, les deux trentenaires entraient dans une salle de tir déserte. Les mâchoires serrées, Cordelia désigna le premier stand à Roy. « Je suppose que tu connais les règles de sécurité » lâcha-t-elle d'un ton neutre qui l'étonna elle-même. Cela devait faire plusieurs semaines qu'elle n'avait pas mis les pieds dans une salle de tir avec un client. Elle n'aimait pas ça; inutile donc de vous préciser qu'elle n'aimait pas plus le fait d'y être avec Roy. Sa tenue devait particulièrement dénoter avec l'endroit, d'ailleurs. Elle n'avait pas sa place ici, mais elle comptait bien prouver l'inverse à Roy. Elle passa devant ce dernier pour rejoindre le deuxième stand. Elle posa ses affaires sur la tablette et glissa le chargeur dans l'arme, qu'elle posa à son tour pour mettre son casque et ses lunettes. Une seconde plus tard, elle tendait le Beretta devant elle et tirait une salve de coups sur la cible cartonnée en face d'elle. Si cette cible avait été Roy, comme elle se l'imaginait sans doute en moment de tirer, il n'aurait plus de tête, de cœur, et de parties génitales. Mais après tout, elle savait de source sûre qu'il n'avait jamais eu les deux premiers... Ses talons claquant sur le béton, Cordelia glissa de son stand pour apparaître derrière celui de Roy. Elle n'avait pas lâché l'arme; elle la dressait toujours devant elle. « Donne-moi une bonne raison de ne pas tirer », siffla-t-elle, les mains tremblantes de rage.


Dernière édition par Cordelia Hoogendijk le Dim 24 Jan 2016 - 19:49, édité 1 fois
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› STATUT CIVIL : MARIÉ - MAIS PAS FIDÈLE ;
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› HB AWARDS : (2016) PERSONNAGE LE PLUS AGACANT ; PERSONNAGE LE PLUS MECHANT ; PERSONNAGE LE PLUS CONNARD ;
› DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ;
› CELEBRITE : OSCAR ISAAC ;
› COPYRIGHT : ELOW' ;

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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyDim 24 Jan 2016 - 0:22



forgiving does not erase the bitter past
cordelia hoogendijk — roy kapur



Il n’a pas toujours été comme ça. Il n’a pas toujours portait ce visage froid et arrogant qui aujourd’hui effrayé les malheureux qui se mettaient sur son chemin. Roy avait un jour était complétement différent, dans le genre à simuler ses sentiments par la peur de ne pas être accepter dans un monde ou dans une autre. Le gamin riche qui jonglait entre sa vie dans la haute société et celle de ghetto avait finalement trouvé une place à la frontière de ces deux mondes et pour vivre là il en avait payé le prix. Il avait vendu son âme, perdu tout ce qu’il lui restait d’humain pour finalement de plus être que le genre d’homme qu’il avait un jour détesté. Delia représentait un passé, un passé où il avait suivi son cœur et aimé peu importe ses conditions, peu importe la pression et les complications qu’une telle relation pouvait lui apporter. Delia était aussi un lien direct à cette époque où Roy avait un ami. Une famille, une vraie. Quelqu’un sur qui il pouvait compter, quelqu’un qui le comprenait et ce quelqu’un, il l’avait perdue. Quand quelque chose lui rappeler la mort de Diego, Roy était le premier à fuir et à fermer les yeux pour éviter de ressentir ce qu’il continuait encore de ressentir. La souffrance, la colère, la déception, tout ne faisait plus qu’un en lui, mais avec Delia s’était pire encore. Il ne l’avait pas oublier. Ni leur histoire, ni leur moment à eux. Dix ans n’avaient pas suffi à éradiquer de sa mémoire celle qui pouvait tout changer en lui. C’était une évidence maintenant. Cordelia ne disparaitrait jamais. Son nom était inscrit en lui comme une cicatrice éternelle qui brulaient encore. En parlant de cicatrice, c’est son tatouage qui le démangeant d’un coup. Ne bougeant pas pour autant, Roy avait envie de soulever sa manche pour dévoiler cette marque qui le suivait partout depuis ces dernières années. Une tête de mort traversé par une dague. Roy avait fait effacé les lettres, décident qu’il n’était pas stupide au point de laisser une preuve d’appartenance aussi visible. Il en était le chef maintenant, un chef respecter et méprisé en même temps. Mais qui oserait défié celui qui avait pour réputation d’écraser le crane de ses adversaires ?

Elle était toujours aussi belle. Toujours aussi voluptueuse, toujours aussi tentatrice. Un regard et le voilà de nouveau charmé, comme cette fois-là où il l’avait aperçu à l’un de ces matchs de boxe. Il l’aurait épousé, sans hésité, s’il avait eu une autre vie. Et il l’aurait aimé, comme le premier jour, jusqu’au dernier. Il n’y avait personne comme elle et Roy s’en étaient rendu compte au fil des années. A chaque fois qu’une femme croisait sa route, elle n’était rien en comparaison de Delia. Rien en comparaison de ce qu’ils avaient vécus ensemble. Leur rupture avait marqué le fin pour Roy. Il n’y avait eu aucune histoire, aucun sentiment. Il n’avait aimé qu’elle. Sa femme n’était rien à côté, à part un dommage collatérale, une obligation pour remplir un contrat et pour arriver à ses fins. Il ne détestait pas Delia, il l’aimait toujours. Et cette amour l’effrayait et le pousser à tout faire pour rester à l’écart. Pour continuer de s’éloigner malgré la distance. Alors il était hors de question de baisser les bras, de la laisser gagner et de faire comme elle avait de l’importance. Elle ne devait plus en avoir. C’était pourtant difficile, car plus le temps passait, plus elle comblait le vide qu’elle avait laissé en lui.

Il n’était pas amusé par la colère que la jeune femme tentait de garder. Il était même plutôt soulagée de la savoir dans cette état, bien que cela risquait de ralentir et contredire ses plans. Il préférait être la raison de sa colère plutôt qu’autre chose et ce qu’il avait fait par le passé avait eu ce but-là. De savoir qu’aujourd’hui encore elle lui en voulait était synonyme qu’il avait encore une place dans son cœur à elle, mais Roy essayait d’ignorer cette information. « - Ce n’est peut-être qu’une question de temps avant que cela n’arrive. » Elle avait des clients, c’était évident, mais Roy aimait joué sur l’idée qu’elle faisait mal les choses. Que petit à petit, son business allait s’écrouler. Il savait ce que cela représentait pour elle et en profitait pour jouer les tortionnaires. Il savait que c’était tout ce qui restait entre eux. La douleur. Il ne pouvait pas être gentil, il ne pouvait pas se montrer compréhensif. Ce n’était plus possible, parce qu’il ne cherchait pas à redevenir quelqu’un qui méritait quoi que ce soit de sa part. Le temps cependant filaient et Roy refusait de perdre. Il avait une vie parfaitement contrôlé et Cordelia ne devait pas changer ça. Elle pouvait, elle était la seule à pouvoir, mais elle ne devait pas. Sinon la peur de Roy ne ferait que grandir davantage.

