HUNTINGTON BEACH ™
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 Home, sweet home.

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MessageSujet: Home, sweet home.   Home, sweet home. EmptyJeu 19 Sep 2013 - 1:35

Jagger & James
«Le passé, c’est comme utiliser un rétroviseur; Il est bon de jeter un regard en arrière et de voir tout le chemin que tu as parcouru, mais si tu y regardes trop longtemps, tu manqueras ce qui est tout droit devant toi»
Rares étaient les fois ou James se sentait nostalgique. A coup sûr, la seule fois où il avait certainement du ressentir ce sentiment, c'était lors de son périple en Europe. Cet éloignement loin de sa terre natale lui avait ouvert les yeux sur pas mal de choses et surtout sur son amitié avec Solal, qui en avait pris un sacré coup. Certes, il en avait été l'instigateur numéro un, mais ce qu'il pensait partir d'un bon sentiment à la base, avait tout simplement été mal jugé. Alors oui, il comprenait parfaitement que l'on veuille protéger sa sœur chérie du méchant James, mais pour une fois, le jeune Bradford s'était trouvé tout, sauf méchant envers Rose. Il lui avait clairement avoué qu'il l'aimait, à sa manière il est vrai. Il était également vrai qu'il avait mis fin à leur relation après ces mots touchants, qui auraient dû provoquer un intense bonheur. Jamais il n'aurait douté que tout cela prenne une proportion démesurée. Peut-être parce qu'il n'avait pas de sœur à protéger et deuxièmement parce qu'il avait bêtement pensé, comme un con qu'il était, qu'il avait trouvé le ton juste et le phrasé correct pour mettre fin à leur histoire d'amour. Mais bref, cette histoire c'était maintenant du passé, chose qui faisait rire doucement James. Il se savait observé par son meilleur ami depuis son retour. Quand bien même l'amitié était revenue au beau fixe, rien n'effacerait jamais cette dispute et surtout cette union entre Rose et lui. Car cette dernière avait marqué les esprits de chacun. Et pas seulement à cause de la rupture. Ils avaient toujours formé LE couple, qu'on avait toujours imaginé ensemble. Et ils se complétaient bien. Différents sur pas mal de points, ces divergences les avaient pourtant rapprochés et ils s'étaient fait rêver mutuellement. Peut-être même trop, James ayant certainement donné de faux espoirs à son ex-petite amie.
Mais a y bien réfléchir, comme l'avait fait James un soir d'hiver, à se les cailler dans un trou perdu de France, cet incident n'avait-il pas prouvé que leur amitié était la plus forte ? Du temps... C'était ce qu'il leur avait fallu pour se réconcilier. Du temps et une certaine Cleo, mais ils avaient réussi après tout. Et cette nostalgie, qui ne l'avait guère quitté durant ces deux années de vagabondage, il ne l'avait plus jamais ressentie jusqu'à aujourd'hui, 01h30 précise. Il était bêtement rentré dans cette boite de nuit qu'il ne connaissait que trop bien. Il venait souvent faire des photos pour des soirées plutôt importantes et ce soir-là, c'était détente. Il ne voulait penser à rien. Seulement danser et rencontrer du monde. Bref il y rentra qu'il il serait rentré dans n'importe quel autre bar de la ville. Un endroit où l'alcool coulait à flot, était un bon endroit. Et James ne squattait que les bons endroits. Voyant donc de la lumière il était rentré et n'aurait jamais au grand jamais pensait LA voir. Certes, il ne l'avait pas vu directement. Il l'avait seulement entre-aperçue tout en allant s'installer.
Se mettant un peu à l'écart du comptoir, il s'était caché derrière la carte et avait enfin pu l'observer. Il n'avait pu s'empêcher de sourire. Jagger Dickens n'avait pas changé. Toujours aussi belle et sauvage. Cette fille dégageait un aura qui lui permettait de se faire remarquer à coup sûr. A côté des autres, elle rayonnait et sortait du lot.
James se doutait qu'elle ne devait pas forcément apprécier d'être cloîtrée ici à servir des gens bourrés tout au long de la soirée. Elle était du genre à partir sur les routes, à s'évader. Il ne savait même pas qu'elle était définitivement rentrée à Huntington Beach. Enfin l'était-elle vraiment ? « Est-ce que je peux vous servir quelque chose ? » Toujours dans ses pensées, James ne se tourna pas vers la voix féminine, jusqu'au moment où la serveuse se racla la gorge. Secouant la tête, il se tourna vers elle et soupira. « Excusez-moi mais... Vous voyez la serveuse là-bas ? » « Oui et bien ? » « Vous n'aimeriez pas lui demander de s'occuper de moi ? » « Elle est occupée... » « Oui mais je la connais. Désolée de préférer faire travailler les connaissances. » Le jeune homme avait été à deux doigts de lui sortir un "j'ai couché avec elle, elle peut donc venir me servir une bière non ?" mais si mademoiselle Dickens apprenait ça, la pilule risquait de mal passer. « Allez soyez gentille. Je viens exprès ici pour la voir. Elle sait que je dois venir ce soir. » Lui offrant un sourire, il se tourna de nouveau vers la carte, histoire de bien faire passer le message.
Il eut tout à loisir le temps de se souvenir d'elle. Il la connaissait sous toutes les coutures. Même si là il s'agissait plus au niveau physique que du caractère. En plus d'avoir couché avec elle, elle avait été à la base son modèle. Il n'y avait pas eu que lui qui avait eu chaud lors de ces séances photos. Son appareil en avait encore le souvenir. Car oui, même après tout ce temps, il se gardait ses photos préférées en mémoire. Et il fallait l’avouer, surtout celles de Jagger. Celles qui étaient le plus naturelles possible. Naturelle dans le sens, incarnation parfaite de la Eve moderne. Belle dans le plus simple appareil. En y pensant, James avait toujours été intelligent d'interdire à qui compte de ne jamais au grand jamais touché à son appareil photo. Objet professionnel, c'était son petit jardin secret. Et puis si Rose tombait sur ces photos, ça risquait de crier dans les chaumières. Et surtout, penser à prendre un autre appareil pour les photos du mariage. Solal ne serait que trop choqué de se voir au milieu de photos plutôt coquines.

