Sujet: Viens, jt'héberge | Eva Ven 4 Déc 2015 - 12:05
Il faisait jouer les doigts de sa main gauche, comme pour vérifier que tout était en place. Il fallait dire qu'il ne s'était pas loupé, la dernière fois. Par chance, il n'avait pas eu l'occasion de se retrouver dans une nouvelle situation de combat pour aggraver cette blessure. Il consulta sa montre à son poignet droit. Il détestait les personnes en retard. Il n'avait pas que ça à faire. Il y avait un business à faire tourner, des choses à gérer. Aleksey était parti faire ce qu'il avait à faire. Il reviendrait bien assez tôt mais en attendant, il fallait bien le remplacer. Dans ces moments-là, c'était à Isaak de mettre la main à la pâte. Oh, il n'était plus un débutant en la matière. Il avait eu assez de temps en quatre ans à jouer les gérants par intérim pour connaître toutes les ficelles de ce métier.
Finalement, la voiture arriva enfin. Il se décolla du mur contre lequel il était adossé et s'avança vers l'homme qui sortit du véhicule. D'une poigne ferme, il serra la main de son interlocuteur, il porta son autre main sur l'épaule de l'homme et les échanges cordiaux commencèrent. Ils allaient bien. Leurs proches aussi. Oui, c'était sympa ce soleil à cette époque de l'année. Non, Aleksey St James ne serait pas là aujourd'hui, il était en déplacement, mais Isaak Tsariov lui, est présent et s'occupera des affaires à régler. Le beau sourire du Russe jouait, brillait. Son regard franc et déterminé perçait l'homme et le convainquait, comme à chaque fois. Il n'avait d'ailleurs pas énormément de temps à lui accorder, si on pouvait se dépêcher un peu. L'entretien se passa comme prévu.
Il vérifia une dernière fois les choses avant de fermer le store. Le soleil frappait sur le mur et s'éblouissait, le forçant à plisser les yeux pour pouvoir continuer à survivre. Il roula des épaules pour tenter de relâcher la tension qui s'y était installée, la coquine. Il consulta son téléphone professionnel. Il en profita également pour faire son compte-rendu à Aleksey. Il rangea son premier téléphone pour consulter le second. Il y avait un message de Cynthia, auquel il se contenta de répondre par la négative avant de reprendre la route. Il avait fini son travail et pouvait enfin s'accorder un moment de repos, et par repos, il entendait réellement s'allonger sur son lit et fermer les yeux pour quelques heures. Après la nuit au Diamond's et sa matinée à attendre ce collaborateur, il en était rendu quatorze heures et il n'avait toujours pas dormi ni même mangé.
Il gara sa voiture devant chez lui et sortit du véhicule en soupirant. Il desserra enfin sa cravate tout en fermant la portière et en actionnant la télécommande de verrouillage. Il passa ensuite sa main sur son visage en étouffant un bâillement. Son regard se posa, comme d'habitude, sur l'ensemble de la rue pour l'analyser. Il percuta une voiture qui lui était familière tout en lui étant inconnue – c'est là que ça devient compliqué chez Isaak, généralement. Il fronça les sourcils et s'avança prudemment. Il l'avait déjà vue hier, cette voiture. Avant-hier également. Cela faisait bien plusieurs jours qu'elle n'avait pas vraiment bougé et qu'elle traînait dans le quartier. Ses instincts s'activèrent instantanément. Il fit le tour du véhicule et inspecta rapidement les roues. En se penchant un peu plus, il regarda dessous. Rien. Du moins en apparence. Il s'approcha un peu plus jusqu'à pouvoir observer l'habitacle. Il ne s'attendait vraiment pas à ça. « Eh, qu'est-ce que vous foutez là ? »
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Sujet: Re: Viens, jt'héberge | Eva Mer 9 Déc 2015 - 15:41
Eva & Isaak
