Installée dans sa nouvelle maison, Leah était assise sur le canapé de son salon lorsque les résultats des élections furent annoncés. Sur l’écran, des photos des candidats au poste de maire d’Hutington Beach défilaient non-stop. La voix du journaliste en fond annonçait encore quelques minutes de patience avant le moment fatidique. Leah battait nerveusement du pied tout en agitant un hochet sous le nez de Mason qu’elle tenait dans ses bras. Le journaliste prononça le nom de Noah et elle releva la tête, piquée à vif. « Tu vois mon ange, ton père est une célébrité locale. » Elle roula des yeux, visiblement pas ravie de ce qu’elle venait elle-même de déclarer. « Passer à la télé, ça il a le temps… » Elle avait le regard noir. La dernière fois qu’ils avaient parlé à coeur ouvert l’un et l’autre, il lui avait promis de prendre son rôle de père au sérieux, il avait promis qu’il serait là quoi qu’il arrive… Entre temps, si Noah avait certes passé un peu de temps avec Mason, il ne lui avait pas consacré un dixième de ce qu’il avait consacré à sa campagne. Au fond, Leah ne savait même plus si elle était fâchée à cause du manque d’attention qu’il avait à l’égard de leur fils ou si elle était vexée qu’il ne lui ait pas parlé de son projet avant de se lancer dedans. Il voulait être le maire de la ville? Première nouvelle. Elle se souvenait encore, comme si c’était hier, lui faire visiter les coins les plus méconnus des touristes. Elle lui avait montré Huntington comme elle la connaissait et surtout comme l’aimait. Au moment de leur rencontre et au fil de leurs escapades, Leah avait vite compris que Noah s’attachait lui aussi à cet endroit, mais jamais elle n’aurait imaginé qu’il veuille un jour devenir maire. Ce qui l’agaçait particulièrement était sans aucun doute le fait qu’il n’aurait pas pu choisir un pire moment pour se lancer dans une campagne de ce genre. N’était-il pas supposé se remettre sur pieds, reprendre sa vie en main? Pensait-il réellement que prendre de telles responsabilités était une bonne idée? Il avait encore tant de choses à régler et trois enfants à s’occuper… Ou en tout cas deux dont elle était certaine. Il n’avait pas été là pour elle durant sa grossesse, il avait même abandonné son fils aîné avec sa mère pendant des semaines, Noah l’avait ignoré jusqu’à récemment et maintenant il voulait s’occuper de la ville toute entière alors qu’il n’avait pas été capable de s’occuper de lui-même et de son entourage le plus proche? C’était ridicule, parfaitement ridicule. Leah avait ignoré au maximum les élections, son choix s’étant de toute façon rapidement porté sur la candidate Beth Wilkerson qui était non seulement la seule à être née à Huntington Beach, mais qui en plus lui semblait être la plus intéressante et dont les idées s’accordaient avec la manière de penser de la jeune Stewart. Elle avait regardé le débat télévisé quelques secondes à peine avant de changer de chaine. À chaque fois que Noah apparaissait à la télé avec son sourire charmeur et l’impression d’être fier et respectable, elle avait envie de passer la main à travers l’écran pour lui mettre une claque. « Idiot! » cracha-t-elle en direction d’une photo de Noah qui occupait à présent tout l’espace sur son écran plat. Elle aurait bien utilisé un autre mot, mais pas devant Mason. « Il va m’entendre, ça je peux te le garantir, mon trésor. » Au même moment, Sparrow accouru au salon et se mit à aboyer. « Good boy, Sparrow. Good boy! » Il sauta sur le canapé pour venir se coucher aux côtés de sa maitresse et de son jeune maitre. « La prochaine fois que Noah passe cette porte, je t’autorise à lui pincer les mollets. » Elle fit un petit clin d’oeil à son adorable toutou avant de se concentrer à nouveau sur la télé. L’image était revenue sur le journaliste qui avait entamé le décompte. Plus que quelques secondes… Elle ne quittait plus l’écran des yeux, agitant toujours le hochet pour amuser son fils. Soudain, le nom d’Imran Johar fut annoncé et les statistiques furent affichés. Noah était arrivé dernier et Leah ne laissa paraitre aucune émotion. Intérieurement, elle était ravie de savoir que Noah ne serait pas le nouveau maire de la ville, mais elle aurait largement préféré que Beth soit élue. Elle éteignit alors la télévision et alla poser Mason dans son lit. Elle entama ensuite les cent pas dans sa vaste maison. Il fallait qu’elle trouve un moyen de parler au père de son fils et vite.


Le lendemain des résultats, Leah s’était levée aux aurores pour retrouver sa mère en centre ville où elles avaient déjeuné ensemble. C’était ensuite Isobel qui avait gardé Mason, Leah le lui confiant pour la journée. Elle avait besoin d’un peu de temps pour souffler et prendre soin d’elle, mais surtout elle avait besoin de temps pour s’occuper de cette histoire avec Noah. Si elle ne le voyait pas rapidement, elle sentait que son agacement allait prendre des proportions énormes et elle n’avait pas particulièrement envie de lui faire une scène. Elle n’avait pas été aussi énervée depuis bien longtemps… Il lui devait des explications, et elle ne comptait pas le laisser s’en sortir facilement. Elle prit donc la direction de la maison de Noah, mais arrivée sur place Leah tomba nez à nez avec Eleanor qui lui indiqua que son fils était déjà parti travailler. Elle reprit donc le volant et se déplaça jusqu’au club de striptease dont il était désormais l’heureux propriétaire. En garant sa voiture sur le parking, elle pris un air de dégoût. Si elle avait elle-même été une grande adepte du monde de la nuit à Huntington Beach (et partout ailleurs où elle avait pu mettre les pieds), elle avait toujours trouvé un certain côté glauque aux boites de strip’. Elle pensait à tout ces dégénérés qui devaient prendre leur pied à regarder des nanas à moitié à poils se frotter contre une barre et glisser des billets dans leur string. Pourtant, lorsqu’elle pénétra à l’intérieur du club, après avoir dit au videur qu’elle était là pour l’audition des danseuses, Leah fut surprise par l’endroit. Sans les néons et pratiquement vide, ce n’était pas glauque du tout, en fait il y avait même un certain charme et une pointe de classe qu’elle n’aurait jamais pensé trouver ici. Noah avait bon goût, un point pour lui. Le club n’était pas encore ouvert, le bar accueillait encore des fournisseurs qui remplissaient les stocks d’alcool, des filles s’échauffaient sur la scène dans des tenues tout à fait correcte, et quelques personnes semblaient nettoyer la salle. Leah se dirigea vers l’une d’entre elles pour demander où se trouvait le bureau du patron. On lui indiqua une porte au fond à gauche. Elle se retrouva dans un long couloir qui ressemblait étrangement à celui de la boîte où elle avait couché avec Ethan. Un souvenir qu’elle préférait d’ailleurs oublier… Elle marcha encore quelques mètres et frappa à une nouvelle porte. Un homme lui cria d’entrer. « Hum… Je cherche Noah. Noah Harper? » Le type qui lui avait dit d’entrer la regarda de haut en bas avec un air renfrogné. « C’est pour quoi? » Elle haussa un sourcil. L’amabilité et ce monsieur faisait deux. Elle avait plus l’impression qu’il aboyait plutôt qu’il ne parlait. « C’est privé. » Il eut un rire sec qui surprit Leah et la fit sursauter. « Le patron n’est pas là. Si vous êtes ici pour l’audition, c’est sur la scène principale que ça se passe. » Il la regarda à nouveau de haut en bas. « Sinon, vous pouvez dégager. » Elle était à présent persuadée que de la fumée sortait de ses oreilles. « Ce n’est pas le patron qui s’occupe des auditions? » demanda-t-elle en prenant soin de prononcer le mot « patron » avec tout le mépris du monde. « Il sera là ce soir pour voir les filles qu’on prendra à l’essai. Pour les auditions de base, c’est moi qui m’en occupe aujourd’hui. » Elle lui jeta un regard assassin avant de lâcher un petit « Magnifique » et de quitter la pièce en claquant la porte. Connard, va. Elle sortit ensuite son téléphone de son sac et composa le numéro de Noah. Leah fut envoyée directement sur la messagerie. Elle resta dans le couloir quelques instants à réfléchir à tout ce qui venait de se passer. Apparement, elle passait très bien dans le rôle d’une gogo. Ni le videur, ni cet homme ne semblait croire impossible le fait qu’elle soit là pour cette stupide audition dont ils parlaient tous. Quelques secondes plus tard une idée diabolique lui traversa l’esprit.

Dans les coulisses, les filles se maquillaient à coup de faux cils et de paillettes bien placées (c’est-à-dire un peu partout, et surtout là où vous n’auriez jamais pensé vous mettre des paillettes). Leah observait tout cela avec attention, ne sachant pas trop quoi faire. Un autre fille vint s’asseoir à côté d’elle et lui tendit une trousse à maquillage. « Je t’ai vu danser tout à l’heure, c’était franchement pas mal. Ça fait longtemps que tu es dans le métier? » Elle eut un léger sourire, elle se demandait tout de même si elle n’était pas allée un peu trop loin… « Non, pas trop… Quelques mois. » L’autre fille acquiesça avant de reprendre « Et c’est quoi ton nom de scène? » Son nom de scène? Merde. Elle n’avait pas pensé à ça. « humm… Chanel Tagada  » L’autre lui jeta alors un regard qu’elle n’avait que très rarement reçu dans sa vie. « Je dois y aller, c’est presque mon tour d’aller danser… » et elle s’éclipsa aussi vite qu’elle était venue. Leah avait lu quelque part que pour se faire un nom de strip teaseuse, il fallait prendre la marque de son parfum et le nom de ses bonbons préférés. Pour elle, c’était donc Chanel Tagada…. Ouais, bon. Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir d’avantage que l’homme qu’elle avait vu ce matin vint la chercher pour la conduire derrière un rideau qui cachait la scène. Mon Dieu. Que foutait-elle là déjà? Ah oui! Elle avait passé l’audition dans l’espoir que Noah finisse par se pointer à un moment ou à un autre, sauf que Noah n’était pas arrivé et qu’elle avait été retenue parmi les danseuses en coup d’essai pour la soirée. Sonnée par la nouvelle, elle avait tenté d’expliquer qu’il s’agissait d’une erreur mais personne n’avait semblé lui prêter une grande attention. Elle avait bien demandé à nouveau à voir Noah, mais on lui répondit une fois de plus qu’elle le verrait ce soir, après être passée sur scène pour le fameux coup d’essai. Elle tenta de l’appeler à plusieurs reprises sans jamais parvenir à lui parler. Sa messagerie était tout ce à quoi elle avait eu le droit aujourd’hui. Alors, parce que ça faisait longtemps qu’elle ne s’était pas amusée et parce que Noah méritait totalement qu’elle lui joue un petit tour, Leah avait fini par se laisser faire. Elle allait danser devant tout ces hommes, mais elle n’aurait d’yeux que pour lui… et lui? Oh et bien lui, il allait sans doute rapidement déchanter.

