Deux petits pas sur le sable mouillé ◊ LAVANYA&JULIA

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⊹ Lavanya & Julia
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La rue était déserte à cette heure matinale. En regardant par la fenêtre de la cuisine, je pouvais voir mon journal posé sur l'herbe fraichement tondue de la veille. Il avait été balancé là par le gamin qui distribue les journaux tous les matins, j'avais entendu dire qu'il ne savait pas toujours très bien viser et qu'il lui était déjà arrivé de briser une ou deux vitres dans le quartier, personnellement je n'avais rien à lui reprocher. Il s'arrangeait toujours pour éviter les arrosages automatiques ou les flaques d'eau. Et puis si jamais j'avais l'occasion de le croiser il me saluait toujours avec un large sourire en m'appelant "madame" ce qui me faisait sourire à mon tour. Rêvassant encore un peu à la fenêtre, j'observais le voisin sortir de sa villa tout aussi majestueuse que la mienne pour gagner l'allée de son garage où un Porshe Cayenne était garé. Tout ce luxe… je n'arrivais toujours pas à savoir si ça m'écoeurait au point d'en avoir la nausée ou si c'était plutôt le genre de truc à me mettre les nerfs. Dans les deux cas, j'avais du mal à vivre ici et à m'y sentir tout à fait à mon aise. J'avais grandi en voyant des gens misérables n'avoir pratiquement rien à manger, ou à se mettre sur le dos, mes parents m'avaient appris à me contenter de ce qui était nécessaire uniquement, sans jamais manquer de rien cela dit. Nous n'étions jamais dans l'excès et malgré la richesse dont ma famille disposait, nous n'avions jamais vraiment fait de folie. La seule excentricité à laquelle mes parents avaient cédé c'était cette maison. Mon père avait passé la majeure partie de son enfance à Huntington Beach et il y était fortement attaché pour une raison que j'avais toujours plus ou moins ignoré. C'était notre seul point d'encrage, la seule maison fixe que nous possédions et pourtant si j'avais choisi de m'y installer à mon tour mais parents eux n'y mettaient pas souvent les pieds. Ils préféraient partir en vadrouille à longueur de temps, ils passaient des mois et des mois à parcourir le monde et depuis ma naissance ils avaient toujours été incapables de rester plus de quatre petites années au même endroit. Depuis que j'étais née j'avais déjà vécu dans huit pays différents en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Europe, en Asie, en Océanie et en Afrique. J'ai vu le jour en Ethiopie, tout comme ma fille d'ailleurs. Sanaa, mon rayon de soleil, mon bien le plus précieux. D'ailleurs, elle devait être réveillée et peut-être attendait-elle que je vienne la chercher dans sa chambre. Ma poupée approchait à grands pas de son second anniversaire, et plus j'y pensais plus je réalisais à quel point le temps défilait à une vitesse folle. Il y a quelques jours de cela, j'avais appris que Sanaa était peut-être autiste, il faut dire que j'avais des doutes sur cette question depuis des mois, une sorte de pressentiment, l'instinct maternel, je n'en sais rien mais quoi qu'il en soit il était clair à mes yeux qu'il y avait quelque chose d'étrange avec Sanaa. Ce que j'avais le plus de mal à supporter c'était ses absences, son manque de réactivité et pourtant j'avais beau en parler aux médecins et à mon entourage, c'était comme si j'étais folle. Tout le monde me répétait de ne pas m'inquiéter, que chaque enfant se développe et grandi à son rythme. Je ne suis pas l'une de ses mères gaga qui rêve d'un enfant précoce, moi je voudrais simplement regarder ma fille dans les yeux et voir une petite lueur, un signe qui me prouverait que tout va bien. Mais depuis ce fameux rendez-vous chez le médecin qui m'avait lui même confirmé que mes inquiétudes n'étaient peut-être pas si débiles que cela, j'avais une boule dans le ventre. Ma fille était peut-être autiste. Autiste. Je ne cessais de me répéter ce mot dans ma tête encore et encore. Je n'avais pas pu résister à l'envie de faire quelques recherches sur le net, j'avais surtout lu les témoignages des parents dont les enfants avaient été diagnostiqués, à lire ce que certains racontaient, je me retrouvais et surtout je retrouvais Sanaa dans quelques uns des messages que j'avais lu. Je n'étais pas du genre à me voiler la face, même si ça me foutait une trouille monstre, je voulais obtenir des réponses concernant ma fille et si c'était bien d'autisme qu'elle était atteinte je souhaitais le savoir avec certitude le plus tôt possible.

