Sortir un peu et prendre l'air plutôt que de rester dans ce bureau que je trouve de plus en plus oppressant de jour en jour et puis c'est aussi un prétexte pour moi de sortir de chez mes parents, peut-être que je devrai trouver un appartement et partir de chez eux, c'est sûrement ce que me conseillerai Saskia ou Beth, mais est ce que j'étais prêt à faire ce pas en avant ? C'est même pas sûr, mais dans l'état actuel des choses je n'allais pas traîner à filer du domicile familial et fissa, si je n'arrive à pas devenir ce que je veux c'est qu'au fond je reste attaché à un modèle qui ne correspond plus à ce que je veux, à ce que je veux être et à ce que je veux faire, alors oui il allait peut-être falloir que je me mette à chercher un nouveau chez moi, je pense que je n'aurai pas trop de mal à chercher un petit appartement, après tout je ne demande pas le luxe, mais juste un endroit où je peux être libre et indépendant et pas ce rat de bibliothèque dont tout le monde se fout à part quelques exceptions bien entendu. Alors ouai pourquoi pas ne pas partir de chez moi pour autre part, bon pas partir de Huntington Beach ça bien entendu j'ai beaucoup trop de personnes et de choses qui me rattachent à cette ville, mais au moins partir de chez mes parents. Mais en attendant de trouver quelque chose, ou tout simplement réussir à me convaincre à l'idée de partir je dois trouver quelques échappatoires pour passer le moins de temps possible dans cette maison qui a beaucoup moins d'intérêt depuis que Saskia, ma grande sœur de coeur n'est plus ma voisine. Et le plus souvent, je prends un bon bouquin et je vais m'installer tranquillement dans le parc pour bouquiner, c'est ce qui est pratique quand on habite en Californie, c'est qu'il fait beau tout le temps et on peut sortir toute l'année, parce que je suis pas encore rendu au point de sortir dans les bars pour passer mon temps, j'ai mes limites dans l'émancipation et l'amusement, je préfère toujours la compagnie de mes livres que celle des gens, j'ai beaucoup de mal à aller vers les gens c'est bien connu, c'est pour ça que je reste dans mon coin à lire, je trouve ça beaucoup plus facile, mais qui sait un jour je saurai peut être aborder quelqu'un que je ne connais pas sans rougir et sans bafouiller.

Si il y a une chose que les gens ne savent pas forcément sur moi, c'est que je suis une vraie marmotte. J'imagine que tout le monde pense que je suis toujours levé à l'aube, dès six heures du matin à lire où à essayer d'apprendre le Code Pénal par coeur ou à refaire tout les exercices de l'année dernière et des années à venir. Mais non, aussi passionné par mon travail que je suis, j'aime glander le matin, à ne rien faire, je ne suis pas mes parents, eux ils sont déjà sur leurs algorithmes et leurs expériences depuis bien des heures, l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt qu'ils disent, personnellement je veux bien prendre le risque de rater deux trois choses et profiter de mon lit et de mes couvertures quelques heures de plus. Onze heures, c'est là que je me dis que je peux pas pousser plus longtemps, dans quelques instants j'allai recevoir un coup de fil de monsieur Jake Enix pour savoir si je suis levé et si je bosse, et il a comme une faculté pour savoir si je suis levé depuis longtemps, c'est Big Brother mon père, hélas. Et ça ne manque pas, à peine mon thé versé dans ma tasse que le téléphone de la maison sonne, et comme d'habitude je dois inventer un compte rendu de ma matinée, de dire Ô combien elle a été studieuse et que je ne fais que bosser. Une fois cette torture passée je lançais le téléphone sur le canapé en soupirant « pff ça commence bien, il est temps que tu prennes ton envol mon petit Enix… et vite. » dis-je en m'installant sur le canapé avec mon thé à la main, bien décidé à rester planter devant la télé jusqu'à ce que je m'ennuie. Ça fait longtemps que j'ai pas fais ça, me poser et juste zapper pendant une bonne heure, à regarder à peu près tout ce qu'il se passait à la télévision, magnifique télévision qui ne sert habituellement que pour regarder les informations, ouai on est des drôles chez les Enix c'est un truc de fous.