Parler de Naina était une perte de temps. Elle était insignifiante, mais il ne pouvait pas le dire et comme toujours il mentait. Il disait l’inverse. Comme toujours il parlait de sa femme en bien, de la force qu’elle lui apportait, du bonheur qu’elle était. Il devait jouer un rôle, comme toujours, et peut-être qu’un jour il finirait par tout laisser tomber, mais il n’était pas stupide. Il savait ce qu’il y avait en jeu. Il savait que son avenir dépendait de cette petite femme naïve et généreuse qui voyait le monde comme un conte de fée. Ce n’était pas difficile de jouer les princes charmants, parce que Naina était prévisible. Mais Cordelia ne devait pas savoir, jamais. Comme les autres, elle allait tombé dans l’illusion qu’il avait à ses côtés celle qui lui fallait. Qu’il avait trouvé la « bonne » et que la « bonne », ce n’était pas Delia. D’ailleurs, était-elle en colère à cause de ça ? Est-ce qu’il percevait dans son regard était de la jalousie ? De la colère ? Non, elle ne devait pas. Elle devait continuer à le haïr, c’était tout. Celle-ci lui arracha un petit rire, maintenant qu’elle avait quitté sa zone de sécurité et qu’elle lui faisait face. Elle avait raison, si Naina avait su, elle ne l’aurait jamais accepté. « - Elle sait qui je suis. » Delia pouvait sans doute entendre dans son esprit ce que les yeux de Roy disait : Contrairement à toi, elle sait qui je suis. C’était aussi simple que déroutant. Aussi faux que cela paraissait vrai. Il était temps maintenant. Il était là pour une séance et le sourire de Delia semblai être celui de la fin. Celui qu’elle lui lançait en guise de victoire, car elle allait l’accompagner. Le regard qu’elle lui lança alors qu’elle lui emboita lui donna un léger frisson qu’il ignora. Sans un mot, il sortit, la regardant fermer avant de la suivre. Il en profita pour envoyer un sms à Lee, qui ne tarderais pas à lui apporter son arme. « - J’en ai une. » Alors qu’elle se tourna vers le comptoir, Lee apparue un peu plus loin, un caisse en argent dans les mains. Rayonnante dans sa tenue de créateur parfaitement portée, elle s’approcha de son patron avant d’ouvrir le couvercle et d’y dévoiler un Glock 31 avec quatre cartouches de calibre 357 de 9mm. « - Merci Lee, tu peux y aller. » Hésitant une instant, l’assistante de Roy tourna les talons. D’habitude, elle l’accompagnait.

Roy se tourna vers Cordelia pour prendre sa paire de lunette et son casque avant de la suivre dans une salle de tir vide. Il posa ses affaires sur le stand qu’elle lui indiqua, prit le casque et les lunettes et sous-pesa son arme avant de se mettre en position de tir. Il attrapa ensuite une cartouche pour chargés son arme, mais il ne tira pas tout de suite, se tournant vers Cordelia qui avait pris place à côté. Il était assez curieux de voir ce dont elle était capable et il n’était pas déçu de ce qu’elle lui offrit. A son tour, il tira trois coups, un sur le crane de sa cible imaginaire et deux dans le cœur. Il senti alors que Delia était derrière lui et se tourna légèrement pour l’apercevoir, tendant son arme, menaçante.

« - J’en ai aucune, tu peux tirer. » Il posa sa Glock sans montrer la moindre résistance. Il ne la quittait pas des yeux désormais, étonnait par cette impression qu’elle était capable de le tuer, maintenant. Il était désarmé pour le coup et sans doute Delia pouvait-elle le voir. Sans attendre plus longtemps il se rapprocha pour que son arme soit plus proche encore de sa cible. « - Sauf que tu ne le fera pas parce que tu n’es pas une meurtrière, Delia. Il n’y pas de sang sur tes mains. » Il n’essayait pas de la convaincre, il le pensait. Il était sincère. « - Moi, je ne peux prétendre le contraire, alors vas-y. Tire. Je pense que le monde s’en sortira bien mieux sans moi...» Et avant que Delia ne réponde, il pivota rapidement sur la gauche, tordant le poignet de celle-ci tout en attrapant l’arme par-dessus avec la main droite. Mais contrairement à ce qu’il ferait d’habitude, il ne la visa avec, il garda l’arme baissa, attendant de recroiser le regard de Delia. « - Si tu veux ma mort, Delia, il suffit de demander. Que tu le crois ou non, j’aurais dû mal à te la refuser… » Il se rapprocha, essayant de contenir ce qu’il y avait au fond de lui. Il s’était toujours demander de quel façon il finirait par mourir, surtout depuis qu’il était chef d’un cartel de drogue et que sa vie était souvent en danger. Delia n’avait jamais été une option. Jusqu’à maintenant. « - Si c’est ce que tu veux, si c’est la seule façon pour toi de te sentir mieux, alors je serais ravie de mourir par ta main, Delia. » Et il lui tendit son arme, avec dans ses yeux cette amour réelle qu’il lui avait porté à l’époque. Là encore, il ne mentait pas. Il n’y avait pas meilleur fin à ses yeux que de mourir par la main de celle qu’il avait aimé. De la seule qu’il avait aimé. La façon dont il prononçait son nom, c'était une trahison qu'il se faisait à lui-même. Il y avait encore en lui tout ce qu'il y avait eut auparavant.

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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyDim 24 Jan 2016 - 20:35


Dix ans auparavant, les choses lui paraissaient tellement simples. Il y avait Bianca, celle à qui elle aurait tout donné, celle pour qui elle avait abandonné Philly et famille. Une jumelle qui représentait une part entière d'elle, un moyen de se consoler de tous ses rêves brisés. L'une d'elle réalisait ses objectifs peu à peu, et c'était une victoire. Cordelia n'en oubliait pas ses lois de la relativité pour autant, mais le succès progressif de sa sœur la réconfortait dans ses sacrifices. Et puis, au cœur de cette amère victoire avait jailli un visage. Le visage d'un homme meurtri et solide, d'un homme qui semblait déjà avoir tout vécu. La silhouette de Roy s'était détachée comme une évidence, au milieu de ce ring dont elle restait en retrait, avec la plus élégante des précautions. Pourtant, à cet instant, elle ne s'était pas douté une seule seconde que ce serait loin d'être la dernière fois qu'elle le verrait. Ils avaient passé quatre ans aux côtés l'un de l'autre, comme une aventure interminable, aussi intense que passionnelle, animée d'une ardeur que l'un comme l'autre n'osait pas réellement s'avouer. Ils s'étaient aimés avec ferveur et admiration, dans les mots et les actes, sur une malheureuse table de cuisine et dans les draps soignés de Roy. Sans qu'ils s'en rendent compte, les jours s'étaient transformés en semaines, les semaines en mois, et les mois en années. Leur relation était aussi violent qu'évidente; partagée entre les colères, les confessions et les soupirs des plaisirs charnels. Ils se retrouveraient toujours, parce qu'ils étaient liés par quelque chose d'étrange, par une force qui les dépassait. Il était son oxygène, sa raison de continuer, la seule chose que la vie lui avait accordée. Elle s'en contenterait, de ce cadeau, car il était le plus beau qu'elle avait jamais reçu. Lorsqu'il n'était pas là, elle sentait peu à peu son cœur s'émietter, comme s'il dépendait d'une proximité avec celui de Roy. Ils se connaissaient par cœur, pour le meilleur et pour le pire. Elle connaissait ses faiblesses, ses rêves et ses hantises. Elle connaissait le creux de ses fossettes que son sourire creusait, elle connaissait les secrets de sa peau et ce qui la faisait frémir. Elle avait calqué son rythme cardiaque sur le sien, comme si cette synchronisation était l'ultime preuve de ce qui les unissait. Elle avait passé des heures entières à l'écouter battre, ce cœur, alors qu'il dormait, le bras passé autour de son épaule. Il était le seul à avoir ce pouvoir extraordinaire sur toute la personne qu'elle était. Sa respiration calme était la seule à pouvoir l'apaiser de la sorte. Une nuit, Delia s'était surprise à penser qu'elle l'avait atteint, ce bonheur timide. Qu'il était enfin là, devant elle. Ce bonheur, elle le serrait dans ses bras, elle lui faisait l'amour, elle l'engueulait et le retrouvait, mais il était toujours là. Elle l'avait trouvé pour de bon. Et ces nuits paisibles à ses côtés n'avaient plus rien à voir avec ce quotidien qui ne l'intéressait plus réellement. Tout ce qui comptait, c'était Lui.

