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 without you, i'm just incomplete - Luka

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MessageSujet: without you, i'm just incomplete - Luka   without you, i'm just incomplete - Luka EmptyVen 6 Juin 2014 - 21:58


Until death do us apart...

Luka & Serena
Je ne guérirai pas de cet amour. Tu m'as pris ma lumière, ma sève, ma confiance. Mes jours sont vides, ma vie est morte. Je fais juste semblant. De sourire, d'écouter, de répondre aux questions. Tout les jours, j'attends un signe, un geste. Que tu me délivres de ce trou noir dans lequel tu m'as laissée et que tu me dises pourquoi. Pourquoi m'as tu abandonnée ?

C'était une soirée comme les autres, du moins en apparence. Vers 17h, j'avais reçu un appel de Roxanne, qui voulait que je passe la soirée avec James et elle. James était mon ex petit-ami, et depuis notre séparation, Roxanne faisait tout pour nous remettre ensemble, y compris improviser des soirées comme celle-ci, comme si le simple fait de me trouver en présence de James me ferait l'aimer. Elle ne comprenait pas. J'aurais pourtant pensé qu'elle, plus que quiconque, pourrait comprendre. Elle avait été là, à mon retour de Russie, elle m'avait accompagnée à la clinique quand j'avais décidé d'avorter.  Elle avait été témoin de mon mal-être, après la perte de Luka et elle m'avait aidée à remonter la pente. Roxanne savait combien il m'était difficile d'avancer, de continuer, sans Luka à mes côtés. Car même si nous n'avions partagé que quelques semaines ensemble, dès lors que mes lèvres s'étaient scellées aux siennes, je n'avais plus imaginé passer ma vie sans lui. Il m'avait été difficile de renoncer à notre histoire, à cette vie que j'avais imaginée avec lui. Il m'avait été plus difficile encore de renoncer à cette grossesse pour laquelle je n'étais pas prête. Je regrettais en partie mon geste aujourd'hui, une partie de moi – très égoïste - songeait que, peut-être, la présence de cet enfant aurait pu m'aider à accepter l'absence de l'être que j'aimais tant.

J'écoutais vaguement ce que Roxanne me disait, tout en hochant la tête lorsqu'elle complimentait James sur ses talents de musicien. Il jouait bien, il chantait bien, aussi, mais ça n'était pas ça qui me ferait tomber amoureuse de lui non plus. Quelques mois plus tôt, j'avais accepté son invitation à dîner, pensant naïvement que cette dernière me permettrait de laisser de côté les sentiments qui m'habitaient dès lors que je songeai à Luka. Rapidement, après quelques rendez-vous, et malgré toute l'attention et la prévenance de James, j'avais réalisé qu'il ne pourrait jamais rivaliser avec le fantôme qui me hantait nuit et jour. Lui aussi, l'avait réalisé, m'annonçant un soir, après dîner, qu'il ne pouvait plus continuer comme ça, qu'il ne voulait pas aller plus loin avec moi car il ne voulait pas – et ne pouvait pas – vivre avec le fantôme de mon ex petit-ami. Cette histoire s'était ainsi terminée aussi vite qu'elle avait commencé, sans que ni James ni moi n'ayons eu le temps de nous attacher. Quelques rendez-vous, quelques baisers échangés, c'était tout ce que nous avions partagé tous les deux et pourtant, aujourd'hui encore je culpabilisais comme si j'avais trompé Luka.

Mes parents faisaient de leur mieux pour me redonner le sourire. Ils tenaient à ce que je reprenne ma vie, comme avant, à ce que je profite pleinement de chaque instant qui m'était offert, justifiant leur souhait avec des paroles telles que « Luka n'aurait pas voulu que tu te laisses aller. » « C'est difficile, mais tu dois te battre, pour lui. » « Tu lui dois bien ça. », comme s'ils avaient su ce que voulait Luka alors qu'ils n'avaient pourtant jamais eu l'occasion de le rencontrer. Alors, j'allais en cours, je sortais avec mes amis, je laissais Roxanne me parler de James, plus pour leur faire plaisir à tous que par réelle envie.

