maybe, come back was a mistake

Assise sur le rebord de son lit, ou plutôt sur le matelas simplement déposer sur le sommier posé au sol de sa chambre, Elizabeth était en train de regarder une photo. Une photo assez sentimentale pour elle puisqu’il s’agissait de la photo de son mariage avec Alek. Elle ne put s’empêcher de toucher le visage de son époux, avant de poser la photo sur un dossier qu’elle tenait. Le dossier qui concernait son ancienne vie, qui elle était et surtout, comment elle est morte. Enfin, bien sûr c’était ce qui avait été donné aux informations mais pas la véritable raison, et cause de sa mort. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser des traces sur sa véritable mort. Personne ne doit savoir que tout avait été manigancé et qu’elle n’est pas morte. Elizabeth fini par se relever et aller dans la petite pièce reliée à sa chambre, la salle de bain. Elle se passa un coup d’eau sur le visage, avant de relever la tête et de s’observer quelques instants dans le miroir en face d’elle. A tour de rôle elle toucha son nez – refait, chirurgie esthétique – ses lèvres – refaites – ses pommettes – refaites – ainsi que beaucoup d’autres parties de son visage et de son corps qui ont été refaites suites à de nombreuses chirurgies esthétiques pour qu’elle ne ressemble plus à la Elizabeth d’auparavant. Quand elle se regardait encore maintenant, elle avait du mal à se reconnaître. Heureusement, ses yeux et son regard n’ont pas beaucoup changés. C’est peut-être l’une des seules parties dont elle ait gardée intacte par rapport à son nouveau visage. Ce n’était pas forcément évident de devoir apprendre à se réapprendre. Elle a eu beaucoup d’heures de rééducation aussi, suite à sa simulation de mort. Elle faisait plus jeune aussi. C’était surement le but aussi puisque désormais, elle devait dire qu’elle avait trente ans au lieu de trente sept ans. Il fallait qu’elle s’habitue, c’est tout. Comme dans toute nouvelle situation, il faut un temps d’adaptation.

Prétendre être quelqu’un d’autre n’est pas une tâche facile. Elizabeth peut parler en connaissance de cause. En effet, rien que lorsqu’elle se trouvait à Huntington Beach – avant, pas maintenant – elle était sous couverture. Elle, et son mari. Lui aussi faisant partie du FBI, sachant que lui ne faisait pas partie d’une autre organisation, il n’y avait qu’Elizabeth. Dans tous les cas, ils se faisaient passés tous les deux pour un couple mariés qui gérait un restaurant. C’était leur couverture pour quand ils vivaient ici alors qu’ils menaient une double vie. Personne n’en savait rien, et c’était peut-être mieux ainsi. Et maintenant, voilà qu’Elizabeth revenait en ville et se faisait passer encore pour quelqu’un d’autre. Encore... Cette fois-ci, elle avait même été jusqu’à changer complètement d’identité. Même si elle était de nouveau à Huntington Beach, elle s’appelait désormais Nora Anderson, et elle venait d’une ville en Arizona. Ce n’était pas évident pour elle de revenir chez elle et de voir qu’elle ne peut dire à personne qui elle est. Alors c’est encore pire quand elle se retrouve en face d’Alek. Elle aimerait le prendre dans ses bras, lui dire que tout va bien et que tout ira bien, le toucher, l’embrasser. Reprendre leur vie qu’ils avaient avant, même si ce ne serait pas aussi simple que cela. En attendant, il avait fallu qu’elle trouve une histoire à raconter et à dire sur elle si les gens commencent à être un peu trop curieux à propos d’elle, de la nouvelle en ville. Voilà maintenant qui elle était : Nora Elizabeth Anderson, trente ans, vient d’une petite ville proche de Phoenix, en Arizona. Elle est fille unique et ses parents ont ouvert un café à Phoenix. Elle les aidait quand elle avait un peu de temps libre et c’était un peu grâce à eux qu’elle avait décidé de bosser dans la restauration. Ca, et aussi pour se souvenir un peu de son passé quand elle tenait un restaurant avec son mari. Autrefois...

