HUNTINGTON BEACH ™
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 The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)

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MessageSujet: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyVen 13 Juin 2014 - 23:44

[Je me suis initialement planté dans mon copier/coller : t'as failli avoir droit à l'introduction de ma thèse Razz ]


"Je f'sais les bests oeuf McMuffins du resto. J'te jure man!"

" C'est pas directement livrés, et il ne te reste plus qu'à le mettre au four et cliquer sur le bon bouton de la machine ?"

"Bah ouais."

" ..."

"..."

Les ressources humaines lui avaient définitivement manqué. Source intarissable d'expériences humaines inoubliables. Cependant, niveau résultats, il sentait qu'il allait devoir continuer à faire les petits déjeuners pendant un bon moment...

" Cool. Alors dis-moi, pourquoi tu veux quitter ton poste ? Il me semble que ton employeur actuel est réputé pour former des employés fiables et travaillants. Je ne suis pas certain qu'il soit aussi gratifiant de travailler dans une maison de chambre familiale."

"J'ai été viré. Ma mère m'a forcé à appliquer ici."

Keith éclata de rire.

" Ok, ça marche. Tu veux qu'on parle de quoi, question de meubler le temps pour ne pas que ta mère pense que tu t'es planté ?"

"... Euh... Quoi ? J'ai pas bien compris la question..."

" Pas grave. Hey, dis-moi, tu t'y connais un peu en course à pied ? "

" Bah... c'est un truc de vieux ? ."

Nouveau sourire de Keith. Le pire, c'est qu'il devenait attachant, le bougre...

" Dis-moi, t'as déjà songé à devenir plongeur ? "

" Euh... non ? J'aime pas avoir la tête sous l'eau. J'ai un truc avec la pression."

" ... "

" ..."

" Ok, je crois qu'on a fait le tour. Merci Dustin. Tu diras à ta mère que ton entrevue était tout à fait édifiante. " , acheva-t-il en se levant de sa chaise et en lui tendant la main.

" Est-ce que ça veut dire que j'ai l'emploi ? "

" Hemm... quelqu'un vous rappelera si nous nous arrêtons sur votre candidature... Merci de votre temps, et bonne journée! "

Il le salua de la main, alors qu'il le regardait maladroitement refermer la porte derrière lui.

" Alors, Bea, qu'est-ce que tu crois ? Le réinséré social et ses intriguant tatous de serpents dévorant des machine guns ? Ou bien Ginette, la sympathique retraitée à qui l'arthrite a volé une main, mais qui a tant besoin d'amis ?  "
Sa fille fie une moue boudeuse.

" Ouais, je suis plutôt d'accord... Alors prie que le dernier ne soit pas un mauvais tour que l'on nous joue... sinon, papa va encore sentir le bacon pour les mois à venir....  "

En effet, le dernier candidat de sa courte liste (car, il faut se l'avouer, venir faire les déjeuners dans un bed and breakfast ne franchissait pas vraiment le seuil du glamorisme d'Huntington) ressemblait beaucoup plus à un canular qu'à une application sérieuse.

Keith avait encore quelques minutes d'avance, gracieuseté du caractère expéditif de son entrevue précédente. Il en profita pour relire une énième fois le CV du dénommé Meister. Approchant la quarantaine, il avait un parcours qui, même pour un parfait néophyte du monde culinaire comme l'était Keith, semblait sortir de l'ordinaire. Il avait un peu l'impression de se magasiner un lance-flamme pour se débarrasser de ses mauvaises herbes. Soit, il avait ce petit blanc dans les dernières années, mais quand même...

Alors que le timbre d'entrée se faisait entendre, il haussa les épaules avant de se dire qu'il ne risquait qu'une vingtaine de minutes, au final. Et qu'il s'imaginait difficilement comment cela pourrait être pire que les trois dernières heures...

" Monsieur Meister ? Keith. Enchanté de vous rencontrer. Venez, venez, installez vous. Merci d'avoir pris la peine de vous déplacer. "

Il le conduisit vers le salon commun du Hope's Cove, actuellement désert.

" Alors alors, pour commencer, auriez-vous l'obligeance de me citer vos trois pires défauts.... "

Il l'interrompit dès que Meister fit mine d'ouvrir la bouche.

" Non non, je plaisantais, ne répondez surtout pas à ça. En fait, je n'ai pas vraiment l'intention d'y aller par quatre chemins. Vous aviez bien compris qu'à la base, je ne recherchais que quelqu'un pour préparer les petits déjeuners 5 jours par semaine ? Et on parle ici d'une vingtaine de personnes au maximum? Vingt-deux en fait, si l'on compte l'appétit d'ogresse de ma fille de 7 ans. Nous n'avons pas vraiment de cuisine commerciale. Pas vraiment d'employés non plus, si ce n'est une étudiante en écologie qui s'échine sur de passionnants livres sur la flore du sud-sud-ouest de l'Arkansas en faisant l'accueil et en répondant au téléphone lorsque je ne suis pas dans les environs.  "

Il marqua une courte pause, avant de poursuivre.

" C'est vraiment pour ce poste que vous souhaitiez appliquer ? Je veux dire, ne vous méprenez :  j'y prends un plaisir un fou, et je suis convaincu que plusieurs partageraient mon enthousiasme. Mais c'est un peu loin de la trajectoire des guides Michelin de ce monde, si vous voyez ce que je veux dire. "


