Ce bureau, que Liam affectionnait tant, ne lui donna pas entière satisfaction. Et pourtant, mis à part en compagnie de son frère aîné, ou à Palm Avenue, chez lui, il n'y avait que sur son lieu de travail qu'il se sentait complètement lui-même et qu'il pouvait se retrouver et se ressourcer. Son métier lui avait toujours apporté pleinement satisfaction. C'était un job qu'il avait toujours affectionné et cela depuis l'enfance. Au départ, ses motivations n'étaient pas les mêmes que maintenant. Seul la culpabilité l'avait poussait à croire que c'était le boulot de sa vie. Il s'était donné corps et âme pour réussir ses études avec brio et son intelligence plus développée que la normale l'avait grandement aidé. Durant peut-être les trois ou quatre premières années de sa carrière professionnelle, il s'était donné à corps perdu, dans le seul but de sauver les autres, se disant que la mort de sa mère n'était pas vaine. Pour lui, la culpabilité s'était transformée en une force, pour vaincre cette injustice de la vie. Toutefois, les années passant, sa carrière devint si importante pour lui, que la culpabilité n'était plus son leitmotiv. Seul l'aspect de défi que présentait chacun de ses patients était son excitation quotidienne. Malgré la culpabilité qui le hantait toujours, il avait réussi à en faire une affaire personnelle, qui ne regardait personne d'autre que son frère et lui. L'argent et la gloire étaient devenus des poids trop important dans la balance pour rester le jeune médecin plein de bonne volonté qu'il avait été. Tout cela pour dire que durant cet après-midi, il ne se sentait pas complètement épanoui, dans les couloirs de l'hôpital. Il aurait du en temps normal, mais ce qu'il venait de se passer quelques minutes auparavant, le hantait beaucoup plus qu'il ne l'aurait imaginé. Liam avait encore en tête son odeur fruitée et son sourire si éclatant. Il sentait sur sa peau, la délicatesse de son toucher et son rire cristallin résonnait encore en lui. Toutes ces merveilleuses sensations auraient du le booster un maximum et pourtant, c'était bien tout l'inverse. Plus il approchait de son cabinet, plus il se sentait mal à l'aise. Le chirurgien savait pertinemment que dans ces moments de doutes et d'abattements, il ne devait en aucun cas se retrouver complètement seul, de peur de ressasser le malheur jusqu'à faire n'importe quoi. Dans la tristesse extrême, Liam n'était plus réellement lui-même. Il faisait ou disait des choses insensées, qui ne lui ressemblait aucunement et son passé en était l'exemple parfait. Soupirant, il posa sa main sur la poignée de la porte de son bureau et y pénétra. Bizarrement, il le trouva froid et peu accueillant. Tout objet avait sa place et la décoration moderne donnait une impression de froideur, propre au médecin, qui en temps normal s'en accommodait parfaitement. Allant directement dans la pièce attenante à son bureau, il déposa veste et sacoche et essaya de se vider l'esprit. Mission tout bonnement impossible... Les mots de Quinn lui revenaient en mémoire tel un boomerang. Son cœur, que déjà trop brisé, en prit à nouveau un coup. Il avait été idiot de croire que leur relation aurait pu connaître plus que de l'amitié... A cause de sa stupidité, il venait de tout gâcher et avait peur que Quinn ne soit plus aussi franche avec lui que ce qu'elle avait été auparavant. Lui qui avait toujours eu pour mission de la faire rire, l'avait faite crier et pleurer... Il était devenu en l'espace de quelques minutes, ce genre d'homme que son frère Heath, avait toujours empêché que Liam ne devienne. Colérique, jaloux et odieux, portant un jugement sur ce qu'il ne connaissait pas. En y repensant véritablement, maintenant qu'il se retrouvait seul, Liam se faisait peur. Sur certaines situations tout au long de sa vie, il s'était découvert quelques points de sa personnalité, seulement visibles quand ça n'allait pas. La conclusion qu'il avait faite était plus que logique et quelque peu effrayante. Bien qu'il faisait tout pour être un tout autre homme, il ressemblait sur certains points à son père et se trouvait qu'il avait prit les plus mauvais côtés... Encore aurait-il fallu que le patriarche ait quelque chose de bon en lui.
