| Sujet: Dorian Wade ➻ Defying Gravity. DONE. Dim 1 Sep 2013 - 0:09 | |
| Oh man! Wonder if he'll ever know He's in the best selling show Is there life on Mars?
FICHE D'IDENTITE
✿ NOM : wade ✿ PRÉNOMS : dorian, samuel ✿ SURNOMS : dodo, dori, mais de façon générale il vaut mieux éviter ✿ AGE : 34 ans ✿ DATE DE NAISSANCE : 30 octobre 1978, à huntington beach ✿ NATIONALITÉ : américain ✿ SEXUALITÉ : hétérosexuel ✿ SITUATION AMOUREUSE : célibataire ✿ EMPLOI/ETUDES : thanatopracteur, oui, le mec payé pour préparer des enterrements & faire en sorte qu'il n'y ait pas trop de mouches autour des cadavres! ✿ NOM DU QUARTIER : orange avenue ✿ ANIMAUX DE COMPAGNIE : un furet, bowie ✿ CHIFFRE PORTE BONHEUR : aucun.
| LE CARACTÈRE
Enfant, adolescent, Dorian Wade était quelqu'un de profondément heureux et jovial. Il aimait partir à la découverte de nouveaux horizons, cavaler partout où c'était possible. D'une profonde intelligence, il savait s'adapter à toutes les situations et trouver de l'intérêt à toute chose. Il n'était pas un enfant ou un jeune homme à problème - loin de là. Simplement une personne qui aime la vie et qui souhaite la croquer à pleines dents, sans jamais pourtant dépasser les limites de la prudence. La seule chose pour laquelle il ne prêtait pas grand intérêt était lui-même, son propre corps, son propre organisme - ce qui a donné lieu à de multiples excès alors qu'il voyageait au Mexique, ou dès lors qu'il a appris qu'il était diabétique et qu'il a eu de légères tendances à "oublier" son traitement. De façon générale, il était quelqu'un de passionné par son métier, sa passion de mioche héritée de son père, bien qu'il s'agisse d'une passion originale - la mort. Extrêmement admiratif de ses parents, il souhaitait se montrer à leur hauteur, faire en sorte qu'ils soient fier d'eux. Alors oui, il était enjoué, curieux, sociable, plein d'esprit, doté d'un humour certain, quoique un peu noir - études de sciences mortuaires obligent.
Tout a changé il y a deux ans, avec la mort de ses parents dans un braquage de banque qui a mal tourné. Il avait encore une fois poussé trop loin ses limites, et probablement oublié ses piqûres d'insuline - même s'il est encore aujourd'hui incapable de s'en souvenir. Ses parents sont morts en tentant de lui venir en aide alors qu'il faisait une crise. Depuis, il se sent coupable. Il se hait pour sa négligence, ressasse constamment cet évènement en cherchant ce qu'il aurait pu ou dû faire. De façon générale, il a perdu goût à la vie en perdant sa famille. Hanté par ses souvenirs, il a tenté de mettre fin à ses jours un an plus tard. Il s'en est sorti, par "miracle". Depuis, il tente de se reconstruire. Son humour noir s'est renforcé. Il cherche des distractions partout où il pourrait en trouver. Il se noie dans son boulot. Il enchaîne les soirées, les conquêtes, sans scrupule. Il paraît constamment un peu triste - il l'est toujours, ses souvenirs ne le quittent pas. Mais il est résolu à vivre, puisque c'est si nécessaire. Mais même si le traumatisme est encore là, et le dévore jour après jour, il ne peut se résoudre à en parler ouvertement. Alors il reste secret, surtout envers son psychiatre. Au quotidien, il vit sa vie avec un constant désespoir qu'il dissimule de mieux en mieux. Une fuite en avant nécessaire.
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NOUS AVONS TOUS UN PASSE, UN PRESENT ET UN FUTUR.
