Jade Lexie Montgomery & Solal Zian Westlake

Il y a une personne que je ne connais pas à l’appartement, une personne étrangère à qui Jade donne des cours. Je ne supporte pas le fait que des gens viennent chez moi, qu’ils évoluent dans ma petite bulle ; l’appartement est le seul endroit où je me sens vraiment à l’aise parce que je me sais à l’abri des gens et des regards. Lorsque je suis dehors, je me cache toujours derrière des lunettes de soleil, une casquette, une capuche... En somme, je ne souhaite jamais qu’on voit mon visage, qu’on remarque mes traits tirés ou affolés. Je me sais laid et monstrueux, il n’est pas utile que je lis cet écœurement dans le regard de parfaits étrangers. Alors forcément, comme une personne étrangère se trouve à l’appartement, je ne bouge pas de ma chambre. Je reste enfermé, les rideaux tirés et je joue à la console, tranquillement. Cela m’amuse un petit peu, cela passe le temps et puis, comme je joue en réseau, les gens n’entendent que ma voix, ils ne me voient pas et ne peuvent pas dire que je suis une sorte d’erreur comme le disait souvent mon oncle. J’évite ces situations qui font mal et qui sont encore plus dégradantes.

Après quelques parties de console, j’ouvre un peu les rideaux pour prendre mon carnet à dessins. De nouveau, je me perds dans mon petit monde où je vais bien, où je suis heureux et là où les problèmes n’existent pas. Je dessine un peu de tout ; des portraits, des paysages, des maisons, des animaux, en fait, tout ce qui me passe par la tête et tout ce qui me fait envie sur le moment. Il ne me faut jamais des heures avant de m’y mettre, dès que j’ai un crayon dans les mains, la magie opère instantanément.

Mais je crois que j’ai fini par m’assoupir parce que lorsque j’ouvre les yeux, j’entends une porte qu’on referme un peu trop fort. Je regarde mon carnet qui se trouve à côté de moi, et je me dis que dessiner en étant dans son lit, ce n’est pas forcément la meilleure idée du monde. Je baille à m’en décrocher la mâchoire et m’étire tel un félin en me redressant. Je ne me pensais pas aussi fatigué, mais cette sieste improvisée m’a fait le plus grand bien, je me sens en meilleure forme.

Je passe une main dans mes cheveux et avance jusqu’à la porte de ma chambre ; je tends l’oreille et une fois certain que ce gars est parti, je sors de cette petite pièce qui représente tout mon univers. Je rejoins Jade dans le salon et lui adresse un mince sourire - elle est bien la seule personne avec qui je suis plus ou moins à l’aise -.

« Ça s’est bien passé ? »

Solal ∞ Jade

Dans ma grande bonté d'âme, j'ai proposé à un garçon de ma promo de venir à l'appartement pour que je l'aide avec un devoir. Parfois, je fais du soutien scolaire pour ceux qui galèrent, j'aime aider les autres et c'est avec plaisir que je le fais. Je dois être une des rares personnes qui ne demandent pas d'argent pour ça – en même temps,  je n'en ai pas besoin d'autant, je me contente de peu et je n'ai pas des goûts de luxe non plus. Enfin, le garçon en question est venu cet après-midi et comme d'habitude, Solal ne nous a pas dérangés. Il est comme moi, ce n'est pas le genre bruyant, bien au contraire, il est extrêmement discret.

En fait, pendant que j'aidais mon camarade, j'avais l'impression que celui-ci était bien plus concentré sur mes jambes que sur son devoir. J'ai tenté d'attirer son attention à plusieurs reprises, mais sans succès. Evidemment, je ne suis pas très autoritaire, alors difficile de le faire se concentrer. Bon, une chose est sûre, c'est qu'il n'avait pas intérêt à tenter une main baladeuse car la gifle serait partie toute seule. Pour une fois, je suis plutôt soulagée qu'il s'en aille, dès la porte fermée derrière lui, je range mes affaires.

