Judy était assise dans l’avion dans environs 15h elle foulerait le sol de la Californie. Elle avait hâte de rentrer chez elle, de retrouver son frère, Alexis, ses parents. Elle avait hâte de commencer son nouveau travail, de tout simplement commencer une nouvelle vie. Elle avait vraiment besoin de ce retour aux sources. Elle avait convenu avec Joshua que ce serait lui qui viendrait la chercher à l’aéroport d’Orange. Hier encore elle n’était pas sûre d’avoir le courage de prendre cet avion, de quitter Jonathan. Mais c’était devenu vital pour elle de partir loin de lui, elle ne l’aimait plus. L’amour avait laissé place à la haine et elle n’avait plus rien à faire à Paris. On lui offrait un job dont elle avait rêvé à HB elle aurait été idiote de refuser. Jonathan ne se doutait de rien, elle avait tout fait derrière son dos. S’il avait su qu’elle comptait partir, elle redoutait ce qu’il aurait pu lui faire. Avec la complicité d’une amie, elle avait pris des billets, fait partir un courrier pour enlever son nom du bail de l’appartement, résilier son forfait téléphonique. Ce soir quand il rentrerait du boulot il trouverait l’appartement vide, le trousseau de clé de la jeune femme sur la table juste à côté de son téléphone. Elle ne lui avait rien laissé d’autre, pas un mot s’il n’était pas trop bête il comprendrait pourquoi elle est partie. Elle avait assez pardonné, elle avait supporté plus qu’il n’en fallait ses crises de violence. Assise dans le fauteuil de l’avion elle se sentait de nouveau libre, ce sentiment l’envahissait au fur et à mesure que les heures passaient. Elle trépignait d’impatience, elle ne réussit même pas à fermer l’œil tellement elle avait hâte de retrouver les siens. Elle avait essayé de se distraire mais en vain rien ne lui occupait l’esprit. Toutes ses pensées étaient focalisées sur ses retrouvailles avec Joshua. Son grand frère, il lui manquait tellement. Il était probablement la personne qui lui avait manqué le plus au cours de ces 6 années. Bien sûr elle l’avait vu quelques fois et ils s’appelaient très régulièrement via Skype mais c’était différent. Là elle allait le retrouver pour de bon et rien que l’idée la rendait pleinement heureuse.

« Veuillez attacher vos ceintures nous commençons notre descente. » Et voilà elle y était presque dans quelques minutes elle allait serrer son frère dans ses bras. L’avion se posa finalement et le pilote fit son speech habituel sur la météo extérieure. Elle n’était d’ailleurs pas du tout habillée pour la saison, elle avait un jean, un pull et une veste. A paris il ne faisait pas très chaud mais elle avait oublié qu’en Californie il faisait encore si chaud à cette époque. Et voilà elle quittait enfin l’avion et entrait dans l’aéroport, elle dépassa tout le monde dès qu’elle en eu l’occasion. Elle se dirigea à l’endroit où elle pouvait récupérer ses deux énormes valises. Elle avait toute sa vie à Paris dans ces deux valises. Elle tapait du pied en attendant que les tapis amènent enfin ses valises. Elle en aperçu une qu’elle récupéra rapidement allé la deuxième et elle irait rejoindre Joshua qui l’attendait surement après les portiques de sécurité. Et voilà la seconde, elle avait l’impression d’avoir attendu des heures alors qu’elle n’était là devant les tapis que depuis 5 min. Elle avait enlevé sa veste qu’elle avait accrochée sur une de ses deux valises, elle avait son sac à main sur l’épaule, une poignée de valise dans chaque main et la petite cage de transport où se trouvait JJ posée sur une de ses valises. Elle avait toutes ses affaires alors elle se mit en route d’un pas rapide, plus que quelques secondes avant d’apercevoir son frère. 10…9…8…7…6…5…4…3…2…1… ZERO ! Il était là à l’attendre et lui faisait des grands signes de la main. Son sourire s’agrandit immédiatement, à quelques mètres de Joshua elle lâcha ses valises et termina les quelques mètres en courant. Elle se jeta littéralement au cou de son frère. Elle avait ses bras enroulé autour du cou de son frère et le serrait simplement contre elle. Probablement qu’elle l’étouffait un peu mais elle s’en fichait tellement ça lui faisait du bien de le retrouver. Elle déposa un bisou sur la joue de son frère et murmura : « Tu m’as tellement manqué ! » Elle serra son frère encore un peu contre elle pas prête encore à le lâcher… Puis elle s’écarta finalement, elle avait toujours ce sourire qui la caractérisait tant. Elle respirait la bonne humeur, c’était si bon d’être de retour à la maison. « Ça te va mieux en vrai la barbe ! » Elle lui adressait toujours le même sourire et ajoutai : « Comment tu vas ? Et Dopey comment il va ? J’ai tellement hâte de le voir en vrai lui aussi ! » Elle s’était soudainement transformé en moulin à parole elle avait tellement de chose à dire à son frère : « Tu aurais dû l’emmener ! » Son sourire ne bougeait pas de ses lèvres alors qu’elle enchaînait : « J’espère que tu as prévu de me consacrer ta soirée, et ta journée de demain et celle d’après demain aussi ! » Elle était tellement contente de le retrouver qu’elle avait envie de passer tout son temps avec lui. Enfin il faudrait qu’elle aille voir ses parents aussi, et Alexis aussi. Elle ajouta : « On pourra aller voir Papa et maman ensemble demain ! Ca fait tellement longtemps qu’on n’a pas été tous les 4. » Elle n’imaginait pas une seule seconde qu’il n’y avait plus de tous les 4. Elle soupira de bonheur et dit : « Je suis tellement contente d’être rentrée ! » Elle attrapa de nouveau les deux poignées de ses valises et dit à Joshua : « On y va ! » Son grand sourire ne faiblissait pas !

