Tyler n’avait vraiment pas de chance aujourd’hui. Il venait de finir son travail aujourd’hui et il devait enchainer par un autre rendez-vous qu’il s’était fait lui-même tout seul. Il avait dit à son père qu’il avait un rendez-vous avec une certaine personne juste dans l’optique d’avoir la paix pour le reste de la journée. Afin de pouvoir se poser un peu, il ne supportait pas son travail, il le détestait. C’était un travail que sa famille lui avait imposé, dont l’ex-médecin n’était pas en mesure de refuser. Il ne pouvait pas refuser, après tout ce qu’il avait fait. Il avait réellement l’impression de vivre un cauchemar, qu’il rêvait de partir loin d’ici, pour ne plus jamais revenir. Vivre sa vie comme il le sentait, mais Tyler ne pouvait pas faire ceci. Il dépendait énormément de ses parents et il était toujours facile à trouver peu importait les manières. Il n’avait pas le choix et ne pouvait pas faire autrement, il avait déjà trouvé une solution provisoire: le faux rendez-vous afin d’avoir le reste de la journée pour se reposer un peu. Le stress n’était pas un bon moyen pour lui qui était atteint d’une maladie. Son père ne l’avait pas compris et il s’en fichait un peu, il voulait profiter de lui encore vivant, en pleine forme pour ses affaires, son travail. Par moment Tyler détestait son père pour ça. Il détestait des fois le monde entier, parce qu’il avait la sensation que tout s’acharnait sur lui, mais il était toujours là. Debout à lutter, malgré toutes les emmerdes qu’il enchainait.

Il pensait cet après-midi profiter de son temps libre, à être au bord de la plage, à observer le bonheur des gens, les surfeurs. Il voulait voir un verre, aller se regarder un film. Faire ce qu’il faisait comme d’habitude quand il était professeur de biologie. C’était rare ces moments-là. Au lieu de ne rien faire, d’aller faire un tour dans la ville, il était à l’hôpital St-John pour aller à une consultation, chercher des médicaments pour survivre à la journée. Il les avait oublié chez lui à New York. Alors recommencer tout à zéro avec le docteur à Huntington Beach, c’était déjà assez pénible et un vraie perte de temps. Il était resté là pendant des heures à attendre et à éviter soigneusement Neela qui pouvait être dans les parages. Quand il avait terminé avec l’ordonnance, Tyler pouvait enfin partir avec les médicaments à la main, retrouver sa voiture et continuer ce qui lui restait de sa journée de libre. Quel temps gaspillé ! Il ne savait pas quoi faire sur le coup, aller au cinéma ? Tout seul non. Boire un coup ? Retrouver ses ennemis ? Non.

Tyler soupira et marcha tranquillement dans les couloirs de l’hôpital, il vit des panneaux qui montrait des directions à prendre. Tel que pour le service pédiatrie par exemple. Il s’était arrêté devant et il oublia tout de suite la présence de Neela. La veste sur son bras, l’homme des affaires eut une meilleure idée. Il se mit à sourire doucement et cela montrait qu’il venait de prendre la décision. Il ne se dirigea pas vers la sortie. Il marchait dans les couloirs de l’hôpital, dans le but d’aller là… Où Ally travaillait. Ça faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas vu, depuis le départ de Tyler. Ils s’étaient gardés contact par twitter ou encore quand ils s’appelaient. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas rappelé Ally, qu’il n’avait pas eu de ses nouvelles. Il se retrouvait pas loin d’elle, ils étaient dans le même bâtiment. Alors autant lui rendre visite pour faire un coucou. Ty’ avait tout son temps devant lui !

Quand il venait d’arriver, il pouvait voir par le petit hublot une blonde qui était là. Il se mit à sourire et essaya de ranger les boites de médicaments dans la poche, ce qui n’était pas vraiment pratique, mais il faisait avec. Il ouvrit la porte doucement et dépassa sa tête. « Toc toc ? Je ne dérange pas ? » demanda-t-il alors qu’elle était de dos et donc elle ne pouvait pas vraiment le voir. Il entra quand même et vit qu’il y avait un mort sur la table. L’homme des affaires n’était pas vraiment gêné par cette présence parce qu’il en avait déjà vu des morts. Il fit un sourire à ce mort, qui ne le lui rendit pas. Normal… « Bonjour Harry. » lança-t-il dans le hasard. Il regarda Ally « Il lui est arrivé quoi ? » demanda-t-il assez curieux. Alors qu’il observait le mort, ses blessures, les indices qui pouvaient lui dire comment il était mort. Comment il s’était retrouvé sur cette table, avec elle. Peut-être qu’elle ne l’avait pas encore examiné, ce qui serait assez marrant pour Ty’ d’y participer. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas foulé le sol sur le monde de la médecine et que ça, ça lui avait toujours plu. Il se mit à côté de la jeune femme « Salut Ally. » C’était bon, vraiment bon de voir une amie après avoir été sur un territoire ennemi pendant trop longtemps. Vraiment très bon, surtout qu’ils avaient passé du temps à garder contact grâce aux technologies du monde actuel.

Ally aimait ça, être seule à la morgue. Et il fallait bien avouer qu'elle l'était la majorité du temps. Ce n'était pas ici que les médecins se retrouvaient pour un café, ou que les patients se perdaient en cherchant leur famille. Ici, c'était toujours incroyablement calme et serein et ça, c'était quelque chose que la blonde aimait au moins autant que le fait de découper les corps au nom de Saint John. La plupart des cadavres qui arrivaient ici étaient destinés à être autopsiés pour vérifier l'absence d'erreurs médicales, mais il s'agissait également parfois, dans de rares cas, de préciser les circonstances d'une arrivée fatale aux urgences auprès des forces de l'ordre. A chaque fois, Ally prenait le même plaisir à charcuter le corps qui était allongé devant elle. Elle se présentait rapidement à eux, et, si elle était seule, allumait la radio pour profiter des dédicaces nocturnes et surtout, de la musique, qu'elle pouvait mettre à un volume faramineux sans craindre de plaintes de collègues ou, encore moins probable, de patients. De temps en temps, elle appelait Jagger et Donovan en Facetime, posant son portable ou son ordinateur sur une paillasse déserte ou un chariot de matériel non loin de là. Ils profitaient parfois d'une vue magistrale sur les corps qu'Ally découpait en leur parlant de son dernier repas, et s'ils étaient d'abord tout sauf enthousiastes à cette idée, ils s'y étaient maintenant faits. Ally voyait le ventre de sa meilleure amie s'arrondir jour après jour et semaine après semaine, mais elle n'arrivait pas tout à fait à concevoir qu'elle allait devenir mère et, elle, marraine. Elle ne s'était pas non plus faite à cette distance qui n'avait fait que se creuser depuis le départ de Jagger et Donovan. Quelque part, elle se disait que ce n'était que temporaire et qu'ils finiraient par se réinstaller chez Hendrix, au moins le temps de se trouver à un appartement à eux, où ils vivraient heureux tous les trois, idéalement non loin de chez Ally. C'était là toute l'utopie à laquelle elle croyait encore malgré les faits, et elle profitait de chaque entrevue sur Facetime, chaque retrouvaille sur Skype, chaque coup de fil, chaque sms, et même chaque photo partagée sur Snapchat -oui, elle avait succombé- comme s'ils allaient tous se retrouver le soir ou le lendemain. L'idée n'avait pas été totalement assimilée, dirons-nous donc. Alors elle vivait son petit quotidien en gardant un contact régulier avec ses meilleurs amis et sans se démonter. Sa relation avec Ben la rendait sans doute plus forte, aussi, et arrivait à masquer la réalité des choses. La réalité était que repartir sur de nouvelles bases lui plaisait tout particulièrement, et elle avait commencé à accepter son histoire pour ce qu'elle était.

C'est en se dandinant sur une chanson de Prodigy qu'elle se préparait à achever sa garde ce soir-là. Arrivée en fin de journée, il fallait avouer que la fatigue commençait à l'emporter sur toutes ses motivations. De plus, les cas de ce jour-là s'étaient avérés relativement tranquilles, si ce n'était chiants. A cette heure-ci, la radio regorgeait d'émissions débiles qui n'avaient plus rien de motivant. Elle avait donc fait travailler son ordinateur en faisant hurler Itunes à la mort, et c'est au rythme de la musique que son scalpel découpait la plèvre pour accéder aux poumons. Elle devait récupérer une tumeur, paraissait-il. De temps à autres, on l'entendait chanter au-dessus de la musique, ignorant totalement quiconque pouvait se plaindre -de toute façon, elle était la seule médecin légiste de garde à cette heure-ci, et puis la morgue se situant aux sous-sols de l'hôpital, elle était à peu près sûre que l'insonorisation était correcte et qu'on ne l'entendait pas jusque dans les blocs de chirurgie ou au service de psychiatrie.