C'est sur ces pensées, qu'il enleva sa cravate et s'allongea sur le sofa, essayant de se décontracter avant l'opération qui n'aurait lieu que dans une heure trente. L'américain, pour se sortir de la tête l'expérience qu'il venait de vivre aurait tout fait, même prier si cela avait été prouvé. Mais aussi croyant qu'une huître, il se dirigea vers sa petite armoire à pharmacie et prit deux somnifères, espérant ne pas être trop abattu, une fois son réveil ayant sonné. De nouveau allongé sur le dos, il attendit que les minutes passent, utilisant la bonne vieille technique du comptage de moutons pour s'endormir, mais rien n'y faisait. Au contraire, il se sentait de plus en plus fébrile. C'est avec une grande excitation qu'il se leva et s'installa sur son ordinateur. Il n'avait qu'une envie, c'était celle de se défouler, pour oublier Quinn et son refus. Ne comprenant pas réellement ce changement brusque de comportement, Liam se mit à chercher sur internet un bon site de musique et tomba sur la radio de la ville. Au bout de la troisième chanson, le médecin se leva et ne se fit pas prier pour se mettre à chanter. Le cadet des Wilde ne cherchait plus véritablement à comprendre ce comportant plus qu'inhabituel. Et pourtant, il était bien simple. Ce n'était pas des somnifères qu'il avait prit quelques minutes auparavant. Sous l'effet de la discussion passée avec Quinn, il s'était trompé et avait prit des analgésiques narcotiques, médicaments prescrits contre les douleurs et qui provoquent des crises d'euphorie.
Soit, Liam était en train de pousser la chansonnette sur "Single Ladies" de Beyoncé et il s'était même lancé dans la reprise de la chorégraphie, qui il fallait l'avouer, il ne connaissait pas par cœur. Il l'avait vu à différentes reprises à la télé ou sur internet, mais n'avait jamais porté un quelconque intérêt à cette chanteuse. Un coup de déhanché à droite, un autre à gauche, avec la main en l'air. Là tout d'un coup, Liam avait perdu toute virilité. Virilité à laquelle il tenait énormément, en temps normal. Le seul petit inconvénient, c'était que Liam n'avait pas les cheveux assez longs pour donner cette impression de sensualité lorsqu'il bougeait la tête, façon l'Oréal.
Le médecin se souvenait d'un moment plutôt difficile à réaliser dans ce clip et qui l'avait marqué. Complètement hors de lui, il s'était décidé à réaliser ce mouvement de jambes. Se remémorant le passage, il commença un écartement des jambes, tout en bougeant les fesses de droite à gauche. Il devait par la suite se baisser, et plier une jambe et écarter la seconde. Malheureusement lorsqu'il entama ce mouvement, il s'emmêla les pinceaux et tomba à même le sol. Éclatant de rire, il se releva bien rapidement, pour reprendre sa danse endiablée.

