Snow ne dormait pas très bien depuis quelques semaines, depuis qu’elle avait parlé à Owen. Autant dire qu’il occupait la majeure partie de ses pensées. Et elle se détestait pour ça, elle se sentait coupable vis-à-vis de Jack. En un mot elle était perdue, revoir Owen l’avait mise s’en dessus dessous, elle n’avait rien dit à son mari sur sa rencontre nocturne avec son ex-mari. En même temps comment elle aurait pu expliquer qu’elle se trouvait sur Orange avenue en pleine nuit alors qu’ils vivent sur Palm Avenue, les deux quartiers n’étaient pas franchement à côté.  Jack lui ferait une nouvelle crise da jalousie alors qu’il n’y avait aucune raison qu’il en fasse une. Enfin la situation était compliqué depuis qu’elle avait revu officiellement Owen, elle était plutôt dans les nuages.  Revoir son ex avait mis un beau bordel dans sa tête, elle n’avait aucune idée des intentions d’Owen. Et elle devait bien finir par avouer que son ex-mari ne la laissa pas indifférente.  5 ans n’avaient pas suffi pour qu’elle tourne définitivement la page Owen.  Mais aujourd’hui elle était partagée, d’un côté il y avait Jack et elle l’aimait de façon différente mais elle l’aimait. Il lui offrait une relation stable, une vie stable mais d’un autre côté il y avait Owen son premier amour, avec qui elle avait toujours eu une relation passionnel et sans aucune routine.
 
6h00 le réveille de Jack a sonné, elle a senti les lèvres de son mari se collé sur son front. Il faisait ça tous les matins, la première chose qu’il faisait avant même de se lever s’était venir l’embrasser.  Elle l’aimait pour ce genre d’attention…  Il était 7h quand elle se réveilla officiellement, parfois elle se levait en même temps que Jack pour passer un moment avec lui avant d’aller travailler mais ce matin-là elle se sentait trop fatigué pour se lever.  Shawn se levait à la même heure qu’elle et ils avaient un peu discuté, de la pluie et du beau temps. Depuis leur discussion sur Owen, elle se sentait coupable d’avoir privé Shawn de son père, pourtant les choix qu’elle avait fait elle les avait fait pour lui. Mais de toute évidence son fils lui en voulait d’une certaine façon d’avoir choisi de partir avec Jack. Une fois Shawn partit elle s’était préparé quelques choses à manger, rien de bien sophistiqué puisqu’elle était loin d’être une pro de la cuisine.  Un sandwich au jambon, un yaourt et une bouteille d’eau c’était suffisant.  8H elle avait quitté leur maison sur Palm Avenue pour rejoindre le quartier où se trouvait le collège où elle enseignait la musique.

Sa matinée se passa relativement dans le calme, ce matin elle n’avait que des 6ème et en général c’était toujours ces classes les plus calmes.  Professeur de musique n’était pas le métier qu’elle avait rêvé faire mais elle avait eu Shawn et ça l’avait contrainte à arrêter ses études. Mais elle ne regrettait rien, son fils était la meilleure chose qui lui était arrivé. Et aujourd’hui elle aimait son métier, ce n’était pas forcément donné à tout le monde de travailler dans quelques choses qui vous passionne. Même si il est vrai qu’elle aurait préféré enseigner dans un grand conservatoire mais bon elle se contentait du collège de HB.  L’heure du midi était finalement rapidement arrivée et Snow n’avait pas eu envie de se mélanger à ses collègues.  Deux entre eux étaient passés lui proposer de se joindre à eux mais elle avait poliment décliné l’invitation. Elle avait envie d’être seule. Elle s’installa à son bureau dans la salle qu’elle occupait en moyenne 7h par jour. Elle était la seule à avoir sa propre salle de classe. Elle sortit une pile de copie de son tiroir, copie du dernier devoir qu’elle avait donné à faire à ses élèves de troisième. Eux avaient la chance d’étudier l’histoire de la musique, elle les avait donc interrogés sur leur dernière leçon.  Son repas était posé sur le coin de son bureau, elle n’avait pas très faim pour le moment. Se concentrant uniquement sur les copies qu’elle corrigeait elle n’entendit pas la porte de sa classe s’ouvrir.

En y repensant, cela avait tout l’air d’un rêve.

Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis qu’il avait enfin recroisé le regard de Snow. Depuis qu’il avait enfin eu la chance de parler à Snow. Depuis qu’il s’était rendu compte que le trou béant dans son coeur était encore plus grand que ce qu’il avait bien pu supposer, tout comme le poids de la culpabilité et des années passées à s’auto-détruire. Il n’avait eu de cesse de se repasser en boucle le film de leurs retrouvailles. Ce qui l’avait choqué à chaque fois, c’était combien cette scène avait parue irréelle. La nuit sur Huntington Beach. L’insomnie. Cette femme qui venait de nulle part, et qui n’avait pas changé, qui était toujours la même et toujours parfaite. Les mots qu’ils avaient échangé. Oui, en y repensant, cela avait tout l’air d’un rêve.

Il savait qu’en venant à Huntington Beach il prenait le risque de rencontrer Snow. C’était un danger qu’il avait pleinement assumé - et qu’il avait cherché, aussi. L’idée que son fils avait besoin de lui l’avait convaincu, mais son coeur lui avait donné l’envie de revenir au plus vite. Pour elle. Pour tout ce qu’ils avaient pu construire ensemble pour le passé, et pour cette foi qu’ils avaient toujours eu en leur amour. Et tant pis si le temps n’avait pas cessé de s’écouler. Tant pis si elle avait refait sa vie avec un autre, quelqu’un qui la méritait sûrement bien plus que lui. Tant pis. Il ne pouvait pas s’empêcher d’y croire encore. La nuit des retrouvailles, la nuit de ce rêve éveillé, ce rêve complètement dingue, lui avait rappelé l’intensité de sa douleur. Mais elle lui avait aussi, surtout, rappelé qu’elle n’avait pas disparu de sa vie. Qu’elle était toujours là. Réelle.

Mais cela ne lui suffisait pas.

