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La voiture filait à vive allure sur la route. Juliette commençait à ressentir des raideurs dans le cou et le dos. Heureusement, elles n'étaient plus très loin. Les chatouillis dans le ventre qu'avait ressenti la jeune femme en partant se faisaient de plus en plus fort à mesure qu'elles approchaient de leur destination. Une nouvelle vie, enfin.
C'était l'obsession de Juliette dernièrement ; changer de vie. Rien dans celle qu'elle avait vécu jusqu'ici ne lui plaisait. Tout d'abord, il y avait eu la disparition de son père, brutale et inexplicable, qui avait laissé un grand vide dans sa vie. Puis les regards de pitié des gens, qu'elle avait eu beaucoup de mal à supporter ; perdre son père avait été assez horrible pour qu'elle ne veuille pas qu'on le lui rappelle constamment. S'en était suivi la dépression de sa mère, qui avait rendu Elsa et elle quasi orphelines.
Côté vie amoureuse, Juliette n'avait pas été très chanceuse non plus. Son premier copain, John, avait énormément compté pour elle, car il avait été le premier sérieux et surtout un de ses piliers depuis la disparition du patriarche. Mais au bout d'un an, il avait mis fin à leur relation, sans vraiment s'expliquer. Quelques autres ont suivi, ne restant jamais longtemps avec elle. Ils avaient tous fini par la quitter, soit sans explication, soit en donnant des raisons pas toujours compréhensibles. La jeune femme avait fini par se résigner et par la suite quittait souvent avant d'être quitté.

HUNTINGTON BEACH

L'arrivée était imminente. Il ne restait plus qu'à se repérer jusqu'à la maison. Heureusement, c'était plutôt bien indiqué et elles arrivèrent à Orange Avenue en moins de 5 minutes. Sur les indications de sa sœur (qui faisait office de co-pilote dans cette nouvelle ville, le trajet imprimé à la main), Juliette avança tout droit, tourna deux fois à gauche et se retrouva dans la rue de leur nouvelle demeure.
La voiture s'engagea dans l'allée du N°927, celle de leur nouvelle maison. En actionnant le frein à main, elle se sentit lourde, comme si elle n'allait pas être capable de se lever de son siège. Quitter la maison de leur mère avait été une décision plutôt facile et l'idée d'être libre l'avait égayée durant des semaines. Mais voilà, elles y étaient, face à leur nouvelle demeure ; tout cela était désormais concret.
La jeune femme finit par ouvrir la portière, lentement, et posa le pied par terre. Elle ne savait pas pourquoi elle mettait autant d'intensité dans ses mouvements mais il lui semblait qu'elle vivait un moment important, et qu'il fallait le faire durer. Elle leva les yeux pour observer leur nouvelle maison. L'extérieur était plutôt joli, la maison était plutôt classique. Elle savait qu'il y avait un petit jardin à l'arrière ; un coin de verdure avait été une de ses seules exigences. Elsa et elle aimaient passer du temps à l'air libre, à se prélasser sur des transats ou à guetter les hérissons. De plus, cela permettra à Tortue de gambader librement (ou de se trainer librement).

- Bon... on entre ?

Elsa acquiesça. Les deux sœurs avancèrent jusqu'à la porte. Une fois les clés insérées dans la serrure, la porte s'ouvrit sur un grand salon sombre. Juliette eu un petit pincement au cœur, se souvenant de celui qu'elle avait laissé derrière. Elle se précipita aux fenêtres, pour ouvrir chaque volet ; il était hors de question que l'obscurité règne ici. Une fois fait, elle se sentit soulagée.
Avant de faire visiter la maison à sa sœur, Juliette voulait lui montrer le jardin, en espérant que celui-ci lui plaise. Elle lui fit signe de la suivre jusqu'à la grande baie vitrée, qu'elle ouvrit, et elles sortirent toutes les deux.

- Alors, qu'est ce que tu en penses ?