Trop souvent à la télé, la bipolarité est associée, à tort, à des horreurs. Mais seulement être bipolaire c’est quelques choses de personnel, qui appartient à chacun des malades.
Tout a commencé quand j’avais 13 ans. Ma mère décéda d’un cancer des poumons. Mon frère, mon père et moi quittions la Namibie, mon pays natale, pour les Etats-Unis A cette époque là, je ne dormais que très peu, environ 4 heures par nuit et faisais énormément de crise de panique. La même année on m’a diagnostiqué des troubles bipolaires. Aujourd’hui je suis prête à vous raconter mon quotidien, ce qui fait ce que je suis aujourd’hui.

J’ai commencé à aller vraiment mal un an plus tard, cette maladie se déclarant souvent à l’adolescence. Je me sentais vide, déprimée, angoissée. Mon médecin traitant m’a prescrit du Xanax à la demande de mon père. Cela calma d’abord mes crises angoisses. Je me sentais revivre : j’étais impulsive, j’avais des idées toujours folles, et j’ai commencé à écrire, j’en étais passionnée. Je préférais affronter des semaines de déprime pour un seul de ces moments là. Mais au moins j’étais moi même, mais complètement shooté.
En effet j’avais inconsciemment commencé à devenir dépendante au Xnax.

Le pire arriva l’année de mes 17 ans, quand j’ai rencontré Jules il avait 35 ans, il était dentiste et accro à la morphine. C’est à ce moment là que je tombais dans ce qu’on appelle une dépendance sévère aux médicaments. La dépendance est insidieuse, elle vient discrètement, on ne s’en rend pas compte. On pense la contrôler, mais en réalité c’est elle qui tient les rênes. Au départ j’en prenais parce que j’aimais l’effet que ca me faisait, je me sentais totalement relaxée, Jules et moi étions dans une symbiose et ca me rassuré. Puis j’en ai pris parce que j’en avais besoin, je ne pouvais plus m’en passer. Tout cela est arrivé très vite. J’ai su que j’étais dépendante quand Jules me quitta, et que je ne pouvais plus m’en prescrire. Je demanda de l’aide à mon frère qui me fit interner dans un hôpital psychiatrique. Le sevrage dura un an.
 
Je repris mes études et obtint une bourse d'étude pour le journalisme à Harvard. 23 ans, tout juste diplômée. Je travail depuis un an pour une chaîne d'informations nationale, je suis envoyée spécial et reporter dans la région. J'ai un projet de présenter une émission culturelle/mode sur la même chaîne, un coup de chance ? Oui, peut-être que la vie me sourit aujourd'hui, peut être que cette ville me va bien.
Et chaque jour je pris que ma dépendance ne reprendra pas le dessus.