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| 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony | |
| Auteur | Message |
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Saskia Reynolds super lama en quête de secrets
› MESSAGES : 1520 › EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014 › AGE : 37 › STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois › QUARTIER : Pacific Lane › PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse › DOUBLE COMPTE : Gidéon & Bianca › CELEBRITE : Karen Gillan › COPYRIGHT : endlessly epic (avatar), Lux (signature)
| Sujet: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Mar 25 Nov 2014 - 15:27 | |
| ' Hide from the scary scenes, suppress your fears' Anthony & Saskia Le soleil brillait cette après-midi là dans les rues de Huntington Beach. Les conversations des passants crééaient un doux brouhaha alors que les plus chanceux commençaient à quitter leur lieu de travail et à aller se chercher un café, ou retrouver des amis pour partager quelques heures. Il était environ seize heure trente deux lorsqu'une rousse sortit d'un bureau de presse courant, l'air émerveillé mais en même temps, presque comme si un serial killer la poursuivait avec une hache. Bon certes, si ce genre d'individu tenait à vous mettre dans sa collection de têtes formolées, vous ne seriez certainement pas, en plus, en train de tapoter sur votre clavier de portable à la recherche de plus de nouvelles sur ces castors qui semblaient, statistiquement parlant, moins se faire écraser en traversant les rues européennes. Bon, certes, il s'agissait de THE news du jour... Ses cheveux à moitié devant son visage illuminé par la nouvelle, Saskia Reynolds sortait pourtant d'une journée difficile. Son stage, dans lequel elle avait pourtant pris ses marques depuis un moment, était parfois compliqué. Il fallait en permanence se battre pour obtenir des chose intéressantes à faire. Certes, une fois, elle avait fait la bêtise de confondre les deux entraîneurs des équipes de football trop pires adverses, so what? Il n'y avait pas eu de dépot de plainte, juste un coup de fil énervé des intéressés, une justification bancale de la jeune reporter, un sacré savon de la part du patron et des railleries de certains collègues. Rien de bien grave, elle pouvait gérer. Bon, du coup, niveau confiance, il ne lui restait pas grand monde. Toujours Julian, évidemment. Le seul, surement, qui ne laissait jamais tomber la rousse professionnellement parlant. Elle avait beau faire gaffes sur gaffes, être tête en l'air comme personne malgré le nombre incalculable de post-its collés partout dans sa petite voiture, faire de toutes les façons sauf dans la discretion, Julian restait là, son pilier, son mentor, fan de la première heure ou presque. Après tout, il fallait bien avouer que sa curiosité et son intrépidité sans failles faisaient quelques miracles, au moins. Ce qui pouvait sembler insignifiant aux yeux de bien des individus devenait le monde de Saskia, la raison de se lever le matin. Ce qui semblait parfait à une personne lambda éveillait la curiosité de la rousse, et toute imperfection provoquait son admiration et donc attirait également son attention. Au final, elle courait partout, ne restant pas bien souvent à son bureau -lui aussi rempli de post-its multicolores mais inutiles - et cette journée ne faisait pas exception. Car ce que l'on pouvait prendre pour une petite promenade anodine ne l'était en réalité pas du tout. Certes, elle avait fini, à priori, ses heures officielles de travail. Mais Saskia cherchait, fouillait, déterrait, insistait, apprivoisait le regard et les réactions des gens, décrottait la vie. Et ça prenait un temps fou. Pourtant, parfois, il lui arrivait de penser à un autre journaliste qui avait su regarder Saskia sous un angle différent des autres. Oh, oui, souvent, en réalité, elle avait cette pensée sombre pour cet homme qui avait réussi à devenir, selon sa définition, son ami. Cet homme curieux, intelligent, qu'elle avait perdu. Alors oui, souvent, elle revoyait son regard lassé lorsqu'il rentrait chez lui et voyait sa fille, sa femme et sa collègue chahuter comme des enfants dans la cuisine. Elle revoyait aussi son bureau, lieu qui lui faisait presque penser à l'appartement de Sherlock Holmes puisque son cerveau y faisait des merveilles. Et puis il fallait retourner dans la réalité, où elle savait qu'elle ne le reverrait probablement pas, où elle était consciente de l'horreur dont, comme Julian, il avait été victime. Du moment présent où la femme et la fille de son ami n'étaient plus et où elle n'avait plus de nouvelles, ou très rarement, de la part de Julian. Alors, évidemment, de ce point de vue, la vie de la rousse pouvait paraître affolamment triste et repoussante. Mais Saskia était heureuse de la vivre. Les épreuves ne faisaient que renforcer son tempérament électrique, toujours à l'affût des surprises, des rencontres, toujours avec son grain d'originalité qui dérangeait. Un grain d'originalité et une insouciance qui n'étaient pas sans danger. Les castors qui savaient traverser sans se faire écraser en Europe, ils avaient bien de la chance. Parce que les apprenties journalistes rousses n'avaient vraisemblablement guère ce don. Alors que Saskia venait de pousser un petit cri d'hystérie en même temps qu'elle faisait de petits bons de joie devant d'autres détails de l'histoire des pères castors, elle ne se rendit évidemment pas compte du bruit des voitures autour d'elle. Et quand je dis autour d'elle, c'était réellement autour d'elle. Madame