Quittant la cuisine et cessant mes rêveries je me dirigeais vers les escaliers pour monter à l'étage où se situaient les chambres. Cette maison était vraiment trop grande pour deux personnes mais au final nous y étions bien quand même. J'avais besoin de stabilité pour moi-même et pour ma fille et il était donc hors de question de lui imposer un nouveau déménagement, même s'il s'agissait uniquement de changer de quartier. Et puis quitte à être à Huntington Beach, autant ne pas laisser la villa familiale pourrir. Arrivé devant la porte sur laquelle on pouvait lire le prénom de ma princesse en lettres en relief rose, je pressais la poignée pour la découvrir debout dans son lit. "Bonjour mon ange!" Je m'empressais de la prendre dans mes bras pour la serrer contre moi et lui faire un énorme câlin. Ces moments là étaient mes préférés. C'était le meilleur moyen de bien commencer la journée. Justement, aujourd'hui je n'avais rien prévu de spécial mais avec le beau soleil qu'il faisait nous n'allions certainement pas resté enfermées à la maison.

Après un bon petit déjeuner, et un bain bien chaud, Sanaa et moi étions prêtes à partir nous balader. Je n'oubliais surtout pas de prendre mon appareil photo après avoir calé ma fille dans mes bras. Direction la plage! Il était encore tôt, l'heure de pointe n'avait pas encore sonné. Armée de crème solaire, d'un chapeau pour ma fille et de lunettes de soleil pour ma part, je m'empressais de nous installer sur une grande serviette de plage. J'avais envie de marcher un peu dans le sable et visiblement Sanaa n'avait pas non plus envie de rester assise, elle commençait déjà à trottiner sur la plage. Elle était du genre solitaire, elle n'aimait pas particulièrement jouer avec les autres enfants mais lorsque je la voyais sourire c'était tout de même assez pour me rendre heureuse même si j'aurais voulu la voir jouer comme les autres bambins de son âge. Laissant toutes nos affaires, je ne pris que mon appareil photo que j'avais accroché à mon cou. Suivant ma fille à la trace, je regardais autour de moi en même temps. Clic. Une photo de l'océan. Clic. Une photo de Sanaa. Clic. Clic. J'étais lancée et je ne m'arrêtais plus. Il n'y avait vraiment pas grand monde, quelques messieurs qui faisaient leur footing, un jeune couple qui était bien occupé à s'embrasser, dans l'eau je pouvais apercevoir une ou deux têtes, je me demandais justement si la mer était bonne aujourd'hui. En reposant mes yeux vers ma fille je baissais mon objectif de devant mes yeux. Je l'aperçu un peu plus loin en train d'aller s'étaler sur la serviette d'une jeune femme. Je me précipitais donc pour aller chercher Sanaa et m'excuser auprès de celle qu'elle importunait. L'attrapant pour la hisser sur ma hanche, je fis un large sourire à la femme qui me faisait face. "Excusez nous!" En l'observant bien, elle me faisait penser à quelqu'un. Je restais bloquée comme une idiote à l'observer tandis que son visage me rappelait beaucoup celui de ma meilleure amie indienne dont j'avais d'ailleurs piqué le prénom pour le donner à ma fille. Cette jeune femme lui ressemblait étrangement et ça avait de quoi me perturber. Me rendant compte de mon impolitesse, je secouais la tête comme pour chassez l'imagine de ma meilleure et m'excuser une fois de plus. "Pardon, je… Vous me rappelez quelqu'un que je connais et j'ai cru un instant que vous étiez cette personne." Souriant de plus belle car après tout elle n'avait pas l'air si dérangée que cela par notre présence, je repris la parole. "Enfin.. désolée du dérangement, elle ne vous embêtera plus!" J'aurais peut-être dû tourner des talons et retourner à mes occupations mais pour une raison quelconque je décidais de me présenter. "Je m'appelle Julia. Julia Matthews." Après tout, il n'y a jamais de mauvais moment pour se faire de nouvelles connaissances dans cette ville, pas vrai?

