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 [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)

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MessageSujet: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyDim 10 Aoû 2014 - 17:28

    DANIEL & JOSHUA
    you know you're something special and you look like you're the best

    code broadsword.


Il faisait un temps radieux ce jour là, à Huntington Beach – et un jeune homme marchait dans l’allée de l’université, le sourire aux lèvres, avec l’air un peu con des gens simplement heureux de vivre. Il portait, en équilibre précaire sur l’une de ses épaules, un bandoulière en vieux cuir chargé de bouquins de droit. C’avait été, comme on dit, une pure journée de merde, où les cours s’étaient enchaînés un peu plus densément que de raison, mais rien ne pouvait entamer sa bonne humeur. Il n’avait d’ailleurs pas l’air d’un type qui s’est endormi sur son code civil, nœud papillon autour du cou et boucles domptées par une tonne de gel, non. Il écoutait encore une fois une chanson toute pourrie, marchait à un bon rythme, jouant du bout des doigts avec le trousseau de clé dans sa paume.
Joshua Orwell, puisque c’était lui, avait tout juste vingt ans – et un air combiné de mec tiré à quatre épingles et de ravi de la crèche. Il s’en foutait.  Resserrant une main sur la lanière de son sac, il traversa la rue au pas de course – remarquant à peine qu’une voiture avait violemment pilé pour éviter de le percuter. Quelques minutes plus tard, il se faufilait dans la cour d’un petit immeuble de haut standing. Il releva ses lunettes de soleil sur son front, mordillant ses lèvres sous la concentration alors qu’il déverrouillait la porte du hall.
Sur l’une des boîtes aux lettres, le nom « Daniel Wilkerson »

« Je rentrerai pas ce soir, maman – chez une amie, une étude de cas pour l’école, ça va être un peu plus long que prévu, alors je vais dormir ici » Il avait, nonchalant, traversé le salon, et, tout en parlant, parcourait des yeux une tour de Cds en quête d’un album qui pourrait faire son bonheur – son portable calé d’une façon plus que précaire entre son épaule et sa joue. « Je suis désolé. Je serai là demain de toutes façons, t’inquiète pas. » Au fil des semaines, puis des mois, mentir était devenu étrangement facile pour lui. Décrochant un sourire, il mit la main sur Rio de Duran Duran. Tient, ça c’était à lui. Bon, bah au moins il savait où il l’avait abandonné. A l’autre bout du fil, sa mère venait de pousser un long soupir où il avait bien cru déceler un « Encore ? ». Lui, il entreprenait d’ouvrir le boîtier sans faire chuter le téléphone. Et c’était quand même très périlleux, pour un type qui avait tout de même deux mains gauches.
Il avait toujours été un gentil garçon. Vraiment. Un enfant modèle, souriant, adorable, poli – du genre qui n’ose rien faire sans l’autorisation de ses parents. Comme à chaque fois, sa mère finit par capituler, acceptant son excuse sans se poser la moindre question. Il ne savait pas vraiment quoi en penser. Une part de lui s’en moquait, une part qui n’avait jamais existé avant le premier jour de sa relation avec Daniel – une autre part culpabilisait encore un peu. Mais elle finit par raccrocher, et la première part prit le dessus. Et il était stupidement heureux, parce qu’il allait pouvoir librement passer la nuit ici. Et ça, ça valait tous les petits mensonges du monde. Non ?
An innocent man de Billy Joel, Songs from the big chair de Tears for Fears, Dare de The Human League. C’est avec un rire très con, et d’autant plus con qu’il était seul, que Joshua remarqua qu’il avait plus ou moins colonisé l’appartement de Daniel avec sa propre collection douteuse d’albums phares des années 80. Il les trimballait toujours un peu partout, étant resté un adepte des lecteurs cds portables des premières heures de son adolescence, et avait une légère tendance à les abandonner à droite à gauche. Et surtout ici, à en juger la quantité. C’est cependant Rio de Duran Duran qu’il déposa soigneusement dans la chaine hifi, avant d’appuyer sur la touche « play ».
Il se retourna avec un grand sourire, posant ses mains sur le rebord de la commode.
Il aimait cet endroit. Même s’il ressemblait à s’y méprendre à une publicité pour un magasin de meuble chic – impeccable, plus propre qu’un hôtel cinq étoiles. Ouais. Il aimait cet endroit. Tout y était net, tout y était carré, mais tout y était aussi intensément Daniel. Il aimait cet endroit. C’était peut-être surtout parce qu’il aimait Daniel.  Alors que les premiers accords de la chanson éponyme de l’album s’élevaient, il se laissa aller à en siffler l’air – seule chose qu’il pouvait produire avec sa bouche sur une chanson sans qu’il se mette presque immédiatement à pleuvoir – avant de retirer sa paire de mocassins et de s’installer confortablement, en tailleur, dans le coin du canapé en cuir. Il parvint à extraire de son sac l’un de ses lourds bouquins de droit et l’ouvrit en travers de ses jambes, fronçant les sourcils alors qu’il essayait de comprendre là où les putain de législateurs de son pays avaient voulu en venir avec ces conneries. Machinalement, il tira un peu sur son nœud papillon pour dégager sa gorge.
Honnêtement, il n’arrivait pas à grand chose. Déjà parce qu’il était claqué. Ensuite ses lentilles étaient bien pratiques, mais bien moins que la paire de lunettes qu’il avait abandonné chez ses parents. Enfin, et surtout, parce qu’il faisait ça pour passer le temps. Le droit, il en avait soupé toute la journée, merci bien – il attendait juste le moment où il allait entendre la clé tourner dans la porte, et voir le visage de l’homme qu’il aimait.
Simplement.
Enfin, alors qu’il reconnaissait les premières notes de « Hungry like the wolf », il entendit le bruit caractéristique d’un trousseau de clé. Et il sourit.
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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyLun 11 Aoû 2014 - 21:28

Une pile de dossier sous le bras, je me frayai un chemin entre les passants en jouant des coudes et grimpai dans le bus, doublant au passage un vieil homme en déambulateur sous quelques regards réprobateurs que j'ignorai royalement. J'étais pressé, et avec mon costume, mes lunettes, le portable calé entre mon épaule et mon oreille, j'avais l'air de l'homme le plus occupé du monde. « Oui, Monsieur Elström. ... Oui. ... Tout à fait, oui. ... D'accord, très bien. ... D-demain matin ? ... Non, Monsieur. ... Aucun problème. ... Demain matin, sans faute. ... Au revoir, Monsieur. » Je raccrochai, poussant un soupir à fendre l'âme avant de chercher le dossier, en équilibre sur ma jambe, dont mon patron venait de me parler. Il faisait partie des multiples affaires en cours auxquelles on m'avait assigné. Je n'avais eu le temps d'en passer en revue que la moitié, d'où la pile que je me trimballais. Je mis ma pochette en équilibre un instant sur ma jambe pour chopper un stylo et noter ce qui m'avait été demandé. Il allait me falloir une nuit blanche pour en venir à bout, au moins... Nouveau soupir. Et, alors que je maudissais le monde entier, le bus eut un cahotement et je lâchais ma pochette, qui se déversa sur le sol. Une chance que je réussis in-extremis à rattraper les dossiers qui avaient eux aussi menacés de glisser. Je les calais un peu mieux sous mon bras pour ramasser mes affaires. Je dus contourner, pour cela, le déambulateur du vieil homme précédemment nommé, qui n'essaya même pas de se pousser malgré mon regard noir, se contentant de me fixer avec un sourire ravi d'auto-satisfaction. Moque toi, vas-y, de toute façon tu vas crever dans pas longtemps, pensais-je alors que je lui renvoyais le même sourire, un brin provocateur. Cette pensée des plus glauques me fut momentanément réconfortante, et je retrouvai un semblant de "bonne humeur". Tout allait bien dans le meilleur des mondes. J'étais jeune, beau, je faisais partie du plus grand cabinet d'avocat de la ville, et bientôt, j'allais rentrer chez moi, et retrouver l'homme qui faisait battre mon coeur. Au fond, j'étais heureux, et rien ne pouvait m'enlever ça.