«Vous voyez, madame...» Dorian se pencha un peu en avant, histoire de jeter un oeil sur l’étiquette encore fièrement attachée au gros orteil de sa «patiente» «...Madame Lucia Barton, joli nom d’ailleurs». Il massa ses mains, puis les apposa de part et d’autre de la femme, pour faire revenir le crâne dans un axe normal par rapport à la poitrine. Les os firent un craquement sinistre. Il reprit, sur le ton de la conversation la plus normale: «Mon psy pense que c’est pas forcément sain de parler à des cadavres. Je vois pas franchement où est le problème.» Il eut un léger rire - bon, ok, les trois quarts des personnes voyaient très bien où était le problème, mais il n’était pas les trois quarts des personnes. Alors il posa une fesse sur le rebord de la paillasse, les yeux rivés sur le visage de Madame Barton, tandis qu’il roulait une cigarette. Pauvre femme. On avait vu plus subtil, comme mort, que de se faire écraser par une cargaison de lamas sur l’autoroute - mais au moins il en avait d’autant plus de boulot pour lui rendre visage humain. «Et puis de quoi il se mêle, d’abord.» Haussement d’épaules. «Vous êtes bon public, Madame Barton. Et si j’ai éventuellement l’envie de vous remercier pour votre attention, je pourrai faire en sorte que vous ressembliez à une vraie Miss Amérique le jour de votre enterrement, même si vous en avez été très loin de votre vivant. Et j’ai besoin de parler». Il cala la cigarette entre ses lèvres. Puis l’alluma. Exhala un long nuage de fumée. «Alors voilà. Tout a commencé quand j’avais dix-sept ans - et je vous prierai de pas lever les yeux au ciel pour l’entrée en matière affligeante.» ... family portrait l 17.o«Diabétique?» Il avait haussé un sourcil, le regard plongé dans celui de son père. Voilà qui était... imprévu. Et un peu contrariant. Il aurait dû se douter que quelque chose n’allait pas tout à fait chez lui quand il s’était retrouvé inconscient sur le sol de sa chambre - mais quand même, c’était imprévu, et contrariant. Jusque là, sa vie avait été toute rose. Franchement, parfaite. Un père, une mère, un fils unique, école, dodo, et voilà qu’on venait lui chier une maladie. Et merde. Ce n’était pas tant le fait d’être diabétique qui lui posait problème. Honnêtement, il n’était pas trop mal loti: mère urgentiste, père entrepreneur de pompes funèbres, il avait le coeur bien accroché et ce n’était pas de se faire des piqûres jusqu’à la fin de ses jours qui allait particulièrement le déranger. Mais il n’aimait pas l’imprévu. Et puis son père semblait se faire du soucis pour lui. Et en prime, il avait des plans pour l’année à venir qui collaient moyen avec ce genre de nouvelles. «Oui, diabétique mon chéri. Mais ne t’inquiète pas, c’est tout à fait gérable, et...» «Bien sûr que c’est gérable. Je suis un grand garçon. Mais ma question, c’est est-ce que je peux partir quand même?». Samuel Wade parut surpris. Juste un instant. Et puis il sembla se rappeler qui était son fils, et son visage se détendit. «Dorian...» commença-t-il sur un ton outrageusement moralisateur. Mais lui il avait croisé les bras et déjà commencé un peu à bouder. Il bossait comme un âne pendant deux ans, afin de sortir premier de sa promotion. Et ce dans une seule perspective: passer une année sabbatique au Mexique à scruter des momies. Oui, il y avait un poil plus poétique comme année sabbatique. Ou même un poil plus funky. Mais il y avait un bail qu’il avait fait son choix entre la carrière de maman et la carrière de papa, à savoir sauver des vies ou faire mumuse avec des morts, et faire mumuse avec des morts avait finalement déclenché chez lui une véritable passion. Ca ne voulait pas dire pour autant qu’il serait un croque-mort austère et rabat-joie - au contraire. Il y avait moyen de se mettre de sacrées caisses au Mexique, à commencer par cet alcool bizarre avec un ver mort dedans... bref. Mais il était diabétique. Et voilà qui était contraignant. «Tu sais papa, le Mexique c’est pas le tiers-monde, ils ont de la nourriture là-bas. Je promets de rentrer sans qu’on m’ait amputé d’un pied.» Regard de chiot. Mains jointes. Petit couinement pour appuyer le tout. Samuel Wade leva ouvertement les yeux au ciel, soupira: «Tu es désespérant...».C’était un oui déguisé. Il tenta de contenir son sourire, pour finalement lever les deux bras vers le ciel en poussant un cri de triomphe. Et puis les deux mêmes bras s’enroulèrent autour du cou de son père, tandis qu’il déposait sur sa joue un baiser sonore. Samuel Wade tirait la