Dernière édition par Keith A. Williams le Jeu 9 Oct 2014 - 16:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyDim 29 Juin 2014 - 23:35


keith & owen

Honnêtement, Owen n’avait jamais été un type nerveux.
Enfin si, quand il était gamin – mais ça ne comptait pas vraiment, hein ? Après tout, à l’époque, il était petit, maigrichon et roux, donc il avait des raisons d’être nerveux quand il s’agissait de rapports humains. Mais le temps avait passé. Il était devenu très jeune un époux, puis un père, puis un chef cuisinier. En gros, un type qui se devait de paraître solide dans chaque seconde de sa vie – et tant pis si ce n’était pas vraiment le cas. Donc non, il n’avait jamais été un type nerveux (à partir de la fin de sa très brutale poussée de croissance). Plutôt un tyran en cuisine, en fait. Comme dans cette émission à la con, là, aux heures de grande écoute, le mec qui te refait un resto de A à Z grâce à des moyens de ouf mais aussi une autorité digne du capitaine d’une équipe de rugby. Partout, et surtout dans son métier, il avait été sûr de ce qu’il voulait, de ce qu’il voulait faire, de ce qu’il voulait cuisiner, surtout. C’était son domaine. Sa passion. Et l’expérience lui avait appris qu’il était bon dans ce qu’il faisait.
Mais là, il était positivement mort de peur, alors qu’il remontait l’avenue une cigarette à la bouche.
Il avait été chef dans un restaurant gastronomique de San Francisco pendant une dizaine d’années. Putain. Il avait été le type dont une seule phrase, un seul « envoyez-moi deux tartares avocat-saumon, une coquille Saint Jacques au Champagne et trois grenadins de veau aux morilles » sans « bonjour », sans « merci », sans « s’il-vous-plaît », sans « merde », suffisait à se faire s’agiter toute une bande de mecs en uniforme blanc. Mais le temps était passé par là. La dépression était passée par là. L’alcoolisme était passé par là. Il avait perdu sa femme, son meilleur ami, son fils, sa carrière, et il était tout à coup un homme nu qui angoisse à l’idée d’un entretien d’embauche.
Bien joué, la vie. Bien joué.
Arrivé devant la porte, il inspira profondément. Ses yeux s’attachèrent un instant aux mots « Hope’s Cove », et il eut un léger sourire en se disant que cela correspondait plus ou moins aux raisons pour lesquelles il s’était aventuré pour la toute première fois à Huntington Beach – dans l’espoir un peu fou de renouer avec la famille que sa stupidité avait brisé. Ce qui ne l’empêchait en rien d’être nerveux. Il fut cependant vite obligé de faire un pas en arrière alors que la porte s’ouvrait sur… bah sur un gamin, et il fut tout à coup outrageusement reconnaissant envers ses parents pour lui avoir inculqué à son plus jeune âge que les tatouages étaient très généralement une mauvaise idée. Il fronça les sourcils, légèrement dubitatif, alors que le gamin (ouais, c’était un gamin. Et ouais, ça c’était bien une phrase de petit vieux de trente-huit ans, du genre qui va très prochainement commencer à penser en « de mon temps » et critiquer les musiques de barbare de la jeunesse d’aujourd’hui – pas besoin de le lui rappeler) sortait un joint de sa poche et l’allumait l’air de rien. Hum. Certes. Soudain un poil plus confiant en ses capacités et en sa légitimité à postuler, il sonna à la porte.
Après tout, qui ne tente rien n’a rien. Non ?

« Monsieur Meister ? Keith. Enchanté de vous rencontrer. Venez, venez, installez vous. Merci d’avoir pris la peine de vous déplacer. » Il esquissa un sourire. Serra la main de l’autre homme, et, tachant d’avoir l’air le plus assuré possible, lui répondit « Owen. Vous pouvez m’appeler Owen. ». Le type avait l’air légèrement à bout de nerf – et franchement, si tous les entretiens avaient été du niveau du jeune homme que Owen avait croisé à la sortie, il pouvait le comprendre. Il avait lui-même fait passer des entretiens, principalement pour de nouveaux commis ou de nouveaux membres de sa brigade – et il en gardait un souvenir pour le moins hauts en couleurs, suivis de moments de franche rigolade en compagnie de William, qui avait ses propres anecdotes sur la question. Cependant, en cheminant vers le lieu de l’entretien, qui s’avéra finalement être un salon commun, il croisa une petite fille. Tout à coup, il eut une pensée pour Shawn. Shawn avait bien grandi, bien sûr – et il n’avait jamais été une fille, hein – mais il ne put s’empêcher de se retrouver projeté il y a des années de cela. Quand il avait tout. Avant de tout perdre. Rapidement, il s’accroupit devant elle – et lui fit son meilleur baisemain, déclarant dans un sourire : « Mademoiselle, je suis enchanté. ». Ce n’était pas un calcul pour s’attirer les faveurs de l’employeur. Mais une part de lui renoua avec son passé – mais le meilleur de son passé. Il se rappela tout à coup qu’il était ici pour avancer. Et la nervosité s’envola.


Il était vraiment prêt à citer ses trois pires défauts. Honnêtement. Il les avait sur le bout des lèvres, et allait les annoncer sans angoisse quand il fut coupé par la tirade de Keith. Il haussa les sourcils, surpris. « C’est vraiment pour ce poste que vous souhaitiez appliquer ? ». Cet homme l’avait pris de cours. Il ne savait pas vraiment ce qu’il espérait. Probablement qu’on ne lui pose pas ce genre de question. Mais la personne en face de lui ne semblait aucunement stupide – alors oui, c’était plutôt logique d’un côté. Sa réaction se fit en deux dans. Durant le premier, il croisa les bras. Détournant le regard, soudainement fermé, il répondit : « Oui. C’est pour ce poste. », peut-être un peu froidement. Et puis il ferma les yeux une seconde. Inspira profondément. Il repensa à la gamine qu’il avait croisé. Alors… il repensa à son fils. Shawn avait dix-sept ans, et combien d’années passées avec son père au fond du trou ? Il avait l’impression de réagir des siècles en retard – mais aussi le besoin, profond, de le faire. De lui prouver.
Alors il tourna à nouveau la tête vers Keith, et, avec l’air d’un homme qui tout à coup avoue la vérité, avec l’air d’un homme qui tout à coup fait sa rédemption, dit doucement : « J’ai eu des problèmes d’alcoolisme. Assez graves. Je suis sobre depuis six ans et je ne toucherai plus jamais une bière, mais j’ai dû mettre ma carrière en pause. Il vaut mieux que vous le sachiez. Vous comprenez sûrement mieux le grand vide de mon CV. Maintenant, vous pouvez me dire de partir si vous le voulez… Mais je suis apte au travail, et j’ai besoin de travailler. Pas pour des questions d’argent – j’ai besoin de travailler. »

