Une musique rythmée se faisait entendre dans l’appartement de la jeune femme, l’eau de la douche coulait abondamment tandis que la jolie blonde retirait sa tenue de travail. Balançant le tablier, la jupe et le chemisier aux couleurs du routier pour lequel elle travaillait depuis quelques mois. A chaque fois qu’elle terminait son service Arizona avait besoin d’une bonne douche pour évacuer l’odeur des frites et autres graisses que proposaient le restaurant. Passant sous la douche, la jeune femme se mit à chanter, quelque chose de simple et qui devait avoir lieu dans beaucoup de foyer cependant Arizona ne chantait pas depuis des années, elle n’écoutait pas des musiques rythmées et était plutôt du genre silencieuse. Arizona se sentait bien, c’était un sentiment qu’elle redécouvrait. C’était plaisant, agréable et ça la motivait. Cela faisait tellement d’années qu’elle était hanté, qu’elle se sentait blessé au plus profond d’elle, qu’elle laissait le temps passer dans l’espoir qu’un jour son fils lui soit rendu ou que la mort vienne l’enlever de cette vie si dur avec elle. Arizona était dans une tristesse sans fin, elle portait un poids sur ses épaules et vivait tout ceci comme une peine d’emprisonnement à vie. C’était son fardeau. Comment continuer, comment se battre, comment construire sans son fils à ses côtés ? Huntington Beach était un nouveau départ, et ce n’était pas rien de le dire. Elle redécouvrait des choses simples, les rayons du soleil sur sa peau blanchâtre, les rires des enfants dans un parc municipal, une conversation banale avec le boucher du coin de la rue, se rendre au travail, faire des rencontres, se découvrir une amitié forte ou bien encore laisser un garçon faire des compliments… Arizona n’était plus seule à présent, elle avait une meilleure amie sur qui elle pouvait compter, elle n’en avait jamais eu et n’aurait jamais pensé cela possible. Avec Callie tout était tellement simple, elles se comprenaient et pouvaient se parler de tout sans aucune gêne ni complexe. C’est ainsi qu’Arizona s’était confié sur sa vie, le décès de ses parents, son mariage rapide avec un Kennedy, la violence de ce dernier, le sentiment de n’être plus rien, le sentiment d’infériorité en elle qui avait grandi puis cette grossesse non désirée qui finalement lui avait sauvé la vie ou presque puis qu’aujourd’hui elle n’avait plus le droit d’approcher son fils, son ex-mari était puissant à New-York, elle n’était rien, il avait tout obtenu tandis qu’elle avait perdu son petit garçon au point de ne plus avoir le droit de l’approcher. Ça lui avait fait du bien, elle n’en parlait jamais et avait compris à quel point l’amitié était une chose précieuse. Au fil des mois la relation des deux jeunes femmes avaient vite évolué, aujourd’hui Arizona qui n’avait jamais confiance en personne, qui était du genre timide avait une meilleure amie, une sœur de cœur. Une grande première !

Arizona avait échangé quelques sms avec sa meilleure amie avant de prendre son vélo en direction de l’appartement de Callie. Elle avait quelques heures devant elle avant la reprise pour le service du soir. Elle attacha son vélo avant de se rendre devant l’appartement de la jeune femme. Elle frappa, observant le couloir alors qu’elle entendait une autre porte s’ouvrir, elle salua une jeune femme qui passa avant que la porte de Callie ne s’ouvre à son tour. « Salut ma belle, tu vas bien ? » Elle lui fit la bise avant de rentrer à l’intérieur tandis que son amie refermait la porte derrière elle. « Je vais devenir une pro du vélo, à la fin de l’année j’aurais des mollets en bétons ! » Elle sourit, amusée, depuis son arrivé en ville elle utilisait uniquement le vélo, elle n’avait pas les moyens de s’acheter une voiture et par chance les jours de pluie étaient rares.