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Deux petits pas sur le sable mouillé

⊹ Lavanya & Julia
Elle était plantée comme un pic, au milieu de la plage, immobile, se faisant gifler par le va-et-vient violent des vagues, elle fixait l’horizon. La douleur qu’elle ressentait, le moitié de son corps embaumée par une intense froideur, rien ne la faisait bouger.
Et là elle vit les premiers rayons de soleil qui illuminait le ciel, elle sourit, ça y est elle l’avait enfin vu, elle l’avait enfin ressenti: son premier lever de soleil à Huntington beach.
Elle pris une grande inspiration et expira d’un coup, elle se retourna pour aller rejoindre ses chaussures délaissées, quand elle rencontra le regard d’un jeune homme... CE N’EST PAS CE QUE VOUS CROYEZ ! Hein, non mais oh !
Il avait un chariot de glaces ! Elle se mit à lui courir après, vu sa tête il ne pensait pas que quelqu’un allait lui demander une glace aussi tôt et moitié trempée: elle le remercia et s’empressa de lécher ses doigts trempés de glace au chocolat.
Elle marcha un petit moment avant de se rendre compte de son geste, sa mère l’aurait sûrement tué pour s’être léchée les doigts, car ce n’était pas les manières d’une femme bien élevée ! Malgré tout l’amour qu’elle portait pour sa mère, les gifles impromptues ne lui manquaient pas du tout, le moindre faux pas lui valait une marque rouge sur la main... Ou sur le visage, ça dépendait si Lavanya le faisait exprès ou non.
Après avoir joué au football avec des inconnus qui l’appelaient Lavyan pendant une heure, elle quitta “ses potes” car elle n’en pouvait plus. Elle s’affala dans le sable chaud puis le vent lui fît une sensation désagréable dans les pieds, comme si on l’a touchait, elle se replia en sursaut et elle vit qu’il n’y avait strictement rien à ses pieds, un crabe peut-être...
Inquiète elle se tourna son regard à gauche et vit une enfant près d’elle qui s’était allongée sur sa serviette, elle prit peur et se releva.
* Mais d’où elle sort !*
Sa mère se précipita pour la récupérer avant que Lavanya ne fasse une crise de panique, alors que l’enfant était au contraire bien heureux de se trouver là !
La mère de la petite fille s’excusa du comportement de celle-ci Lavanya se rappela de sa mère qui s’excusait sans cesse de ses impolitesses et tout comme la petite fille, elle ne comprenait pas du tout ses tords. Elle sourit à la petite fille: “J’ai cru que l’océan venait d’accoucher d’un ange et l’avait oublié... Tu es aussi belle qu’une princesse”, la jeune enfant lui rendit un sourire encore plus beau !
Elle fut un peu gênée de la façon que la mère la regarda.
*Pourquoi elle me fixe comme un cheeseburger...*
"Pardon, je… Vous me rappelez quelqu'un que je connais et j'ai cru un instant que vous étiez cette personne." lui dit la jeune femme pendant que Lavanya prit la main du petit bout de chou, elle se mit à se présenter: "- Je m'appelle Julia. Julia Matthews.
- Lavanya Jeyaraj... Mais vous pouvez m’appeler...”
Avant qu’elle ne puisse finir sa phrase, elle se fit coupée la parole par des garçons qui se mirent à crier: “Lavyan !!!” Elle s’arrêta et fit une grimace pour montrer qu’elle était trop morte de fatigue pour continuer à jouer au football à ses chers potes d’une journée.
“Ouais bon mon nom ressemble à peu près à ça...Je suis désolée mais j’ai la mémoire d’un poisson rouge, vous pensez que l’on s’est rencontré où exactement?”