Liam était toujours absorbé par sa danse endiablée, qui lui donnait un sourire et une pêche qu'on ne lui connaissait pas. Les cachets avaient eu pour effet de le détendre, lui qui vivait à chaque instant sur le contrôle de lui-même, chose qui le rendait peu sympathique à la vue des autres. Néanmoins, Liam se moquait éperdument de ce trait de caractère et de l'impression froide qu'il pouvait donner. On le prenait tel qu'il était et si cela posait un problème, ce n'était pas celui du chirurgien. « Liam est-ce que je peux te… » Malgré le volume de la musique plutôt élevé et l'attention de l’américain, complètement prise par la danse, il entendit la voix de Neela Meyers résonner dans son bureau. Se retournant vers la porte d'entrée, toujours dans un mouvement artistique, il se stoppa net et la regarda des pieds à la tête. A l'instant présent, il donnait l'impression d'avoir honte, mais ce fut tout le contraire qui se produisit. Le sourire radieux de sa collègue lui donna encore plus de vivacité et il lui offrit un sourire ravageur. Ce sourire n'avait rien d'amical, rien de poli. Il était bel et bien dragueur. Plongeant son regard dans le sien il s'approcha d'elle. « Je ne sais pas qui t’as appris à te déhancher comme ça mais, il devait certainement être bourré ! » Rigolant de bon cœur, Liam ne put s'empêcher de rajouter. « Moqueuse va... » Il lui tendit sa main droite et enjoint à son geste un regard assuré. « Je te met au défi de faire mieux. Viens danser avec moi. » Il n'attendit pas plus et agrippa la main de Neela pour l’entraîner dans ses bras. Plantés là au milieu de cette pièce plutôt froide, cette dernière s'emplit d'une chaleur qui ne lui était pas habituelle. Le bureau de Liam devenait agréable et chaleureux et cette ambiance leur donna des ailes. Eux qui étaient d'ordinaire si différents, se complétaient à merveille à l'instant présent. Tout d'abord, leur relation avait tout de professionnelle. Neela et Liam ne se voyaient jamais en dehors de l'hôpital et il ne serait jamais venu à l'esprit de Monsieur Wilde d'inviter sa collègue au restaurant ou n'importe où ailleurs. Liam était le responsable hiérarchique de Neela Meyers et il se devait d'être respectable et respecté au plus haut point. Jamais en temps normal, un tel accident se serait produit et jamais au grand jamais il n'aurait tutoyé Neela. Le médecin permettait aux autres médecins proches de lui à le tutoyer, mais ce dernier se faisait une règle d'or de ne jamais se montrer trop amical envers ses collègues. Surtout lorsque ces derniers étaient sous sa responsabilité. Deuxièmement, ils partageaient seulement une ressemblance. Leur amour du défi en tout genre. Ils en étaient fana, au point de s'en lancer à longueurs de journée. Au début de leur « relation », Liam lui en lançait seulement pour l'intégrer au sein de l'hôpital et pour montrer de quoi elle était capable dans le métier. Bien rapidement et à la grande joie du chirurgien, Mademoiselle Meyers fit rapidement ses preuves et les défis devinrent de moins en moins professionnels. C'était là, l'entorse au règlement de Liam, que de vouloir rester professionnel avec tous les médecins. Neela était l'exception qui confirme la règle. Et dernièrement,  Neela était l'extravertie, Liam l'introvertie. Elle était celle qui appréciait tout le monde et tout le monde l'appréciait, il était celui qui mettait des distances à qui tente de l'approcher. Plus on essayait de savoir de choses sur lui, moins on en savait et plus Liam se refermait. C'était un peu ce qu'il s'était passé au tout début de la rencontre Neela/Liam. Sans indiscrétions, tout simplement par envie de connaître les gens avec qui elle allait travailler, la jeune femme avait été un peu curieuse, comme tout le monde fait lors de premières rencontres professionnelles. Tout le monde s'était prêté au jeu, sauf bien entendu Liam, qui avait enfilé sa carapace. Mais Neela, loin d'être stupide avait bien rapidement cerné le caractère de Liam Wilde et avait adopté avec ce dernier un autre comportement, qui plu au chirurgien, qui se sentit de plus en plus en confiance avec cette nouvelle recrue, qu'il considère à l'heure d'aujourd'hui comme une alliée, plus qu'une collègue.
« Suis mes pas... Après on fera à ta sauce si tu veux. » Liam se mit à côté du médecin, lui tenant toujours la main et se remit à danser, leurs regards se croisant de temps à autres quand les mouvements le leur permettait. Pour être tout à fait honnête, Neela Meyers n'était pas le genre de femmes que Liam aimait par dessus tout. Loin d'être blonde à la peau blanche, il savait tout de même apprécier les formes généreuses et les traits fin de la demoiselle. Il n'en était pas insensible et la traiter de belle femme aurait été un blasphème. Neela était plus que ça et Liam à l'instant présent, voulait en profiter. « Tu danses bien dis-moi. Celui ou celle qui t'a apprit n'était pas bourré lui. » Rigolant chaleureusement, il la regarda bouger dans tous les sens, un sourire figé sur ses lèvres. « Au fait, tu voulais me parler de quelque chose ? Que me vaut ta visite ? Tout va bien j'espère ? » La voix de Liam était entrecoupée par sa respiration saccadée et de plus en plus forte. « Je compte sur toi pour me prendre en charge si mon cœur ne tient pas la cadence. » Ne pouvant s'empêcher de rire, il était là le quotidien des chirurgiens cardiaques. Faire des vannes sur ce qu'il pourrait leur arriver. Après tout, on dit bien que les cordonniers sont les moins bien chaussés non ?