Il avait compris qu’elle lui manquait intensément, qu’il ne pouvait plus vivre sans elle. Alors il ne pouvait pas se résoudre à reprendre son petit quotidien. Se lever le matin, passer la journée à attendre Dieu savait quoi, chercher un emploi, aménager cette maison, tout cela n’avait plus le moindre sens sans sa famille. Alors une idée avait commencé à germer. Pas un plan machiavélique, non, il n’avait jamais été de ce bord là et il ne pas contraindre Snow à quoi que ce soit. Il avait simplement commencé à songer... à aller la voir. Pour parler à nouveau. Parce qu’il fallait qu’ils parlent, non? Même Shawn avait pointé cette nécessité du doigt, quand il était venu partager un repas avec lui. Ils avaient des milliers de choses à se dire, une vie entière à mettre à plat, et leur rencontre nocturne n’avait pas suffi. Loin de là. Et puis il avait le besoin purement égoïste de la revoir, aussi. Ce n’était pas difficile. Il savait où elle travaillait. Il savait aussi que c’était un endroit public, où elle serait libre de partir si elle ne se sentait pas capable de lui parler. Il fallait juste trouver le courage.

Et il l’avait trouvé. Il avait traversé le collège de Huntington Beach, déchiré entre l’impatience et une indéniable peur. Heureusement, il avait l’air propre sur lui - il songeait régulièrement, au travers des couloirs, qu’il aurait vite été pris pour un dangereux pervers dans une situation analogue au temps de son alcoolisme. Mais les gens, même s’ils ne le connaissaient pas, le considéraient instinctivement comme quelqu’un de sain lorsqu’il demandait, poliment, où se trouvait Snow M... Harris. Sans problème, on lui indiqua une salle au bout d’un couloir. Il n’y eut qu’une seule personne, alors qu’il se perdait pour la énième fois, qui eut cette remarque étrange: un «Encore?» réellement surpris avant de lui répondre. Sur le coup, il ne comprit pas. Il n’était certainement jamais venu ici chercher Snow avant aujourd’hui. Pas une seconde il ne s’était douté qu’il pouvait être la seconde personne en quelques dizaines de minutes à peine à chercher Snow. Non, tout était très simple dans sa tête. Ils allaient discuter. Tous les deux. Et puisque c’était nécessaire, ils ne pouvaient pas décemment être dérangé. Non?

C’était serein sur ce point, quoique terriblement angoissé par la conversation à venir, qu’il avait finalement toqué à la porte qui lui avait été indiquée. Il avait attendu une seconde. Une deuxième. Et puis il l’avait doucement poussée, prenant son courage à deux mains. «Snow? J’espère que je ne te dérange...» Et le «pas» qui était supposé suivre, pourtant, n’avait pas suivi. Il y avait un autre homme, que sans peine il avait reconnu comme étant le fameux Jack Harris dont son fils se plaignait tant, dans la salle. Un autre homme qui non content d’être présent était en train de masser la personne qu’il était originellement venu voir. Il ressentit alors quelque chose, là, dans sa gorge - un mélange de jalousie pure et de déception. Tout à coup, il ne se sentait plus à sa place. Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher que c’était bien là sa place. «... Si, je suppose que je dérange.»

Et pourtant il avait sa fierté. Il ferma la porte derrière lui, peut-être un peu plus fort qu’il aurait dû le faire. D’un signe de la tête et d’un sourire, il salua Snow - et puis il s’avança, la main tendue pour serrer celle de l’homme: «Owen Meister. Jack, je suppose?». Tout en luttant fermement pour ne pas laisser paraître la rage instinctive qu’il ressentait.

Snow était assise derrière son bureau elle était concentré sur ses copies, elle en avait déjà corrigé deux. Elle était le genre de prof à lire entièrement ses copies, elle ne faisait pas son métier à moitié. Pas du genre à noter à la tête ou alors à faire des faveurs parce que intel ou intel était fils de ou jouait dans une équipe de sport du collège. Elle notait au travail fournie et il y avait parfois des surprises pour ceux qui en général récoltaient toujours des bonnes notes. Elle était sur sa troisième copie quand la porte de sa classe s’ouvrit, elle ne l’entendit même pas. Elle avait les yeux rivés sur ce que son élève avait écrit, alors quand elle entendit une voix raisonnée dans la pièce elle sursauta. « Bonjour ma chérie, je ne savais pas que c’est ainsi que l’on se restaure ici. Tu devrais manger au lieu de travailler…je t’ai ramené le dessert en plus. » Son cœur c’était accéléré alors elle se calma doucement en voyant que c’était tout simplement Jack. Elle s’exclama le cœur encore battant : « Jack tu m’as fait peur ! » Elle lui adressa finalement un sourire alors qu’il se penchait vers elle. Elle posa ses lèvres sur les siennes tendrement puis elle lui répondit : « T’es adorable. Je crois que je vais me contenter du dessert. » Jack était passé finalement derrière elle, il se mit alors à la masser et elle soupira de bien-être. Snow mit de côté ses copies puis attrapa la boite où se trouvait sa pâtisserie. Elle l’ouvrit et en croqua une boucher alors que Jack reprenait la parole : « Tu m’as l’air tendu mon cœur, quelque chose ne va pas en ce moment ? Tu sais que tu peux me parler si quelque chose ne va pas, je suis là pour le meilleur mais aussi pour le pire dans ta vie. » Elle se crispa légèrement et elle s’en voulait terriblement de réagir de cette façon. Elle savait déjà qu’elle allait lui mentir en quelques sortes.  Elle répondit en penchant sa tête en arrière pour le regarder avec un sourire sur les lèvres : « Non tout va bien je suis juste un peu fatigué. Tu seras le premier informé si quelque chose ne va pas. Tu te doutes bien que je ne te réserve pas que des bons moments. » Elle lui adressa un sourire amusé, bien sûr elle plaisantait elle n’avait pas l’intention de lui en faire voir de toute les couleurs. Le mariage c’était ça après tout vivre des bons et des mauvais moments. En ce moment elle était préoccupée par le retour d’Owen et l’effet qu’il avait encore sur elle. Elle ne voulait pas blesser Jack alors elle préférait garder ses doutes pour elle, pour le moment il n’y avait pas lieu d’en parler. Elle mangea un autre bout de son dessert alors que la porte de la classe s’ouvrait une nouvelle fois.

