This is your racing heart, can you feel it ?

ft. Nolan Buckley & Alexis Fackrell

« All of your flaws and all of my flaws, they lie there hand in hand »

Ils n'avaient rien de parfait. L'un comme l'autre étaient abîmés, chacun à leur façon. Pourtant, quelque part, des mois auparavant, ils s'étaient trouvés. Peu importait comment ou pourquoi, ils s'étaient trouvés. Et Alex, brave jeune fille qu'elle était à l'époque, avait été transformée par cet homme, plus âgé qu'elle, qui avait su réveiller en elle une soif de vivre toute nouvelle, une envie de découvertes. Elle voulait quitter les sentiers battus, elle voulait voir tout ce que la vie avait à offrir et profiter de toutes ces bonnes choses qu'elle s'était interdit avant. Prétendre qu'il était le seul à avoir eu cet impact sur elle serait mentir, mais il représentait en grande majorité ce besoin d'évasion et cette découverte de la vie telle qu'elle la vivait maintenant. Avec lui, elle avait appris à tout concevoir sous un nouvelle angle. Peu importaient ces soirées sans fin, ces bad trips qui n'en finissaient plus et ces moments partagés avec des personnes qu'elle connaissait à peine. Nolan lui apportait beaucoup plus. Il était son premier, et, elle l'espérait, serait son dernier. Un an bientôt qu'ils vivaient ensemble sans s'en rendre compte, obnubilés l'un comme l'autre par ce petit nuage qui était le leur. Un an qu'Alexis s'était redécouverte toute entière, et que plus rien ne lui faisait peur. Avec Sam, avec Dustin, et avec Nolan à ses côtés, elle était invincible. Elle en avait oubliés tous ces efforts qu'elle avait faits pour entrer à l'université, elle en avait oublié ces rêves que ses parents avaient rêvé pour elle. La vie était tellement plus douce comme ça... Et enfin, la vie valait réellement la peine d'être vécue. Enfin, elle respirait un air qu'elle avait choisi, enfin, elle partageait les vrais bonheurs de la vie avec quelqu'un d'autre que la jeune coincée et cadrée qui était la colocataire que lui avait attribuée la fac. Ces personnes-là, elle les avait choisies, et ces personnes-là, c'était sa famille. Avec eux, tout était possible, et le pire devenait le meilleur. Lorsqu'elle ouvrit les yeux en ce jour de décembre, Alexis ne se sentait pas particulièrement fraîche. La lumière du jour filtrait à travers les volets mal fermés de la chambre de son copain. Face à ses yeux encore fatigués, s'ouvrant difficilement, son visage. Il dormait profondément, sa respiration calme et régulière faisant écho à la tranquilité de la pièce. Allongée sur le ventre, la blonde se mit à bouger lourdement pour se retourner et regarder l'heure. Il n'était pas loin de quinze heures, et elle se souvenait à peine de ce qu'ils avaient pris la veille. Elle était nue sous la couette dont une de ses jambes s'était échappée, sans doute à la recherche d'un peu de fraîcheur. Elle avait la bouche pâteuse et mal au crâne, mais il était là, à ses côtés, et c'était tout ce dont elle avait besoin à cet instant précis. De lui, et d'eau fraîche. Elle quitta les draps en les jetant presque trop violemment sur son partenaire et traversa la pièce pour attraper une bouteille d'eau qui traînait par là. Combien de temps qu'elle était là ? Peu importait. Elle était à peu près claire, fraîche, et elle n'avait pas pris de goût étrange. Assoiffée, elle en but jusqu'à approcher la noyade et reposa le cadavre en plastique sur une table remplie de bordel. Elle observa un instant les pilules, sachets, briquets et autres verres remplis de cendres, et, traînant des pieds et la main portée à son front, se dirigea à nouveau vers le lit, où elle se laissa tomber sans trop de douceur. Elle fixa la pièce devant elle et son regard finit par accrocher un appareil photo qui traînait à terre. Tiens, ils l'avaient encore, celui-là ? Cela faisait des mois qu'ils le cherchaient pour finir, à chaque fois, par se rabattre sur les appareils photo de leurs téléphones. Elle se releva, fit une grande enjambée de paresseuse pour l'attraper et retomber sur le matelas. Sans grande conviction, elle l'alluma, et se rendit compte que la batterie était encore vivante... Malicieuse, la jeune fille sourit à l'idée qui venait de germer dans son esprit. Elle se tourna vers Nolan et tira le drap pour protéger son corps du froid de la pièce.

Doucement, elle s'allongea à nouveau à côté de lui et le fixa quelques instants, tenant l'appareil contre sa poitrine. Sa respiration le trahissait : il dormait encore profondément. Il était beau, Nolan. Et avant qu'elle ne le réalise, ses yeux s'étaient perdus sur son corps qui n'était plus qu'à moitié recouvert par les draps. Elle détailla chacun des tatouages qu'elle pouvait voir. Il lui en avait parlé de certains, mais d'autres constituaient encore un réel mystère pour elle. Elle se demandait ce qu'ils signifiaient. S'ils parlaient d'autres filles. De sa famille, peut-être, de son passé, de ce qui l'avait forgé. Ou peut-être avait-il tout simplement trouvé là quelque chose d'esthétique, quelque chose qui le caractérisait sans forcément le définir du tout au tout. Puis, s'extirpant subitement de ses pensées, la blonde porta l'appareil photo à ses yeux, se concentra quelques instants, et prit une photo du visage paisible de son copain. Sauf que...

Un éclair lumineux venait d'illuminer toute la pièce. « Merde ! » souffla-t-elle dans l'espoir qu'il ne bouge pas. Elle arrêta de respirer elle-même, s'attendant sans doute à ce que ce soit son souffle qui déclenche son réveil. Fronçant le front, la lèvre mordue, Alex ne put que se rendre compte qu'elle l'avait réveillé. Il ouvrait doucement les yeux en marmonnant et commençait à bouger. Elle posa l'appareil à côté d'un oreiller et encadra son menton de sa main droite pour l'embrasser brièvement, histoire de se faire pardonner. « Hey, No'... » Elle posa son bras et son menton sur l'épaule du brun avant de glisser avec un sourire malicieux : « tu pues de la gueule... » puis elle fronça les sourcils et ajouta : « à moins que ce soit moi... » Elle resta quelques instants à l'observer pendant qu'il se réveiller. Il n'avait pas l'air beaucoup plus frais qu'elle, mais il était là, à ses côtés, et elle avait immortalisé la douceur de l'instant dans une image. Au bout de quelques instants, la blonde s'écarta et tira la couette à elle, dévoilant l'anatomie du brun. « Il fait froid. Priorité aux demoiselles. » Elle se barricada sous les draps et désigna du menton le fond d'eau qui restait dans la bouteille qu'elle avait reposée quelques instants plus tôt. « Y'a de la flotte, là-bas, testée et approuvée, c'est pas de la pisse. » Et puis, le visage dépassant des draps, elle sourit et déposa un nouveau baiser sur les lèvres de celui qu'elle aimait. « Au fait, j'ai retrouvé ton appareil photo. Mais il faudrait peut-être passer à l'ère numérique, parce que je peux pas voir la tronche que t'as sur celle que je viens de prendre. Enfin, au moins t'auras pas le syndrome des yeux rouges mais... » Elle marqua une pause et ajouta très sérieusement, les sourcils froncés : « En fait, c'est moi qui pue de la gueule. »