Mise en page à venir, là j'ai... j'ai la flemme The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) 3594399423


Dernière édition par Owen L. Meister le Dim 20 Juil 2014 - 13:21, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyMar 8 Juil 2014 - 17:22

Keith regarda Owen solliciter les faveurs de Lady Béatrice, comme s'il s'agissait de l'acte le plus naturel du monde. Une geste d'une d'authenticité que l'on ne pouvait feindre ou imiter. Béatrice, à la fois conquise et atrocement gênée par la délicate attention, se réfugia derrière le fauteuil de son père, ne sortant que sa petite tête pour "surveiller" et observer avec fascination ce nouveau candidat.

"Désolé, Béatrice n'est pas habituée à recevoir autant d'attention aujourd'hui.J'en conclus que vous avez vous-même une famille, Owen ? "

Il fut par la suite surpris de la raideur avec laquelle il reçut la question de Keith à propose du poste qu'il proposait... juste avant d'en comprendre la raison. Owen, prenant visiblement son courage à deux mains, ouvrit une fenêtre sur un passé qu'il aurait probablement tout donner pour changer. Keith ne pouvait qu'imaginer le poids d'un tel fardeau, dans la société bien pensante d'Huntington - ou de n'importe où dans le monde occidental. Le poids du jugement de tous ces gens qui entendait parler de ses problèmes passés. Et probablement pire encore : de supposer chez les autres le même dur jugement qu'Owen devait porter à son propre égard...

"Wow... Toute mes félicitations pour vos six ans, Owen," , dit-il en lui tendant la main.

Keth n'était cependant pas de ceux qui condamnait son prochain au moindre signe de faiblesse, mais bien plutôt de ceux qui admirait la force morale nécessaire à se relever et à changer de cap. Parce que tout ceux ayant le moindrement vécu savent que les courants les plus fort mènent toujours vers l'auto-destruction...

"Je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais si j'étais vous, j'en serais fier, de dire que j'ai réussi à être abstinent depuis aussi longtemps. Mais vous avez raison sur un point : je peux vous dire de partir... parce que vous avez l'emploi! Pour aussi longtemps que vous ne trouverez pas quelque chose de mieux. Vous commencez lundi matin."

Les yeux de Béatrice s'écarquillèrent d'excitation à cette idée, tout en la terrifiant suffisamment pour qu'elle n'ose pas laisser un seul son franchir ses lèvres.

"Je suis parti de Washington parce que moi et Béa avions besoin d'un nouveau départ. Un projet, pour nous permettre de se remettre à avancer. D'où le nom de l'endroit, et la raison pour laquelle l'opinion d'une gamine de 7 ans a autant de poids que la mienne dans le choix de notre personnel."

Keith ne pouvait se cacher que l'arrivée d'Owen avait quelque chose de providentielle : tous les astres semblaient s'être aligné pour le guider au Hope's Cove. Et il ne voulait non seulement pas passer à côté d'une telle opportunité, il n'était plus certain d'avoir encore le luxe de le faire.

"J'aimerais donc vous rendre la pareille, et vous en offrir un projet : ré-ouvrir votre propre restaurant. "

C'était une proposition qu'il savait téméraire, mais l'idée le hantait depuis qu'il avait reçu son C.V.

"Mais pas quelque chose de gros, de massif et de stressant. Un restaurant d'une vingtaine de places seulement, ici même, au Hope's Cove, avec un seul service à heure fixe pour le diner, du jeudi au samedi, ou quelque chose du genre, pour les clients du gîte. Où tu cuisineras ce dont tu as envie, au rythme où tu en as envie. Les gens qui viennent ici recherchent quelque chose de différent, de plus humain, de toute façon. Ce n'est pas la clientèle du Hilton. Je suis convaincu qu'ils seront charmés par l'idée."

Il marqua une courte pause, laissant l'idée brusque et soudaine être assimilée, et tentant de freiner son enthousiasme grandissant à mesure qu'il exprimait ce qui l'obsédait depuis une semaine.

"Nous pourrions nous associer, et créer la première expérience gastronomique qui vous garde à coucher."

Nouvelle pause.

"Désolé, je m'étais promis que je ne t'assaillirais pas avec cette idée dès notre première rencontre. J'ai tendance à m'emballer rapidement... "
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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyDim 20 Juil 2014 - 14:40


