Je suis au volant et bordel la vérité c'est que il n'y a que là que je suis vivant.J’ai l’impression que je pourrais faire cela même les yeux fermés, juste au rythme du bruit du moteur. Je tourne le bouton de la radio afin d’y mettre une autre station celle-là n’allait clairement pas avec mon état d’esprit de l’instant. Je ne sais absolument pas ce que je vais faire de ma journée, alors j’avoue que cela doit bien faire une demi-heure que je tourne en voiture sans savoir où aller. Je me contente de me pavaner dans cette skyline qu’enfant je n’aurais jamais pu espérer. Un truc géant, dément, en réalité. Je regarde autour de moi, lance des sourires ici et là, à des filles que je connais comme à celles que je ne connais pas. Je me dis un peu que c’est n’importe quoi, mais je prends juste mon pied, je crois. Et puis quand je m’approche de l’océan c’est comme si je le faisais au ralenti, parce que je reconnais sa voiture de loin, les connaissant toutes sur le bout des mains. Je sais le moteur, les options, les chevaux et les couleurs. Et je crois qu’une voiture représente clairement la personne qui se trouve au volant, sans pourtant savoir ce que cela signifie que je sois devant le mien. Qui penserait que le riche Jackson Harvey était en fait un garçon abandonné ? Personne, ça je peux le jurer. Alors j’accélère quand je vois ses cheveux bruns s’approchaient de la porte avant. Seule comme elle ne l’a jamais été auparavant, étrangement je me dis qu’après trois ans, ça y est, c’est le bon moment. Peut-être parce qu’il n’est pas calculé et que jamais elle n’aurait imaginé me croiser maintenant. Alors je fais chauffer mon moteur pour aller me placer devant le sien, d’ailleurs putain elle manque de me cartonner, je crois que mon cœur s’en est arrêté. Et quand je la vois sortir de sa voiture, je me dis que c’est maintenant qu’il s’arrête, j’en tape sur mon volant de rage d’être si faible quand on sait comment cette histoire a commencé. Elle croise les bras, se tient parfaitement en colère devant moi, j’en craque un sourire. Idiot. « Qu'est-ce que tu veux ? » Alors je souris de nouveau avant de défaire ma ceinture de sécurité et je sors de mon bolide. Je ma cale contre le capot, les bras aussi, comme si je la reflétais avant de lui dire « Tu veux vraiment le savoir ? Provoquant, je lui laisse à peine le temps de réfléchir ou de s’énerver un peu plus. « Toi. » C’est juste aussi simple que ça.

J’ai envie de la manger quand elle a surement envie de me baffer. La trouvant encore plus jolie lorsqu’elle est énervée. Je craque un nouveau sourire avant de l’entendre me cracher au visage : « C'est une blague j'espère ? » La blague c’est que toi et moi on ne soit pas encore ensemble, mais bon je ne me prononce pas encore sur le sujet, je préfère la regarder me montrer comme elle sait me remettre à ma place et me réjouir de savoir que sur Terre il n’y a qu’elle qui possède ce pouvoir. Elle s’approche de moi et je n’appréhende qu’en moitié en réalité, j’attends sa nouvelle phrase qui me dira qu’elle ne veut pas de moi alors que tout son corps me prouve le contraire. Vas-y Ailynn, je suis prêt. « Les jeux sont finis, c'était clair normalement non ? Tu crois pas que t'as assez rigolé il y a trois ans, faut que t'en rajoutes une couche, tu ne trouves pas que t'as déjà fait assez de mal ? » Si j’étais vulgaire je dirais que non, il y a trois ans on n’a pas assez rigolé, et que bordel on aurait pu faire tellement mieux tous les deux. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé … Pas faute d’avoir imaginé tout ce qu’on aurait pu faire ensemble si elle m’avait laissé, si on avait eu le temps de passer à l’acte. Si ce pari n’avait pas existé. Mais la vérité c’est que je ne peux pas m’en vouloir de l’avoir fait parce que sans lui je ne sais pas si mon chemin aurait croisé le sien. Alors ce pari je le maudis comme je peux l’adorer, même si elle en souffre encore aujourd’hui. Et lorsqu’elle utilise le mot « mal » j’ai mal aussi un peu de savoir ce que je lui ai fait. Je suis quelqu’un de bien, si elle voudrait bien me permettre de le montrer. « Si t'as refait un pari aussi stupide, trouves toi une autre cible, je passe mon tour, j'ai déjà assez donné ! » » Je croyais que justement, non, tu ne m’avais rien donné. Bon sang, j’avais dit que je ne voulais pas tomber dans la vulgarité, c’est peut-être un peu loupé. Je secoue le visage quand je voudrais embrasser le sien, dévoré par mes mains. « Ailynn, des cibles, si je veux, j’en ai des centaines qui font la queue … » Ce n’est pas de la prétention mais la simple réalité, elles sont toujours là à se pavaner devant moi « Oh Jay, mon dieu, ta voiture c’est ce qu’on fait de mieux. » Elles me dégoutent parce qu’elles n’y comprennent rien et m’énerve déjà parce que je sais que c’est avec l’une d’elle que je vais me réveiller demain. Elles sont toutes le parfait opposé de ce qu’Ailynn est, et ça me ronge à moitié de devoir passer mon temps avec des filles comme elles plutôt qu’avec la seule et unique Ailynn qu’il y ait. « Puis dans le fond, tu ne m’as rien donné. » Je ne peux pas m’empêcher de rajouter, sachant très bien qu’elle en sera vexée. Mais c’est plus fort que moi, je ne suis pas très doué pour garder mon sérieux, pour le romantisme et les choses chiantes comme pas deux. Je préfère l’action, l’adrénaline … Les courses en vérité, il n’y a que cela pour me prouver que je suis vivant, il n’y a que là où personne ne ment. Soit tu gagnes, soit tu perds, soit tu conduis, soit tu fonces dans le mur. Il n’y a pas trente-six solutions, rien de bien compliqué, rien qui ressemble à se semblant de discussion qu’on tente d’avoir Ailynn. « Ce n’est pas faute d’avoir essayé. » Je fini en souriant, me préparant surement à la baffe qu’elle ne va pas tarder à me donner. Je crois même que je tourne mon visage sur le côté, j’attends, ça va arriver. Ma jolie, vexes-toi, gueules-moi et puis je ne sais pas moi … Embrasses-moi. Soit tu gagnes, soit tu perds, soit tu conduis, soit tu fonces dans le mur. Ouais, moi, je fonce dans le mur là.