« Tu viens ? » Je relevais la tête vers Roxanne, debout, devant la table, James à ses côtés. Je réalisai que j'avais été ailleurs... Tellement, que je n'avais même pas prêté attention à la fin de la chanson de James. Il était déjà redescendu de scène, et à en juger par la bière qu'il avait à la main, il était à nos côtés depuis un moment déjà, sans que je l'aie réalisé. Je secouai la tête en guise de réponse, avant de souffler :
« Non, je vais prendre un dernier verre. Vous n'avez qu'à y aller sans moi. » Je n'avais pas la tête à finir la soirée au restau, de toute façon. Après un dernier verre, je rentrerai chez moi, et passerai le reste de la soirée, seule, pour changer. Roxanne me lança un drôle de regard, que je soutins, avant d'ajouter. « Je veux juste prendre un dernier verre avant de partir. File, ça va aller. » Je ponctuai ma phrase d'un tendre sourire et, après un moment d'hésitation, elle obtempéra. James lui offrit de la raccompagner après le dîner, et elle accepta. Je les regardai tous les deux s'éloigner, non sans songer que ces deux là finiraient certainement ensemble – après tout, Roxanne vantait tellement les mérites de James qu'elle devait certainement en pincer pour lui – avant de commander un verre de vodka.

Après quelques minutes d'attente, un serveur m'apporta ma commande. Je restai quelques instants devant mon verre, écoutant le groupe qui venait de monter sur scène pour jouer devant la salle. Je posai finalement mon regard sur mon verre, une pointe de nostalgie dans le regard. Boire de la vodka me faisait penser à Luka. Machinalement, ma main caressa la montre que j'avais au poignet et qui lui appartenait. Il l'avait oubliée, ce matin là, ce jour où je l'avais vu, pour la dernière fois. Depuis, cette montre ne me quittait plus.

Pas un jour ne s'écoulait sans que je pense à lui. Mais, ces derniers temps, sa présence s'était faite plus insistante, la douleur plus lancinante. Depuis que j'avais cru l'apercevoir dans la rue, quelques semaines plus tôt, poursuivant malgré moi un fantôme, je ne pouvais m'empêcher de penser à lui plus que d'ordinaire ; songeant, encore plus que d'habitude, à tout ce que nous aurions pu vivre – ici, ou en Russie – si le destin ne nous avait pas séparés. Je poussai un soupir avant de m'emparer de mon verre et de trinquer – comme à mon habitude – avec Luka. J'aimais à croire que son fantôme veillait sur moi. Qu'il m'observait, du paradis, ou quoiqu'il existe après la mort, et qu'il faisait de son possible pour que la douleur soit plus supportable. Je portai alors mon verre à mes lèvres, et je failli m'étouffer malgré moi lorsqu'une silhouette trop familière s'approcha de ma table.
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MessageSujet: Re: without you, i'm just incomplete - Luka   without you, i'm just incomplete - Luka EmptyDim 29 Juin 2014 - 20:09


Without you, i'm just incomplete.