Ayant enfin réussi à récupérer tous mes biens, je remarquais alors que mon arrêt venait d'être dépassé, et retint l'énième soupir qui me vint de peur de déclencher une nouvelle catastrophe, voir un cataclysme. On était jamais trop prudent. Je descendis donc au suivant, rebroussant chemin avec mon chargement, non sans ruminer dans ma barbe de trois jours. Foutue journée. Foutue boulot. Foutue arrivisme qui m'avait poussé à faire du zèle et à accepter de rendre un foutu dossier demain matin. Arrivé devant la porte, il me fallut bien deux minutes pour attraper mes clés et, finalement, les mettre dans la serrure pour enfin, entrer. La musique me frappa alors, et je refermai la porte du pied, mon regard se posant directement sur la nuque d'une petite tête aux boucles brunes. Je poussai un autre soupir, mais cette fois, de ravissement, lâchant tout ce que je tenais sans ménagement sur la déserte non loin de la porte pour venir passer mes mains autour de ces frêles épaules que j'aimais sentir contre mon torse, mes doigts venaient accrocher son menton pour tourner son visage et m'éprendre de ses lèvres. D'abord doucement, puis plus avidement. Il m'avait manqué. Terriblement. Et le retrouver après une dure journée était la meilleure récompense que je pouvais espérer avoir. C'était même mieux à mes yeux que toutes les louanges du monde de la part de mon patron, c'est dire. Je fis ensuite le tour du canapé pour venir m'étaler sans ménagement à ses côtés, calant ma tête sur une de ses cuisses avant de fermer les yeux, restant un moment inanimé. Les traits de mon visage se détendirent et ma respiration devint soudain calme, apaisée. Rien que de le savoir là, à quelques centimètres de moi, me suffisait à me sentir bien. A oublier momentanément tous mes soucis et que, dans quelques heures, j'allais devoir remettre un compte-rendu complet. Au bout d'une longue minute de zénitude profonde bien méritée, je rouvris un oeil et finis par prononcer : « Tu veux pas m'enlever ma veste ? Et mes chaussures, aussi. S'il te plaît... J'ai trop la fleeeeemme. » Je relevai les yeux pour le fixer intensément, avec l'air d'un petit chiot perdu, l'étincelle crapuleuse au fond du regard en plus. Et le sourire un peu goguenard, aussi, bien que dissimulé sous des airs angéliques. Je me mordis la lèvre. Théoriquement, demander à mon petit ami de me déshabiller n'était pas un problème... Alors, autant en profiter un peu, non ?


Dernière édition par Daniel A. Wilkerson le Dim 17 Aoû 2014 - 17:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyMer 13 Aoû 2014 - 0:23

Il ne fallait pas grand-chose à Joshua pour être heureux - c’était un fait communément admis – mais il était rarement aussi heureux qu’en ce genre d’instants. Le calme de cet appartement, où aucun regard ne pouvait les atteindre ; la ligne de basse d’une bonne vieille chanson de Duran Duran, et les vieilles boîtes à rythme des années 1980 ; savoir que sa journée était bel et bien finie et qu’il n’aurait pas à remettre les pieds dans l’université avant le lendemain – tout contribuait à une espèce de bonheur parfait et incontestable. Et surtout, surtout, le toucher familier de deux mains autour de ses épaules – puis la bouche qui vint doucement chercher la sienne. Presque sans y penser, il avait refermé sur ses jambes le lourd volume qu’il feuilletait jusque-là, avant de le repousser sur le cuir du canapé. Daniel. Il avait fermé les yeux, et laissé un très léger sourire étirer ses lèvres. Oui, il ne fallait pas grand-chose à Joshua pour être heureux – mais à ce moment-là il l’était d’une façon si pure, si éclatante, que même lui commençait à la trouver absurde. Comme si son monde commençait et s’aboutissait en Daniel. Comme s’il n’avait rien, absolument rien de plus à demander – comme si tout était parfait. Lorsque leurs lèvres se séparèrent enfin, il rouvrit les yeux sur ceux, très bleus, de l’autre homme, et il articula, tout proche encore de sa bouche, avec son éternel sourire d’enfant : « Salut, toi. ». Sa voix était légèrement enrouée, presque un murmure, étouffée par cette chaleur dans son cœur.

Ils étaient ensemble depuis quelques mois maintenant, et avaient trouvé leur équilibre. Là où s’étaient un jour tenus deux amis se tenaient maintenant deux amants – même en secret. Dans la vie de tous les jours, leur alchimie n’avait pas réellement changé. Daniel était toujours ce grand homme un peu froid qui jetait sur le monde un regard plein de suffisance – Joshua cet enfant qui riait ouvertement au nez de la vie et qui pensait fermement avoir tout le temps du monde pour grandir. Quand ils se retrouvaient seuls, cependant, leurs différences s’estompaient peu à peu, pour ne laisser qu’un profond équilibre. Doucement, Joshua vint glisser sa main dans les cheveux de Daniel alors qu’il déposait sa tête contre sa cuisse. Ses yeux, jamais las, suivaient les contours du visage de l’autre, la forme de sa bouche, l’arc des sourcils, le nez parfait. Cet homme, il l’avait appris par cœur – mais il le redécouvrait à chaque fois. Avec un léger sourire, il massait du bout des doigts le cuir chevelu, puis laissa son pouce s’attarder sur la lèvre de Daniel alors qu’il reprenait la parole. Il fronça les sourcils, avant de laisser éclater un rire. « Je suis sûr que tu peux enlever tes chaussures tout seul comme un grand. Regarde, même moi j’ai réussi à le faire ! » finit-il par dire – même si ses mains s’étaient glissées sous la veste de costume et, alors que Daniel avait entrepris de se redresser légèrement, accompagnèrent le mouvement du vêtement hors des épaules. Même si, aussi, machinalement, il retira les lunettes du nez de l’autre homme et entreprit de défaire le nœud de sa cravate. Il pencha légèrement la tête, ses yeux ancrés dans ceux de Daniel. « Dure journée ? », finit-il par demander. Il était venu à bout du nœud, et achevait de la défaire, la tirant lentement au creux de sa main. Un sourire trainait toujours sur ses lèvres – un sourire plus doux que celui qu’il abordait d’ordinaire, reflet d’un calme, d’une paix intérieure qu’il ressentait intensément.
Ils avaient l’air d’un couple parfait. Il le savait. L’appartement impeccable, le grand canapé, la soie de la cravate hors de prix qu’il sentait rouler entre le tissu de son pantalon écarlate et le cou de Daniel. Ses yeux restaient ancrés dans ceux de l’autre homme, pupilles noisettes dans pupilles bleues. Précautionneusement, il finit par se pencher un peu en avant pour abandonner lunettes et cravate sur la table basse, avant de déposer à nouveau sa tête sur le rebord du canapé – la laissant tout de même rouler un peu sur le côté pour garder Daniel dans son champ de vision. Il n’aurait pas vraiment su expliquer pourquoi, mais cette vue seule suffisait à le rendre stupidement heureux. A nouveau ce sourire tranquille, apaisé. Il laissa le silence se prolonger encore quelques secondes – même s’il y avait quelque chose d’un peu absurde à parler de silence, quand cette latence n’avait rien de lourde et restait troublée par une chanson de Duran Duran. Sa main était revenue se mêler doucement aux cheveux de Daniel, s’attardant de temps en temps pour frôler une joue, le coin des lèvres. Aux premières notes de Save a Prayer, il laissa néanmoins s’échapper un léger rire, se rappelant la remarque qu’il s’était fait un peu plus tôt : « Tu crois que j’ai pas remarqué que tu séquestrais quatre de mes Cds ? Si t’espérais avoir la paix et plus jamais subir mes pulsions Duran… » Son sourire s’était élargi, reprenant ses allures ordinaires de type stupidement content de vivre. Ses yeux s’attardèrent sur la silhouette de Daniel, allongé de tout son long. Il tenta de faire une moue, chose à laquelle il avait toujours été fort mauvais, mais il n’y avait pas de mal à essayer. Non ? « Et moi aussi je veux un câlin. D’abord. » Ouais. Daniel n’était pas le seul à avoir une journée un peu pourrie, dans cette histoire.
Enfin. A cet instant, ce n’était pas comme si cela comptait réellement. La journée pourrie, à vrai dire, lui était plus ou moins sortie de la tête. Parce que tout allait bien. Terriblement bien.