Ah, la plèvre diaphragmatique était découpée. l'incision était nette, parfaite, et Ally écartait maintenant le tissu avec deux pinces, sans trop de délicatesse d'ailleurs, pour laisser les poumons et leur plèvre viscérale apparents. Un instant, Ally s'amusa avec un lobe hépatique  qui ressortait de dessous le poumon droit, et jeta un coup d’œil au cœur en arrière plan. Elle était presque déçue de n'avoir aucun suspense et aucune cause précise de mort à rechercher. La victime était quelqu'un de jeune, avec des organes encore neufs, et ce genre de cas était malheureusement -ou heureusement, d'ailleurs- loin de représenter la majorité des patients qui arrivaient ici. Dans ce cas précis, c'était tumeur pulmonaire et rien d'autre. C'était la raison supposée du décès, puisque le patient était supposé être en phase terminale d'un carcinome pulmonaire, Walter White style. L'image de PET scan qui avait été joint au dossier avait d'ailleurs bien montré l'atrocité qui logeait au milieu de l'organe, et même si Ally se serait volontiers éclatée à chercher des métastases ailleurs, elle était à peu près sûre qu'elle ne serait pas dans son droit, et préférait s'épargner la moindre poursuite légale. En haussant les épaules, elle s'était remise à se dandiner sur la musique, incisant cette fois-ci la plèvre viscérale du poumon concerné. Elle était bien partie, là, elle le sentait. Après, elle serait libérée. Délivrééééee ! Cohen devait passer la chercher à la fin de son service, et, pour une fois, leurs horaires collaient parfaitement. Enfin, parfaitement... c'était le mieux qu'ils avaient eu jusqu'à présent, en tout cas. Rien qu'à cette seule idée de retrouver son copain, Ally avait occulté toute envie de repartir à la recherche de métastases dans ces beaux organes qui se présentaient là, sous ses yeux. Elle devait confirmer la tumeur, voilà. Il avait d'ores et déjà été décrété que le patient était mort suite à une thrombose associée à une embolie pulmonaire. Classique, dirait-on. Le patient était encore frais, d'ailleurs, et on lui avait demandé de garder la tumeur de côté pour l'inclure dans la banque de tumeurs de l'hôpital. Peut-être allaient-ils créer une nouvelle lignée cellulaire à la hauteur des cellules HeLa, se disait-elle alors qu'elle attaquait l'organe lui-même. « Bonjour Harry », entendit-elle à côté d'elle, la faisant lâcher son scalpel par réflexe, qui se nicha au milieu de l'incision pulmonaire. En se tournant vers la source de la voix, qu'elle n'avait pas reconnue, elle tendit une pince... Très intimidant, n'est-ce pas ? « Il lui est arrivé quoi ? » demanda le trentenaire en jetant un coup d’œil à la victime. Il avait l'air très détendu, ou en tout cas, il l'était largement plus qu'elle à ce moment précis. Elle réalisait doucement face à qui elle était. « TVP et EP », lâcha-t-elle dans un jargon incompréhensible pour quiconque n'avait pas eu leur parcours. « Adénocarcinome pulmonaire, je dois récupérer la tumeur. » Pourtant, elle n'avait plus trop la tête à ça, à cet instant précis. Elle comprenait peu à peu ce qui était en train de se passer, entre deux chansons de Prodigy, alors qu'elle avait une pince tendue vers le brun, finalement tout sauf menaçante. « Salut Ally. » Elle n'était pourtant toujours pas sûre de comprendre. Elle baissa son arme malgré tout, se dirigeant vers son ordinateur pour baisser le volume en jouant des coudes maladroitement, préférant éviter d'ensanglanter le clavier -et aussi un peu de ramener tout plein de germes peu ragoutants dans le cadavre dont elle s'occupait. « Qu'est-ce que tu fous là ? » demanda-t-elle à Tyler, encore sous le choc de l'apparence, concentrée sur son ordinateur dont elle tentait toujours de faire marcher le code clavier pour baisser le volume. « J'te pensais pas ici ! A Huntington, jveux dire... T'aurais pu prévenir, quand même ! Tu t'es perdu à l'hôpital ? Tu venais voir des belles infirmières, ou t'es là juste pour mon beau sourire ? » Avec sa blouse et ses gants dégueulasses, Ally ne comptait pas trop s'approcher de Tyler, et, de toute façon, la question ne se poserait pas tant qu'elle n'aurait pas réussi à baisser ce fucking volume de merde -oui, elle pestait un peu, quand même. « Tu veux te joindre à moi pour récupérer la tumeur ? Y'a le PET scan sur le bureau si ça t'intéresse. Elle promet d'être belle ! » Putain, Tyler... si elle s'attendait à le revoir ! Cela devait faire plus ou moins un an qu'ils ne s'étaient pas vus en chair et en os, et la scène avait quelque chose d'aussi surprenant qu'agréable. Elle s'imaginait déjà présenter fièrement son ami à son copain et son copain à son ami, et commander des sushis pour trois -ou cinq ?- au Sushi On Fire.

Ça faisait du bien de revoir Ally, après tant de temps ! Cependant, elle ne semblait pas encore percuter qu’elle était en train de parler à Tyler. Il observait le corps de la personne, dont le travail avait déjà commencé. Il le trouvait bien assez jeune, trop jeune pour mourir. L’ex-médecin était en train d’observer le corps de la place où il était, comme s’il n’osait pas bouger à cause de la pince dès les premières secondes. Quand la pince était tendue en sa direction, il s’approcha doucement vers ses côtés pour mieux observer ce qui était arrivé au jeune. « TVP et EP » « Ah oui… » fit-il dans une grimace, c’était de la mort immédiate cela. Il se mit à observer les jambes du mort pour chercher l’enflure à la jambe, afin de voir où ce caillot avait bien pu se former avant de monter dans les poumons. Ces poumons qui étaient déjà disséqués par la jeune Ally. Ty’ n’était pas dégoûté de la vue qu’il avait, au contraire il trouvait ça normal de voir ça. Il était surtout à l’aise. « Adénocarcinome pulmonaire, je dois récupérer la tumeur. » « Carcinome Pulmonaire ? C’est de ça qu’il est mort ? » Quel gâchis, avec ces organes, ce jeune n’avait pas pensé à faire un don pour les autres gens qui étaient en besoin ? Quel gâchis bon sang… Tyler eut une petite pensée de son passé où il était chirurgien et qu’il passait des heures à opérer, c’était quelque chose de fascinant. C’était quelque chose qu’il appréciait et on le lui avait retiré. Après, ce n’était pas si grave tant qu’il ne perdait pas la main, Ty’ était sûr de ne pas l’avoir perdu avec des gens qu’il avait sauvé en faisant des premiers soins des fois, mais ça n’allait pas plus loin.

Il pensait surprendre Ally et il pensait réussir jusqu’au bout, parce qu’il avait la sensation depuis qu’il est arrivé, avec de la bonne musique dans les oreilles, qu’il ne reconnaissait pas encore. Elle n’avait pas encore saisi ce qui venait de se passer, qui lui parlait surtout. Alors il lui disait bonjour et elle se mit à réagir, en baissant d’abord la pince, elle se dirigea vers son ordinateur, en train de jouer sur le clavier avec les coudes. L’ex-médecin comprenait déjà cette position, bien qu’il n’avait jamais écouté de la musique quand il opérait… Enfin, c’était déjà une ambiance différente ! Elle essayait de faire baisser le son de la musique avec ses coudes sans vouloir faire des tâches et ce n’était pas gagné d’avance puisqu’elle n’arrivait pas vraiment. « Qu’est-ce que tu fous là ? » À ces mots-là Tyler croisa les bras, gardant la veste sur son bras et il se mit à rire un peu face à la surprise d’Ally, mais surtout parce qu’il était content de la revoir. « J'te pensais pas ici ! A Huntington, jveux dire... T'aurais pu prévenir, quand même ! Tu t'es perdu à l'hôpital ? Tu venais voir des belles infirmières, ou t'es là juste pour mon beau sourire ? » Il garda le sourire de débile et il haussa simplement les épaules. « Je passais par là. J’ai tout de suite tiqué que tu travaillais ici et rien que pour voir ton beau sourire, je suis venu. » Silence, il marcha un peu à travers la pièce pour s’approcher vers le bureau où il déposa tranquillement sa veste sur la chaise. « Je suis à Huntington Beach pour les affaires, je fais le trajet New-York - Los Angeles depuis presque un mois et demi. J’ai voulu te prévenir, j’y ai pensé, mais avec le travail et le stress, j’ai oublié. » Surtout qu’on ne lui avait pas vraiment laissé le temps de prévenir, il n’avait pas pu parler à Ally depuis quelques temps et il ne savait pas exactement le nombre, il ne voulait surtout pas le savoir.