keith & owen


La vérité, c’était qu’une part de lui était morte. Quelque chose s’était éteint à l’instant où il était entré dans le grand restaurant où il avait fait sa carrière, et qu’il avait annoncé au propriétaire qu’il s’en allait. Il avait toujours eu conscience d’être un privilégié, une de ces rares personnes qui naissent avec une passion, qui savent très exactement quelle est la chose au monde qui peut les rendre heureux, qui peut faire d’eux des hommes accomplis. Ce métier, il n’avait jamais vraiment eu à l’apprendre – il avait survolé l’école hôtelière sans en subir les aléas ou la pression habituels parce que c’était… son truc, tout simplement. Il avait eu la chance de s’accomplir. Il n’avait pas hésité une seconde. C’était tout simplement une vocation. Mais cette vocation, il l’avait sacrifiée sur l’autel de la dépression et de l’alcoolisme – alors oui, une part de lui était morte.
Il avait tout abandonné pour une seule raison : son autre passion. Sa famille. Sa femme (ex-femme, lui rappela douloureusement une voix au fond de sa tête), et son fils. Les seules personnes qui comptaient plus que lui-même à ses yeux. Les personnes qui firent s’esquisser sur ses lèvres un très léger sourire à la question de Keith : « J’ai un fils, Shawn. Il a dix-huit ans – mais bon, fatalement, il a fait cette taille à une époque. » Il était même un peu plus chétif que la jeune fille à l’âge qu’elle semblait avoir – probablement pas aidé par la carrure de sa mère et par la hauteur qu’affichait Owen enfant. Mais bon. Demandez à Owen, il aurait probablement dit que son fiston était le plus grand, le plus beau et le plus fort. Et un papa poule, un ! Et tant pis si le temps et la route vers la guérison avaient fait leur office sur cette famille-là. Il les aimait toujours. Désespérément.
Mais oui, ce mélange complexe d’émotion rendait difficile pour lui le fait de se réjouir de ses six années d’abstinence. Il eut un léger rire, un peu amer. « Si je peux me permettre, pour affirmer qu’on a arrêté de boire pendant six ans il faut avoir beaucoup, beaucoup trop bu avant. Et ça… c’est pas forcément une chose que l’on est fier de dire. ».
Mais ces déclarations, elles furent brutalement coupées par la fin de la tirade de Keith. A ces mots, Owen eut un temps d’arrêt. Ses sourcils se haussèrent légèrement – et il ne put s’empêcher de rire. De l’un de ces rires, rares, dans lesquels il éclatait quand il était profondément heureux et surpris. « D’accord. », dit-il, avant de rire encore un peu. « D’accord. D’accord. Lundi matin. » Il pencha légèrement la tête, les yeux fixés sur Keith. « Merci, patron » dit-il avec un léger sourire. Patron. Ca faisait un sacré bout de temps, qu’il n’avait pas prononcé ce mot.
Il ne savait pas réellement quoi penser de Keith. Il n’était pas vraiment de ceux qui jugeaient les gens au premier regard – plutôt de ceux qui prennent bien le temps de les connaître entièrement pour réellement les cerner et affirmer quoi que ce soit à leur propos. Mais il ressentait déjà pour lui une espèce de respect. Peut-être parce qu’il avait une fille, et qu’elle semblait compter à ses yeux plus que quiconque. Peut-être parce qu’il n’avait porté strictement aucun jugement à son  propos, alors qu’il se jugeait si sévèrement lui-même, et depuis si longtemps. Peut-être parce qu’ils avaient un certain nombre de points communs. En effet, à nouveau, il esquissa un sourire. « Je suis moi-même un grand professionnel du nouveau départ. ». Un nouveau départ… Parfois, son cœur se serrait quand il pensait à San Francisco. A cet endroit où il avait fait toute sa vie. Rencontré Snow, rencontré William, vu pour la toute première fois le visage de son fils. Ses yeux glissèrent vers la jeune fille – « Je suppose que je dois vous remercier aussi, alors, jeune femme ».
La suite des déclarations de Keith, il ne s’y attendait absolument pas. Il l’avait, comme on dit, pris de court. Ré-ouvrir son propre restaurant ? Il ne savait pas réellement quoi en penser. Bien sûr, cela faisait partie de ses rêves, de ses grandes ambitions. Mais si tôt ? Six longues années s’étaient écoulées depuis le jour où il avait bu son dernier verre – mais il se considérait encore, pour une raison obscure, comme fragile. C’était peut-être stupide, mais dans sa mémoire la période la plus profonde de son alcoolisme était étroitement liée à l’époque où il tenait son propre restaurant. Il tenait à reprendre son ancienne vie, mais il ne tenait pas à rechuter. Oui. C’était peut-être stupide. « Je ne sais pas. » dit-il tout à coup. Il baissa les yeux. « Je ne sais pas. ». Il secoua, brièvement, la tête. « Honnêtement, votre idée est très bonne. Et je pense qu’elle pourrait avoir un certain succès à Huntington Beach. Ca fait un bout de temps que je vis ici, tout à coup – et je crois pouvoir affirmer comme vous que les gens ont besoin de quelque chose de plus familial à Huntington Beach. ». Comme à chaque fois qu’il se sentait légèrement nerveux, il amena une main à son front, comme pour recentrer ses idées. « Et, honnêtement, je suis touché par votre proposition. » Il était, surtout, touché par le fait que l’on puisse croire ainsi en lui. « Je ne suis juste pas certain de pouvoir déjà assurer. » Un temps. Ce qu’on lui demandait, à cet instant, c’était de croire en lui-même et de franchir le pas. Tout simplement. Et c’est peut-être pour cette raison qu’il ajouta, du bout des lèvres : « Enfin. Je suppose qu’une telle idée demanderait un certain temps de préparation. Pour ici. Et éventuellement pour moi. »

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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyJeu 14 Aoû 2014 - 17:45

“Ce n’est très certainement pas vraiment professionnel, mais je suis vraiment enchanté que tu aies accepté de travailler avec moi. Si tu savais à quoi j’aurais dû me résoudre, si jamais ta candidature n’avait pas été sérieuse… Je te jure, les jeunes de nos jours… T’as réussi à faire quelque chose de ton ado, ou bien si la génération « I-truc » te l’a volé ? »

C’était bête, mais la perspective d’être rejoint par quelqu’un d’expérience lui rendait toute l’entreprise mille fois plus intéressantes. Ce n’était certes pas son premier employé au Hope’s Cove, et même s’il appréciait grandement la compagnie des étudiantes qui venaient tenir le fort à l’occasion, cela n’avait rien à voir. Owen avait plus d’expérience, et il avait déjà piloté sa propre business. De l’avoir à portée de main allait permettre à Keith de lui partager à un tout autre niveau toutes les aventures du Hope’s Cove.

Du moins le croyait-il. Et ça lui manquait atrocement.