A peine quelques secondes plus tard, Solal sort de sa chambre, m'adresse un sourire et me demande si ça s'est bien passé. Je ne réponds pas tout de suite. Moi qui voulais aider ce garçon, ça n'a pas été très productif et il avait des idées totalement différentes de son devoir... Je hausse les épaules :

« Mouais... Bof. Il était pas concentré et je faisais limite le devoir à sa place. »

Je ne vais quand même pas lui dire qu'il ne faisait que regarder mes jambes... ! Je suppose qu'il s'en fiche en plus, puis qu'est-ce qu'il pourrait y faire de toute façon... Je porte de nouveau mon regard sur lui et change de sujet, lui demandant par la même occasion :

« Et toi ça va ? T'as dessiné, non ? »

Je ne sais même pas pourquoi je lui pose la question, je sais que c'est sa passion et raison de plus pour rester dans sa chambre, il n'aime pas être dérangé quand il dessine. Une fois mes affaires rangées, je me dirige vers lui cuisine parce que j'ai un petit creux. Je ne prends rien bien de nourrissant pourtant, si ce n'est une barre de céréales. Je m'adresse à mon coloc :

« Tu veux manger quelque chose ? »

Je reviens dans le salon et m'assieds dans le canapé où je grignote ma barre de céréales.

Jade Lexie Montgomery & Solal Zian Westlake

Je ne comprends pas ces personnes qui demandent de l’aide et qui, au final, ne font rien du tout. À croire qu’ils pensent que l’aide veut dire que l’autre personne va tout faire et eux, ils n’auront qu’à être là, les bras croisés à attendre que le temps passe. Je trouve que Jade est vraiment trop gentille avec les étudiants qui demandent à ce qu’elle les aide. Je n’aurai pas sa patience ni son courage… De toute façon, je ne vois pas qui aurait envie de perdre quelques heures en ma compagnie, même si c’est pour quelque chose d’aussi utile que les études. Peu importe, dans le fond. Moins je vois les gens, mieux je me porte et je suppose qu’ils pensent la même chose de moi. Je ne vais pas me prendre la tête sous prétexte que je suis seul les trois quart du temps puisque c’est exactement ce que je recherche : au moins, je n’impose pas ma présence aux autres.

« Dommage pour lui… C’est lui qui aura encore des problèmes la fois prochaine. », dis-je dans un haussement d’épaules.

Lorsque je vois que Jade me regarde, je détourne les yeux, gêné. Je n’ai tellement pas l’habitude que je me sens toujours mal à l’aise. Les seuls fois où on me regardait lorsque j’étais chez mon oncle c’était pour me balancer des insultes à la figure alors je suis un peu plus méfiant à présent et je ne supporte plus de regarder quelqu’un dans les yeux. Pourtant, je sais que Jade n’est pas comme eux, c’est une fille gentille et attentive, mais je ne peux pas faire comme si de rien n’était. C’est ancré en moi.

« Oui, comme toujours… Mais je me suis lamentablement endormi sur mes croquis. »

Je fais une petite moue qui se veut être un sourire, mais même pour cela j’ai beaucoup de mal. La confiance que j’ai en moi se situe bien en dessous de la barre du zéro absolu alors même faire des sourires me paraît être une épreuve insurmontable. Mais je fais des efforts lorsque je me trouve avec ma colocataire parce que je ne veux pas qu’elle pense que je suis ainsi à cause d’elle. Je l’apprécie vraiment même si je n’en dis rien.

Je la regarde qui revient de la cuisine avec une barre de céréales et qui me demande si je veux manger quelque chose. Bonne question. Maintenant que j’y pense, c’est vrai que j’ai un peu faim. Je regarde l’heure ; il n’est pas tard, mais peu importe. Quand j’ai faim, il faut que je mange, peu importe ce que j’ai dans mon assiette.

« Je pense que je vais commander de la pizza. Tu en veux ? C’est pas très diététique, mais bon… »

Au moins, je saurai combien j’en commande et celle qu’elle préfère – si elle en mange, évidemment -. Enfin, je ne connais personne qui n’aime pas la pizza… En même temps, je ne parle pas à grand monde, alors… ! Mes statistiques sont forcément pourri.