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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyDim 17 Aoû 2014 - 21:08

Oublié le boulot. Oublié le compte-rendu à rendre dans moins de douze heures. Oublié également tous mes soucis. C'était simple : en présence de Joshua, je ne pensais plus qu'à une chose : lui. Sa peau. Sa voix. Ses regards. Ses sourires. Je poussais un profond soupir de contentement, là, installé contre lui, alors que je me sentais juste... bien. A ma place. « Salut, toi. » l'entendis-je prononcer doucement, sentant son souffle contre mes lèvres, et je produisis un faible grognement en réponse. Je l'avais déjà salué ... à ma manière. Un début de sourire illumina mon visage, à présent complètement détendu. Ses doigts passant dans mes cheveux me provoquèrent des frissons de la nuque au bout des orteils. Je m'émerveillais encore du fait qu'un si simple contact puisse me transcender. Dans un état presque second, je lui avais demandé, fidèle à moi-même, un petit coup de pouce pour finir de rendre ce moment complètement parfait, et c'est son rire qui me répondit. « Je suis sûr que tu peux enlever tes chaussures tout seul comme un grand. Regarde, même moi j’ai réussi à le faire ! » J'eus une moue déçue, bien que, concrètement... Il n'avait pas tort, et bien vite, le sourire précédent retournait trôner sur mon visage. « Bien, bien... Je dois pouvoir y arriver. » articulai-je tout en me contorsionnant pour, un pied après l'autre, faire glisser de mes chevilles les chaussures sus-citées, alors que, déjà, ses mains avaient pris d'assaut ma veste de costume. Elles tombèrent en même temps que le tissu quittait mes épaules, avant que mes lunettes soient également déchaussées de mon nez. Ma cravate également commençait à glisser de mon cou, ce qui accentua le sourire déjà présent. « Dure journée ? » s'enquit alors le jeune homme, ce à quoi je répondis par un haussement d'épaules. « T'imagines même pas, mon patron a continué de me passer des directives jusque dans le bus, sur le chemin du retour. Ça n'en finit jamais. » commençai-je avant de faire un discret geste de la main se voulant nonchalant. « Mais aucune importance. Et toi, ta journée ? » Débarrassé de ma cravate, je retournai lover ma tête contre sa jambe, le regardant par en dessous. Ce n'est qu'à cet instant que je commençai à profiter de la musique. Duran duran. L'un de ses CD préférés. L'un de ceux qui avaient complétés ma collection depuis qu'il avait investi l'appartement de façon, disons, régulière. Mon menton bougeait légèrement en rythme, mes lèvres remuaient fébrilement, suivant les paroles. Lorsque la chanson suivante démarra, mes doigts se rajoutèrent à ma danse silencieuse, pianotant sur mes cuisses alors qu'il se mit à rire de nouveau pour m'apostropher : « Tu crois que j’ai pas remarqué que tu séquestrais quatre de mes Cds ? Si t’espérais avoir la paix et plus jamais subir mes pulsions Duran… » Je me mordis la lèvre, fronçant légèrement les sourcils alors que je soulevais légèrement les paupières. Devais-je lui avouer que je les écoutais quand il n'était pas là, rien que pour recréer la sensation de l'avoir à mes côtés ? Non, il n'en saurait rien. C'était trop... Enfin, ouais. Non. « Tu te rends pas compte. Maintenant, je les connais par coeur. C'est un vrai traumatisme. Il va falloir que j'entame une psychothérapie si je veux espérer un jour m'en débarrasser. » Un faux soupir affligé dépassa mes lèvres. Le ton n'était clairement pas aussi réprobateur que je l'aurais aimé. J'étais trop bien pour réussir à l'enquiquiner. L'instant trop agréable. Je fermai de nouveau les yeux, tentant de ne pas me laisser emporter par la musique et le bien-être que cette scène me procurait... Mais fut sorti de cet instant de pur ravissement par une simple requête, qui me sortit aussitôt de ma douce torpeur. « Et moi aussi je veux un câlin. D’abord. » Les yeux bien ouverts, je le fixais, lui et ses grands yeux plein d'innocence. Je laissais un bref instant durant lequel seul mes fossettes lui répondirent, mon regard ancré dans le sien. Puis, levant un bras, je passai une main autour de sa nuque pour me relever vers lui, et le faire venir à moi du même coup alors que, de l'autre bras, j'avais contourné sa hanche pour me redresser sur le coude. Mon visage vint d'abord se lover dans son cou tandis que je repliai mes jambes pour les ramener vers lui, et me retrouver presque sur les genoux. Ma bouche embrassa alors furtivement le creux de sa mâchoire avant que mes lèvres ne se déportent vers son oreille. Appuyé sur ma main libre, je fis passer ma jambe de l'autre côté pour venir ensuite poser la main sur le dossier, l'autre toujours dans sa nuque, grimpant doucement à la base de ses cheveux, frictionnant sa peau de très légers mouvements du bout des doigts. Je restai là un moment à le surplomber avant de, finalement, le pousser doucement de ma main libre, jusqu'à ce que son dos soit bien calé contre le dossier. Puis, je me baissai, l'entourant maintenant de mes bras alors que mon front vint toucher le sien et que je laissais mes fesses reposer contre ses jambes. « Y'a t-il autre chose que Monsieur désire ? » demandai-je ensuite, taquin. Mon regard se perdit dans le sien. Je ne voyais plus que ses pupilles, et cela me suffisait. Il n'y avait pas d'autre vue que j'aurais pu désirer plus à cet instant... A part, peut être, celle de son corps. Et encore. J'aimais sûrement autant ses yeux que tout le reste. Parce qu'ils me regardaient... Et qu'ils me voyaient tel que j'étais vraiment.
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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptySam 23 Aoû 2014 - 21:39