Elizabeth travaillait ce soir, alors il fallait qu’elle se prépare. Ce serait surement une bonne chose. Elle fila alors sous la douche, avant de s’enrouler dans une serviette pour retourner ensuite dans sa chambre pour chercher dans ses cartons voir si elle trouvait quelque chose à se mettre d’assez potable pour la soirée de travail. Elle opta pour un jean et un t-shirt, tout en laissant ses longs cheveux bruns retombés. Toutes ses affaires se trouvaient encore dans des cartons, sachant que cela ne faisait qu’à peine une semaine qu’elle était arrivée en ville. Quand elle eut fini de se préparer elle enfila sa veste, et prit son casque pour aller au travail. Elle ne conduisait pas de voiture, mais une moto. Elle n’était pas vraiment fan de la voiture. Cela faisait environ une heure et demie qu’elle était à son service quand un homme s’installa au comptoir. Elle ne remarqua pas tout de suite qui il était. Mais quand il l’appela pour qu’elle prenne sa commande, elle se tourna vers lui et reconnu tout de suite Alek, son mari. Elle se rapprocha alors de lui, un sourire au bout des lèvres comme pour la plupart des clients, avant de lui adresser la parole. « Dur journée, hein ? »

« - Et encore, vous êtes loin du compte ma jolie. » dit-il affichant un sourire à la demoiselle derrière le comptoir. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait la demoiselle en question. Si son souvenir était exact, il l'avait déjà croisé dans la rue. Oui, maintenant qu'il y pensait, elle lui disait quelque chose. Alek avait toujours eu une bonne mémoire, il pouvait se souvenir de tout. En passant de détails sans valeur à des choses plus importantes. Il avait une mémoire photographique, alors la demoiselle lui disait fortement quelque chose. Maintenant qu'il y pensait, il se rappela parfaitement d'elle. Comme une évidence. La scène apparue dans sa tête avec une clarté rare.

C'était il y a à peine quelques jours, avant-hier sans doute. Si Alek était doué pour se souvenir, les dates étaient une autre paire de manche. En plein centre-ville, Alek avait décidé de s'offrir un nouveau costume. C'était un grand admirateur du sur-mesure et quand on gère une boite de nuit comme le Diamond's on ne peut pas se balader en slip et tee-shirt de super-héros. Il venait de sortir de la boutique et de traverser une rue quand il rentra dans cette demoiselle dont le café froid se déversa sur sa chemise. Le genre de truc auquel on s'attend pas dans la vraie vie, parce qu'on n'est pas dans une comédie romantique. Aleksey n'avait jamais été du genre gentil, aimable et poli. Il avait reculé de surprise, regardant sa chemise et de ses mains avait tenté de retirer le surplus de la boisson froide. Sa pauvre chemise en été foutue il s'en rendait bien compte. Le café chaud avait plus de chance de partir que le froid et quand on vit dans cette partie de la Californie il n'y a que le pressing qui peut vous permettre de retirer ce genre de tâches. Aleksey le savait parce que depuis la mort d'Elizabeth il se contentait de tout envoyer chez un ami à lui qui tenait un pressing dans le coin. Passons, il rouspéta et jura. C'était automatique chez lui. Quand il leva les yeux, il aperçut alors la demoiselle. Elle le fixait étrangement et pendant une seconde Aleksey avait ressenti quelque chose. Comme un déjà-vu. Mais tout ce qu'il se contenta à dire c'était :

« - Ce n'est pas grave, mais si j'ai un conseil, vous devriez vous payer une paire de lunettes. » Il lui offrit un sourire charmant avant de disparaitre dans la rue et de poursuivre son chemin. Bon, il devait l'avouer, il s'était retourné à un moment se demandant pourquoi il avait l'impression qu'elle lui était si familière, mais à chaque fois, il voyait bien qu'il ne l'avait jamais vu avant. Elle lui était inconnue. Totalement inconnue.

Maintenant, il trouvait ça assez drôle de la voir là. « - Un whisky sec, merci. » Peut-importe l'heure, la date, le type de journée, Aleksey était un accroc au whisky. Quoi qu'il arrive, c'était l'unique alcool qu'il pouvait boire peu importe l'heure de la journée. C'était peut-être étonnant, mais il n'aimait pas forcément la bière. Il en aimait qu'une sorte, un mélange de cidre et de caramel assez cher qu'il avait goûté en Irlande lors d'une mission. Depuis il en commandait et un pack traîné toujours dans son frigo, mais sinon, le whisky était maitre de toute boissons.