«Snow? J’espère que je ne te dérange...» elle aurait reconnu cette voix entre mille. Pour le coup Owen ne tombait pas au meilleur moment. Instinctivement elle se dégagea de l’emprise de Jack. Ce fut un réflexe et elle s’en voulu à la seconde même où elle avait agi comme ça. Mais le fait qu’Owen soit là et la voit dans les bras de Jack la faisait se sentir coupable. Comme ci elle le trompait. C’était complètement con comme réaction et elle venait sans aucun doute de blesser Jack. Bref la présence d’Owen lui faisait complètement perdre les pédales, elle ne s’attendait absolument pas à une visite de sa part. Et si elle s’était doutée elle se serait préparée psychologiquement à être dans la même pièce que Jack et Owen. Pour le coup la présence d’Owen lui avait complètement coupé le souffle il ajouta alors : «... Si, je suppose que je dérange.» Elle secoua la tête histoire de reprendre ses esprits et elle répondit : « Non… Non… pas du tout. » Elle adressa un sourire en retour à Owen en guise de salut. Elle s’était levé pour on ne sait pas trop qu’elle raison peu être la peur que Jack et Owen ne se contienne pas. Elle connaissait assez Owen pour voir qu’il se contenait, et elle savait que Jack voyait en son ex-mari un rival potentiel. Elle avait essayé de le convaincre que c’était complètement idiot de penser ça, mais dans le fond elle n’était absolument pas certaine qu’Owen faisait totalement partie de son passé. Alors comment convaincre réellement quelqu’un ? Elle se retrouvait dans une situation peu confortable et elle n’avait qu’une peur c’était qu’Owen parle de la nuit où ils s’étaient vu. Jack n’en savait rien, elle n’avait pas jugé bon de lui dire… Elle ne voulait pas qu’il se fasse des films, elle voulait éviter une crise de jalousie. Mais pour le coup aujourd’hui elle se disait qu’il aurait peu être mieux valu en parler à son mari. «Owen Meister. Jack, je suppose?» dit Owen en tendant la main vers Jack. Elle n’avait pas besoin de faire les présentations après tout chacun des deux savaient qui était l’autre. Elle posa son regard Owen et lui demanda : « Tu voulais quelques choses ? Il y a un souci avec Shawn ? » On ne sait jamais elle savait que son fils était plutôt proche de son père c’est dernier temps. Le retour d’Owen l’avait un peu éloigné de Shawn, elle se rendait comptait que son fils lui en voulait plus qu’elle ne le pensait. Il semblait réellement blessé par le choix qu’elle avait fait y a 5 ans….Et c'était en train de la ronger de l'intérieur.

Il y avait une chose qui caractérisait Owen Meister - il s’était toujours attaché à garder un calme olympien. Bien sûr, il n’était pas un modèle de vertu. Il avait eu des dérives - particulièrement une très longue dérive constituée de têtes à têtes amoureux avec toute bouteille contenant au moins douze degrés cinq d’alcool. Mais même à ce moment là, toute la colère qu’il avait bien pu ressentir s’était concentrée sur lui-même et sur son père. Jamais il n’avait été cruel avec Snow, ou Shawn. Il avait simplement été absent. Dieu merci, il n’avait jamais levé la main sur l’un ou sur l’autre, il s’était attaché à ce principe, à cet amour brûlant qui survivait malgré tout. Même au fond du gouffre, il avait fait tout ce qu’il pouvait pour rester quelqu’un de bien. Sinon, il n’aurait jamais eu la prétention de venir à nouveau chercher une place aux côtés des membres de sa famille - la honte l’aurait bouffé tout entier, et à ce moment il aurait considéré qu’il ne méritait rien d’autre que de passer le reste de ses jours seul, seul au monde. Mais il y avait une chose qui entamait sérieusement sa patience. Une personne, plutôt. Et cette personne n’était autre que Jack Harris.
Objectivement, il n’avait rien à lui reprocher. Il était celui qui avait déconné dans cette histoire. Il était le seul à qui il pouvait reprocher d’avoir saboté son propre bonheur. Snow n’avait commencé à voir cette homme qu’une fois leur histoire terminée - une fois qu’il était tombé au plus profond de l’alcool, et que le monde entier, y compris lui-même, avait eu cette absolue certitude qu’il n’en ressortirait jamais. Jack Harris avait apporté la stabilité à son ex-femme. Il lui avait apporté un foyer, une sécurité, une nouvelle chance d’être heureuse. Mais il était tout de même un rival dans son entreprise de reconquête. Un obstacle. Et surtout, surtout, il était en conflit constant avec Shawn. Owen aimait son fils. La chair de sa chair. Et toute personne qui entravait le bonheur de son fils lui apparaissait nécessairement comme un ennemi. C’était peut-être primaire comme réaction - mais il considérait que son absence et ses problèmes avait fait suffisamment de mal à Shawn lui-même par le passé. Aujourd’hui il se devait de le protéger - de tout faire pour qu’il soit heureux. Non, bien sûr que non, il n’allait pas assassiner Jack Harris au détour d’une petite ruelle sombre. Mais il n’allait pas se forcer à être cordial avec lui. D’autant plus que si Owen avait fait preuve de politesse en se présentant, l’autre n’avait pas pris cette peine et était directement passé à l’assaut.
Il soupira. Répondre à Snow d’abord, le temps de récupérer son calme. « Tout va très bien avec Shawn. Ne te fais pas de soucis. Je voulais simplement te parler. Sauf que a priori j’ai très mal choisi mon moment… » Son regard se porta à nouveau vers l’autre homme. Non, même ce temps de distraction ne lui avait pas donné l’opportunité de s’apaiser. Cet homme lui apparaissait d’une paranoïa rare. Dans la lutte pour Snow, il était le mieux placé des deux - il était celui qui n’avait pas brisé des années et des années de vie commune sur un coup de tête, il était son mari, celui qui partageait sa vie jour après jour, qui avait le privilège de la voir sourire au quotidien, de se réchauffer à sa chaleur. Il était celui qui possédait tout ce qu’il mourait de récupérer un jour. Et pourtant il pensait que cette femme merveilleuse pourrait le tromper? « Vous pensez mal. Vous avez bien peu confiance en elle pour supposer qu’elle pourrait vous tromper. Surtout que vous devez être au courant de notre histoire. Et vous me voyez quand même comme un rival? » C’était vrai. Snow était une femme intelligente, calme, raisonnée. Il s’attachait irrationnellement à l’espoir de la tenir un jour à nouveau dans ses bras - mais la logique la plus élémentaire voulait qu’elle ne lui revienne jamais. Il lui avait brisé le coeur. Il le savait. Il avait brisé leur bonheur, contre sa propre volonté certes, mais le fait était là. Il s’en voudrait pour cela jusqu’à son dernier souffle, mais la sagesse voulait qu’il n’y ait plus jamais rien entre Snow Harris et Owen Meister. Alors pourquoi ne pouvait-il s’empêcher de prendre sa défense? De se laisser dicter son attitude par un sentiment d’amour profond? « Et jusqu’à preuve du contraire Snow et moi avons eu un enfant ensemble. Vous savez, Shawn Meister? » Il avait mis volontairement l’emphase sur le nom de famille. Ils avaient constitué un foyer ensemble. Aucun évènement de sa vie ne saurait effacer qu’il était le père de cet enfant - d’autant plus que Shawn l’avait à nouveau accepté à ses côtés, accepté de le voir, accepté de passer du temps avec lui. Bon sang. Le repas qu’ils avaient partagé avait été à la fois la soirée la plus angoissante et la plus heureuse de sa vie.  « Vous avez peut-être épousé Snow, mais je reste le père de Shawn. Alors nous n’allons pas nous ignorer pour vos beaux yeux. Et il vaut mieux pour lui que ses parents soient capables de communiquer » Et tant pis si quelque part il souffrait atrocement d’apprendre qu’elle n’avait pas parlé de leur entrevue. Que cela était resté un secret. Peut-être qu’elle avait souffert de le revoir. Peut-être que ce n’était pas prudent de l’évoquer devant Jack, même s’il ne s’était rien passé ce soir là. Mais une voix, une toute petite voix dans sa tête lui répétait qu’elle en avait eu honte, qu’elle préférait oublier cette nuit là. Et c’était comme une blessure dans son coeur, une douleur sourde, qui n’en finissait pas de saigner.