« Et en dessert, je peux même te faire une tarte aux pommes comme ma mère m’en faisait quand j’étais petit. »

J’esquisse un sourire à cette pensée, mais il s’efface rapidement lorsque je réalise que cette perte me fait toujours autant de mal. C’est comme si j’avais une plaie béante dans le cœur.

Solal ∞ Jade

La prochaine fois, je sais ce qu'il me reste à faire. Ne pas proposer mon aide à ce garçon parce que bon... J'en ai marre de faire les devoirs à la place de ceux qui passent leur temps à regarder mes jambes plutôt qu'à se concentrer sur ce que je leur explique. Ça m'apprendra à être trop gentille. Enfin je dis ça, mais me connaissant, il est fort possible que ça se reproduise ! Solal a raison, tant pis pour lui, puis s'il a des problèmes par la suite, c'est pas grave. J'aurais fait ce que j'ai pu pour lui... Mais ça me désole quand même, si bien que je fais une moue triste, haussant les épaules à mon tour :

« Ouais, t'as raison... Tant pis. »

Je regarde Solal en lui demandant s'il va bien et s'il a dessiné tandis qu'il était dans sa chambre mais je vois qu'il est mal à l'aise alors je cesse de le regarder. J'étais sûre qu'il avait passé tout son temps à  dessiner, je sais qu'il aime être tranquille pour ça et je le conçois. Comme d'habitude, je lui pose cette même question :

« Tu me montreras ? »

Je m'intéresse à ce qu'il fait, puisqu'on a cette passion commune pour le dessin. J'ai un petit creux alors je vais jusque dans la cuisine pour aller chercher une barre de céréales, où je lui demande s'il veut manger quelque chose. Je reviens dans le salon, me posant sur le canapé pour grignoter et il me demande si je veux de la pizza. J'acquiesce :

« Oui pourquoi pas ! Prends ce que tu veux, je suis pas difficile. »

C'est là que Solal propose de préparer le dessert, une tarte aux pommes comme lui faisait sa mère quand il était petit. Je vois qu'il m'adresse un nouveau sourire mais celui-ci s'efface assez vite. A vrai dire, je ne connais pas grand chose de lui. Il ne parle jamais de son enfance. J'avoue que je ne parle jamais de mes parents non plus mais je n'ai pas de quoi être fière...

« Je veux bien. Je peux t'aider si tu veux ? »

Je n'ai pas pour habitude de rester les bras croisés alors qu'il s'active dans l'appartement, donc c'est tout naturellement que je lui ai proposé mon aide. Je me demande pourquoi il est si mystérieux au sujet de sa mère. Je sais qu'il l'a perdue mais à part ça, je ne sais pas grand chose. Je le regarde quelques secondes avant de demander :

« Dis... Comment elle était ? »

J'aimerais mieux le connaître, parce qu'il ne parle jamais de lui, de son passé... Enfin, je ne compte pas lui forcer la main s'il refuse de me répondre.

Jade Lexie Montgomery & Solal Zian Westlake

Jade me connaît bien ; surtout lorsqu’on parle de dessins, elle sait que c’est une de mes passions et nous la partageons. Si je n’étais pas aussi fermé, je crois qu’on pourrait être de très bons amis, mais j’ai encore des craintes qui demeurent en moi et je n’ose pas faire un pas en avant…

« Oui, si tu veux. »

J’esquisse de nouveau un mince sourire, mais ils me paraissent si peu naturel que je les cache autant que possible. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas réellement eu de vrais sourires et je dois dire que parfois, je me demande comment on fait. Quoiqu’il en soit, je mets toutes mes questions dans un coin de ma tête et lui demande si elle ne veut pas de la pizza puisque j’ai vraiment faim et que je n’ai pas envie de perdre des heures derrière les fourneaux. Même si habituellement cela ne me dérange pas, aujourd’hui, je sens que ce ne serait pas mon fort.