« - On se connais, non ? » Il s'adossa un peu mieux à son siège, la regardant avec attention. Elle devait avoir quoi, à peine la trentaine ? Elle était plutôt jolie, voir pas mal du tout même. Ce qu'Aleksey remarqua tout de suite ce sont ses yeux. De beaux yeux presque gris, parfois bleu. Il resta alors bloqué dessus. Elizabeth avait les mêmes yeux. Passons, il évita de la fixer trop longtemps. C'était étrange comme tout ce qu'il faisait était pour éviter de penser à sa femme. Putain, maintenant qu'il regardait ses mains posaient sur le comptoir, il ne put s'empêcher de regarder l'anneau doré à son doigt, toujours là. Pour l'éternité et à jamais. Dans la vie, comme dans la mort. Son verre arriva, Aleksey leva les yeux vers elle, avouant alors, légèrement moqueur.

« - ah, je sais. Je vous dois un café et vous une chemise. »

maybe, come back was a mistake

Quand Elizabeth avait décidée de quitter son pays natal, l’Afrique du Sud, pour retourner là où elle avait vécu dernièrement, elle ne se serait pas imaginée un seul instant que ce serait si difficile. Bon d’accord, si. Elle s’en doutait quand même un peu. Elizabeth n’avait pas dit auparavant qu’elle était agent du FBI mais elle gardait au final la même identité. Là, tout est différent... Même son corps et son visage. Elle a subi beaucoup d’opérations pour obtenir ce résultat, et ce n’était pas tout le temps évident de se regarder dans le miroir et de voir qu’elle ne ressemble pas à celle qu’elle était auparavant, celle qui avait fait craquer son mari quelques années plus tôt, celle qu’il aimait. Le plus dur était la façon dont elle devait se comporter face à ses anciens amis, son mari ou bien encore les personnes qu’elle avait pris l’habitude de côtoyer. Parmi son entourage, son mari était surement la personne qu’elle avait eue le plus envie de revoir. Trois ans plus tôt, il partait en Russie car il venait d’apprendre que son père était mort d’une crise cardiaque, et quand il est rentré, il a appris qu’il venait de perdre sa femme également. Bien évidemment, il ne l’a pas vraiment perdu puisqu’elle est en vie, mais elle n’a pas le droit de lui dire. Alors, au moins même si elle possède une autre identité maintenant, elle préférait rester auprès d’Alek pour le surveiller, et pour vérifier qu’il va bien, sans qu’il ne fasse trop de conneries, et surtout qu’il ne court aucun danger parce qu’il était marié à elle. Mais cela restait tout de même très dur. A chaque phrase il fallait qu’elle se concentre pour ne pas dire quelque chose qui pourrait la trahir, des choses que seule Elizabeth est censé connaître. Quand elle l’avait revu, elle avait tellement était surprise qu’elle n’avait pas bougé, le regardant sans rien dire. C’était difficile pour elle, et encore plus si elle voyait que malgré sa mort présumée, il a refait sa vie. Elle ne pourrait pas lui en vouloir, bien sûr. Mais on ne peut pas dire que cela ne l’atteindrait pas, bien au contraire. C’est son mari, tout de même. Elle ne peut pas l’oublier.

Et voilà que maintenant Alek se retrouvait assis au comptoir de la brasserie où elle travaillait depuis peu. Comme par hasard, il fallait qu’elle s’occupe de lui. C’était peut-être un signe du destin après tout. Et puis, cela lui permettrait de bavarder un peu avec lui, d’en savoir un peu plus, comme s’il a refait sa vie, par exemple. Enfin, il fallait qu’elle soit tout de même très discrète et qu’elle ne se trahisse pas, ça pourrait être très simple de faire une boulette en compagnie d’Alek. Elle se planta alors devant lui, en lui demandant s’il avait une dure journée. Ouais, c’est toujours ce qu’on dit quand on veut entamer la discussion avec un client. Alors pourquoi ne pas entamer la conversation de la même façon avec son mari ? « Et encore, vous êtes loin du compte ma jolie. » Face à cette remarque, elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire face à celui qu’il venait de s’afficher sur son visage. « Un whisky sec, merci. » « Effectivement, ça doit être une dure journée pour boire un whisky sec à cette heure. » Mais bon, le client est roi. Elizabeth esquissa de nouveau un sourire, avant de s’exécuter pour servir sa boisson. Elle prit la commande d’un autre client au comptoir, avant de retourner vers Alek. « On se connais, non ? » Aïe. Il ne l’a tout de même pas repéré non ? Parce que si c’est ça, elle est dans la merde et lui aussi surement. Elle se doutait bien que si le FBI et l’organisation pour laquelle elle travaillait, apprenait qu’elle était encore vivante, elle ne le serait plus pour très longtemps. « J’pense pas. A moins que vous soyez venus en Arizona durant les trente dernières années. » Oui, c’était son histoire : Nora Anderson qui venait d’une petite ville à côté de Phoenix, en Arizona. Et puis il arrêta de parler, fixé sur ses mains, et quand Elizabeth baissa la tête, elle remarqua son alliance. Puis, son collègue l’appela pour lui dire que son verre était prêt. Elle se recula un instant pour récupérer le verre de whisky et le tendre à Alek. « Ah, je sais. Je vous dois un café et vous une chemise. » Elle ne put s’empêcher de retenir un rire, avant de sourire une nouvelle fois pour prendre la parole ensuite. « C’est vous qui m’êtes rentré dedans, donc c’est d’accord pour le café, mais pas pour la chemise. » Oui, enfin, c’était un peu sa faute tout de même.

