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 Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi. ∞ E&L

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MessageSujet: Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi. ∞ E&L   Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi. ∞ E&L EmptyMar 20 Mai 2014 - 3:35


Le rituel pouvait avoir l'air un peu étrange, il fallait bien l'avouer mais Leah trouvait un certain réconfort dans ces petites visites qu'elle rendait à Eleanor Harper dans la même maison que Noah avait acheté en s'installant à Huntington. Trainer avec la mère d'un homme qui n'avait jamais vraiment été son petit ami, mais qui était très certainement le père de son enfant, ça n'avait rien de très anodin. Elle le savait, elle en était parfaitement consciente et elle l'assumait plus ou moins. Leah avait vu sa vie se retrouver complètement bouleversée en quelques mois seulement. Tout avait commencé quelques semaines avant son agression. Elle avait rencontré Noah sur une plage, avait décidé d'en faire son ami sous prétexte qu'il avait l'air d'un type bien -d'ailleurs, qu'est-ce que ça voulait dire, être un type bien? Sur quoi s'était-elle basée pour penser de la sorte? Peu importe ce dont il s'agissait au fond, elle allait devoir revoir sa méthode d'analyse des inconnus, clairement ce n'était pas un succès- et puis tout doucement (en fait non, pas si doucement que ça) elle était tombée amoureuse. Elle qui avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus! Son coeur avait été mis en miettes une seule et unique fois, presque dix ans plus tôt, une amourette de lycée qu'elle avait cru être l'histoire de sa vie. Ça l'avait tellement marqué qu'elle n'avait plus jamais osé aimer un autre homme. Leur laisser l'accès à son coeur était devenu trop dangereux, trop effrayant surtout. Alors durant ses folles années de fac et ses débuts dans la vie active, elle avait bien profité de la vie, enchainant les petits amis de très courte durée et les plans cul, jamais rien de trop sérieux. L'idée de s'engager ne lui avait même pas traversé l'esprit jusqu'à sa rencontre avec Noah. Elle avait entrevu un avenir possible avec cet homme-là. Pour une raison qu'elle avait désormais du mal à se rappeler, elle avait trouvé en lui des choses qu'elle n'avait jamais trouvé nulle part ailleurs. En un regard, il lui inspirait confiance. Dans ses bras, elle s'était toujours sentie en sécurité. Et avec ses baisers et ses caresses, il était capable de la faire se sentir magnifique. Bien sûr, elle avait l'habitude de se sentir belle sous le regards des mecs, elle avait l'habitude qu'on la complimente sur ses jolies jambes, sur ses yeux, et même sur son cul. Mais Noah, il avait une manière de la complimenter qui était différente, il n'avait même pas besoin des mots pour lui montrer qu'elle était la plus belle. Elle se sentait désirée et elle avait même osé croire qu'elle était aimé. Au moins un peu. Il lui avait coupé le souffle, avait fait chavirer son coeur après des années à ne rien ressentir de réel, et soudain elle était devenue une de ses filles qui croient aux contes de fées. Bon, oui, peut-être qu'au fond elle avait toujours été une de ces filles-là, mais elle ne s'était jamais autorisée à clairement le dire. Avec Noah, elle n'avait presque plus peur d'aimer. Il lui avait promis de ne pas lui faire de mal après tout et elle savait qu'il était différent. Noah Harper avait propulsé Leah Stewart sur un petit nuage, il l'avait même envoyé tout droit au septième ciel ce soir-là sur la plage, mais ça c'était encore une autre histoire. Il n'avait rendu sa chute que plus brutale ensuite. Et c'était ce qu'elle lui reprochait le plus, sans doute… Il lui avait donné de l'espoir pour tout lui reprendre en un battement de cils. Elle n'avait pas eu le temps de quoi que ce soit que déjà, tout était fini. Ajouté à son agression, sa  violente dispute avec Marissa, plus tard sa dispute avec Emma et ses amis qui ne semblaient plus vraiment être là pour elle, la descente aux enfers avaient été particulièrement douloureuse. Aujourd'hui, elle avait souvent l'impression d'avoir