Revenir en Inde, revoir tout ce monde, et ces paysages. Il avait raté quelque chose. Avait-il vraiment raté quelque chose ? Oui l’éducation de son fils. Son fils qui avait définitivement quitté le pays. Aucune trace de lui ni de son ex. Au départ ce fut assez troublant, avaient-ils changés juste de ville pour les études de son fils ou peut être quelque chose du genre. Mais rien de tel, ils avaient déménagés depuis plusieurs années. Plusieurs années qu’ils ne faisaient plus partis de ce pays. Mais lui bien évidemment n’était pas au courant. Il avait été occupé à voyager, à voir d’autre horizon et à profiter de la vie comme bon lui semble. Les grands parents de son fils, on eut du mal à lui donner l’adresse. Mais au final, il a réussi à leur tirer les vers du nez.

Seulement en arrivant à Huntington Beach, ce beau matin, il se fit la remarque, qu’il connaissait quelqu’un qui y habitait. Et en plus de ne pas avoir d’argent, cette certaine personne pourrait l’aider, le temps qu’il se dégote un petit studio ou quelque chose du genre. Cette personne, c’était Neela Meyers. Ils se connaissent depuis le temps des bacs à sable. Malgré leur différence d’âge, ils s’entendaient bien à l’époque. Ils étaient voisins, et avaient l’habitude de se parler quand ils se croisaient ou passaient devant la maison de l’un ou de l’autre. Les deux, n’étaient pas non plus, les meilleurs amis, besta forever, inséparable, mais peut être qu’elle l’accepterait. Qui sait ? Il n’essayait pas de s’imposer mais il avait énormément besoin d’aide et il ne se voyait pas aller toquer à la première villa, et leur demander de l’héberger. Non le but là, était justement de faire croire à son fils et à son ex, que son absence n’avait pas donné rien. Et que justement il avait de l’argent, qu’il pouvait s’offrir une maison digne de ce nom. Espérant que ça ne se sache pas, il marchait tout au long de la rue avec sa valise.

Sa maison était gigantesque, du moins pour le trentenaire elle l’était. Il n’a jamais vraiment eu de foyer fixe, et encore moins une maison aussi « luxueuse » oui ça fait très « un indien dans la ville » mais que voulez vous. Posant ses affaires au sol de l’entrée, il s’apprêta à toquer, ou a sonner ou peu importe à frapper sur la porte d’entrée. Mais une hésitation l’emporta, il était loin d’être le parfait mec sociable, qui se faisait des amis en un claquement de doigt. Non, il restait réservé et assez timide, avec les personnes qu’il ne connaissait pas. Et effectivement depuis le temps où lui et Neela s’étaient recroisaient, ça remontait à vraiment très longtemps. Elle devait maintenant être une femme, qui a la vingtaine, et peut être plus, il ne se souvenait pas de la différence d’âge qui les séparait, mais quand elle a quitté l’Inde, son fils à lui était déjà né, et il avait déjà entamé sa première année d’étude supérieure. Se hâtant il frappa à la porte, attendant une quelconque réponse. Peut être le prendrait-elle plutôt mal… ou bien elle le virerait complètement, avec en bonus un coup de pied au derrière. Ou bien dans le pire des cas, elle lui ferait un câlin ... beurk ! rien que d'y penser ... lui faire un câlin. Passons! Neela t'ouvres quand ?!