Pas l’envie de travailler, pas l’envie de sortir non plus, Callie était encore en pyjama, avachit telle une baleine échouée sur son canapé, gameboy en main toujours à tenter de battre Bowser sur Super Mario Land quand une petite sonnerie retentit, l’obligeant à marquer une pause. Elle attrapa son téléphone, d’abord en soupirant pour qui osait la déranger puis avec sourire quand elle lue le nom du destinataire. C’est donc après ces quelques messages échangés et une sauvegarde rapide de son jeu qu’elle se hâta sous la douche, elle n’avait que quelques minutes pour la prendre car elle savait qu’une fois le dernier sms envoyé, Arizona serait déjà en route vers son appartement. Une chance que Callie n’était pas du genre à s’éterniser sous l’eau, c’est donc moins de dix minutes plus tard qu’elle sortit de la salle de bain, enroulée d’une simple serviette, prenant la direction de sa chambre pour enfilée une tenue beaucoup plus présentable que son simple pyjama.
Elle était en train de se sécher les cheveux quand on toqua à la porte. « Damn Arizona, tu es de plus en plus rapide. » se dit-elle pour elle-même avant d’attacher grossièrement ses cheveux. Elle se dirigea rapidement vers la porte pour ouvrir à son amie qui se tenait juste derrière, la brune lui fit de la place pour qu’elle puisse entrer. « Hey salut, ça va plutôt bien et toi ? » lui répondit-elle avec un sourire. « Comme d’habitude, fais comme chez toi. » ajouta Callie avant de fermer la porte une fois que la blonde fût dans son appartement. La jeune femme rigola à la remarque que Arizona venait de faire « Ça explique donc pourquoi tu es arrivée si vite. Bientôt tu seras devant ma porte avant que j’ai eu le temps de poser mon téléphone. ».

Sa rencontre avec Arizona avait été un pur hasard et si on demandait aujourd’hui à Callie comment les deux femmes s’étaient rencontrées, elle hausserait tout simplement les épaules sans savoir quoi répondre. Arizona était apparu soudainement dans sa vie au moment où elle avait eu le plus besoin de quelqu’un à ses côtés. Elles n’avaient pas beaucoup de chose en commun si ce n’était ce besoin de parler, de faire confiance à quelqu’un et dans des heures un peu plus sombres elles s’étaient trouvées et ne s’étaient plus quittées. Callie avait enfin pu se confier à quelqu’un sur sa relation avec Harper, sur ce secret qui parfois l’étouffait et dont elle se refusait de parler avec sa petite amie pour ne pas la blesser. Elle avait promis de lui donner tout le temps qu’il lui faudrait et elle respecterait sa promesse jusqu’au bout mais elle était enfin heureuse d’avoir une personne de confiance à ses côtés, une personne qu’elle considérait souvent comme bien plus qu’une meilleure amie. Arizona était l’une des rares personnes, si ce n’était la seule, à tout savoir de sa vie, qui la comprenait et la soutenait. Si Callie avait des doutes, c’est vers elle que la brune se tournait pour un conseil. « Alors, que racontes-tu de beau ? » lui demanda-t-elle alors.

« Ça va bien. » Répondit-elle en affichant un large sourire. Elle était en pause et pouvait retrouver sa meilleure amie, franchement que demander de plus ? Pas mal de chose mais ça c’était un autre sujet ! « Je crois que je peux m’inscrire à une course… on sait jamais je peux devenir une vraie pro ! » Arizona prenait tout ceci à la plaisanterie, ça lui faisait du bien et avec Callie c’était toujours simple de le faire, elle était du genre à profiter de la vie dans le bon sens du terme. La jolie blonde se posa dans le canapé, elle était fatiguée, pas essoufflé mais fatiguée, ça s’améliorer. « Oh pas mal de choses ! J’ai eu le droit à une claque aux fesses par le client le plus pervers au monde ce matin, ce midi le ketchup a terminé sur ma chemise et un client n’a pas payé donc ça sera déduit de mon salaire. » Elle afficha un faux grand sourire « Une vie pleine de rebondissement ! » Elle lâcha un rire, il fallait mieux le prendre ainsi même si sur le moment ça ne l’avait pas du tout amusé. Arizona se souvenait que lors de ses premiers services elle rentrait en pleure, ne supportant pas les mains dégueulasses du pervers qui la prenait pour une fille facile, n’appréciant pas plus que cela d’être sale et surtout de sentir la friture et évidemment se voir retirer de l’argent à cause de la malhonnêteté de certains ça n’aidait pas non plus surtout vu son salaire et ses galères quotidienne. « J’ai quand même quelque chose qui sort du lot » Elle haussa légèrement les épaules, laissant volontairement le doute planer sur Callie, d’ailleurs elle changea même de sujet. « Ne parlons pas que de moi ! » Callie n’avait pas non plus la vie simple au quotidien, la femme qu’elle aimait, cachait leur relation aux yeux de tous. « Comment ça va ? Du changement du côté de Harper ? » elle grimaça quelque peu, sachant bien que l’évolution ne viendrait pas maintenant, la situation était difficile et Arizona comprenait parfaitement pourquoi la petite amie de Callie faisait tout ceci, cependant Arizona était dans le clan de sa meilleure amie et de fait elle n’appréciait pas trop de la voir vivre caché juste par amour. Evidemment Arizona était plus mal placé, elle n’était pas lesbienne, et ne se rendait pas compte du poids que ça pouvait être pour certain d’avoir cette soit disant étiquette. Le regard des autres était une chose difficile au quotidien. De plus la situation de Harper était compliquée, mais Arizona pensait que ce n’était pas une raison pour cacher cette relation, au contraire c’était des si bonnes nouvelles que le frère de cette dernière ne pouvait qu’être heureux ! Parfois Arizona avait peur pour sa meilleure amie, peur que sa petite amie se moque d’elle ou lui fasse un mauvais coup, la quitter du jour au lendemain ou ne soit pas si prête que ça à vivre avec une femme. Arizona voulait le meilleur pour la jeune femme, c’était quelqu’un de bien !