« Il n’y a aucun problème, Owen, tu n’as absolument pas besoin de me répondre sur le champ. Je me doute bien que tu préfères prendre tes airs avant de te lancer dans quelque chose de plus gros. Reprendre le rythme, avant de voir si tu en veux plus. Et pour ce que nous en savons, de toute façon, dans deux semaines tu découvriras que je suis le plus tyrannique des patrons et tu me balanceras ton tablier plein de gras de bacon en pleine figure. »

L’image amusa visiblement Béatrice qui gloussa son approbation

« Il n’y a aucune presse, cependant. Ce projet, je ne pourrai pas le réussir sans toi. Alors, si un jour l’envie t’intéresse de te lancer, au moins, tu sauras que tu as un partenaire sur lequel compter. »

Et c’était la vérité. Même si, à l’époque, il ne connaissait pas les raisons pour lesquelles Owen s’était retiré de ses occupations professionnelles, il se doutait bien qu’ils ne se mettraient pas séance tenante à dessiner les plans d’une extension au Hope’s Cove. De toute façon, Keith n’avait pas fini d’apprécier une existence sans courbature et sans ampoules sur les mains. Les années lui avaient cependant appris que les idées ont besoin de maturation, et bénéficie grandement à être transmises- et reprises.

Et une existence sans projets était une existence sans épices.

« Si jamais tu as des questions sur quoi que ce soit, qu’il s’agisse du fonctionnement du Cove ou de ce qui effraie le plus ma fille, ne te gène surtout pas!»

L’interpellée, qui s’étirait de plus en plus le cou à chaque phrase de la conversation, se retira immédiatement dans sa cachette.

« J’en profite aussi pour te présenter Serena.»

Il indiqua de la main gauche la jeune femme qui parlait actuellement au téléphone, au comptoir de l’accueil. Elle leur sourit et les salua de la main, avant de poursuivre sa conversation.

« Une très chic fille. Elle s’occupait de faire la réception, question de me donner quelques rares moments de liberté. Malheureusement, elle va nous quitter la semaine prochaine. D’ailleurs, si jamais tu connais quelqu’un avec un beau sourire et une voix sympathique qui se cherche un petit boulot pépère, préviens-moi.»

Le désavantage, d’engager des étudiants : ils sont aussi attachants qu’éphémères.

« Sinon, je ne sais pas si tu avais des plans pour le restant de la journée, mais j’ai toujours cru que la meilleure façon de bien commencer une relation d’affaire est de bien célébrer son entérinement. Depuis deux semaines, je me cherche un partenaire pour essayer ces nouveaux Flyboards dont tout le monde parle. Qu’est-ce que tu en dis ? Je ne sais pas si ton fils est dans le coin, mais il serait bien entendu le bienvenue!»

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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptySam 23 Aoû 2014 - 22:02


keith & owen


La révélation tomba soudain sur lui, telle une chape de plomb. Sa vie venait de changer. Bien sûr, il était entré dans le Hope’s Cove avec de tels espoirs – mais il n’avait jamais osé croire pour autant qu’ils allaient se réaliser, et surtout avec une telle facilité. Sa vie venait de changer. Bien sûr que son ancien patron n’était pas revenu dans un flash-dance épique, entouré de feux d’artifice, pour déposer très solennellement sur sa tête son ancienne toque de grand chef cuisinier de restaurant gastronomique de San Francisco – mais à ses yeux, c’était tout comme. Parce qu’il passait de cet homme qui ne faisait rien de ses journées, assis dans son grand canapé à ruminer le passé et toutes les conneries que la vie et sa propre bêtise lui avaient fait accomplir, à quelqu’un qui pouvait à nouveau produire quelque chose de ses mains en échange d’un salaire.
Cet homme là ne se rendait même pas compte du sens que revêtait tout à coup aux yeux de Owen le nom de son établissement. Il ne se rendait même pas compte de la chance qu’il lui donnait – celle de renaître, purement et simplement.
Alors, il se laissa aller. Et à la première remarque de Keith, il éclata purement et simplement de rire. « Ce n’est certainement pas ce qu’a dit mon premier patron quand il a vu débarquer un gamin roux de vingt ans, marié, avec un gosse, qui lui a annoncé qu’il était le roi du tournedos et qu’il lui fallait absolument un job dans son établissement. » dit-il tout à fait spontanément, se surprenant lui-même par l’aisance qu’il avait tout à coup. Probablement parce qu’il était libéré. Et qu’il savait qu’il avait désormais sa place dans cet établissement. « En plus, j’avais encore des traces d’accent allemand et je suis à peu près certain qu’il a cru, sur le coup, que j’étais seulement capable de faire de la choucroute. » Un regard, et puis il ajouta : « Je suis, cela dit, très bon en choucroute. Bon à savoir. » Il secoua lentement la tête, un léger sourire aux lèvres. « Et mon fils est  beaucoup plus branché musique que i-truc. Il tient ça de sa mère – même si j’espère que, contrairement à elle, il est capable de réussir des pâtes. »
Il ne savait même pas cela à propos de Shawn. Il n’avait même pas essayé de manger quelque chose que son fils aurait cuisiné. Il ressentit une légère pique de douleur – qu’il chassa presque aussitôt, se reconcentrant sur cette discussion, ici et maintenant. Sur Keith, qui lui semblait être un charmant homme – passionnant de surcroît.
Et compréhensif.
Il hocha lentement la tête, quand l’autre homme évoqua le fait qu’il comprenait tout à fait qu’il devait reprendre le rythme. La fin de sa réponse lui arracha néanmoins un nouveau sourire. « J’ai d’autres méthodes que le lancer de tablier plein de gras de bacon – mais j’espère honnêtement ne pas avoir à en arriver là, patron. » Il avait adopté le « patron » le plus naturellement du monde, et le prononçait d’un ton presque léger, comme s’il scellait par là le pacte auquel avait aboutit cet entretien.