Il n'attendit guère longtemps avant que la demoiselle n'arrive. « Salut Jagger. On est rentrée au bercail à ce que je vois ? » Il lui sourit, préférant ne pas en dire davantage. Il pouvait se permettre de se vanter de connaître quelque peu Jagger pour savoir ne pas trop en dire. Parler trop la faisait fuir. Il en avait déjà même peut-être trop dit. Attaquer comme ça dès les "retrouvailles", ce n'était pas forcément la meilleure des façons. Même si tout le monde faisait plus ou moins ça. Mais Jagger Dickens n'était pas tout le monde.

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MessageSujet: Re: Home, sweet home.   Home, sweet home. EmptyLun 23 Sep 2013 - 23:53

- Jagger & James -

Look up, what do you see?
all of you and all of me
florescent and starry
some of them, they surprise


 Cela faisait plusieurs jours que se lever était devenu difficile.
Une semaine pour être exacte.
Elle avait eu du mal à oublier Donovan, l’odeur de la peau de Donovan, le poids du corps de Donovan. Elle était sortie du café groggie, à se demander encore ce qui s’était passé pendant ces quelques heures, avec le sentiment ignoble mais délectable d’avoir fait un immense bond en arrière. Celui d’être rentrée à la maison, de l’avoir craint, mais d’avoir passé le pas de la porte et de s’être dit qu’elle était à sa place. Tout ce qu’elle ne voulait pas - surtout pas. Alors elle s’était efforcée d’effacer cette entrevue, et tout ce qui en avait découlé, de sa mémoire. De passer à autre chose. Cet épisode de sa vie avait laissé une douleur sourde dans son ventre, une douleur qu’il fallait oublier à tout prix pour rester entière. Pour se raccrocher à ce qu’il restait de la Jagger qu’elle avait été. Avant.
Mais cela faisait plusieurs jours que se lever était devenu difficile.
Il faisait déjà nuit quand elle avait trouvé la force de commencer sa journée. Elle avait quitté son van, traversé la maison pour saluer au moins son frère - qui savait que quelque chose n’allait pas, mais qui n’était pas encore parvenu à lui arracher la vérité. Bu un café, noir, alors qu’il entamait son repas du soir. Elle travaillait ce soir là - une occasion comme une autre de ne plus penser à rien, de ne surtout pas penser à la bouche de Donovan, au corps de Donovan. Sous le regard inquiet de Hendrix, elle avait ajusté ses cheveux, ajusté son décolleté, ajusté son maquillage. Mais il n’avait pas dit grand chose, même remarquant qu’elle était éteinte depuis quelques jours. Il savait qu’elle était la plus forte des deux, qu’elle était une grande fille, trouverait toujours un moyen de se distraire. De recommencer à sourire. Et à rire.
Il avait raison. Jagger Dickens trouvait toujours un moyen de rire - bon ou mauvais. Même si quelque chose avait changé, et que les remords mettaient de moins en moins de temps à la prendre à la gorge.