“Oh! Si tu t’inscris à une course de vélo, je veux être prévenue immédiatement, c’est un ordre. Je veux absolument être en pom pom girl au niveau de la ligne d’arrivée.” Un sourire moqueur s’afficha sur le visage de la jeune femme, le pire dans cette histoire était surement le fait qu’elle était capable de le faire. La gêne? Non, elle ne connaissait pas.
Arizona lui raconta alors sa journée, dans les brefs détails et les aspects les plus négatifs de celle-ci, Callie serra un instant son poing, elle ne comprenait pas que sa meilleure amie puisse accepter de travailler dans des conditions pareilles, elle ne comprenait même pas comment elle pouvait encore travailler là-bas d’ailleurs. La brune savait qu’elle avait besoin de ce boulot pour vivre et ça expliquait surement pourquoi elle gardait son calme dans les situations qu’elle vivait certains jours, si ce n’était tout les jours, là où Callie aurait surement casser le bras du type qui oserait poser sa main sur son postérieur. “Faudra que tu m’expliques vraiment ce qui te pousses à rester bosser là-bas vraiment. Ce ne sont pas les restaurants et autres bars qui manquent ici, tu pourrais trouver un boulot bien mieux.” Arizona avait déjà perdu beaucoup, elle n’avait pas besoin de perdre sa dignité en plus.

Callie alla s’installer en tailleur sur le canapé au côté de son amie et tourna la tête vers elle, un air suspicieux dans le regard et lui répondit alors “Je veux tout savoir. Tout de suite.” avant d’abandonner son air sérieux pour rire. Mais pour la réponse, elle pouvait se brosser et elle allait d’ailleurs devoir attendre puisque Arizona décida de la faire languir en changeant de sujet en dérivant sur Harper et leur situation actuelle. “Je vais plutôt bien. Je vois que Madame commence directement par les sujets sensibles.” Sensible était un mot un peu fort pour parler de sa relation avec Harper, mais la brune savait que sa meilleure amie ne voulait que son bien et son bonheur, elle l’avait aidé à remonter la pente quelques années plus tôt et elle avait depuis toujours eu ce petit côté protecteur. “Harper attend toujours la sortie de son frère pour lui dire et donc le dire à tout le monde. Bref, c’est toujours au point mort.” Pour quelqu’un d'extérieur à leur relation, ça pouvait paraître un choix étrange, celui d’attendre et de vivre caché quand on avait vécu bien avant ses relations ouvertement, mais l’amour ne s’expliquait pas vraiment, c’était un sentiment étrange et si les gens savaient ce que Callie ressentait pour sa petite amie alors ils pouvaient certainement comprendre qu’on peut accepter de faire des concessions quand on est avec une personne que l’on a pas envie de voir partir. Ce qui était le cas présent, pour la brune, Harper était l’amour de sa vie, ça pouvait paraître niais dit comme ça, mais c’était ce qu’elle ressentait.

“Bien maintenant que tu sais que ma relation n’avance toujours pas, dit moi ce qui sort du lot.” Arizona n’allait pas s’en sortir comme ça, si Callie devait la retenir toute la journée pour avoir des réponses, elle le ferait. Elles se disaient tout et il était hors de question que la blonde la fasse attendre plus longtemps.