était sur la route, suivant l'exemple des castors, presque arrêtée, heureuse comme jamais, alors que des bruits de frein commençaient à se faire entendre, recouvrant les conversations agréables des passants. Il y eut quelques cris qui n'interpellèrent même pas la demoiselle. Jusqu'à ce qu'elle sente quelque chose frôler sa cuisse et un bras la serrer contre un torse. Ce fut brusque. Saskia repoussa ce qui semblait, vu sa force et sa taille, être un homme. " Mais putain il a pas vu que je bossais, il a des muscles, donc il veut me pécho c'est ça? A revoir la technique de drague, y'a un café en face, ils font de très bons capucc..." Saskia, ne s'énervait jamais vraiment, au final. Ou le faisait toujours avec humour, avec son décalage légendaire. Et parfois même, avec en prime, un petit accent gallois que l'on trouvait trop attendrissant pour le prendre mal. Mais sinon, non, Saskia, "il" n'a pas vu que tu "bossais". Et "il" avait un visage familier, et c'est ce qui lui coupa la parole lorsqu'elle releva la tête de son portable, ne faisant toujours pas attention au pauvre automobiliste, ni aux passants effarés, qui d'ailleurs, vu son regard à son interlocuteur, devaient penser à un coup de foudre. La jolie rousse resta un petit instant bouche bée avant de se jeter brusquement, comme une enfant, dans ses bras. En cette belle après-midi à Huntington Beach, au milieu de la route, avec une page web sur les castors ouverte sur son portable, Saskia Lily Reynolds venait de retrouver son cher Anthony. Code by Silver Lungs |
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Mer 26 Nov 2014 - 8:49 | |
| La différence entre Huntington Beach et Chicago est flagrante. Il ne neige pas du tout ici et il fait toujours chaud. C’en est presque perturbant et je me demande comment les habitants font. La réponse est bien simple, la plupart y ont toujours vécu, n’ont jamais connu le climat de l’Amérique du Nord. Franchement, j’avoue que je n’ai pas pris le temps de prendre plus précisément connaissance au climat Californien. Je sais qu’il ne neige pas là-bas, mais je pensais qu’il y aurait quand même de la pluie. Ça me fait tout drôle de devoir sortir un peu plus léger et j’ai déjà fais cette remarque il me semble. Enfin, c’est une ville très différente de Chicago, très petite et… Je n’aurais jamais pensé que je préfèrerais le climat de l’Illinois. Moi qui ne faisait que de râler quand il y avait trop de neige… « _ Non. Écoute, je ne sais pas ce que je vais faire là. Je reste encore quelques jours à Huntington et après je reviens. On en reparlera à ce moment. Ok ? … J’ai pas encore pu faire plus ample connaissance avec Pacey. … Comment ça “comment ça se fait“ ? … Tu penses sérieusement que je vais te le dire ? … Non mais ça me regarde. » Fais-je avec une grimace, complètement exaspéré. Comment avouer à celui qui est le meilleur ami de ma mère que j’ai fini la soirée avec lui en cellule ? Honnêtement, mieux ne vaut pas le lui annoncer. Cet homme je le connais depuis que je suis petit et il a été là pour ma mère dès qu’elle est arrivée à Chicago. C’est celui qui a été mon patron du restaurant qu’il gère, il m’a proposé du boulot dès que j’en avais eu besoin. Depuis que j’ai arrêté le journalisme, j’ai coupé contact avec la majorité de mes collègues. En colère contre eux, je ne leur pardonne pas la traitrise de certains. Encore moins ceux qui ont profité de la situation pour voler mon mérite, ma place… Certains dont ceux je faisais confiance: les responsables de mon accident de voiture. J’ai été naïf à cette époque, j’ai cru pouvoir leur faire confiance parce qu’on était des journalistes. J’avais trouvé des preuves qui pouvaient faire d’office d’un gros scoop du siècle. J’avais trouvé de quoi prouver à quel point les autorités sont corrompues, mais apparemment ces derniers ont été mis au courant et m’ont mis à terre… grâce à qui ? Certains journalistes du Chicago Tribute. Mais j’ai survécu et foutu de la merde à mon retour avant de quitter définitivement le job. Honnêtement, je ne sais pas si je regrette d’avoir fait ça, d’avoir quitté le travail qui m’a toujours passionné. Ce dont je me suis battu: faire éclater la vérité aux gens, montrer les vrais visages des gens. J’ai toujours fais ça et je sais quels étaient les risques, c’est pour ça que je me suis toujours contenté de faire des articles sur des sujets… Là où je n’aurais pas de répercussions. Avant même de publier quoi ce que ce soit, j’en ai déjà subi et pas des moindres… Un accident de voiture. J’essaye de terminer la discussion avec Pat le meilleur ami de ma mère mais il me retient toujours. Je commence à saturer un moment. Il essaye de me retenir encore, il n’aime pas l’idée que je m’aventure dans Huntington Beach, que j’essaye de retrouver un membre de la famille Stark. Que je devrais rester à Chicago, à essayer de tourner la page avec toute cette histoire. M’éloigner un peu de ma ville natale pourtant, ça me fait du bien, ça me permet de mettre les choses au clair. « _ Paaat. Je vais raccrocher. » Je l’entends râler, je ne sais pas ce qu’il dit exactement. Trop concentré à observer une jeune fille complètement hystérique, rousse… Cette silhouette m’est très familière. Je ne sais pas quelle expression j’ai à mon visage, mais je crois que je peux dire que je suis surpris. « _ … Non là sérieusement, je vais te raccrocher au nez. » Je dois la rattraper. Je dois lui parler. C’est bien elle non ? Ou je suis en train d’halluciner encore ? Mon visage se décompose en la voyant sur la route avec une voiture qui fonce droit vers elle.