La musique retentit, elle entendit un homme annoncer « Chanel Tagada » sur scène et il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’il s’agissait d’elle-même. On lui arracha presque le peignoir dans lequel elle s’était bien enveloppée et elle se retrouva en sous vêtements ultra sexy. Il fallut la pousser par derrière pour qu’elle franchisse le rideau. Soudain, elle était à moitié nue devant des dizaines de paires d’yeux, tous rivés sur elle, ou presque. Elle se figea à l’arrière de la scène, incapable d’avancer. Scrutant la salle, elle chercha Noah du regard. D’ici, elle ne voyait rien, il fallait qu’elle s’approche plus au devant. Derrière le rideau, elle entendit plusieurs voix lui dire de remuer son « joli petit cul ». Il lui fallut encore quelques secondes avant de s’exécuter. D’abord mal à l’aise, elle se laissa finalement guider par la musique, se disant que Noah devait bien être là, quelque part, et que pour que son plan fonctionne elle se devait de se donner à fond. Elle fit donc la belle sur ses talons aiguilles, ses jambes nues se croisant et se décroisant à mesure qu’elle avançait. Vêtue tout de noir et de dentelle, elle s’arrêta au milieu de la scène pour faire claquer ses porte-jartelles sur ses cuisses. Elle était fière de son corps, ça n’avait jamais été un problème. Depuis la naissance de Mason, Leah avait retrouvé son ventre plat presque sans effort et le seul changement véritablement notable était ses seins qui avaient pris un peu de volume, ce qui n’était pas pour déplaire à ces messieurs visiblement. Bon sang! Elle n’avait pas été nue devant un homme depuis un an environ, elle ne faisait décidément pas les choses à moitié! Il ne s’agissait même plus de se remettre dans le bain pour le coup, nope… Elle venait de faire un plongeon dans la piscine olympique! Elle pouvait les entendre siffler sur son passage, mais tout ce dont elle songeait c’était Noah. Elle observa la salle, tentant toujours de le trouver. Finalement, elle attrapa fermement la barre de pole dance et y enroula l’une de ses jambes. Elle avait pris des cours une fois, avec des copines de fac. Ça remontait à des années maintenant, mais elle se souvenait encore de quelques petits trucs. Alors qu’elle était parvenue à se hisser en hauteur, elle envoya son bassin en arrière et se retrouva la tête à l’envers, comme suspendue en l’air. Au moment où elle écartait les jambes tout en se laissant glisser le long de la barre, son regard tomba nez-à-nez avec celui de Noah, assis au bar, juste en face d’elle. Oh boy, shit just got real!

« Je vous remercie Ashley, vous avez fait du très bon travail. Rentrez chez vous votre mari doit vous attendre. » Il lui adressa un sourire, la remerciant pour le boulot formidable qu’elle avait fait pour sa campagne électorale. Noah avait perdu, il était le dernier du classement et tous ceux qui avaient participé à sa campagne semblaient bien plus affectés que lui par le résultat. Bien sûr l’avocat était déçu, il voulait tellement aider cette ville qui lui était si cher à son cœur mais les habitants n’avaient pas confiance en lui, en son programme. C’était la vie, il fallait savoir se relever, accepter cette décision et continuer. Il n’était peut-être pas maire mais il avait toujours en tête des idées qu’il voulait absolument mettre en place, et il comptait bien mettre en place des projets tels que le centre de soin gratuit. Il était et serait toujours donateur, prêt à aider les associations, les galas et autre pour aider ceux qui n’en avaient pas les moyens. En attendant de monter ce genre de projet il ramassait les affiches, badge et autre conneries du genre qui n’avaient servi à rien. Il finit par quitter son bureau qui se trouvait dans le centre de la ville, marchant à pied jusqu’à sa voiture, observant des jeunes, bières à la main qui riaient à en perdre leur poumons il finit par monter dans sa voiture ne comprenant pas la jeunesse de maintenant. Il posa son regard sur sa main droite posé sur le pommeau de vitesse, elle tremblait, le manque d’alcool, cette putain d’envie qui le rendait dingue. Il ferma les yeux, tentant de penser à autre chose mais c’était beaucoup trop fort jusqu’à ce qu’il sente une main sur la sienne, souriant avant d’ouvrir ses yeux et de poser son regard sur sa femme. Noah n’arrêtait pas de la voir, de se l’imaginer, plus l’alcool diminuait en lui plus elle était à ses côtés. Peut-être devenait-il fou. Quoi qu’il en soit il fit le trajet jusqu’à chez lui sans faire demi-tour pour se rendre dans un bar, il fit le trajet avec sa femme, se laissant bercer par la musique qui passait à la radio. Sachant que ce qu’il vivait été faux mais refusant d’y penser, préférant croire qu’elle était là, qu’elle l’aimait toujours et qu’il était quelqu’un de bien à ses yeux.

« Madame Stevens votre dossier est quasiment indéfendable, est-ce que vous en avez conscience ? » Vêtu d’un costume, debout face à une femme élégante accompagné d’une assistante et d’un collaborateur ou quelque chose du genre, il n’avait pas bien écouté à vrai dire. « Si je suis venu vous voir Monsieur Harper c’est parce que vous êtes le meilleur, je n’ai pas pris un vol sur un coup de tête pour voir vos plages mais pour vous voir vous. Je veux que vous soyez mon avocat, je veux la garde de mes deux enfants, je veux ma propriété, la moitié de notre fortune… je veux qu’il regrette ce qu’il a fait ! » Bordel que c’était jouissif d’entendre qu’il était le meilleur, il l’avait oublié, sa réputation était intacte, tout du moins à New-York. Il passa une main dans ses cheveux, réfléchissant très rapidement, parce qu’il devait être rapide et déjà trouvé une solution pour gagner ce procès qui était voué à l’échec. « Très bien, je vais vous défendre ! Mais à partir de maintenant je dois avoir une totale confiance en vous et vice versa, je dois tout savoir, si jamais vous me cachez quelque chose et que cette chose est dévoilée par la partie adversaire je vous laisse devant le juge seule ! Me suis-je bien fait comprendre ? » Harper, l’avocat, le ténor du barreau était là et sa secrétaire qui assistait à la réunion pour prendre des notes le regardait ébahie, elle buvait ses paroles. Elle allait pouvoir rassurer tout le cabinet, et leur dire qu’il était officiellement de retour !

« Ecoute moi bien, parce que c’est la dernière fois que je te le dis, cet établissement n’est pas un bar à pute, d’accord ? Je ne veux pas de personne ivre dans mon établissement, je ne veux pas voir une seule main posé sur mes danseuses, et que je ne vois jamais de drogue ! Ton boulot c’est de filtré alors tu filtres et si ça ne plaît pas c’est pareil, notre clientèle est huppée ! On n’est pas au Bronx, tu refuses ce genre de personne ! » Il soupira, énervé de devoir à nouveau faire comprendre au vigile que la boîte de strip-tease n’était pas la même depuis que Noah l’avait reprise. Il refusait qu’une ambiance glauque y règne, que la police doive intervenir, que ça devienne un endroit de prostitution ou de transfert de drogue. Il se battait déjà contre les on-dit et les conservateurs qui avaient peur. Il entra dans la boîte se dirigeant vers son bureau où l’attendait l’un de ses employés, il gérait les danseuses, les auditions, leurs salaires, leurs tenues et leur état d’âmes. « Sawyer est absente ce soir, elle ne répond pas au téléphone. » Noah prit place derrière son bureau, poussant sur le côté les factures des fournisseurs, soupirant légèrement il répondit « Laisse lui du temps… quand elle revient tu me la mets derrière le bar ou mieux encore tu la mets avec la chorégraphe, elle est douée pour la danse ! » Il arqua un sourcil « Mais c’est une danseuse, son boulot c’est de monter sur scène ! » Noah posa son regard sur son employé « Sawyer est différente. Tu fais ce que je te dis. » Il avait appris que récemment qui était réellement la petite Sawyer qui s’était pointée pour gagner sa vie, une jeune femme qui n’avait rien avoir dans ce milieu mais elle avait besoin d’argent alors il lui avait donné sa chance. Cependant il avait appris en enterrant son ami, Heath, qu’elle était sa fille et qu’elle était aussi la protégée d’Aleksey. Autant dire qu’il fallait à tout prix que Sawyer arrête tout ceci, sinon c’était lui qui allait prendre ! « J’ai pris deux nouvelles danseuses pour ce soir, Miss Jelly et Chanel Tagada… si l’une d’elles te plaît elle pourra remplacer Sawyer ! » Noah fit un signe de tête, approuvant l’idée. Il se retrouva seul par la suite, passant quelques coups de téléphone à ses fournisseurs pour une livraison dès demain. Il prépara les factures pour le comptable et passa une bonne heure avec la chorégraphe qui avait des idées pour réunir les filles sur la même scène dans un style burlesque… ça lui plaisait bien !