« Qui ça, moi ? Jamais ! » « Ça se voit sur ton visage Neela. Tu respires la moquerie. » Il lui lança un sourire en coin, tout en l'invitant à la danse. « Tu ne le sais peut-être pas mais, adolescente, j’étais une danseuse incomprise… » « Avec ce corps là je ne peux que le comprendre. » Le chirurgien ne pouvait s'empêcher d'observer sa collègue de la tête aux pieds, avec un sourire non dissimulé. Ces cachets qu'il avait prit presque une heure avant, en plus d'avoir eu un effet quasi immédiat, révélait à quiconque croisait le médecin, ses côtés cachés, bien cachés. Certes, son côté séducteur et homme à femmes, tout le monde en était au courant. Dans cette ville, il ne fallait pas espérer passer inaperçue en portant le nom de Wilde. Mais il était surtout très voire trop simple de cacher la vérité aux gens, qui étaient pour la plupart aveugle et privé de bon sens logique. Enfant, Liam n'avait jamais aimé la compagnie de ses camarades. Il ne parlait jamais et surtout ne montrait aucun signe extérieur de vie, il fallait l'avouer. Il était là, pour la seule figuration qu'il s'est donné pour mission de faire. Avec les années, on aurait pu tout simplement croire que le jeune homme allait s'ouvrir. Que la découverte du monde et de ses plaisirs le changerait. Que les connaissances qu'il se ferait au travail et le poids de son nom acquit à sa naissance, ferait en sorte que le cadet de la famille Wilde, soit d'une sociabilité à toute épreuve. Bref les gens désiraient et pensaient à un second Heath. Mais ils se trompèrent sur toute la ligne. Plus les années passèrent et plus Liam continua dans sa lancée. A l'époque, les gens disaient de lui que c'était un enfant timide, ayant subit un fort choc émotionnel. Ils comprenaient tous qu'un enfant n’ayant jamais connu sa mère ne pouvait réellement grandir comme tous les autres et pour la populace, il s'agissait là d'une très bonne réponse au comportement du jeune Wilde, à qui on avait donné une excuse valable de se comporter de la sorte. A son âge, il n'était plus question de cela. Il était maintenant un homme froid, qui inspirait le respect ou une certaine crainte. Et d'après la population d'Huntington Beach, il était irrattrapable.  Alors il est vrai, Liam comprenait parfaitement qu'un tel comportement engendre des questions et de la surprise de la part de Neela, qui malgré tout, se cachait bien de montrer sous ébahissement. « Ouh… dominant ! » Le rire de Liam enjoint celui de sa collègue de travail et il la regarda dans les yeux. « Tu ne sais rien de moi Neela. » Et pour parfaire son côté dragueur qui se réveillait dangereusement, dans un lieu où il s'était interdit toute forme de drague, Liam passa sa langue sur ses lèvres. Certes pour l’américain, il n'y avait rien de charmeur ou de dragueur là dedans. Il s'agissait tout bonnement d'une bonne vieille habitude, qui s'était transformé en un léger tic. Mais il avait tendance à contrôler cette habitude, comme tout ce qu'il faisait en temps normal. Et cette manie qui pouvait passer pour un geste anodin dans un jour banal, se transformait en quelque chose de sensuel qu'il ne put empêcher. Et bizarrement, sentir son regard planté dans celui de Neela lui faisait un bien fou. Quand bien même drogué, sans le savoir réellement, Liam partit sur un tout autre sujet de conversation. « Tu danses bien dis-moi. Celui ou celle qui t'a apprit n'était pas bourré lui. » « Non, elle ne l’était absolument pas. Ma mère était même du genre à ne pas favoriser l’ivresse. On m’a dit que je tenais ça d’elle. » « Oh ! Il n'y avait là aucune offense pour ta mère. Excuse-moi. En tous les cas, elle t'a très bien apprit. » Il profita du silence entre-eux deux pour continuer leur danse, lorsqu'il se rappela que la chirurgienne n'était pas venue dans son bureau pour conter Fleurette. « Et ta venue dans mon bureau alors ? » « Ce n’est rien, ça peut attendre. Je voulais juste avoir ton avis sur un patient assez particulier. » « Oh ! Un cas particulier ? Tu n'aurais pas du dire ça Neela. Ça attise ma curiosité. » Pour Liam, patient assez particulier rimait avec défi. Il ne pouvait en être