Ok. Aucun doute. Y a qu’une personne qui peut faire ça.
« _ … Désolé j’y vais là ! » fais-je vite fait en raccrochant. Je mets mon téléphone dans la poche et je cours avant de manquer de me faire renverser par une voiture. Cette dernière s’est arrêtée en klaxonnant, je m’excuse d’un geste de la main avant de foncer vers elle. C’est l’instinct tout ça, vous savez. Vous devriez lire un article là-dessus, dans le Chicago Tribute, le numéro du mars 2004. Enfin bref. Sans réfléchir je la prends dans mes bras et court pour éviter de justesse la voiture qui était en train de freiner. On arrive sur le bord du trottoir et au moment où j’allais la reposer, elle me pousse, ce qui me fait reculer d’un pas. Je lève les mains et j’incline légèrement du menton, c’est vrai que ça ne se fait pas de prendre une personne comme ça… Mais là, c’était nécessaire. Par contre, ce qu’elle me raconte - qui semble peut-être être un remerciement à sa façon. Technique de drague ? Ah ! Je me retiens de lui dire que c’est plutôt elle qui devrait revoir sa technique de drague ! Une princesse perdue au milieu d’une route, sur le point de se faire écraser par une voiture. Qui attend qu’un preux chevalier vienne la sauver sur son fier destrier blanc. Qui se rencontrent, qui tombent amoureux, qui finissent l’histoire avec un beau château et pleins d’enfants. J’aurais voulu lui dire ça, mais je ne l’ai pas fait. Parce que c’est bien elle, la stagiaire qui est venue chez moi à Chicago. C’est bien elle ouais. Nos regards se croisent, elle laisse tomber son téléphone enfin et elle s’est arrêté dans sa phrase. Elle me reconnait. Je secoue légèrement la tête, j’adopte mon légendaire air dépité par sa maladresse - si on peut appeler ça de la maladresse. « _ Toujours à te mettre dans des emmerdes pas possibles toi.» Les témoins de cette scène doivent se dire qu’il se passe quelque chose. Avec Saskia, il se passe toujours quelque chose. Je souris à sa réaction, avant qu’elle se jette dans mes bras que je fais bien de les écarter un peu. Je ne cache pas que j’ai été assez surpris par son geste, je lui ai tellement manqué… À ce point-là ? Quelques secondes après, je finis par poser mes mains sur elle. Pour ensuite la repousser un peu, avec un air intrigué. Je montre de tête la route. « _ Tu travailles comme ça toi ? Sur la route, sur le point de te faire écraser par une voiture ? » Je vois le conducteur sortir de la voiture en fermant frénétiquement la portière, il se dirige vers nous. Je soupire. « _ Tu n’as toujours pas perdu la main à ce que je vois... » Quand il s'agit de se faire disputer par une personne. Note à moi-même: moi non plus. Je me dirige vers le conducteur qui montre Saskia du doigt. Je montre mes deux mains, je fais signe de se calmer « _ Elle est complètement cinglée celle-là à marcher sur la route avec son téléphone ! » « _ Calmez-vous monsieur, le pire est arrivé et il n’y a pas eu de blessé. » tente-je de le calmer. Mais rien à faire, il est vraiment énervé et a finit par me dépasser. « _ Oui heureusement que vous étiez là, sinon elle aurait fini sous les roues ! Hep toi là la Rousse, les passages piétons c’est fait pour éviter ce genre d’incident, tu peux pas faire comme tout le monde et ranger ton putain de téléphone ?! » Je fais demi-tour pour l’attraper fermement par l’épaule, il s’arrête sous la poignée et il me regarde. « _ Écoutez monsieur, il n’y a pas d’accident à déclarer. Y a pas de papiers à remplir et y a bien eu pire. Ce que vous faites, ça ne sert à rien et elle a compris. Pas la peine d’en rajouter. » Le conducteur me regarde et tente de parler, je le coupe court à sa tentative. « _ Vous ne faites que bloquer la circulation. Ce serait dommage que vous vous faites pincer l’oreille par les policiers pour perturbation. Ils s’en foutront de l’origine. Donc vous passez votre chemin. » m’énerve-je légèrement. Ma prise qui se resserre sur l’épaule du mec qui finit par obtempérer. Faire un geste pour se libérer et s’en aller vers sa voiture. Il monte pendant que moi je retourne vers Saskia sous les regards des passants. La circulation reprend de plus belle. J’arrive vers elle « _ Ce n’est pas pour revoir ma technique de drague - puisque c’en était pas une… Mais ça te dit de boire du capucino ? Y a un bon café en face là. » fais-je dans un sourire. Quoi de mieux de se parler autour d’une table, avec du bon café ?