Noah était assis au bar, un verre de whisky dans le creux de sa main droite, le remuant légèrement, observant le contenu, tel un vampire qui aurait admiré une veine sur le cou d’une jolie jeune femme. Il sentit son verre partir, découvrant le responsable du bar qui venait de lui enlever le verre lui passant alors une limonade… la blague ! « Un jour tu me remercieras. » Oui un jour, mais là ce soir pas vraiment. Noah se tourna vers la scène observant ses danseuses, réfléchissant au projet de sa chorégraphe. On annonça Chanel Tagada au micro, Noah sourit, les filles avaient toujours des noms de scène assez imaginatif, il y avait celle qui mélangeait leurs parfums et leurs bonbon favoris, d’autres ne prenaient que le bonbon, certaines prenaient un écrivain, un héros ou autre pour le déformer à leur sauce. Il observa les clients, le bar, ceux qui entraient avant de reposer son regard sur la nouvelle, voir si elle pouvait remplacer sa danseuse actuelle ou non. Portant son verre à ses lèvres il resta figé, ses yeux devinrent de plus en plus ronds, se demandant s’il rêvait ou non. Ce qu’il voyait été orgasmique, soyons clairs, mais ça aurait bien pour lui seul, pas pour tout un public. Il posa son verre nerveusement, sauta de son tabouret et avança très rapidement vers les coulisses. Il poussa l’une de ses danseuses avant d’arriver sur la scène. Il attrapa la jolie brune, la soulevant avant de la poser sur son épaule, sa tête était au niveau du dos de Noah, tel un sac à patate. Une nouvelle danseuse prit sa place sous le regard inquiet des autres, le patron se dirigea vers son bureau, la mâchoire serrée. Il entra dans son bureau, posant Leah sur ses pieds avant de claquer la porte de son bureau au point de faire trembler les cadres sur les murs. « Je peux savoir ce que tu fais à moitié nue sur la scène ? »

Tout se passa très vite. Elle avait cru apercevoir dans le regard de Noah une sorte d’étincelle, mais pas le bon genre d’étincelle. Il avait l’air en colère. C’était plus ou moins l’effet espéré, alors elle avait ressenti une pointe de fierté. Peut-être était-ce un peu puéril venant de sa part, et après tout ils étaient sur son lieu de travail, elle aurait pu choisir un autre moment pour venir foutre la merde, mais Leah n’était pas du genre à réfléchir à ses plans pendant cent sept ans quand elle était énervée par quelque chose et qu’elle avait besoin d’agir rapidement. Il lui avait fallu obtenir l’attention de Noah, voilà qui était chose faite. Mission accomplie. L’après-coup risquait d’être nettement moins amusant en revanche. Une part d’elle éprouva une certaine satisfaction en le voyant bondir de sa chaise comme il l’avait fait. Au moins, il n’était pas encore totalement indifférent. Il disparu quelques instants de son champ de vision et elle poursuivit sa petite danse, offrant un véritable show à ces messieurs venu admirer des jolies paires de fesses pour leur plaisir personnel. Niveau paire de fesses canon, elle était la reine. Sachant très bien que tout ceci n’allait pas jouer en sa faveur et qu’elle risquait d’énerver Noah encore un peu plus, elle jubilait presque lorsqu’il surgit par derrière, venant des coulisses. Il avait poussé une autre fille sur scène pour qu’elle remplace Leah qui se retrouva en moins de deux soulevée par Noah. Calée sur son épaule comme un vulgaire objet, elle tenta de se débattre en lui assénant quelques coups de coude, pour la forme seulement car au fond, elle se doutait qu’ils étaient sur le point d’avoir une petite conversation et c’était tout à fait ce qu’elle souhaitait. « Repose-moi immédiatement! » cria-t-elle alors qu’ils venaient d’entrer dans le bureau de Noah et que ce dernier l’avait presque déjà reposé à terre. Là encore, il s’agissait plus d’une formalité. Au fond, c’était assez drôle de quitter la scène de cette façon. Très dramatique tout ça, ç’aurait plu à l’ancienne Leah. Pour la première fois depuis très longtemps, elle avait presque l’impression de retrouver celle qu’elle avait été avant que sa vie déraille. Bon ou mauvais, ça faisait un bien fou de se sentir « comme avant ». Elle laissa donc Noah claquer la porte aussi fort qu’il le voulait, et lorsqu’il se tourna vers elle pour lui demander ce qu’elle faisait à moitié nue sur la scène, elle laissa quelques secondes de silence s’écouler. « Qu’est-ce qu’il y a? Ça ne te plait pas ce que je porte? Pourtant, c’est très similaire à ce que toutes tes employées mettent. Toi, qu’est-ce que tu faisais au bar? J’espère que c’était une grenadine le truc dans ton verre… » Elle s’avança vers un fauteuil à l’allure confortable et se laissa tomber dedans. « J’adore le cuir. » lâcha-t-elle avec provocation en se calant bien au fond de son siège. Elle commença ensuite à caresser son soutient gorge du bout du doigt pour en suivre les coutures. « Je pensais que t’adorait la dentelle. En tout cas tes clients, ça leur a plu! » Elle eut un rire bref. Elle avait envie de l’énerver, clairement. Jouer avec le feu, ça lui avait manqué. Careful little girl, don’t you burn yourself. « C’est bon, pas la peine de t’énerver Noah, je passais dans les parages j’ai vu que vous recrutiez et comme je songe éventuellement à une reconversion, je me suis dit pourquoi pas. » elle haussa les épaules avec tout l’innocence du monde, comme si elle n’y était pour rien dans tout cela. « Je pensais même pas que tu remarquerais ma présence… » On commençait à s’approcher au coeur du problème. Leah s’était légèrement redressée et l’expression de son visage se voulait un peu moins charmante bien que toujours légèrement provocante. « Comme quoi, il suffisait simplement que je me foute à moitié nue pour obtenir ton attention. » Elle lui offrit alors un sourire aussi faux que possible. Voilà ce qu’elle lui reprochait. Ils s’étaient à peine croisés ces dernières semaines à cause de sa stupide campagne. Elle avait été contre dès le départ, dès qu’elle avait appris qu’il se lançait là-dedans. Ce n’était pas lui qui lui en avait parlé le premier, elle l’avait appris par la bouche de quelqu’un d’autre ce qui avait été d’autant plus désagréable. Elle avait bien essayé d’en discuter avec Noah, de lui dire qu’elle n’était pas d’accord, que ça ne lui faisait absolument pas plaisir, mais il n’en avait pas vraiment tenu compte. « Si j’avais eu plus de force peut-être que moi aussi j’aurai pu te faire descendre de la scène en te portant sur mon dos le jour du débat télévisé… » elle prit un air pensif, comme si elle visualisait la scène dans son esprit. Ouais, parce qu’apparement il avait le droit de l’empêcher de faire ce dont elle avait envie (c’est-à-dire danser en sous-vêtement dans un club de strip tease, SON club qui plus est), mais lui avait tous les droits, peu importe l’avis qu’elle pouvait bien avoir. « Maintenant que j’ai eu ton attention, faut-il que j’ôte le haut pour que tu m’écoutes réellement? Ou le bas peut-être? » demanda-t-elle avec son regard assassin. Elle se releva, perchée sur ses talons aiguilles. Elle fit quelques pas et vint se mettre face à Noah, à quelques centimètres de là où il se tenait. Elle le regardait droit dans les yeux, sans ciller. Ses mains vinrent se poser sur ses hanches découvertes. « Si t’as quelque chose à dire, dépêche toi. J’étais tellement bonne qu’on ne va pas tarder à me réclamer à nouveau sur la scène. Tu n’es pas du genre à décevoir ta clientèle, si? Les déceptions, tu les réserves pour le cadre privé, pas vrai? » Elle savait pourtant que si elle osait faire un pas vers la porte, il serait là pour lui barrer le chemin. Elle avait simplement envie de le voir péter un câble. Ils ne s’étaient pas engueulés depuis son retour, mais aujourd’hui était peut-être le jour, et honnêtement elle commençait à penser que ça lui ferait du bien.