Il avait quelque chose d’un gamin – il le savait. Quelque chose d’un chiot, un peu, aussi. Toujours des allures d’une petite créature qui chercherait le contact humain, qui se nicherait contre un corps chaud et, une fois sa mission accomplie, pousserait un long soupir de contentement. Il craignait la solitude, le vide, le sentiment que personne ne l’attendait, nulle part – mais en contrepartie, il était stupidement heureux dès qu’il se sentait aimé et qu’on prenait la peine de le toucher pour le lui prouver. C’était l’une des choses parmi tant d’autres qui faisaient qu’on le prenait souvent pour quelqu’un d’immature. Le fait était, les années passant, cette habitude ne le quitterait jamais. Il avait juste besoin d’affection. Qu’une personne aussi froide au naturel que Daniel prenne la peine de lui en donner, c’était un bonheur absolu.
Il n’y avait aucun jugement. Aucune honte. Les êtres qu’ils étaient en dehors, ils les oubliaient dès lors qu’ils mettaient le pied dans cet appartement. Surtout, Daniel n’était plus Daniel. Il se laissait aller à ces jeux d’enfants qu’entretenait toujours Joshua, se laissait aller à cette insouciance que l’autre homme chérissait plus que tout. Rien n’était grave. Pour Joshua, il avait toujours suffi de prétendre ce genre de choses pour qu’elles deviennent vraies. Il se concentrait sur les petites choses, les petits bonheurs – comme le contact de la cravate en soie sur sa main, son bruissement léger derrière la voix de Daniel. Le reste ? « Hum. Dure journée d’étudiant », répondit-il avec un léger rire. « Je me suis endormi en cours, je crois. Et j’ai même pas eu le temps de manger. Tortionnaires. » - mais là où il y a quelques heures encore il aurait pu sincèrement se plaindre de tout cela, il ne ressentait plus le moindre énervement. Daniel était revenu. Tout allait bien. Il était heureux. Oui, tout allait bien. Il n’avait même plus vraiment faim, et pourtant son estomac avait tendance à se manifester d’une façon très virulente à des heures extrêmement précises. Ouais. Il avait absolument tout ce qu’il lui fallait pour être heureux. Ses mains, une fois la cravate retirée, avaient repris leur office dans les cheveux de l’autre homme. Il remarqua avec un plaisir non dissimulé qu’il n’était pas le seul à avoir un penchant étrange pour les années 1980 – et que si Daniel, au début récalcitrant, continuait à prétendre le contraire, il avait fini par tirer un certain plaisir de l’écoute prolongée de boîtes à rythme et de voix à la limite du faux. Joshua avait donc au moins accompli une grande chose dans sa vie. Pas dupe une seconde, il éclata d’un grand rire quand Daniel en vint à se plaindre ouvertement. « Fais pas la gueule, Duran Duran est la meilleure chose qui soit arrivée à l’humanité – et à toi aussi au passage. Après moi, peut-être. » Après lui, bien sûr, avait-il failli ajouter – mais on ne défiait pas le grand Daniel Wilkerson sur son terrain de prédilection, c’est à dire celui de l’autosuffisance. Ce n’était en rien un reproche. Quelque part, cela contribuait à son charme, quand on y pensait bien.  Il eut un temps de réflexion intense, au terme du quel il annonça sur un ton tout à fait sobre et tout à fait inadapté aux mots qu’il s’apprêtait à proférer : « Si je le pouvais, je crois que je coucherais avec Duran Duran. » Oui, tout à fait.
Mais Duran Duran était un groupe un petit peu dépassé, dont il ne rencontrerait jamais les membres, et il ne pourrait probablement jamais avoir de relation sexuelle avec – surtout pas avec le partenaire qu’il entendait en disant ces mots, c’est à dire une espèce d’entité mystique qui incarnerait la musique de son groupe préféré. A la place, il avait Daniel. Donc aucune raison de se plaindre, en somme. Parce que cet homme là, il cédait sans se plaindre à son petit caprice de câlin. Même de toute évidence absolument épuisé par sa longue journée, il entreprit une sorte de manœuvre compliquée pour se redresser jusqu’à l’entourer de son corps et de ses bras. A l’instant où il sentit le contact de la bouche de l’homme contre sa mâchoire, Joshua laissa échapper un léger grognement qui ressemblait à s’y méprendre à un ronronnement. Crédibilité, -1000, mais ce n’était pas comme s’il n’en avait pas l’habitude. Et puis il avait autre chose à penser – par exemple combien le simple fait d’avoir pour seule vue les deux pupilles bleues, tellement bleues de Daniel le rendait profondément heureux. A nouveau, il avait laissé éclore son sourire absent de mec inutilement content. Ses mains s’étaient glissés dans le dos de l’autre homme, faisant tranquillement leur bout de chemin, tirant nerveusement sur la chemise pour à terme trouver moyen de se glisser sur la peau. Il était tactile, tellement tactile que c’en était parfois ridicule, et avec Daniel la chose atteignait des extrémités folles – même sans le moindre sous-entendu sensuel il avait besoin de le toucher, de s’assurer de sa présence. Tant pis. Se glissant sous le tissu par en-dessous, il avait réussi à poser ses deux mains à plat sur la chair nue. Il ferma une seconde les yeux, savourant l’instant. « Monsieur est tout à fait satisfait », finit-il par dire avec un léger rire. Il laissa un moment son front doucement appuyé contre  celui de Daniel, avant de pencher un peu la tête pour déposer un baiser au creux de son cou à son tour. Il souriait. Toujours. Eternellement. « Enfin, je suppose que ça serait un poil too much de te demander de me nourrir, de me déshabiller, de me mettre au lit, et aussi d’aller en cours demain à ma place. » Il avait légèrement froncé les sourcils. Quand on y pensait bien, la deuxième et la troisième réclamation pouvaient être interprétées de façons telles que Daniel n’y verrait certainement aucune objection – mais ils avaient encore tout le temps du monde. Son étreinte se resserra un peu dans le dos de l’autre homme, il poussa un long soupir. « Non, ça va. Je suis bien, là. » Tellement bien.


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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyVen 29 Aoû 2014 - 19:41

Depuis peu, j'avais réalisé que je n'avais, en réalité, besoin que de très peu de choses dans la vie. Cela se résumait en effet en trois choses : un boulot qui me passionnait, le respect de ma famille et de mes pairs... Et enfin, Joshua. C'était tout ce que je demandais, je n'en voulais pas plus. Certes, j'avais toujours été attaché aux choses matérielles, ayant été élevé dans un certain confort. J'avais, quelque part, toujours vécu avec un certain niveau de vie... Disons, plus que confortable confortable. En présence de Joshua, cependant, toutes ces choses me semblaient triviales. Je tenais bien sûr à ma réputation et mon ambition restait intacte, n'allez pas croire non plus que je reniais les fondements de ma personnalité, mais quand nous étions ensemble, je me fichais complètement de ma position sociale, tout comme de l'état de mes finances - cela dit en passant, pas mauvais du tout. Je n'avais plus envie que d'une chose : le combler autant qu'il me comblait. C'est pourquoi, avec lui, j'étais un autre homme. Un homme meilleur, si l'on peut dire - même si, là encore, tout dépend du point de vue. Je n'étais plus le jeune avocat brillant, ni le fils prodige. J'étais sien, c'était aussi simple que cela. Et cela me suffisait amplement, parce que je ne m'étais sûrement jamais senti aussi entier que depuis que nous formions un "nous". C'était sûrement ce qui faisait que, malgré ma journée merdique, je ne pouvais me, départir de mon sourire depuis que j'étais entré et que je l'avais vu. Tout comme que je n'essayais même pas de le contredire lorsqu'il lança suite à ma tentative ratée de faire croire que je détestais sa musique préférée : « Fais pas la gueule, Duran Duran est la meilleure chose qui soit arrivée à l’humanité – et à toi aussi au passage. Après moi, peut-être. » Une vague moue répondit à cette approbation, l'air de dire "mmmoui, peut être bieeen...", mais aucun son ne sortit de ma bouche. Je savais, de toute façon, que je ne tiendrais pas bien longtemps à ce jeu là, surtout avec ses doigts fourrageant mes cheveux, et l'air béat qui menaçait dangereusement de prendre possession de mon visage. Ouais. L'air de niais, quoi. Autant appeler un chat un chat. Mais Joshua n'aurait jamais le plaisir de le voir, puisqu'après un temps d'arrêt, il proféra une affirmation qui transforma mon sourire en grimace. « Si je le pouvais, je crois que je coucherais avec Duran Duran. » Je reniflais un peu bruyamment avant de marmonner : « Mon frère a le numéro d'Elton John, et je suis sûr que je peux facilement avoir un ticket avec, alors fais gaffe à ce que tu dis. » Ouais ouais, je venais de le menacer de me taper un vieux croulant. So what ? I'm still a rock staaaar. Hrm. L'auto-suffisance, tout ça. Bref. Il ne me laissa malheureusement pas le temps de continuer sur ma lancée et, probablement, d'échafauder un plan machiavélique pour tuer les Duran Duran, puisqu'il quémanda de sa petite voix de gamin un câlin... Que je m'empressais de lui offrir, bien trop content de changer de sujet. Avouer ma jalousie me posait quelques petits problèmes, même si je n'aurais eu aucun mal à lui asséner avec mauvaise foi que "non, je n'étais pas jaloux, je n'aimais simplement pas partager". Oui messieurs dames.