Je hoche la tête à la réponse de Jade jusqu’à ce que naturellement, j’évoque ma mère en parlant des tartes aux pommes qu’elle aimait me faire lorsque j’étais petit. Elle savait que j’aimais vraiment ça, alors quand je rentrais de l’école, je sentais directement l’odeur de la tarte qui sortait du four et cela me donnait encore plus envie de foncer jusqu’à la cuisine. Ces souvenirs me rendent encore plus triste que d’habitude.

« Je commande les pizzas et on fait ça. »

J’attrape mon portable qui se trouve dans la poche de mon pantalon, et compose le numéro de la pizzeria qui se trouve sur la porte du réfrigérateur – c’est l’emplacement idéal -. Je commande deux pizzas différentes – une avec des champignons, du jambon et du fromage et l’autre avec des poivrons -. Je donne l’adresse de l’appartement et revient finalement vers Jade qui me pose une question sur ma mère.

Je pose le téléphone sur la table et passe une main dans mes cheveux, gêné. J’ai la trouille de trop en dire, de fondre en larmes comme un gamin, d’être trop triste… Enfin, y a toutes ces émotions qui me gagnent, mais au fond, je sais que je peux lui faire confiance.

« Elle était parfaite… Le genre de mère que tous les enfants devraient avoir… Le genre de mère qui passe des heures en cuisine pour te préparer ton gâteau préféré… Qui se met en quatre à chaque anniversaire et qui fait en sorte que tout soit parfait… Qui te couvre de câlins et de baisers à la moindre occasion… Qui t’ouvre ses bras avant même que tu lui dises que quelque chose ne va pas… »

Un sourire triste apparaît sur mes lèvres avant que je ne retourne dans la cuisine. Je sors les différents ingrédients pour faire la tarte aux pommes, y comprit la pâte déjà prête que j’avais pris au magasin il y a quelques jours – comme quoi, j’ai bien fais -.

« J’aurai jamais cru qu’après toutes ces années, elle me manquerait toujours autant… Tout comme mon père, évidemment. Ils étaient les parents parfaits. »

Solal ∞ Jade

On ne se connait pas beaucoup et pourtant, si y a bien une chose qu'on sait l'un sur l'autre, c'est notre passion commune pour le dessin. Evidemment puisqu'on s'est rencontrés grâce à nos études. C'est pour cette raison que je lui demande s'il me montrera celui qu'il vient de faire et il n'a pas l'air de refuser. J'aime bien quand on échange sur nos travaux respectifs, je trouve que ça nous fait progresser.
Il me propose de commander des pizzas. Pourquoi pas après tout ? Puis les barres de céréales, c'est quand même pas ce qui y a de plus nourrissant ! En dessert, il suggère de faire une tarte aux pommes et sans hésiter que je lui dis que je peux l'aider s'il le veut. De nouveau il accepte. Peut-être que ce repas sera un peu plus l'occasion de faire connaissance ?

Une fois qu'il a passé la commande, je lui demande comment était sa mère. La seule chose que je sais, c'est que ses parents sont décédés, ça s'arrête là. Il ne parle jamais d'eux et pourtant, je vois que ma question le gêne et je m'apprête à lui dire qu'il n'est pas obligé de me répondre s'il n'en a pas envie, mais il commence à me parler d'elle.

Il la décrit comme une mère parfaite et j'avoue que j'ai du mal à imaginer une mère pareille. Mes parents étant... Mes parents. Pour eux je n'ai jamais compté. J'aurais tellement aimé avoir eu une mère comme la sienne... Une mère pour qui on est la personne qui compte le plus. Pour eux, la seule chose qui comptait, c'était ma réussite. Non pas pour que je sois épanouie, mais pour que leur réputation ne soit pas entachée. Egoïstes et cupides, je les ai toujours considérés de la sorte. Tous les enfants devraient avoir une mère comme la sienne, il a raison... Malheureusement, ce n'est pas le cas de tout le monde.