gueule, juste pour la forme, mais il était heureux de voir son fils heureux, alors... Au loin, Elise Wade venait d’appuyer son épaule sur le cadre de la porte et secouait la tête, exaspérée. «Tu as craqué, Sam?», demanda-t-elle en riant. «Bien sûr que j’ai craqué. Ton fils est une plaie.» Mais une plaie qui respirait la joie en arrière-plan des commentaires sarcastiques de ses parents - jusqu’à ce que la mère, haussant légèrement le ton, lui lance: «On se calme, compañero. T’es pas encore parti, et je t’enfermerai moi-même dans un cercueil pour te garder ici si tu apprends pas à faire tes piqûres correctement. Retourne dans ton lit.». Alors Dorian grogna, et retourna dans son lit. Obéissant. «Je sais ce que vous vous dites, madame Barton...», soupira-t-il bruyamment en écrasant sa cigarette. «... «J’en ai rien à foutre des histoires de diabète de ce pauvre gamin, je me suis pris un lama sur le coin de la gueule il y a deux jours.». Mais vous avez pas le choix. Vous pouvez pas demander à être remboursée ou à changer de croque-mort, puisque techniquement... et bah... vous demanderez plus jamais rien». Ou alors il allait commencer à regarder les films de zombie d’un autre oeil, puisqu’il se trouverait alors catégorisé dans les métiers à risque. Et en prime, ces histoires de diabète avaient une sacrée importance pour la suite de son récit. C’était comme... L’introduction subtile d’une sombre histoire de petits pieds pour expliquer trois plombes plus tard que Cendrillon soit la seule à pouvoir chausser cette connasse de chaussure en verre. Non, c’était vraiment important. D’un mouvement souple, il descendit du rebord de la paillasse et alla laver ses mains - au cas où les enfants de la défunte songeraient à renifler son travail et se rendraient compte qu’il y avait laissé une sombre odeur de tabac. On n’est jamais trop prudent. «Puis vous savez ce qu’on dit, on juge jamais un livre sur sa couverture. Et bien ne juger pas ma vie toute pourrie à ces histoires de mioche capricieux qui veut absolument se casser au Mexique». Pris d’un terrible doute, il releva les yeux vers sa patiente. «Et puis en prime autant vos lamas venaient du Mexique. Faut savoir savourer ce genre d’ironie, madame.» Il commença à frotter ses mains de crèmes pour la peau de la femme, haussa les épaules. «En tous cas, moi je la savoure pour vous. Et rien que pour emmerder, je vais vous parler du Mexique.»... anywhere l 18-23 y.oOn s’en rend pas compte, hein, mais il fait foutrement froid à Mexico. La ville est à combien? 2000 mètres d’altitude? Bref. C’était en écharpe et bonnet inopinés que Dorian Wade gravissait joyeusement des montagnes pour visiter l’intérieur de temples & autres palais pré-colombiens. Assis au sommet des rochers, il fumait cigarette sur cigarette en contemplant l’horizon. Il décuvait son mezcal les yeux rivés sur des momies parfaites, prenant négligemment, à la stupéfaction des conservateurs, des notes précises sur les procédés de conservation. Il doutait que son père accepte de changer à ce point les usages de l’entreprise familiale en enterrant les corps dans la neige pour les faire rester impeccables pour toujours - mais il n’y avait pas de mal à se cultiver.Il était supposé y rester un an. Un an tout rond, une année sabbatique de base, quoi. Au bout de six mois, cependant, il avait changé d’avis et il téléphonait à son père. «Papa, je vais faire mes études ici». Il y avait un eu «Ha, bon.». Puis un soupir quand Samuel Wade s’était rendu compte que son fils était sérieux. Puis un lever d’yeux au ciel du côté américain de la ligne, même si techniquement il ne pouvait pas l’entendre. Puis d’âpres négociations, un bilan de santé complet, et finalement une acceptation à contre coeur en échange d’une tonne de promesse de se tenir à carreau - même s’il était allé fêter la nouvelle au mezcal juste après. Il avait passé un an à se tourner les pouces, puis quatre à étudier les sciences morturaires - et à l’assumer parfaitement. Bien sûr, on avait vu plus classe pour emballer que le coup du «Oui, je serai thanatopracteur plus tard.», mais il rattrapait la chose avec une vivacité d’esprit certaine, une capacité à l’auto-dérision, et un véritable art de l’humour noir. Et, au final, il emballait quand même. Il avait pour lui des années d’expérience déjà. Il se souvenait parfois, avec une tendresse que beaucoup auraient trouvé malsaine, de la première fois qu’il était entré dans le labo de son père alors que celui-ci était au travail. Samuel Wade