Pour la troisième fois consécutive, il jeta un regard sur la montre à son poignet. Un soupir. D’accord. Pas plus d’une dizaine de secondes ne s’étaient écoulées depuis la dernière occurrence de ce geste. Mais putain, ce qu’il était tendu. Il était assis comme un con sur un banc au milieu du hall de l’aéroport, un bouquet de fleurs dans une main, il avait l’air d’attendre sa fiancée ou un truc du genre, et il était tendu. Il releva ses lunettes de soleil sur son front, apaisa le battement nerveux de sa jambe. Ses yeux s’attachèrent un instant au grand panneau d’affichage, qui n’indiquait toujours aucun retard pour le vol en provenance de Paris, mais hé, ça ne l’empêcherait pas d’être impatient. Machinalement, son regard retomba sur les fleurs entre ses mains. Des vraies, qu’il avait achetées et tout, pas piquées dans le parterre du voisin ou quoi. Avec une moue songeuse, il les retourna machinalement, prit de l’envie soudaine de vérifier qu’elles avaient été bien coupées. Ouais, il faisait des trucs cons quand il était impatient. Sauf qu’il fut en tout et pour tout récompensé par la misérable chute d’une pâquerette sur le sol, alors il les redressa, et essaya de se tenir tranquille.
On pouvait bien lui pardonner après tout, non ? Sa sœur. Sa sœur rentrait enfin à la maison. A cette seule pensée il esquissa un sourire béat. Imbécile heureux, puissance 1000. Sa petite sœur, sa Judy à lui. C’était comme retrouver enfin un semblant de famille. Non pas qu’elle l’ait jamais abandonné – mais quelques milliards de kilomètres en moins ne pouvaient pas leur faire de mal. Il tira machinalement sur le col de son t-shirt, comme pour dégager un peu sa gorge – avant de se stopper net, percutant qu’il puait l’hyperactif là tout de suite. Un énième regard vers sa montre. Il inspira profondément. Plus que cinq minutes à attendre. Cinq petites minutes. Cinq minuscules minutes. Et après, tout irait bien.

Il eut à peine le temps de se redresser, de faire un grand signe de la main, qu’une minuscule jeune femme le percuta de plein fouet. Alors ? Alors il éclata de rire, son rire de gamin heureux, en refermant ses bras sur elle. Il la serrait aussi fort qu’il en était capable – non sans remarquer au passage quelle n’avait pas changé. La même bouille d’ange, le même sourire, la même odeur – c’était sa sœur. C’était sa sœur et elle était revenue pour de bon. Putain. « Tu m’as tellement manqué toi aussi ! » dit-il – et sa voix avait quelque chose d’étranglée, comme s’il était dangereusement proche des larmes. Mais c’était sa sœur. Tout ce qui lui restait du clan Orwell, la seule qui l’ait toujours accepté. Alors il rit. Encore. « Et toi, ça te va toujours parfaitement de pas avoir de barbe ! » Il passa, machinalement, sa main libre dans la sienne. Une chose qui lui disait aussi que rien n’avait changé ? Judy parlait toujours autant que lui. « Je vais très bien – on va très bien ! Mais crois moi, tu voulais pas voir Dopey ici – il est pire que moi, en vrai. Il sera assez hystérique comme ça dans mon appartement, t’inquiète pas. » Son sourire ne fut ébranlé qu’une seconde, quand elle mentionna le fait qu’ils pourraient aller voir leurs parents ensemble. Hum. Ils pouvaient tenter, si elle le voulait vraiment, mais il avait comme l’impression qu’elle serait bien la seule à pénétrer dans la maison. Enfin. Il profita de l’impossible flot de paroles pour laisser ce sujet se noyer dans la masse – en théorie elle ne remarquait bien. Il sourit, de plein feu, à nouveau. « On y va. » lui dit-il tout à fait sereinement. D’office il s’empara de l’une des deux valises, avec son faux air de grand frère autoritaire – et semblant tout à coup se souvenir de l’existence du bouquet (qui avait tranquillement continué à déverser ses pâquerettes un peu partout), il le lui tendit fièrement. « Hum. Cadeau ? » dit-il, en lui refilant le bouquet de force, avant qu’il ne lui fasse subir plus de dégâts par son incapacité chronique à s’occuper d’un objet fragile.