Après que la veste fut posée sur la chaise, il se dirigea vers la jeune blonde qui luttait toujours pour faire baisser le son de son ordinateur. Elle était pleine de sang avec sa blouse et ses gants. Quand il fut près de l’ordinateur. Il montra son doigt, signe qu’il allait le faire pour elle. « Voilà, je me dis qu’ils auraient pu penser à des touches plus grosses pour que ça soit plus facile.»une pause, Tyler sourit légèrement et anticipa le remerciement de la jeune blonde « De rien.» Ils faisaient leurs retrouvailles et c’était vraiment agréable ! « Tu veux te joindre à moi pour récupérer la tumeur ? Y'a le PET scan sur le bureau si ça t'intéresse. Elle promet d'être belle ! » Il haussa les sourcils, surpris et son regard illuminait la joie de pouvoir participer à ça. Il n’eut pas besoin de dire oui, que son expression et ses gestes parlaient pour lui. Il se dirigeait vers le bureau pour aller voir le scan. « Je peux emprunter la blouse qui est suspendue là ? Ça n’appartient pas à un de tes collègues ? » Il n’attendit pas vraiment la réponse qu’il haussa les épaules et qu’il s’y dirigea pour en prendre une, alors que c’était sur le chemin pour aller au bureau. Lorsqu’il était en train d’enfiler la blouse il prit le dossier pour voir le PET scan et il fit un sifflement d’admiration. « Aaaah oui, elle promet cette tumeur ! » Il déposa le dossier sur le bureau après l’avoir examiné. Il était vraiment jeune ce gars. Tyler se dirigea vers Ally qui était sûrement en train de se reprendre à l’idée qu’elle était dans la même pièce que lui. Il avait l’air passionné, parce que ça faisait longtemps qu’il n’avait pas participé à une opération… À dire vrai, presque jamais participé à l’opération sur un mort. Presque jamais. Il n’allait pas s’inquiéter au fait qu’il n’était pas en droit de pratiquer une opération. De toute façon, le patient n’allait pas vraiment se plaindre puisqu’il était mort. Les morts ne se plaignaient jamais n’est-ce pas ? Alors qu’il se dirigeait vers la boite à gant pour attraper une paire et les mettre. Ah, cette sensation. Il se sentait presque revenir, laissant tomber le monde des affaires pour la médecine, que demander de mieux ? Alors qu’il était prêt, il se dirigea à nouveau vers le corps, se retrouvant en face de la jeune blonde, séparé par le corps qui s’interposait. « Alors, qu’est-ce que tu deviens là ? » demanda-t-il tout simplement, étant conscient et culpabilisant de ne pas avoir pu garder contact avec elle depuis quelques (petits) mois.

Spoiler:

Oui, elle assimilait peu à peu cette information : Tyler était à Huntington Beach, dans sa salle de découpe préférée. A peu près un an qu'ils ne s'étaient pas vus, mais ils n'avaient pas rompu le contact pour autant. A l'époque, leur relation n'était même pas ce qu'elle était aujourd'hui : elle était neuve, fragile, et encore indéfinie. Les mois qui avaient séparé l'ancien médecin de la Californie ne les avaient pourtant pas éloignés, au contraire. Une drôle de relation s'était mise en place, une espèce d'amitié improvisée, qui était pourtant loin d'y perdre tout son sens. Sans qu'elle s'en rende compte à l'époque, ça avait été l'ébauche de cette relation à distance qu'elle vivait à présent avec Jagger et Donovan. Elle devenait assez bonne à ça, d'ailleurs. Mais pourtant, quitte à tout vous avouer, si elle avait du parier sur le retour de l'un de ces amis qui avaient décidé de prendre le large, elle n'aurait certainement pas tout misé sur Tyler. Peut-être parce qu'elle croyait dur comme fer que les deux futurs parents allaient rappliquer une semaine plus tard, mais peut-être aussi parce qu'elle n'avait jamais trop compris les raisons qui avaient poussé Tyler à quitter l'Etat. Vous pouvez donc aisément imaginer sa surprise lorsqu'on l'interrompit dans ses découpes, et que la personne qui avait osé le faire s'avérait être quelqu'un qu'elle croyait à l'autre bout du pays. Pourtant, Ally ne s'était pas laissée démonter pour autant. Elle avait brièvement -très brièvement- exposé le cas auquel elle faisait face. Si elle avait un médecin -ou ex-médecin, en l’occurrence- à ses côtés, autant qu'elle tire parti pour sortir un peu plus tôt profiter de la douceur du printemps californien et de ce policier qui lui servait de copain. « Ah oui… » approuvait-il en se mettant dans le bain. « Carcinome Pulmonaire ? C’est de ça qu’il est mort ? » Ally ne releva tout d'abord pas, avant de finalement réaliser qu'il s'agissait réellement d'une question. « Oui... Fumer, c'est mal. » Ces quelques mots avaient quelque chose d'un brin hypocrite venant de sa part, mais elle parlait pour le médecin qu'elle était, et non la fumeuse occasionnelle. Elle haussa les épaules, amusée, réalisant qu'elle n'avait aucune preuve de ce qu'elle avançait. Les adénocarcinomes pulmonaires étaient pourtant classées parmi les tumeurs du fumeur, mais on ne pouvait clairement pas nier qu'elle avait pris un raccourci assez facile. « C'est dommage, regarde-moi ses organes... Avec un petit accident de la route propre et net, on aurait pu tout récupérer, je suis sûre », regretta-t-elle en posant un regard attristé sur le cadavre. « Trente-cinq ans, c'était des organes encore quasi neufs, quoi... » En haussant les épaules, elle avoua : « Enfin, j'avoue que je vois tellement de vieux passer par là que je suis sans doute plus très objective. »