Alors elle était allée prendre sa place sur son lieu de travail. Le Penthouse. Le seul. L’unique. LA boîte de strip-tease de Huntington Beach, avec son lot de débauche et ses avalanches d’argent. Elle ne faisait pas par de la horde de femmes dénudées - mais elle tenait quand même un certain rôle sur le plan numéros de charme, derrière le comptoir du bar. Elle trouvait un soulagement véritable à être une personne que l’on regarde, que l’on convoite. Elle y retrouvait sa liberté - une certitude d’avoir tout pour elle, de croiser sans cesse de nouveaux visages, de s’adresser toujours à de nouveaux êtres. Un large sourire aux lèvres, elle servait un cocktail à un type qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam - et cela lui allait parfaitement. Même s’il avait bien vingt ou trente ans de plus que son type habituel d’homme, qu’il lui faisait du rentre-dedans assez ignoble sur les bords, elle riait. Elle pouvait jouer. Jouer à voir jusqu’où il irait, se rassurer elle-même quant au fait que non, elle n’était toujours pas la femme d’un seul homme. Et puis elle fut coupée. Par l’une de ses collègues de boulot, a priori plutôt mécontente. Elle fit la moue pour la forme, encaissa le montant de la boisson et un charmant pourboire, avant de lever la tête vers la personne qu’on lui désignait.
Oh.
Ciel.
Elle eut un temps d’arrêt, et puis elle poussa un long: «Oh mon dieuuuuuuu» alors qu’elle rejoignait la personne en question. Un homme. Et pas n’importe quel homme! James Bradford. Revenu d’entre les morts. Ex coup d’un soir. Sans prise de tête. Pas un Donovan, pas un homme qui avait eu la prétention de toucher son coeur - et qui serait plus ou moins parvenu à le faire. Non. Un souvenir sans prise de tête, et un bon souvenir, à vrai dire. «Putain! James. J’ai presque failli pas te reconnaître, sans appareil photo et avec des vêtements. Oui je suis rentrée! Pour de bon. Enfin jusqu’à la prochaine fois.». Elle aimait bien James. D’accord, elle n’avait pas songé à le contacter lorsqu’elle était revenue à Huntington Beach - mais les circonstances étaient particulières, et elle n’avait pas pris le temps de penser à tout ce qu’elle retrouvait en retrouvant la ville où elle avait grandi. Pas même à un charmant photographe qui avait pu s’entraîner sur elle au nu académique, et à tout ce qui peut bien suivre un entraînement au nu académique entre deux jeunes adultes attirants, consentants et vaccinés - oui, elle avait réellement eu la tête ailleurs en emménageant à nouveau chez son frère. Elle se pencha par dessus le comptoir, empoigna le col du t-shirt de l’homme, et déposa sans plus de formalités un baiser sur ses lèvres. Une façon comme une autre de saluer une vieille connaissance... non? Et puis elle avait toujours trouvé profondément étranger de serrer la main ou faire la bise à quelqu’un avec qui l’on ne s’était pas embarrassé de formalités par le passé. Quand elle se redressa, elle capta au passage le regard de l’une de ses collègues de bar, qui savait parfaitement qu’elle était célibataire et l’avait parfaitement entendue proclamer (c’est à dire hurler) sa surprise en le reconnaissant, et qui paraissait d’autant plus dubitative à cette marque d’affection. «James Bradford. Putain. Toujours en quête d’un meilleur coup que moi? Je te sers quoi? Une bière? Un cocktail cher que je te ferai même pas payer parce que je suis trop bonne comme fille?». Et hop, elle sentait déjà le regard accusateur de son patron sur elle - mais bon, elle avait bien le droit de jubiler un peu.
Et puis au moins, elle ne pensait plus à Donovan.
Pour le moment.
Et elle allait faire en sorte que ce répit dure aussi longtemps que possible.
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MessageSujet: Re: Home, sweet home.   Home, sweet home. EmptyLun 14 Oct 2013 - 19:06