Et puis comme prévu, rester comme çà immobile à regarder la télévision fini par me saouler alors je décide de sortir, oui je sors ça aussi c'est quelque chose d'impressionnant, je suis sûr qu'à l'heure actuelle je vous étonne beaucoup. Parfois mes parents rentrent pour manger et actuellement je n'ai pas vraiment envie de leur tenir la conversation alors je file rapidement m'habiller, je prends un vieux bouquin et je sors de chez moi en quatrième vitesse en espérant ne pas croiser ni Jake, ni Erika sur le chemin. Mais non tout se fait sans embûche, je parviens au petit snack que je cherchais sans me faire chopper par eux. Je mange sur le pouce comme d'habitude, mais profite à fond de ce moment de liberté, seul certes mais libre tout de même, j'hésite à envoyer un SMS à Saskia pour qu'elle me rejoigne mais je me doute qu'elle doit être occupée alors je me ravise. Je reste le plus longtemps possible, puis je prend le chemin du parc, ce parc où j'ai l'habitude d'aller lire tranquillement quand je veux un peu sortir du cadre étouffant de la maison. Assis sur un banc je profitais du moment comme je ne le faisais pas assez, le vent dans mes cheveux, la douce lueur du soleil et un bon bouquin, rien de mieux pour passer un bon après-midi. Pour le livre, j'ai fais classique, Les Aventures de Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll. Depuis que je suis tout petit, ce livre fait partie de mes lectures préférées, elle m'aide à m'évader de temps en temps quand le poids du travail se fait trop lourd.

Je ne sais pas combien de temps çà faisait, mais toujours est-il que, toujours plongé dans ma lecture je sentis comme une présence près de moi, mais je ne m'en formalisais pas pour autant, je restais les yeux rivés sur ma page. C'est une voix qui me tira de mes pensées, la voix d'une petite fille. Je dois avouer qu'au départ ça m'a légèrement agacé, j'aime qu'on me laisse tranquille quand je lis. Mais cette jeune fille avait l'air tout à fait adorable et je sais qu'elle ne voulait pas me déranger, juste discuter, d'ailleurs elle fait preuve d'un courage dont je ne dispose pas, parler à un inconnu comme ça, jamais je ne serai capable de ça, j'ai donc posé mon livre à côté de moi et j'ai souris à la jeune fille. « Mon livre ? Ça parle d'une fille qui s'appelle Alice et qui tombe dans un terrier et qui arrive dans un pays qui s'appelle le Pays des Merveilles. C'est une très belle histoire, je devais avoir ton âge quand on m'a offert ce bouquin. » Je pourrais parler des heures de Lewis Carroll et de son livre tellement je suis passionné par cette œuvre. La jeune fille finit par s'asseoir à côté de moi et encore une fois j'étais impressionné par son audace. Visiblement elle aime parler parce que dans les minutes suivantes elle m'assaillis de questions, et encore ce qui aurait du m'agacer me fis plutôt sourire. « Je m'appelle Matt et toi ? Et non je ne suis pas avec mes parents, ils travaillent là, ils travaillent tout le temps... » Comme moi, mais encore plus que moi si c'est possible. Elle me montre son père au loin, à qui je souris à mon tour, visiblement elle a l'air de tenir beaucoup à lui. Puis elle me parle de personnes que je connais pas du tout, mais je l'écoute néanmoins. « Et ben ils vont peut-être arriver plus tard, il est encore tôt. Et je viens là pour pas grand-chose en fait, juste pour lire et me détendre au plein air et oui j'aime plutôt venir ici. Et toi tu viens souvent par ici ? » Je me surprends à apprécier à parler à cette jeune fille qui semble assez éveillée pour son âge, on sent une soif de découvrir chez elle. « Jamie, Louis et Kira sont tes amis ? C'est cool d'avoir beaucoup d'amis, vraiment très cool, prends en soin surtout. » dis-je en souriant, pensant que moi j'avais pas été foutu de me faire plus de cinq amis dans ma vie, mais bon je n'allais pas embêter la jeune fille avec çà. « j'ai 23 ans, je suis un vieux monsieur déjà » dis-je en rigolant « et toi ? Non je n'ai pas de frère ni de sœur, enfin j'ai une amie qui est comme une sœur mais c'est tout. » Je sais pas comment çà aurait été si les Enix avait eu un autre enfant, je suis pas sur que le scénario aurait été très joyeux. « Tu vas à l'école non ? Ça se passe bien là-bas ? » lui demandais-je en souriant toujours, incapable de ne pas parler de travail. « Mais tu sais faut pas trop travailler, hein il faut s'amuser et passer du temps avec ses amis c'est très important, vraiment très important. » Je jetais un regard à son père une nouvelle fois, puis je reportais mon attention sur la jeune fille. « Il fait quoi dans la vie ton papa ? Tu as des frères et sœurs d'ailleurs ? » A mon tour d'être curieux, car même si ce n'est pas à mon habitude, moi aussi je peut-être très très bavard, quelque chose me dit que nous n'avons pas fini notre conversation.