Il rit à nouveau, particulièrement lorsqu’il remarqua sa tenue. « Mon dieu ! Tu vas crever de chaud là-dedans. Enlève moi tout ça, on étouffe dehors, t’as pas idée. » comme pour appuyer ses dires, il rabattit ses lunettes de soleil sur son nez. C’est dans son français ultra-approximatif, que l’accent californien rendait pratiquement incompréhensible, qu’il ajouta : « Vous, les parisiens… » avant de rire à nouveau. Ouais. Il était content, là. Super content même. Tout en faisant quelques pas, il glissa un doigt entre les barreaux de la petite cage de voyage de JJ, en équilibre sur la valise dont il avait hérité. Il avait toujours plus été un mec à chiens qu’un mec à plantes – en confirma le jappement joyeux de la petite bête et la léchouille qu’elle déposa, sans plus d’hésitation, sur sa main. Il posa à nouveau son regard sur sa sœur. C’avait quelque chose de profondément incongru, de la voir ici. Comme si rien n’avait changé, comme si six années n’étaient pas passées par là, et le lot de transformations qu’elles avaient bien pu induire. Judy était là. Plus que sa petite sœur, son âme sœur. Il n’avait même pas envie de penser à la suite – à comment elle allait nécessairement comprendre ce qui avait bien pu se passer entre ses parents et lui, à la réaction qu’elle allait bien pouvoir avoir lorsqu’elle se rendrait compte de tout ce qui avait pu se passer ici. Il sourit. « Putain. T’imagines même pas, combien ça me fait plaisir que tu sois là. » La sortie se rapprochait – et avec elle l’implacable chaleur d’un été californien. Il avait posé ses yeux sur elle, dans ce regard tendre qu’il ne réservait qu’à sa petite sœur. « Mais je te préviens tout de suite – je conduis toujours aussi mal, c’était du pur suicide de me faire venir jusqu’ici. Aussi tôt rentrée sur le sol californien, aussi tôt condamnée à mort… c’est con. » - mais il avait passé un bras autour des épaules de Judy, l’une des seules personnes en ce bas monde qui pouvait prétendre être plus petite que lui. Et c’était comme si c’était là sa place naturelle. Il était heureux.