Jagger & James
«Le passé, c’est comme utiliser un rétroviseur; Il est bon de jeter un regard en arrière et de voir tout le chemin que tu as parcouru, mais si tu y regardes trop longtemps, tu manqueras ce qui est tout droit devant toi»
Ce club était un peu la seconde maison de James Bradford. Il le connaissait comme sa poche, coulisses et scène. Il en connaissait tous les recoins, quand bien même il n'était ni serveur, ni strip-teaseur. Il faisait partie de la maison à sa manière. Pas mal des têtes ici présentes étaient connues par Monsieur Bradford et les saluts étaient toujours amicaux et l'ambiance toujours chaleureuse lorsqu'il venait profiter du spectacle. Il était connu comme le loup blanc, plus pour son côté festif que par son métier. Certes la plupart du temps qu'il venait ici, c'était pour photographier aussi bien la clientèle que les soirées importantes, où Joshua Sullivan, le propriétaire de ce club de strip-tease, désirait les meilleures photos de ses strip-teaseurs et strip-teaseuses pour la meilleure des publicités. Et avec le temps, James s'était plié en quatre pour lui montrer qu'il était son homme. Le meilleur des photographes et que les autres ne faisaient pas le poids. Il était devenu un peu le photographe attitré, quand bien même il savait parfaitement qu'il y en avait d'autres, lorsque James ne pouvait pas honorer une soirée précise. Et puis, sa petite réputation au sein de cet établissement, il la devait également à une personne en particulier. Il la devait à une certaine Jagger Dickens, barmaid de son état et tentation pour la gent masculine. Connaître Jagger aidé toujours, de par son caractère ouvert et sociable. Elle ne laissait personne indifférent, dans le bon comme dans le mauvais sens et la connaître était plutôt un atout avantageux. Loin d'être prise de tête, c'était une fille facile à vivre, malgré son caractère plutôt affirmé et son côté sauvage. Elle était néanmoins d'un grand secours, si on le lui demandait. Tout du moins, c'était toujours ce que c'était imaginé James, lorsqu'ils avaient partagé un tant soit peu le même lit lors de nuits plutôt courtes. Tout ça pour dire que le jeune homme était ravie de la voir. Elle n'avait pas changé d'un iota.