Le rire de la jeune femme rejoignit le sourire moqueur de sa meilleure amie, Arizona imaginait cette dernière en ligne d’arrivée, agitant deux pompom et criant son prénom. Finalement elle allait devoir réfléchir à une future inscription à une course, juste pour le plaisir de voir son amie ainsi. Par contre par sûr qu’elle en sorte gagnante, elle ne ferait jamais le point face aux mordu de cyclisme, elle utilisait son vélo comme moyen de locomotion. La jeune femme s’en servait surtout pour se rendre à son travail qui se trouvait à la sortie de la ville, généralement elle n’avait pas vraiment besoin du vélo vivant dans le centre elle pouvait accéder à pied aux divers commerces. En parlant du travail, Callie remettait sur le tapis une conversation qu’elles avaient déjà eue mais comme toute amie qui se respecte elle avait du mal à comprendre pourquoi Arizona travaillait toujours dans ce routier. « Tu sais qu’il faut un diplôme pour être serveuse ? Et ceux qui s’en moquent veulent des petites jeunes ou bien alors des vieilles strictes… je ne rentre dans aucune case. » Elle haussa les épaules, c’était un peu exagéré mais non loin de la vérité. Les lieux branchés, en vogue cherchaient surtout des jeunes, d’autres voulaient absolument une personne sortant des meilleures écoles hôtelières. « Jo n’est pas contre les heures supplémentaires non déclaré et payer cash… j’en aie besoin ! » Ce n’était pas légal mais grâce à ce système Arizona pouvait cumuler plus d’heures, empocher plus d’argent et se permettre de vivre au sein de cette ville qui restait une ville pour riche, ce qu’elle n’était pas. « J’adore te faire languir ! » elle rit, se moquant de son amie. Elle reprit son sérieux lorsque le sujet Harper vint sur le tapis, la jeune femme observa Callie voulant être certaine que ça allait pour la brune, ça irait le jour où le secret n’en serait plus un mais elle savait combien l’amour de Callie pour Harper était important. C’était ce qui la faisait tenir, pour le moment. « hmm… je vois. » elle posa sa main sur celle de sa meilleure amie, signe de réconfort. « Tu n’as jamais pensé à aller voir son frère ? » elle grimaça « elle serait sûrement en colère mais imagine il réagit bien ? C’est tout benef’ » C’était risqué mais après tout, si Harper n’était pas capable de le faire pourquoi ne pas laisser quelqu’un d’autre sans charger ?

Arizona sourit, sa meilleure amie n’avait pas oublié ce qu’elle lui avait laissé sous-entendre plus tôt. « Bien » la jeune femme glissa ses mains dans cheveux, les passants derrière ses oreilles « j’ai revu un homme… une vieille connaissance. » elle marqua une pause, ne pouvant contenir un petit sourire aux coins des lèvres « disons que j’étais amoureuse de lui étant jeune… mais il n’y a rien eu. » elle sourit, se rappelant la gamine timide qu’elle était. « Il est venu au restaurant et… c’est étrange mais ça m’a fait quelque chose, et depuis je ne fais que penser à lui. » elle marqua une nouvelle pause, laissant sa tête tomber sur le dossier du canapé « Je ne sais pas pourquoi, je ne comprends pas… enfin si il est… il a toujours eu une place importante dans mon cœur, je… j’aurais aimé que ce soit lui en fait. » Son sourire quitta doucement son visage, tout aurait été plus simple si elle avait osé lui dire, si à l’époque elle aurait fait le premier pas vers Marek, peut-être qu’ils seraient ensembles, peut-être que leur vie serait parfaite et qu’elle n’aurait jamais eu à connaître tant de douleurs. Mais avec des si on ne pouvait pas refaire le monde, la vie n’avait pas été ainsi, Marek avait vécu sa vie, ils s’étaient perdu de vue.

Le sujet du travail de sa meilleure amie était évidemment sérieux, Callie espérait vraiment qu’un jour elle lui annonce qu’elle avait trouvé quelque chose d’autre, quelque chose de bien mieux qui la rendait un peu plus heureuse, mais elle ne pu s’empêcher de rire avant de sortir une de ses habituelles petites vannes. “Tu ne rentres dans aucune case… pour le moment. Encore dix ans et tu pourras faire la vieille stricte.” Elle s’éloigna un peu de Arizona par simple peur de se prendre un coup. “Enfin bon cela dit c’est complètement stupide. Avec ce que tu subis, tu devrais avoir le droit de trouver une place n’importe où sans qu’on te demande quoique ce soit.” Mais comme la blonde lui dit juste après, c’était avant tout une question d’argent, ce que Callie comprenait parfaitement. Huntington n’était pas une ville où n’importe qui pouvait se permettre de vivre. “C’est un point valide. Même si ce n’est pas le meilleur.”
Décidant de la faire languir et le montrant bien en se moquant d’elle, Callie lui répondit par une petite grimace “Horrible personne que tu es.” Elle rigola un instant avant de redevenir sérieuse. Elle venait d’expliquer brièvement la situation, à vrai dire il n’y avait pas grand chose à dire dessus tant que leur relation resterait cachée aux yeux de tous. Arizona lui proposa alors de faire bouger les choses en allant voir directement Devon et la brune la regarda un instant faussement horrifiée. “Arizona, je t’adore vraiment tu sais mais je crois que c’est la pire idée que tu n’as jamais eu.” Allez voir le frère de Harper pour lui dire la vérité était la pire chose que Callie pouvait faire, c’était, non seulement, trahir la confiance que sa petite amie avait pour elle mais aussi briser toutes les promesses qu’elle lui avait faites. “Je peux pas faire ça. Bon d’accord, au moins Devon serait au courant une bonne fois pour toute mais je perd Harper au passage. Le choix est vite fait.” La jeune femme regarda alors son amie avec un petit sourire en coin. “Oooh j’ai compris. Tu veux que Harper me quitte parce que tu es secrètement amoureuse de moi. Désolé Arizona, mais toi et moi c’est pas possible même si tes mollets récemment musclés par le vélo sont incroyablement sexy.” Elle s’écarta une nouvelle fois tout en riant, à force de perdre son sérieux à chaque fois, elle allait vraiment finir par se prendre un coup.