Il avait le droit de ne pas être au meilleur de sa forme. Après tout, quand on avait sa vie, vivre n'était plus tant une option. Non, vivre n'était résumé qu'à de brèves respirations écourtées par la rapidité des activités qu'il faisaient. Aleksey n'avait guère le temps de penser. De faire de pause, tout simplement parce qu'il ne voulait pas. Il n'était pas possible pour ce propriétaire de boite de nuit d'avoir du temps libre. Il n'en avait pas besoin au fond. Vous savez, quand à l'école on vous gronde de ne pas être assez concentré parce que quelque chose vous traquasse l'esprit ? Que d'un seul coup, le professeur vous propose tout simplement de ne plus penser à rien et de vous concentrer sur le cours du moment. De faire vos devoirs. 'ça aide' disait-il, mais trop jeune, trop perturbé, pas assez mature, on ne voit pas les choses comme ça.

En grandissant, on apprend aussi que l'alcool est un excellent moyen de moyen son chagrin et sa peine. Aleksey n'était pas un alcoolique, loin de là. Il buvait seulement quand, aussi incroyable que cela puisse être, du temps libre surgit. Il se noyait paisiblement dans un verre de whisky comme si ça vie en dépendait. Oui, au fond, c'était ça. Au combien ses sourires pouvaient être beaux et grand, ses yeux pétillant et son rire accrocheur... tout ceci n'était qu'une illusion. Un jeu de comédie si parfaitement présenté qu'on n'y remarque pas la tristesse, la peine, la douleur qui s'y cache. Pourtant tout était bel et bien présent. L'air entré dans ses poumons lui permettant de respirer. Mais l'air écorché à vif la chair en lui comme des milliers de morceaux de verre, lui rappelant au combien lui était en vie, et elle morte. Chaque souffle, chaque respiration avaient son lot de douleur au point où parfois, Aleksey songe à ce que les gens appel le suicide. Mais après tout ce qu'il avait traversé, tout ce qu'il avait connu, pourquoi mériterait-il de mourir aussi facilement ? C'était ce qui l'avait amené à boire un verre aujourd'hui. A ne pas se soucier du boulot, du reste, non, juste à venir boire un verre. Il n'avait pas besoin de plus, en réalité, il ne méritait pas plus. Assis au bar, il commanda son verre, quand d'un coup, il eut l'impression de reconnaitre la femme qui était là. Simplement, un souvenir le frappa lui rappelant qui elle était.

L'Arizona, aucune chance qu'Alek y soit allé. Quoi que... Mais il savait exactement où il l'avait vu. Oui, tout était clair dans sa tête.

« - Tiens donc. » Il afficha son plus beau sourire, avant de rajouter. « - Si vous m'avez vu arriver, pourquoi ne pas m'avoir évité ? » Il prit le verre de whisky qu'il porta à ses lèvres. Naturellement, une gorgée coula le long de sa gorge réchauffant rapidement la zone touchée. Il se mit à fixait la demoiselle devant lui. Oh, d'un coup, cette journée semblait bien amusante et intéressante. Etrangement, il semblait avoir trouvé quelqu'un à qui parler. C'était plutôt extraordinaire vu les circonstances actuels. Oh, Alek avait des amis, mais il n'aimait pas les déranger et avoir l'impression d'être un garçon désespéré qui avait besoin de parler. Il préférait largement rencontré des inconnus. C'était justement parce qu'ils nous sont étranger qu'il est plus facile de dire des choses. Une fois rencontrée, il y a peu de chance qu'on recroisse cet étranger.