« Oh mon dieuuuuuuu. » Ce long cri de surprise ravie instantanément James, qui la vit arriver vers lui avec grand plaisir. « Putain! James. J’ai presque failli pas te reconnaître, sans appareil photo et avec des vêtements. » James ne put empêcher un rire de sortir de ses lèvres. « T'es pas si mal que ça avec des vêtements aussi tu sais. » Et de là, Monsieur Bradford enchaîna sur le retour de la jeune femme au bercail. « Oui je suis rentrée! Pour de bon. Enfin jusqu’à la prochaine fois. » Ce côté sans attaches était devenu pour Mademoiselle Dickens un mode de vie, une religion même. C'était là son salut à un petit bout de femme plutôt atypique et attachant. C'était une femme surprenante en tout point et ce qui suivit en fit la preuve ultime. Sans crier gare, elle se pencha au dessus du comptoir et  empoigna son col avec force, l'emmenant vers elle. La suite, il ne l'aurait jamais imaginé, quand bien même il savait que Jagger avait beaucoup de ressources. Elle déposa un baiser sur ses lèvres, sans qu'il ne puisse faire le moindre mouvement, tant la surprise était grande. Il aurait tant apprécié que ce baiser soit plus long et surtout partagé. Mais non. Et il ne savait pas vraiment la réaction de la jeune femme s'il se mettait à l'embrasser avec cette passion sauvage dont ils avaient fait part lors de leurs quelques nuits partagées. « James Bradford. Putain. Toujours en quête d’un meilleur coup que moi? Je te sers quoi? Une bière? Un cocktail cher que je te ferai même pas payer parce que je suis trop bonne comme fille? » Putain, cette fille était vraiment à part. « Une bière s'il te plaît. On ne change pas une équipe qui gagne. » Souriant, il s'accouda au bar. « Tu te fais un peu d'argent histoire de repartir sur les routes alors ? » Passant sa main dans les cheveux il s'empressa de rajouter. « Une Guinness si tu as s'il te plaît. C'est l'amuse-bouche. On verra plus tard pour les choses sérieuses. » James le sentait, ce n'était pas encore ce soir qu'il allait rentré à jeun chez lui. Haussant légèrement la voix pour se faire mieux comprendre, il ne pouvait qu’enchaîner sur leur passion commune. Les voyages, la vie sur la route et la liberté qui va avec. Néanmoins, cette passion commune n'avait pas le même point de départ pour les deux protagonistes. L'un avait juste ce désir de découverte et de liberté, à l'image de son caractère, qui n'aimait pas s'enfermer dans un mode de vie qui ne lui convenait pas. L'autre était partie plus par obligation qu'autre chose. Certes lui aussi avait cédé à l'appel de la découverte et aux tentations du monde extérieur, mais ce besoin de faire un break avait été le plus grand. S'éloignant quelques temps de son quotidien, pour réfléchir et redevenir soi-même. Se demander s'il avait été intelligent de briser le cœur de la femme qu'il aimait par dessus tout et par la même occasion de perdre son meilleur ami, quand bien même cela ne fut que provisoire. Il était retourné chez lui, plus par nostalgie qu'autre chose, se disant qu'il pourrait enfin repartir sur des bases solides et savoir qui il était réellement. Mais au final, à bien y réfléchir, leur engouement revenait au même. « Raconte un peu ce que tu as fait depuis la dernière fois que l'on s'est vu. Je veux tout savoir des rencontres que tu as pu faire, des lieux visités et tout ce qui égaille ou non une vie de routard. » Oui, James pouvait se montrer parfois très curieux lorsque le sujet l’intéressait. Et avec Jagger il avait trouvé aussi bien une oreille attentive qu'une interlocutrice avide de faire partager ses expériences multiples. A bien y penser, James appréciait bien la demoiselle. Elle était belle, sans prise de tête et surtout intéressante. La bonne pote, voire la maîtresse parfaite, celle qui jamais ne vous ferait un enfant dans le dos comme on dit.

James regardait son amie avec avidité, oubliant même qu'elle était sur son lieu de travail et que son patron n'était pas loin d'eux, à les observer.

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MessageSujet: Re: Home, sweet home.   Home, sweet home. EmptyMar 12 Nov 2013 - 3:08