tout perdu et pourtant, elle avait cet enfant qui grandissait en elle. Elle se raccrochait à lui comme à un dernier espoir. S'il n'avait pas été là, qu'aurait-elle fait? Elle le savait très bien, ce qu'elle aurait fait, mais elle n'osait pas se l'avouer vraiment, surtout pas à voix haute. Elle était parvenue à remonter un peu la pente, ce n'était pas encore la grande joie mais c'était déjà ça. Il y avait eu le retour de Gavin à Huntington qui lui avait rendu le sourire, un vrai plaisir de retrouver son meilleur ami (et plus parfois). Elle avait aussi Eden à ses côtés, qui même s'il avait ses propres soucis à régler, elle savait qu'elle pourrait toujours compter sur lui tout comme il pouvait compter sur elle. Et enfin, il y avait Madame Harper. Aussi étrange que cela puisse paraitre, elle était devenue, dernièrement, un véritable pilier pour Leah.  Bien sûr, la jeune femme aurait pu parler  à sa propre mère si elle l'avait voulu, mais pour une fois ça faisait du bien de parler à quelqu'un qui ne la connaissait pas du tout. Au moins, elle n'avait pas d'idée déjà toute préconçue sur la cadette des Stewart. Et puis quelque part, elle la rapprochait de Noah. Il avait beau lui avoir fait du mal comme jamais on ne lui en avait fait, Leah n'arrivait pas à le laisser partir complètement. Elle avait encore envie de s'accrocher à lui, ce qu'elle considérait elle-même comme complètement irraisonné, stupide et même suicidaire. Mais vous savez ce qu'on dit, l'amour a ses raisons que la raison ignore et blablabla. Tant pis si ça faisait mal et tant pis si elle était bête et amoureuse. Elle n'arrivait plus à contrôler son coeur. C'était l'un des nombreux effets que Noah avait eu sur elle. Alors, à défaut d'avoir pu se réconcilier avec cet homme qu'elle aimait et qui avait de son côté lâchement pris la fuite en Europe -soit disant pour le travail, mais il ne faut pas être né de la dernière pluie pour voir la belle occasion que ça représentait pour lui, d'échapper aux conséquences de ses actes- Leah parlait à la mère de monsieur. Cette dernière s'était révélée être une très bonne conseillère, elle savait à la fois écouter Leah et la guider ou du moins la mettre sur la bonne voie. Ce serait mentir que de dire qu'elle ne commençait pas à sérieusement prendre goût aux discussions qu'elle pouvait avoir avec Eleanor.

Leah avait récemment retrouvé l'envie de cuisiner. C'était sa plus grande passion après tout, mais avec tout ce qui lui était tombé dessus, elle avait légèrement mis ses livres de recettes de côté. Elle avait même mis son blog en pause. Sa vie professionnelle n'était donc pas au mieux de sa forme. Il y avait aussi eu ce projet de restaurant qui était finalement tombé à l'eau et qui lui avait fichu un sacré coup de blues. Mais peu à peu, elle se sentait remotivée. Son rêve de restaurant n'était pas perdu à tout jamais, ce n'était que partie remise. Et son blog, il recevait toujours autant de visites chaque mois malgré le manque de nouveau articles. Elle avait eu dans sa boîte aux lettres, pas plus tard que la semaine dernière, une invitation à se rendre à Los Angeles pour une grande soirée organisée par la chaine Food Network sur laquelle elle avait animé plusieurs émissions en tant que spécial guest. Elle hésitait encore à y aller mais rien que d'envisager de s'y rendre était un grand pas. Aujourd'hui, elle était d'une humeur joyeuse. Ça ne lui était pas arrivé depuis longtemps, pas sans raison du moins. Elle avait fait tout un tas de cupcakes, bien trop pour elle et les garçons (Teddy et Gavin), et avait donc décidé d'en apporter à Eleanor. Après lui avoir passé un rapide coup de fil pour être certaine que ça ne la dérangeait pas, Leah s'était habillée élégamment. Ça non plus ça n'arrivait plus aussi souvent qu'avant. L'envie de faire bonne figure était revenue, alors elle avait enfilé une robe qu'elle venait d'acheter. Un truc spécialement taillé pour une femme enceinte mais pas moins joli. Ses cheveux ondulés lâchés sur ses épaules légèrement dénudées, elle était resplendissante et avait ce petit je-ne-sais-quoi qui faisait tout le charme d'une femme enceinte.