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Faire des nouvelles rencontres, voilà qui est intéressant! S'il y a bien une chose que ma vie de globe-trotteuse m'a enseigné c'est le goût du contact humain. Qu'il s'agisse de serrer la main d'une personne que l'on rencontre pour la première fois, ou bien faire la bise à un vieil ami ou encore prendre dans ses bras un membre de sa famille, ce sont des petites choses qui me donnent toujours le sourire. J'ai toujours eu des facilités à me faire amis, je n'avais pas peur d'aller vers les autres, de m'introduire à eux et de leur poser un milliard de questions. Sociable, je crois que c'est le mot, pas vrai? Oui, je suis sociable et cela par pur amour des êtres humains. Il y a un truc qui me fascine et je l'ai sans doute hérité de ma mère qui se passionne pour la vie des autres, j'ai toujours adoré écouter les histoires de chacun et quand une personne refuse de me raconter la sienne je trouve toujours un moyen pour tout imaginer dans ma tête, du moins c'est ce que je faisais quand j'étais petite. Je prenais place par terre et je regardais les gens passer, j'imaginais qu'un tel était policier, un autre était marchand de fleur et un autre cuisinier. Je me disais que la jolie dame avec la robe rose devait être une princesse mais elle n'avait pas le droit de le dire. Les enfants qui couraient étaient les meilleurs amis du monde depuis le jour où ils étaient nés et un jour ils se marieraient même! J'avais une imagination sans limite et j'aurais pu continuer à vous donner encore tout un tas d'exemples. Aujourd'hui, j'étais partie pour passer une agréable journée avec ma fille, prendre un peu le soleil, jouer dans les vagues et m'attarder à quelques photographies, mais clairement cela ne m'empêchait pas de laisser ma nature reprendre le dessus. Sanaa étant allée s'écrouler sur la serviette d'une pauvre âme innocente, j'avais bien évidement accouru pour récupérer ma fille, laissant retomber mon appareil photo qui pendait à présent autour de mon coup. J'avais attrapé Sanaa pour la soulever du sol et la hisser sur ma hanche. Elle n'avait pas encore tout à fait deux ans, elle était la définition même d'un poids plume. J'attrapais l'un de ses petits pieds pour le caresser doucement. M'excusant comme je pouvais auprès de la jeune femme, je ne pu m'empêcher de rire à sa remarque. L'océan qui accouche d'un ange… Cela dit j'acceptais volontié le compliment pour ma fille, c'est vrai qu'elle est adorable et même qu'à mes yeux c'est la plus belle du monde entier, mais bon je suppose que c'est pareil pour toutes les mères de cette planète. Cela dit, quand on a un bébé moche, et ne me jetez pas la pierre, comme si ça ne vous étiez jamais arrivé de voir un bébé pas très très gracieux, je me demande si c'est vraiment possible de le trouver magnifique. Dieu merci Sanaa est une vraie poupée, blonde comme maman et un adorable minois… comme son papa. Elijah. Voilà qu'au beau milieu d'un moment tout à fait anodin, je me mettais à nouveau à penser à lui… Comme si j'avais un jour cessé de penser à lui de toute manière, même si je le voulais ce serait impossible. Sanaa est là pour me le rappeler tous les jours et il n'y a pas une nuit sans que je ne m'endorme en m'imaginant à quoi ressemblerait la vie s'il était couché à mes côtés plutôt que d'avoir cet énorme lit vide pour moi toute seule. Secouant un peu la tête, je sentis les doigts de Sanaa venir chatouiller ma nuque. Elle colla sa tête contre moi et je ne pu m'empêcher de sentir mon coeur s'emballer comme à chaque fois qu'elle m'offrait un moment de tendresse. Ça peut paraitre rien du tout pour pas mal de gens mais pour moi ça signifie beaucoup, rare sont les moments où ma fille prend la peine de communiquer avec moi.