« Je suis désolé je ne voulais pas t’effrayer. Pourquoi est-ce que tu ne manges pas, tu sais que tu ne vas pas te nourrir assez avec seulement ce dessert. » Snow lui adressa un sourire rassurant. C’est vrai qu’elle avait sursauté mais bon elle n’en voulait pas à Jake. C’était de sa faute si elle ne l’avait pas entendue, elle était du genre trop absorbé par ses copies pour entendre ce qui se passait autour d’elle. Elle répondit alors à Jake un sourire sur les lèvres : « Mais si tant fait pas ce dessert fera très bien l’affaire. » Snow n’avait déjà pas très faim alors le dessert de Jack lui suffirait largement. Elle ne voulait pas le vexer en ne le mangeant pas. Mais en ce moment elle n’avait pas grand appétit. Depuis sa dernière conversation avec Shawn elle n’était pas au mieux de sa forme bien loin de là. Elle se posait des centaines de questions, il avait remis en question toute ses certitudes.  Elle ne pensait pas que Shawn pouvait lui en vouloir autant d’avoir quitté son père. Et puis rajouter à ça le retour d’Owen elle se retrouvait complètement perdu. Elle ne s’attendait pas à ressentir encore quelques choses pour lui. Elle était jusque-là intiment convaincu que son histoire avec Owen était bel et bien terminé. Et pourtant il y avait une partie d’elle encore atrocement attiré par lui, partie qu’elle voulait faire taire à tout prix. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire.

Justement Owen avait fait son entrée dans la classe de la jeune femme, et instinctivement elle s’était dégagé de l’emprise de Jack. Le regard que son mari posa sur elle lui arracha une grimace. Elle n’avait pas voulu le blesser. Mais elle s’était sentie mal à l’aise dans les bras de Jack face à Owen. Elle n’aurait pas su dire pourquoi. « Snow qu’est-ce qui te prend ? » lui demanda Jack. Elle se contenta de baisser quelques secondes le regard avec une moue désolé. Elle ne pouvait pas expliquer son geste. Pas à Jack en tous les cas parce qu’il ne comprendrait pas. Owen avait finalement dit qu’il tombait mal mais Snow avait démenti elle voulait savoir pourquoi Owen était ici. Est-ce qu’il y avait un souci avec Shawn ? Owen lui répondit alors : « Tout va très bien avec Shawn. Ne te fais pas de soucis. Je voulais simplement te parler. Sauf qu’a priori j’ai très mal choisi mon moment… » Snow était soulagé de savoir qu’il n’était rien arrivé à Shawn, que la venu d’Owen n’avait rien à voir avec leur fils. Pour le coup elle regrettait presque la présence de Jack parce qu’elle aurait bien aimé parler de la discussion qu’elle avait eu avec Shawn. Et elle ne voyait pas à qui d’autre en parler qu’Owen. Pire elle n’avait pas envie d’en parler avec quelqu’un d’autre qu’Owen. Elle allait répondre quelques choses mais Jack la devança. « Vous supposez à merveille Owen en même temps je doute que ses collègues s’amuse à masser votre ex-femme et puis je pense que si elle venait à me tromper cela ne pourrait être qu’avec vous. » La colère l’envahi à la seconde même où Jack avait parlé de tromperie. Elle adressa un regard noir à son mari, regard qui n’annonçait rien de bon pour lui. Elle n’arrivait pas à croire qu’il ait pu dire ça, alors c’est tout ce qu’il pensait d’elle ? Snow était sur le cul et Owen répondit à Jack avant qu’elle ait eu le temps de dire quelques choses : « Vous pensez mal. Vous avez bien peu confiance en elle pour supposer qu’elle pourrait vous tromper. Surtout que vous devez être au courant de notre histoire. Et vous me voyez quand même comme un rival? » Elle ne put s’empêcher d’adresser un mince sourire à Owen, il arrivait encore à prendre sa défense. Pour le coup elle ne s’y attendait pas. Mais rapidement elle reposa un regard noir sur son mari et lui dit : « C’est bon tu as fini ton cinéma ? Ou alors peut être que tu veux pisser sur ma jambe histoire de bien marquer ton territoire ! Contente de voir que tu as si peu confiance en moi ça fait toujours plaisir ! »  Snow n’avait pas envie de faire une scène à Jack devant Owen, mais elle n’avait pas pu s’empêcher de répliquer. Elle n’aimait pas du tout les insinuations de son mari. Et quand elle était énervée, elle n'était pas toujours très classe dans ses paroles. Jack avait finalement repris la parole : « Tu ne m’avais pas dit chéri que tu avais revu Owen depuis son arrivée ici enfin je me permet de faire cette conclusion et de savoir que je ne me trompe guère. Je suis aussi curieux que ma femme vous savez et j’aimerais également savoir ce que vous êtes venu faire à cette heure-ci dans la classe de Snow. » Elle planta son regard dans celui de son mari, elle ne décolérait pas. Et autant dire que Jack risquait de passer une sale soirée. Elle lui répondit du tac au tac : « Je ne savais pas que je devais te faire un rapport à chaque fois que je vois une personne ! » Elle ne lui avait pas dit parce qu’elle ne voulait pas de crise de jalousie, et puis parce qu’elle ne savait pas vraiment comment qualifier cette entrevue avec Owen. Et puis parce qu’elle voulait le garder pour elle, elle avait le droit de bouger sans qu’il ne sache tout ce qu’elle faisait. Owen toujours aussi calme ajouta : « Et jusqu’à preuve du contraire Snow et moi avons eu un enfant ensemble. Vous savez, Shawn Meister? » Owen enchaîna : « Vous avez peut-être épousé Snow, mais je reste le père de Shawn. Alors nous n’allons pas nous ignorer pour vos beaux yeux. Et il vaut mieux pour lui que ses parents soient capables de communiquer » Sur le dernier point elle était d’accord avec Owen. Pourtant elle ne voulait pas que son fils se fasse de fausse idée s’il voyait ses parents bien s’entendre. Leur histoire était terminée ! Plus elle se le répétait dans sa tête et moins elle y croyait. Elle était complètement paumée. Elle ajouta finalement : « Exactement Shawn a déjà des parents divorcés, on est peut-être pas obligé d’en rajouter une couche en ne s’entendant pas ! »