J'en profitais donc pour me laisser aller à ma possessivité naturelle de façon tactile plutôt que verbale, retrouvant avec plaisir le contact de mes lèvres sur sa peau, mes mains sur sa nuque... Mon corps contre le sien. Rien de sensuel... Enfin, presque. Parce que, contrairement à Joshua l'ingénu, pour moi, un câlin, ce n'était pas juste une accolade entre potes, m'voyez. C'est pourquoi j'avais pris un air joueur, qui s'accordait avec ma demande en apparence innocente. En apparence. Et sa réponse ainsi que son baiser dans mon cou aurait pu m'encourager, avec son « Monsieur est tout à fait satisfait... »... Enfin, seulement s'il n'avait pas rajoutait aussitôt après ceci : « Enfin, je suppose que ça serait un poil too much de te demander de me nourrir, de me déshabiller, de me mettre au lit, et aussi d’aller en cours demain à ma place. » Je ne pus m'empêcher de pousser un petit soupir tout en me reculant un instant pour le regarder, sans expression particulière ou peut être légèrement pensif. « J'avoue que j'avais les trois premières choses en tête... Mais pas la dernière. » avouai-je naturellement, sans détour, en feignant un sourire amusé pour masquer ma déception momentanée. Les sous-entendus, c'était pas foncièrement mon truc, à moi. Un peu trop impatient, peut être. J'allais d'ailleurs amorcer un mouvement pour me décoller de lui et partir vers la cuisine, mais il remarqua peut être quelque chose puisque je sentis la pression de son étreinte augmenter alors qu'il terminait : « Non, ça va. Je suis bien, là. » Je préfère ça, me retins-je de répliquer, accentuant à mon tour la pression de mes doigts sur sa nuque. C'est vrai que ce moment était parfait. Simple, mais parfait... Ou presque. Je devais bien le dire, il me manquait un petit quelque chose, aussi plaisant que d'être contre lui soit. Je vins donc m'asseoir sur ses jambes pour me mettre un peu plus à sa hauteur et, finalement, venir avec lenteur déposer un léger baiser au coin de ses lèvres, avant de proposer : « Puisqu'on a pas vraiment de programme pour la soirée, moi, je boirais bien quelque chose, déjà, pas toi ? » Mon regard dériva, et, bien que n'ayant pas envie de rompre notre étreinte, je me déportais, glissant de ses jambes pour me tourner en direction du meuble non loin, gardant une de mes jambes sur lui alors que j'avais repliée l'autre sous moi. « Bière, Russian Earl Grey... », commençai-je à énumérer avant d'en venir au réel objet de mon désir immédiat, qui avait accroché mon oeil l'instant d'avant : « J'ai aussi un très bon brandy. » J'esquissais une moue angélique. En ce qui me concernait, j'avais, effectivement, plutôt envie d'un remontant, et le cognac (comme disent les français) Hennessy que m'avait offert un collègue pour fêter mon entrée dans le cabinet d'avocat où je travaille me faisait de l’œil depuis quelques temps... Mais, n'aimant pas boire tout seul, je me rangerais probablement à son choix, quel qu'il soit. C'est pourquoi, j'attendis tranquillement qu'il réponde, mes doigts pianotant sur sa hanche - où mon bras s'était posé nonchalamment quand j'avais changé de position une fois de plus -, mon autre main toujours sur sa nuque dessinant de petits cercles sur sa peau alors que je le dévisageais, me mordant l'intérieur de la lèvre. Oui, j'étais limpide. Encore que, je ne lui avais pas fait les yeux de cocker triste... For now.
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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyMar 2 Sep 2014 - 22:27