Après le sujet sur sa petite amie, Arizona décida enfin de lui révéler ce qui sortait du lot. Callie s’assit correctement sur le canapé, prête à écouter. Son amie lui raconta alors qu’elle avait croisé une vieille connaissance, un ancien amour et vu le sourire qu’elle affichait, elle ne pouvait pas douter une seule seconde de la véracité de ses propos. Sur la fin, Arizona perdit son sourire et Callie ne pouvait pas lui en vouloir, ce qu’elle avait vécu elle ne le souhaitait à personne. Mais il était inutile de retourner le couteau dans la plaie en abordant le sujet de son ex-mari, elle rebondit donc sur le sujet de cet homme mystérieux. “Okay. Je veux tout savoir sur lui. Du genre qu’est-ce qui fait que tu as encore des étoiles qui brillent dans tes yeux quand tu parles de lui.” Callie afficha alors un grand sourire de gamine curieuse.

La bouche grande ouverte, l’air choquée, elle tenta de mettre une claque sur l’épaule de sa meilleure amie qui s’était déjà éloignée d’elle « Tu as de la chance ! » lui dit-elle tout en la menaçant du doigt. Arizona haussa les épaules, oui c’était stupide mais c’était ainsi, pour le moment. La jeune femme n’avait jamais postulé ailleurs depuis qu’elle était devenue serveuse chez Jo, elle aurait dû continuer à chercher au cas où mais elle n’était pas malheureuse là-bas, il y avait sûrement pire ailleurs. Arizona rêvait d’autre, de calme et de temps pour écrire son livre qu’elle avait mis de côté depuis son arrivée en ville. C’était son rêve depuis sa plus tendre enfance, devenir écrivain. « Je ne suis pas la seule sur le marché de l’emploi. » Elle n’était pas la seule à avoir besoin d’argent, vivre ici était un véritable luxe que les habitants richissimes ne connaissait pas, tout était si simple pour eux, tandis qu’elle faisait partie de la population dites modestes, voir pauvre. Son appartement était assez vétuste, mais elle avait au moins la chance d’avoir sa chambre dans une vraie chambre et non dans le salon. Grâce à son emploi elle pouvait rester ici, si elle n’avait pas eu ce poste de serveuse peut-être aurait-elle du partir, sortir du comté d’Orange et trouver un endroit moins luxueux.

« Merci… je fais une piètre meilleure amie. » elle fit une petite mine boudeuse, avant de sourire ne se prenant pas au sérieux. Son conseil n’était sûrement pas le meilleur mais il fallait faire bouger les choses, cette situation était presque inacceptable. « On ne peut pas prévoir sa réaction… mais vu ce que tu m’as dit, elle semble être une vraie louve protégeant son petit… enfin son frère. Elle pourrait mal le prendre en effet… se sentir trahie. » La jeune femme souffla légèrement, n’ayant finalement pas de solution face à cette situation ce qui l’embêter pour Callie, combien de temps pourrait-elle encore tenir ? « Je vois que tu as compris mon petit jeu… ça fait des mois que je fais tout pour que tu me remarque, j’ai tout misé sur mes mollets mais je vois que ça ne suffit pas. » Arizona tenta de rester sérieuse mais échoua très vite en éclatant de rire, Callie était une belle femme mais la blonde était toujours attiré par les hommes, malgré son expérience passée elle craquait toujours pour le sexe faible…