Lui, et Bianca. Il avait suffi d'un instant, d'un seul, pour que tout bascule. Il avait choisi la seule chose qu'elle ne pourrait jamais lui pardonner, et son monde s'était écroulé. Dix ans, maintenant. Dix années qu'elle avait vu défiler, promesses de nouveaux projets et d'une renaissance à laquelle elle n'avait jamais cru. Pourtant, maintenant, il semblait que ces années n'étaient jamais passées. Que jamais elle n'était réellement passée à autre chose. Il n'appartenait pas au passé, la voilà, la réalité. Il était de retour dans son présent, qu'il n'avait jamais réellement quitté. « Ce n’est peut-être qu’une question de  temps avant que cela n’arrive », continuait-il, impitoyable. « Tout est toujours question de temps. C'est peut-être qu'une question de temps avant que quelqu'un se décide à te descendre. Tu vois, ça marche aussi » l'attaqua-t-elle à son tour, le regard perçant. Voilà maintenant qu'elle passait aux menaces de mort. Ils n'en avaient jamais été loin, tous les deux. Sauf qu'ils ne se tuaient pas, jamais; il ressuscitaient en se liant à l'un à l'autre, constamment, oubliant ces menaces qui n'avaient jamais été réelles. Cette option-là, cependant, n'en était plus une. Depuis longtemps. Que leur restait-il ? Que des souvenirs amers, des regrets, peut-être beaucoup de remords, mais surtout, une envie de retrouver ce déni dans lequel ils avaient bercé toutes ces années. Elle ne pouvait pas se l'avouer, elle ne pouvait pas tolérer un tel affront à son amour-propre. Elle le haïssait, viscéralement. Elle voulait le voir tomber pour ce qu'il lui avait fait, pour ce moment d'égarement qu'il avait eu avec Bianca, pour cet abandon, pour cet amour qu'il n'avait jamais éprouvé à son égard. Elle voulait le voir tomber pour cette femme qu'il avait faite sienne, pour cette femme qu'il avait osé aimer comme jamais il ne l'avait aimée. « Elle sait qui je suis », répétait-il. « La preuve que non; elle t'a épousé » ricana-t-elle, acide. Elle ne pouvait pas croire qu'il l'avait laissée pour une autre femme. Qu'il en avait aimé une autre plus qu'elle; que ces années n'avaient été que mensonges, que parties de jambes en l'air insignifiante pour un homme qui ne cherchait qu'à trouver chaussure à son pied. Mais Delia devait se rendre à l'évidence; elle n'avait jamais été cette femme-là, cette femme qui lui donnerait envie de s'engager, de lui passer la bague au doigt. Elle qui avait cru qu'ils avaient toujours été sur la même longueur d'onde s'effondrait intérieurement. Il l'avait baratinée, toutes ces années. Il ne s'agissait plus seulement d'un moment de perdition avec Bianca, il s'agissait de mensonges constants, d'une vie qu'elle s'était imaginée de toutes pièces.

Elle ne le lui pardonnerait pas. Jamais.

Delia jeta un coup d'oeil à l'assistance de Roy, qui lui avait apporté son arme. Elle ne lui accorda pas un sourire ou le moindre signe de respect. Elle attendit que la dénommée Lee quitte le stand et qu'ils se dirigent tous les deux vers la salle de tir pour lâcher, glaciale : « encore une fille que tu sautes ? Tu dois être un répertoire de MSTs, mon pauvre. » Qu'est-ce qui lui prenait ? Elle ne se reconnaissait plus dans cette rage. Ou plutôt, elle s'y reconnaissait trop bien. Elle y reconnaissait l'amour qu'elle avait éprouvé pour lui, elle y reconnaissait cette haine, cette passion, cette auto-destruction, cet appel à une renaissance commune. Elle tira quelques coups sur sa cible, puis, ses bruits de talons calfeutrés par les tirs de Roy, se glissa derrière lui. Elle n'aurait pas su expliquer ce qui lui prenait ; ses gestes semblaient attisés par ce feu qui brûlait au plus profond de ses entrailles. Elle voulait le voir disparaître. Elle voulait ôter ce sourire satisfait de son visage, arracher cette alliance de cette main qu'elle avait faite sienne à de trop nombreuses reprises. Elle voulait éteindre la lueur de ses yeux, qui brillait encore après toutes ces années, changée, nouvelle, comme s'il s'était remis d'une aventure qu'il n'avait jamais souhaitée, d'une femme qu'il n'avait jamais aimée. « J’en ai aucune, tu peux tirer. » Elle le vit poser son arme. Ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle voulait qu'il se batte, qu'il continue à la haïr, qu'il lui donne une bonne raison de tirer et de finir ces retrouvailles de la seule façon possible. Une seconde plus tard, il était presque collé à son Beretta. Elle n'avait plus qu'à tirer. Un coup, un seul, et son crâne exploserait sous le choc. Il ne retrouverait pas sa femme, il ne sauterait plus toutes ces inconnues qu'elle enviait malgré elle. « Sauf que tu ne le fera pas parce que tu n’es pas une meurtrière, Delia. Il n’y pas de sang sur tes mains. » Tremblante, les mâchoires serrées, elle le regardait, silencieuse. Elle allait le descendre. Elle devait le descendre. Elle aurait du sang sur ses mains, de la cervelle sur ses murs, du ménage à faire, mais elle s'en moquait. Elle voulait le voir disparaître de la surface de cette Terre. C'était le seul moyen pour elle d'encore la fouler. « T'en sais rien », lâcha-t-elle, la voix tremblante. Comment pouvait-il croire qu'il la connaissait encore ? S'imaginait-il qu'elle était toujours cette gamine irresponsable et ratée ? Probablement. Mais le plus dur, c'était de savoir qu'il avait raison. Elle se haïssait autant qu'elle le haïssait. « Moi, je ne peux prétendre le contraire, alors vas-y. Tire. Je pense que le monde s’en sortira bien mieux sans moi... » A quoi jouait-il ? Il la perdait totalement. Il jouait avec ses idées, avec son esprit, ses envies. Il voulait mourir, donc elle ne voulait plus tellement. « Même ta femme ? » cracha-t-elle. « Et Bianca ? Tu te la fais encore ? Qu'est-ce qu'elle va penser, en retrouvant ta cervelle sur les murs ? Elle te trouvera sûrement moins sexy. »

Une larme silencieuse coula sur sa joue pâle.

Elle l'aimait, et elle se détestait de l'aimer. Elle ne pouvait pas le détruire, elle ne pouvait pas le tuer. Parce que si son cœur ne battait plus, le sien s'effondrerait. Elle n'eut pas le temps de réagir. Roy avait pris le dessus, lui arrachant son arme. Le contact la fit frissonner, et elle n'opposa aucune résistance à la manœuvre. Elle releva son regard clair vers lui. Une mèche de cheveux roux dansait dans les airs sous l'effet de sa respiration saccadée. « Si tu veux ma mort, Delia, il suffit de demander. Que tu le crois ou non, j’aurais dû mal à te la refuser… » Elle continuait de le fixer, le regard humidifié. Elle n'arrivait plus à cacher tout ce qui se tramait en elle, c'était devenu beaucoup trop lourd à supporter. « Toujours ce baratin... » Elle n'y croyait pas une seconde. Encore une façon pour lui de se la mettre dans la poche. « Si c’est ce que tu veux, si c’est la seule façon pour toi de te sentir mieux, alors je serais ravi de mourir par ta main, Delia. » De rage, elle essuya le liquide lacrymal qui avait humidifié son visage. Elle ricana, cruelle. « Bravo, tu t'es bien entraîné sur toutes tes pouffiasses, t'es presque convaincant. Elles écartent les jambes directement après ? T'as l'air habitué à ce que ça fonctionne. Sinon, tu serais plus de ce monde. » Elle lui arracha le Beretta des mains, mais ses gestes étaient malhabiles, gauches. Elle tremblait. Même à deux centimètres de son crâne, elle le raterait. Ils étaient à présent bien trop proches pour qu'elle puisse tirer à bout portant. Doucement, elle leva l'arme vers la tempe du brun et l'y colla. Ils étaient face à face, à une distance négligeable qui avait conduit à un emballement de son palpitant. Cette même mèche rousse, agaçante, chatouillait le menton de son ancien amant au rythme de son souffle. « Essaie encore. »
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Roy Kapur
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyLun 25 Jan 2016 - 20:53