J'imagine que ses parents lui manquent. Les miens aussi me manquent en quelque sorte, mais ce n'est pas pareil. Ils m'ont toujours manqué, d'une manière ou d'une autre, aussi horribles qu'ils soient... J'aurais tellement aimé être proche d'eux mais je sais que depuis ce qui s'est passé il y a cinq ans, jamais plus je ne regarderais mon père de la même façon... Je vois à quel point ça le rend triste de parler d'eux et je me dis que c'est à cause de moi qu'il est comme ça. Qu'est-ce qui m'a pris de lui demander aussi ?

« Je ne voulais pas te faire mal en te posant cette question, désolée, j'aurais pas dû... »

Je baisse les yeux, culpabilisant... Peut-être que je vais en rajouter une couche, mais je dois quand même lui proposer :

« Ecoute... Je sais bien que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais si jamais tu veux ou si tu as besoin de me parler de tes parents, tu peux, ça me gêne pas. »

Je finis par hausser les épaules avant de jeter un œil au comptoir sur lequel se trouvent les ingrédients pour la recette. Je lui dis dans un sourire :

« Dis moi ce que tu veux que je fasse, je suis ton commis ! »

Jade Lexie Montgomery & Solal Zian Westlake

Mes parents me manquent tellement… Ils me manquent encore plus depuis que je suis un adulte. J’aimerai qu’ils soient là, qu’ils me donnent des conseils, qu’ils écoutent mes problèmes. Je voudrai que ma mère me rassure comme elle le faisait autrefois et je voudrai que les événements du passé n’aient jamais existés. Si seulement ils n’étaient pas morts… Je n’aurai jamais mis les pieds chez mon oncle et je n’aurai jamais eu à vivre au milieu de ces gens qui n’en n’avaient rien à fiche de moi et qui laissaient cet homme me faire du mal avec des mots et avec des coups. Alors quand je parle d’elle, quand je parle d’eux, ma gorge se noue douloureusement.

Je cache ma tristesse autant que possible, je n’ai pas envie que Jade ait une image de moi comme quelqu’un de faible. Je n’aime pas cette faiblesse qui me caractérise si bien pourtant. Ils ont fais de moi une personne que je déteste profondément et je me demande sans cesse comme elle fait pour vivre à mes côtés alors que je suis aussi monstrueux. Elle mérite mieux – même pour un colocataire – et je me demande pourquoi elle n’a pas encore prit la fuite. Pourtant, dans le fond, je sais qu’elle n’est pas ainsi, mais mes craintes demeurent sans cesse les mêmes.

« C’est gentil, merci… »

Je ne suis pas certain d’être en mesure de le faire, mais ne sait-on jamais. Et puis, je la trouve adorable de me dire une telle chose, elle n’était pas obligée de le faire. Elle n’est pas obligée d’entendre ces souvenirs qui sont en moi et qui sont les plus fantastiques de mon existence. La période avec mes parents est la seule durant laquelle j’étais vraiment heureux. Ensuite, mon existence n’a été que drame et horreur…

Jade me rejoins finalement dans la cuisine et me demande ce qu’elle doit faire en ajoutant qu’elle est mon commis. Un petit rire m’échappe. Je reconnais à peine ce son tant je ne ris pas souvent et je réalise que cela fait du bien malgré tout. Même si je suis incapable de rire durant des heures à gorge déployée.

« Tu peux éplucher les pommes et les couper en tranches ? » je lui demande avant de m’en retourner à la pâte.

Je la pose dans une moule, la pique et la fait cuir à blanc durant quelques minutes, c’est toujours meilleur pour la suite.

« Est-ce que tu t’entends bien avec tes parents ? »

La question m’échappe avant que je ne réalise qu’elle est sortie. Je ne suis jamais d’un naturel curieux, mais je ne sais pas, j’ai envie d’en connaître davantage sur Jade, faire des efforts avec elle parce qu’elle m’est plus sympathique que toutes les autres personnes réunies.

« Tu aimes la crème de marrons ? », j’ajoute en faisant la moue. C’est un ingrédient essentiel de la recette de ma mère, mais je sais que beaucoup de personnes n’aiment pas vraiment cela, donc je préfère m’en assurer avant de faire n’importe quoi.