Tout était allé terriblement vite, et il était un homme nouveau, et heureux de l’être. C’est avec un léger sourire aux lèvres qu’il suivit les présentations générales – notant consciencieusement dans un coin qu’il pouvait demander n’importe quel renseignement à l’autre homme. Il eut un léger signe de la tête, ainsi qu’un sourire radieux, à la jeune femme apparemment bien occupée à l’accueil – même si les présentations étaient inutiles, et qu’elle s’en allait a priori bientôt. Cette dernière remarque lui fit pousser un petit soupir de compassion : « Bientôt de retour dans l’enfer des entretiens d’embauche ? Courage. Et si je croise quelqu’un qui répond aux critères, je ne me priverai pas. Promis. » Il eut, brièvement, une pensée pour son fils – même si lui proposer un tel poste serait quelque peu malvenu dans leurs relations actuelles. Qui étaient loin, très loin d’être au beau fixe.
Le dernier point ?
Oh, il ne s’y attendait absolument pas.
« Des flyboards ? » répéta-t-il, avec l’air le plus perplexe du monde. Il n’avait pas la moindre foutue idée de ce que cela pouvait bien être – mais il avait suffisamment de jugeote pour additionner 1 et 1, et les deux parties du mot lui indiquaient grosso modo que les surfeurs de la ville avaient encore eu une idée particulièrement saugrenue. Il fronça les sourcils, regardant fixement Keith. « J’ai comme l’impression que je vais dire oui, et que je vais signer mon arrêt de mort par la même occasion. » Il était toujours partant pour les choses stupides – ce n’est pas en enfilant des perles chez soi que l’on devient alcoolique, après tout. « Donc… oui. Et où est-ce que je signe ? » ajouta-t-il après un silence. Un temps, à nouveau. « Par contre, je doute que mon fils soit partant. Nos relations ne sont pas… exactement au beau fixe. Disons qu’il a beaucoup de choses à me pardonner, et que j’ai beaucoup de choses à me faire pardonner aussi. » Mais il haussa brièvement les épaules. « Je suppose que c’est le genre d’activité un poil trop périlleuse pour convier Lady Beatrice ? » Le « Lady », tout comme le « Patron », avait été adopté avec tout le naturel du monde.
Il avait l’impression qu’il allait étrangement bien se faire à ce nouveau poste.

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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyVen 5 Sep 2014 - 18:09

« Le roi du tournedos, hein ? Ça sonne définitivement mieux que le « best cuiseur d’œuf McMuffin. »

Il s’efforça de mâcher autant que possible ces derniers mots, dans un vibrant hommage aux capacités d’articulations du crapet qu’il avait rencontré avant Owen. Ainsi qu’à son lexique.

« Au moins, il n’était pas roux… l’un dans l’autre, je suppose que ça se vaut ? »

Il se tût cependant à l’évocation du fils de son nouveau cuisinier, et à tout le regret qu’elle faisait naître sur son visage. Il y avait plusieurs façons de perdre quelqu’un. La mort, bien que violente à prime abord, possédait un aspect définitif. L’absence, elle, passait son temps à venir vous faire des pieds de nez et à cracher sur vos souvenirs…

Mais cela débordait, et de loin, du domaine de Keith. Il pouvait lui offrir une occupation, un projet à accomplir, un cadre pour se reconstruire, mais pour le reste, il allait devoir se contenter du rôle du spectateur. Et encore.

« Si tu continues de m’appeler patron, je vais finir par me prendre pour un planteur de coton de la Louisiane du milieu du 19ème siècle, et ça va mal se terminer pour moi! Avant d’emménager ici, j’ai passé ma vie à œuvrer dans le communautaire. Si mes collègues néo-hippies de jadis apprennent que je passe du côté sombre de l’économie, je crois qu’ils seraient bien capables de venir en masse, dans leur Westfalia, pour botter mon beau petit cul de sale Patwon. »

Parce que se définir par rapport à autrui en fonction de qui pouvait congédier qui menait inévitablement à une déshumanisation du milieu de travail. Rah, ces braves gauchistes lui manquaient.

« En fait, je crois que je préfère conscrire ma fille que de repasser une annonce dans le journal. Tu crois que 7 ans, c’est trop jeune pour apprendre les vertus du travail ? »

L’interpellé s’objecta d’un

« PAPA! » , bien vocal, la sortant un peu du charme sous lequel Owen l’avait placée.

« Parlant de signature d’arrêt de mort, le salaire et les vacances proposées ne prenait pas vraiment en considération ton expérience. Si tu veux, nous en discuterons lundi prochain, que l’on s’assure que tu te retrouves plus près d’une zone de confort. »

Curieusement, autant que ses aventures pour le poste de cuisinier le dépitaient, jusqu’à présent, ses deux recrues du côté de l’accueil avaient constituées de charmantes rencontres. Même si le fait qu’il s’agissait de femmes plus jeunes avait freiné toute possibilité de les emmener faire du board à la plage.

« Cool! Content que tu aies accepté. Je pensais que ça finirait dans mon grand livre de regrets. Et t’en fais pas, ce n’est qu'un peu d'eau. Désolé d'apprendre que les liens avec ton fils ne soient pas au beau fixe… J’ai relativement le chic pour commettre ce genre d’impairs – je crois que je parle un peu trop. Avec le temps, je suis convaincu que vous arriverez à ré-établir les ponts. »

Where there is a will, there is a way, et bien qu’il ne s’agissait peut-être que d’une façade, Owen semblait bien décidé à remettre de l’ordre dans sa vie. Il fallait de sacré tripes pour reprendre du bas de l’échelle, et s’il était prêt à occuper le poste probablement le moins gratifiant de l’univers de la gastronomie pour se remettre d’aplomb, Dieu sait ce qu’il serait prêt à faire pour rétablir la situation avec son fils.

« Dis-moi, Béatrice, est-ce que tu veux montrer à Monsieur Owen à quel point tu es une brave petite fille ? Et tous les tours qu’Ariel t’a appris ? »

Béa mis de côté le rouge qui ne quittait plus ses joues depuis le « lady ».

« Oh oui je veux faire du Fly Bode! Je veux faire du Fly Bode! »

« Tu n’as pas peur d’avoir peur ? »

Elle se renfrogna

« T’inquiète pas – je suis sûr que Monsieur Owen va s’assurer qu’il ne t’arrive rien. Il va peut-être même te prendre sur ses épaules, si tu es assez gentille! »

Ses yeux s’illuminèrent d’espoir.