autrement. Néanmoins, le trentenaire était bien trop euphorique pour se permettre de se poser calmement à son bureau et discuter patients avec Neela Meyers. « Et ne t’inquiète pas pour ton petit cœur, il va très bien se porter. » Souriant, il posa sa main droite sur le bas du dos de son actuelle partenaire de danse. « Pour être tout à fait honnête, ça ne me dérangerait pas de me faire opérer par un médecin tel que toi. Tu dois avoir des doigts de fée. » Dieu merci, Liam s'entendait parler, mais rien n'était indécent dans les paroles qui sortaient de sa bouche. Tout du moins, dans son état, il était tout à fait normal de complimenter Neela, à la limite du "viens j'ai un canapé dans la pièce à côté, on y sera bien toi et moi". Le chirurgien ne contrôlait plus rien et paraîtrait à quiconque ne le connaît pas, complètement en pleine possession de ses capacités physiques et mentales. Pourtant, cette emprise médicamenteuse était proche de celle de ses rares ivresses, qu'il pouvait avoir de temps à autre avec son frère aîné Heath. Il ne faisait pas n'importe quoi. Liam Wilde ne faisait jamais n'importe quoi... Ou très rarement. C'est tout simplement que ce visage qu'il offrait au jour le jour à toutes les personnes qui le croisait, se fissurait, pour que le vrai, l'unique, celui qui n’apparaît qu'en présence de Heath, soit découvert au grand jour. Ce trentenaire dragueur, sensible et attentif, qui avait toujours un léger contrôle de soi, mais qui se permettait plusieurs folies interdites en temps normal. Et des choses guère réfléchies, il en faisait beaucoup plus dans un état de bien être et de confiance absolue, deux sentiments que les cachets lui provoquaient à l'instant présent.
Il plongea son regard dans celui de l'indienne et lui sourit tendrement. Liam, en tant que médecin, s'était toujours promit de garder ses distances avec n'importe lequel de ses collègues. Il ne pouvait se permettre de faire ami ami avec tout le monde. A la tête du service cardiologie de l'hôpital, il ne désirait en aucun cas recevoir des tapes sur l'épaule en guise de bonjour. Les politesses orales suffisaient amplement et tout le monde se portait bien. Mais, Liam était avant tout un homme. Un homme avec des yeux, qui ne pouvait s'empêcher de regarder Neela, depuis assez longtemps maintenant. Il avait réussi à passer au dessus de tout ça, se dire que Neela ne serait qu'un fantasme parmi tant d'autres. Mais aujourd'hui, la conscience pouvait bien aller se faire foutre. Il n'avait plus cette petite voix lui dictant d'être un responsable digne. Il voulait se faire plaisir et assouvir ce fantasme. Car oui, même si Neela n'était pas la femme de sa vie, il ne restait pas insensible à son charme. A ce regard hypnotique, qui lui faisait tourner la tête depuis tout à l'heure et à cette voix qui lui charmait les oreilles.
Lui caressant la joue de l'index, il s'approcha si peu d'elle, qu'on aurait pu croire qu'aucun mouvement n'avait été fait. Et si elle le repoussait. Liam avait-il mit trop de barrières entre-eux pour qu'elle aussi le rejette ? Un dernier échange de regard le requinqua et il se jeta à l'eau. Gardant sa joue dans sa main droite, il approcha délicatement son visage et ne put s'empêcher, une fois leurs lèvres les unes contre les autres, d'augmenter la pression de sa main posée sur le bas de son dos, la ramenant ainsi plus vers lui. Ce baiser, venant pourtant d'un Liam plutôt hors de lui, était pour sa part, parfaitement contrôlé. Il n'était pas fougueux, juste ce qu'il fallait pour faire comprendre à Neela, que ce n'était pas un délire sorti de nul part. Il était tendre, dosé à la perfection. Ce n'était pas le baiser offert à un coup d'un soir, ni non plus celui du grand amour. C'était entre les deux. Ce baiser voulait tout dire. Du genre "tu m'plais beaucoup et je rêve de savoir ce que ça fait que de t'embrasser". Plus l’américain avançait dans le baiser, moins il avait envie de rompre ce lien qui les unissait. Alors il ferma les yeux, profitant ainsi de ce moment partagé, peut-être juste un peu gâché par cette foutue musique, qui commençait à lui donner mal à la tête au passage.