l’avait regardé, surpris. Il y avait eu un échange de regards, très bleus, entre l’homme et le petit garçon - un peu surpris chez le père, qui ne s’attendait pas à autant de sang froid de la part d’un gamin de six ans. Et puis il lui avait tendu un gant, beaucoup trop grand pour lui, et il lui avait dit: «Tu veux essayer?». Tant pis si à six ans on est pas supposé entrer en contact avec un cadavre humain, il avait essayé. C’était le premier souvenir qu’il avait dans l’immense galerie mémorielle de l’amour déchirant qu’il éprouvait pour son père. Et la naissance d’une vocation bizarre, d’accord, mais une vocation tout de même - reprendre l’entreprise familiale.Il aurait pu faire une centaine d’autres choses. Dorian Wade était un type intelligent. Il était curieux de tout, il aimait voyager, il aimait croquer la vie à pleine dent - et c’était un poil curieux de vouloir se consacrer comme ça à la mort. Mais c’était une façon comme une autre de se rendre compte de combien l’existence était précieuse, et de la chance qu’il pouvait bien avoir. Il y pensait, au travers de la fumée de sa clope, à un bar du centre de Mexico. Un jour, une de ses amies, américaine exportée tout comme lui, lui avait dit dans un grand rire: «Non mais ça va. Tu pueras le formol mais tu seras toujours un mec cool, je suis sûre». Il y repense, encore, parfois, nostalgique, dévoré par les remords, les regrets et une diabolique mélancolie.«C’est dingue quand même, quand on y pense». Se mordillant la lèvre sous la concentration, Dorian s’appliquait à planquer sous quelques tonnes de fond de teint les taches brunes de la peau de sa patiente - le tout en essayant de ne pas trop avoir l’air d’une esthéticienne. «J’ai passé cinq ans au Mexique, j’en ai croisé des lamas, mais j’avais jamais vu le moindre accident dans votre genre. Bien joué. Je commence même à me demander si c’est pas un assassinat caché. J’admire le commanditaire pour son originalité.» Il rit. En fond sonore, une vieille radio crachotait des airs de blues. Une demande saugrenue de la descendance de la défunte - bah, il n’était pas à ça près. Et quoi qu’il arrive il prenait la liberté de taper la discussion au cadavre, histoire de vider un peu son sac, ce qui n’était probablement pas prévu dans les principes «respect et harmonie» des riches héritiers de la riche bourgeoise - alors il pouvait tolérer deux, trois caprices. Même si... «C’est vraiment de la merde cette chanson. C’était quoi? Le premier slow sur lequel vous avez embrassé votre mari?» Une énième fois, il haussa les épaules - c’était vrai que cette pauvre femme ne lui répondrait jamais. Dommage. Il se pencha à nouveau vers elle, sourcils froncés. «J’en étais où... ha, oui, je suis rentré du Mexique pour reprendre l’entreprise de mon père...» Incapable de se laisser perturber dans son récit par son boulot, même si techniquement son boulot aurait dû passer en premier, il avait entrepris de rouler une autre cigarette, briquet toujours à portée. ... Life on Mars? l 24-32 y.oLe type en face de lui avait grommelé une suite incohérente de syllabe, qui, à terme, en toute logique en tous cas, devait donner un nom. Alors il tendit sa main à son tour, et annonça fièrement: «Dorian Wade». Et, croyez-le ou non, mais il avait sa petite réputation dans ce domaine. Il y eut un «oh» puis un «OH» puis un grand: «Le Dorian Wade». Ca faisait toujours plaisir à l’égo, même si c’était à l’origine pour une sombre histoire de publication d’article, puis de thèse, sur les correspondances entre mythologies locales et huiles d’embaumement. Il n’avait pas vraiment cru sur le coup au petit retentissement de son travail sur la communauté, mais il était devenu une espèce de star précoce chez les croque-morts. Oui oui. Alors que dans la vie de tout les jours, il était simplement un jeune homme impliqué dans son job, mais surtout insouciant, et dont le plus grand soucis était de trouver un moyen de regarder un film en streaming en ne voulant ni payer, ni choper de virus, ni entrer en contact avec des cougars de sa région. Mais son père était fier de lui, alors il était heureux. L’entreprise fructifiait. Ils avaient pu tout récemment faire l’acquisition d’un tout nouveau corbillard, et Dorian avait repeint lui-même l’ancien pour s’en faire sa voiture personnelle - tout en classe et en distinction.Il faisait son petit bout de chemin, en somme, à son rythme. Il ne regrettait même pas d’avoir quitté le Mexique. Il y avait passé cinq années extraordinaires, à découvrir