Quel soulagement, elle ne le mettait pas à la porte, bien au contraire, c’est avec bras ouvert qu’elle l’accueillait. Souriant à sa petite taquinerie il baissa légèrement la tête en se frottant la nuque. –Je … tu vas bien ? dit-il tout en hésitant à poser le pied à l’intérieur de la demeure Meyers. –Je suis désolé d’arriver sans prévenir. C’est juste que … il entra le pied droit le premier, toujours hésitant, ne sachant pas vraiment quoi dire, quoi faire, ou bien comment se justifier. Gêné il posa sa valise à l’entrée regardant Neela, refermer la porte derrière eux. Comment lui expliquer que … qu’il était là pour une raison précise. Ils n’étaient pas amis, il n’avait donc pas le droit de lui demander quelque chose d’aussi important, du moins lui se sentait ainsi à l’instant présent. Mal à l’aise, la gorge sèche comme s’il s’apprêtait à faire quelque chose de mal. Il finit par se placer face à l’indienne, en lui souriant, elle avait tout de même accepté de le laisser entrer sans toutes remarques déplacées. –Ca te dérangerais que je dorme sur le canapé ? il l’avait dit, il ne voulait pas qu’elle croit qu’il tentait de paraitre gentil, tout mignon avant de le lui demander. C’était fait, il avait déjà lancé sa demande, bien que très peu expliquée, elle devait déjà comprendre la raison de sa venue, chez elle précisément après tant d’années, sans nouvelles, il faisait passer ses intérêts avant toute chose. C’était mauvais, il en concevait, il se sentait mal, seulement, il n’avait pas trouvé d’autres solutions, et Dieu sait ô combien il a cherché des solutions, des idées, des plans, mais au final il se retrouvait à la case de départ. –Ce ne sera que pour quelques jours… il marqua une petite pause. –voir quelques semaines… une autre petite pause, il acheva le tout avec un léger soupire. –ça prendra surement des mois. Je suis désolé mais je vais tout t’expliquer Neela.

Cette situation devenait très peu confortable, et cette grande baraque avait l’air de rétrécir aux yeux d’Adam. Comme si tous les yeux étaient rivés sur lui seul. Comme s’il avait peur d’elle … au final c’était peut être ça, peur de sa réaction de ce qu’elle allait dire. C’était pire qu’il ne l’avait imaginé. Le jeune s’était entrainé afin de ne pas justement se retrouver dans des conditions pareilles mais sa –légère- timidité le rattrapait il recula alors trébuchant sur sa valise, il faillit tomber mais par chance il était encore sur ses deux pieds. Un léger rire s’échappa, pouffant un peu, sa nervosité avait peut être disparu mais non bien au contraire elle était encore là, lui bouffant alors le peu de mots qui sortaient de sa bouche. –C’est juste que je n’aie pas les moyens de me payer quoique ce soit pour le moment, je te paierais bien sur, mais s’il te plait, j’ai besoin de ton aide. Il lui devait des explications, il en était conscient, et elle pouvait lui poser la question, après tout c'était lui qui s'imposait, en tant que sans abris.

Il se doutait bien que, débarquer ainsi, avec une valise à la main, en mode touriste, voyageur des montagnes, et sonner à la porte de quelqu’un, et n’avoir que très peu d’attachement avec cette personne là, pouvait sembler inopportun. Mais s’il avait eu le choix, croyez-moi, il aurait fait autrement. Se sentant désolé, il voulait s’excuser, à nouveau, encore une fois, mais il ne voulait pas paraître lourd. Le petit indien dans la ville, qui sait que s’excuser. Il préféra, alors ne rien dire.

Elle le regardait, impatiente, il avala sa salive, il devait tout le dire, sinon elle risquait d’attendre ainsi toute la journée. Il lui avoua donc, que ça prendrait surement des mois, et qu’il lui expliquerait tout. Mais, la jeune indienne, ne voyait pas les choses de la sortes, selon elle, explications rimaient forcément avec mensonges, du moins « généralement », il ne voyait pas en quoi, il mentirait, sur sa venue. Ce n’était un secret pour personne, ni pour Adam, ni pour son fils, ou son ex, et encore moins pour celle qui l’hébergera. Se frottant l’œil, il la fixa, en essayant de comprendre ce qui se passait tout de suite. – Surement … peut être. Mais je ne vois pas ce que m’apportera de mentir sur ma venue. Et le trentenaire le pensait vraiment. Il était là pour son fils, et même si elle ne voulait rien savoir, du moins pour le moment, il lui expliquerait. Adam toussota un petit coup, avant de révéler, la raison. – C’est pour mon fils, que je suis là. Mais si tu ne veux rien savoir pour le moment, ce n’est pas grave. Ajouta-t-il d’une voix timide. – Je … je… t’expliquerais tout plus tard. Le fait de devoir s’imposer de la sorte, ne le mettait vraiment, mais pas du tout à l’aise. C’était l’impression qu’il se donnait, une impression, de vieux à la rue, qui s’impose. Il se doutait bien, que si elle n’avait pas envie de le garder chez elle, elle ne se saurait pas gênée pour le dire, elle n’avait pas l’air d’avoir sa langue dans sa poche, mais tout de même.