« - Qu'est-ce qui vous a conduit à Huntington beach, Miss Arizona ? » Maintenant qu'il y pensait, il était déjà allé à Phoenix une fois, il avait même fait de la randonnée dans le coin. Du camping près du lac Theodore Roosevelt. Mais ça remontait à tellement loin.

maybe, come back was a mistake

Plus le temps passait, plus Elizabeth se rendait compte qu’elle avait peut-être fait une erreur en revenant à Huntington Beach. Certes, le point positif était qu’elle allait revoir plusieurs personnes qu’elle côtoyait auparavant. Notamment, Alek. Ou encore Sawyer ou Marissa et Eden. Plusieurs personnes qu’elle appréciait par dessus tout et qu’elle a dû quitter en se faisant passer pour morte alors qu’Alek était absent. La nuit, elle faisait souvent des cauchemars en s’imaginant la scène où son mari a appris qu’elle était morte. Probablement chaque nuit d’ailleurs. Mais en le croisant dans la rue et maintenant là où elle travaille, elle se rend vraiment compte que sa « mort » a dû le faire bien souffrir. Plus qu’elle ne pouvait l’imaginer... Elizabeth devait se comporter comme étant Nora maintenant et ce n’était pas évident. Quand elle se retrouvait en face d’Alek, elle avait parfois l’envie de tout lui expliquer, de tout lui raconter pour qu’ils puissent reprendre leur relation là où ils l’avaient laissés avant toute cette histoire. Mais elle ne pouvait pas se le permettre. Alek a dû se remettre de la mort de sa femme, et Elizabeth a dû en faire autant de son côté. Il fallait qu’elle reste constamment sur ses gardes, qu’elle fasse attention à ce qu’elle dit, ainsi qu’à ses moindres faits et gestes. Quand elle était Elizabeth, elle avait quelques manies, quelques habitudes. Et il ne faut surtout pas que cela se reproduise quand elle se retrouve en compagnie de ses anciennes relations. Elle ne peut pas se permettre qu’ils la soupçonnent de quelques choses, et surtout qu’ils finissent par découvrir qu’il s’agit en réalité d’Elizabeth, et non de Nora. Et même si elle avait envie de dire toute la vérité à Alek, elle finit vite par se rendre compte que c’est une erreur et qu’il serait plus en danger s’il apprenait la vérité, tout comme il risquerait de lui en vouloir de s’être fait passer pour morte.

Et quand Aleka émit l’idée qu’ils se connaissaient, Elizabeth se sentit presque en danger. Non, non, non. Il ne fallait pas qu’il se doute de quelque chose. Elle préféra alors partir tout de suite sur le fait qu’ils s’étaient peut-être vus tous les deux si Alek était passé par l’Arizona durant les trente dernières années. Elle se doutait bien que ce n’était pas le cas, et c’est peut-être pour cette raison qu’elle avait choisi l’Arizona comme l’état dont elle venait. Elle savait qu’il n’y avait aucune raison qu’Alek puisse la reconnaître par rapport à son histoire. Il ne reste plus que le gestuel à travailler. Et puis, la brune plaisanta de nouveau en lui disant que c’était lui qui lui était rentré dedans donc il lui devait un café mais c’était hors de question pour la nouvelle chemise. « Tiens donc. Si vous m’avez vu arriver, pourquoi ne pas m’avoir évité ? » Aïe. Elle s’était peut-être un peu trahie toute seule là. Merde, qu’est-ce qu’elle allait pouvoir répondre face à cette remarque. Oui, c’est vrai qu’elle l’avait vu et que sur le moment, elle avait eu envie de lui parler, alors ils s’étaient rentrés dedans. Au bout de quelques minutes, Elizabeth préféra lui répondre avec ironie, plutôt amusée par la situation au final. « Justement. Renverser du café sur la chemise des inconnus est mon passe temps favori. C’est tombé sur vous. » Elle ne pouvait pas lui donner la véritable raison tout comme elle ne pouvait pas ne pas lui répondre, alors autant jouer sur l’humour. « Qu’est-ce qui vous a conduit à Huntington Beach, Miss Arizona ? » Sympa le surnom. Cela ne l’étonnait pas de lui tiens. Elle esquissa alors un sourire, avant de prendre la parole pour lui répondre. « Vous avez jamais eu envie de voyager et vous vous retrouvez dans une ville, et sans comprendre pourquoi, vous avez envie d’y rester. » Et aussi parce qu’il se trouvait là, mais bon. Il fallait éviter de lui dire ça aussi. « Vous avez peut-être des idées d'endroits intéressants à visiter ? Enfin... J'connais pas encore trop bien la ville donc... »