La jeune femme fasse à moi avait une ressemblance troublante avec ma meilleure amie Sanaa, celle qui a donné son nom à mon enfant, un peu perturbée par cela, je l'avais fixé plus longtemps que prévu et évidement elle devait se demander pourquoi je l'observais ainsi. Souriant de plus belle, je tentais de me justifier en lui disant la vérité, puis je me présentais à elle. Elle m'apprit son prénom à son tour, Lavanya, c'était plutôt joli. Elle avait été interrompue par un groupe de garçons qui jouaient au ballon, je me tournais pour les observer quelques secondes avant de me concentrer à nouveau sur mon interlocutrice. Elle m'interrogea à son tour, mais elle n'avait sans doute pas bien compris ce que je venais de lui dire. Remontant un peu Sanaa dans mes bras, je fronçais légèrement les sourcils. "Oh non, je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrées… Je disais juste que vous ressemblez beaucoup à une amie à moi mais ce serait impossible que vous soyez elle… Enfin de toute évidence elle m'aurait reconnu et puis d'ailleurs elle ne vit pas aux Etats-Unis." J'avais cette fâcheuse tendance à faire des phrases un peu trop longue. J'étais du genre à en dire beaucoup pour finalement en dire peu. Vous voyez? Enfin cela ne vous imaginez pas que je suis une idiote qui parle beaucoup pour ne rien dire, c'est simplement que j'aime parler et que j'ai du mal à m'arrêter, j'apporte de l'importance à des détails que je devrais sans doute épargner aux autres mais que voulez-vous, on ne se refait pas. Quoi qu'il en soit, Lavanya n'avait pas l'air contre l'idée de faire un peu plus amples connaissances, sur le ton de la réserve je me décidais malgré tout à lui poser une ou deux questions. "Vous vivez à Huntington? Ou vous êtes simplement de passage?" Avec le beau soleil que nous avions, et surtout à cette période de l'année, il a des tas de touristes qui débarquent et parfois il m'est difficile de les identifier même si pour certains ils sont repérables à des kilomètres à la ronde..

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Deux petits pas sur le sable mouillé

⊹ Lavanya & Julia
"Oh non, je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrées… Je disais juste que vous ressemblez beaucoup à une amie à moi mais ce serait impossible que vous soyez elle… Enfin de toute évidence elle m'aurait reconnu et puis d'ailleurs elle ne vit pas aux Etats-Unis."

Lavanya lui répondit en souriant légèrement ne sachant que dire, elle resta un peu timide face à la jeune maman. Bizarrement il lui était plus facile de parler à un tas de mec qui déforme son prénom et qui lui jette un ballon de football comme un boulet de canon dans les côtes qu’avec une femme qui lui jette un lumineux sourire en lui demandant son nom.

La jeune femme qui s’appelait Julia la questionna à propos de sa situation actuelle, si elle habitait ici ou si elle venait juste visiter: “Je suis... Je devrais rester ici, je pense... Je ne sais pas vraiment...” sa voix se mit à devenir de plus en plus inaudible, elle devrait peut-être réellement s’installer les dizaines de cartons qui n’étaient pas encore ouverts eux n’attendaient que de respirer mais elle ne les touchait pas. Elle attendait peut-être quelque chose qui la ferait rester, ou bien quelque chose qui ne la ferait pas fuir...

“Je suis désolée ma réponse n’est pas vraiment claire mais c’est la seule que je peux vous fournir pour l’instant.”

Elle s’agenouilla devant l’enfant et demanda: “Dis-moi comment tu t’appelles ?”, la petite fille regarda sa mère, Lavanya fit de même: “Mon accent est à ce point troublant ?”

Elle lui sourit et lui tendit sa main: “Moi c’est Lavanya !” elle lui secoua doucement la main de la petite enfant: “Je suis enchantée de faire ta connaissance !”

Elle se tourna vers Julia: “Que je reste ou non ici, je DOIS vous offrir une glace ! Elles sont un délice surtout dans cette chaleur !”
Le soleil commençait à monter dans le ciel et à dominer les nuages qui jusqu’ici le combattait avec véracité. La plage était magnifique mais elle l’était encore plus avec une glace à la main, ça ne dérangeait rien Lavanya de dévorer un autre cône au chocolat, mais la jeune fille semblait assez petite pour ce genre de friandise peut-être que sa mère allait lui prendre un petit esquimau.