forgiving does not erase the bitter past
cordelia hoogendijk — roy kapur



La vie de Roy n’avait jamais été simple et il s’en était accommodé. Il n’avait jamais eu l’occasion de réellement s’exprimer, outre que sur un ring de boxe, et ce n’était pas grave. Toute ses années, il avait pris sur lui. Il avait été celui qu’on désirait voir sans jamais laisser paraitre la vérité. Sans jamais prendre les choses en main. C’était pénible à force, mais pas impossible. Il s’était tellement habitué à être ainsi qu’il en oubliait cette saveur de liberté lorsque le cœur prenait enfin le dessus. C’était un robot, finalement, mais cela n’avait aucune importance car il ne voulait pas changer. Il voulait réussir et continuer à avoir en main toute les cartes du jeu. Le seul positif dans tout ça, c’était ce contrôle total. Cette nécessité de savoir où, quoi et comment les choses allaient se produire. C’était un autre moyen de se protéger de l’inattendu, des erreurs et des faiblesses. Un moyen de se préserver et de ne pas tomber dans les pièges des sentiments. Il réussissait assez bien jusqu’ici et il était hors de question que cela change. Pourtant sa vie aurait pu avoir un autre visage s’il n’était pas du genre à aimer jusqu’à en perdre la raison. D’autres problèmes seraient apparus – comme le fait que Cordelia n’ait aucune origine indienne, où qu’elle ne soit pas héritière d’une grande fortune – mais les choses auraient été moins grave, il en était persuadé. Il n’aurait pas eu du sang sur les mains, il n’aurait pas été responsable de la mort d’inconnus et se seraient encore moins retrouvé à la tête d’un gang qui trafiquaient de la drogue. Mais c’était sa vie désormais et Roy acceptait ce qui lui tombait dessus depuis bien longtemps maintenant. Quand il sentait qu’il ne pouvait rien changer, il acceptait avec morosité cette fatalité extrême et s’essayer à transformer ses humeurs en se montrant productifs ailleurs. Les activités externes à ses deux visages étaient tous synonymes de défoulement. Et si la boxe n’était plus dans sa vie, il avait trouvé d’autres choses. Les exercices de tire n’avaient rien d’aussi palpitant que de monter sur un ring et de mettre à terre son adversaire, mais c’était suffisant. Suffisant et utile. Il avait développé une bonne technique, un bon regard et viser avec perfection. Et quand il en avait besoin, il n’hésitait pas à laisser ses balles en argent se planter dans le cœur de ceux qui osaient creuser, de ceux qui osaient essayer de l’atteindre. Il n’avait plus de faiblesse, c’était ce qu’il pensait, mais il se trompait, car sa faiblesse à lui était juste là, sous ses yeux.

Il pensait que ce n’était plus le cas, mais il se trompait. Royalement. Tous le temps du monde ne pouvait effacer les souvenirs aussi bon que mauvais qu’ils avaient construit ensemble. Et avec Delia, il y avait toute cette panoplie de couleur et de sentiment qui retournait le cœur aussi bien qu’il le soulevait de bonheur. Mais la passion avec ces défauts, car plus Roy avançait dans la vie, plus il était effrayé de cette amour qu’il lui portait. Il était effrayé par ce dont il était capable pour elle. La distance et l’éloignement n’aurait jamais suffi. Leur dispute finissaient toujours par s’affaiblir, les poussant à revenir l’un vers l’autre. Ce qu’il avait fait n’était pas un accident, bien qu’inattendu. C’était une volonté, propre à l’homme qu’il était. Propre à son idée de se séparer de l’unique bonne chose qu’il lui soit jamais arrivé. Il aurait pu choisir une autre, vraiment, mais Bianca avait ce quelque chose. Ce truc qui fait qu’il y avait plus en elle que simplement une maitresse quelconque. Il y avait quelque chose chez elle, quelque chose l’apaiser complétement, loin de la peur que sa relation avec Delia suscité encore aujourd’hui. Ce côté rassurant, cette douceur, il l’avait pleinement saisi. Et pas qu’une fois. Bianca était devenue l’étrange constante de sa vie et au fil des années, il s’était accroché à elle comme à une bouée de secours. Peut-être avait-il peur de lui dire pour son mariage, parce qu’il était conscient de l’ambiguïté de certains moments, de certaine parole. La musicienne était sans doute la seule à voir ce qu’il y avait derrière les masques. La seule à pouvoir lui donner des moments de repris et de total liberté, là où il avait oublié ce que c’était. C’était naturel.
Cordelia ne manquait pas une opportunité pour lui envoyer toute sa haine dans la figure. Roy se montrait neutre, essayant de se contenir au maximum, essayant de se focaliser sur le pourquoi de sa venue. Il ne voulait pas perdre de temps, tout comme il ne voulait pas en savoir plus sur Cordelia. Il ne voulait pas s’impliquer. Il ne voulait pas connaitre les détails de sa vie actuel, parce que ça finirait par être douloureux, il le savait.

« - Je ne trompe pas ma femme, si c’est ta question. » Il lui lança un regard froid et presque honteux pour elle. Lee avait tout le respect de Roy et cela depuis des années. Elle était belle, c’était un fait. Mais pour Roy, c’était une mère célibataire qui se battait pour son enfant et qui aujourd’hui avait enfin tout ce dont elle avait besoin. Il ne se vantait pas de l’avoir aider, de lui avoir sauvé la vie, mais il ne supportait pas l’idée que Delia soit si en colère qu’elle s’abaisser à de tel préjugé. Cependant, il mentait. Il trompais Naina, il n’était pas fidèle. S’il en avait envie, il n’hésitait pas, parce qu’elle n’avait aucune importance.

part, il se disait désormais que tout ceci était une mauvaise idée et qu’il aurait dû laisser tomber. Mais c’était trop tard. Ils se dirigeaient vers la salle de tir, ensemble. Il l’observa tiré en sachant pertinemment que la cible plus loin, c‘était lui. Il ne devait pas être triste de cette colère, au contraire, mais c’était plus fort que lui. Finalement, c’était douloureux de se savoir hais de cette façon. De savoir que Delia ne le supportait pas à ce point. Il essayait de garder son calme. De parler avec conviction et lenteur, mais en réalité, son cœur s’emballait, prêt à s’arrêter à la moindre seconde. Il n’avait jamais vu Delia dans cette état. Il n’avait pas peur, non, la mort ne l’effrayait plus depuis des années, mais il était déboussolé. Chamboulé par la vision qui s’était présentait sous ses yeux. Delia ne semblait pas heureuse et il espérait que ce n’était pas un cas général. Il espérait qu’en dehors de lui et de sa présence aujourd’hui, elle avait une belle vie. D’un seul coup, il ne voulait pas être responsable de tout ça. Il ne voulait pas être l’homme qui l’avait détruit et qui l’avait transformé en quelque chose qu’elle n’est pas. Il le refusait. Il ne voulait pas non-plus la blesser, alors son arme, il la laissa, comme s’il savait que rien de grave n’allait arriver. Plus les secondes passaient, plus il se disaient qu’il avait tort. Qu’il y avait quelque chose dans son regard qui exprimait tout l’inverse. Il était foutu et il détestait ça.