Neela, lui expliqua clairement, que la baraque qu’elle avait, c’était une putain de villa, dotée de plusieurs chambres, et que se loger sur le canapé ça faisait très chien à la rue, bon elle ne l’avait pas dit de cette manière là, mais il avait compris, que sa maison, c’était plutôt une villa-hôtel. – Merci. S’empressa-t-il de lui dire, en la prenant dans ses bras. AWKWARD ! C’était surtout, parce qu’il ne savait pas comment la remercier. Un bisou, un câlin ? Rien … - Je tenterais, de me faire petit. Il avait fait une entrée plutôt, imposante, on pouvait le dire, vu ce qu’il lui avait demandé. Il espérait rendre sa venue, la plus discrète possible. - Tu vis seule ? il se posait la question, étant donné, de la taille de son domicile. Elle pouvait peut être, habiter avec d’autres personnes, il était juste curieux. Curieux de savoir dans quel environnement il allait loger, qui est-ce qu’il verrait tous les jours, le matin. C’était comme un nouveau départ. Qui s’annonçait peut être court, mais ça restait une nouvelle « aventure » qui commençait, à Huntington Beach. C’était une nouvelle page de sa vie qui s’était tournée, pour en laisser une autre. Maintenant que Neela, avait en quelques sortes accepté, qu’il squatte pour quelques temps, le rendait légèrement heureux. Il laissa alors, un léger sourire s'afficher au coin de ses lèvres.

Peut être, que, ça pouvait paraître étrange, Adam, avoir un fils. N’avait-il pas la carrure pour ? Ou bien était-ce un problème d’âge ? Il en était conscient, il avait 35 ans, et il en faisait dix de moins. Ce n’est pas de la vantardise, ou une quelconque arrogance, non, loin de là, il était juste conscient des atouts qu’il avait, et pour certain, la jeunesse en faisait partie. Il haussa les épaules. –Oui. Il ne savait pas quoi d’autre dire, oui, était la parfaite réponse, il avait un fils, et c’est tout ce qu’il pouvait dire. Devait-il lui raconter combien, il avait été égoïste en faisant passer sa vie, son boulot, et sa passion avant son sang, sa chair, son fils … Sa famille. Il se sentait coupable, c’était peut être une chose bien ? Peut être, était-il préférable d’avoir un sentiment de culpabilité, que de ne ressentir rien du tout envers la seule personne qu’il aimait vraiment au monde. –Tout le monde à des secrets, du moins j’en suis persuadé, moi le premier. Et j’en suis conscient, que ça peut paraître louche, ma venue, ma raison, ou même ma motivation, mais mon fils n’en fait pas partie. C’était vrai, tout le monde a un secret, lourd ou pas, enfantin ou non, mais tout le monde cache quelque chose, qu’on le veuille ou non. Et dans le cas d’Adam, c’était pareille, il cachait certaines choses, mais la raison de sa venue, était réellement Noah, son fils. Et non pas un quelconque problème avec quelqu’un ou quelque chose. Et puis, même si c’était le cas, il aurait planifié les choses autrement, et beaucoup plus stratégiquement. –Oui on, en reparlera plus tard. Je vais me rafraîchir d’abord. Il avait un peu chaud, et son voyage avait duré très longtemps. Imaginez le trajet entre l’Inde, et les Etats-Unis, sans compter les poses, et le changement d’avion qu’il a du effectué, aucun avion, n’emmener directement à Huntington Beach.