« C’est le premier garçon qui a fait battre mon cœur, c’est en étant à ses côtés que j’ai compris ce qu’était l’amour mais j’étais si jeune et si timide… oh ma pauvre, si tu m’avais connu à cette époque tu aurais fuis, j’étais timide, solitaire et si gamine. » Elle secoua la tête en se revoyant « Lui était si… fort, impressionnant et beau » elle sourit, croisant ses jambes, laissant son dos ne faire qu’un avec le dossier du canapé, elle aimait ces moment-là avec Callie. « Il est parti, je n’aie jamais pu lui dire ce que je ressentais et je n’aie jamais pu l’oublier. » Marek était resté dans son cœur, il ne l’avait jamais quitté. « Nous nous sommes revus, j’assistais à un match de boxe avec… » Elle marqua une pause, ayant énormément de mal à prononcer le prénom de son ex-mari « Tu sais qui…. Et je l’ai vu, mon cœur s’est mis à rebattre et j’ai vu une lumière d’espoir, une porte de sortie. Il m’avait donné rendez-vous, je voulais le retrouver, je voulais partir si loin mais… » Elle marqua une pause, se rappelant ce soir-là, ce petit bonheur qu’elle avait ressenti en apercevant Marek puis la douleur, provoqué par les coups de son mari. « Il avait tout compris, il avait vu mon regard et compris qu’on se connaissait… j’ai voulu faire mon sac, sortir discrètement mais ces hommes étaient déjà au courant, je n’aie jamais pu partir » elle sentit ses yeux se remplirent de larme. «Excuse-moi » elle posa sa main sur sa bouche, tentant de se calmer, elle ne voulait pas pleurer, elle ne voulait pas faire ce plaisir à son ex-mari. Elle ferma les yeux, inspirant calmement « Si seulement j’avais pu partir, j’aurais été avec Marek et j’aurais été une autre femme. » Mais la vie en avait décidé autrement. « Bref, quand je l’aie vu chez Jo j’ai ressenti la même chose, ça a réveillé ce qui se trouvait au fond de mon cœur, nos souvenirs, ce soir-là… je ne fais que penser à lui et j’ai peur. »

Callie rigola à la piètre tentative de son amie pour lui mettre une petite claque sur l’épaule. “Oh c’est pas de la chance, c’est ton vieil âge qui se fait sentir.” Dans ce genre de moment, elle préférait en rire plutôt que de passer pour une fille moralisatrice, il était évident que Arizona avait choisi cet endroit plus par besoin que par choix et même si elle avait les capacités de travailler dans un meilleur restaurant, elle n’avait pas les qualifications, comme elle lui avait dit précédemment. C’était une chose que Callie détestait le plus dans le monde du travail, il fallait forcément un diplôme pour trouver une certaine place. Une chance pour elle, le sien n’était qu’un bout de papier, récompense sans grande importance, être photographe était avant tout une histoire de talent, faire une école était secondaire mais important si l’on voulait apprendre les différentes techniques. La jeune femme avait réussi à se faire un nom sans jamais avoir à dire qu’elle était diplômée. Mais il fallait voir le bon côté des choses, au moins son amie avec un job et c’était le plus important.

Callie tapota l’épaule de son amie, un air compatissant sur le visage. “Je t’aime bien quand même va.” En soit, l’idée d’aller voir Devon n’était pas trop mauvaise, si Harper avait été prête à dire la vérité et qu’elle avait eu besoin d’un petit coup de pouce, mais sa petite amie n’était pas du tout prête à le faire et Callie ne pouvait pas aller contre ça. “Si tu la connaissais autant que moi, tu pourrais très bien imaginer sa réaction et comme tu l’as dis, elle se sentirait trahie, aucun doute la dessus.” Bien que leur relation soit cachée aux yeux de tous, Harper et Callie étaient avant tout un couple et tout ce qui allait avec, dont la confiance et mettre à exécution ce que lui proposait Arizona allait à l’encontre même de ce principe. “Je sais que pour toi ça peut paraître complètement absurde mais Harper…” Elle leva un instant les yeux au ciel en poussant un petit soupir “Je l’aime vraiment. Même toi tu le sais, enfin je veux dire, combien de fois tu m’as vu arriver avec un sourire stupide d’adolescente amoureuse?” dit-elle avec un petit rire. Avec Harper avec se sentait complète, sereine et si son seul défaut était de vouloir vivre cachée pour le moment, elle se rattrapait avec toutes ses qualités. Callie joignit son rire à celui de son amie “Je suis vraiment désolée de te briser le coeur.”

Callie perdit son sourire au fur et à mesure que son amie lui racontait son histoire. Si au début tout semblait beau et rose, ça en était presque cliché, la fille timide qui rencontre un homme beau et musclé et la brune en aurait rigolé si la suite n’avait pas été aussi dramatique. Son ex mari s’en était mêlé, évidemment, à croire que cet homme ne vivait que pour détruire les personnes présentes dans sa vie. La jeune femme posa sa main sur celle de sa meilleure amie “Hey, t’excuses pas, tu n’as rien à te reprocher.” Son ex-mari était un enfoiré de première, c’était le genre de type qui pouvait vous faire perdre toute confiance en vous et vous faire douter de tout, aucun doute sur le fait que si Callie le croisait un jour, son poing ferait sûrement la connaissance de son visage. “Peur de quoi? Laisse toi aller, Voldemort n’est plus dans les parages, tu peux faire ce que tu veux de ta vie maintenant.”

