Sophia & Adam

Un petit vent frais força Sophia à resserrer les pans de sa veste en cuir sur son décolleté. Les températures en Californie étaient aussi douces qu’elles l’avaient été durant son séjour au Sénégal, mais le vent, à la tombée de la nuit, suffisait à la faire frissonner. Arrivée la veille, elle avait été accueillie par une Emily en colère et distante. Une dispute avait éclaté où elle avait eu le droit à ses quatre vérités. Qu’elle ait eu besoin de partir brusquement n’était pas ce qui avait gêné son amie. Non, ce qu’elle n’avait vraiment pas apprécié était qu’elle ait jugé bon de le faire en ne prenant même pas la peine de la prévenir. C’était un abandon pur et simple et, même si la photographe ne voulait pas le voir ainsi, elle en était consciente. La jeune chef lui avait rappelé une vérité blessante et cela ne rendait que plus difficile ce qu’elle avait à faire ce soir. Figée devant la porte d’entrée de la villa d’Adam, elle n’arrivait pas à trouver le courage d’appuyer sur la sonnette. Un nouvel épisode de son passé vint s’imposer à elle. La belle se revu entrain d’embrasser langoureusement l’avocat en gloussant comme une idiote amoureuse pendant qu’il tentait d’ouvrir la porte. Ils ne pouvaient pas se détacher l’un de l’autre et il lui fallut un temps fou avant de réussir à avoir assez de concentration pour déverrouiller cette fichu serrure. A peine eut-il réussi qu’il la souleva et l’emporta à l’intérieur, claquant la porte d’un simple coup de pied.

Sophia soupira alors qu’elle revenait au présent. Tous ces souvenirs la tétanisait parce qu’ils renforçaient sa peur que tout ce bonheur se soit envolé en même temps qu’elle ce vingt décembre. Ce bonheur n’avait pourtant pas été facile à obtenir. Durant des années la belle s’était forgée des défenses que nul n’avait pu franchir et avait enchainé relation sur relation sans jamais réellement aimer quelqu’un. Apprendre que son père ne voulait toujours pas d’elle-même après dix-sept ans l’avait rendue vulnérable et elle s’était ouverte à cet autre être blessé. Lui avait encore toute sa forteresse bien présente autour de son cœur et elle avait dû s’y attaquer à coup de burin pour réussir à se faire une place dans son cœur. Un creux existait chez chacun d’eux, un trou béant laissé par ceux qui les avaient abandonnés des années plus tôt. Léchant leurs plaies ensemble ils avaient réussis à se lover dans ce vide qu’ils camouflaient au fond d’eux et ils s’étaient aimés sans retenue. La photographe lui avait promis qu’elle serait toujours là pour lui et que jamais elle ne le laisserait seul et pourtant elle avait rompu sa promesse. Ne se sentant pas d’expliquer les raisons de son départ, elle l’avait abandonné sans plus d’explication et elle espérait maintenant reprendre leur histoire là où ils l’avaient laissé. Loin d’être naïve, elle savait qu’après cette soirée tous ses espoirs de le retrouver seraient sûrement anéantis. Il fallait pourtant qu’elle essaye.

Rassemblant son courage, elle leva son bras et appuya enfin sur cette maudite sonnette. Habillée d’un jean slim, un petit haut noir qui mettait en valeur sa poitrine et une veste de cuir elle n’avait pas cherché à apparaitre dans une tenue à tomber. Ce soir elle savait que ce n’était pas en le séduisant qu’elle pourrait le retrouver, mais en étant honnête. Jusqu’à quel point pouvait-elle se permettre de l’être ? C’était une question à laquelle elle espérait trouver la réponse une fois face à lui.