- Jagger & James -

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James Blond-Yeux-Bleus-Gros-Muscles Bradford. Les circonstances exactes de leur rencontre étaient plutôt brumeuses dans sa mémoire - il fallait dire que pour le coup elle n’était probablement pas à jeun. Ca s’était prolongé avec une espèce de séance photo court vêtue, plusieurs entrevues à la verticale, et des échanges hautement stupides et pseudo-philosophiques sur des sujets divers et variés. L’ensemble aurait pu faire pâlir d’horreur une nonne. Jagger Dickens n’était pas une nonne. De cette soirée de bon temps, elle avait principalement retenu deux leçons. La première: ce n’est pas parce que l’on ressemble quand même un peu beaucoup à Ken que l’on est forcément une lavette au pieu. La deuxième: Jagger n’était pas la seule au monde à avoir une vision extrêmement biaisée de ce qu’était une vie sociale standard. C’était un peu vexant sur le coup de se rendre compte que l’on n’est pas unique en son genre, mais d’un autre côté elle avait accepté sans problème le fait que James était un véritable alter-ego. Alors oui. Elle était vraiment heureuse de croiser à nouveau sa route. Au point de le saluer par ce qui n’était ni plus ni moins qu’un baiser de cinéma. Elle savait qu’il serait loin de s’en plaindre (bon sang, elle était prête à parier qu’il n’avait effectivement jamais rencontré un aussi bon coup qu’elle depuis leurs rencontres). Alors pourquoi s’en priver?
Toute joviale et bondissante, elle se saisit d’un verre à pinte histoire de le remplir de Guiness. En se retenant de le traiter de puceau. Parce que honnêtement, une malheureuse bière pour fêter leurs retrouvailles? Tsss. Pour un peu elle en serait vexée - heureusement qu’il avait pris la peine d’indiquer qu’il ne s’agissait là que d’un amuse bouche. Bref. Quelques minutes plus tard, elle revenait avec le verre commandé - ainsi qu’un autre pour lui-même, et tant pis si elle était supposée être de service, ce n’était pas comme si le monde entier n’avait pas l’habitude de ses incartades. Oui, elle avait déjà couché avec le patron, au cas où quelqu’un se le demandait - pas pour avoir plus de temps libre à son boulot, ç’avait plutôt été un effet collatéral positif d’une expérience sexuelle passée. Enfin. C’était une toute autre histoire, une toute autre aventure, qui n’avait pas sa place dans la discussion là tout de suite.
Revenons à l’instant présent. James venait de poser la question qui fâchait. Enfin, ce n’était pas vraiment une question qui fâchait - il pouvait légitimement la poser. Le grand « Tu te fais un peu d’argent histoire de repartir sur les routes alors? ». C’était un autre de leur point commun, à James et elle. Ils en avaient vaguement discuté entre deux-trois prouesses sexuelles - lui aussi avait fait son bout de chemin sur les routes, mais en Europe. Apparemment parce qu’il y avait eu des emmerdes avec un ami à lui et une ex copine, de la connerie quoi, mais toujours était-il qu’il en avait bien profité et qu’il savait ce que c’était. Elle se mordit la lèvre, pencha la tête. « Je repars pas. Je crois que je suis dans le coin pour un sacré bout de temps, nope, je repars pas. » Il paraissait vaguement choqué. Elle eut un grand rire. « Je suis désolée, c’est un putain de grand mythe qui s’écroule hein? Jagger Dickens… sédentaire… Putain rien que de le dire je le vis mal. Si tu permets, je vais boire pour oublier, ok? » Elle leva son verre vers son camarade, un air entendu sur le visage. « A nos retrouvailles! » - et dès que James eut trinqué avec elle, elle descendit une longue gorgée de son propre verre de Guiness.
Raconter ce qui s’était passé depuis le temps? Wow. Ils n’avaient pas fini. Ca faisait un bout de temps, mine de rien. Peut-être deux ans? Voilà encore un truc qui la rajeunissait pas, putain. « T’es sur que tu veux tout savoir? Putain, je pourrais t’en occuper des soirées d’hiver avec le récit précis de ma vie trépidante. Et puis ça va te dégoûter. Tu vas avoir envie de te barrer à nouveau. C’est toi qui devrait me raconter ta vie de sédentaire, au moins ça m’apprendrait deux trois trucs. » Grand sourire, à mi chemin entre l’air de psychopathe et le regard d’ange. Oui, elle aimait bien se foutre de la gueule des gens. Mais une chose à savoir - elle se moquait quasi-uniquement des gens qu’elle aimait bien. La preuve: Hendrix s’en prenait plein la gueule à longueur de journée. « Bois, je te veux ivre mort, au plus tu seras arraché au plus j’aurai de potins sur cette bonne vieille ville de Huntington Beach. » Pas très honnête comme méthode, certes. Elle soupira, but une nouvelle gorgée, fermement décidée à expédier la partie qui lui était dédiée dans cette discussion. « Grosso-modo, voilà mon histoire: je suis repartie, j’ai passé un bout de temps à Vegas (et je fais une putain de bonne croupière), un bout de temps à Santa Fe, un bout de temps à Dallas histoire de jeter un oeil à son univers impitoyable, un bout de temps à Memphis. Entre temps j’ai perfectionné mon accent de sudiste et mon vocabulaire de fausse campagnarde. A Memphis j’ai rencontré un type avec qui j’ai fait un bout de chemin. Illinois. Iowa. Et je suis revenue en catastrophe à Huntington Beach parce que je savais que cette pauvre ville allait s’écrouler sans moi. Et voilà. Jagger Dickens La Magnifique est de retour parmi vous, pauvre mortels, réjouissez-vous. » Que de modestie dans ces dernières paroles, certes. Mais elle préférait cela - rester toute entière dans son personnage de grande comédienne excentrique plutôt que d’avouer la véritable raison de son retour. Même si James en avait peut-être entendu parler. L’accident de voiture tragique, meurtrier de deux des parents Dickens - ouais, l’histoire avait dû faire son bout de chemin. Même si elle avait pris soin de fuir toute tentative de condoléances, histoire de ne pas entendre parler plus que de nécessaire du jour où toute sa vie avait basculé. « A ton tour, Bradford. Fais-moi rêver! Vends-moi la vie à Huntington Beach! »
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