Petit à petit, elle comprenait que ce n'était pas une blague, et que c'était bien Tyler qui se tenait à côté d'elle. Elle baissa doucement sa pince recouverte de sang et se rua vers son ordinateur pour baisser le volume de la musique, qui raisonnait encore dans la salle sans avoir compris qu'elle dérangeait. Sans cesser ses contorsions destinées à leur laisser un espace de parole, Ally interrogeait Tyler. Qu'est-ce qu'il faisait là, et surtout, pourquoi ne l'avait-il pas prévenue de son arrivée ? Cela commençait à faire un petit moment qu'ils ne s'étaient pas parlé, mais en aucun cas la blondinette n'avait pris ça pour un signe de retour proche. « Je passais par là. J’ai tout de suite tiqué que tu travaillais ici et rien que pour voir ton beau sourire, je suis venu » répondait-il sur un ton amusé. « Mon sourire fait souvent cet effet là » se congratula-t-elle, « et tu passais par où ? Par Saint John, ou par la Californie ? Je comprends rien à ton itinéraire. Tu comptes rester ? » Ally lui faisait subir un réel interrogatoire, mais à dire vrai, elle ne comprenait pas réellement le pourquoi du comment. Le but avait-il été de lui faire une surprise totale ou de la retrouver spontanément, au détour de quelques affaires ? « Je suis à Huntington Beach pour les affaires, je fais le trajet New-York - Los Angeles depuis presque un mois et demi. J’ai voulu te prévenir, j’y ai pensé, mais avec le travail et le stress, j’ai oublié. » A présent concentrée sur son clavier et en plein travail sur elle-même pour ne pas balancer l'ordinateur à travers la pièce pour le faire taire, Ally ne répondit pas tout de suite. Elle allait lui répondre, elle allait lui répondre... un truc très intéressant, même. « Hmph. » Bon, d'accord, ce n'était pas encore trop ça. Mais elle préférait en rester là tant qu'elle n'était pas dans l'état cérébral de dire des choses plus intelligentes. Putain, mais cet ordinateur allait finir par valdinguer à travers la porte, et peut-être que par la même occasion, il allait finir par se taire. Fort heureusement, Ally n'eut pas à en venir à une mesure aussi drastique, puisque Tyler vola à son secours, lui faisant signe de s'éloigner pour qu'il puisse, simplement d'un doigt, mettre fin à cette torture. « Merci. On va mieux s'entendre. » Pour le remercier, elle lui proposa de se joindre à elle pour le reste de l'autopsie. Et puis, à quatre mains, ils iraient sans doute beaucoup plu vite. Elle ne manqua pas le regard étincelant qu'il lui lança, visiblement ravi par cette idée. « Je peux emprunter la blouse qui est suspendue là ? Ça n’appartient pas à un de tes collègues ? » Il se dirigeait déjà vers le bureau, la blouse à la main avant de l'enfiler, pour voir de quoi elle parlait. « Aaaah oui, elle promet cette tumeur », se réjouit-il en écho à son annonce. Ally, quant à elle, s'était à nouveau rapprochée du patient, plongeant la main dans ses entrailles pour récupérer le scalpel, avec lequel elle reprit l'incision du poumon malade. « Alors, qu’est-ce que tu deviens là ? » Tyler s'était rapproché d'elle et du corps pour se poster de l'autre côté de ce dernier, prêt à s'engager dans cette chasse prometteuse à la tumeur. « C'est à moi que tu parles, ou au patient ? » plaisanta-t-elle. « Parce que si c'est au patient, il y a peu de chances qu'il te réponde, à moins qu'on soit dans un épisode de The Walking Dead... quoique, même dans ce cas-là, il te répondrait pas. Il chercherait juste à savoir quelle sauce épouserait le plus la saveur de ta viande. En en général le sang est suffisant. » Elle marqua une pause dans son charabia, concentrée sur son travail. A présent, le poumon était ouvert en une magnifique coupe longitudinale qui laissait la bronche apparente. « Si jme plante pas, la tumeur est pas loin... AHHHH ». Ca y est, elle l'avait. Enfin, un morceau, quoi. « Je te laisse la dégager ? » lui proposa-t-elle en lui tendant ses outils ensanglantés. « Ma meilleure amie est enceinte. Et elle a quitté la ville. » Il était donc temps de répondre un peu plus sérieusement. « Et mon cœur est pris. » Ah oui, il y avait ça, aussi... elle n'était même pas sûre de lui avoir parlé de Cohen, mais en réalité, elle ne l'avait que très peu fait jusqu'à ce qu'une relation plus officielle se soit créée. « Enfin, pas mangé par un zombie ou greffé sur un patient, hein », se sentit-elle obligée d'ajouter, visiblement toujours peu à l'aise avec le fait de partager ces choses-là, même avec un ami. « Désolée, mais t'es arrivé trop tard. J'écarte plus les jambes que pour lui, maintenant. Je suppose que c'est ça, l'amooouuur. » Elle haussa les épaules en observant les gestes assurés de Tyler, qui disséquait le poumon pour faire apparaître le reste de la tumeur. Quelques instants plus tard, elle hurlait en dansant sur Prodigy, qui servait à présent plus de musique de fond que de musique d'ambiance. « Elle est immeeeeennse ! Le PET scan datait de quand, t'as regardé ? J'ai oublié. » Car oui, la brave tumeur semblait presque avoir doublé de volume par rapport aux résultats de l'examen. Une bien bonne tumeur, donc; pas étonnant que le patient y soit passé. « Elle est belle ! » commentait-elle alors que l'ancien médecin ne cessait de dévoiler de nouvelles zones tumorales. « C'est les biologiste de la tumorothèque qui vont être contents ! » Oui, elle s'enthousiasmait réellement de la taille d'une tumeur. Les aléats de la médecine légale, dirons-nous. « Et toi alors, tu deviens quoi ? La Californie te manque pas trop ? Et moi, surtout, je te manque pas trop ? Je suis pas retournée au restaurant où on s'est rencontrés, tu sais, j'ai pas osé, j'ai peur qu'ils crachent dans mon repas ou qu'ils appellent la sécurité. »

« Oui… fumer, c’est mal. » Ty’ hocha tranquillement la tête, bien d’accord. Fumer n’arrangeait rien les choses, même pas que ça détendait. C’était censé de détendre, de se changer les idées, mais c’était comme se retrouver dans un incendie bien maitrisé et qu’on aspirait la fumée juste par le plaisir. L’ex-médecin fumait de temps en temps maintenant, il s’en fichait des conséquences, il s’en fichait s’il tomberait malade parce que de toute façon il l’était. « C'est dommage, regarde-moi ses organes... Avec un petit accident de la route propre et net, on aurait pu tout récupérer, je suis sûre » « Et ça aurait certainement sauvé d’autres vies. » Sauf avec des organes infectées par la maladie, c’était nettement mieux quand il s’agissait d’un accident de voiture. Tyler admira la vue d’ensemble et ça lui faisait du bien, parce que c’était vraiment retourner dans l’univers qu’il avait toujours aimé. « Trente-cinq ans, c'était des organes encore quasi neufs, quoi... » Il fit les yeux ronds et murmura trente-cinq ans, surpris. Il se disait bien qu’il était jeune, mais il ne le pensait pas si jeune vieux comme ça. Il pensait dans les trente ans, sans pour autant se rapprocher des trente-cinq ans. « Enfin, j'avoue que je vois tellement de vieux passer par là que je suis sans doute plus très objective. » « Ah… » Effectivement, les vieux c’était moins intéressants « Au moins c’est bien, parce que tu pleureras moins sur les beaux organes gaspillés. » Il essayait d’être optimiste, c’était ce qu’il avait gagné après tout ses années de malheurs. L’optimisme, parce que l’ancien professeur pensait qu’il traversait tout ça, c’était qu’il y avait une raison. Bien qu’il connaissait une personne qui dirait: qu’il était qu’une aberration. De toute façon, il ne ferait pas vraiment attention à ce qu’on lui dit, tellement habitué aux messages blessants.

Alors qu’Ally comprit enfin qu’elle était en train de parler à Tyler, elle lui posait pas mal de questions d’un coup, complètement sous le choc de la surprise de le voir ici. Au moins, elle était contente et c’était l’une des rares personnes qui était vraiment contente, avec Lissa et sûrement avec Benjamin que Ty’ rendra visite un de ces quatre. « Mon sourire fait souvent cet effet là. » « Ça va les chevilles ? » se permit-il d’ajouter entre deux phrases avec un ton moqueur. « et tu passais par où ? Par Saint John, ou par la Californie ? Je comprends rien à ton itinéraire. Tu comptes rester ? » Ty’ haussa les sourcils et prit le temps de réfléchir, plutôt de faire le tri dans sa tête. « Je passais par Saint John pour un mal de crâne et de douleur faciale » moitié vrai, moitié faux. « Je suis juste là pour le reste de la journée et la soirée. Après je repars demain matin à New York. » il soupira à l’idée de refaire le trajet en avion qui était très pénible. « Je ne reste pas vraiment à Huntington Beach, mais je m’arrêterai souvent ici pour mon nouveau travail » qui ne semblait pas lui plaire, rien qu’à voir sa tête. « Mon père a fusionné une entreprise ici et je suis chargé de leur rendre visite assez régulièrement » et il continua à expliquer un peu mieux, en disant qu’il faisait ça depuis un mois et demi. Qu’il avait voulu lui prévenir, mais qu’il avait complètement oublié. Il était venu vers la jeune femme pour l’aider avec l’ordinateur et il sourit doucement quand elle le remercia pour l’avoir aidée. « Il est pas mal le morceau, c’est de quel groupe ? » histoire de peut-être pouvoir l’ajouter dans la playist de son I-Pod. Puis elle lui fit une proposition qui fit étrangement plaisir à Ty’, il ne pensait pas du tout à ce que la journée puisse se terminer comme ça, en compagnie avec Ally. Au moins, c’était plutôt agréable…!