Claquer la porte ça faisait du bien, beaucoup de bien ! Ca aidait à évacuer, surtout après ce qu’il venait de voir. Il aurait bien été capable de se pincer pour vérifier que ce n’était pas un rêve, un rêve où il aurait parfaitement imaginé Leah à moitié nue devant lui… bref revenons-en à la réalité. Que faisait exactement Leah ? Etait-elle manque d’argent ? Non et si c’était réellement le cas elle avait une famille qui pouvait subvenir à ses besoins sans grand problème. Avait-elle perdu un pari ? Pourquoi pas même si elle n’était pas sans ignorer que cet établissement était le sien et qu’il ne serait pas une bonne idée de relever un pari ici. Voulait-elle le récupérer ? Non, là c’était lui qui rêvait parce que la jeune femme avait certainement fait une croix sur lui et tant mieux pour elle car la jeune Stewart méritait tellement mieux que l’avocat. Leah prit la parole et il resta con, bouche bée à l’observer et à se demander ce qu’elle racontait. Ses employées s’étaient normales, Leah ça ne l’était pas à moins qu’elle voulait porter ça juste devant lui… merde il s’éloignait à nouveau du sujet ! « Que je sache tu n’es pas une employée ! » Quelqu’un l’avait employé ? S’il trouvait le responsable il allait le virer en moins de deux secondes. « N’inverse pas le rôle de celui qui pose les questions ! » Il était en colère, il avait posé une question mais il répondit tout de même à celle de Leah parce que mine de rien cette question restait sûrement la plus importante. « Ce n’était pas de l’alcool. » Il voulait la rassurer, lui faire comprendre qu’il n’avait pas bu, pas ce soir, pas aujourd’hui… il continuait à se soigner, il continuait à progresser et il reprenait sérieusement sa vie. Noah croisa les bras devant son torse, observant la brunette prendre place dans son fauteuil, celui du patron. Un très bon cuir que semblait appréciait la jeune femme, et dire qu’elle était en petite tenue sur ce fauteuil ! Caressant du bout des doigts son soutien-gorge, provoquant ouvertement Noah qui était à la limite de baver devant le corps si attirant et parfait de Leah. Bon sang voulait-elle qu’un infarctus le frappe de suite ? Il fronça les sourcils lorsque le sujet des clients arriva, franchement savoir qu’elle avait été vu par pas mal de monde ça ne lui plaisait pas. Il n’était pas macho ni jaloux mais il n’aimait pas savoir que la femme qu’il aimait été en sous vêtement devant des inconnus. Il ne pouvait pas le dire mais Leah était comme sienne, dans son cœur elle avait toujours cette place, celle de la petite amie, mère de son fils, future madame Harper… bon d’accord elle ne le serait jamais, il n’était pas fou mais il avait le droit de l’imaginer le cours d’un instant alors qu’elle se tenait là dans son fauteuil en sous vêtement très sexy. Elle était une tentation à elle seule. Le rire de son ex le fit revenir sur terre, il décroisa ses bras soupirant face à ses propos. Petit un elle voulait l’énerver tout simplement parce qu’en disant le contraire c’était bien ce qu’elle recherchait à faire, il la connaissait, mais aussi parce qu’en agissant ainsi elle le provoquer ouvertement. Petit deux elle se foutait de lui, laissant sous-entendre qu’elle pensait à un changement de carrière. C’était une passionnée de gastronomie, elle était douée et elle était plus heureuse en cuisine à préparer des petits plats plutôt que sur scène à moitié à servir de repas… « Tu comptes de moquer de moi encore longtemps comme ça ? Tu n’es pas venu ici par hasard Leah ! Comment veux-tu que je ne te remarque pas ? » Il fronça les sourcils ne comprenant pas tout de suite pourquoi elle disait cela, les femmes étaient toujours de vrais mystères pour les hommes, elles laissaient toujours des sous-entendus, la preuve avec Leah qui sous entendait qu’elle pensait qu’il ne la remarquerait pas. La suite il ne l’apprécia pas et son ton le prouvait « Pardon ? Premièrement Leah tu n’as pas besoin d’être à moitié nue pour avoir mon attention, tu le sais. Et deuxièmement ne critiquent pas mes employées, elles dansent, certes elles ne sont pas habillé de la tête aux pieds mais ce sont des femmes bien et qui méritent du respect pour ce qu’elles font. » Noah entendait très souvent des clients ou personnes contre ce genre d’endroits dire qu’elles étaient « des filles faciles » ou bien encore « des putes » et ça il ne le permettait pas, ses danseuses étaient des êtres humains, elles n’étaient pas là pour se faire traiter comme des merdes ni même servir de viande. Oh bien sûr certains diront que ça en revient au même mais elles dansent, elles aiment leurs corps et Noah n’en force aucune à faire une telle chose, la plupart adorent leurs métiers et Noah est très strictes sur les règles, personne n’a le droit de toucher ses danseuses ! Enfin le débat pourrait durer des heures mais ce n’était pas le moment il avait intérêt à se concentrer sur Leah parce qu’elle était en pleine crise de jalousie. Voilà, il avait enfin compris ce qu’elle sous entendait et lui reprocher, sa campagne électorale, longue et prenante qui du coup avait privé Leah de Noah, elle avait dû ressentir un vide car il s’était fait moins présent et il le savait, il avait mal agit et Leah lui faisait comprendre par une scène digne de Leah Stewart ! « Je sais que tu n’étais pas pour cette campagne, mais Leah j’en avais besoin. Je suis désolé de ne pas avoir pu être aussi présent… la campagne est terminée, de toute façon vu mon faible résultat tu n’as pas de soucis à te faire, personne ne risques de me demander de l’aide » Il eut à son tour un rire, un rire dit jaune. Il avait été dernier, le rôle de dernier il ne le connaissait pas, il avait toujours été premier voir deuxième mais franchement finir second ça lui foutait un sacré coup. Il était content d’avoir fait cela, parce qu’il avait trouvé cela intéressant mais il était déçu, déçu parce qu’il aimait Huntington Beach et qu’il avait eu beaucoup à proposer pour cette ville, il était désolé de ne pas avoir su convaincre, de ne pas avoir été assez bon et de ne pouvoir mettre en place ce qu’il voulait. Imran stupide Johar n’accepterait pas son aide, et ça, ça lui faisait du mal parce qu’il voulait créer un dispensaire plus grand, plus important pour aider tous ceux qui en avaient besoin, parce qu’il voulait aider les personnes dans le besoin, être présent pour les anciens, ouvrir les portes aux jeunes… un échec, un de plus ! Il secoua la tête doucement de façon négative, n’appréciant pas ses propos, lâchant un simple « Leah » comme si elle avait besoin de parler ainsi, de préciser qu’elle n’avait pas encore enlever le haut ou bien encore le bas. Il releva le regard en entendant les talons de la jolie brune, remontant très lentement son regard, touchant de ses yeux chaque parcelle si parfaite de son corps, remontant lentement ses cuisses, son bassin, sa poitrine, sa nuque, ses lèvres… une douche froide s’imposait ! Glissant ses yeux dans ceux de la jeune femme, l’écoutant à peine tellement l’envie de l’embrasser se faisait si forte. Il en avait envie, ça lui brûlait le corps, entièrement, il s’imaginait alors posant ses mains sur les épaules de la jeune femme la posant violement contre le mur sur leur droite, ses lèvres venant s’écraser violement sur celle de Leah, ses mains glissants le long de son corps, se plaquant davantage contre elle… bon sang sortez là de cette pièce il allait finir par lui déchirer les deux bouts de tissus qui lui restait ! Mais la fin de ses paroles eurent presque l’effet du douche froide, il sera son poing n’aimant pas cela, ça voulait dire quoi ? Alors finalement il fallait aussi qu’ils passent par la case on s’engueule, tu me gifles et c’est bon ? « Merci Leah, vraiment c’est très gentil, de me rappeler que malgré tout ce qu’on a pu se dire tu n’oublies pas, tu seras toujours là pour me rappeler quel connard je suis. Vraiment c’est gentil. Comme quoi finalement ça ne s’arrêtera jamais ! » Il recula d’un pas puis parti sur le côté préférant s’éloigner d’elle, il avança vers le porte manteau où se trouvait sa veste qu’il lui tendit, voulant qu’elle enfile quelque chose.