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| | | Saskia Reynolds super lama en quête de secrets
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Mer 26 Nov 2014 - 18:04 | |
| Il fallait l'avouer, Saskia Reynolds n'était à nulle autre pareille. Il n'y en avait qu'une pour enchainer autant de gags en une heure à peine. C'est ce qui faisait le bonheur, en plus de sa capacité d'écoute et son intelligence, de son entourage. Seulement, voilà. Il arrivait que certains jours, cela en devienne dangereux. Car non seulement, son étourderie et son originalité devaient avoir été responsables, pendant des années, de son manque d'emploi dans le domaine du journalisme, mais son côté tête en l'air pouvaient également lui valoir quelques situations coquasses, parfois plus sérieuses qu'il n'y paraissait. Elle repensait par exemple, de temps à autres, à cette scène mythique qui avait découlé de sa première filature, au Pays de Galles. Suivre un prof de l'université de Glamorgan jusqu'à chez lui pour savoir, pour une camarade de fac, s'il est célibataire ou non, ça peut partir d'une bonne attention. Sauf lorsque cela tourne au ridicule, avec une grande rousse qui s'étalait de tout son long dans la cour intérieure menant jusque chez l'enseignant. Il fallait avouer que jusque là, elle son innocence lui portait bonheur et il ne lui était arrivé aucune réelle catastrophe. La jeune femme s'en sortait toujours très bien, toujours débrouillarde, jamais paniquée.
Mais forcément, d'autres fois, certains automobilistes pouvaient sortir, furieux, de leur voiture, parce que cette même grande rousse était restée plantée devant lui pour prendre le temps de bien lire cet article sur les castors... Et par "d'autres fois", j'entends aujourd'hui.
" Toujours à te mettre dans des emmerdes pas possibles toi. " " Toujours à râler toi !" répondit-elle, une fois l'effet de surprise passé, mais le regardant toujours comme si elle avait un fantôme face à elle. En réalité, c'était bien le cas; les fantômes de son passé. Oh mon dieu, elle était encore loin de se douter que ce ne serait pas que ces fantômes là, mais bien d'autres en plus. Les fantômes d'Anthony se confrontant aux siens, leurs passés, leurs peurs... leur incompréhension du monde et leur façon de gérer ses horreurs.
Et cette même fois, le sort pouvait s'acharner et mettre face à Saskia une personne qu'elle n'avait pas vue depuis un long moment, une personne à laquelle elle pensait de temps à autres...
Une personne dans les bras de laquelle elle se jeta. Ils n'avaient jamais été particulièrement proches tous les deux ; tout en étant de bons collègues, ils n'étaient pas trop du genre à se confier, ni l'un ni l'autre. Mais aucun doute, l'apprentie journaliste admirait Anthony et son sang-froid et son talent qui n'était plus à prouver. Vivre avec sa famille avait réchauffé le coeur de la demoiselle dans une ville inconnue. Même si elle n'avait jamais besoin d'être rassurée, c'était ce qu'ils avaient fait - malgré elle- en leur ouvrant les portes de leur domicile. Alors forcément, lorsqu'elle se retrouvait face à son premier contact journalistique, l'ami de Julian, et donc, avant tout, celui qui l'avait accueillie, alors qu'elle ne l'avait pas vu depuis un bout d'éternité, cela faisait un choc.
Et lorsqu'on savait ce qui lui était arrivé, c'était encore pire. Le décès de sa petite famille dans accident, voilà qui laissait sans voix. Saskia se souvenait encore du jour où elle l'avait appris, de ce silence qui avait suivi ces mots cruels comme La Boule dans Fort Boyard, de son incompréhension et de cette boule dans sa gorge. Encore une horreur à laquelle faire face, et elle n'y était pas préparée. Mais en réalité, qui l'était vraiment?
Entre Julian et Anthony, Saskia avait été complètement déboussolée. Cette fois-ci, ce n'était pas son corps ni son esprit qui étaient directement concernés, mais bel et bien des êtres humains qui avaient été ou étaient des parties de sa vie, des supports, ... d'une certaine façon, même si c'était certainement très compliqué à admettre pour l'américaine, des amis. Alors voilà, surtout, pourquoi miss Reynolds se jeta dans les bras d'Anthony. Pour lui dire tellement de choses. 'Merci encore', 'toutes mes condoléances', 'ça fait un bail, beau gosse!' et autres 't'as pas mis ma cravate, abruti!' Alors, oui elle devait gêner le passage de ce conducteur de bagnole, alors que les passants du périmètres devaient la prendre pour une illuminée. Au fond, c'est ce qu'elle était. Saskia l'illuminée, Saskia la fée électrique, Saskia l'indomptable... Saskia.
" Tu travailles comme ça toi ? Sur la route, sur le point de te faire écraser par une voiture ? " Saskia fit une petite moue d'enfant, croisa les bras, l'air boudeur. " C'est pas ma faute! " Puis elle reprit une attitude adulte et continua : " Mais t'as vu les news sur les castors, c'est fou?!?" Elle reprit son portable et s'enquit de le montrer à son interlocuteur lorsqu'elle sentit qu'elle perdait son regard, qui maintenant se dirigeait vers ... Elle se retourna et vit son cher et tendre ami automobiliste. Alors, comme c'est de Saskia Reynolds qu'il s'agit, elle lui tendit le portable. " Regarde ! ". Oui, elle tutoie un inconnu en lui tendant son portable. Malheureusement elle déchanta vite, car son air était plus que furieux. Elle baissa lentement son mobile et laissa son sourire s'évanouir.