En frappant à la porte de chez Noah, elle avait un sourire accroché à ses lèvres, tandis qu'elle tenait dans ses mains un panier rempli de gâteaux appétissants. C'était presque à croire qu'Eleanor avait pris la place d'Harper et Lissa dans la vie de Leah. Une seconde durant, elle se trouvait pitoyable, et puis presque aussitôt elle parvint à se convaincre que si ça la rendait heureuse, alors elle n'avait pas à se priver. Eleanor ne la rendait pas heureuse en soi. Elle avait beau être gentille et tout ce qui va avec, il en fallait un tantinet plus à Leah. Mais parler avec Eleanor, retrouver cette maison qui sentait encore l'odeur de cet homme qu'elle avait aimé et qu'elle rêvait parfois encore de serrer dans ses bras, c'était suffisant pour lui donner l'illusion que tout irait bien, éventuellement. Et avoir l'illusion que tout irait bien, c'était tout juste ce dont elle avait besoin pour arriver à faire semblant d'être à nouveau épanouie. Elle s'accrochait à tout ça et se donnait une dernière chance. Il n'y avait pas de mal à ça. La porte s'ouvrit et Eleanor apparu devant Leah. Cette dernière, ravie, sourit de plus belle. "Bonjour Eleanor!!" Presque euphorique, trop pour être honnête, elle tendit son panier à la mère de Noah. "Je vous ai apporté des cupcakes que j'ai fait ce matin! Ce n'est pas pour me vanter mais ils sont plutôt réussis!". Là, tout de suite, elle ressemblait à une poupée American Girl (ou à Bree Van De Kamp, au choix). Avec son grand sourire parfait, sa tenue parfaite, et son petit panier rempli de pâtisseries parfaites, Leah faisait même un peu peur pour quiconque la connaissait vraiment. Elle resta donc plantée devant Eleanor, attendant patiemment que cette dernière la laisse entrer à l'intérieur.
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MessageSujet: Re: Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi. ∞ E&L   Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi. ∞ E&L EmptyMar 20 Mai 2014 - 16:16

Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi
leah ∞ eleanor
Mon réveil venait de sonner pour la deuxième fois de la nuit. Cette fois, j’étais beaucoup moins étourdie et perdue, j’avais pris les quelques heures de sommeil que j’avais pu avoir et je me sentais désormais assez en forme pour attaquer cette journée de plein fouet. Comme à mon habitude, je commençai par me préparer pour ensuite descendre dans la cuisine et préparer les meilleurs pancakes de l’état avant d’aller réveiller Jamie. Puisqu’on ne change pas une équipe qui gagne, il était grognon au premier abord, avant de bien se réveiller devant son jus d’orange et son beurre de cacahouète. Ce genre de rituel matinal, je l’avais fait pendant de nombreuses années, et même pendant plusieurs pour sept enfants à la fois. Me réveiller avant eux n’avait jamais été un problème pour moi. A force, j’étais plutôt devenue du genre matinale et leur préparer le petit déjeuner de leurs rêves était devenu un réel plaisir pour moi-même. Chaque matin, je partageais avec mes enfants des moments uniques et mémorables qui jamais ne me sortiraient de la tête. Le soir, souvent, après l’école, ils balancent leur sac et s’en vont à d’autres occupations. Le matin au moins, j’avais l’occasion et le temps de profiter d’eux. Être mère au foyer n’avait jamais été un fléau pour moi, loin de là ! Et voilà que vingt ans plus tard, après l’envol de mon cadet, je me mettais à recommencer exactement les mêmes gestes. Son petit déjeuner englouti, Jamie se rappela