« - Arrête… » Qu’elle implique sa femme, c’était le dernier de ses soucis, mais lorsqu’elle parla de Bianca, quelque chose changea en Roy. Qu’allait-il se passait si jamais il mourrait ? Sans doute le cartel trouvera une solution, ainsi que l’entreprise de bijoux de son père. Naina finira veuf, mais ce n’était pas son problème. Mais Bianca ? Elle souffrirait sans doute de son absence, encore plus si c’était Delia la responsable. La larme de Cordelia resserra le cœur de Roy qui essaya de ne pas laisser transparaitre ses émotions. Il était sincère, vraiment. Il préférait largement mourir par sa main que par une autre. Il préférait largement contrôler ça, aussi. Mais peut-être bien que ce jour était le dernier. Que Delia allait réellement bousculé tous ses plans en mettant simplement fin à ses jours. Sans l’empêcher de quoi que ce soit, elle reprend maladroitement son arme. Roy est incapable de réagir, parce qu’il pense. Il réfléchit. Et il se rend compte qu’il est dans une impasse et que quoi qu’il dise, c’était fini. Il avait beau avoir l’air serein, cela ne l’empêcher pas de ne pas vouloir de tout ça. D’être en colère, contre lui-même. La Berreta de Delia était désormais là, coller à sa trempe, prête. Et Roy avait ses yeux plongés dans ceux de Cordelia. « - Tire. » Il ne bougea pas, il continuait de la fixer. « - Tire, Delia. » Petit à petit, son regard laissa apparaitre une souffrance réelle, une tristesses justes et vivante. « - Je n’ai pas peur de mourir. Tire ! » Le son de sa voix semblait avoir résonnait dans la pièce alors qu’il avait attrapé le poignet de la jeune femme pour qu’elle cesse de trembler. « - Je savais que ce moment finirait par arriver. Je l’ai toujours su. J’ai toujours était prêt à donner ma vie pour toi, alors autant en finir maintenant, non ? Tu ne veux rien d’autres à part ça, je le sens. Tu me veux mort, alors tire. Tire bon sang ! Je serais peut-être enfin débarrasser de ce truc au fond de moi qui n’appartient encore qu’à toi. »
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyMar 26 Jan 2016 - 2:00


Il ne gagnerait pas. Elle ne le laisserait pas obtenir cette autre victoire. Elle était ici chez elle; elle était la maîtresse des lieux, et elle les ouvrait à qui elle le souhaitait. Roy ne faisait pas partie de ces personnes-là. Et plus il parlait, plus elle se laisser emporter par tout ce tas de sentiments refoulés depuis des années. Il semblait transformé; heureux, presque. Heureux comme elle n'avait jamais su le rendre elle-même. il semblait avoir construit une toute nouvelle personne, accomplie et comblée. Au final, Cordelia perdrait toujours. En ces dix longues années, elle n'avait rien construit de beau. Elle avait tenté, et échoué à chaque fois. Ses rêves étaient bien loin derrière elle, laissés aux côtés de cet Homme qu'elle avait aimé plus que de raison. Tout ce qui les maintenait en vie maintenant relevait du rafistolé, de l'équilibre précaire. Elle vivait dans ce même appartement miteux depuis des années. Tenir sa propre affaire n'avait pas été aussi florissant qu'elle l'aurait espéré; elle avait beau avoir fait une affaire en rachetant le stand de tir à ses pires moments, ces cinq années ne lui avaient pas permis de remonter la pente. Le seul avantage que son stand possédait encore était d'être le seul et unique de la ville. Sans cet intérêt, elle aurait mis la clé sous la porte bien des années en arrière. Cette idée, pourtant, était loin de la rassurer. Elle la vivait au quotidien, cette décadence. Certains horaires étaient blindés, d'autres déserts. Les cours étaient toujours déséquilibrés et compliqués à mettre en place. Le matériel se faisait vieux, les mises aux normes les ensevelissaient chaque année, les bureaux étaient vétustes, les peintures loin de leur première jeunesse. Alors, contrairement à Roy, Cordelia ne pouvait pas se vanter d'avoir réussi sa vie. A trente-cinq ans, elle n'avait rien accompli. Elle s'était effondrée avant même d'avoir décollé. Et Roy l'avait remarqué. Même après dix ans, il savait encore appuyer là où ça faisait mal. Et plus que jamais, il utilisait ses faiblesses. En face d'elle, Delia avait pourtant un homme solide, un homme construit, un homme accompli. Elle le haïssait tellement pour tout ça. Pour ce mariage, pour cette femme qu'il rendait heureuse alors qu'il l'avait laissée croupir, pour cette aisance qu'il avait dans le moindre de ses gestes, pour ce sourire méprisant qu'il lui assénait, pour ces mots décapants qu'il lui envoyait en plein visage. Le sang lui était monté depuis bien trop longtemps aux joues pour qu'elle puisse encore masquer cette rage qui l'animait.

« Je ne trompe pas ma femme, si c’est ta question » lâcha-t-il, glacial, entre l'entrée et la salle de tir. Enfin, elle commençait à voir transparaître la réciprocité de cette haine. Il devait vraiment l'aimer, sa femme, pour défendre son honneur de la sorte. Mais Cordelia n'y croyait pas un instant. A dire vrai, elle préférait ne pas y croire. Car s'il disait la vérité, s'il ne trompait pas sa femme, alors cela voudrait juste dire qu'elle avait été l'exception, la compagne qui ne lui avait pas suffi. « Ah, ça m'était réservé ? » cracha-t-elle donc simplement en ouvrant la porte violemment. Elle ne voulait pas se l'imaginer heureux. Elle détestait cette idée. Il ne devrait avoir le droit au bonheur qu'avec elle, et si elle n'était pas heureuse, il ne devrait pas l'être. Il n'avait pas le droit. Il n'avait pas le droit d'avoir trouvé une femme qui aurait fait de lui un meilleur homme, un homme qui ne sautait pas la sœur de sa compagne ou la serveuse de son restaurant préféré. Parce qu'elle n'avait jamais eu le privilège d'être cette femme, elle aurait préféré s'arracher les yeux que de le voir heureux et mielleux avec elle, cette madame Kapur. Elle n'aurait jamais du le revoir. Elle n'avait jamais voulu le revoir, et ces dix années semblaient bien avoir scellé cet accord. Pourtant, le voilà qui se tenait devant elle, pimpant, frais,... heureux. Tout ce qu'elle n'était pas. Tout ce qu'elle ne serait plus jamais.

Si elle avait eu l'intention de le tuer dès le départ ? Probablement pas. Mais la situation étant ce qu'elle était, ce Beretta semblait la seule solution envisageable. Elle voulait voir disparaître ce sourire satisfait, ce bonheur lisse et parfait, ce visage qui lui retournait les viscères. Elle ne voulait plus avoir à frissonner en le voyant, elle ne voulait plus avoir à s'imaginer sa vie parfaite. Elle voulait le savoir au fond du trou, avec elle.
« Arrête… » lâcha-t-il alors qu'il avait encore l'arme sur le front. Elle avait touché un point sensible. Elle le dévisagea un instant, la respiration coupée. Il la sautait encore. Bianca lui avait menti en omettant cette vérité, et lui était toujours ce coureur de jupons qu'elle avait connu. C'était Bianca qu'il avait toujours aimée, comme tout le monde. Oh oui, Bianca faisait de la musique. Elle était célèbre, reconnue dans son domaine. Elle était protectrice et maternelle; elle était douce et rassurante. Elle préparait de bons petits plats, Bianca. Elle pouvait vous emmener au LACO, vous glisser dans des soirées privées, vous faire vous sentir important. Elle ne vous emmènerait jamais dans un vieil appartement de banlieue dont une voisine qui met son feuilleton beaucoup trop fort. Elle vous faisait découvrir des restaurants, des idées, des passions. Elle était tout ce que Cordelia ne serait jamais. « C'est toi qui a commencé avec elle, tu te souviens ? » Elle tremblait de tout son être. Le voilà, son réel point sensible. Et il l'avait touché, encore une fois. « Tu vois, tu la trompes, ta femme. »