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Ce que j'aime lorsque je prends des photos d'inconnus, c'est le mystère qui tourne autour de leur identité, qui ils ont, ce qu'ils aiment, ce qu'ils font dans la vie, tout ça n'a pas d'importance parce que pour le coup tout ce qui semble importer c'est la qualité de la photo. Le portrait peut-être réussi sans que le sujet soit quelqu'un d'extraordinaire, et vice versa. L'objectif est neutre, il ne juge pas les gens, il se contente de les observer et de les immortaliser tel quel. On ne peut pas tricher face à un à un appareil, c'est sous cet angle que l'on se dévoile le plus facilement. Lorsqu'il s'agit d'une rencontre en direct, comme ici de femme à femme sans l'intervention de mon appareil, elle est libre de me dire ce qu'elle veut, elle pourrait même s'inventer une vie que je ne saurais démêler le vrai du faux. Quand ils ne sont pas sur le papier glacé, j'aime que les gens ôtent le mystère et qu'ils m'en disent plus sur eux, j'ai toujours envie d'apprendre à connaitre tout le monde et malgré ma discrétion je suis assez curieuse. Et me voilà en train de poser mile et une questions à cette jeune femme, des choses qui après tout ne me regardent pas, d'ailleurs si c'était à moi qu'on les demandait il n'est pas dit que j'y répondrais. Mais il y avait un truc en elle qui m'intriguait. Elle était étrange et pour le moment je n'arrivais pas à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose. L'instinct féminin c'est des conneries, non? Mais les choses que l'on ressent, les sensations qui nous parcourent lorsque nos yeux se posent sur le visage d'un autre être humain, ces choses sont véridiques et l'effet produit par celle qui se présentait à moi sous le prénom de Lavanya, était assez confus, je n'arrivais pas à la cerner en un coup d'oeil comme c'est possible avec quelques rares personnes. Ignorant quelque peu mes interrogations intérieurs je tentais de faire la conversation comme si de rien n'était, peut-être en apprendrais-je un peu plus sur son compte au fur et à mesure d'une discussion. "Huntington est une ville très agréable, on y vit bien." Pour avoir voyagé dans le monde, j'ai connu des dizaines de destinations, il existe bien plus d'une seule ville que je peux appeler "mon chez-moi" et Huntington Beach fait partie de celles-ci. Elle se distingue en étant mon point d'encrage, le seul endroit sur Terre où je ne cesse de revenir sans cesse. Et pourtant, si vous me le demandiez, je serais bien incapable de vous dire ce qui me rattache tant à cette petite ville de Californie. C'est un bel endroit mais j'ai connu des destinations plus exotiques, des endroits plus paradisiaques ou tout simplement plus chaleureux et confortable à mes yeux. Je ne suis même pas sûre qu'on puisse dire que c'est la beauté d'un lieu qui en fait un bon foyer où s'installer et construire une vie. Une fois de plus il me semble que ce sont plutôt les choses que l'on ressent lorsqu'on s'y trouve qui en font notre chez-nous. Quoiqu'il en soit j'espérais pour elle qu'elle saurait se sentir à Huntington Beach comme un poisson dans l'eau. Elle admis bien volontier cela dit, qu'elle n'était pas très claire. Je n'allais certainement pas la contredire mais en même temps ça ne me posait pas franchement de problème. Elle n'avait pas à tout me dire, ni même à me dire quoi que ce soit, elle pouvait être évasive si c'était ce qui la mettait à l'aise. Pas de problème avec moi! "Il n'y a pas de mal, vous n'êtes pas la première à avoir des doutes sur cette ville, mais je suis sûre que vous vous y plairez et puis, ce que personne ne vous dit lorsque vous mettez les pieds ici, c'est qu'on ne peut plus jamais vraiment s'en détacher, même si on essaye." Huntington Beach c'est un attrape coeur, j'y ai personnellement des souvenirs magnifiques de mes plus jeunes années où j'étais la fille la plus heureuse du monde. Peut-être que c'est aussi cela que je suis venue chercher en même temps qu'un endroit sain pour élever ma fille, le bonheur… Je l'avais autrefois, et maintenant je ne sais plus. Peut-être qu'un jour celui-ci s'échouera à nouveau sur la plage sans que je ne m'y attende.