Après avoir examiné le PET scan et avoir mis sa blouse. Il demanda des nouvelles à son amie. « C'est à moi que tu parles, ou au patient ? » Tyler se mit à regarder le patient, mort avec les yeux fermés, le visage complètement pâle. Il releva son regard pour voir Ally avec ce sourire moqueur « Parce que si c'est au patient, il y a peu de chances qu'il te réponde, à moins qu'on soit dans un épisode de The Walking Dead... quoique, même dans ce cas-là, il te répondrait pas. Il chercherait juste à savoir quelle sauce épouserait le plus la saveur de ta viande. En en général le sang est suffisant. » Ty’ ne put se retenir de rire et de secouer la tête. « J’imagine la scène où ce patient se réveille et veuille nous bouffer. » Il se tut laissant Ally se concentrer dans son découpage de la bronche du poumon qui était parfaitement coupé.  « Si jme plante pas, la tumeur est pas loin… AHHHH » « Wow ! » Ça faisait longtemps pour Ty’, il n’avait pas vu de tumeur depuis des années. Il avait pu voir des organes bien propres, bien foutus assez récemment, mais celui-là. Alors l’ex-médecin était plutôt content de voir ce bout de tumeur, il pouvait bien s’extasier juste pour ça et sa soeur l’aurait interné avec plaisir. « Je te laisse la dégager ? » Sans répondre, Tyler tendit ses mains, où il avait pu mettre les gants, il récupéra les outils. Il commença à s’en occuper, bien concentré tout d’un coup. Il écoutait Ally à côté qui répondit avec sérieux à sa question. « Ma meilleure amie est enceinte. Et elle a quitté la ville. » Il fronça les sourcils « Pour une nouvelle vie en famille ? » demanda-t-il rapidement alors qu’il continuait minutieusement à dégager tout ce qui est autour de la tumeur, elle était bien grosse…! « Et mon coeur est pris. » Ty’ s’arrêta et releva le regard vers la jeune femme. Surpris et il allait tenter la blague à la Walking Dead. « Enfin, pas mangé par un zombie ou greffé sur un patient, hein. » « Ah. » bon elle l’avait devancé. « Désolée, mais t'es arrivé trop tard. J'écarte plus les jambes que pour lui, maintenant. Je suppose que c'est ça, l'amooouuur. » « Surtout j’ai pas eu le temps d’être là… Et ouais. C’est ça l’amour. » fit-il avec une moue amusée, il disséquait correctement le poumon, comme s’il n’avait pas perdu la main, en réalité… Il ne l’avait lamais perdue et si ça se savait, les gens allaient le tuer, surtout sa famille. « Enfin.. Je pense que c’est ça l’amour, parce que je ne suis pas trop placé pour dire ça. » Avec toutes les histoires qu’il avait pu se trainer avec les conquêtes dans le passé, qu’il s’était enchainé des ennemis et dont il ne soupçonnait pas que l’un des pires ennemis se retrouvait dans la même ville que lui. « Je le connais le gars qui t’a pris le coeur ? » Il devait arrêter de poser des questions alors qu’il était en train de disséquer le poumon d’un mort ! En temps normal il n’était pas censé de parler et il devait se concentrer pleinement là-dessus. Il se tut donc et se concentra pleinement sur le poumon qui petit à petit dévoilait la tumeur sous la musique de Prodigy « Oooooh bordel. » lâcha-t-il en guise de commentaire quand il vit la tumeur « Elle est immeeeeennse ! Le PET scan datait de quand, t'as regardé ? J'ai oublié. » « Oh la vache… Heu j’ai pas retenu la date, mais sûrement pas d’une ou deux semaines. » Avec une tumeur comme ça, ce n’était pas surprenant du tout que le patient ait crevé comme un rat mort. « Elle est belle ! » « Je suis chanceux de pouvoir l’extraire avec toi en tout cas ! » Surtout quand c’était un ex-chirurgien qui était suspendu à vie de son travail pour une grosse erreur professionnelle. « C’est les biologistes de la tumorothèque qui vont être contents ! » « Tu m’étonnes ! Ils en ont pas vu une plus grosse que celle-là ? » Ça semblait normal pour Tyler de discuter de médecine, quand on le lançait dans ce débat, on le perdait un peu… Alors qu’il continuait à disséquer ce qui manquait et que la tumeur était presque prête à être retirée. Ally lui posa la question, pensant que c’était sûrement le bon moment où Ty’ pouvait se poser un peu après la dissécation. « Et toi alors, tu deviens quoi ? La Californie te manque pas trop ? Et moi, surtout, je te manque pas trop ? Je suis pas retournée au restaurant où on s'est rencontrés, tu sais, j'ai pas osé, j'ai peur qu'ils crachent dans mon repas ou qu'ils appellent la sécurité. » Tyler fit un grand sourire à la dernière phrase et se retint de rire. « Tu sais quoi … ? Moi j’y suis retourné… » Il releva son regard vers la jeune femme, complètement dépité et blasé, avec un sourire pincé « Pour un repas d’affaire, ils voulaient manger dans ce restaurant bien que j’ai voulu proposer le McDo ou un autre restaurant. J’y suis quand même allé… Ils m’ont reconnus et franchement… Je ne sais pas s’ils ont craché sur mon plat. » Il aurait quand même préféré manger dans un restaurant japonais, c’était plus classe et surtout que leur client étaient japonais alors bon… « Sinon oui, tout .. Enfin presque tout me manque ici. Mon père compte de faire de moi son héritier pour son entreprise alors que je ne veux pas, il essaye surtout de me faire remarier pour avoir un petit-fils à nouveau. » Pour ainsi dire, Tyler était en train de vivre un cauchemar, on lui contrôlait la vie et il ne pouvait pas vivre comme il le chantait. « Et ouais, tu me manques assez pour que je sois venu te voir, par surprise. » Tout ses amis à lui se retrouvaient en majorité à Huntington Beach, tout comme ses ennemis. « Désolé d’être parti sans prévenir. » fit-il doucement, assez embêté. Avant de se rendre compte qu’il tenait toujours les outils dans ses gants ensanglantés et qu’il ne lui restait qu’à extraire la tumeur.

Fumer, c'était mal, mais seul le côté médecin d'Ally le revendiquait. La blonde avait tendance à fumer de temps à autres sans trop penser à ce qui pourrait en découler, et pourtant, elle tenait ce discours politiquement correct à quiconque voulait bien l'entendre. Et Tyler, visiblement, voulait bien l'entendre -de toute façon, ce n'était pas vraiment comme s'il avait eu le choix, d'ailleurs. Après avoir soupiré en annonçant son désaccord sur le mode de vie du patient éviscéré devant elle, Ally se surprenait soudain à retenir une envie pourtant presque irrépressible de fumer. Elle avait totalement arrêté de le faire par solidarité envers Jagger, même si elle savait que cette dernière n'en aurait très certainement pas vent si elle était amenée à un instant de faiblesse. En réalité, elle ne voulait pas utiliser la distance comme prétexte pour quoi que ce soit de ce genre. Elle préférait continuer à prétendre que sa meilleure amie pouvait réapparaître à tout moment et la pincer avec une clope au bec. Bon, par contre, la solidarité n'allait pas jusqu'à se priver de café, mais ce n'était pas le sujet... « Et ça aurait certainement sauvé d’autres vies » approuvait Tyler alors qu'ils discutaient de la perte de ces organes qui auraient pu être précieux pour des potentiels transplantés. « Le cancer, cette bitch » soupira la blonde en observant, rêveuse, l'un des lobes hépatiques restés intacts derrière le poumon qui les protégeait. Bon, bien sûr, le foie n'était pas le premier organe auquel elle pensait lorsqu'il s'agissait de transplantation... Le cœur, pour sa part, n'était pas le plus accessible sur des cadavres classiques. Petite pensée cependant pour les reins, les cornées, le pancréas, la rate ou l’œsophage. Tant de gâchis pour un cancer... Oui, ce métier avait peut-être rendu Ally un brin cynique, mais elle préférait penser à optimiser les organes pour sauver des vies ou faire de la recherche que de s'apitoyer sur chacun des patients qui passaient la porte de son service avec les pieds en avant. Dans le cas présent, de nombreux patients auraient pu bénéficier des organes si les circonstances y avaient été propices. Ally préférait ne pas regarder le groupe sanguin ou les gènes HLA qui caractérisaient son cadavre, histoire de ne pas enfoncer le couteau de la plaie. Imaginez-vous s'il était, en plus, O négatif... Pouah. Non, non, ne pas y penser. « Ah… » commentait Tyler alors qu'elle était repartie dans un monologue concernant l'âge du monsieur qu'ils autopsiaient. « Au moins c’est bien, parce que tu pleureras moins sur les beaux organes gaspillés. » Elle leva un regard attristé vers lui, visiblement pas convaincue par ses arguments. « Arrête, des organes de vieux, c'est mieux que rien... » Elle fit mine de renifler en reportant son attention sur le cadavre. « Si je meurs un jour, tu pourras dire aux médecins que je donne mes organes. Mais qu'ils essaient même pas de voir le foie, à mon avis il est foutu » ajouta-t-elle d'un sérieux à faire pâlir Sheldon Cooper. Pour le coup, elle était juste tellement concentrée sur son prdinateur qu'elle en oubliait de mettre le ton de plaisanterie qui aurait tout de suite donné un air moins glauque à sa déclaration.