Il ne pensait pas être le seul à lui avoir posé cette question. C’est vrai, c’était une très, très, très … grande maison, et même pour cinq personnes, voir une dizaine, du moins il n’était pas habitué, il a vécu dans la pauvreté et ce depuis son jeune âge. Les grosses voitures de sports, les demeures où on se perd, il n’avait jamais connu ça. Ca le surprenait de la voir vivre seule, peu importait femme ou homme, pour lui ça restait assez surprenant. Il allait surement vite s’y faire avec le temps. –Un peu trop grand tu dis ? C’est immense. Neela préféra le prévenir, de qui fréquentait la maison, et de ses voisins. Du moins d’un voisin précisément. Elle avait l’air de vraiment l’apprécier, sans rire. Adam sourit à la jeune femme en soupirant quelques mots. –Ces jeunes alors ! Toujours prêts à faire la fête. Il disait ça parce que lui aussi, plus jeune il avait adorait casser les pieds à ses voisins, et crier que la jeunesse y’avait que ça de vrai. Mais le temps avait vite filé, et il n’avait plus vraiment le temps pour ce genre de choses. Et au final il n’était plus vraiment, le jeune Adam que tout le monde connaissait, il était à présent, réservé, solitaire, et plutôt discret, sans oublier le fait qu’il avait son côté timide, qui l’empêchait de faire une quelconques folie.
Sa valise en main, il la tira jusqu’au centre du hall, il monta ensuite les escaliers, tout comme elle lui avait dit, il se mit alors à marcher dans les couloirs, afin de choisir la future chambre, dans laquelle il vivrait. Du moins, pour un bon bout de temps. Il ouvrit la première porte qui se trouvait près de lui. La chambre avait l’air inhabité. Adam prit alors son aise, s’installa, posant sa valise près de la fenêtre, il s’assit sur le lit, et prit son visage entre ses mains. Ca faisait très clochard, de se ramener chez quelqu’un comme ça et de lui demander son aide. Dieu merci Neela était une jeune femme qu’il connaissait, peu certes, mais qu’il connaissait quand même. Se levant il décida de s’occuper de ses affaires, enfin … du peu qu’il avait prit avec lui. Sa valise ouverte sur le lit, il les plaça dans l’armoire non très loin du lit, s’il souhaitait partir sur de bonne base, il fallait qu’il ait vraiment l’air de vivre là, et non pas en tant que simple invité. Il se devait d’avoir les idées claires, sur sa situation. Au fond il avait surement juste besoin de parler. De déballer ce qu’il avait sur le cœur, et d’avoir l’impression que quelqu’un l’écoutait vraiment. Et qu’il ne parlait pas, juste pour parler. Il avait besoin d’un ami, c’était donc ça. Un ami a qui parler, et Neela était la parfaite amie. Celle qui l’écouterait parler autour d’une bonne pizza et d’un verre.
Glissant sa main sur la rambarde des escaliers, il gagna à nouveau le hall, pour retrouver Neela. Il eut du mal à trouver la cuisine, pièce où la jeune indienne se trouvait. Elle était de dos, il laissa glisser son regard le long du corps de la chirurgienne, il aura beau être timide, ça restait un homme, et comme tout hétéro qui se respecte ses yeux aimaient se balader. Pour ne pas l’effrayer il se racla la gorge et se mit à ses côtés. –Besoin d’aide ? Mieux vaut faire quelque chose à deux, en appuyant sur le fait qu’il s’était tout de même imposé, sa participation n’était même pas une option, et puis d’un côté, il apprendrait à mieux la connaitre.