Snow. Snow Meister. Snow Harris, aujourd’hui.
Les années de reconstruction avaient été hantées par le fantôme de cette femme. La femme qu’il avait fait souffrir. Pas un instant il n’avait voulu lui faire du mal - pas un instant il ne lui avait reproché son état. Tout était la faute de son père, tout était la faute des déceptions. Jusqu’au bout, Snow et Shawn avaient été les deux seuls piliers qui l’avaient rattaché à la vie - ils avaient tenté de le soutenir. Non. La chute n’avait été en rien leur faute. Et leur simple souvenir lui avait permis de peu à peu se reconstruire. Il l’aimait tellement. Elle était cette autre moitié de lui - il n’avait aucun souvenir de son existence avant de la connaître. Du premier au dernier jour, elle avait été là. En chair et en os, puis un souvenir vibrant dans sa mémoire. Le souvenir du temps où tout était évident, et où il était heureux - il avait le visage de Snow.
Mais elle avait refait sa vie.
Il n’avait rien à en redire. Elle avait eu raison. Il lui avait fait payer ses propres failles, puis l’avait laissée seule à la charge d’un enfant. Il était celui qui l’avait déçu - il n’allait certainement pas réclamer d’elle qu’elle lui revienne, là, tout de suite, et d’oublier tous le temps passé loin l’un de l’autre. Il n’était pas de ces hommes là, il n’avait pas ces exigences - il était simplement lucide, cruellement lucide. Mais ce n’était pas pour autant qu’il devait apprécier celui qui avait pris sa place. Il avait même une vraie, bonne raison - tout le mal que Shawn avait bien pu en dire, et comme tout père il pensait que la parole de son fils était d’or.
Et si cet homme pouvait arrêter de répéter ces mots… « premier amour », comme pour souligner sans relâche tout ce qu’il avait perdu. Il avait envie de s’en aller. De claquer la porte, de ne plus jamais revenir. De boire. Aussi. Mais il ne pouvait pas, il ne pouvait même pas, parce que Snow, parce que Shawn, il n’avait pas le droit de le faire ça à nouveau. Et puis Jack mentionna leur enfant. Directement. Pendant une seconde, Owen vit rouge - avant d’inspirer profondément pour tenter de conserver son calme. Il se répétait le nom de son ex-femme, le nom de son fils comme un mantra. Lui-même n’avait plus rien à perdre, mais les deux personnes que pouvaient atteindre les dommages collatéraux comptaient plus que sa propre vie.
« Vous croyez tout savoir, hein? Tout comprendre? J’ai touché le fond pour des raisons qui me sont propres, ni par caprice, ni par égoïsme. Et je regretterai probablement jusqu’à la fin de mes jours le mal que j’ai pu faire à Snow, même si jusqu’au bout j’ai essayé de sauver ce qu’il restait de notre famille. » En partant. En se faisant soigner. En essayant de redevenir un homme normal, pour eux. Il ne se plaçait pas en victime, il savait bien qu’il avait eu ses torts - mais il savait aussi qu’entrer en cure et signer les papiers du divorce n’étaient pas les actions d’un homme irresponsable. Seulement d’un homme lucide sur ce qu’il est devenu, et qui veut à tout prix garantir à nouveau à son foyer un peu de stabilité. « Je ne suis pas assez stupide pour croire que Snow reviendra vers moi. Elle a tout ce qu’elle peut rêver avec vous. Je ne suis pas encore prêt à refaire ma vie, mais elle, elle l’a fait. Mais ça ne veut pas dire que je dois rester à l’écart. Je ne suis pas revenu pour l’amour de Snow. Je suis revenu pour ma famille. Et il y a là une nuance qu’il va falloir que vous compreniez, à un moment ou à un autre. Mes sentiments pour elle n’ont rien à voir avec le fait que mon fils ait besoin de moi. » Un silence. A nouveau, il inspira profondément pour conserver son calme. Il n’aurait jamais du venir ici aujourd’hui, jamais. Bien sûr qu’elle et lui avaient besoin de parler, de mettre les choses au clair pour revenir à nouveau à une certaine stabilité - mais… bon sang, s’il avait au moins eu l’intelligence de téléphoner. « Je suis désolé de vous annoncer ça, mais vous n’êtes pas le seul homme dans la vie de Snow, et certainement pas le père de Shawn. Vous avez tout ce que je voudrais avoir. Elle porte votre nom. Elle ne portera plus jamais le mien. Jamais. » Son regard se posa une seconde sur Snow. Elle était là. Elle était toujours aussi belle. Mais le temps l’avait rendue lointaine, inaccessible. Chaque mot qu’il avait dit était vrai, profondément vrai - il n’avait plus aucune prétention à avoir sur elle. Elle avait fait le choix. Et s’il devait être tout à fait honnête avec lui-même, elle avait certainement fait le bon. Son désir le plus profond, marcher à nouveau à ses côtés, était parfaitement irréalisable. Il en avait conscience. Une conscience totale, presque un peu cruelle. En une seconde, il était passé de la colère la plus pure à une certaine… tristesse. Au moins une amertume. Il s’était reconstruit, mais jusqu’à la fin de ses jours il ne serait rien de plus que le père de l’enfant qu’ils avaient eu ensemble. Dans une autre vie. Lointaine, tellement lointaine. Comme s’il se rendait, il leva les mains vers elle, puis vers Jack. « Vous pouvez me décoller votre poing dans la figure, maintenant, comme vous le dites si bien. Prouver que vous êtes un homme. Mais réfléchissez bien à ce que je viens de vous dire. Vous avez ce que je n’ai pas, et que je n’aurai plus jamais. Et ce n’est pas pour autant que je renoncerai à être le père de l’enfant de la femme que vous avez épousé. » 