« Ça va les chevilles ? » demanda Tyler alors qu'elle avait fièrement relevé le fait que Tyler soit venu ici pour elle. Il fallait dire qu'à part elle, il ne risquait pas de croiser grand monde aux sous-sols de Saint-John... « Ça va, merci. J'ai pas encore l'âge de faire des varices, tu sais. » S'en suivit un interrogatoire. Ally voulait tout savoir des intentions de son ami. Elle ne l'avait pas vu depuis un an, tout de même ! Et elle devait avouer qu'elle se demandait régulièrement ce qu'il devenait. Leurs conversations s'étaient espacées avec le temps, et la blonde avait l'impression qu'il préférait parfois laisser certains sujets de côté, et elle n'était pas tellement du genre à insister. Si bien qu'il lui restait de nombreuses questions pour lesquelles elle n'avait que des réponses vagues et floues. « Je passais par Saint John pour un mal de crâne et de douleur faciale », lâcha-t-il le plus simplement du monde. Ally arqua un sourcil interrogateur avant de rire, persuadée qu'elle laissait un peu trop son imagination prendre ses aises. « Tu connais les tests classiques pour savoir si on fait un AVC, pourtant. Tu peux le dire que tu voulais juste me voir, hein. » Elle marqua une brève pause avant d'ajouter, en prenant un air effaré : « OU ALORS t'as écouté un album de Taylor Swift ! Je suis sûre que ça provoque ce genre de symptômes. » Affichant à présent une moue dépitée, elle conclut : « je pensais pourtant qu'on était sur la même longueur d'onde... Swift, quoi. Et te défends pas en me disant que c'est Miley Cyrus, hein. Ça rattraperait en aucun cas le crime. » Oui, on ne plaisantait pas avec la musique, et celle qui se faisait encore entendre en arrière-plan pouvait en témoigner. Les quelques CDs qu'elle avait oublié de rendre "par mégarde" à Jagg et Donovan aussi, d'ailleurs. « Je suis juste là pour le reste de la journée et la soirée. Après je repars demain matin à New York », enchaîna l'ancien médecin, qui expliquait sa situation. « Je ne reste pas vraiment à Huntington Beach, mais je m’arrêterai souvent ici pour mon nouveau travail ». Ally eut un pincement au cœur en entendant parler de New York, se remémorant ses quatre années d'études à Columbia, mais faisant également de la côte est une globalité. Boston et NYC lui manquaient, mais sa curiosité et son besoin de revoir ses parents n'étaient pour l'instant toujours pas plus fort que la tétanie qui la paralysait lorsque le sujet apparaissait dans sa caboche. « Mon père a fusionné une entreprise ici et je suis chargé de leur rendre visite assez régulièrement », continuait-il, visiblement tout sauf ravi de l'annonce qu'il venait de lui faire. Ally osait espérer que le problème ne venait pas d'Huntington Beach -elle était à HB, quand même- mais plutôt de ce que tout cela signifiait professionnellement parlant pour Tyler. Et vu ce qu'il racontait maintenant, elle était plutôt convaincue par cette seconde hypothèse, même s'il s'avérait qu'en fait, elle n'en était pas ravie pour autant. Elle détestait cette influence que pouvaient avoir certains parents sur leur progéniture. Son amoureux en avait également été la victime, et elle était à présent aux premières loges pour voir les dégâts que ce genre d'attitudes pouvait laisser derrière elles. « Qu'est-ce qui t'oblige à faire tout ça, Tyler ? » demanda très sérieusement Ally, bien décidée à lui faire savoir le fond de sa pensée. Elle avait relevé son petit minois du poumon atrophié pour regarder son ami. Elle haussa les épaules. « Pourquoi tu te contentes pas de vivre ta vie comme tu l'entends ? » ajouta-t-elle pour accentuer le vrai fond de ces questions. Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ses propres parents, avec qui elle avait coupé tout contact depuis bien trop longtemps. A côté, Ben et Tyler étaient encore en contact avec les leurs, qui, pourtant, étaient aux antipodes des siens... La vie n'avait vraiment pas de logique. Elle préférait penser que les circonstances ne lui avait pas laissé le choix de cette rupture entre elle et eux, qui s'était presque imposée d'elle-même, mais elle savait pertinemment qu'elle était la seule à pouvoir faire bouger les choses. Chacun était seul face à ses décisions, et c'était à présent ce qu'elle essayait de faire comprendre à Tyler. Il ne pouvait pas vivre une vie qu'il n'aimait pas. Il ne demandait pas la lune, pourtant. Il ne cherchait pas à être président ou à percer au cinéma dans une franchise Marvel; non, tout ce qu'il cherchait, c'était à faire ses propres choix. Du moins, c'était ce que percevait Ally... Et cette idée lui faisait mal. Si elle ne le poussait pas à s'imposer face à ses parents, qui le ferait ?

Au bout d'un moment, le sujet de conversation changea du tout au tout. Il le fallait bien, de toute façon. « Il est pas mal le morceau, c’est de quel groupe ? » Ally avait souri en se remettant à danser, comme si elle venait de réaliser que la musique jouait encore. « The Prodigy », dit-elle simplement avant de le taquiner, « J'écoute pas Taylor Swift, moi, mônsieur ! » Elle gloussa comme une débile finie en écartant les tissus qui se séparaient sous son scalpel. C'était à présent à son tour à elle de donner les dernières nouvelles. Elle se rendit compte qu'elle aussi avait gardé pas mal de choses pour elle. Elle résuma le tout très rapidement, assez peu encline à donner des détails et sur le départ de sa meilleure amie, et sur le fait qu'elle était en couple. Ces deux choses étaient pour elles encore toutes neuves, et si la seconde était beaucoup plus agréable que la première, elle n'arrivait pour autant pas réellement à mettre des mots là-dessus. Parce que finalement, malgré ses vingt-neuf ans, c'était la première fois qu'Ally avait à annoncer à quelqu'un qu'elle était en couple.  C'était vraiment censé se faire au détour d'une conversation, ce genre de trucs ? Jagger avait vécu le truc de près, ça n'avait pas été pareil... Il avait suffi qu'elle sourie comme si elle avait un problème d'influx sanguin cérébral et sa brune de meilleure copine avait tout compris. Là, les choses devaient sans doute être annoncées de manière plus traditionnelle, non ?

C'est donc dans une tradition totalement classique qu'Ally annonça à Tyler qu'elle n'écartait plus les jambes que pour son copain. Tyler était à présent celui des deux qui était concentré sur le cadavre, et la blonde lui accordait une confiance aveugle. Elle le regardait de loin, jetant un coup d’œil de temps à autre à la masse tumorale qui apparaissait au milieu des tissus sains. « Surtout j’ai pas eu le temps d’être là… Et ouais. C’est ça l’amour. » Elle sourit bêtement rien qu'à la confirmation de Tyler avant de ressaisir. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Non, Ally Fleming n'était pas niaise. JAMAIS. Plutôt finir en steak saignant pour un zombie. « Désolée pour tes regrets », dit-elle, prenant un air attristé en haussant les épaules, même si elle savait qu'au mieux, il la devinait dans un angle exotique de sa vision. « Enfin.. Je pense que c’est ça l’amour, parce que je ne suis pas trop placé pour dire ça. » Ally reporta brièvement son attention sur la tumeur qui se dévoilait peu à peu sous les coups de pinces de Tyler. « Si j'ai une idée de ce que c'est, ce sera sûrement ton cas aussi » pouffa-t-elle sans réussir à rester sérieuse sur un tel sujet. Oui, les sentiments, ce ne serait jamais réellement son truc. Il n'y avait que pendant une nuit d'orage et avec un Cohen sous substances illicites qu'elle arrivait à laisser tomber ces barrières-là. Pourtant, elle pensait sincèrement ce qu'elle disait à Tyler. Car si on y réfléchissait, qui aurait pensé, ne serait-ce qu'un an en arrière, qu'elle se retrouverait en couple ? Engagée émotionnellement ? Oh, certainement pas elle, soyez-en sûrs. Et elle ne voyait pas pourquoi Tyler n'aurait aucune chance de se retrouver dans la situation dans laquelle elle était actuellement. Et finalement, Tyler, curieux, avait cherché à fouiner et à en savoir plus au sujet de son copain. « Je le connais le gars qui t’a pris le cœur ? » Ally ne put s'empêcher d'être surprise par la tournure qu'avait choisie son ami, même si c'était celle qu'elle avait elle-même utilisée quelques instants auparavant. De la part de quelqu'un d'autre, ça rendait les choses encore plus réelles... c'était étrange. « Je pense pas, c'est un flic... poulet. Policier. » Elle ne quittait pas des yeux la masse tumorale, qui la fascinait. « Peut-être que tu le croiseras, d'ailleurs, il doit venir me prendr-- chercher à la fin de son service. » En réalité, Ally aurait bien aimé qu'ils se rencontrent. Ils se seraient probablement bien entendus. Et elle aimait que les gens qu'elle aime s'entendent bien... Mais...