Ses journées étaient étrangement différentes au fur et à mesure qu'il avançait dans la vie. Où était l'époque où l'avenir était un flou attirant ? Où il prévoyait des plans, des idées. Il avait l'impression que cela faisait des lustres qu'il n'avait pas décidé d'atteindre un but. De viser un rêve. Il était inutile de se demander pourquoi. Après la mort d'Elizabeth beaucoup de choses avait changé et peut-être qu'Aleksey ne se laisser plus le droit de rêver, se sentant coupable d'avoir perdu sa femme. Mais plus y pensait, plus il se demandait si ce n'était pas le moment de faire des plans. De décider qu'à l'avenir il réussirait à faire certaines choses. Comme cette semaine en Australie, où il faut se débrouiller seul. Pas d'aide, pas d'outils. Se livrer à la nature pendant une bonne semaine, voir un mois. Tout dépendait du temps qu'il voudrait y mettre. Avec Elizabeth ils avaient prévu des tas de voyages, pour profiter de certains paysages qui les avaient marqués durant certaines missions. Aleksey avait toujours sur lui un carnet, avec une liste de pays, de ville, de lieu qu'ils avaient noté au fur et à mesure que le FBI les faisait voyager. Ils avaient fait partie de cette section du FBI qui demandait beaucoup d'effort physique, beaucoup de voyage, de couverture, d'apprentissage. Le nombre de langue qu'ils avaient maîtrisé ne se comptaient plus.

Après tout, ils en avaient fait des choses pour protéger les Etats-Unis. Des missions risquées, très dangereuse. Aleksey s'est retrouvé être un très bon démineur de bombe. Et Aujourd'hui, à l'âge où il devrait être à la retraite, il continue de travailler. Il devait l'avouer, quand Elizabeth était là, sa vie avait un sens !

Un sourire, moqueur apparu sur le visage d'Alek alors qu'il venait de poser une colle à Nora. Ils s'étaient croisés de la façon la plus connue au monde, grâce à un café. Un café qui est mort sur le coup. Mais d'un coup, lui qui était venu tuer le temps dans un ou deux verres de whisky, trouva fortement intéressant de recroiser la demoiselle. Un petit coup de pouce du destin, c'était cool. Aleksey se décida à s'installer, prêt à garder les fesses près du bar et à faire la conversation avec la jeune femme. Oui, ça pouvait lui être utile. Il avait forcément des choses à dire, il avait toujours des choses à dire. Sa nature bavarde était illimitée.

« - Donc vous me devez belle et bien une chemise. » Il gardait son sourire, ayant parfaitement pris le contrôle de la situation. Aleksey avait toujours été très manipulateur dans ses formules et dans ses questions. Il arrivait à tout retourner à son avantage, peu importe la situation. C'était parfois très utile, pour cerner les gens. Découvrir qui ils sont. Mais aujourd'hui, le but n'était pas là. Aujourd'hui, c'était Whisky et amusement. Pas de prise de tête. Pas de boulot. Il était prêt à faire la conversation à une parfaite étrangère juste pour passer le temps. Et il s'avère que la parfaite étrangère était une jolie brune.

« - Cette ville à son charme, je l'avoue. » Il leva son verre en direction de Nora. Avant de rajouter. « - Si vous voulez vraiment apprendre à connaitre la ville, ne vous cassez pas la tête avec des lieux touristiques. Prenez-vous un week-end, perdez-vous à Huntington Beach et je vous garantis que vous connaîtrez cette ville comme votre poche. » Il termina son verre, frappant légèrement sur le comptoir en signe qu'il en voulait un autre. Il laissa sa gorge reprendre une température normale, avant de faire une nouvelle remarque.

« - Vous n'auriez pas un bol de bretzel ou de cacahuète ? » Il haussa les épaules. Bah quoi ? C'était offert d'habitude.