Elle était enfin rentrée chez elle. Ça lui faisait tellement de bien qu’elle n’aurait pas pu mettre de mot exacte sur ce qu’elle ressentait. Retrouver son frère c’était juste magique, elle allait pouvoir profiter de lui autant qu’elle le souhaite. Elle avait quitté Jonathan et ça c’était également un poids en moins sur ses épaules. Elle avait encore les traces de sa dernière crise de coups, mais il avait toujours su sauver les apparences. Il ne frappait jamais à des endroits où ça pouvait se voir. Sa décision de revenir en Californie était aussi liée à sa relation avec Jonathan. Elle savait que si elle restait à Paris elle ne pourrait pas lui résister, qu’elle pardonnerait encore une fois. Alors elle était juste parti, elle se doutait bien que Jonathan se douterait de la destination qu’elle avait prise mais elle ne l’imaginait pas venir jusqu’ici pour la récupérer. C’était bel et bien derrière elle et là sur le moment tout ce qui comptait c’était serrait son frère dans ses bras. Peu importait que les coups de Jonathan la faisait encore souffrir. Elle était avec son frère et pleinement convaincu que maintenant tout irais bien pour elle. Parce qu’avec Joshua ça ne pouvait pas en être autrement, il était son piller, son refuge la personne la plus importante dans sa vie. Joshua riait et elle ne put s’empêcher de laisser également échapper un rire enfantin. C’était tellement bon de retrouver Joshua.  « Tu m’as tellement manqué toi aussi ! » dit-il. Elle se contenta de lui adresser un sourire affectueux, sourire qu’il était le seul à lui arracher. « Et toi, ça te va toujours parfaitement de pas avoir de barbe ! » répondit-il. Elle ria de plus belle en tirant la langue à son frère. Elle était à la maison et elle se demandait comment elle avait imaginé pouvoir vivre plus longtemps sans son frère. C’était étrange la sensation que ça lui procurait, c’était comme si elle réalisait enfin que son foyer c’était simplement là où se trouvait Joshua.  « Je vais très bien – on va très bien ! Mais crois moi, tu voulais pas voir Dopey ici – il est pire que moi, en vrai. Il sera assez hystérique comme ça dans mon appartement, t’inquiète pas. » Il avait tors elle aurait voulu voir Dopey ici. Qu’il rencontre sa cousine JJ. Mais bon d’ici quelques minutes ils seraient chez Joshua et elle aurait tout le loisir de faire connaissance avec Dopey. Elle répondit avec toujours le même grand sourire : « Crois-moi que je voulais le voir ici avec toi ! Il avait le droit lui aussi de venir nous accueillir JJ et moi. Mais ce n’est pas grave je lui ferais un gros câlin en arrivant chez toi toute à l’heure. » Passer du temps avec son frère allait lui faire un bien fou avant de commencer sa nouvelle vie ici. « On y va. » dit-il simplement en s’emparant d’une des 2 énormes valises qu’elle trainait derrière elle.  Elle le laissa faire alors qu’il lui tendait un bouquet de fleur un peu malmené mais rien d’étonnant quand on connaissait Joshua et son incapacité à tenir entre ses mains des choses fragiles. « Hum. Cadeau ? » Elle laissa échapper un petit rire en attrapant le bouquet puis déposa un bisous sur la joue de son frère : « Merci il est … Magnifique. » Elle se moquait un peu de lui comme elle avait toujours eu l’habitude de le faire quand il se montrait maladroit. Mais l’attention de son frère lui faisait vraiment plaisir.

Ils s’étaient mis en route direction la sortie de l’aéroport pour rejoindre la voiture de Joshua. Il s’exclama alors : « Mon dieu ! Tu vas crever de chaud là-dedans. Enlève moi tout ça, on étouffe dehors, t’as pas idée. » Elle sourit à son frère et lui répondit du tac au tac : « Je voudrais bien mais j’ai enlevé ce que je pouvais enlever. Je n’ai rien sous mon pull si tu veux tous savoir, et je me vois mal défiler en sous vêtement même si on est en Californie. » Il y avait en effet le fait qu’elle n’avait aucune envie de se balader à moitié à poil mais aussi et surtout dû au fait qu’elle avait des bleues sur les bras et le haut du corps et qu’il n’était pas question que son frère les vois. Dans quelques semaines ils seraient partis et Jonathan ne sera qu’un très mauvais souvenir. « Vous, les parisiens… » Dit-il en Français, c’était presque incompréhensible avec son accent Californien.  « Il faut vraiment que je t’entraines à parler Français ! » Elle marchait à côté de son frère tirant sa valise derrière elle, Joshua tirait celle où la cage de JJ était posée.  Joshua lui avoua alors : « Putain. T’imagines même pas, combien ça me fait plaisir que tu sois là. » Elle affichait toujours ce même grand sourire, elle se sentait tellement bien là sur le moment que ça en était presque indécent. Elle lui répondit : « Au moins autant que ça me plaisir d’être là ! » Joshua avait passé un bras autour de ses épaules et elle l’avait laissé faire avec plaisir. Elle posa quelques secondes sa tête sur l’épaule de son frère. C’était vraiment bon de le retrouver. Joshua lui dit alors : « Mais je te préviens tout de suite – je conduis toujours aussi mal, c’était du pur suicide de me faire venir jusqu’ici. Aussi tôt rentrée sur le sol californien, aussi tôt condamnée à mort… c’est con. » Elle ria de nouveau et répondit à son frère en lui tendant sa main de libre : « Ça tombe bien j’ai une folle envie de conduire et aucune intention de mourir aujourd’hui. Allez file les clés Frérot c’est moi qui pilote ! » Elle lui faisait son sourire Angélique et ses yeux de chiens battus tout ce qu’il fallait pour que son frère accepte.