« Non. Je respire de l’air. Et rien que de l’air. » Liam regarda la jeune femme avec un air résigné, mais rigola bien rapidement. « Madame aime jouer sur les mots ? » Il lui offrit un sourire amusé. « On ne t'a donc jamais dit de ne pas contredire son supérieur hiérarchique ? » Le chirurgien rigola. « Je vois que je n'ai pas bien fait mon travail. » Il fronça les sourcils et fit une mine mécontente, bien rapidement remplacée par un sourire complice.
Bien rapidement, la discussion partit sur les compétences en danse de chacun et dans la moindre petite phrase innocente en apparence, se trouvait une petite pic, histoire de se charmer l'un l'autre. « Tu dis ça mais, tu ne l’a jamais vraiment vu ce corps-là… » Souriant tel un prédateur, Liam ne se fit pas prier longtemps pour la sortir celle-là. « Mais je ne demande qu'à le voir Neela. »
La discussion passait rapidement d'un sujet à l'autre, avec pour seul lien, ces petites piques qu'ils se lançaient. Depuis que l'on avait confié à Liam le soin de former Neela, ces deux là s'étaient rapidement trouvé un point en commun pour les défis et les petites piques qui permettaient à l'autre de se surpasser. Il n'y avait là rien de bien méchant. Au contraire. Leur comportement n'était peut-être pas des plus sains, mais ils se portaient un respect mutuel énorme qui les empêchaient d'aller trop loin et de faire des gaffes.
« D’accord, mais, ça ne m’empêche pas de deviner… à toi de me dire si j’ai vu juste ou pas. Dominant ? » Le chirurgien haussa les épaules. « Je ne vais pas te dire non Neela. Mais je ne le fais pas dans le sens macho. Je vais être dominant parce que pour moi un homme se doit de tout faire pour la femme qu'il aime. Après chacun son caractère également. »

Tout en dansant, Liam ne put s'empêcher de féliciter la demoiselle sur la grâce de ses mouvements et la conversation dériva sur un tout nouveau sujet, la mère de Neela. « Ne t’excuse pas, je ne l’ai pas mal pris, je te rassure, et je suis sûre qu’elle ne le prendrait pas mal non plus. Puis, tu as raison, j’ai bien appris d’elle et j’essaie de m’y accrocher vu que c’est tout ce qui me reste d’elle. » L'américain sentir son cœur s'arrêter. Il venait de mettre les pieds dans le plat. Certes sans le vouloir, mais ce qu'il détestait qu'on lui fasse, il le fit à quelqu'un d'autre. Hochant la tête en signe de réprobation, il s'excusa de nouveau. « Je suis désolée pour toi. Crois-moi, je le suis vraiment et je comprends ce que tu ressens. » Lors de cette dernière phrase, il l'avait regardé dans les yeux avec beaucoup de sincérité dans le regard. Était-elle au courant que les Wilde n'avait seulement connu que leur père ? Pouvait-elle comprendre le message dissimulé ? Le médecin préféra changer de sujet et bondit sur l'occasion en lui demandant d'en dire plus sur ce patient particulier. « Pour tout te dire, j’hésite à le prendre. Il est venu vers moi pour un problème qui n’est pas de nature cardiaque, mais, il a des antécédents dans sa famille, et si ça se trouve, il pourrait également ce genre de risque… Enfin, ce n’est pas forcément ce qui va lui arriver, je ne l’espère pas pour lui, mais voilà. » « Pourquoi venir voir un cardiologue si c'est pour un tout autre sujet ? » Fronçant les sourcils, il commença à se poser des questions. « Neela, s'il y a le moindre soucis avec ce patient, je veux que tu m'en parles d'accord ? Qui sait si tu n'es pas tombée sur un fou. Réfléchis bien. Ce n'est pas ton rôle de soigner les petits bobos. Quand bien même il puisse avoir un problème cardiaque génétique, je veux que tu fasses attention. »