Luka avait perdu toute habitude de la vie.
C’était plutôt logique quand on y pensait. Il avait passé des années seul – profondément seul. Sa mère était morte, et il avait été obligé de se taire. Sous un nom d’emprunt, détaché de tout ce qu’il avait pu aimer ou connaître dans son enfance et dans sa jeunesse, il avait survécu plus qu’il n’avait vécu. Les jours s’enchaînaient, se ressemblaient, mais surtout le plongeaient dans une espèce d’accoutumance à cette existence qui n’en était pas une – il avait perdu des lambeaux entiers de souvenirs heureux, et s’était concentré sur les questions les plus primaires. Comment finir cette journée ? Comment tenir encore un peu le coup ? Comment avancer, quand on n’a plus aucune raison de le faire ?
Il avait essayé, un peu en vain, de se débarrasser de tout ce qui pouvait lui faire mal. De toutes ces choses qui comptaient encore profondément pour lui mais qui du jour au lendemain s’étaient retrouvées hors d’atteinte. Par exemple, cette maison où il avait grandi et où il avait connu le bonheur intense d’avoir une famille malgré tout – et où ils n’avaient plus jamais pu remettre les pieds de peur des représailles ou du souvenir atroce de la mort de sa mère. Par exemple, aussi, ces cours de droit où il avait toujours fait mine de s’ennuyer profondément alors que chacun d’entre eux était un pas vers son rêve d’altruisme et de bonté. Et puis Serena. Il avait agi un peu comme ces animaux qui se retrouvent blessés – et qui, prudemment, se retirent et pansent leurs plaies en solitaire pour éviter d’attiser la douleur. Ce n’était pas tant que ces choses de sa vie passée avaient perdu de l’importance. C’était tout simplement que les savoir inaccessibles les avait couronnées d’une intolérable souffrance. Alors oui. Il était devenu une pâle moitié de ce qu’il avait été. Un demi-homme. Il s’était fondu dans le personnage qu’il avait dû se créer, et s’était efforcé d’étouffer tout souvenir de ces bonheurs là. Il n’avait jamais tout à fait réussi. Alors il avait essayé de ne plus y penser.
L’habitude s’était si profondément ancrée qu’il peinait à se sentir à nouveau libre et vivant.
Il y pensait, alors qu’il quittait le minuscule bureau planqué à l’arrière du bar. Il venait d’essuyer un nouveau refus. Un nouvel échec dans une tentative de retrouver un travail normal. Il n’en voulait à personne – il savait que son anglais était encore trop lourd sur sa langue, aussi lourd qu’un dialecte que l’on a appris sur le tard et qui s’est usé à force de ne parler que celui de son pays natal. Il savait aussi que rien ne serait simple. Il avait retrouvé son père – à vrai dire, la seule et unique raison pour laquelle il se trouvait ici aujourd’hui – mais il avait la profonde certitude qu’il ne supporterait pas de dépendre de lui trop longtemps. C’était une question d’honneur. Peut-être quelque chose hérité de l’esprit slave et d’un cliché tenace qui voulait qu’un russe soit toujours un peu trop attaché à son ego. Mais malgré tous les efforts du monde, malgré la volonté de Aleksey de rattraper au mieux le temps perdu, il n’arrivait pas tout à fait à le considérer comme son père – et encore moins comme une personne qui pourrait subvenir à ses besoins le temps que sa situation se rétablisse. C’était juste… comme ça. Il était un gamin, devenu un peu trop vite un homme, profondément fier, profondément indépendant. La vie l’avait voulu comme ça. Mais putain si au moins ce pays inconnu voulait bien lui donner une chance, une seule chance.
Il plongea une main dans sa poche. Y dénicha quelques dollars. Encore de l’argent que Aleksey lui avait donné. Il avait parfois l’impression de ne pas mériter ce fric – ce qui était quelque part un comble après des années passées à vendre de la drogue pour récupérer de l’argent sale, mais tant pis. Mais il n’avait pas vraiment le choix. Il avait besoin d’un verre. De la vodka, au hasard. Même si celle qu’ils vendaient dans ce pays lui semblait toujours un peu râpeuse sur sa langue, étrange, loin des verres qu’ils descendaient entre amis, massés autour d’un feu, les jours de grand froid. Loin de ceux qu’il versait, en riant aux éclats, dans l’espoir de lui apprendre enfin à la savourer, à…
Il ferma les yeux. Récupéra son verre.
Il avait essayé de tourner la page. Des années durant. Il avait essayé de tourner la page parce qu’elle était devenue inaccessible. Probablement qu’elle ne voudrait même plus de lui aujourd’hui – probablement que l’appeler aurait été prendre le risque qu’on lui fasse du mal. Probablement qu’elle préférait l’oublier. Il avait essayé de tourner la page mais il avait le souvenir de ces jours incandescents passés en sa compagnie, du bonheur brut, inébranlable, et du grand sourire de Serena. Parfois, il se laissait aller à penser à elle et c’était une toute dernière flamme qui brûlait au fond de son cœur, une espèce de joie d’enfant. Souvenir du temps où il était merveilleusement insouciant. Et puis le temps. Aujourd’hui, il entamait une nouvelle vie. C’est avec la nostalgie d’un vieillard que parfois il se demandait ce qu’elle avait bien pu devenir – si elle était toujours la même, si elle était toujours merveilleuse. Et puis il serrait les dents, et il essayait d’oublier.

Mais quand il traversa le bar, ses yeux s’attardèrent sur un visage.
C’est comme si tout à coup il n’avait plus été capable de respirer. Comme un coup de poing dans le ventre. Une douleur brutale. Il s’arrêta net, et tout à coup le monde n’existait plus. Il n’y avait plus que lui, et cette femme qu’il dévisageait comme pour être sûr, bien sûr qu’il ne se trompait pas – comme pour être sûr, bien sûr, qu’il ne s’agissait pas d’un mirage de plus. Plusieurs fois, ça lui était arrivé. De croiser des gens, ainsi, et de croire les reconnaître – et de sentir naître quelque part une espèce de bonheur fou, un espoir que pour une fois l’univers ne s’était pas foutu de sa gueule. Mais il se trompait toujours. Alors que là… Deux grands yeux l’observaient fixement, avec un air de stupéfaction la plus pure. Alors il laissa échapper un nom – et plus qu’un nom, une exclamation. « Serena ?! »
Il eut alors ce réflexe étrange. Celui de franchir les quelques pas qui les séparaient et simplement, tout simplement, de toucher sa main. Comme pour vérifier qu’elle était bien là. Comme pour vérifier qu’il ne se trompait pas. Et la main était chaude – vivante, palpable. Et la joie, si violente que c’était à son tour de l’étouffer, après la stupéfaction. « C’est toi ? C’est vraiment toi ? » - et il savait que ce n’était pas à lui de dire ces mots, il savait qu’il était celui qui avait disparu, il savait qu’elle avait tout les droits de le rejeter – mais la revoir, après ces années… C’était comme respirer à nouveau.

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