Spoiler:

Il était certain que la jeune femme ne connaissait pas aussi bien Harper que pouvait la connaître la jolie brune, il faut dire qu’Arizona ne fréquentait pas plus que cela la jeune femme. Bien sûr quand elle la croisait, elle discutait avec elle et l’appréciait mais elle ne venait jamais leur rendre visite, sachant bien qu’elles n’avaient pas assez de moment ensemble donc elle ne voulait pas être la meilleure amie chiante qui se retrouvait à tenir la chandelle. Arizona passait son temps avec Callie, et quand sa meilleure amie était avec Harper, la jeune femme ne se manifestait pas. « Il est vrai que ton sourire stupide est très agaçant. » elle finit par un petit rire, se moquant gentiment de sa meilleure amie. Ce sourire stupide d’adolescente amoureuse Arizona le connaissait et le trouvait toujours aussi mignon, l’amour était une si belle chose, si précieuse qu’elle enviait sa meilleure amie sans en être jalouse attention. Elle aimerait aimer à nouveau, pouvoir avoir cette confiance envers une personne au point d’être capable de tout abandonner, de sentir à nouveau ses papillons en elle, sentir ce cœur battre si fort et cette envie si intense d’être avec l’être aimé. Depuis qu’elle avait revu Marek elle avait l’impression d’être celle avec le sourire stupide d’adolescence, elle se sentait porté par quelque chose d’inexplicable. Mais elle avait peur, peur d’aimer à nouveau, de faire confiance une nouvelle fois, de connaître la déception et la douleur. Marek était diffèrent mais après tout avait-elle pensé en se mariant que son mari serait un jour violent ? Non, il était adorable, il lui avait offert une vie de rêve, il était si attentionné qu’elle lui aurait donné le bon dieu sans confession. Jamais elle n’aurait pu imaginer cet homme, son homme la frappait, la battre par plaisir, la forcer à l’acte sexuel pour la salir et la détruire psychologiquement pour lui faire comprendre qu’elle ne valait pas mieux qu’une merde. Comment aurait-elle pu imaginer en épousant cet homme qu’il deviendrait son pire cauchemar ? Marek était si gentil, si attentionné mais pourquoi ne cacherait-il pas non plus un terrible secret, pourquoi ne serait-il pas un mari volage ou violent ? « Je ne sais pas… peur que Marek ne soit pas si diffèrent de lui. » elle marqua une pause « En venant ici je me suis promisse de me reconstruire, pas pour construire une famille ou une histoire avec un homme, je voulais juste tenir le coup, attendre que mon fils veuille faire ma connaissance, qu’il sache que je suis toujours en vie et surtout que je l’aie attendu. » Arizona vivrait toujours dans l’espoir de voir un jour son fils venir vers elle, il n’était encore qu’un enfant mais un jour, quand la majorité sera atteint la vie de la jeune femme ne tournera autour que de cela, sa potentiel venue vers elle et si jamais Julian ne venait jamais à elle, que deviendrait-elle ? Elle ne souhaitait pas y penser. « Peut-être que Marek ne me considère que comme une amie… après tout il a eu une femme et un fils, je suis juste le passé, une bonne copine ! »