l’attrait de la recherche, de l’histoire, à y découvrir l’amitié, aussi, mais les Etats-Unis lui avaient manqué. Sa famille lui avait manqué. A priori, les découvertes qu’il avait fait de l’autre côté de la frontière avaient donné une dimension nouvelle à sa vocation: il était en quelques sortes un spécialiste, un théoricien un peu plus qu’un simple technicien, le genre qui aurait pu virer anthropologue s’il avait eu la moindre ambition dans ce sens. Il n’en avait pas. Il avait une véritable passion pour son job. Dans le laboratoire familial s’accumulait des photos «avant-après» des clients passés - et il avait un talent certain pour dissimuler les stigmates de la mort.A force, il s’était passée une chose étrange dans son cerveau. Il avait appris à prendre la vie avec légèreté. Tout était artisanat, la mort était son travail. Alors il ne pensait plus vraiment que les gens en venaient un jour à s’éteindre. Il apparaissait, dans la vie de tous les jours, comme quelqu’un de profondément insouciant, aussi surprenant que cela puisse paraître. Tant que l’entreprise familiale tournait, et elle tournait comme jamais, il considérait que tout allait bien pour lui. Il avait la tête plein de projets: se fixer avec une femme, peut-être. Repartir au Mexique un de ces jours histoire de reprendre ses recherches et de les approfondir. Amener les pompes funèbres de son père à un tout nouveau niveau. Il n’avait aucune ambition particulière à être le meilleur dans son domaine, à être le seul au sommet, ou quoi que ce soit d’autre. Il avait juste ambition à vivre heureux, à rendre son entourage fier de lui. Et il rendait son entourage fier de lui. Alors juste... tout allait bien.Tous les soirs, il roulait une cigarette et s’installait sur la terrasse de la maison familiale, à Orange Avenue. Il l’allumait, laissait sa tête basculer en arrière, jusqu’à se poser sur le rebord du banc. Il soupirait. Pensait mollement à demain, avec la certitude que le chemin était déjà tout tracé. Et qu’il allait se faire un plaisir de le suivre. «Et là je jure que c’est la fin de la partie chiante» Il eut un rire - un rire jaune. Il l’aimait bien, lui, la partie chiante. C’était l’époque où il était encore heureux. Profondément inconscient, un peu inconsistant aussi, mais profondément heureux. Mais de cette époque là, il ne restait que deux choses: le laboratoire au sous-sol de la maison familiale, et les rubans de fumée qu’il y exhalait. Les yeux rivés sur le cadavre de Lucia Barton, il eut une pensée presque émue pour son psychiatre. Le docteur Soren Weiss. Ou le type qui tentait depuis approximativement un an de lui faire cracher le morceau sur ce qui s’était passé dans sa vie après la «partie chiante» - s’il savait que tout son professionnalisme ne faisait pas le poids à côté d’un bon vieux cadavre muet sur une table de thanatopracteur... A nouveau, il vint s’assoir sur le rebord de la paillasse et tira longuement sur sa cigarette. «Et encore, Madame Barton, je dois vous féliciter. Vous êtes un excellent public. Je sais pas s’il faut vous remercier ou remercier vos terribles meurtriers les lamas.» Les lamas... il avait manqué d’éclater de rire quand le fils lui avait annoncé la cause du décès, et il avait toujours un peu de mal à s’en remettre. Ca l’aidait, quelque part, aussi. Ca l’aidait à parler, de se dire qu’il y avait peut-être bien pire que lui. Il ralluma le mégot d’un air distrait. Les fenêtres ouvertes faisaient pénétrer dans le labo une odeur de vie, de candeur. Il pencha la tête, et puis il reprit.... shattering glass l 32 y.o Il n’avait aucun souvenir du début de cette journée. C’était con, hein. C’était probablement la plus importante de sa vie, celle qui allait faire tout basculer du paradis vers l’enfer, mais il n’avait aucun souvenir du début de cette journée. Il pouvait déduire. Déduire qu’il s’était levé, qu’il était allé voir ses parents, qu’ils avaient discuté d’une sombre histoire d’emprunt bancaire pour agrandir l’entreprise. Mais c’était tout. Il n’y avait aucune image, aucun mot précis à mettre sur les paroles échangées. Et c’était normal! A dix heures du matin, puis à midi, puis à trois heures, il n’avait aucune idée des choses à venir. On ne sait jamais quand une vie va s’écrouler. On ne sait jamais quand surgit la mort. C’est juste... comme ça. Et on n’y peut rien. Il avait essayé, souvent, de se rappeler quelques détails. Un, surtout. Est-ce qu’il avait pensé ou non à faire ses piqûres d’insuline? Ou est-ce qu’il avait encore