On était samedi, Gaspard n’avait pas cours et en avait profité pour passer la matinée au chevet de sa mère. Il lui avait parlé de tout et de rien, mais il lui avait parlé en espérant qu’elle entende, qu’elle fasse un signe, mais rien que le bib de la machine lui répondait. Les médecins avaient beau leur dire qu’elle entendait tout ce qu’elle disait et que le fait de sentir entouré pourrait l’aider à revenir parmi nous, Gasp perdait peu à peu espoir d’entendre un jour. Et si elle ne se réveillait plus que deviendrait-il ? C’était une question qui lui revenait souvent en tête depuis un petit moment. Ses yeux fixaient le visage serein de sa mère, elle semblait juste endormie et pouvait se réveiller dans quelque seconde avec son éternel sourire et passer la main dans les cheveux de son éternel « bébé », son petit dernier, mais ce n’était pas le cas. Non, il ne pourrait peut-être plus lui parler de ses problèmes. Rien qu’en pensant à ça, le jeune homme se fit une réflexion. Peut-être qu’il aurait dû lui dire qu’il aimait les hommes. Elle l’aurait peut-être pris dans ses bras et lui aurait dit en l’embrassant sur le front que ce n’était pas grave et que le plus important c’était d’être heureux.  Mais il ne saurait sans doute jamais, et c’est seulement maintenant qu’il se rendit compte qu’il avait bien moins peur d’avouer ça à sa mère qu’à ses frères. Oui, c’est sûr qu’il ne l’avouerait jamais à ses frères non parce que ceux-ci étaient homophobes, mais parce qu’il ne voulait pas les décevoir et puis en ce moment ils étaient persuadés que le petit dernier était amoureux de Jule. Tiens, en parlant d’elle, Gaspard se dit que ça faisait un petit moment qu’ils n’avaient pas passé une après-midi rien que tous les deux à parler de tout et de rien, à s’amuser. Il sourit en pensant à elle, c’était vraiment une fille extra. Bref, son portable vibra, le petit brun le sortis de sa poche : c’était Nicolas qui lui demandait s’il était toujours à chevet de maman, et il lui répondit oui et qu’il allait quand même rentrés pour manger. Ses frères à juste de titre s’inquiétaient de le voir passer autant à l’hôpital et surtout au détriment de sa santé et ses études. Il embrassa une dernière fois sa mère sur le front avant de quitter la chambre.

Gasp quitta l’hôpital et prit la direction de Palm Avenue. Il connaissait le chemin par cœur vu le nombre de fois qu’il l’avait fait dans un sens comme dans l’autre. Même si c’était un peu long, le jeune homme préférait largement marcher que de prendre le transport en commun… Il en profita pour envoyer un SMS à Jule pour lui demander si elle était libre cet après-midi et esquissa un sourire lorsqu’elle lui répondit oui. Le petit brun finit par arriver à la maison des Jenkins et rejoignit toute la petite famille à table. Le repas se passa relativement bien, ce qui lui remonta encore un plus l’humeur. Vers 14 heures, la sonnette retendis et Gasp’ se leva pour aller ouvrir.
« Salut toi », il fit la bise à la jeune fille qui se tenait devant lui et s’écarta pour la laisser passée