S'en suivit un dialogue énervé entre Anthony et L'homme-qui-ne-s’intéressait-pas-aux-castors. La rousse resta silencieuse mais montra quelques signes d'impatience. Elle venait de retrouver Anthony - ou d'avoir le coup de foudre pour un homme de dix ans son ainé, pour certains curieux qui avaient vu la scène - et lui venait faire un caca nerveux parce qu'il avait trop proche d'elle!
L'inconnu finit par retourner dans sa voiture, alors que d'autres, eux aussi dans leur voiture, commençaient à s'impatienter. Avant qu'il ne ferme la porte, elle tenta une dernière fois une approche : " Mais regarde! Pourquoi personne ne s'interesse jamais aux castors? C'est leurs dents? Ou leur poils, ils sont trop poilus, c'est..." Il passa en trombe devant les deux journalistes.
Elle haussa un sourcil, non sans sourire. Parfois, on devait vraiment se demander comment elle avait réussi à être diplômée, ou comment elle pouvait être si douée avec le psychologique humain. Non, vraiment. Il fallait dire aussi, que, peut-être, elle craignait un peu de se retrouver face à Anthony.
Anthony, veuf qui avait perdu également sa fille. Elle remonta son regard vers le sien. Le journaliste ne semblait plus être le même. Son visage accumulait les marques de lassitude, de fatigue et de tristesse. Et pourtant, il souriait et semblait heureux d'être là. Une énigme à résoudre pour Saskia. Les énigmes, son grand amour.
"Ce n’est pas pour revoir ma technique de drague - puisque c’en était pas une… Mais ça te dit de boire du capucino ? Y a un bon café en face là. "
Elle ébouriffa ses cheveux roux, se racla la gorge et fit une petite pause digne des mannequins les plus cheaps. " T'es en train de me dire que j'ai perdu de mon capital séduction? "
Pendant qu'un sifflement suivi de quelques rires lui firent comprendre que les passants n'avaient pas encore tous vaqué à leurs occupations, elle acquiesça. Alors qu'elle commençait à se diriger vers le café, elle déposa un petit bisou sur la joue de celui qui l'avait sifflée, qui lui, tenta de s'écarter avec une grimace. Elle eut un petit rire et se rapprocha d'Anthony en continuant de marcher, le poussant affectueusement. Elle poussa la porte du café qu'elle connaissait elle aussi bien, salua la serveuse et alla s'assoir à une table, dans un coin tranquille.
Anthony Martell et elle, à nouveau ensemble. Dans un café, comme lors de leurs petites réunions en privé le soir, à Chicago. Comme lorsque les filles les attendaient. Comme au bon vieux temps. Mais ce n'était plus le bon vieux temps, et ils le savaient.
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Dim 30 Nov 2014 - 14:19 | |
| On n’a pas changé sur ce point-là. Comme au bon vieux temps où elle fait la connerie, moi qui arrive derrière et voit l’étendue des dégâts qu’elle a fait - ou failli en faire mais c’est pareil. Toujours à lâcher un commentaire. Mais… Saskia Reynolds à Huntington Beach. Comment ai-je pu oublier ? Dès que je suis venu à cette ville, j’ai tout de suite pensé à Pacey, à Zoey qui y vit aussi. Mais en aucun cas à Julian et à Saskia. Sur le coup, je me sens… Bizarre. Ce sentiment, c’est comme si je reviens vraiment en arrière. Parce que je la vois là, bien vivante, bien toujours rousse, étourdie et maladroite. Enfin bon, sur le coup j’aurais dû penser à eux un moment. Mais je ne l’ai pas fait et c’est normal: je veux tout oublier tout ce qui est des journalistes qui m’ont fréquenté à Chicago. Je n’ai absolument pas envie de les revoir, de les laisser me donner envie de reprendre, je n’ai pas envie de m’accrocher à ces souvenirs-là. Cette réplique, sa façon de réagir me font rappeler ce que j’étais. Ce que j’ai abandonné. Je ne regrette pas du tout, non, mais c’est dur de devoir se rappeler ceux qui ont été mes amis, qui m’ont trahi. Je ne sais pas pourquoi elle s’est retrouvé dans mes bras, je lui ai tant manqué que ça ? Quelque part, j’ai du mal à comprendre alors que c’est évident. J’ai été là pour elle, pour l’aider à évoluer dans son parcours. J’ai été son seul point de repère à Chicago avec Anne et Louise. Elles l’ont vraiment appréciée, Saskia mettait vraiment de l’ambiance dans la maison. Elle a emmené de la joie et Louise se souvient toujours d’elle. Elle me demandait des fois de lui raconter l’histoire avec l’éléphant violet. La première fois, je ne savais pas de quoi elle parlait et quand j’ai su que c’était de Saskia, j’ai dû aller lui demander. Mais j’ai choisi le mauvais moment et le mauvais endroit: je lui ai demandé en pleine pause de midi, on mangeait tout les deux et je lui ai demandé ce que c’était l’histoire de l’éléphant violet. Saskia me l’a raconté ignorant l’arrivée de mes collègues