joué avec lui-même, paresseux, indolent, insouciant? Il l’avait fait souvent, lors de ces dernières années. Il était moins consciencieux qu’il l’aurait aimé. Une part de lui pensait que non. Une part de lui en était même certaine. Mais il refusait de voir l’évidence. Il préférait penser qu’il n’en savait rien, foutrement rien, histoire de ne pas devenir fou. C’était plus sûr. Parce qu’il y avait vraiment de quoi devenir fou. Ils voulaient juste faire un putain d’emprunt, merde. C’était supposé être une formalité. Un passage éclair à la banque histoire qu’on leur confirme encore que leur compte était parfaitement sain et l’emprunt une transaction sans risque. Ils étaient rentrés à trois dans l’idée saine, naïve, de souder un peu plus leur famille en développant l’entreprise. C’était bête, quand il y repensait. Un peu puéril, comme situation. Mais voilà - ils étaient rentrés à trois. Il en était ressorti trois heures plus tard. Seul. Avec du sang, tellement de sang sur les mains. Il y avait eu le claquement d’une porte. Il y avait eu un homme, le visage déformé par le désespoir. Il y avait eu le reflet d’une arme dans la lumière du jour. Hold up, et prise d’otage. Il voyait ces images, nuit après nuit. Et même s’il n’avait aucun souvenir du début de cette journée.. Il se souvenait parfaitement de tout ce qu’il avait pensé à cet instant. Il s’était dit... que ce type savait pas s’y prendre. Que ça allait mal finir. Que sa tête lui tournait. Que son coeur battait trop vite. Qu’il faisait atrocement chaud dans cette pièce. Qu’il avait soif, horriblement soif. Que ce type avait l’air au bord du gouffre. Et que lui, lui il était sur le point de faire de l’hyperglycémie. Que ç’aurait été presque drôle s’il ne pouvait pas en mourir. Qu’il ne savait plus trop où il était. Que sa mère avait compris. Qu’elle s’était levée, paniquée, avait tenté d’expliquer la chose au type qui les tenait tous en otage. Il y avait eu un coup de feu. Il avait tiré sur elle. Il avait tiré sur elle et lui il était au sol, impuissant, inconscient presque, il avait tout juste la force de garder les yeux ouverts. Il ne voyait plus qu’elle, elle était au sol et elle saignait tellement. Son père avait poussé un cri, tenté d’agir à son tour. Lui, il sentait juste qu’un trou immense s’était creusé dans son ventre, et que sa vie, son insouciance, venaient de s’achever brutalement. Il s’était demandé si ça n’était pas un rêve. Un sale rêve. Un putain de cauchemar. Parce que ça ne pouvait pas être vrai - ce genre de choses n’arrivaient qu’aux autres, non? Et lui il n’avait rien fait pour mériter ça, rien. Il y avait eu un second coup de feu. Son père était tombé sur le cadavre de sa mère. Inconscient, il avait, imprimé sur sa rétine, cette image qui allait le hanter jusqu’à la fin de ses jours. L’image du bonheur qui vole en éclat. Le silence pesant à nouveau s’était installé dans la pièce. Il avait écrasé son énième mégot, passé une main dans ses cheveux. Il venait de se rendre compte qu’arrêter de parler suffisait à le replonger dans cette horrible solitude - la solitude qui ne l’avait plus quitté depuis ce jour là. S’adresser à des corps ne suffisait pas à guérir la douleur d’être orphelin. Tant qu’il parvenait à maintenir l’illusion d’une présence, d’une conscience, il était presque heureux - au moins il était anesthésié. Mais voilà, le fait était là, il ne s’agissait que d’illusions. Il était seul au monde. Et il parlait à des cadavres. Il laissa ses yeux se poser sur Lucia Barton, ou tout du moins ce qu’il en restait. Il avait presque fini son oeuvre - elle était présentable, il avait fait son job. «Je suis un vrai pro, hein?» dit-il en riant. Amèrement. Oui, il était un vrai pro. Dans son domaine, il avait des mains en or - c’était comme ça. Tout comme ce jour où, pris d’une obstination farouche, et contre l’avis de la cohorte entière de ses médecins, il avait pris soin des corps de ses parents... avant de leur dire adieu. Il ne pouvait pas laisser un autre le faire. Il leur fallait les meilleurs. Et c’était comme un hommage. Et tant pis s’il en avait encore les larmes au yeux - il se racla la gorge, détourna le regard. Quand il recommença à parler, ce fut avec le ton monocorde d’un homme qui s’efforce d’être étranger à ses propres souvenirs.... defying gravity l 33 y.oChaque matin, il se réveillait au son de coups de feu. Deux. Distincts. Qui brisaient un silence assourdissant. Qui le laissaient allongé, sonné, avec cette douleur horrible au fond du