qu’il devait vérifier ses mails pour voir si son père ne lui avait pas donné de ses nouvelles. Il ne le fait pas tous les jours mais aujourd’hui, je savais qu’il ne serait pas déçu. Une fois encore, je m’étais réveillée cette nuit pour me mettre à écrire l’un de ces fameux mails qu’ « il » avait l’habitude de lui envoyer. Le sourire de mon petit-fils s’illuminait tandis que le mien se crispait. Je n’en avais toujours pas fini de me torturer avec cette histoire mais presque malgré moi, je m’était faite entrainer dedans et ne pouvais plus revenir en arrière. Le principal étant qu’il soit un minimum heureux, je lui demandai alors d’aller se préparer pour partir à l’école. Avec Noah, il prenait la navette mais moi, j’avais tout mon temps devant moi et c’est avec grand plaisir que je m’installai dans la Corvette de mon fils. Il fallait voir des avantages là où il y en avait et celui-ci en était un. Au yeux de tout le monde, j’étais la femme du troisième âge, perdue dans une voiture de sport aussi puissante et j’avais l’air ringarde mais pour moi … Conduire ce petit bijoux était d’un réel amusement, j’adorais ça ! Si avec Jamie je faisais toujours en sorte de respecter les limitations et de ne pas pousser le champignon un peu trop loin, il faut que j’avoue que sur le chemin du retour, c’était tout l’inverse. J’avais des airs d’une ado qui s’éclate, et c’est exactement l’effet que cela me faisait. Après avoir amené Jamie à l’école, je revins à la villa, la villa de Noah, et cela me faisait toujours le même effet. J’entrais dans cette demeure et je la trouvais trop grande, trop vide. Même moi, avec mon mari et mes sept enfants, je n’avais jamais eu de maison aussi grande. J’imaginais parfois les planchers de ces pièces parcourus par de petits enfants, courant, sautant, riant, jouant. Jamie avait beau être un enfant, il n’était plus de ce genre. Il avait même grandi et mûri un peu trop vite à mon goût. Je me demandais parfois si il ne regrettait pas d’être enfant unique. Je l’avais été, moi, et ça n’avais jamais été une franche rigolade, d’où peut-être mon addiction et mon obsession à fonder une grande famille. Ceci dit, je savais que tout le monde n’était pas comme moi, et même que les personnes ne désirant pas d’enfants se faisaient de plus en plus courants. Dommage. Je me demandai alors, si Sophia avait encore été là, auraient-ils encore eu des enfants ? Je souris à ma bêtise. Bien sûr que oui ! Ces deux-là étaient le genre de couple parfait et heureux, ayant tellement d’amour à revendre qu’ils en avaient trop pour eux-mêmes et Jamie. J’avais beau être la « Nona » de plus d’une dizaine de petits enfants, je ne m’en lassais jamais. Mon désir maternel s’était transformé en partage et j’en faisais profiter tous ceux qui m’entouraient, même s’ils n’étaient pas de mon propre sang ou même de ma lignée. Mais cette maison avait beau me sembler beaucoup trop grande, ce n’est pas pour autant que je m’y sens seule. Régulièrement, certains amis de Noah passent à la maison, certains ne sont passés qu’une fois tandis que d’autres reviennent. Pour moi ou en espérant revoir Noah du jour au lendemain ? Je n’en sais rien. Au fil des semaines, j’avais appris à les connaître et avait en quelques sortes réussi à recréer une partie du réseau de mon fils. La plupart d’entre eux semblaient corrects et sans embrouilles, si bien que je me demandais comment, avec un entourage comme celui-là et un soutien de la sorte, il avait pu tout abandonner du jour au lendemain.