Elton John ? Il eut un rire. Les poussées de jalousie de Daniel prenaient souvent des aspects incongrus – franchement cons, parfois, même. Très sérieusement, il plongea ses yeux dans ceux de l’autre homme, fronçant un peu les sourcils. « Hé. » dit-il doucement, avant de dire, comme s’il n’y croyait qu’à moitié : « Je veux le numéro d’Elton John, moi. Je veux sûrement pas que tu couches avec, mais je veux le numéro d’Elton John. Tu peux pas m’annoncer des trucs comme ça sans en assumer les conséquences » - à ce stade, ils ne pouvaient probablement pas être plus gay, tous les deux. Entre Duran et ça, ils surfaient sur les clichés. Et encore, il ne s’était pas mis à parler de George Michael – une chance pour Daniel qu’il n’ait abandonné aucun CD de Wham ! dans le secteur. Mais, hé, il savait probablement qu’il se trouvait face au plus gros acharné des années 80 que Huntington Beach ait jamais rencontré, non ? On ne lui disait pas qu’on pouvait entrer en contact avec l’une des plus grandes stars de l’époque à la légère !
Mais ce n’était pas comme s’il voulait sincèrement se taper Duran Duran, ou Elton John pour ce que ça valait – il avait tout ce qu’il voulait espérer juste devant lui, sous ses yeux et sous ses mains, aussi, à disposition, si l’on pouvait dire. Il ne s’en serait plaint pour rien au monde – et puis ce n’était pas comme si Daniel ne lui suffisait pas amplement. Sur tous les plans. Oui, même celui là. En témoignait la façon dont il avait spontanément répondu à ses réclamations pour ce soir, y voyant directement un appel à quelque chose de beaucoup moins mignon que ce qu’ils faisaient jusque là. Il rit. Bon sang, ce qu’il aimait cet homme. Il l’aimait même s’il était différent, tellement différent de lui – ou peut-être même qu’il l’aimait pour cela, pour cette force qu’ils parvenaient à tirer de leurs caractères mutuels, le côté inébranlable de leur alchimie. Même quand, là où Joshua se serait simplement contenté de rester dans ses bras jusqu’à ce que sommeil s’en suive, Daniel insista pour… le faire boire ?
Son expression se teinta d’amusement quand l’autre homme mentionna le brandy : « T’es conscient que t’es un grand cliché ambulant, hein ? » Il s’était penché un peu pour déposer un baiser sur la mâchoire de Daniel – apparemment les clichés ambulants ne le dérangeaient pas tant que ça, pour peu qu’il s’agisse de cet homme là. Appuyant de nouveau paresseusement sa tête contre le dossier du canapé, il amena une main à son cou pour défaire son nœud papillon, défit les deux premiers boutons de sa chemise. Il était avec Daniel. Tout allait bien avec Daniel. L’absence totale de contrainte qu’il ressentait à ses côtés, le bonheur brut, c’était cela, l’amour – l’amour le plus pur qu’il ait jamais éprouvé et qu’il éprouverait de sa vie. Il secoua légèrement la tête, un sourire aux lèvres – attendri. « Va pour le brandy. Je sens que ça te brise le cœur et qu’au fond tu préférais qu’on boive du thé, comme deux petits vieux, avec une couverture sur les genoux, mais va pour le brandy. » Il se serait bien levé pour aller chercher des verres, mais l’étrange position qu’ils avaient fini par adopter l’en empêchait totalement – il n’allait sûrement pas s’en plaindre cela dit. Alors il rit. Encore. « Ton plan, en fait, c’est que je finisse fin bourré, que je perde toute inhibition, qu’on ne dorme pas et que je rate en beauté les cours demain matin ? Non parce que je suis pas dupe.» Ca non plus, il ne s’en plaindrait pas. Il leva une seconde les yeux vers le plafond, impeccablement blanc, de l’appartement. « Je me vois bien annoncer solennellement à Mr Wilson que j’ai pas pu me pointer aux TDs parce que mon petit ami avait décidé d’abuser de moi. » Un sourire. Il énonça, avec grand soin, les trois mots suivants : « Toute. La. Nuit. » Il rit à nouveau, en pensant à la tête de ce pauvre vieux Mr Wilson en entendant ce genre d’obscénité. D’autant plus qu’il avait été le professeur de Daniel avant d’être le sien. Bon sang. Il ne s’en remettrait probablement jamais – déjà que la crise cardiaque semblait le guetter dès que l’on répondait mal à l’une de ses questions.
Et puis, il ne s’attendait probablement pas à ça. Pas grand monde ne s’attendait à ça. Il avait toujours été Joshua Orwell, gentil, impeccable, toujours tiré à quatre épingles, vif mais marqué par une certaine timidité, comme un adolescent qui serait en partie resté un enfant, tellement candide qu’on le croyait la plupart du temps asexué. Il n’avait jamais éprouvé le moindre intérêt pour qui que ce soit – la raison principale étant qu’il avait tout ce qu’il pouvait espérer en Daniel. Et puis, ils ne se voyaient qu’en secret. La plupart des gens pensait probablement que l’amitié qu’ils avaient pu avoir l’un pour l’autre quand Daniel faisait encore partie de l’université s’était essoufflée avec le temps – et sûrement pas qu’elle s’était changée en quelque chose d’autre, de beaucoup plus intense. Sûrement pas qu’il aimait cet homme de tout son cœur, avec la violence et la sincérité d’un enfant qui a toujours cru aux contes de fées. Il eut un sourire, doux, prenant entre ses deux mains le visage de Daniel pour à nouveau ancrer leurs regards. La vision de ces deux yeux très bleus avait toujours suffi à lui couper le souffle. « Tu sais que je t’aime ? » finit-il par dire du bout des lèvres. Son ton était interrogatif, mais il avait une certitude absolue de ce qu’il venait de déclarer. Il aimait Daniel. Profondément. Et il aimait ces instants partagés, sans violence, sans jugement, plus que tout.



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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyMar 23 Sep 2014 - 21:27

Certains disaient, à raison, que j'étais la jalousie personnifiée, et je le leur concédais. Seulement, cela ne s'appliquait pas dans tous les contextes. Ouais, je n'aimais pas partager. Ouais, je n'aimais pas perdre. Ouais, j'étais envieux de la réussite de mon frère et crevais d'envie de marcher dans ses pas. Mais je n'étais pas un de ces jaloux stupides sujet aux coups de sang et incapable de se contrôler pour un oui ou pour un non. Sur ce point, ils avaient tort. J'avais beau être possessif, je n'étais pas ce mec qui se laisse bouffer par un sentiment aussi trivial. Voir un autre homme poser la main sur Joshua m'aurait, bien sûr, dérangé, mais je n'en aurais pas fait une maladie. Non, même que je n'aurais certainement rien dit... Car je préférais largement encaisser et me venger plus tard, si besoin. Par contre, quiconque aurait essayé de me prendre ce qui m'appartenait s'en serait mordu les doigts jusqu'à faire apparaître les phalanges. Il y avait des limites à ne pas franchir. Mais sur ce côté là plus latent de ma personnalité, sachez le, je faisais des efforts. La preuve. Je n'avais pas mis mon plan d’éradiquer les Duran Duran de la Terre à exécution, et j'essayais même de le prendre un peu à la rigolade. Enfin... Ouais. Visiblement, annoncer que j'avais le moyen de mettre la main sur le numéro d'Elton John ne faisait pas rire grand monde à part moi. Ça avait même l'air très sérieux pour Joshua qui, à présent, ne comptait plus me lâcher avec ça. « Tu peux pas m’annoncer des trucs comme ça sans en assumer les conséquences. » « Si, je peux. Regarde. » finis-je par lui balancer, tranquillement, avant de venir me gluer à lui... Rendant ce sujet de conversation bien dérisoire, pour naturellement finir par lui demander s'il ne voulait pas boire quelque chose. Simple formalité. Les gens font ça il paraît, quand ils se retrouvent. Un genre de rite social pour délier les langues... Et même si on était bien loin de cette étape de "sociabilité", c'était toujours agréable de se dé-assécher le gosier. « T’es conscient que t’es un grand cliché ambulant, hein ? » jugea-t-il bon de m'annoncer à ma mention du brandy qui, je le savais, devait beaucoup l'amuser. Je haussais les épaules alors qu'il embrassait ma mâchoire, comme pour se faire pardonner sa remarque, que je jugeais bon de relever : « Ce genre de cliché à 200 dollars la bouteille ne me dérange pas des masses, je dois dire. » C'est vrai que ça collait au personnage. Après tout, c'était un cadeau. Il fallait bien qu'il me ressemble un peu... Sinon, je l'aurais sûrement déjà foutu à la poubelle. Et là, clairement, ça aurait été du gâchis. D'ailleurs, il ne semblait pas enclin à le gâcher non plus puisqu'il se rangea bien vite à ma proposition. « Va pour le brandy. Je sens que ça te brise le cœur et qu’au fond tu préférais qu’on boive du thé, comme deux petits vieux, avec une couverture sur les genoux, mais va pour le brandy. » Je levai les yeux au ciel avant d'entreprendre de lever mon cul pour aller chercher deux verres dans la cuisine, mais j'en fus empêché par sa soudaine envie de baragouiner des théories fumeuses sur mes prétendues intentions. « Ton plan, en fait, c’est que je finisse fin bourré, que je perde toute inhibition, qu’on ne dorme pas et que je rate en beauté les cours demain matin ? Non parce que je suis pas dupe. » « Mince, je suis démasqué. » rétorquai-je d'un ton mi-amusé, mi-blasé, tandis qu'il continuait, inarrêtable. « Je me vois bien annoncer solennellement à Mr Wilson que j’ai pas pu me pointer aux TDs parce que mon petit ami avait décidé d’abuser de moi. » Un sourire goguenard étira mes lèvres tandis que, déjà, je reprenais, sur le même ton que le précédent : « J'avoue tout : je suis un sociopathe en puissanc- » Mais ce que j'entendis ensuite me stoppa toute envie de poursuivre dans cette attitude de pur cynisme. « Toute. La. Nuit. » Sa façon de détacher les mots était absolument adorable... Surtout suivie de son rire enfantin (enfin, plus si enfantin que ça vu le contenu si vous vouliez mon avis). C'était à se demander comment un son si pur et ces paroles avaient pu s'associer pour créer cette alchimie parfaite et n instant, je restais coi devant ce contraste.