coeur. Chaque matin, il se réveillait et sa toute première pensée était «mes parents sont morts». Et une certitude grandissait, inexorable, à chaque fois que ce bruit là lui déchirait les entrailles - il était responsable. Tout était sa faute.Il était un type intelligent - c’était le grand drame de sa vie. Parce qu’il était incapable d’oublier, de demander à son cerveau de se taire. Il avait réfléchi longtemps à cette journée. La tête prise entre les mains, il avait essayé de dépasser l’horreur pour trouver la vérité. Pourquoi? Qui? Comment? Il avait assisté au procès du type qui lui avait pris sa famille, un peu sonné, un peu perdu - mais à côté de la haine brute il y avait cette part de lui, infime, qui s’accusait du sabotage de son bonheur. C’était une voix qui lui soufflait à l’oreille, quand il se retrouvait seul, qu’il aurait pu éviter tout cela. Faire quelque chose. Ne pas être si faible. Et cette voix le rendait fou. Elle vrillait son cerveau, c’était une souffrance constante. Quand il était certain, bien certain qu’on ne le regardait pas, il en pleurait de rage.Il s’était renfermé sur lui-même. Il avait bien pris soin de chasser tous ceux qui venaient présenter des condoléances. Il s’était replié, dans son coin - avec sur le ventre une vague nausée pour tous ceux qui ne comprenaient pas, et faisaient mine de souffrir quand même. Alors les gens avaient cessé de venir - simplement. Et lui il avait cessé de sortir. Simplement. Les mégots s’accumulaient dans le cendrier, alors qu’il essayait de panser la plaie béante. Mais exister faisait mal. Alors...Alors un matin il avait poussé la porte. Il y avait eu les deux coups de feux de trop - qui l’avaient laissé brisé sur son lit, à étouffer dans ses sanglots. Les gens le dévisageaient dans la rue - il savait qu’il devait avoir l’air d’un fou. Les nuits le laissaient à peine s’endormir. La mémoire rongeait chaque seconde de conscience. Ses yeux étaient rougis par la douleur. Il avait marmonné un mot ou deux au type à l’entrée de la banque, celui qui vérifiait maintenant, simplement maintenant, que personne n’y pénétrait armé. Anesthésié, il avait poussé la porte de service. Monté chaque marche jusqu’au toit. Halluciné, hagard, il avait contemplé le monde qui continuait - juste en dessous de lui. Il s’était demandé comment cela était même possible, que des gens persistent à vivre. Dans son cerveau tournaient des phrases qui n’avaient aucun sens. Comme quoi il était trop tard pour retourner dormir. Comme quoi il était fatigué, pourtant. Comme quoi cette ville toute entière était risible, minable. Comme quoi il aimerait bien, une dernière fois dans sa vie, ne plus sentir le poids horrible de la gravité, de la culpabilité, sur ses épaules. Que c’était beaucoup, beaucoup trop pour un seul homme. Alors il avait inspiré. Profondément. Il avait levé les yeux au ciel, ouvert ses bras. Il ne savait pas trop ce qu’il espérait, peut-être s’envoler, peut-être y voir retomber ceux qu’il avait aimé et perdus. Mais le ciel était bleu, et le ciel était vide. Et chaque seconde était un coup de feu, une poignée de terre jetée sur le bois poli. Chaque seconde était le silence.Il y avait eu une voix derrière lui - qui disait quelque chose comme «Hé, toi, qu’est-ce que tu fais ici?!». Il s’était retourné, lentement, les pieds au bord de la rambarde. Il avait eu un sourire. Triste. Et il s’était laissé basculer en arrière.Le soleil inondait son visage. Pour quelques secondes, la douleur s’était arrêtée.Jusqu’à l’impact. Etre vivant encore n’avait de cesse de le rendre fou. On avait crié au miracle. Il avait hurlé à la mort. Alors non, non il n’avait aucune compassion pour Lucia Barton. Parce qu’elle était morte, et que lui il n’en avait même pas le droit. Quelque chose, quelqu’un, n’avait pas voulu qu’il arrête de souffrir. Alors il s’était résolu. Résolu à porter ce fardeau atroce, de douleur et de culpabilité, jusqu’à la fin de ses jours. Il avait passé quelques jours entre la vie et la mort. Puis quelques mois dans cet hôpital, à entendre dire que la vie était précieuse. Mais ce qu’il savait, c’est qu’il était dans une perpétuelle agonie. Et que cela faisait deux ans. Il était fatigué, tellement fatigué de lutter. Il passa une main sur son visage. Tourna les talons. Prit son manteau au dos de la porte. Quitta la pièce et le cadavre parfait de Lucia Barton. ... can't go back l 34 y.o«Vous avez essayé d’attenter à votre vie. En vous jetant du toit de la banque où vos parents sont morts. De