Liam finit par déposer un dernier baiser sur les lèvres de Neela, avant de poser son front contre le sien. Il respirait tranquillement, comme apaisé par ce qu'il venait de se passer. Il avait envie de l'embrasser de nouveau. Elle embrassait terriblement bien que cela était même un crime de ne pas profiter plus de ces lèvres charnues. Néanmoins, un soupçon de raison lui revint et il s'abstient d'en faire davantage. Il pensa préférable de ne pas continuer sur cette pente glissante et caressa délicatement du bout de son index les lèvres de la demoiselle tout en l'invitant à s'asseoir dans la pièce d'à côté. Cette annexe à son bureau, était un peu comme sa pièce de repos, celle où il allait s'allonger avant une opération importante par exemple. Elle lui servait également lorsque ça n'allait pas et presque de confessionnal lorsqu'un collègue avait à se plaindre au supérieur.
Cependant, son sourire se fana vite, remplacé que trop rapidement par un air de détresse. Il se recula précipitamment de Neela, tout en gardant ses mains sur ses épaules. « Qu'est-ce que je viens de faire ? » Les cachets, quand bien même eurent un effet quasi immédiat, leur action s'estompa plutôt rapidement elle aussi. Liam était entre deux. Ne plus savoir comment se comporter, quoi dire ou quoi faire. Il respirait fortement, tout en regardant sa collègue de travail. Fronçant les sourcils, il essaya de se remémorer tout ce qu'il avait fait avant d’atterrir dans les bras de Neela Meyers et de l'embrasser. « J'étais censé dormir... » Il parlait presque dans un murmure et ses paroles étaient plus destinés à lui-même qu'à sa partenaire de travail. « J'ai pris des somni... » Il regarda la jeune femme droit dans les yeux et sa bouche s'entrouvrit légèrement. Sans crier gare, il la lâcha précipitamment et se précipita vers sa pharmacie personnelle et prit dans ses mains, la boîte de médicaments encore ouverte. Tournant le dos à sa collègue, il lui fit de nouveau face, l'air abasourdie, la boîte entre ses doigts. Il regardait Neela, la honte lui montant aux joues. « Excuse-moi. Je ne suis pas dans mon état normal je crois bien. Ceci explique cette danse et... Ce baiser. » Il déglutit avec difficulté et alla se rassoir, posant la boîte de cachets dans les mains de la jeune femme, qui eut tout à loisir de comprendre d'elle-même la situation dans son ensemble. « Je risquais pas de dormir avec ça... » Il n'osait guère regarder Neela, honteux de son comportement. « J'espère que tu ne m'en veux pas. Je comprendrais néanmoins tu sais. Ce n'est pas digne d'un responsable. » Il se frotta les genoux nerveusement. « Qu'est-ce que tu vas penser de moi maintenant ? Que j'ai envie de te sauter dessus ? Tu sais, c'était une erreur... Non... Enfin si... Enfin ce que je veux dire c'est que oui, tout ce que j'ai dis est vrai. Tu es une belle femme attirante mais tu n'es pas mon genre. Je... » Il se mordilla la lèvre inférieure tout en dévisageant Neela. Haussant les épaules et toujours quelque peu sous l'effet secondaire du cachet, il continua sur sa lancée. « Je suis un homme à femmes tu sais... Alors ce truc que j'ai pris m'a décoincé... Et je t'ai embrassé parce que je te trouve charmante. Mais ne pense pas à quelques arrières pensées que je n'ai pas. Je désires seulement que notre relation reste professionnelle. Je ne me permettrais jamais de déraper avec une de mes employées tu sais Neela. Me mettre à te tutoyer et t'appeler par ton prénom, c'est déjà un grand pas en avant pour moi, quand bien même je n'en suis pas réellement l'instigateur. »