«Je présume que tu n’as pas ton maillot avec toi, alors dis-moi si tu  préfères qu’on se rejoigne ou que je passe te prendre ? C’est au 33 Sunshine Boulevard. »
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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyMer 17 Sep 2014 - 2:44


keith & owen


Les années passées à prétendre faussement qu’il était suprématiste roux, selon une logique inébranlable qui voulait que tout roux œuvre pour la conservation de sa plus-ou-moins-espèce, déclenchèrent un rire chez Owen quand Keith souligna que son prédécesseur à l’entretien n’était au moins pas roux. Il avait une impression étrange, un bon pressentiment. Ouais, chez lui cela passait pour une impression étrange. Non, il n’était pas un gros rabat-joie en puissance. Enfin. Le fait était – il sentait qu’il allait bien se sentir, ici, et qu’il n’aurait pas pu choisir de meilleur endroit pour reprendre à zéro. Oui. Quelque chose l’avait attiré vers cette annonce, qui pourtant n’aurait pas dû payer de mine pour un ancien cuisinier gastronomique – peut-être le destin, ou une connerie comme ça. Mais même les poignants regrets quand il mentionnait son fils ne suffisaient pas à lui faire totalement broyer du noir. Ainsi, une nouvelle fois, la longue diatribe de Keith lui arracha un sourire – et c’est avec un air presque narquois qu’il répondit : « Reçu cinq sur cinq… » Un temps. «…Patwon. », avec l’accent et tout.
Il aurait pu pousser le vice encore plus loin, et si la jeune Béatrice n’avait pas répondu elle-même à l’intervention suivante de son père il aurait tout à fait aller au terme le plus extrême de la vague allemand-aryen-roux en glissant un « on commence jamais assez tôt. Comme on dit par chez moi, le travail rend libre. »
Mauvais goût, bonsoir.
Ils étaient cependant revenus dans des domaines de discussion un peu plus raisonnables. Il eut un hochement de tête et un bref « Pas de soucis. » à cette histoire de salaire. Il avait travaillé comme un forcené dans sa jeunesse, jusqu’à atteindre un sommet de sa carrière où les marges s’étaient faites beaucoup plus confortables – mais il pouvait parfaitement se contenter de moins. Il avait été élevé à la dure, et avait eu son propre foyer extrêmement jeune – il savait ce que c’était, compter ses sous en fin de mois, et avait suffisamment l’habitude de la situation pour considérer que ce n’était pas un véritable problème. Ouais. Il pourrait s’accommoder de tout. L’important, à ses yeux, était de recommencer à travailler.

Et de profiter de ce nouveau cadre que Keith lui offrait sur un plateau, aussi, probablement absolument pas conscient qu’il avait poussé la gentillesse et l’amabilité jusqu’au domaine de la pure générosité. Il eut un sourire quand il déclara qu’il était convaincu qu’il parviendrait à ré-établir les ponts avec Shawn – un sourire légèrement désabusé, mais qui montrait tout de même qu’il était touché par cette spontanée marque de confiance. Pour le moment, toute la lumière allait vers une autre enfant : la petite Beatrice, qui méritait bien toute cette attention. Elle était… proprement adorable, au point de lui faire regretter de ne pas avoir eu l’occasion d’avoir un autre enfant de Snow. Gamin, il voulait une grande famille. En tous cas, au moins un fils et une fille, pour pouvoir les aimer de tout son cœur. Oui. Cliché. Mais la vie en avait décidé autrement. Ce qui ne l’empêcha en rien de laisser éclater un énième rire (bon sang, ça devenait récurrent) à la réponse de la jeune fille et à sa faute de prononciation sur le « Fly Board ». Prenant son air de galant homme, il hocha légèrement la tête quand Keith mentionna le fait qu’il pourrait la prendre sur ses épaules. « Mes épaules sont la propriété de toutes les lady de ce monde – elles seront donc la votre, mademoiselle. ». Oui, quand, plus jeune, il emmenait Shawn à l’école, il était une véritable star pour le petit monde de la cour de récréation.
« Non, pas de maillot de bain sur moi. Je veux bien être un boy scout, mais je n’ai pas poussé le vice jusque là » répondit-il en détournant son attention vers Keith. 33 sunshine boulevard… s’il n’avait pas réalisé jusque ici qu’il habitait la ville supra-touristique et supra-surf de Huntington Beach, c’était fait. « Et je viendrai par moi-même. Mais merci. » Il aurait sinon eu l’impression d’abuser de l’amabilité de Keith – et de compliquer inutilement leurs vies à tous les deux en l’obligeant à faire un détour par Orange Avenue. Il adressa un sourire à l’autre homme, tendit une main pour serrer la sienne. « Une embauche, et une invitation à tester une énième invention tordue des surfeurs du coin. Je crois que c’est une très, très bonne journée. Merci encore, patwon. Si nécessaire, j’apprendrai aussi à devenir le meilleur cuiseur d’œuf McMuffin. » Un rire. Oui, le discours de Keith n’avait servi qu’à lui faire rajouter un accent étrange au mot « patron » qu’il utilisait déjà auparavant. « On se rejoint d’ici une heure ? »

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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyMar 23 Sep 2014 - 17:43

“Ça marche, subalterne. À dans une heure!”

S’il voulait jouer du « patwon » avec lui, Keith n’allait pas se laisser faire sans riposter.

« Et pour les McMuffin, si tu veux, je te mets en contact avec l’as des as de la profession. J’ai mis le feu à son C.V., pour éviter qu’il ne corrompe l’âme de ma fille, mais je pourrai sûrement retrouver son numéro en quelque part. Sinon, on se fera une petite séance d’ingénierie inverse. Avec des gants et des lunettes de protection, au cas où ça serait booby-trapped et que ça nous envoie du fromage fondu plein les yeux.  »

Keith et Béatrice le raccompagnèrent jusqu’à la porte et, sur une dernière poignée de main, lui dirent à bientôt.