Comme pour Jamie, je mentais aux autres, leur racontant qu’il était en voyage d’affaires à Paris et que son affaire prenait de l’ampleur, si bien qu’il ne savait pas lui-même quand est-ce qu’il reviendrait à Myrtle Beach. La vérité, c’était qu’intérieurement, j’étais morte de trouille. Mon fils s’était volatilisé de jour au lendemain et n’avait plus donné de nouvelles. Au départ, mon stress accroissait au fil des heures, ensuite au fil des jours, des semaines et désormais des mois. Le temps paraissait inlassablement long et de temps en temps, ma santé en était mise à mal. La présence de Noah me manquait et j’avais l’impression que de jours en jours, son odeur même s’évaporait au travers des pièces. Impossible pour moi de refouler mon instinct de mère et chaque jour, je restais campée à mon téléphone, prête à répondre à n’importe quel moyen de communication que ce soit : coup de téléphone, sms, mail, twitter, skype, … J’avais fait le tour de tous les réseaux possibles et imaginables mais jamais je n’avais reçu de nouvelles de sa part. Au moins, cela m’avait permis de ne pas me perdre parmi toutes les nouvelles technologies et les écrans tactiles étaient devenus pour moi quelque chose de très commun. Moi qui avais connu l’apparition même de la télévision … Je refoulai vite ce souvenir, décidée à ne pas me sentir plus vieille que je ne l’étais déjà. Il me restait tout de même Jamie, en qui je voyais tellement de mon fils. Le genre de petit garçon fort mais à la fois sentimental et qui a la valeur et le sens des choses. Je n’avais rien à redire sur la manière dont il avait éduqué son fils, surtout aux vues des évènements qu’ils avaient du traverser tous les deux. La présence de Sophia aussi me manquait, chaque jour j’avais une pensée pour elle.  Je l’imaginais dans cette magnifique cuisine, ou occupée à lire un bouquin en bronzant sur la terrasse. Elle avait autant de class que de naturel. Lors de sa disparition, je ne pus que comprendre l’effondrement de mon fils, même si la manière dont il prit les choses « en main » n’était pas celle que j’aurais faite. Quelque part, j’était même arrivée à temps pour l’extirper des méandres de son abysse, et même si j’ai du lui forcer la main à l’époque, je sais que j’ai fait ce que j’avais à faire. Ma plus grande peur aujourd’hui soit qu’il soit retombé encore plus bas qu’auparavant, même si une partie de moi espérait qu’en fait, s’il n’était pas là aujourd’hui, c’était parce qu’il était allé de lui-même dans un centre de désintoxication. Peut-être ne voulait-il pas que je le voie comme ça, encore une fois … Mais je ne le connaissais que trop bien, et même si cet espoir naissait en moi de temps à autres, je savais pertinemment que si c’était le cas, il aurait donné de ses nouvelles, au moins pour son fils. Au fond, c’était peut-être ça qui me faisait le plus de mal, c’était qu’il abandonne son fils. Moi, à la limite, je peux comprendre. Je suis celle qui est sans cesse sur son dos, qui semble vouloir contrôler sa vie et qui ne le laisse pas vivre. Un éloignement par rapport à mi ne serait pas étonnant, et pas anodin non-plus. J’ai conscience d’être parfois un peu trop … mère poule et certains de mes enfants me l’ont déjà reproché. Mais je ne serais pas celle que je suis si je ne jouais pas mon rôle à fond.

J’étais occupée d’arroser les fleurs dans l’immense jardin de la propriété quand je reçus un appel, toujours pas de Noah, non, mais de Leah cette fois. Cette dernière demandait bien gentiment si elle pouvait passer dans la journée. Mon emploi du temps n’étant pas des pus chargés, j’avais bien entendu accepté sa proposition. De la compagnie me ferait le plus grand bien et la sienne n’était pas dérangeante du tout. J’avais donc abandonné mes gants et mon tablier pour aller nous préparer une petite terrasse à l’ombre de quelques arbres justement bien placés, l’ombre naturelle étant bien plus agréable que celle d’un parasol. Le temps qu’elle arrive, je préparai une limonade bien fraiche faite maison que je glissai au réfrigérateur. Un peu moins d’une heure s’écoula avant que la sonnette de la porte d’entrée ne se fit entendre. Je me rendis l’accueillir, tout sourire. « Bonjour Eleanor!! » me salua-t-elle. Séduite par sa tenue et son allure, je ne pouvais que la complimenter à ce sujet. « Leah ! Tu es magnifique ! Il n’y a donc qu’à mon âge qu’on ne devient pas plus belle de jour en jour ? » Je tentai la plaisanterie pour détendre l’atmosphère dès le départ. « Je vous ai apporté des cupcakes que j'ai fait ce matin! Ce n'est pas pour me vanter mais ils sont plutôt réussis ! » Mon regard se posa directement sur le panier qu’elle me tendait. Mon palet allait pouvoir se régaler et mes papilles gustatives s’émoustiller. « Ils ont l’air délicieux ! » dis-je tout en m’emparant du panier. « J’espère qu’ils seront à la hauteur des miens … » Je pouvais paraître critique de temps en temps, mais la jeune fille savait que je plaisantais. Je lui proposai alors d’entrer et d’aller s’installer sur la terrasse. Je transvasai les cupcakes sur un plateau en bois ainsi que de l’eau et la limonade préparée auparavant, le tout avec beaucoup de glace pour nous rafraichir le corps. Je la rejoins alors sur la terrasse, sourire aux lèvres. « Alors, comment tu vas ? Et le petit là-dedans ? » demandais-je, tout en caressant son ventre. J’espérai ne pas la choquer par ce geste, même si c’était la première fois que je me permettais de le faire. Après tout, il est dit que cela porte bonheur de caresser le ventre d’une femme enceinte.