« Je ne suis pas encore une employée, mais l’un de tes gars semble penser que j’ai du potentiel. » répondit-elle du tac au tac alors que Noah semblait jouer au plus malin. C’était un jeu dans lequel elle excédait elle aussi, et s’il voulait y jouer elle était prête à lui faire face. « C’est quoi le problème? Tes employés portent ça mieux que moi? » Elle se trouvait certes un peu dénudée, mais totalement canon dans ces sous-vêtements. C’était le genre de chose qu’elle aurait pu porter pour une soirée romantique avec son mec, si elle en avait eu un. Elle avait presque envie de lui dire à lui, que s’il n’avait pas fait le con il aurait eu droit à cela tous les soirs. Avec une fille comme elle et cette paire de fesses en particulier, il n’aurait jamais replongé dans l’alcool, ça c’était sûr! « Noah, tu n’es pas mon père alors tu seras gentil de ne pas me parler comme tel. » Le coup du « n’inverse pas les rôles », elle avait l’impression d’entendre Andrew parler. Il ne manquait plus qu’un « file dans ta chambre » et le tour était joué. Tout de même, un poids se libéra quand il lui confirma que ce n’était pas de l’alcool. Malgré la colère qu’elle éprouvait, elle lui faisait confiance et elle ne remettait pas sa parole en question. De toute façon, il ne sentait pas l’alcool. Elle avait pris place dans le fauteuil en cuir en prenant soin de le narguer avec ses jolies formes et l’exposition quasiment totale de sa chair. Le rendre fou lentement mais sûrement, tel était son but. Elle, elle était devenu folle à l’attendre et à espérer un geste de sa part pendant les mois où il était parti. Chacun son tour. « Non, tu as raison. Je ne passais pas par hasard. En fait, je voulais te voir et discuter, mais je n’ai pas réussi à te joindre de toute la journée et quand je suis allée chez toi ce matin tu étais déjà parti. » Elle croisa les jambes dans un sens puis dans l’autre, les agitant sous le nez de Noah. Rares étaient les hommes capables d’y résister bien longtemps à ces jambes-là. Mettre ses atouts en avant, c’était un peu son art à elle. Elle était douée, extrêmement douée même! « Je sais pas, mais c’est marrant parce que dernièrement je ne semble pas exister, alors me remarquer au milieu d’une foule…  » Au fond, elle était blessée parce que ça faisait un bout de temps maintenant qu’il lui donnait sans cesse l’impression de passer au second plan. Elle se souvenait de ce que Noah lui avait fait ressentir à l’époque où il l’emmenait au restaurant et où il l’embrassait dans le cou en lui répétant à quel point elle était belle. Depuis, elle n’avait pas eu une seule fois l’occasion de se sentir aimée ou désirée. Ce soir, elle s’en rendait compte, elle avait ressenti le désir que les hommes éprouvaient pour elle tandis qu’ils l’observaient se déhancher sur scène. Ç’aurait été mentir que de dire qu’elle n’avait pas aimé cette sensation. Elle avait vu dans leurs yeux qu’elle était belle, et c’était con à dire, mais c’était le genre de chose qu’elle avait envie d’entendre et de voir. Ça lui manquait de ne plus être la petite amie de personne, de ne plus avoir personne pour la serrer dans ses bras et lui faire sentir qu’elle était la huitième merveille du monde. Elle remarqua que Noah s’énervait, son ton changea et elle comprit qu’elle avait réussi à toucher une corde sensible. « Je n’ai pas besoin de ça? Ah ouais? » Elle riait nerveusement, la colère montait en elle aussi. « Et pourtant, ça a marché. C’est la plus longue conversation qu’on ait eu depuis des jours! » Depuis le début de la campagne en fait. Elle agissait un peu comme s’ils étaient ensemble, elle ne s’en rendait même pas compte sur coup tant elle se laissait porter par les choses qu’elle avait sur le coeur et qu’elle avait besoin de sortir. « À quel moment est-ce que j’ai critiqué tes employés Noah? Je les ai côtoyé toute la journée et je les ai trouvé super sympa! Tu sais quoi? J’ai même une bien meilleure image de ce club que celle que j’avais en y entrant. » Sa voix se faisait roque, comme si elle avait fumé un paquet de clope entier dans l’heure précédente, en réalité c’était tout ce qu’elle ressentait qui était en train de remonter à la surface. Elle était tel un vase prêt à déborder… « Et puis même si je les traitais de putes, ce qui n’est pas le cas, ne pense pas un seul instant que je ne me conterais pas dedans, Noah. » Elle secoua la tête vivement. « C’est ce que tout le monde a pensé de moi… Même mes parents ont dû laisser cette idée les traverser. « Notre fille est une trainée. » Je suis sûre qu’ils se le sont dit au moins une fois. Et toi? Tu ne l’as pas pensé peut-être? » À ses yeux c’était évident que si. Parce qu’une fille qui n’est pas foutue de savoir qui est le père de son enfant, quel autre nom donneriez-vous pour la désigner? « Une fille facile, voilà ce que je suis. » elle crachait ces mots, ne sachant plus si elle les disait plus pour Noah ou pour elle-même. « Ou ce que j’étais, parce que ce n’est plus moi… » Et ce ne le serait plus jamais. Elle avait souffert du regard que les gens avaient posé sur elle durant sa grossesse. Elle avait souffert de cette image dont elle s’amusait autrefois en la repoussant à coup d’égo gonflé à bloc. Sa confiance en soi en avait pris un sacré coup après son agression et son histoire avec Noah. Elle n’était plus la même. Est-ce qu’il s’en rendait compte? Au fond, tous les deux ils n’étaient pas si différents. Ils avaient tous les deux commis des erreurs monumentales et souhaitaient tous les deux se racheter une conduite, non? « Enfin, je suppose que je ne suis pas crédible à dire que ce n’est plus moi alors que j’étais à l’instant en train de me dandiner sur une scène dans cette tenue. » Elle observa son corps. « Et le pire, c’est que j’ai aimé ça! » déclara-t-elle sans honte cette fois. « Pour la première fois depuis des mois on m’a regardé, Noah. Tu sais ce que ça fait de passer autant de temps à être ignorée? À ne recevoir aucune affection? À ne ressentir aucun désir?» Elle n’avait pas vraiment bien vécu les changements physiques que sa grossesse avait engendré. Se sentir grosse et moche était quelque chose qu’elle n’avait pas totalement apprécié. Quand enfin elle se leva du fauteuil, elle savait pertinemment que son corps était redevenu le même qu’avant et qu’à nouveau elle avait avec lui le pouvoir d’attirer tous les hommes qu’elle voulait dans ses filets. Alors, elle en jouait à fond, elle voulait le voir saliver, elle voulait lire dans ses yeux à lui ce qu’elle avait lu dans les yeux des autres hommes devant la scène. Elle voulait qu’il ressente la frustration qu’elle avait ressenti pendant neuf mois, de vouloir quelque chose sans pouvoir l’obtenir. Lorsque Noah se mit à lui expliquer qu’il avait eu besoin de la campagne, elle avait envie d’hurler « Et moi j’avais besoin de toi! » mais elle s’abstint. Et quelque part, malgré tout, elle voyait que Noah était touché par son échec, que c’était sans doute quelque chose qui lui tenait à coeur. Un an en arrière, elle aurait pu y croire, le voir en tant que maire de la ville. « Je n’ai pas voté pour toi. » siffla-t-elle sans rien laisser transcrire de la compassion qu’elle ressentait pourtant tout au fond. « Toi tu avais besoin de ta campagne, mais notre fils lui avait besoin de toi. » C’était plus simple que de dire qu’elle aussi avait besoin de lui. « Peu importe que la campagne soit terminée Noah, ce n’est pas ce qui compte! Ce qui compte c’est que pendant je ne sais combien de temps tu as été absent… ENCORE! » Elle avait presque hurlé ce « encore ». La vérité c’est qu’elle était fatiguée de le voir sortir de sa vie sans cesse, comme si la porte était toujours ouverte et qu’il pensait pouvoir y revenir comme bon lui semblait. Elle lui avait offert une chance avec Mason, mais ça ne voulait pas dire que tout était pardonné et qu’elle était prête à lui passer ses nouvelles erreurs. Provocante jusqu’au bout, elle avait fait mine de vouloir retourner sur scène en lui balançant une dernière vacherie au visage. La colère, la peine, et la jalousie parlaient pour elle à présent. La réaction de Noah la stoppa pourtant dans son élan. Elle pensait qu’il l’empêcherait de sortir de son bureau, qu’il lui barrerait toujours le passage jusqu’à ce qu’elle accepte d’entendre raison, mais au lieu de cela il avait fait un pas en arrière, comme pour s’éloigner d’elle un peu plus. Elle eut un mouvement de surprise, comme si elle avait reçu un coup de poing dans le ventre. Elle était venue pour lui parler, pour le ramener un peu à elle, mais au lieu de ça elle était en train de le faire fuir. Et à nouveau, elle prenait peur. Elle l’observa attraper une veste et la lui tendre. Peut-être qu’en fait, même lui elle le dégoûtait…. En tout cas, elle se sentait sale et elle avait soudainement très froid. C’était comme si elle prenait pleinement conscience de la situation, du fait qu’elle était debout sur des talons aiguilles dans une tenue olé olé, le corps recouvert de paillettes qui s’étaient sans doute glissées dans des endroits un peu délicats. Elle était ridicule. En plus, elle s’en voulait parce qu’il pensait à présent que tout ce qu’elle avait dit auparavant, elle ne le pensait pas. Or, elle le pensait de toute ses forces, elle n’avait jamais été plus honnête que ce jour-là avec lui. Elle croyait en une seconde chance, mais elle ne comprenait pas pourquoi il agissait comme s’il ne l’aimait plus, comme s’il n’en avait plus rien à faire d’elle. La seule chose qui les liait à présent ce n’était plus l’amour qu’il y avait entre eux, c’était uniquement Mason. Et si leur fils n’avait pas été le sien, sans doute qu’il ne lui aurait même plus parlé du tout. Elle regarda la veste que Noah lui tendait, et finalement elle tendit à son tour le bras pour la prendre. Ses doigts se retrouvèrent en contact avec ceux de cet homme qu’elle aimait toujours mais avec qui rien n’était plus possible. Ne s’emparant pas de la veste tout de suite, elle resta le bras tendu quelques longues secondes, simplement à toucher la main de Noah et des bouts de tissu. Elle l’enfila quand même. La veste était trop grande pour elle, mais elle sentait son odeur. Mon Dieu, elle sentait lui. Elle sentait lui si fort. Elle avait presque l’impression d’être dans ses bras, comme avant. Elle pouvait sentir ses baisers dans son cou, ses murmures à ses oreilles. « Tu es belle. » Un autre baiser. « Tu es belle, Leah. » Encore un. « Tu es belle, tu m’entends? Tu es magnifique. » Et un de plus. Elle sentait sa respiration s’accélérer. Elle avait l’impression de sentir les bras de Noah autour de son corps presque nu, de sentir ses lèvres dévorer sa peau, et son parfum enivrant lui faisait tourner la tête mais elle adorait ça. Cette odeur-là, capable de lui renvoyer des souvenirs plein la face, capable de lui faire perdre pied… Elle releva les yeux vers Noah, et elle crut pendant un moment qu’il allait simplement se barrer en la laissant ici toute seule, alors elle cria:   « Je te déteste de ne plus m’aimer. » parce que c’était tout ce qu’elle voulait vraiment lui dire.  