Lorsqu'il lui prit l'arme des mains, Cordelia pensa un instant que c'était fini, qu'elle avait laissé passer sa chance. Elle ne l'aurait pas prise, elle n'était pas assez forte pour ça. S'imaginer le monde sans Roy lui était inenvisageable. Il n'appartenait juste plus au sien, et il faudrait qu'elle l'accepte, que ça prenne vingt ans ou le reste de sa misérable vie. Pourtant, loin d'abandonner ses idées, elle récupéra le Beretta pour le poser sur la tempe du brun, tremblante. Son visage était figé par la peine, mais elle scrutait celui de cet homme qu'elle avait tant aimé. Ses traits étaient plus tirés, mais ces dix ans semblaient à peine l'avoir atteint. Ses yeux bruns brillaient d'un drôle d'éclat. Ils ne brillaient plus pour elle depuis des années, mais c'était la première fois qu'elle pouvait le constater. Elle n'arrivait pas à déchiffrer son regard. Des deux, elle était la seule à se ridiculiser. Lui semblait en parfait contrôle de la situation, ce qui ne l'aidait pas dans son état. « Tire. » Il ne semblait pas ému par la situation, et Cordelia était totalement perdue. Elle essayait, désespérée, de lire quelque chose dans son regard, mais elle n'y comprenait plus rien. Souhaitait-il réellement mourir ? « Tire, Delia. » Elle ne pouvait plus. Elle ferma les yeux, tandis que ses joues s'humidifiaient. Lorsqu'elle les rouvrit, ceux de Roy laissaient enfin transparaître quelque chose. Elle laissa échapper un hoquet de surprise. Elle le connaissait, ce regard. L'espace d'un instant, il lui avait semblé qu'elle n'avait jamais perdu son Amour. « Je n’ai pas peur de mourir. Tire ! » Son cri avait raisonné dans la vaste salle vide, la surprenant sans le moindre ménagement. Violemment, il attrapa son poignet. Sa prise était ferme, sûre. Contrairement à elle, il semblait réellement déterminé à laisser le Beretta jouer son rôle de Beretta. Elle avait relevé son regard clair vers lui, mais elle était à deux doigts de défaillir. « Je savais que ce moment finirait par arriver. Je l’ai toujours su. J’ai toujours été prêt à donner ma vie pour toi, alors autant en finir maintenant, non ? Tu ne veux rien d’autre à part ça, je le sens. Tu me veux mort, alors tire. Tire bon sang ! Je serais peut-être enfin débarrasser de ce truc au fond de moi qui n’appartient encore qu’à toi. » A mesure qu'il avait parlé, les sourcils de la rousse s'étaient froncés. Elle le regardait bêtement, muette. Elle s'éloigna d'un pas, lâchant son arme, qui tomba lourdement sur le sol goudronné sans aucun ménagement. « T'AS GAGNE ! » hurla-t-elle à son tour, restant bêtement les bras ballants, sa robe froissée, les traits tirés, sa pauvre mèche rousse se baladant toujours devant son visage. « Récupère ton baratin et va le servir à qui veut l'entendre. Il doit y avoir des dizaines d'autres femmes qui veulent te tuer, à commencer par la tienne. Dis lui que si elle a besoin d'un alibi, elle peut m'appeler. » Elle essuya prestement ses larmes et, fuyant le regard de Roy, ajouta : « Fais ce que tu veux. Tu as gagné. » Elle ramassa maladroitement son arme et retourna sur son stand pour le décharger et ranger ses affaires. Il aurait sa salle pour lui tout seul.
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyVen 11 Mar 2016 - 20:09



forgiving does not erase the bitter past
cordelia hoogendijk — roy kapur



Cordelia. C'était un nom qu'il n'avait pas prononcé depuis longtemps. Un nom qu'il arrivait pourtant à dire sans la moindre difficulté. Peut-être était-ce par peur ou peut-être son esprit avait-il finalement oublié, mais dans tous les cas, ce nom était là aujourd'hui malgré son absence par le passé. Tel un sortilège qui l'étouffait, un puissant sort qui le paralysait, il se retrouvait désormais enchainé à elle comme si aucune année s'était écoulé. Comme s'il n'avait encore vécu, rien connu, rien appris. Sauf qu'elle, elle était différente. Il n'y avait plus rien de cette atmosphère méprisante qui s'était installé à la minute où il avait franchi la porte de son bureau. Il n'y avait plus rien du jeu qu'ils avaient lancé pour savoir qui avait le mieux réussi sa vie et qui devrait se mettre à genoux. Il y avait un pistolet entre eux. Une Beretta qui priait son doute pour être utilisé. Pour lâcher sa balle, comme le point final de toute une histoire. Roy savait que cela n'arriverait pas. Il avait ses yeux plantés dans ceux de son amour passé, lisant à travers les informations dont il avait besoin. Sa vie était-elle en danger ? L'était-elle réellement ? Il n'y croyait pas, bien que son corps était prêt à affronter l'inverse. Il ne s'était jamais attendu à voir une telle chose, à voir le résultat de ce qu'il avait fait. À voir qu'il était responsable de cette colère, de cette rage qui avait poussé Delia à prendre cette rage. En même temps, à quoi s'était-il attendu ? Le moindre de ses mots était là pour augmenter cette flamme destructrice. Peut-être croyait-il qu'elle avait rayé Roy de sa vie et que plus rien n'aurait d'impact, mais il avait eu tort. Tort au point où sa mort semblait n'être qu'une question de minutes. Mais le plus surprenant dans cette histoire, c'était qu'il ne ressentait aucune peur. Il ne tremblait pas face à la possibilité de disparaitre.

Par contre, son cœur manqua un battement quand Delia parla de Bianca. La rancune était une vilaine chose et Roy avait trahi celle-ci de la pire façon. Il aurait pu choisir n'importe qui, il avait choisi sa sœur. Il avait choisi Bianca pour rompre dans la douleur. Pour s'éloigner à vie. Il n'avait pas réussi à se retenir et regrettait maintenant d'avoir ouvert la bouche. Ne se rendait-elle pas compte du mal que tout cela ferait à Bianca ? Il avait beau essayé de se retenir, il avait beau essayer de contenir ses émotions, il ne pouvait se taire face à tout ça. « - Ne laisse pas ton imagination te faire croire des choses, Delia. » Oui, il trompait sa femme, mais pas avec Bianca. Pas avec elle. La sœur jumelle de Cordelia était sans doute la seule amie qu'il avait, la seule à pouvoir lui donnait l'impression que le monde dans lequel il vivait n'était pas si mauvais. Elle était devenue sa dose de paix et pour rien au monde il ne gâcherait ça. Il pensait d'ailleurs que Delia avait pardonné à sa sœur. Qu'elle avait mis toute la faute sur lui, mais il se trompait. Il y avait autre chose entre elles. Une rancune, palpable. Il le sentait et peut-être l'avait-il toujours su. Ce qui expliquait sans doute pourquoi il l'avait choisi elle, bien qu'à une époque, il était indifférent à son égard. Il aurait aimé rajouter quelque chose, mais quoi qu'il dise, elle ne le croirait pas. Delia avait depuis longtemps arrêter de croire aux mots qui sortaient de sa bouche et aujourd'hui, cela n'allait pas changer.

Il ne pouvait pas la blesser, mais il pouvait accepter qu'elle le blesse. Il pouvait accepter qu'elle décide de le tuer. Qu'elle lui plante une balle entre les deux yeux. Il le méritait. Il n'était pas du genre à tout faire pour survivre, sachant le mal qu'il avait commis. L'arme de nouveau en main, c'était comme s'ils étaient entrés dans un cercle bien particulier. Elle tremblait, Delia. Elle avait mal, Delia. Et Roy aurait tout donné pour changer ça. Pour être celui qui l'apaisait, qui la rendait plus forte. Il n'en avait pas le droit. Il se le refusait. Alors autant en finir, maintenant. Dans un calme étrange, Roy avait décidé. Tout comme Delia avait le choix. Tirer ou non. Sa vie était entre ses mains. A chaque fois qu'il observait la gérante des lieux, il sentait son cœur se serrer un peu plus. Delia pleurait, énormément, confuse. Elle tentait de retrouver le refuge derrière ses paupières qui ne faisaient pas office de barrière à ses larmes. Roy en face, attendait. Il perdait presque patiente. Pourquoi ne tirait-elle pas ? Pourquoi ne mettait-elle pas fin à sa peine comme à la sienne ? Car oui, cette situation, elle lui faisait du mal à lui aussi. Plus qu'elle ne pourrait l'imaginer, tant il persistait à rester secret. À rester à l'écart de toute annonce de sentiment. Il était hors de question que le silence prenne le dessus et Roy attrapa le poignet de Delia avait plus de conviction qu'il ne le croyait. Et puis ses paroles s'envolent sans qu'il ne puisse les arrêter. À la fin, il se tait comme un gamin ayant fait une erreur. Il n'aurait pas dû dire ça. Finalement, elle s'éloigne. Elle recule. Elle laisse tomber, mais Roy ne ressent aucun soulagement.