à notre table, ils ont tous écoutés et m’ont tous regardés avant que je ne leur explique la situation. Ils ont vraiment cru qu’elle me racontait cette histoire parce que j’aimais l’éléphant violet. Des fois mes anciens collègues manquent un peu de logique…. C’était peut-être parce qu’ils avaient trouvés une occasion de se foutre de moi - ce qui est réussi. J’ai toujours cette tendance à oublier quand cette journaliste se lance dans son monologue, rien ne peut l’arrêter. Louise sera contente si je lui dis que j’ai croisé Saskia. Elle va sûrement me bombarder de questions, alors autant bien prendre de ses nouvelles. Que ce soit pour Louise ou pas, je suis plutôt curieux de savoir ce qu’elle est devenue. « _ Mais oui… C’est jamais de ta faute. Excuse-moi, j’oublie toujours que ce n’est jamais la faute à Mademoizelletêtenlair. » Dis-je en finissant le mot en Français. Elle est toujours là, toujours à risquer sa vie pour une raison… Du moins je peux dire, originale. Saskia a risqué sa vie parce qu’elle lit un reportage sur les castors sur son téléphone. En général je désapprouve fortement lire les articles internet sur le téléphone, surtout quand on traverse. On peut aussi se prendre un poteau, tomber dans le trou du caniveau, se paumer quelque part dans Huntington Beach. … Le pire, c’est que dans toutes ces situations, je l’imagine bien faire ceci ou cela. Et ça, pour les castors quoi. Une vie humaine pour elle représente à ça ? Non, je ne pense pas, elle est juste étourdie, comme toujours non ? Après m’être légèrement pris la tête avec ce conducteur, j’ai eu cette impression de m’énerver sérieusement. De passer à la vitesse quatre, l’aider à entrer dans la voiture. Mais j’ai réussi à me contrôler et à faire les choses calmement. Je lui ai fait clairement comprendre qu’il ne faut pas plaisanter avec moi. Une fois que j’ai rejoins Saskia qui en rajoute un paquet avec ses castors. Je n’ai pas pu m’empêcher de froncer les sourcils, de laisser passer mon incompréhension à mon visage. Je finis par secouer la tête discrètement et là, je me dis. Si seulement elle peut se taire. Après que ce mec soit parti en trombe, avec un bruit de moteur censé de nous impressionner « _ Non mais sérieusement, tout ça pour des castors ? » fais-je en la regardant, complètement dépité après que la circulation ait repris. Mais en même temps au fond de moi, amusé par cette attitude étrange. « _ Ce conducteur n’avait pas la tête à s’intéresser aux castors, il pourrait même les écraser et passer son chemin sans se retourner. » une pause. Je fronce les sourcils intrigué. « _ Tu travailles vraiment sur les castors ? » J’ai vraiment du mal à croire. Saskia préfère les articles plus… Enfin… C’est peut-être moi qui a quelque chose avec les castors. Et pourquoi je fais de la conversation autour de ces bestioles ? Ah oui. C’est en principe à cause d’elles qui ont causé cette agitation. Bravo les castors, vous êtes les rois. Enfin bref, je l’ai invitée à boire un café. Sa réaction me fait sourire et je regarde quelques passants, dont celui qui l’a sifflé. Apparemment, ils ne sont pas tous retournés dans leur monde. Ce qui me fait encore plus sourire. « _ Les gens autour peuvent t’affirmer que non. » J’entame la marche en direction du café, Saskia traine un peu le temps de faire un bisou rapide au passant qui se trouve sur notre chemin. Ce dernier qui l’avait sifflé s’est écarté, je garde toujours mon sourire amusé. Je secoue légèrement la tête, je fais un pas à côté après qu’elle m’ait poussé avant de revenir à la charge pour la pousser gentiment en guise de réponse. En moins de trente secondes on est arrivé dans le café, laissant Saskia entrer la première. J’arrive derrière elle et referme la porte - avant de m’apercevoir que ça se ferme tout seul, je m’y ferai jamais. Je lâche la poignée et laisse la porte se débrouiller toute seule comme une grande. Je salue la serveuse au passage. On s’assied à une table, je ne prends pas la peine de regarder la carte pour voir ce qu’ils proposent. Signe que je suis déjà venu ici au moins une fois. Puis comme dans tout les endroits de ce genre, y a bien un capucino même si c’est pas vraiment de la même qualité. « _ Donc… C’est vrai que tu vis à H.B. J’avais complètement oublié - désolé. Bon qu’est-ce que tu deviens toi ? » C’est bien naturel de demander des nouvelles à celle qui était la stagiaire du journal auquel je travaillais. Bien que ça ne soit pas une question que j’aimerai qu’on me la pose. Je m’attends surtout à ce qu’elle me pose la question à propos des licenciements abusifs à la banque, cette affaire de février qui n’a pas pu être terminée même après le départ de Saskia.