Il fronça les sourcils, son employé était un homme mort, imaginer une seule seconde que Leah était à mettre sur la scène, elle, cette femme qu’il aimait, la mère de son fils. Quel idiot ! « Quoi ? » Il secoua la tête, pourquoi penser que Noah préférait voir ses employés plutôt que Leah dans cette tenue. « C’est n’importe quoi ! » Noah aurait dû répondre qu’il la préférait dix mille fois à ses danseuses, parce qu’il connaissait tout de même Leah et forcement elle était jalouse mais il était vraiment très loin de se douter de toute ceci à l’heure actuelle. Après tout ils n’étaient plus ensemble et surtout Noah avait tellement fait de mal à la jeune femme qu’il n’imaginait pas une seule seconde qu’elle avait besoin de son attention et qu’elle était ici pour lui faire comprendre. Il se garda de dire quoi que ce soit sur le fait qu’il n’était pas son père, en effet c’était le cas mais c’était sûrement la différence d’âge qui faisait qu’il se l’était permis. Il y avait bien plus important à gérer que ceci, l’urgence se trouvait sous ses yeux, dans son fauteuil qu’il occupait. Leah était en sous vêtement plus que sexy, provocante, aguicheuse et franchement elle savait le faire à la perfection. Il aurait presque pu en baver le pauvre. Une chance qu’ils avaient une conversation, ça n’avait pas autant d’effet qu’une douche froide mais c’était toujours un bon moyen d’oublier ce qui se trouvait devant lui. « Je suis désolé Leah, j’ai eu une grosse journée. J’ai repris le travail au cabinet. » Noah avait complètement abandonné son cabinet d’avocat et ses employés, une chance que sa réputation soit bien présente et que ce cabinet puisse tourner sans lui sinon il aurait fait faillite. Aujourd’hui il revenait, les affaires les plus délicates pouvaient enfin lui être transmisse à nouveau et il prenait à nouveau du plaisir à travailler. Se concentrer sur son métier voilà une bonne idée d’oublier les jambes dénudées de Leah qui se croisait dans un mouvement qui se voulait sexy et provocant à nouveau. Bon sang qu’il aurait aimé glisser ses mains le long de ses cuisses. « C’est faux ! » Bon d’accord il était moins présent, mais il avait été en campagne, luttait contre son envie d’alcool et reprenait en main son cabinet. Leah était et resterait toujours importante à ses yeux, il l’aimait réellement mais malheureusement il avait fait le con et avait tout perdu. Il n’avait plus aucune chance de former la famille idéale avec Leah, en tout cas c’était ce qu’il ressentait et pensait. Noah tentait d’avancer, de faire en quelque sorte son deuil. Il devait avancer pour ses enfants et pour que tout se passe bien. Ce n’était pas simple, la situation ne l’était pour personne. Il était quand même père d’un fils dont la morte était décédée, il était amoureux de deux femmes qui avaient eu chacune un enfant de lui et aujourd’hui il se retrouvait à nouveau père d’un petit garçon et d’une petite fille et sans femme à ses côtés. Il devait accepter le fait qu’il ne pouvait pas voir sa fille seul, qu’il était de la merde aux yeux de Neela et accepter qu’il ne pouvait pas réunir ses deux fils sous le même toit parce qu’il avait brisé le cœur de Leah. Le ton de la conversation semblait changer, Leah riait et franchement ça ne sentait pas très bon pour Noah. « N’exagère pas ! Je suis là pour toi. Je fais tout ce que je peux. » L’avocat trouvait que la jeune femme exagérait, on aurait dit un couple en pleine crise. Sauf qu’ils n’étaient pas un couple, Noah n’était pas le mari distant et absent qui laissait une femme dans la peur de l’éloignement. La situation n’était plus très claire, où en était-ils réellement ? Est-ce que l’un des deux le savait au moins ! Noah arqua un sourcil face à la voix rauque de la jolie brune, ne s’y attardant pas plus que cela puisque la conversation concernée ses employées et du coup son établissement et forcement il n’avait pas loupé le moment où elle affirmait avoir une meilleure image de la boîte. Par contre la suite ne lui plaisait pas du tout, il refusait de l’entendre parler d’elle ainsi. Cette image qu’elle avait été totalement fausse, comment pouvait-elle penser une seule seconde que c’était vrai, que c’était ce que pensaient les gens ? « Arrêtes ! » C’était un ordre mais elle continua et il soupira d’agacement « T’as finis ? » Elle ne pouvait pas faire pire « Tu n’es pas une traînée, tu n’es pas ce genre de personne et je t’interdis de penser une telle chose. Personne ne le pense, tes parents n’imaginent même pas une seule seconde une telle chose. Je n’ai jamais pensé une telle chose, tu n’es pas une traîne, une fille facile… tu es Leah Stewart une femme incroyable, tu as un cœur immense, tu es tellement présente pour tes proches, quand tu aimes tu ne recule devant rien, tu es une passionnée et ce soir-là sur cette plage nous avons conçu notre enfant avec amour ! Je t’interdis de penser une telle chose. » Oui il y avait eu un autre homme, oui ils avaient eu qu’une seule aventure et il aurait pu être le père de Mason mais ce n’était pas le cas alors pourquoi y penser ? Si quelqu’un pensait une telle chose de Leah, alors il ne méritait pas une seule seconde qu’elle pose son regard dessus. Il eut un petit sourire au coin des lèvres alors qu’elle avouait avoir apprécié de se retrouver sur la scène, et franchement ça ne le choquait pas. Quel était le problème ? Si ça lui avait fait du bien, qu’elle avait pu se lâcher, apprécier le regard des hommes qui n’étaient pas pervers pour rappel ce n’était pas le bar des alcooliques du coin mais bel et bien un lieu de luxe ! Et même si l’intérêt était de regarder des femmes sexy danser à la fin les clients ne repartaient pas avec les danseuses pour une partie de jambe en l’air sur la banquette d’un vieux pick up. « Leah… » Il était désolé, triste d’entendre ce qu’elle ressentait. Savoir qu’elle se sentait seule au point d’avoir besoin de se sentir désiré ça l’attristait. Il aurait aimé pouvoir la prendre dans ses bras, l’enlaçait comme par le passé pour qu’elle se sente en sécurité, qu’elle comprenne à quel point il la désirait et à quel point elle était désirable. Posant son regard sur le corps si parfait de la jolie brune il se perdit dans ses pensées, dans ses envies et désirs. Il aurait bien eu besoin d’une douche froide, et cette douche froide c’est Leah qui lui offrit en lui avouant ne pas avoir voté pour lui. Il espérait qu’elle avait au moins voté pour Beth car voter pour le psychologue qui faisait sa fortune sur des « qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ? » ça laissait perplexe. « Je suis là pour Mason ! J’étais occupé mais s’il y avait eu besoin je serai venu en urgence, je suis dans la même ville. J’ai quand même le droit d’avoir des activités ! » Il ne voyait pas les choses de la même façon, à vrai dire il avait surtout l’impression que les reproches ne cesseraient jamais. Que toute sa vie il entendrait toujours la même chose via Leah puis un jour par son fils qui connaîtrait le passé de ses parents. Nous payons nos erreurs toute notre vie. Noah avait été moins présent, parce qu’il avait repris son cabinet, parce qu’il s’était lancé dans la campagne électorale, qu’il passait du temps avec Jamie mais aussi avec Maya. Il essayait d’être présent pour tous, et malheureusement Leah avait ressenti une absence et à part s’excuser il ne pouvait pas faire grand-chose. Il lui tendit sa veste, la conversation ne semblait pas bien tourner alors autant qu’elle enfile quelque chose car pour Noah s’était une torture. Elle était divine et c’était un supplice pour l’avocat. Tel un enfant qui observait une pâtisserie à travers une vitrine, la contemplant sans pouvoir la toucher. Noah passa une main dans ses cheveux, avant de froncer les sourcils alors que Leah reprenait la parole pour lui crier dessus. Elle avouait le détester parce qu’il ne l’aimait plus et franchement il ne comprenait plus rien aux femmes. L’avocat allait réellement finir dingue un de ces jours. Il avait bien conscience que les sentiments de Leah n’étaient pas éteint, il l’avait compris lorsqu’elle était venue lui présenter Mason. Il y avait quelque chose entre eux, c’était visible à des kilomètres mais Leah avait énormément souffert et pour cette raison Noah ne pensait pas qu’ils pouvaient être à nouveau un couple. Il était perdu mais il avait encore sa tête et il ne préférait pas réfléchir davantage. Il avança rapidement vers la jolie brune, posa une main sur sa joue avant de se saisir de ses lèvres violement. Sa main de libre se posa dans le bas du dos de Leah, la plaquant davantage contre lui. Sentir ses lèvres, sa respiration, son corps c’était juste incroyable, son cœur s’emballait, il avait l’impression que ses pieds quittaient le sol.

Elle se sentait de plus en plus prise par la colère et la rancoeur. Il y avait tant de choses qui n’allaient pas avec la situation dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. Elle avait besoin de parler, de savoir où ils en étaient, s’ils étaient même quelque part. Peut-être que Leah avait eu tord d’agir de la sorte, mais au moins elle avait obtenu ce qu’elle voulait vraiment, avoir Noah face à elle. Elle avait cru devenir folle ces dernières semaines, comme lorsqu’il avait disparu de la circulation alors qu’elle était enceinte. Les choses semblaient s’être arrangées. Il voyait Mason de temps en temps, et il avait l’air d’apprécier le temps précieux qu’elle lui laissait avoir avec leur fils. Elle se sentait plus sereine, plus heureuse… Mais il avait eu le malheur de négliger ses responsabilités envers elle, et c’était tout ce qu’il avait fallu pour ranimer de vieux souvenirs. Elle ne voulait plus jamais être seule avec Mason. La campagne électorale, son cabinet, ses activités, elle s’en foutait complètement. Il n’avait pas d’excuse. « Oh mon pauvre chéri! » s’exclama-t-elle en feignant la compassion. Elle se garda de dire que c’était une bonne chose de le voir reprendre le travail qu’il aimait tant. Au fond, elle était contente et rassurée de savoir qu’il retrouvait ses habitudes d’avant. Le Noah qu’elle avait connu au début aurait fait un maire parfait pour Huntington Beach, elle en était persuadée. Seulement, elle devait encore régler ses problèmes avec le Noah des derniers mois, celui qu’elle détestait presque autant qu’elle l’aimait, celui qui lui avait brisé le coeur et qui lui avait donné l’impression que le monde allait s’écrouler d’un instant à l’autre. Personne n’était jamais parvenu à lui faire perdre l’équilibre comme Noah. Personne n’était parvenue à la faire douter comme il l’avait fait, il lui avait fait remettre en question sa vie toute entière, sa propre personne, et elle avait eu tellement peur pendant de longs mois qu’elle ne savait même pas si elle pourrait lui pardonner cela un jour. On dit souvent que les gens oublient ce qu’on leur dit, mais pas ce qu’on leur fait ressentir. C’était particulièrement vrai pour Noah et elle. Elle n’avait jamais oublié les bons moments quand son coeur s’emballait et qu’elle n’avait plus aucune crainte rien qu’à le regarder. Elle n’oubliait pas non plus les mauvais instants, quand elle avait vu disparaitre la lumière et que sa vie était devenue un enfer. Noah représentait ainsi deux extrêmes… La passion, l’amour, le bonheur, l’espoir. Et puis la haine, le déchirement, l’angoisse, la colère. « Oh mais bien sûr, c’est moi qui exagère! » siffla-t-elle. De toute façon c’est bien connu, elle était la reine de l’exagération et lui, il était le roi des cons! Ils auraient formé un couple royal de beaux salauds, voilà. « «Faire tout ce que tu peux n’est clairement pas assez. » Elle l’avait dit d’un ton sec. Point final. Il n’y avait pas à discuter, elle n’était pas satisfaite de son comportement et de sa présence auprès de Mason, il pouvait lui sortir n’importe quel argument, elle n’en démordrait pas! « Et peu importe que tu sois là pour moi, je te parle de Mason! » Elle criait à nouveau, mais elle avait l’air si peu sûre d’elle en disant cela qu’elle regretta presque aussitôt. Bien sûr qu’elle ne parlait pas uniquement de Mason. Noah s’était offusqué de sa manière de parler de ses employées, mais Leah ne s’était pas démontée le moins du monde. Elle ne se serait pas permise d’insulter ouvertement des filles avec qui elle avait fait connaissance un peu plus tôt dans la journée. Si son expérience lui avait appris quelque chose c’était bien de ne pas juger les autres trop vite. Elle essayait de passer au-delà des apparences, au-delà des aprioris. De toute façon, là n’était pas la question, mais elle avait rebondi sur ça pour s’apitoyer sur son propre sort. Elle avait pris conscience de l’image qu’elle renvoyait d’elle-même, celle d’une fille à papa qui passe son temps à faire la fête sans se soucier de quoi que ce soit et qui croit que le monde entier tourne autour de son petit nombril. Elle avait été comme cela, c’est vrai. Elle ne pouvait pas le nier. Elle avait toujours connu ce monde-là, avait toujours eu tout ce qu’elle voulait en un claquement de doigt, papa et maman étant à ses côtés à chaque instant de sa vie, Leah n’avait jamais rien connu de particulièrement traumatisant jusqu’à l’arrivée de Noah dans sa vie. Il lui ordonna d’arrêter de déblatérer toutes ces conneries, mais elle ne pouvait pas s’arrêter alors elle continua. Elle continua à dire toutes les choses qui lui passaient par l’esprit, quitte à être ridicule, elle n’était plus à cela près. Elle continua à se dénigrer, sans même penser un seul instant qu’il se mettrait à son tour à lui lister toutes les choses merveilleuses qu’il pensait à son sujet. Elle n’arrivait même plus à le croire. Elle n’arrivait plus à prendre les compliments comme ceux-là, ça ne signifiait plus rien. Les mots perdaient de leur sens. « Une femme incroyable » qu’est-ce que ça voulait dire? Elle avait l’impression de n’être plus rien depuis des mois. Elle était Leah, juste Leah.