toute évidence, vous n’allez pas bien, et c’est mon travail de faire en sorte que vous alliez mieux».Jusque là, Dorian Wade s’était contenté de tapoter nerveusement sa mâchoire. Là, il ne put s’empêcher de carrément lever les yeux au ciel - au cas où son agacement n’était pas évident. En face de lui, Soren Weiss, son tout petit psychiatre dans son fauteuil en cuir - visiblement exaspéré. Il fallait dire qu’il n’avait pas choisi le patient le plus facile. Loin de là. Dorian savait qu’il était une personne profondément problématique. Et il aimait en jouer - chaque distraction était bonne à prendre. Il se pencha légèrement en avant, joignit ses mains sous son menton: «Il y a erreur dans les termes, Docteur. Je ne me suis pas jeté du toit. Je me suis laissé tomber.» D’accord, il chipotait. «Je vais bien.» Ajouta-t-il après un silence. Il haussa un peu les épaules: «On va dire que je vais mieux. Et je ne me laisse plus aller à des démonstrations publiques de désespoir. Maintenant, si vous pouviez avoir l’extrême amabilité de me laisser vaquer à mes occupations... Le formol, c’est bien pratique, mais ça a pas une efficacité éternelle.». Traduction: ça va commencer à sentir mauvais dans la cave, et puis fous moi la paix avec ta thérapie à deux balles, c’est pas comme si elle allait vraiment me faire avancer dans mon travail de deuil. Il se redressa légèrement, laissa tomber ses mains jointes sur ses genoux. Le psychiatre avait levé les yeux vers lui: «Il va falloir se résoudre à me raconter ce qui s’est passé ce jour là, vous savez. C’est le noeud du problème.». Il laissa s’échapper un claquement de langue, avant de dire sèchement: «Le noeud du problème, vous savez où vous pouvez vous le mettre.»La réponse, probablement tout aussi fleurie, du psychiatre ne vint cependant pas. Dommage. Il appréciait vraiment ce type pour sa combativité - il le faisait chier au quotidien, mais il avait au moins le mérite de ne jamais laisser tomber. C’était admirable. Mais bref. La réponse du psychiatre ne vint jamais, comme la porte venait de s’ouvrir et les mots les plus improbables du monde venaient de tomber: « Tu savais que le chien de Bonaparte s’appelait Milou et… ». Il haussa un sourcil. Se tourna vers la nouvelle arrivante - car c’était une femme. Remarquablement belle. Et la colère, l’agacement, la nervosité aussi, s’étaient envolés pour quelques secondes. Oh. Il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’un être vivant puisse avoir ce genre d’effet sur lui. A son «Bonne journée», il répondit d’un vague signe de la tête, toujours un peu stupéfait.Quand elle ferma la porte, il y eut un instant de flottement. Il hésita une minute entière avant de reprendre, sur son ton habituel: «...Vraiment, cadavre en décomposition dans ma cave. Vous devriez me foutre la paix pour aujourd’hui.». Soren Weiss avait levé à son tour les yeux au ciel. Quelques dizaines de minutes plus tard, au moment de quitter le cabinet, il se tournerait vers son psychiatre et lui demanderait, mu par un instinct profond, qui était cette femme. Parce qu’il ne l’avait vue qu’un instant, un instant à peine - mais il avait presque oublié qu’il pouvait ne pas ressentir de colère à voir quelqu’un sourire. Et il avait presque oublié qu’il pouvait être heureux d’apprendre que peut-être, puisqu’elle était sa soeur, il serait amené à la recroiser. Par hasard. Et que le hasard, parfois, pouvait faire autre chose que détruire des vies.
DERRIÈRE L’ÉCRAN
✿ Coucou tout le monde, je débarque sur H.B alors que personne ne me connaît alors autant faire les choses bien non ?! Tout d'abord il faut savoir que dans le monde des forums mon pseudo est tanagra, tandis que mon prénom est jeanne. Je suis âgée de 20 ans et je vis actuellement du côté de Lille . Ce que je fais dans la vie ? ça ne vous regarde pas :p Passons aux choses sérieuses, j'ai connu ce forum sur ha? heu. bonne question., ma première impression en le voyant a été oh vouiiiiii . Côté rp je vous préviens que mes fréquences de connexion seront de 7/7 et que mon niveau rp est de checkez un de mes cinq autres comptes . Concernant mon personnage j'ai choisi benedict cumberbatch comme célébrité, pas mal non ? Si vous avez bien lu ma fiche vous savez d'avance que je choisi u can't buy happiness comme groupe ! Au faite j'allais oublier le code du règlement star treeeeek . A bientôt sur le forum
Dernière édition par Dorian S. Wade le Sam 7 Sep 2013 - 3:15, édité 26 fois |
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