«Alors, Béatrice, qu’est-ce que tu en penses, de monsieur Owen ? Est-ce qu’il est gentil ? Dis-moi tout! »

Dans une petite voix gênée, comme si elle n’osait pas l’avouer, elle répondit simplement :

«Oui »

«Plus que Papa ? »

Elle hocha vigoureusement de la tête de haut en bas.

«Ah! Petit coquine! Va préparer tes affaires, avant que papa ne devienne soudainement plus assez gentil pour t’emmener avec lui jouer à la plage avec monsieur Owen. »

Il ne lui en fallait pas plus pour qu’elle détale comme un lapin vers sa chambre. Elle ne savait pas vraiment quoi préparer exactement, mais cela ne l’empêchait pas de s’y dévouer comme si sa vie en dépendait.

Hautement satisfait de sa journée, Keith s’accorda un court moment pour prendre conscience de l’ampleur des retombées positives de ce petit entretien d’une trentaine de minutes seulement. Owen emmenait avec lui tellement d’espoir pour le Hope’s Cove – ainsi que pour son propriétaire. Le restaurant ne constituerait qu’une première étape de ce que l’expertise réunie des deux hommes pourrait concrétiser dans l’avenir. Tout projet, quel qu’il soit, bénéficiait tellement de pouvoir compter sur deux champions, unissant leurs efforts et palliant à leurs faiblesses mutuelles pour le porter aussi loin qu’il puisse se rendre. Trouvant la motivation d’avancer encore et encore dans le sentiment de contribuer à quelque chose de plus grand que soit.

Même si la vie venait parfois fourrer son nez dans les plans les mieux orchestrés.

«Papa, je ne trouve pas mon maillot! » , demanda une petite tête se glissant dans l’interstice de la porte de sa chambre.

Keith eut un sourire amer, priant pour une énième fois avoir la force de l’aider, seul, à devenir ce qu’elle était…

«J’arrive, mon trésor. J’arrive. »
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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyMer 1 Oct 2014 - 8:44


keith & owen


Subalterne. Malgré la teneur essentiellement péjorative du mot, Owen ne put empêcher un sourire de s’étendre sur ses lèvres – l’un de ceux qui disent un bonheur profond. Ainsi, Keith entrait dans son petit jeu sans chercher à protester encore. Bien. Tout allait bien, et le bon sentiment qu’il avait eu quelques minutes plus tôt ne faisait qu’aller en se confirmant. Il n’aurait jamais imaginé cela – trouver dans ce potentiel employeur, caché derrière une annonce d’emploi, l’une de ces rares personnes avec qui l’on se dit immédiatement que l’on pourrait devenir ami. Il n’allait pas s’en plaindre. Sûrement pas. Pire – il éclata à nouveau d’un grand rire quand la conversation revint aux Mc-Muffin, déclarant sereinement : « Je suis prêt à me sacrifier pour l’évolution de la cuisine et pour percer la recette hautement secrète du McMuffin. Pour être tout à fait honnête… le fromage fondu est l’une de mes grandes passions, et je suis à peu près certain que m’en retrouver recouvert provoquerait chez moi un certain plaisir. » Il fronça les sourcils, réalisant ce qu’il venait de dire – alors il leva les mains une seconde, comme pour se dédouaner de quelque chose, avant de les baisser à nouveau en ajoutant : « Et je crois aussi qu’il faudrait que je trouve un psychiatre pour lui parler de ça. » Mais bon – après tout son meilleur ami aimait cuisiner tout nu, il fallait croire qu’ils s’étaient bien trouvés, ou alors que tous les cuistots de ce monde étaient de gros détraqués. A en juger les candidats qui l’avaient précédé dans cette session d’entretiens d’embauche, la deuxième option était on-ne-peut plus plausible.

Enfin. Pas la peine de s’étendre inutilement sur la chose. D’autant plus qu’ils avaient rejoint la petite Béatrice – à savoir une toute, toute jeune femme qui ne comprendrait jamais l’allusion derrière cette idée d’être « recouvert de fromage fondu provoquant un certain plaisir ». Il préférait qu’elle garde une bonne opinion de lui. Pour le moment, il était sur la bonne voie – à en juger le regard qu’elle posait sur lui, de ce genre de regard que son fils n’avait plus pour lui depuis des années et des années. Echangeant une dernière poignée de main avec Keith sur le pas de la porte, c’est avec toute la chaleur du monde qu’il dit : « A très vite, alors. En espérant ne pas être trop mauvais au… c’était quoi déjà ? Fly Board ? » Ok, oui, ça l’inquiétait un tantinet. Mais il était essentiellement heureux. La porte se referma derrière lui, et il resta un instant devant elle, poussant un soupir. Il entendit quelques mots échangés – la question que Keith posa à sa fille. Un grand sourire apparut sur son visage à la réponse – puis il eut un léger rire, muet, quand elle affirma sans scrupule aucun qu’elle l’aimait plus que son père.
Immédiatement, ses pensées allèrent à son fils, qui un jour lui avait fait sensiblement la même réponse, en toute innocence, à propos de son parrain. Ha, William et Shawn. Une grande histoire d’amour. Si son lien avec son meilleur ami n’avait pas été si fort, au point même qu’il le considérait comme une autre moitié de lui-même, il aurait presque pu en être jaloux. Mais heureusement qu’il avait été présent quand lui était foncièrement incapable de le faire.
Mais il reprenait enfin le cours de sa vie. Il enfonça ses mains dans ses poches, jusqu’à dénicher ses cigarettes et un briquet – alluma la première, et puis s’avança dans la rue. Tout allait bien. Il se sentait vivant à nouveau, tout à coup. Complet.
Tout allait bien.

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MessageSujet: Re: The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé)   The Slow Heartbeats of Californian Dreams (terminé) EmptyMer 1 Oct 2014 - 8:45

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