Snow était mal à l’aise, elle avait espéré ne pas se retrouver en présence de Jack et d’Owen en même temps. Mais parfois le destin est un peu blagueur, elle n’aimait pas cette position. Parce que voir Owen la rendait nerveuse, elle ne savait pas très bien où elle en était par rapport à lui. Son entrevu avec lui l’avait pas mal bousculé. Elle restait persuadé qu’elle aimait Jack, mais la question était surtout : est ce qu’elle n’avait plus aucun sentiment pour Owen. Il y a quelques semaines elle aurait affirmé qu’elle n’en avait plus aucun. Que c’était de l’histoire ancienne mais maintenant qu’Owen était là elle n’était plus aussi sûr de ses sentiments. Et autant dire que ça la chamboulait. Et Shawn avait fini de lui mettre la tête à l’envers quand il avait dit qu’il souhaitait partir de la maison. Elle ne pouvait pas accepter une telle chose, le perdre c’était juste impossible. Elle aurait préféré que ça n’arrive jamais, se retrouver entre les deux. Mais elle se voilait la face après tout c’était inévitable, Jack était son présent et Owen son passé… Et maintenant qu’elle avait revu Owen elle n’avait aucune envie de le voir partir. Déjà parce que c’était sans doute la seule chose qui rendait Shawn heureux en ce moment et puis parce que ce serait mentir de dire que ça ne lui faisait pas plaisir de le revoir. Jack essayait de se justifier en disant qu’il n’avait jamais dit qu’elle le tromperait mais que si ça arrivait il était persuadé que ce serait avec Owen. C’était toujours le même refrain avec Jack et elle n’avait pas envie de relever encore une fois. Elle en avait marre de devoir se justifier et rassurer Jack sur sa relation avec Owen. Relation inexistante de toute façon puisqu’ils s’étaient vu en tout et pour tout une fois depuis qu’Owen était en ville. Et quoi que dise Jack, elle avait un passé avec Owen qu’elle ne pouvait pas effacer, qu’elle n’avait pas envie d’effacer. Son mari lui fit remarqué qu’elle savait très bien qu’il avait confiance en elle, autant dire que c’est dernier temps elle en doutait franchement elle répondit alors du tac au tac : « Ce n’est pas flagrant en ce moment ! » Elle lui adressa un regard noir alors qu’il parlait des erreurs du passé d’Owen. Elle n’avait jamais permis qu’on critique Owen, il avait fait des erreurs ça c’était certain mais elle était la seule et unique personne à pouvoir les lui reprocher ! Owen prit la parole avant elle et dans un sens il valait mieux sinon elle savait qu’elle allait être méchante avec Jack. Elle n’avait pas envie d’en arriver là, mais parfois il avait le don de la mettre en rogne. Notamment quand il critiquait Owen sur le passé, c’était le passé et elle seule avait vécu avec Owen pour savoir comment c’était réellement. Jack n’en savait que les brides qu’elle lui avait raconté rien d’autre alors il n’avait pas le droit d’attaquer Owen la dessus.

Jack lui demanda de pas le faire passer pour un mari Jaloux qui est tout le temps sur son dos pourtant en ce moment c’est exactement ce qu’il était. Il ne parlait que d’Owen et du fait qu’il était là pour la récupérer. Tout ce qu’il allait gagner c’est la pousser un peu plus dans les bras de son ex-mari. Elle répondit alors à Jack agacé par son discours : « Tu me fatigue Jack ! Moi j’ai confiance en toi point barre ! » Et c’était la vérité, elle n’avait jamais été de ces épouses jalouses. Enfin avec Jack, à l’époque d’Owen elle était quelques peu différentes. Mais avec Jack, elle ne s’était jamais fait de film sur le fait qu’il rentrait tard le soir ou quand il lui disait qu’il allait manger avec une cliente. Il avait un métier qui lui donnait sans doute des dizaines d’occasions de la tromper par jour mais pas une seule fois elle ne lui avait fait une crise de jalousie. Elle avait simplement confiance en lui, de toute façon elle considérait que ce n’était pas en étant sur le dos des gens tout le temps qu’on les empêchait de vous tromper. Jack se lança ensuite dans une tirade sur le fait que si c’était lui il aurait essayé de la récupérer. Encore une fois il avait parlé du passé et il se trompait complètement. Snow savait que si Owen avait sombré ce n’était pas par égoïsme, il n’avait jamais été égoïste elle le connaissait mieux que personne et elle savait qu’il était incapable d’être égoïste. Elle soupira une nouvelle fois légèrement agacé.