Cela faisait maintenant sept jours qu’Eva avait appris où se cachait Andrew, son ami d’enfance. Les deux avaient une histoire un peu compliqué. Ils s’étaient rencontrés à leurs onze ans et étaient devenus les meilleurs amis du monde après que la belle lui ait foutu un pain dans sa tronche. Les années avaient passé et la blonde était tombée amoureuse pour la première fois. Un connard qui avait mis le jeune homme dans le coma après l’avoir tabassé par jalousie. Ils s’étaient ensuite retrouvés à la mort de la mère du jeune homme. Il lui avait avoué ses sentiments et elle avait décidé de les lui retourner. Elle avait trop peur de le perdre et c’est pour ça qu’elle avait dit oui. Au final, elle avait fini par tomber amoureuse d’un autre et le trahir, encore. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle n’était pas prête à l’aimer, pas ainsi. Preuve que son raisonnement avait été correct, après qu’il ait rompu avec elle il avait tout simplement disparu. Les sentiments compliquent souvent les choses et elle l’avait durement appris. Tout cela pour dire que dès que son grand-père lui avait appris où se trouvait son petit-fils, elle n’avait pas réfléchis plus longtemps et était partie à sa rencontre. Elle n’avait pas vraiment de thune, son diplôme de droit en poche sans emplois en vue dans le coin et pas d’appartement. Ils s’étaient enfin revus cinq jours plus tôt et rien ne s’était passé comme elle l’aurait souhaité. Il vivait avec quelqu’un d’autre, était heureux sans elle et ne voulait rien à faire avec elle. Comme s’il n’avait pas ressenti ce même vide qu’elle à leur séparation. Ne voulant pas lui avouer qu’elle n’avait aucun endroit où dormir à part sa voiture, elle avait décidé de changer de location en attendant de trouver où vivre. Le problème étant que pour trouver une location on lui demander de prouver qu’elle travaillait et que les endroits où elle avait essayé de postuler l’avaient tous rejetés en disant qu’elle ne leur apparaissait pas assez sérieuse. Il n’était pas évident de paraitre présentable quand on dormait dans sa voiture et qu’on faisait sa toilette dans des douches publiques.
Eva allait entamer sa cinquième nuit de SDF quand une tête apparue juste au-dessus d’elle à travers la fenêtre. Son manteau remonté sur ses épaules, elle avait utilisé son sac à dos comme coussin. « Eh, qu'est-ce que vous foutez là ? » Elle pouvait lui retourner la question, mais c’était elle après tout qui s’était installée en bas de chez-lui et il n’était pas vraiment autorisé de s’installer comme elle l’avait fait pendant aussi longtemps. Elle se releva péniblement, maudissant son mal de dos. Son manteau glissa, laissant découvrir un t-shirt loose qu’elle avait choisi comme haut pour dormir ainsi qu’un leggin noir. La jeune avocate fit signe à l’homme de reculer et ouvrit la portière, accueillant le vent froid avec une petite grimace. Maintenant qu’elle le regardait de plus près, il était vraiment pas mal, mais ce n’était pas vraiment le moment de penser à ce genre de choses. Qu’est-ce qu’elle était censé lui dire au juste ? J’ai roulé comme une folle pendant quarante-huit heures pour retrouver mon ex-meilleur ami slash ex-petit ami slash ex-frère de cœur et finalement il m’a jeté, c’est entièrement ma faute parce que je lui ai brisé le cœur deux ans plus tôt. Clairement pas une bonne idée et ce n’était pas son genre de se confier à un inconnu comme ça. « Bonsoir. » Un peu de politesse n’a jamais fait de mal à personne. « Je suis désolée du dérangement, je vais changer d’emplacement. » C’était le mieux, déménager sa maison-voiture. Un simple coup d’œil dans son véhicule suffisait à voir qu’elle vivait dedans, ses vêtements étaient en vrac, sa brosse à dent et le reste de sa toilette visible et elle avait même une bassine et une bouteille d’eau. Se sentant un peu faible à cause de son manque de sommeil dû à son lit pitoyable, elle ferma les yeux un moment. « Je ne cherche pas les problèmes. » Sa phrase fut suivie d’un grognement majestueux de son estomac qui lui fit monter le rouge aux joues, elle n’avait non plus réussi à se nourrir correctement ces derniers jours, mais pour quoi passait-elle au juste ?