Finalement, il baissa la tête. Il écoute ce qu'elle dit, mais n'entend rien. Sa femme, il s'en fiche ! Tellement ! Et Naina est trop fragile pour faire ce que Delia venait de faire. « - C'est toi qui as gagné, Delia. » Finalement, il ne bouge pas. Il est à sa place, là, entre la vie et la mort, à la frontière de tout. Il serre les poings, levant le regard. « - Tu as gagné le jour où je t'ai perdu. Tu as gagné parce que je suis bel et bien l'homme que tu imagines. Et bien pire encore ! Et tu as gagné parce que tu es libre d'être heureuse, toi. Moi je ne le suis plus…. depuis bien longtemps. » Il a la gorge qui brule désormais. Comme une alerte. Il ne doit rien rajouter de plus. Il le sait. Il ne doit rien dire de plus, mais c'est difficile. Elle était à deux doigts de le tuer, noyée dans une peine qu'il lui avait infligée. Peut-être voulait-il qu'elle le déteste toujours, mais il voulait aussi la rassurer. Il voulait aussi qu'elle sache, qu'il n'était en rien quelqu'un qu'elle devait avoir à ses côtés. « - Tu ne me reverras plus, je te le promets. » Et finalement, c'est lui qui part. Ses pas le rapprochent de la porte, mais son cœur semble bel et bien résolu à rester là.
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyJeu 17 Mar 2016 - 1:46


Elle ne lui aurait jamais tiré dessus. Pas par bonté d'âme, mais par pur égoïsme. Elle ne voulait pas d'un monde sans lui. Leurs vies avaient été écartées l'une de l'autre pendant beaucoup trop longtemps pour qu'elle accepte de prolonger son absence indéfiniment. Elle ne pouvait pas supporter l'idée de ne plus voir ce soir satisfait et ce regard méprisant. Ces lèvres avaient un jour été les siennes, ce regard s'était posé sur elle comme celui d'aucun autre homme. Même si l'envie l'en avait démangée, elle n'avait pas pu se résoudre à appuyer sur cette putain de gâchette. A chaque seconde d'hésitation, elle s'était imaginé le corps de cet être tant aimé étendu devant elle et avait étouffé un sanglot de plus. Elle ne savait pas ce qui l'avait retenue; elle se rassurait en s'imaginant qu'elle n'était simplement pas une meurtrière. Pourtant, oh, qu'est-ce qu'elle avait rêvé appuyer sur cette détente. Un geste, un index qui s'abat sur un morceau métallique qui déclencherait tout un mécanisme meurtrier et ferait disparaître de la surface de cette Terre le seul homme qu'elle avait jamais aimé. Elle était resté immobile, le revolver tendu devant elle, pendant de longs instants. Au moment où elle avait pris la parole, elle avait su qu'elle ne tirerait pas. Parler était un signe de faiblesse, un accord tacite passé avec Roy pour se foudroyer à coups de verbes déplaisants plutôt qu'à coups de balles neuf millimètres. Pourtant, elle le haïssait. Viscéralement. Elle le haïssait au point de s'imaginer sa tête éclater sous l'impact d'une balle qu'elle était en pouvoir de lui lâcher dessus. Elle le haïssait au point de souhaiter ses plus grands malheurs, au point d'espérer un retour de karma, une balle perdue qu'il recevrait au milieu de la rue, aux côtés de cette femme dont elle ne savait rien. Dix années n'avaient pas suffi à la faire oublier. Si elles avaient été responsables de quelque chose, c'était bien d'amplifier cette rancune amère qu'elle éprouvait à son égard. Il s'était reconstruit à la perfection là où elle avait échoué sur tous les plans. Il était devenu son opposé, et c'était peut-être aussi ce qui la mettait dans cet état. Il était devenu un homme qui ne pouvait plus l'aimer, un homme qui n'avait plus rien à voir avec les fonds de caniveaux dont elle faisait partie. « Ne laisse pas ton imagination te faire croire des choses, Delia », avait-il soufflé alors que son arme était toujours pointé sur le visage de Roy. « Je me les étais pas imaginées y'a dix ans, je vois pas pourquoi ça aurait changé. T'as jamais été à moi, tu seras jamais à ta femme. » Les mots avaient sifflé avec une rancœur plus que perceptible. Elle ne savait pas pourquoi elle était allée sur ce terrain là. Elle ne voulait pas ressasser leur relation et le fiasco qu'elle avait été. Elle ne voulait pas s'entendre raconter des baratins auxquels elle ne croirait pas, et elle ne voulait pas s'entendre dire que Bianca avait été la seule femme qui avait jamais réellement compté à ses yeux. Elle en avait marre d'entendre ce prénom de la bouche de tous ceux qui l'entouraient. Elle en avait marre d'être un lot de consolation, une seconde place, la jumelle qui était une copie pâle de l'original. Elle en avait marre d'être comparée à une femme qu'elle aimait profondément. Elle en avait marre d'être comparée à elle alors qu'elle s'y comparait elle-même; elle en avait marre d'être rabaissée à cette place seconde, celle de la jumelle qui a moins bien réussi, qui est un peu moins ceci et un peu moins cela. Et surtout... elle était épuisée de s'imaginer Bianca dans les bras de Roy. Elle était épuisée de se torturer avec cette image qui ne l'avait jamais réellement quittée depuis leur rupture. Elle était épuisée à la simple idée qu'il lui ait finalement préféré, comme toutes et tous, la jumelle accomplie.