Putain. La tumeur. Ally en restait médusée. Elle n'arrivait plus à s'imaginer qu'il puisse dégager d'autres zones tumorales. De toute façon, ça ne passerait même plus dans son pot rempli de formol. « Oooooh bordel » avait-il répondu à son hurlement de satisfaction. Il avait la victoire un peu plus calme, quoi. Rapidement, Ally cessa de danser, un brin essoufflée d'ailleurs, et reporta son attention sur la masse blanchâtre. « Oh la vache… Heu j’ai pas retenu la date, mais sûrement pas d’une ou deux semaines ». La blonde haussa les sourcils, songeuse. Deux semaines, à la limite, ça aurait pu passer si la tumeur était réellement agressive... mais en réalité, elle n'avait aucune idée de la nature précise de la bête. « Encore un médecin qui voulait pas faire passer un examen supposé "coûteux et inutile" à son patient, ça. Essaie de tout dégager, de délimiter les bords, qu'on puisse l'avoir en entier. Les biologistes vont s'éclater à tout passer en bio mol, je les plains », se marra-t-elle cruellement. Elle continua à commenter la tumeur quelques instants, fascinée, sans doute de façon malsaine d'ailleurs. « Je suis chanceux de pouvoir l’extraire avec toi en tout cas » la gratifia-t-il. « Oh, bah tu sais, remercie plutôt le patient, hein, » rit-elle macabrement. « En tout cas tu t'es bien débrouillé, t'as pas perdu la main. »

Mais la tumeur, ah, cette tumeur... « Tu m’étonnes ! Ils en ont pas vu une plus grosse que celle-là ? » Ally réfléchit quelques instants, tandis que Tyler finissait de dégageait l'aberration cellulaire. « Vu sa taille, je dirais que si c'était le cas, elle viendrait de ce service, et j'en ai pas eu vent... donc je dirais, pas depuis que je suis là, en tout cas. » Elle ajouta, d'un coup un peu plus respectueuse de son patient : « C'est dommage qu'il ait pas survécu, parce qu'il y a de quoi en faire, des tests diagnostics et thérapeutiques... Tant pis, ça servira seulement à la recherche. »

Mais après cet instant qui avait un petit d'air d'hommage, Ally passa du coq à l'âne. Ou plutôt, du patient à Tyler. Il y avait plein de choses qu'elle ne savait toujours pas. « Tu sais quoi … ? Moi j’y suis retourné... Pour un repas d’affaire, ils voulaient manger dans ce restaurant bien que j’ai voulu proposer le McDo ou un autre restaurant. J’y suis quand même allé… Ils m’ont reconnu et franchement… Je ne sais pas s’ils ont craché sur mon plat », annonça-t-il, dépité. « Ah, putain, désolée pour toi », compatit-elle avec sincérité. Il y avait tellement de bons restaurants à Huntington Beach, ces clients avaient vraiment été bornés... et elle comprenait d'autant plus l'amertume de son ami lorsqu'il parlait de son boulot. « Sinon oui, tout .. Enfin presque tout me manque ici. Mon père compte faire de moi son héritier pour son entreprise alors que je ne veux pas, il essaye surtout de me faire remarier pour avoir un petit-fils à nouveau » annonça-t-il de but en blanc, laissant une Ally ébahie, figée, une main ensanglantée posée sur le pot rempli de formol. « Ty... » commença-t-elle sans plus trop savoir comment lui faire comprendre ce qu'elle pensait de la situation. « ... pourquoi tu te laisses subir ça ? T'es le seul acteur de tes décisions, tu sais, même si ça sonne comme un thème de tatouage ou une situation pinterest. » Et même avec ce qu'il lui dit ensuite, Ally n'arrivait pas à s'ôter tout ça de l'esprit. Elle n'aimait pas être de ceux qui forçait la main des gens, et surtout de ses amis, lorsqu'il s'agissait de prendre une décision... mais il fallait au moins qu'il remette toute cette situation en cause, non ? « Et ouais, tu me manques assez pour que je sois venu te voir, par surprise. Désolé d’être parti sans prévenir. » Pourtant, elle sourit. Il lui avait manqué aussi, mais ça, il pouvait toujours se brosser pour qu'elle le lui dise. « T'as prévenu... après coup, mais t'as prévenu » l'excusa-t-elle, bienveillante, avant d'attraper le pot de formol et de le poser au creux de ses mains arrondies en forme de soucoupe, qu'elle tendit devant elle, en attendant la tumeur comme une offrande.

Les poumons n’avaient même pas l’air d’être endommagé par la cigarette, ce qui surprenait Tyler. Ce patient qui était mort n’était pas un gros fumeur, il était juste un malchanceux, comme lui. Il se demandait quelque part si ce n’était pas comme ça qu’il allait finir, être disséqué par un médecin pour découvrir les origines de sa prochaine mort ou en faire des études. Rien qu’à ces pensées là, Tyler ferma doucement les yeux et essaya de penser à autre chose assez rapidement, ce n’était pas une belle pensée…! Il regarda Ally, il haussa les épaules après avoir essayé d’être optimiste, ce qui n’avait pas vraiment marché. « Arrête, des organes de vieux, c'est mieux que rien... » À ces mots, il montra ses mains, pour lui signaler qu’il n’allait pas plus loin. Parce que lui, il avait opéré des gens qui étaient plutôt jeune, souvent des victimes d’un accident de voiture. Les probabilités n’avaient pas vraiment tort: c’étaient des jeunes alcoolisés qui conduisaient les voitures n’importe comment. « Si je meurs un jour, tu pourras dire aux médecins que je donne mes organes. Mais qu'ils essaient même pas de voir le foie, à mon avis il est foutu » Il regarda Ally un moment. « Tu pourras compter sur moi. » Bien qu’il savait qu’il y avait des papiers pour ça, mais l’administration était un système auquel l’ex-médecin ne faisait jamais confiance. Parce que ça faisait pas mal de conneries et de bordel…

Ty’ avait demandé sur le ton de plaisanterie comment allaient les chevilles d’Ally, celle-ci venait de lui répondre « Ça va, merci. J'ai pas encore l'âge de faire des varices, tu sais. » « Oh, on ne sait jamais. » répliqua-t-il en haussant innocemment les épaules. Puis s’en suivit l’interrogatoire à la Ally, dont l’ancien professeur prit le temps de répondre, le plus simplement au monde. Il finit par sourire, incapable de rester sérieux alors que la blonde fit de même. « Tu connais les tests classiques pour savoir si on fait un AVC, pourtant. Tu peux le dire que tu voulais juste me voir, hein. » Il ouvrit la bouche pour essayer de prendre la parole, mais elle le devança. « OU ALORS t'as écouté un album de Taylor Swift ! Je suis sûre que ça provoque ce genre de symptômes. » « Ah n… » « « je pensais pourtant qu'on était sur la même longueur d'onde... Swift, quoi. Et te défends pas en me disant que c'est Miley Cyrus, hein. Ça rattraperait en aucun cas le crime. » « Mais… Jamais je n’écouterai Swift… » Il se tut et se pinça les lèvres. Il fit un soupir assez rapide. « Sauf si ça passe dans un endroit public ou à la sonnerie du téléphone… … Ok, j’ai mis du Swift comme sonnerie pour ma soeur, façon de ne pas décrocher. Et oui, je plaide coupable, je suis juste venu te voir. » fit-il finalement, prenant cette direction-là. Puis il n’y avait rien de mal à vouloir aller la voir, surtout que ça faisait longtemps qu’ils ne s’étaient plus vraiment vus…! Il lui raconta ensuite ce qu’il faisait ici, à Huntington Beach, il répondait aux questions d’Ally en parlant de New York, de son nouveau travail, de Huntington Beach.. De la fusion des entreprises. « Qu’est-ce qui t’oblige à faire tout ça, Tyler ? » Il fit une petite moue, fronçant les sourcils, croyant sur le coup avoir mal entendu. « Hm ? » « Pourquoi tu te contentes pas de vivre ta vie comme tu l’entends ? » Il resta silencieux et observa le mort. Il fit une moue, il essayait de rassembler tout ses arguments. Quelque part, il ne s’était pas attendu de la part de la jeune blonde. « Parce que j’ai une dette envers mon père et je ne pourrai jamais vraiment le rembourser sauf en faisant ce qu’il attend de moi. » fit-il tout simplement. Il profita de l’ordinateur pour changer subtilement le sujet, ainsi que de demander le groupe, parce qu’il savait qu’Ally adorait la musique et ne plaisantait jamais avec ce sujet-là. Tyler avait fait peut-être une gaffe en avouant qu'il avait mis Swift comme sonnerie pour sa soeur, mais pour lui c’était tellement parfait. Tellement cette musique pouvait l’énerver que ça lui donne envie de raccrocher à son nez sans décrocher. De toute façon, sa soeur ne l’appelait jamais… Elle n’avait jamais fait ça. « The Prodigy. » une pause. « J’écoute pas Taylor Swift, moi, mônsieur ! » « Mais je ne l’écoute pas moi ! C’est vrai en plus ! Je préfère… une autre musique… » Il n’arrivait pas à trouver le nom de l’artiste tellement il en pensait à pleins, il n’arrivait pas à trier toutes ces informations qui lui venait directement à l’esprit ou tout simplement parce qu’Ally allait lui dire sacrilège aussi, hypothèse à ne pas écarter. Il était tout de même tenté de prendre son I-pod et de le connecter à l’ordinateur pour pouvoir prendre les morceaux de Prodigy, parce qu’il aimait bien finalement du peu qu’il en écoutait depuis qu’il était arrivé ici.