C'est lorsqu'elle s'agenouilla pour parler à Sanaa que je sentis une certaine nervosité s'emparer de moi. Elle espérait sans doute une réponse de ma fille ou une quelconque émotion de sa part mais ça n'allait certainement pas arriver. "Elle s'appelle Sanaa" Passant une main délicate dans les cheveux tout fins de ma petite princesse, j'avais envie de hurler. Tout ceci était soudain, mais depuis l'annonce qui m'avait été faite je ne supportais pas que les gens s'approchent trop près de Sanaa, j'avais peur qu'ils remarquent que quelque chose n'allait pas chez elle, j'avais surtout envie de la protéger plus que tout. Je n'avais pas envie d'expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit, en dehors de mes parents peut-être, concernant l'état de santé de ma fille. Je n'étais pas prête à révéler à la face du monde qu'elle était sans doute autiste parce que cela signifierait aussi que j'allais devoir accepter cette éventualité et très honnêtement (et sans doute égoïstement) je n'étais vraiment pas prête à l'admettre. "Elle n'est pas très bavarde." lâchais-je simplement à l'intention de Lavanya pour lui faire comprendre qu'il était inutile d'insister avec Sanaa, elle n'allait pas ouvrir sa bouche et se mettre à parler. La jeune femme s'était soudainement tournée vers moi pour me dire qu'elle devait m'offrir une glace. Alors que j'avais reposé la petite dans le sable, j'eu un mouvement de recul, surprise qu'elle soit aussi enthousiaste à cette idée. Je ne savais pas sur quel pied danser face à cette nouvelle connaissance que je venais de me faire. Je secouais doucement la tête, un sourire un peu gêné sur les lèvres. "Vous n'avez pas à faire ça! C'est très gentil mais vraiment c'est inutile!" J'avais espéré entamer une conversation, mais apparemment j'étais carrément sur le point de me faire une nouvelle amie. "Laissez-moi plutôt vous l'offrir… pour vous souhaitez la bienvenue ici! " Observant Sanaa qui fixait l'océan avec de grand yeux, je savais qu'elle n'en mangerait sans doute pas de toute manière. Attrapant mon appareil, je le pointais à l'attention de Lavanya. "Mais avant, ça vous ennuie si je prends une photographie de vous? Je suis photographe et j'ai une passion inconditionnelle pour les portraits…" Je calais l'une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille en attendant sa réponse.

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Deux petits pas sur le sable mouillé

⊹ Lavanya & Julia
La jeune femme insista pour le lui offrir la glace car elle était nouvelle dans la ville, elle ne comprenait pourquoi autant de politesse de sa part. Elle voulait crier: MAIS JE SUIS RICHE !!! LAISSEZ-MOI VOUS ACHETER UNE GLACE QUOI !
Mais elle se retint, Lavanya ne ressemblait pas du tout à une fille qui venait de toucher jackpot après avoir publié un livre, juste à voir l’état de sa voiture elle savait qu’elle ressemblait à une fille de classe moyenne parce que c’est ce qu’elle a toujours été, elle n’avait aucun goût de luxe, elle pourrait encore faire ses courses au Walmart d’à côté sans aucun problème.
Elle voulut taper une super pose de top model quand Julia lui proposa de la prendre en photo mais malheureusement la jeune femme ne devra juste se contenter d’un visage flou parce que le téléphone portable de Lavanya se mit à secouer sa jambe. Quand elle vit 12 appels manqués, elle fit une grimace: “Euh, je dois vous laisser... Je...” Elle regarda sa montre et fouilla sa poche: “Attendez vous savez quoi, je fais une séance de lecture pour les enfants, votre fille est assez jeune mais ne vous inquiétez pas ce n’est pas du Shakespeare ! Elle pourra se faire des amis, enfin si vous voulez et si vous avez le temps...”
Elle tendit une carte avec l’adresse d’une bibliothèque, elle griffonna dessus: “Tous les samedis à 14h :)” Elle lui tendit la carte et la seconde même où elle attrapa la carte, elle ne lui laissa même pas en placer une et partit en courant vers sa voiture qui se trouvait non loin de là. Elle fit un petit signe aux deux filles et partit à une vitesse fulgurante, enfin dans la limite autorisée bien sûr.

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FIN DU TOPO

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