Owen se justifia qu’il était revenu pour sa famille, pas pour son amour pour elle. Que son fils avait besoin de lui et qu’il était lucide sur le fait qu’elle ne porterait plus jamais son nom. Et Snow sentit une douleur dans son ventre, une réalité qui lui faisait mal au cœur. Bien sûr elle garderait ça pour elle, elle n’était d’ailleurs pas très sûr de ce que ça voulait dire. Le fait de les entendre parler d’elle comme ça comme si elle n’était pas là l’énervait un peu et la mettait mal à l’aise. En fait c’était surtout les paroles d’Owen qui la chamboulait. Jack fini alors par dire qu’il ne savait ce qui le retenait de frapper Owen. Snow se glissa entre les deux un peu d’instinct alors qu’Owen invitait Jack à le frapper. Il ajouta que Jack avait ce qu’il n’aurait plus jamais et encore une fois Snow eu un pincement au cœur. Elle n’avait jamais supporté le voir malheureux, d’aussi loin qu’elle se souvienne elle n’avait jamais aimé ça. Snow pris une inspiration et dit : « Ça suffit ! Personne ne frappera Personne c’est bien clair !? » Elle posa un regard noir sur Jack histoire de voir s’il entendait bien ce qu’elle était en train de dire. Et elle reprit : « Vous faites tous les deux parties de ma vie. Et je suis désolé pour vous mais vous allez devoir apprendre à vous supporter parce que je crains fort de devenir folle si ça continue ! »

Toute cette histoire en demandait beaucoup, beaucoup à ce qu’il avait pu acquérir ces dernières années en self-control. Une part de lui étouffait de haine en voyant cet homme remuer le couteau dans la plaie, ne pas se satisfaire de tout ce qu’il n’avait que dans ses rêves les plus fous, douter alors que Owen s’était lui-même mis à terre il y a des années de cela. Une autre part voyait la femme qu’il avait aimé, tellement, aimé à s’en abîmer le coeur, à portée de main. Incandescente et sublime. Mais surtout totalement, irrémédiablement, inaccessible. La douleur, mêlée à la colère, était presque étouffante. Il avait tellement envie de boire pour oublier - un peu, quelques instants, avant le mal de crâne et les regrets. Il avait envie de quitter la réalité pour quelques heures. Mais il n’en avait pas le droit, alors il devait rester là et se contenir coûte que coûte. Dieu, que c’était dur de ne plus être autorisé à s’enfuir. Et la volonté était tellement fragile.
Il aurait préféré ne jamais rencontrer cet homme. Ne jamais venir à Huntington Beach. Ne plus jamais croiser les yeux de cette femme qui, dans un recoin de sa mémoire, avait été la sienne. Mais il aurait fallu se résoudre à enterrer des souvenirs encore trop précieux - et surtout, se résoudre à ne jamais être un père pour son fils. Putain, il était même prêt à se prendre le poing de Jack Harris dans la gueule pour peu que cela l’aide à oublier qu’il avait envie de boire et qu’il était complètement brisé à l’intérieur. Cela aurait au moins eu le grand bénéfice de lui « remettre les idées en place », non? Comme on dit. Aux grands maux les grands remèdes… Ou alors, cela aurait agit comme un élément déclencheur et il aurait rendu son coup de poing à ce type, et l’histoire aurait très, très mal fini, et ils se seraient fait jeter du collège de la façon la moins délicate qu’il soit pour avoir montré le mauvais exemple à la génération future. Possible aussi.
Mais Snow avait pris la parole avant lui. Il valait mieux, d’un côté. Parce qu’à cet instant, il était prêt à pousser la provocation - ce sentiment de désespoir ne lui avait jamais vraiment réussi, et il atteignait des sommets aujourd’hui. Mais Snow avait pris la parole avant lui. Avant que Jack ne puisse répondre, même. Elle s’était littéralement interposée - et lui, il avait baissé les bras. Comme pour ne pas pouvoir prendre le risque de la toucher et de se rappeler. Sur le ton d’autorité qu’il lui connaissait bien, elle statua clairement que personne ne frapperait personne. Hum. Tant pis. Il détourna les yeux de la scène. Cela ne l’empêcha pas pour autant d’entendre à nouveau la voix de son ex-femme s’élever. Ils faisaient tous les deux partie de sa vie. Il ne savait pas vraiment s’il devait s’estimer heureux qu’elle l’accepte en quelques sortes à nouveau… ou craindre de rencontrer à nouveau l’autre homme. Enfin. Probablement que Jack Harris le fuirait comme la peste également. Le début d’une grande histoire d’amour entre les deux hommes. Il venait de comprendre tout d’un coup le sens subtil du mot « nemesis ». Il croisa les bras. Et tant pis s’il avait l’air d’un con de gamin qui serait en train de bouder - il savait au fond que ce n’était pas cela. Non. Il avait simplement la sensation d’être… désemparé, à ne pouvoir ni cogner ni toucher Snow.
Il releva la tête cependant quand il entendit à nouveau la voix de Jack - qui annonçait, purement et simplement, qu’il s’en allait. Soi-disant qu’ils avaient « tant à se dire », Snow et lui. Il n’en était plus certain. Il se contenta d’adresser un vague signe de la tête à Jack quand celui-ci les regarda avant de passer la porte. Pas vraiment par politesse. Plutôt pour signifier qu’il avait bien entendu ce qu’il avait dit et qu’il était bien conscient qu’il était en train de quitter rageusement la pièce - et qu’il avait tout à fait perçu son petit effet à la « je fais la gueule je me tire ».
Et puis ils se retrouvèrent seuls.
Snow et lui.
Il détourna le regard. « Je sais. J’aurais pas dû venir », dit-il doucement. C’était probablement la meilleure conclusion à tirer de toute cette histoire. Il était stupide. Et il n’aurait pas dû venir. D’ailleurs, il n’aurait même pas dû quitter son lit ce matin. « S’il vient t’ennuyer avec cette histoire, appelle-moi. On règlera l’histoire entre hommes. » ajouta-t-il soudain. Il ne savait de Jack que ce que Shawn avait bien pu en dire - alors il préférait prendre ses précautions. Tout à coup, il se rendit compte de ce que sa dernière phrase pouvait bien impliquer, alors il dit presque précipitamment: « Sans les poings. Promis. »
Snow. Il l’avait aimée tellement fort, il l’en aimait encore. Alors il ne pouvait pas la regarder dans les yeux. Plus maintenant. « C’était complètement stupide. Je suis complètement stupide. Je devrais partir avant qu’il n’imagine quoi que ce soit entre nous. Ca serait… » Il secoua vaguement la tête. « …bête. » Lui-même détourna les talons, posant une main sur la poignée de la porte. « Je suis désolé. Encore. Pour ça et pour tout. » Et à la dernière seconde, il trouva la force de plonger son regard dans le sien - de s’abreuver à son regard. Puis de soupirer.
Tout ce qu’il avait perdu, il le perdait un peu plus jour après jour. 