Mes yeux étaient perdus dans ceux du jeune homme, et quand son visage s'éclaira puis que ses mains encadrèrent mes joues, je me sentis malgré moi fondre, complètement transi en entendant les mots qui suivirent. « Tu sais que je t’aime ? » La question n'en était pas vraiment une et, pris dans l'étau de ses doigts, nos prunelles cognant les unes contre les autres, je sentis mon coeur louper quelques battements. Là, durant quelques secondes, ce fut comme si le temps s'était suspendu. Je n'avais jamais ressenti un calme si intense et une telle certitude. Comme si, pour la première fois, je réalisais que je faisais partie de quelque chose de plus grand que ma petite personne. Comme si chaque chose était soudainement à sa place, dans une espèce d'harmonie étrange. Simplement, je me sentais exister. Et c'était un sentiment incroyable. A tel point que j'avais même, par moment, bien du mal à y croire. Car, oui, si je savais effectivement qu'il m'aimait, cela ne m'empêchait pas de ne pas réellement comprendre pourquoi... Je me rendis alors compte que je retenais mon souffle et m'autorisais à le reprendre, m'extirpant donc de cette torpeur une fois de plus, brisant la magie pour répondre enfin : « Ok. Finalement, on va oublier le brandy et je vais te violer tout de suite. » Je revins me coller à lui pour venir chercher ses lèvres, dans un baiser appuyé. Mon coeur s'emballait toujours dans ma poitrine, furieusement, ne se remettant pas encore totalement de l'expérience précédente. Mes doigts cherchèrent sa peau, glissant dans l'encolure de son haut pour trouver une omoplate. Ce n'était pas une déclaration d'amour, non, mais je lui avais déjà dit que je l'aimais. Plusieurs fois. Plus qu'à n'importe qui. Et pour moi, c'était terrifiant. Je l'aimais au point que j'aurais pu m'oublier, m'effacer, disparaître. Je n'avais jamais ressenti ça pour personne d'autre. Je n'aurais fait ça pour personne d'autre. Et à cet instant, je ne ressentais pas le besoin de le verbaliser. J'avais juste furieusement envie de le lui montrer, conscient que cela transpirait déjà par tous mes pores alors que je cherchais sa proximité comme un naufragé cherche à rejoindre la surface depuis que j'avais mis un pied dans cet appartement. On disait bien que les actes étaient plus forts que les mots, non ?
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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyMer 29 Oct 2014 - 6:45

Il avait été de ces enfants que l’on n’accepte jamais tout à fait. Il avait été de ces gamins qui craignent le regard de leur père, qui se brident pour paraitre normaux, qui prennent leurs cachets pour cacher les troubles, et qui espèrent. A part Judy, personne ne pouvait réellement dire qu’il connaissait Joshua Orwell. A part Judy, et Daniel. L’homme qui lui avait dit ces mots qu’il n’avait jusqu’à lui jamais entendu – les mots de l’amour, et tout ce qu’ils pouvaient bien impliquer. Daniel Wilkerson, sublime en tout point, cet être où se mariaient à la perfection une redoutable intelligence et la beauté la plus extrême, l’avait choisi. Lui.
Il écoutait chacune de ses paroles, une lueur dans les yeux, comme s’il n’en aurait jamais assez de cette voix, ou de ce regard bleu qui plongeait dans le sien. Il avait l’impression de pouvoir être tout ce qu’il voulait et tout ce qu’il était réellement, tant que Daniel se trouvait à ses côtés. Sa présence était toute l’approbation dont il pouvait avoir besoin. Tant pis s’ils ne se ressemblaient pas. La nuit, il s’endormait avec le sourire aux lèvres parce qu’il était aimé. Toute sa vie se déroulait dans une douce certitude. Il vivait dans le bonheur et en redemandait, parce que Daniel Wilkerson en avait fait une drogue. Doucement, il avait appuyé son front contre le sien. Le visage de Daniel était là, entre ses mains, contre sa peau, et pourtant c’était lui qui se sentait minuscule. C’avait toujours été ainsi. Il avait toujours mené la dance en apparence, faisant le choix de répondre ou non à la déclaration de l’autre homme, faisant le choix de vivre cette histoire avec lui, avançant au rythme d’un enfant qui n’a encore jamais connu une telle intimité avec qui que ce soit – mais Daniel avait le pouvoir, le seul, le vrai, parce que Joshua l’aimait de tout son cœur.
Il éclata d’un grand rire lumineux quand l’autre décréta qu’il allait le violer directement. Quoi? Il le préférait au brandy! Tant pis pour la dignité et pour combien il aurait dû s’offusquer! C’était un compliment, bien caché, mais un compliment tout de même. Assez, en tous cas, pour réveiller en lui une flamme qui ne s’éteignait jamais tout à fait. Une seconde et la bouche de Daniel s’était emparée de la sienne – et lui, il plongeait une main au plus profond des impeccables cheveux noirs, glissait l’autre derrière son dos pour l’attirer encore plus près de lui. Toujours plus près. C’était comme s’il ne pouvait plus se passer de cette présence – de choses aussi stupides que la chaleur de sa peau, ou le contact de leurs joues quand l’un ou l’autre oubliait de se raser. Il sentait ses doigts dans sa nuque, se frayant un chemin sous sa chemise – et machinalement il ramena l’une de ses mains à sa poitrine pour défaire les boutons restants, donner un meilleur accès. Tout, pour peu qu’il puisse sentir la présence de Daniel, le savoir tout contre lui. Leurs lèvres se séparèrent une seconde – et c’est sa bouche toute proche de la sienne qu’il murmura doucement : « Alors? Je croyais que tu étais épuisé? »
Il sentait le souffle de l’autre homme tout contre sa mâchoire, le caressant doucement. Son odeur remplissait ses poumons, quelque part entre l’eau de Cologne, la fragrance du savon, et ce petit quelque chose qui ne correspondait à rien de connu mais qui n’était que Daniel, exclusivement Daniel, et qui le rendait juste fou. Parfois, il fermait les yeux, il respirait cette présence, et il avait le sentiment que rien ne pourrait être plus parfait, que tout ce qu’il pouvait décemment espérer de la vie se trouvait là, juste là, tout contre lui. Doucement, il pencha la tête, effleurant la gorge de l’autre homme de ses lèvres. Ses mains avaient opté pour une nouvelle occupation, doigts tremblant légèrement alors qu’ils défaisaient la chemise impeccable de Daniel avant de s’enrouler autour de sa taille, se nichant dans son dos. Un baiser, puis un autre, le long du cou qu’il s’offrait à lui. Il s’appliquait, comme cet enfant modèle qu’il avait un jour été et qu’il avait abandonné pour l’homme qui se trouvait entre ses bras. C’est les yeux fermés que Joshua répéta une nouvelle fois, comme si les mots ne pouvaient plus être retenus : « Je t’aime. » A cet instant, son monde se résumait à cela. Il l’aimait. Tellement fort que parfois il sentait son cœur se gonfler, bouillir, prêt à exploser sous la pression de tellement de sentiments – tellement fort que parfois il en avait mal, mais cette douleur là était la bienvenue, et tant pis si c’était une pression intolérable à l’intérieur de sa cage thoracique, tant pis s’il n’en respirait presque plus. Ses mains se serrèrent un peu, laissant probablement une trace infime sur la peau très blanche. Son front s’appuya un instant contre la tête de Daniel, le bout de son nez vint effleurer la courbe parfaite d’une joue, sur laquelle il déposa un énième baiser. « Je t’aime tellement. » dit-il pour la énième fois. Il avait besoin de le répéter – à la fois pour se le rappeler et pour le rappeler à l’autre homme, dans une preuve que tout cela était vrai, bien vrai, et que tout à coup ils n’étaient plus seuls au monde, ils étaient deux et tout était parfait. Et puis un rire. Étouffé, tout contre cette peau qu’il avait appris par cœur, alors qu’il murmurait au creux de son oreille : « Tant pis pour Mr Wilson. Il va devoir se débrouiller sans son élève préféré demain – Joshua l’étudiant modèle peut aller se faire foutre, Joshua tout court a d’autres priorités dans l’immédiat. ».
Et juste comme ça, il abandonnait toute logique, tout sens des responsabilités, et ce qui pouvait bien rester de lui il l’offrait à Daniel sans broncher une seconde. Après tout, il était la personne qui lui permettait de continuer à avancer. Il avait foi en lui, une confiance totale, honnête et presque solennelle – Daniel pouvait faire de lui tout ce qu’il voulait, il était certain que, quoi qu’il arrive, il parviendrait à demeurer stupidement heureux.