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Sujet: Re: Viens, jt'héberge | Eva Sam 26 Déc 2015 - 1:12
L'individu était une jeune femme blonde. Pas très vieille. Probablement plus jeune que lui. Il l'observa un instant pour s'assurer qu'elle n'était pas bourrée ou défoncée. Il n'y avait rien de pire qu'un être humain dans un état second. S'il n'hésitait pas lorsqu'il s'agissait d'hommes, il avait toujours cette petite appréhension lorsque le suspect était féminin. Ces bêtes-là étaient bien plus viles que les autres et il fallait doublement s'en méfier. Mais cette fois-ci, cette petite madame avait l'air on ne peut plus normale, si ce n'était qu'elle semblait vivre dans sa voiture, garée à quelques mètres de son immeuble. C'était ce qui inquiétait le plus Isaak, à vrai dire. Comment pouvait-on en arriver à vivre dans sa voiture. Certes, il y avait les sans-abris qui vivaient bien sous les ponts ou dans les rues. Mais vivre dans une voiture, c'était comme le début de la condition de SDF. Pour un homme, c'était déjà difficile, il pouvait en avoir conscience, mais pour une femme. Elle n'était pas bien grosse et elle était mignonne. Elle ne tiendrait pas deux jours dans la rue avant qu'un malheur ne lui arrive.
Il la dévisagea. La blondinette n'était pas spécialement très habillée, ou du moins, pas habillée comme il aurait pu s'y attendre. Pas avec ce qui semblait être un pyjama, en gros. Il recula lorsqu'elle le lui indiqua, pour lui laisser l'opportunité d'ouvrir la portière. Il était sur ses gardes, des fois qu'elle tente une échappée ou une attaque surprise pour l'agresser avec une arme dissimulée. Aucun éclair argenté ne l'alerta, pas plus que la silhouette d'une arme à feu. Il se détendit légèrement, malgré la pointe de tension dans sa nuque. Celle qui le maintenait en alerte coûte que coûte. Malgré son envie de se perdre sous la douche et de s'effondrer dans son lit. Peut-être qu'il se ferait à manger entre les deux, s'il lui restait quelque chose dans le frigo et dans les placards. Il n'était plus certain de la dernière fois où il était allé faire les courses. Ses horaires étaient tellement irréguliers et décalés par rapport au commun des mortels qu'il ne savait plus vraiment comment vivre dans la société. Merci néanmoins l'économie américaine d'avoir créé les magasins ouverts 24h/24, 7j/7. Il revint à la réalité lorsqu'elle ouvrit enfin la bouche. Elle le salua, il fronça les sourcils. « Bonjour plutôt… Il n'est que 14 heures… 30 ! », répondit-il en consultant la montre à son poignet droit. Le soleil était pourtant bien présent, comme le plus souvent en Californie. Visiblement, cette jolie jeune femme avait perdu la notion du temps.
Elle était coopérative. Elle voulait changer d'endroit. Elle ne cherchait pas les problèmes. Décidément, cette histoire était de plus en plus étrange. « Attendez… » Il s'appuya sur la portière, comme pour l'empêcher que la jeune femme ne la referme si l'envie l'en prenait. Il jeta une nouvelle fois un coup d'oeil dans l'habitacle avant de continuer. « Vous vivez dans votre voiture ? » La question était un peu rhétorique. Pas besoin d'être détective privé pour se rendre compte de la chose. À sa façon d'être habillée, au bordel autour d'elle, elle avait élu domicile dans son propre véhicule. Et puis, au bruit que faisait son estomac, aucun doute qu'elle ne vivait pas dans les meilleures conditions. Son côté altruiste reprit le dessus. C'était son côté qui avait fait qu'il avait choisi de faire son métier. Ce côté qui lui donnait envie de sauver le monde entier, là où il avait échoué huit ans auparavant. « Vous n'avez pas un logement ou quelqu'un chez qui aller ? Ça serait beaucoup plus sûr et sain pour vous. » Il avait pris un air paternaliste et moralisateur. C'était un peu comme s'il se la jouait agent de police qui voulait faire le bien. D'une certaine façon, il était assimilé à un gardien de la paix, bien qu'il ne jouait clairement pas dans la même cour, mais ça, rares étaient les personnes libres au courant. Il regarda la jeune femme, les sourcils froncés, l'air concerné et inquiet.