Pourtant, qu'elle l'accepte ou non, sa décision avait été prise depuis longtemps. Elle n'aurait pas le courage de lui éclater la cervelle, parce que sa vie morne le serait encore plus sans savoir Roy quelque part à fouler ce même sol qu'elle. Elle le haïssait de la rendre si faible, de la rendre si colérique et vindicative. Elle le haïssait. Il lui avait violemment attrapé le poignet, l'intimant à tirer. Mais elle avait déjà pris sa décision, et elle n'appuierait pas sur la gâchette. Elle avait baissé l'arme et, blessée au plus profond de son être, comme si elle venait de livrer la bataille la plus coûteuse de la décennie, elle s'était reculée vers son stand. Elle avait tout abandonné. Elle réalisait qu'elle n'avait plus rien contre quoi ou pour quoi se battre. Roy n'était plus à elle depuis longtemps ; l'avait-il seulement été un jour ? Que pouvait-elle espérer d'une telle confrontation ? Elle le haïssait. Elle le haïssait tellement. « C'est toi qui as gagné, Delia. » Elle ricana en déchargeant son Beretta. « Bien sûr. Ma vie depuis dix ans est une victoire perpétuelle. » Elle claqua le chargeur contre le bois du stand. Elle ne voulait pas le regarder, elle ne voulait plus le regarder. Elle n'en avait pas la force; il était temps pour elle de fuir sans se retourner. Il retournerait à sa femme et elle retournerait à sa solitude, l'ordre cosmique serait rétabli. « Tu as gagné le jour où je t'ai perdue. Tu as gagné parce que je suis bel et bien l'homme que tu imagines. Et bien pire encore ! Et tu as gagné parce que tu es libre d'être heureuse, toi. Moi je ne le suis plus… depuis bien longtemps. » Silencieuse, elle s'immobilisa. Les larmes lui montaient les yeux. Il lui mentait, elle le savait, mais elle voulait y croire. Parce qu'elle était faible et qu'elle le haïssait. Elle retint un sanglot et croisa les mains sur la tablette devant elle. Elle était enfermée dans son petit box. Elle ne voulait pas le voir, parce qu'elle savait que si elle croisait son regard, elle y lirait le mensonge. Et oh, oui, elle voulait y croire, à ce mensonge. Il avait quelque chose de doux, de protecteur et de rassurant. Il avait quelque chose de ce que leur relation avait été pendant ses quelques années d'existence.  « Tu ne me reverras plus, je te le promets. » C'est lui qui brisa le silence. Elle ne bougeait toujours pas, mais elle entendait à présent ses pas l'éloigner d'elle. « Alors t'es en train de me dire que malgré ce que j'ai fait, je suis en train de perdre un client ? » dit-elle simplement, la gorge nouée. Elle n'avait pas bougé de son petit stand, s'appuyant à présent sur la tablette pour éviter de s'écrouler, encore assommée par ce qu'il venait de dire. « Tu m'affirmes que j'ai le bonheur à portée de main et tu t'en vas ? Tu prétends que t'es pas heureux et tu t'en vas, juste comme ça ? Je suis censée faire quoi, avec ça ? Après toi, le déluge ? » Elle fixait la cible qui, perforée, pendait des mètres plus loin. « Bien sûr que j'ai la liberté d'être heureuse. Tu le vois, à quel point je suis heureuse. Je suis tellement heureuse que j'ai failli te mettre une balle dans la tête. Et ta femme te satisfait tellement que tu m'as presque suppliée de la mettre dans ta tête, cette balle. Bianca fait mal son job de maîtresse, mais c'est pas moi qui lui apprendrai. De toute façon, je faisais clairement mal quelque chose, si tu es allé chercher ailleurs. » Une scène torride du passé flasha dans son esprit alors qu'elle s'efforçait de l'oublier. Ses draps avaient oublié la présence de Roy depuis longtemps. Elle voulait le croire, de toutes ses forces, mais elle n'y arrivait pas. Il voulait sans doute tempérer les choses, rien de plus. « Je te déteste », ajouta-t-elle simplement en penchant la tête sur le côté, se mettant à sangloter à l'abri de son misérable box. « Je te hais. » Elle le haïssait. Elle le haïssait parce qu'elle l'aimait encore de tout son être, et que cette sensation ne disparaîtrait plus jamais. Elle porterait cet amour jusqu'à son lit de mort.
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MessageSujet: Re: “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia)    “ Forgiving does not erase the bitter past. ” (cordelia) EmptyJeu 9 Juin 2016 - 21:24



forgiving does not erase the bitter past
cordelia hoogendijk — roy kapur



Il devait accepter la triste réalité. Cordelia ne ferait jamais partie de sa vie. Elle ne pourrait jamais retrouver la place qu’il lui avait accordé, parce qu’il avait décidé de tout détruire. D’anéantir même un amour profond et sincère. Il avait transformé la passion en une haine féroce dont il subissait désormais les conséquences. Il n’aurait jamais pensé qu’elle serait celle qui tendrait une arme vers lui. Celle qui serait prête à tirer pour ne plus souffrir. Vraiment, l’image ne lui avait jamais traversé l’esprit. La scène semblait improbable, pourtant elle était plus vrai encore que tout ce qu’il avait déjà vécu. Cordelia le haïssait. Et cela lui faisait du mal, autant que du bien. D’une part, il avait accompli sa mission. Il savait qu’ils resteraient éloignés l’un de l’autre. D’une autre, il avait toujours mal à accepter qu’elle ne faisait pas partie de sa vie et qu’elle ne devait pas en faire partie. Ce qu’il avait ressenti à son égard était vrai. Jamais il n’avait menti sur ses sentiments. Jamais il n’avait prétendu l’aimer. Quand il l’avait rencontré, il était un autre homme. Un homme plus simple. Aujourd’hui, c’était tellement différent. C’était tellement incroyable le chemin qu’il avait pris, tellement perturbant de savoir qu’il n’y avait pas de marche-arrière. Il était aujourd’hui quelque chose de pire, de monstrueux, d’insensible et son cœur avait fini par oublier ce qu’était l’amour, la gentillesse et l’amitié… Il vivait plusieurs vies en même temps, plusieurs mensonges et avait déjà tué sans regret. Alors mourir par une balle ne l’effrayait pas. Mourir par Delia, encore moins. Il ne bougeait pas, trop familier par la présence des armes pour être perturbé. Il voyait bien que tout en elle lui criait de tirer. Peut-être finirait-elle vraiment par le faire et alors, sans se douter, elle libérerait Roy d’une vie qu’il ne désirait pas le moins du monde. Bianca était, depuis des années, son seul remède contre la mélancolie. Son seul répit dans un monde continuellement actifs. Il courait toujours, plus loin, sautant plis haut, atteignant des objectifs plus absurdes les uns que les autres. Mais avec Bianca, il ne courait plus. Il respirait. Il respectait Bianca pour ça. Pour cette paix qu’elle lui offrait sans avoir.

Il baissa légèrement les yeux face aux paroles de la jeune femme. Il lui appartenait toujours, c’était ça le problème. Cordelia ne voyait que ce que Roy lui avait montré : un connard, imbuvable, méprisable. Pour se défaire de Cordelia et de l’emprise qu’elle avait sur lui, il avait trouvé la solution en Bianca. Mais dix n’avait rien arrêté et son cœur continuait de battre comme si le temps n’avait rien changé. Naina ne représentait rien, il ne lui appartenait pas. Jamais. « - Je ne suis à personne. » Finit-il par répondre, relevant le regard. Peu importe la façon dont elle allait interpréter ça, il refusait de la laisser croire des bêtises. Même si c’était la dernière chose qu’il faisait en ce monde, il était prêt. Prêt à mourir, prêt à laisser tomber. Plus il restait là, plus il sentait une douleur en lui s’amplifier. C’était comme si la présence de Delia suffisait à faire grandir le vide qu’il avait lui-même provoqué dans son cœur. Et ce vide cherchait à être combler, maintenant, tout de suite.

Ne faisant pas attention au sarcasme de Delia, Roy était prêt à parler désormais que la mort n’était plus une question. Elle ne se rendait pas compte de ce qu’il donnerait lui, pour avoir la vie qu’elle avait. Pour se soucier de choses banales et pour avoir un travail tout à fait normal. Elle ne savait rien du mal qu’il avait commis et qu’il continuait de commettre. Et il ne pouvait pas accepter de partir sans lui dire. Sans lui évoqué ne serait-ce que vaguement à quel point sa vie était une misère. Il était malheureux, depuis toujours. Mais puisqu’elle ne semblait pas y croire, autant partir. Autant en rester là. Disparaitre, c’était sa spécialité. Delia brisa finalement le silence de ses pas, peu satisfaite de ce qu’il lui donnait. Incapable de bouger, il ne se retourna pas. Il ne pouvait pas. Si elle croisait son regard, il savait qu’elle risquait de douter. Qu’elle risquait de voir un souvenir du passé. Il serra les poings, voulant dire tellement, mais refusant d’ouvrir la bouche. Il hurlait intérieurement des choses qu’elle aurait sans doute aimé entendre. Il n’avait pas le droit de dire quoi que ce soit. Il n’avait pas le droit de la regarder.

Et pourtant il le fit. Son corps tout entier était prêt à réagir, mais il se contenta de disparaitre intérieurement face aux derniers mots prononcés. « - Bien. » Il croisa un instant son regard, puis se retourna rapidement. Il avança d’un pas trop rapide pour être contrôler et se retrouva étrangement à manquer de souffle. Sentir le soleil sur sa peau ne changea rien à la colère intérieure qui grandissait en lui. Comme convenue, sa voiture était là. Son assistante aussi. Debout devant la machine, elle attendait tranquillement son retour. Mais Roy dévia son trajet et continua sa marche en suivant la rue sans se préoccuper de quoi que ce soit ou de qui que ce soit. Finalement, il s’arrêta après une bonne marche, sa voiture l’ayant suivi plus loin. Une des vitres se baissa lentement. Hésitante, Lee tenta tout de même de prendre la parole : « - Votre avion vous attends, Monsieur. » Remarquant alors le visage de son patron, elle chercha dans sa veste un mouchoir qu’elle tendit finalement.


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