Ce fut rapidement le tour d’Ally de lui donner ses nouvelles, elle parlait de certaines choses. Dont sa meilleure amie qui était partie et qui était enfin en couple, elle en parlait brièvement. Ty’ avait remarqué ceci, elle ne se focalisait pas vraiment sur les détails, tout comme l’avait fait lui…! Le plus merveilleux, c’était qu’elle s’était trouvé un copain, elle était en couple, elle lui avait annoncé qu’elle ne se laisserait plus draguer par n’importe qui ce que ce soit. Tyler était focalisé sur ce qu’il faisait avec ses mains, l’odeur qui ne le dérangeait pas vraiment. « Désolée pour tes regrets. » À ces mots, il se mit à sourire. Il haussa les épaules faisant une petite pause de quelques secondes. «  Si j’ai une idée de ce que c’est, ce sera sûrement ton cas aussi. » Ty’ avait bien fait de s’arrêter pendant quelques secondes, avec un grand sourire aux lèvres quand il observait Ally. Il se demandait si quelque part, ce n’était pas un souvenir avec son amoureux qui la faisait rire comme ça ou tout simplement parce qu’elle n’arrivait pas à rester sérieuse à ce sujet. « . Dis-moi, quand ça parle d’amour… » il fit un petit sourire taquin en regardant Ally. « Tu souris pas bêtement en pensant à lui ? Tu ne te sens plus toi même, quelque part t’es un peu partie… Comme si ça te ressemble pas. Ça t’arrives ce genre de chose ? » Parce que c’était ça pour lui la définition de l’amour: on devenait un con attardé en quelques secondes avant de se ressaisir pour retrouver la réalité. « Surtout, si je me base de mon expérience d’ancien marié, la relation ne se base pas seulement sur l’amour, mais aussi sur la confiance. Comme… Si vous vous êtes confiés des secrets. » Il resta un moment idiot avec ce sourire au coin avant de pouffer de rire à son tour, prenant garde à ne pas faire de faux gestes avec les instruments. Alors, il continua pour arrêter de rire comme un lapin-crétin, en posant la question s’il connaissait le copain d’Ally. « Je pense pas, c’est un flic … Poulet. Policier. » « Poulet ? » fit-il en guise de commentaire pendant qu’il ne quittait pas des yeux la tumeur. « Peut-être que tu le croiseras, d’ailleurs, il doit venir me prendr- - chercher à la fin de son service. » « Ah peut-être. Je veux pas déranger non plus. » Tyler ne voulait surtout pas s’imposer, de toute façon il allait sûrement passer la soirée à aller au bar, sûrement au Wildjam sans savoir ce qui l’attendait réellement là-bas.

«Encore un médecin qui voulait pas faire passer un examen supposé "coûteux et inutile" à son patient, ça. Essaie de tout dégager, de délimiter les bords, qu'on puisse l'avoir en entier. Les biologistes vont s'éclater à tout passer en bio mol, je les plains » Ty’ soupira face à la mention du médecin qui voulait économiser. « Ils font chier ces gens-là. Ils commencent à devenir de plus en plus nombreux ces médecins qui refusent de faire des examens sous prétexte que ça ne changera pas grand chose, que ce serait douloureux et.. Ok. À vos ordres chef. » fit-il en guise de réponse face aux instructions de la jeune blonde, bien que dans le fond il savait comment faire. Il avoua d’être bien chanceux de devoir faire cette opération, sur un mort. « Oh, bah tu sais, remercie plutôt le patient, hein. » Tyler fit un petit sourire. « Merci Harry. Et désolé pour ton poumon. » fit-il bêtement. « En tout cas tu t’es bien débrouillé, t’as pas perdu la main. » Et pourtant ça faisait vraiment des années que l’homme des affaires n’avait pas opéré et il prenait ça comme un compliment. « J’ai toujours gardé ces compétences » et il les avait maintenu à sa façon. « Il m’arrivait de faire les premiers gestes de secours quand la situation le demandait, juste avant l’arrivée des ambulanciers. » Il posa ensuite la question, retenant un peu son excitation afin d’éviter de tout bousiller, même si c’était un mort… Il devait le respecter … « Vu sa taille, je dirais que si c'était le cas, elle viendrait de ce service, et j'en ai pas eu vent... donc je dirais, pas depuis que je suis là, en tout cas. » Il haussa les sourcils, signe qu’il était plutôt bien content d’avoir été là. « C'est dommage qu'il ait pas survécu, parce qu'il y a de quoi en faire, des tests diagnostics et thérapeutiques... Tant pis, ça servira seulement à la recherche. » « Après, ça m’aurait pas surpris qu’il n’ait pas survécu, mais… C’est impressionnant comment les médecins ne prennent pas la peine de le surveiller par le biais des examens supposé trop coûteux et inutile. » On pouvait y sentir un peu de la rancoeur là-dedans. Ce qui venait de se passer à une opération qui avait mal tournée, c’était à cause de ces médecins-là…

Elle compatissait à son sort, de ce qui s’était passé durant son retour à ce fameux restaurant où ils s’étaient rencontrés. Ce qui fit légèrement sourire l’ex-médecin qui n’en revenait toujours pas de cette soirée où le serveur l’avait vite connu et ne l’avait pas en bon… Puis il lui répondit brièvement ce qu’il devenait. « Ty … » « Hm ? » il releva un peu la tête, alors qu’il était un peu occupé à tout dégager pour pouvoir prendre la tumeur et la mettre dans le bocal à formol. « … pourquoi tu te laisses subir ça ? T'es le seul acteur de tes décisions, tu sais, même si ça sonne comme un thème de tatouage ou une situation pinterest. » Il se stoppa dans ses gestes et releva le regard vers Ally. Il haussa les épaules, avec un mine montrant à quel point il se sentait perdu et complètement dans la merde. « Parce que je suis coincé Ally. Je n’aurai jamais cessé de me foutre dans des situations merdiques. Mon père m’a juste aidé à m’en sortir, mais à une condition: que je dois faire ce que j’ai toujours refusé. C’était soit ça, soit la prison. Tu aurais choisi quoi ? La semi-liberté ou pas du tout de liberté ? » Il n’avait pas vraiment eu le choix, il était face à un très gros dilemme. « Tout ce que tu as juste à savoir, c’est que moi. J’ai eu un choix à faire et je l'ai pris. J’ai du mal à l’assumer pour l’instant. Puis dans le fond, je le mérite. Avec tout ce que j'ai pu faire depuis ma jeunesse. J'ai qu'enchainé des bêtises. » Surtout avec tout ce qui lui arrivait en ce moment, sa maladie, Liam Meyers qui lui en faisait voir de toutes les couleurs… Il avait toujours rêvé, secrètement de revenir à Huntington Beach malgré le fait que Neela et Lorelai y étaient. De toute façon, ses ennemis étaient partout. « T’as prévenu … Après coup, mais t’as prévenu » Il sourit tristement après ce qu’elle venait de dire. Malgré la musique de Prodigy. Elle prit le pot et le tendit comme si elle était prête à recevoir la tumeur. « Attention… » Tyler se prépara et prit la belle tumeur. « Putaain, elle est énorme… On dirait trop une offrande.» Fit-il tout émerveillé alors qu’il la soulevait pour la mettre dans le bocal. Il était vraiment content, son expression avait vite changé et on y voyait vraiment la passion. Quand il observait la tumeur flotter dans le formol, il pensait à son passé de médecin. À ce qu’il avait vraiment pu faire pour garder la main…