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| | | Saskia Reynolds super lama en quête de secrets
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Dim 7 Déc 2014 - 18:42 | |
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Leur duo infernal fonctionnait toujours. Anthony Martell et Saskia Reynolds n'avaient pas vu leurs chemins respectifs se croiser bien longtemps, mais suffisamment pour créer ce lien qui les rendait presque dépendants, durant ce court laps de temps, l'un de l'autre. Pas comme Anthony pouvait l'être alors de son épouse ou de sa fille, qui étaient évidemment sa bouffée d'oxygène que Saskia ne pourrait jamais être. Mais dépendants parce qu'ils se complétaient de par leurs caractères opposés mais pourtant semblables ; là où l'un était d'un sang froid exemplaire, l'autre ne rivalisait que par sa spontanéité. Lorsque l'un séchait sur quoi faire pour telle ou telle affaire, l'autre faisait preuve d'imagination et trouvait la solution. Et pourtant, ils étaient matures, chacun indépendamment de l'autre, capables de grandes choses. Mais il était devenu, avec un peu de temps, inutile de se le cacher : leur duo de Chicago faisait des ravages. Et là où Saskia était trop folle pour avoir une once de bon sens, Anthony savait trouver les mots ou les actions pour la sauver des impasses dans lesquelles elles aimaient, elle et sa maladresse, se fourrer relativement souvent.
Et comment mieux réussir des retrouvailles imprévues qu'en retrouvant les bonnes vieilles habitudes? Anthony sauva Saskia, l'empêchant de fusionner avec le goudron sous un 4x4 trop propre pour être vrai, conduit par un homme pressé comme si on lui avait promis un rencard avec Angelina Jolie, sans Brad Pitt dans le coin. Tous les deux n'avaient jamais eu l'occasion de devenir meilleurs amis du monde. Ils n'avaient jamais passé leurs journées et leurs nuits ensemble, à parler de leur propre personne, de leur passé, de leurs blessures, à demander conseils sur comment gérer telle ou telle situation familiale. Ils n'avaient jamais ressenti le besoin de se prouver leur confiance réciproque en se divulguant un secret, l'un à l'autre, quelques verres en trop dans le pif. Ils n'avaient jamais eu de relation les impliquant trop personnellement... et pourtant, ils avaient été dans la même famille.
Ils n'avaient eu besoin de rien, en réalité. Ils avaient su, en se rencontrant, qu'ils ne deviendraient pas ces meilleurs amis du monde. Qu'ils ne passeraient jamais leurs journées et leurs nuits ensemble, à parler de leur propre personne, de leur passé, de leurs blessures, à demander conseils sur comment gérer telle ou telle situation familiale. Qu'ils n'auraient pas à se prouver leur confiance en se divulguant des secrets. Julian avait été l'entremetteur qui avait lié deux journalistes ; un reconnu dans son domaine, l'autre sur la voie de l'apprentissage professionnel. Chicago était devenu le terrain de jeu de Saskia, et Anthony avait été son soutien, son épaule. Ils n'avaient jamais ressenti tous ces besoins, parce que ça avait été immédiatement clair entre eux. Saskia faisait partie de la famille durant un temps déterminé, une petite bulle. Mais une bulle qui leur fit du bien, à tous. Les Martell furent son feu de cheminée durant l'hiver, son Jack Sparrow dans un Pirate des Caraïbes, son Matthew Bellamy dans un Muse quelconque ... Ils avaient été ses indispensables. Cette bulle que peut-être, tous les deux, pensaient avoir oublié, mais qui, quelque part, était toujours présente, pour tous les sourires, les émotions qu'elle avait apporté. Et cette bulle avait virevolté dans les airs et le temps, jusqu'à Huntington Beach. Et les voilà, sous un climat plus clément. Les voilà, tous les deux, dans la rue, à se regarder, émerveillés et peut-être un peu apeurés, de se retrouver.
" Mais oui… C’est jamais de ta faute. Excuse-moi, j’oublie toujours que ce n’est jamais la faute à Mademoizelletêtenlair. " " Parce que tu crois qu'en parlant en français, tu vas m'esquiver parce que je comprendrai pas? Qui te dit que je ne suis pas bilingue? J'aurais pu passer tous mes étés à ... Paris " Elle fit une gimace de pimbêche bourgeoise, comme pour montrer qu'évidemment, Paris n'était pas à son goût, trop populaire, trop chique, remplie de clichés, loin de tout ce qu'elle aimait : la nature. " Bon évidemment c'est pas vrai, je suis juste allée près de Cardiff en avril quand j'avais douze ans... " ajouta-t-elle presque en murmurant, consciente qu'elle cassait elle-même son effet de pseudo surprise de pseudo vacancière parisienne.
Elle finit par lever les yeux en l'air en haussant les sourcils lorsqu'elle entendit le moteur de ce 4x4 hurler derrière eux alors qu'ils avançaient vers ce café dans lequel visiblement, ils avaient tous les deux pris un peu leurs habitudes. Il fallait dire qu'il était peu souvent bondé, que la serveuse était symathique sans devenir trop curieuse, et que l'ambiance y était propice à la création.
" Mais tu sais, je ne me décourage pas, un jour, je saurai trouver les mots pour faire s'intéresser Zuckerberg à la vie privée ou Britney Spears aux dangers de la drogue... Alors pourquoi monsieur grosse-bagnole-qui-compense-autre-chose ne pourrait regarder ces... BOUILLES!? " fit-elle en faisant surgir sous le nez de son ancien collègue une photo remplie de mignonnetés de castors trop chous. Elle ne put s'empêcher de penser que si elle était certaine que Petit Pois n'était pas allergique aux poils de castors, elle en adopterait surement un. Et qu'il pourrait traverser le salon sans danger. Son seul moyen de locomotion dans son trois pièce était un vélo de maison poussiéreux trouvé en brocante, alors...