Il y avait eu d’autres femmes avant Harper, mais Callie n’avait jamais connu de sentiment aussi fort qu’en sa présence. En voyant le modèle que lui avait donné ses parents, la brune avait toujours eu une image négative de l’amour et ça même quand elle avait enfin pu se libérer de leur emprise. Il n’y avait que sa rencontre avec la blonde qui lui avait fait changer sa vision des choses et si elle chérissait chaque moments qu’elle pouvait passer en sa compagnie, Arizona avait raison sur le fait que son petit sourire niais était vraiment agaçant et Callie avait souvent eu l’envie de se taper la tête contre un mur pour qu’il disparaisse. Alors au lieu de lui envoyer un coussin dans la figure parce qu’elle se moquait, elle hocha la tête, un petit air désespéré sur le visage avant de joindre son rire à celui de son amie.
Laissant ses petites moqueries de côté pour reprendre son sérieux au fur et à mesure de la conversation qui prenait un tout autre ton, Callie écoutait son amie avec la plus grande attention, même si elle n’était pas la meilleure quand il s’agissait de conseiller les autres, elle avait au moins le talent d’avoir une oreille attentive.
Si les doutes qu’elle pouvait avoir sur Marek n’étaient pas fondés, il était cependant normal pour sa meilleure amie de les ressentir. Ce qu’elle avait vécu avec son ex-mari n’aidait pas à faire de nouveau confiance à quelqu’un et de laisser un nouvel homme dans sa vie. Et la brune le comprenait parfaitement, cela dit, elle voulait voir sa meilleure amie heureuse avec ce même sourire agaçant sur les lèvres. “Laisse le temps au temps, apprends à le connaître de nouveau, tu verras comment les choses avancent. Et s’il ne te voit que comme une amie et bien, t’auras un nouvel ami. C’est toujours ça.” Dit-elle avec un petit sourire, dans tous les cas, précipiter les choses ne menait généralement à rien, Arizona devrait juste attendre.
Callie se leva du canapé, d’abord pour se dégourdir les jambes et ensuite parce qu’elle avait soif. “Tu veux boire quelque chose?” Lui demanda t-elle avant de prendre la direction de la cuisine, mais elle s’arrêta à mi chemin. “Tu sais, c’est pas parce qu’il a eu une femme et un fils qu’il t’a oublié ou qu’il a oublié ce que tu représentais pour lui. Tu as peut-être disparu de sa vie pendant un long moment et donc il a construit quelque chose d’autre, mais ça veut rien dire.” Callie et son éternel optimisme frappait encore. Et elle pouvait avoir raison sur ce coup là, il arrivait souvent que des gens se retrouvent après des années sans se voir, ni se parler pour au final mener une vie heureuse ensemble. Alors pour sa meilleure amie, tout était possible au bout du compte. Après ces quelques mots, elle se retourna pour reprendre sa route jusqu’au frigo, laissant Arizona réfléchir à ce qu’elle venait de dire.

« C’est là que ça devient compliqué, je ne veux pas être juste son amie mais en même temps je suis terrifiée à l’idée de le laisser entrer dans ma vie. Pourquoi nous sommes si compliqué nous les femmes ? » Elle soupira légèrement, se posant presque la question pour elle-même. Pourquoi le cerveau féminin se posait-il autant de question ! Elle avait peur de laisser un homme entrer dans sa vie, d’appartenir à nouveau à quelqu’un, de lui laisser sa confiance, son cœur, son âme… elle avait tout perdu avec son premier mari, elle était hantée par ses années à ses côtés, comment faire à nouveau confiance en un homme après un tel désastre ? Cependant il s’agissait de Marek, pas d’un inconnu, pas d’un beau parleur. Non c’était un ami d’enfance, le premier garçon pour qui son cœur avait battu, ils étaient si jeunes et aujourd’hui ils avaient tous les deux eu une vie. Il restait cet homme pour qui son cœur avait battu à nouveau lors de ce combat à New-York, cet homme fort, imposant, au regard captivant. Cette rencontre au café avait réveillé en elle des souvenirs, des bons souvenirs et à présent elle pensait à lui, beaucoup trop. « Si tu as du soda je ne suis pas contre ! » sa meilleure amie reprit la parole, elle était optimiste mais elle avait surtout les bons mots. En effet Marek avait rencontré une femme qu’il avait épousé et avec qui il avait eu un fils, malheureusement la vie lui avait retiré sa femme. Le boxeur pouvait refaire sa vie, rien ne lui interdisait, Arizona était le passé mais à présent elle redevenait le présent. Tout comme elle pouvait à nouveau ouvrir son cœur à un homme, il n’était pas tous là pour la détruire, elle avait droit elle aussi au bonheur. « C’est vrai… tu sais que quand tu veux tu n’es pas bête ! » elle sourit à Callie, un sourire bien large se moquant ouvertement de cette dernière. « Je dîne chez lui, la semaine prochaine… c’est plutôt bon signe, mais si ça se trouve je vais paniquer, où je vais être tellement stressée que je vais lui paraître bête et il va vite me renvoyer de chez lui. Qu’est-ce que je vais me mettre ? Je n’aie rien ! » Arizona avait l’impression d’être une adolescente à la veille de son premier rancard. « Calmons-nous, il y aura son fils… ça sera un dîner, juste un dîner ! » Elle avait hâte de faire la connaissance du fils de Marek, bien sûr un dîner juste avec le boxeur ne serait pas de refus mais pouvoir être à la table des deux hommes c’était très bien aussi, elle en serait plus sur Marek car il n’était pas très bavard, et elle pourrait aussi voir Marek en tant que père, une image qu’elle ne connaissait pas.