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MessageSujet: Re: [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback)   [2008] Too close to hide - DANIEL&JOSHUA (flashback) EmptyMer 3 Déc 2014 - 21:56

Depuis que je l'avais rencontré, j'avais été submergé. Avant Joshua, c'était simple: j'ignorais qu'il était possible de ressentir ce genre de sentiments, et surtout, à une telle intensité. Le feu dans les entrailles, la bouche sèche, le coeur qui menace de s'échapper de la poitrine, cette sensation d'étouffer et de se sentir plus vivant que jamais à la fois, et puis, surtout, d'en vouloir toujours plus, incroyablement plus... Comme si ce n'était jamais assez. Non, avant lui, je n'étais pas au courant qu'une personne pouvait inspirer ce genre de choses, concentré sur mes ambitions personnelles. Non, jamais je n'aurais pensé que quelqu'un puisse devenir le centre d'un monde. Je n'avais même jamais compris les personnes qui devenaient dépendantes, ainsi, d'une seule personne. Pourtant, c'était un fait : Joshua était devenu le centre du mien. Si j'étais rentré ce soir et qu'il n'avait pas été là à m'attendre, sur ce canapé trop grand, dans cette pièce trop vide sans lui, c'était certain : il m'aurait manqué. Pire que ça, je me serais senti comme amputé d'une partie de moi-même. Et rien que d'y penser, c'était aussi grisant que terrifiant. Alors, le vivre...

Depuis que j'étais rentré, c'était comme si je ne pouvais pas rester éloigné de lui plus de quelques secondes. J'avais abandonné toutes mes affaires, oublié tout le boulot qui m'attendait, juste pour le rejoindre, le sentir près de moi, contre moi... Et goûter au plaisir de sa peau contre la mienne. Ses mains dans mes cheveux, les miennes contre son dos, nos souffles mêlés, c'était indubitablement le meilleur moment de ma journée, et il le savait... Avec les autres, j’arborais un masque ; avec lui, j'étais transparent. « Alors? Je croyais que tu étais épuisé? » me taquina-t-il dans un murmure alors que nos lèvres, sous son impulsion, s'étaient séparées. « Il faut croire que ça m'est passé... » rétorquai-je d'un ton simple alors que ses doigts avaient glissé pour s'attaquer à sa chemise, et que mes mains avaient déjà glissé contre sa peau. Je sentais à présent son souffle contre ma gorge, chaud, régulier, alors qu'il commença ensuite à déboutonner mon vêtement, fébrilement. Je le laissais faire, coinçant ma lèvre entre mes dents alors que je sentais ses mains contre ma peau. Non, clairement : aucun brandy du monde n'aurait pu rivaliser. « Je t'aime. » entendis-je alors, une première fois, alors que nos visages se trouvaient de nouveau l'un contre l'autre. Ma respiration s’accéléra, d'abord imperceptiblement, alors que je sentais ses doigts se crisper contre mon dos. Le sang battait si fort à mes tempes que j'en aurais eu le vertige si je m'étais laissé emporter... Je cherchais son regard alors qu'il réitéra : « Je t'aime tellement. » Ma poitrine explosa et cette fois, je ne pus contenir les effets de cette nouvelle révélation. Je me mordis violemment la lèvre, mes mains revenant contre son visage, cachant le mien au sommet de son crâne, contre son cuir chevelu, incapable de produire un son. Oui. Daniel Wilkerson perdait ses moyens face à un jeune garçon. C'était aussi simple que ça. Il me fallut une bonne inspiration pour réussir à sortir un pitoyable « Je t'... » qui se perdit dans son rire, franc, cristallin, qui sembla résonner longtemps contre mon tympan avant qu'il reprenne la parole. « Tant pis pour Mr Wilson. Il va devoir se débrouiller sans son élève préféré demain – Joshua l’étudiant modèle peut aller se faire foutre, Joshua tout court a d’autres priorités dans l’immédiat. » Le côté soudain rationnel m'aida à me raccrocher au réel l'espace d'un instant, et mon rire se joignit brièvement au sien alors que je répondis, d'un ton naturel : « Avec Daniel Wilkerson comme professeur particulier... Je suis sûr qu'il sera compréhensif. » J'eus un haussement de sourcils amusé, mes doigts dessinant machinalement la courbe de son menton alors que mon regard clair se perdait dans ses yeux noirs. Jamais je n'aurais pu me lasser de ça : de le regarder et, tout simplement, de sa présence. Il était là. Pour moi. C'était un choix qu'il faisait : celui d'être avec moi, alors qu'il aurait pu être n'importe qui d'autre, car je ne doutais pas que nombre de filles ou garçons de son âge aurait craqué pour ce visage là, ce sourire là, ces yeux là. Mais non. Nous étions ensemble. Pas officiellement, certes, mais malgré tout, il me choisissait. Tout comme je l'avais choisi, sur ce balcon, quelques temps plus tôt, alors que je prononçais pour la première fois ces trois mots que j'avais toujours trouvé vide de sens... Jusqu'à lui.

Petit sourire en coin, je le fixais tranquillement. Puis, enfin, je me décidai. « Joshua tout court... Je t'aime. » Sur cette déclaration, je me figeai. Ce n'était pas la première fois que je le lui disais, mais c'était toujours le même sentiment de vulnérabilité extrême qui me prenait, comme si l'avouer, c'était avouer que j'avais un coeur et que, donc, je n'étais pas cet homme inébranlable... Qu'il pouvait me détruire, presque d'un claquement de doigt. Un frisson me traversa. L'Amour que je ressentais pour lui était tellement fort qu'il pouvait aussi bien me transcender que causer ma perte... C'était une certitude. Et cela me faisait peur. Tellement peur... Mais il n'était pas temps d'y penser, pas maintenant. Alors, les mots laissèrent place aux actes. Mes mains remontèrent le long des épaules du jeune homme pour, lentement, faire glisser le tissu. Malgré l'explosion de sentiments qui m'avait un instant déstabilisée, mon envie de lui était intacte, si ce n'était exacerbée - si c'était possible. Je retirai également la mienne avant de me mettre sur mes deux pieds, main tendue vers lui, sourire espiègle, coeur étrangement léger malgré l'oppression inextricable dans ma poitrine. « Je t'aime... Plus que tout. J'espère que tu le sais. » Oui, moi aussi, il avait fallu que je le répète, même si ce n'était pas nécessaire, et j'aurais pu continuer encore.  Inlassablement... Mais ça allait devenir lourd, à force. Alors, il faudrait qu'il se contente de ça, et qu'il devine le reste. Daniel Wilkerson amoureux ? Oui, c'était définitivement terrifiant... Car le reste, c'était plus que tout ce qu'il aurait pu imaginer.
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