Ils avaient dérivés, et elle-même ne savait plus très bien du sujet principal de cette conversation. Au fond, il s’agissait surtout de lui dire enfin tout ce qu’elle avait sur le coeur, une bonne fois pour toute, quitte à ce que ce soit la dernière fois qu’ils s’adressent la parole. Elle n’était pas prête à le laisser partir, à le voir lui échapper à nouveau, mais peut-être que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire pour tout le monde. Peut-être qu’elle devait accepter la réalité, se rendre à l’évidence… Peut-être qu’elle devait oublier Noah et passer à autre chose. Pour de bon. « Peu importe Noah, tu ne comprends pas. » Elle était tellement fatiguée de lutter, de s’accrocher malgré tout, de courir après lui et d’espérer. Elle était fatiguée d’attendre des choses de sa part et d’être déçue. Que ce soit dans son rôle d’amant ou dans celui de père, elle ne savait plus quoi faire avec Noah. Elle voulait que Mason ait un père et qu’ils passent du temps ensemble, mais elle n’était plus sûre de pouvoir tenir avec Noah dans sa vie. Dans un furtif moment d’apaisement, il lui avait fait enfiler sa veste. Elle avait presque oublié qu’elle se trouvait en si petite tenue. Elle cru retrouver le réconfort de ses bras pendant quelques secondes. Leah se sentait si mal qu’elle n’arrivait même plus à penser clairement. Ça n’allait pas, et ça n’irait peut-être plus jamais. Sans réfléchir, prise par la peur de le voir partir, elle avait crié après lui. Elle resta figée au milieu de la pièce, sans savoir s’il allait vraiment l’abandonner dans ce bureau pourri et lui claquer la porte au nez, ou s’il allait faire quelque chose, dire quelque chose, n’importe quoi qui la ferait se sentir importante à nouveau. Elle n’était pas certaine de savoir ce qu’elle espérait vraiment, ni même si elle espérait quelque chose. Qu’y avait-t-il d’autre à ajouter? Elle baissa la tête, fixant le sol, et laissa cette espèce de nostalgie envahissante la saisir. Elle aurait voulu retourner en arrière, quand la vie était encore facile. Persuadée d’avoir encore plus foutu en l’air sa relation avec le père de son fils, elle ne le vit pas s’approcher mais son coeur rata un battement lorsqu’elle sentit la main de Noah se poser sur sa joue. L’instant d’après, il était en train de l’embrasser. Elle était tellement prise par surprise qu’elle se sentit suffoquer. Elle se laissa faire, avant de poser ses main sur son torse pour le repousser. Qu’est-ce qu’ils faisaient au juste? Elle n’arrivait pas à croire ce qui était en train de se passer. Elle lutta quelques secondes mais se laissa faire à nouveau sans lutter. Leur baiser sembla durant une éternité, et encore ce n’était même pas assez pour elle. Elle passa doucement ses bras autour du cou de Noah avant de séparer son visage du sien et de le regarder dans les yeux. Elle ne savait pas quoi dire, mais elle avait l’impression que les mots n’auraient pas suffit. Elle le contempla pendant de longues secondes, oubliant le monde qui continuait de tourner à l’extérieur de cette pièce. Finalement, elle alla enfouir son visage dans la nuque de cet homme qu’elle n’avait plus touché depuis si longtemps et qu’elle désirait pourtant passionnément. « Serre-moi. » implora-t-elle. Elle avait juste besoin de le sentir présent ici, avec elle. Elle avait besoin d’une étreinte ferme, d’un câlin réconfortant. Elle avait besoin de sentir qu’il était toujours là, qu’elle était pleine de vie et que l’espoir n’était pas totalement perdu. Elle voulait sentir son coeur battre contre le sien. Ses bras lui avaient tellement manqué. Ses lèvres aussi. Elle était peut-être une idiote, mais elle l’aimait toujours. Elle l’aimait et il n’y avait rien à faire pour lutter contre cela.

Que pouvait-il dire ? Que pouvait-il faire ? Noah avait merdé, ce mot était faible pour représenter le mal qu’il avait fait mais il n’y avait pas de mot assez fort pour exprimer cette histoire. C’était un homme bien, un homme tellement bien comment en l’espace de quelques mois avait-il pu devenir cet homme que plus personne n’aimait. Il était tellement plus simple de ne plus être aimé, les gens pouvaient vous oublier en quelques secondes, pouvaient vous dénigrer, vous juger mais par contre lorsqu’il s’agissait d’aimer il n’y avait plus personne. Même son fils avait changé, son regard n’était plus le même et c’était le plus douloureux à supporter. Noah Harper qu’es-tu devenu ? Il était un amoureux de l’amour et avait besoin d’aimer, de croire pour avancer, pour se battre. Depuis son retour en ville il progressait, rien n’était gagné il le savait mais il se battait parce qu’il avait des enfants qui avaient besoin de lui. Il avait Jamie, son petit garçon devenu grand mais peu importe c’était toujours son petit garçon à lui et il refusait de le décevoir à nouveau, il devait se battre. Il y avait Mason, et il voulait être à ses côtés voir ses premiers pas, l’entendre prononcer le mot papa et l’emmener pour son premier jour d’école. Et il avait sa petite Maya, sa fille, sa seule et unique fille, une petite princesse dont il espérait profiter pleinement et pour cela il devait faire partie de sa vie. Ses trois enfants méritaient qu’il se batte pour eux. Noah voulait se relever, il voulait redevenir cet homme respectable que tout le monde appréciait. Leah lui avait laissé une chance, la dernière, il le savait. Contrairement à Neela elle lui avait présenté leur fils, elle l’avait laissé le prendre et lui laissait du temps avec. Elle était présente dans sa vie, elle n’était plus sienne mais elle était là et c’était le principal. Il ne voulait pas que ça s’arrête, il ne voulait pas la perdre à nouveau. Il ne savait plus quoi dire, il comprenait sa colère, sa rancœur qu’elle ne pourrait jamais oublier, il écoutait, il tentait de s’expliquer mais il finit par se taire, prenant ses paroles en considération, restant calme et attentif parce qu’il le fallait, il s’agissait de leur fils, de son futur et il ne voulait pas être mis à l’écart.

Il avait merdé, il s’était présenté et avait échoué. Lui le meilleur avocat de New-York était arrivé dernier aux élections. Ca faisait mal. Mais il était assez mature et expérimenté pour se relever et comprendre ses erreurs. Il était trop tôt, il était revenu depuis quelques mois et il se lançait déjà dans une campagne électorale alors qu’il ne passait plus à son cabinet et qu’il avait acheté dès son retour cette boîte de strip-tease. Il n’était pas prêt. Il aurait pourtant fait un bon maire parce qu’il était humain, oui vous en doutez parce que vous ne connaissez pas l’ancien Noah, mais il était quelqu’un de bien. Il aime cette ville parce qu’il a dit oui à sa femme ici, parce que c’est ici qu’il s’est reconstruit avec son fils, parce qu’il a connu à nouveau l’amour ici et qu’il est l’heureux papa de deux enfants grâce à cette ville. Il l’aimait, il voulait le lui rendre. Peut-être qu’une prochaine fois il tenterait sa chance mais quand tout ira mieux, quand il aura reconstruit sa vie, quand il sera un bon père pour ses trois enfants et quand les deux femmes qu’il avait blessé seront capable de le regarder avec tendresse et non avec colère. Ce jour arriverait, un jour. En attendant ce jour si parfait il allait continuer à prendre du temps pour se soigner, à renouer avec Jamie, prendre soin de sa mère qui se faisait trop de soucis par sa faute, prendre du temps avec Mason et Maya, être le bon père qu’il avait été avec Jamie, leur offrir ce bonheur, construire quelque chose avec Leah et Neela, une relation où la confiance finirait un jour par reprendre sa place.

Leah était dans ses pensées, dans son cœur, faisant battre son cœur à toute allure, accélérant sa respiration, lui faisant tourner la tête, elle le rendait dingue et il ne pouvait pas continuer ainsi à la regarder sans agir. Il l’aimait, il ne pouvait pas repousser ses sentiments, il ne pouvait pas faire semblant, il avait besoin d’avancer et pour cela il devait réagir et voir si elle allait dans son sens ou si elle préférait lui flanquer sa main sur sa joue. Il s’était retrouvé contre elle, l’embrassant et rien que ce contact le rendait dingue. Il mourrait de désir. Il crut un instant qu’elle allait lui demander de s’éloigner mais elle répondit à son baiser et passa ses bras autour du cou de l’avocat. Leur regard l’un dans l’autre, un silence et cette certitude qu’il y avait bien quelque chose qu’aucun des deux ne pouvait repousser. Face à ses paroles, il l’enlaça contre lui, la serrant contre son corps, tentant d’être à nouveau celui qui la mettait en sécurité. Il resta comme ça quelques secondes, minutes, il n’avait plus du tout la notion de l’heure, il était bien, tout simplement. Il desserra doucement son étreinte, ne voulant pas lui enlever ce câlin trop rapidement. Posant son front contre le sien « je t’aime » peut-être qu’elle ne voulait pas entendre ce genre de parole mais il s’en foutait, il avait besoin de lui dire parce que pour lui ces mots signifiaient bien quelque chose de fort et de vrai. Il aurait voulu l’embrasser à nouveau mais il n’aurait pas été capable de s’arrêter à un simple baiser, il la désirait tant et ne savait pas ce qu’elle pensait de tout ceci alors il préféra ne pas agir, rester sur cette déclaration.