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MessageSujet: Re: Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi. ∞ E&L   Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi. ∞ E&L EmptyMar 3 Juin 2014 - 0:32


Eleanor était rayonnante. À chaque fois qu'elle la voyait, Leah était impressionnée par cette femme qui avait l'air tellement posée, tellement sûre d'elle. Elle lui donnait souvent l'impression d'avoir une réponse à tous les problèmes, comme si rien ne pouvait dérailler tant qu'elle avait les rênes. Sans le savoir, Eleanor rassurait Leah. Elle l'aidait à garder espoir et petit à petit elle lui redonnait confiance. Tout irait bien. Les choses avaient beau avoir l'air d'être au plus bas, impossibles à réparer et arranger, il y aurait forcément un moyen pour que tout retrouve sa place et que son monde à elle redevienne comme avant… Ou  au moins que les choses s'améliorent. Son monde serait-il à nouveau comme il l'avait été autrefois? Elle allait avoir un bébé, bon sang! Rien ne serait jamais plus pareil. Mais elle avait par dessous tout besoin de se retrouver, de retrouver celle qu'elle avait toujours été et qu'elle n'arrivait plus à être. Eleanor était comme un rayon de soleil dans son ciel grisonnant. Elle était la seule chose qui la raccrochait encore à Noah et à l'utopie qu'elle s'était imaginée vivre avec lui. À présent, elle savait que tout ça n'arriverait pas, mais une part d'elle ne pouvait pas s'empêcher d'y rêver encore, de temps en temps. La jeune femme offrit son plus beau sourire à son hôte. Les compliments, elle n'en recevait plus des masses ces derniers temps, beaucoup moins que ce à quoi elle avait été habituée toute sa vie. Alors oui, s'entendre dire qu'elle était magnifique lui faisait plaisir. Sincèrement plaisir. "Merci!" répondit-elle joyeusement et dans un haussement d'épaule innocent. "Eleanor, si je pouvais vous ressembler trait pour trait quand j'aurai votre âge, croyez-moi que j'en serais très heureuse! Vous êtes toute aussi resplendissante! L'âge n'a plus rien à voir avec la beauté, vous ne croyez pas?" L'attitude pouvait aussi jouer un très grand rôle dans le capital beauté d'une femme, non? Leah n'était pas très sûre de l'âge exacte de la mère de Noah, mais elle était loin de la trouver moche. Elle ne ressemblait ni de près, ni de loin à ces petits vieux et ces petites vieilles qu'on croise en maison de retraite et qui semble patiemment attendre la mort. Elle était encore pleine d'énergie, bonne vivante et dégageait du charme, et si Leah avait été un homme de soixante et quelques années, sans doute qu'elle n'aurait pas hésité à l'inviter à diner. Est-ce qu'elle venait vraiment de se dire ça? Intéressant. Non vraiment, elle n'avait encore jamais tenté de se mettre à la place d'un vieux de soixante ans. Elle-même surprise par ce qu'il se passait parfois dans sa tête, elle avait simplement tendu son panier rempli de cupcakes pour l'offrir à Eleanor. Ravie de voir que ça semblait lui faire plaisir, elle se félicitait intérieurement d'être au moins douée pour la cuisine. Leah laissa échapper un léger rire en l'entendant dire qu'elle espérait que ses cupcakes seraient à la hauteur des siens. "Vous m'en direz des nouvelles! Les cupcakes sont ma spécialité depuis mes sept ans, les rater serait un sacrilège, sincèrement. Ça ne m'est pas arrivé depuis…" Elle fit mine de réfléchir. "Et bien en fait, je ne m'en souviens pas." Ses cupcakes n'étaient tout simplement jamais ratés. Elle aurait pu craindre le jugement de la part de l'autre femme, sauf qu'elle avait assez confiance en son talent pour savoir que ce qu'elle avait préparé serait délicieux. Aucun doute là-dessus.