Snow ne s’était pas imaginé se retrouver aussi vite en présence de Jack et Owen. Et cette situation la mettait réellement mal à l’aise. Pourtant les choses auraient dû être claires, elle était mariée à Jack et voir Owen ne devrait rien lui faire. Pourtant c’était beaucoup plus compliqué que cela parce que même si elle l’avait souhaité de toute ses forces Owen lui faisait toujours de l’effet. Elle le dissimulait parfaitement et quand Jack en parlait elle lui hurlait dessus qu’il n’avait pas confiance en elle. Son histoire avec Owen était du passé, elle ne s’était pas mise avec Jack pour attendre qu’Owen revienne. Owen lui avait fait du mal, beaucoup de mal. Elle avait eu du mal à se relever de sa séparation avec lui. Et à cette époque heureusement qu’elle avait eu Jack, il s’était montré présent pour elle. Et il lui avait finalement montré qu’elle pouvait de nouveau être heureuse même si ce n’était pas avec Owen. Pourtant aujourd’hui Owen restait un sujet tabou parce qu’elle était perdu sur les sentiments qu’elle avait pour lui alors quand Jack lui en parlait elle se sentait piégé. Elle ne voulait pas que quelqu’un découvre qu’elle puisse encore avoir des sentiments pour Owen. Elle-même essayait de toute façon de se persuadé qu’elle ne ressentait plus rien pour lui.

Snow s’était interposé entre les deux hommes, il n’était pas question qu’ils se battent. Elle n’avait aucune envie d’être le genre de femme qui pousse deux hommes à se battre pour elle. Elle n’en valait clairement pas la peine, et c’était totalement ridicule. Ils n’avaient plus 15 ans et n’étaient plus au lycée. Et elle considérait très franchement que celui qui méritait de prendre un poing dans la figure c’était Jack. Elle n’aimait pas la façon qu’il avait eue de pointer là où ça fait mal avec Owen. Il avait parlé de chose qui ne le regardait pas. Son histoire avec Owen c’était SON histoire, personne n’avait le droit de commenter ou de critiquer Owen. Personne ne le connaissait aussi bien qu’elle et Jack ne connaissait de cette histoire que ce qu’elle avait bien voulu lui dire. Et aujourd’hui c’est avec lui qu’elle était mariée et ça aurait dû lui suffire. Elle n’aimait pas les démonstrations de testostérones, ou encore les démonstrations de jalousies extrêmes. Cette situation l’avait mise mal à l’aise, se retrouver au milieu d’un combat de cop ce n’était définitivement pas son truc. Elle attendait de Jack qu’il lui fasse simplement confiance, d’autant plus que s’il se passait quelques choses avec Owen elle serait la seule fautive. Simplement parce que c’est elle qui choisirait de le faire, Owen ne la forcerait pas. Aujourd’hui ça ne lui avait même pas traversé la tête, elle s’inquiétait pour son fils, elle voulait éventuellement sauver son couple qui était mis à mal en ce moment. Owen restait Owen, il était le père de Shawn et il aurait toujours une place dans sa vie. Que ça plaise ou non à Jack, elle ne pouvait pas ignorer Owen c’était impossible. Elle en était simplement incapable. Jack brisa alors le silence après qu’elle eut dit que personne ne frapperait personne. Il dit simplement qu’il s’en allait et qu’elle et Owen avait sans doute des tonnes de choses à se dire. Elle soupira énervé alors que Jack quittait déjà la pièce. Elle avait l’impression de se retrouver dans un mauvais épisode des feux de l’amour. Snow n’avait pas l’intention de courir après Jack elle était sur son lieu de travail et elle aurait tout le temps ce soir de régler les choses… Elle posa alors son regard sur Owen alors qu’il détournait les yeux en disant qu’il n’aurait pas dû venir. Il ajouta alors que si Jack venait l’ennuyer avec cette histoire elle pouvait l’appeler et qu’ils règleraient ça entre homme. Elle leva les yeux aux ciels exaspérés alors qu’Owen précisait que ce serait sans les poings. Elle répondit alors simplement : « Je me débrouille avec Jack. » Elle se doutait qu’elle aurait le droit à une autre dispute une fois rentré mais ensuite ils se réconcilieraient parce que Jack ne restait jamais longtemps fâché après elle et que elle non plus ne lui en voulait jamais longtemps. Owen ajouta alors que c’était complètement stupide, qu’il était stupide et qu’il ferait mieux de partir avant que Jack ne s’imagine quelques choses entre eux… Il tourna les talons et elle répondit : « Owen… » Elle avait quasiment murmuré son prénom alors qu’il tournait déjà les talons et elle ajouta : « Tu peux venir quand tu veux tu sais… » C’était sorti tout seul, il n’était peut-être pas judicieux de lui dire cela mais ça lui était venu comme ça. Elle ne pouvait pas juste le zapper de sa vie, il comptait malgré tout il comptait pour elle c’était aussi simple que cela. Il s’excusa pour ce qui venait de ce passé et pour tout le reste. Il plongea alors son regard dans le sien et elle se perdu dans ses yeux. Il était beau terriblement beau, mais surtout elle recroisait enfin le regard de SON Owen et ça la terrifiait… Ce même Owen dont elle parlait quand elle lui avait dit il y a 5 ans : « J’aimerais toujours le Owen de mon enfance. »