Elle avait tant besoin de cette étreinte, de ces deux bras autour d’elle et de ce corps d’apparence si solide pour la retenir. Elle savait à présent que Noah n’était pas aussi solide qu’il en avait l’air, il avait ses failles et elle les acceptait volontiers. Elle ne pourrait jamais lui reprocher d’être humain comme tout le monde, de faire des erreurs, d’avoir des blessures profondément ancrées en lui-même. Il avait vécu tant de choses avant même de la connaitre, des choses qu’elle ne pourrait peut-être ne jamais comprendre. Avec le recul, elle avait fini par accepter cela. Noah était un homme compliqué, au passé trouble parfois, mais il était un homme qu’elle avait choisi d’aimer et dont elle n’arrivait décidément pas à se défaire. N’était-ce pas cela tomber amoureux au fond? Réussir à accepter l’autre malgré les vices et les failles? Il lui avait fallu du temps, mais Leah était arrivée à un stade de sa vie où elle pensait avoir mûri. Elle avait grandi ces deux dernières années plus que jamais auparavant. Elle avait appris des leçons que personne n’avait jamais pris le temps de lui apprendre, et certes les choses avaient été rudes pour elle, mais aujourd’hui elle se sentait de plus en plus fière d’avoir été capable de surmonter les périodes sombres. Elle en était ressortie plus forte, plus femme. Elle avait trouvé en elle la force de donner une seconde chance à Noah, pour leur fils mais aussi pour elle-même. Elle savait au fond de son coeur qu’elle l’aimait toujours, et sans doute qu’elle l’aimerait à jamais. Il était le père de son enfant, et rien que pour cela elle lui serait reconnaissaite éternellement. Noah représentait à présent une énorme part de sa vie, qu’il le veuille ou non. Elle avait besoin de lui, mais si elle l’acceptait à présent tout entier, avec ses défauts, son passé, ses blessures, elle exigeait de lui l’honnêteté. Après tout ce qu’il lui avait fait vivre ces derniers mois, Leah ne pouvait plus supporter les mensonges, les non-dits, les faux-semblants. Elle avait besoin de voir clair et de comprendre absolument tous les stades de leur relation. Qu’étaient-ils l’un pour l’autre désormais? L’aimait-il encore? Elle pensait à ces choses-là très souvent, retournant le problème encore et encore, espérant trouver des réponses. Si elle s’était mise en colère ce soir, c’était qu’elle tenait encore terriblement à lui et qu’elle avait besoin de lui. Peut-être était-ce trop de pression pour Noah, et peut-être qu’elle n’aurait pas dû s’attendre à quoi que ce soit de sa part après leur « réconciliation ». Elle ne voulait plus jamais souffrir comme elle avait souffert, mais elle restait toujours la même à l’intérieur. Conduite et contrôlée par la passion, assoiffée d’amour, elle était incapable de ne pas suivre son coeur. Ce que certains auraient appelé de la bêtise, de l’insouciance pure, ou même de la stupidité, elle l’appelait de l’amour. Cet amour infini qu’elle éprouvait pour Noah était plus fort que tout, plus fort que sa raison surtout. Elle avait beau essayer, elle n’arrivait pas à contrôler ces choses-là. Elle le voulait dans sa vie et dans celle de Mason. Tous les deux, ils avaient besoin de cet homme contre lequel elle se tenait à présent.

Pendant quelques minutes la Terre sembla cesser de tourner, le temps sembla s’arrêter. Pendant quelques minutes plus rien autour d’eux n’existait et tout ce qui avait pu assombrir leurs coeurs au cours des derniers mois s’était envolé. Il n’y avait plus de colère, plus de remord, plus de regret, uniquement de la tendresse. Le contact de leurs lèvres avait éveillé en elle une sensation de bien-être, comme un soulagement qu’elle avait attendu trop longtemps. Le baiser de Noah lui redonnait l’oxygène dont elle avait manqué. Elle respirait normalement à nouveau. Il y avait eu des moments de panique extrême durant lesquels elle avait cru ne jamais le revoir, elle avait songé à son corps étendu quelque part, sans vie. Elle avait vu Noah mourir, et ne jamais lui revenir. Aujourd’hui était un jour inespéré. Il la tenait dans ses bras, et toutes ses angoisses, toutes ses craintes pouvaient enfin s’évaporer. Bien sûr, le futur demeurait incertain, mais au moins elle avait eu le droit à cette étreinte qu’elle ne pensait plus jamais retrouver. Sa svelte silhouette avait pourtant rencontré le chemin de ses bras et ses lèvres celui de ses baisers. La sensation était indescriptible, mais elle avait l’impression de ressentir tous les sentiments possibles puissance mille. Il avait toujours eu cette force-là, celle de la faire se sentir à la fois tellement vivante et si vulnérable. Il avait le pouvoir dangereux de la relever ou de la briser, c’était à double tranchant. Noah Harper, l’homme qu’elle avait choisi d’aimer, oui, c’était indéniable. Mais plus qu’un simple choix, il était une évidence à ses yeux. Son évidence. Malgré tout, et contre toutes attentes, elle avait l’agréable impression de trouver sa place au coeur de cette étreinte. Quand il la serrait ainsi, tout avait soudain un sens, et la vie semblait alors moins effrayante. Il n’y avait rien qu’elle ne pouvait pas faire ou affronter quand il était à ses côtés. Ensemble, ils pouvaient soulever des montagnes, elle en était persuadée.

Ce moment dura autant que possible, elle s’y accrochait de toutes ses forces, de toute son âme, et elle espérait tellement qu’il ne la relâche plus jamais. Pourtant, lorsque leurs lèvres se quittèrent et qu’il la garda serré contre lui, elle ne broncha pas. Elle avait sans doute l’air fragile, mais en réalité elle se sentait plus forte maintenant. Bientôt, il colla son front au sien et murmura trois petits mots qu’elle n’aurait pas pensé entendre de sa part. Pour la première fois depuis des mois, elle se sentait véritablement importante. Elle comptait pour quelqu’un. Bien sûr, elle savait qu’elle comptait pour Mason, mais avec son fils c’était différent. Si elle adorait son nouveau rôle de mère, elle avait besoin d’autre chose pour se sentir complète. Cet amour qui lui avait été dérobé des mois avant la naissance de Mason, juste au moment où elle avait cru en un futur possible pour eux, elle le retrouvait à présent. Ils avaient changé, autant l’un que l’autre, ils n’étaient plus les mêmes. Elle se demandait s’il pouvait le voir, s’il comprenait qu’elle aussi n’était plus la même. Elle se demandait s’il se rendait compte qu’elle avait grandi et qu’elle avait une toute nouvelle vision sur le monde. Quelque part, elle pensait qu’il avait compris. Il avait cette sensibilité-là. Avant du moins. Noah, malgré ses erreurs, avait toujours été compréhensif à son égard, il avait été patient et aimant. La joie de retrouver la douceur de l’homme dont elle était tombée amoureuse était immense, presque trop grande pour qu’elle ne puisse vraiment la supporter. Pourtant, elle n’avait pas faibli un seul instant. « Je. » Elle ne savait pas si elle pouvait le dire en retour. Elle le pensait de tout son coeur, de toute son âme, mais les mots n’étaient pas sûrs de pouvoir sortir. Elle l’aimait pourtant tellement… Cependant, Leah n’avait plus confiance en Noah, plus comme avant du moins, et elle ne savait pas si s’autoriser à ouvrir son coeur à nouveau de la plus pure des façons était un risque qui valait la peine d’être pris ou s’il valait mieux y renoncer. Elle n’avait pas envie de renoncer à Noah, mais elle ne pouvait plus se mettre à nue comme elle l’avait fait par le passé. C’était beaucoup trop risqué et son coeur était encore si fragile. Elle savait qu’à la moindre déception, elle prenait le risque de s’écrouler à nouveau. Mason méritait mieux qu’une mère brisée par l’amour et incapable de prendre soin de lui ou d’elle-même. Elle avait peur de se détruire en lui disant qu’elle l’aimait. Ce moment était pourtant si beau à ses yeux, elle ne tenait pas à le gâcher. Alors, elle regarda Noah dans les yeux pendant un long moment. Elle cherchait dans son regard bleu la moindre once de mensonge, le peu de malhonnêteté qu’il aurait pu posséder en lui à cet instant précis. Elle chercha vainement le mal dans un regard qui criait l’amour. Il l’aimait. Il le pensait vraiment. Elle pouvait lire dans ses yeux, qu’il était sincère. « Je… » Sa voix se brisa à peine, et elle dû murmurer pour reprendre. « Je t’aime aussi. » Un souffle si doux que lui seul avait pu l’entendre. Elle n’avait pas la force de le crier, mais elle le disait avec toute l’honnêteté du monde. Peu importe ce qui arriverait ensuite, ils avaient eu ce moment et pour l’instant c’était tout ce qui comptait à ses yeux. Cela ne résolvait en rien les problèmes auxquels ils pouvaient faire face, et n’annonçait rien non plus pour l’avenir, elle ne voyait pas cet instant comme un quelconque engagement officiel. Non, elle prenait tout ceci comme un moment de partage et d’amour, elle prenait tout tel quel, sans rien interpréter ni chercher à analyser quoi que ce soit. Il l’aimait, et elle l’aimait aussi. Il n’y avait rien d’autre à dire ou à expliquer. Parfois, le mieux était simplement de choisir la simplicité, même si cela ne devait durer que le temps d’un baiser. Elle se hissa sur la pointe des pieds et chercha à nouveau cette étreinte. Elle voulait qu’il la serre encore. Reposant sa tête sur la poitrine de Noah, elle ne dit rien, refusant de briser à nouveau le silence et laissa leurs deux coeurs battre à l’unisson.