Eleanor l'avait ensuite invité à rentrer dans la maison. Elles avait traversé le salon pour aller sur la terrasse qui donnait directement sur le jardin. En passant dans les pièces communes, Leah avait pris la peine de s'attarder quelques secondes sur des cadres posés ça et là. Les visages de Noah et de son fils lui resserraient toujours le coeur à chaque fois qu'elle les voyait. Elle pensait à son bébé et se demandait si lui aussi aurait le droit à un père. Elle qui était une fille à papa par excellence, et ce dans tous les sens du terme… Elle était non seulement pourrie gâtée, mais voyait aussi en son père un véritable super héros. Encore aujourd'hui, elle le regardait avec la même admiration qu'il y avait déjà dans ses yeux de fillette de cinq ans. Elle avait souffert de son absence lorsqu'elle était plus jeune. Il avait passé un temps fou à travailler et à voyager, il n'avait jamais une seconde pour jouer avec ses filles ou leur raconter une histoire le soir. Elle l'aimait pourtant très fort et aujourd'hui, à son âge, elle comprenait que son père avait fait des erreurs mais qu'il avait aussi su se rattraper. Il était bien plus présent dans sa vie désormais et elle savait qu'elle pouvait compter sur lui. Elle avait envie que son enfant connaisse ce sentiment d'avoir un papa  qui l'aime. Peu importe si le père était Noah ou Ethan. Elle assumerait dans les deux cas et elle ferait tout pour que son bébé ait les deux parents qu'il mérite. Blessée ou pas blessée, en colère ou pas en colère, ce n'était pas une raison pour priver son futur fils ou sa future fille d'un père. Noah était un très bon papa pour Jamie et même si dernièrement il semblait merder sur tous les points, Leah avait confiance en sa capacité d'être un bon père pour tout ses enfants. Quant à Ethan, elle le connaissait depuis longtemps. Il n'était certainement pas l'homme de sa vie mais bon sang, il n'était pas aussi horrible qu'elle le laissait parfois entendre. Il ferait aussi, sans doute, un bon père. En s'installant à la terrasse, Leah fixa le fond du jardin. Le regard dans le vide, perdue dans ses pensées, elle laissa Eleanor chercher de quoi manger et boire.

Elle entendit la voix de l'autre femme et sa main sur son ventre la rappeler à la réalité. Forçant à nouveau un sourire, elle releva les yeux vers son interlocutrice.  "Ça va. On va bien tous les deux." À son tour, elle caressa son ventre. Elle avait tellement hâte que son bébé soit là. Elle avait envie de le serrer dans ses bras, oui, déjà elle s'imaginait ses tout petits doigts dans ses mains et ses regards et ses sourires. Elle avait hâte. Vraiment hâte. "J'ai fait une échographie la semaine dernière… Vous… Vous voulez voir?" Elle avait attrapé son sac qu'elle avait déposé à ses pieds en s'asseyant plus tôt et cherchait son porte-feuille. Elle en sortit une petite photographie qu'elle tendit à Eleanor. Elle ne lui avait pas encore dit que peut-être, ce bébé serait son petit-fils ou sa petite-fille. "S'il vous plait, si vous savez lire ce genre de truc et que vous arrivez à découvrir le sexe, ne dites rien! Le médecin a dit que sur cette photo c'était dur à dire, mais on ne sait jamais… Je ne veux pas savoir, je préfère avoir la surprise." Repoussant ses cheveux par dessus son épaule, Leah se servit un verre d'eau et en but une gorgée. "Et vous Eleanor, comment allez-vous? Elle lui souriait à nouveau. Puis prenant bien garde à se montrer relativement détachée, elle demanda: "Vous avez eu des nouvelles de Noah? Il est toujours en France?" Si seulement elle avait pu lui parler directement… Elle avait encore du mal à croire que Noah était parti en France en la laissant seule et enceinte. Même si rien ne garantissait qu'il était le père de son bébé, elle n'aurait jamais cru ça de lui… Le pire, même si elle se refusait à y penser trop souvent, c'était qu'elle n'était pas la seule à avoir été abandonnée de la sorte. Elles étaient deux dans la même situation. Soudainement incapable de regarder Eleanor dans les yeux, Leah reprit son verre dans les mains et but à nouveau.  
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