" Non, je ne travaille pas vraiment dessus, j'étais curieuse, et puis c'est un peu une période calme là. Je fais une enquête sur le milieu étudiant et la drogue, mais je m'ennuie. " A l'écouter, elle s'ennuyait en permanence.
Après leur petite agitation sur le chemin du café, Saskia lui demanda, en entrant dans le bar et lui tenant la porte : " Et toi? " Et toi? Et toi quoi? Elle ne le savait pas vraiment elle-même. Elle savait. Elle savait qu'il ne travaillait plus à Chicago. Qu'il n'avait plus sa famille. Elle ne montra aucune émotion alors qu'elle revoyait les doux visages des petites femmes Martell. Elle ne voulait pas ébranler leurs retrouvailles.
Ils s'assirent l'un en face de l'autre. La serveuse vint prendre leur commande. Saskia commanda elle aussi un capuccino. Ils étaient vraiment bons ici. Et il la réconforterait. Une boule serrait son estomac. Elle qui n'avait peur de rien, sentait pour l'une des premières fois, cette sensation. Où elle savait que la réalité était difficile à accepter. Alors qu'elle avait décidé inconsciemment d'oublier tout ça, choisi que tous les Martell étaient tous encore là, quelque part, sur Terre, à vivre leur vie, la rousse devenait maintenant se retrouver face au fait accompli : il n'en était rien. Et Anthony Martell était le dernier du trio qui avait habité dans ce chaleureux endroit de Chicago. Cette maison avec ce four anti-rousses, avec une Louise qui avait peur de poser ses pieds aux sol.
Mon dieu... " Je suis en stage. Je l'ai trouvé grâce à Julian, encore. " finit-elle par répondre avec un petit sourire. Puis elle ajoura un peu trop timidement et vaguement : " Et toi? Qu'est-ce qui t'amène par là? Tu es là depuis quand? Tu restes? "
Banalités. Occuper la discussion. Ne pas faire face. Une situation inconnue qu'elle voulait éviter. La seule qu'elle voulait éviter: la douleur qui faisait surface. Tout ce qu'elle avait toujours évité. Le départ de Noah. La sclérose en plaques. Jusque là, elle avait réussi.
Jusque là... Elle trouverait bien une parade. Se brûler avec le capuccino, volontairement. Jusque là... Oui, et maintenant? Maintenant, que se passait-il? Comment pouvait-elle être si heureuse et si sinistre de le revoir? Ne pouvait-elle pas choisir? Jusque là...
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Lun 8 Déc 2014 - 2:09 | |
| Je la regarde avec un sourire malicieux à mes lèvres, quand elle se plaint qu’elle ne … Mon sourire disparait quand elle me pose la question si je sais qu’elle est bilingue, qu’elle passe ses été à Paris. Je la regarde surpris et assez sérieusement. « _ Non. Je ne te crois pas. Sinon tu aurais baragouiné le Français avec Anne non stop en profitant que je ne comprenne pas tout. » Parce que je sais peut-être parler un peu le Français, je ne suis pas autant si bilingue que ça et… Oui on va dire que je connais les bases et que je sais tenir une pauvre conversation… Je la regarde sérieusement jusqu’à ce qu’elle cède. J’ai réprimé un rictus et j’ai levé les yeux au ciel, je finis par hocher la tête quand elle a avoué « _ Oui forcément oui… J’y ai pas cru une seule seconde. » Il n’y a pas de mensonges dedans non. J’ai peut-être cru Saskia en l’espace d’une milli-seconde, je sais qu’il ne faut pas tout prendre au premier degré avec elle. Après avoir réglé l’histoire avec le conducteur, la circulation ayant repris ainsi que le court de vie. On marche en direction du café du coin, je lui ai exprimé mon opinion à propos du conducteur et des castors. Elle me répond en me mettant le téléphone sous mon nez, me laissant voir les castors en train de traverser la route et une autre photo où les castors sont en train de manger. « _ Wow là fait gaffe quand tu mets le téléphone sous le nez des gens qui marchent, c’est pas très conseillé ! » fais-je en train d’éviter un obstacle que j’ai pu voir avant qu’un téléphone me bloque la vue. Je la regarde et fronce les sourcils. « _ J’espère pour toi que tu n’as pas l’idée d’en adopter un. Ils sont peut-être mignons mais ils ne sont pas fait pour être des animaux de compagnie. » et je sais que j’ai raison. C’est vraiment à l’encontre de la nature. Je lui ai demandé si elle travaillait là-dessus, ce qui me surprend un peu mais je me suis bien trompé. « _ Ah. » fais-je simplement, je hausse les sourcils, presque pas intéressé d’un coup. La drogue et les étudiants, ce n’était pas vraiment intéressant non… Effectivement, il y a de quoi s’ennuyer. « _ Donc tu t’occupes en te mettant dans une situation cocasse. » Ce qui n’est pas nouveau non plus, même si elle ne s’ennuie pas, elle se met toujours dans une situation cocasse… Quand on ouvre la porte, elle me pose la question et cela veut tout dire. J’ai laissé ça en suspend pendant quelques secondes avant de prendre un air désintéressé. Je hausse les épaules. « _ Rien. » fais-je dans le plus grand naturel au monde. Cette question ne me perturbe même pas. Rien. « _ J’ai arrêté le journalisme, je passe à autre chose. » Je me sens bien obligé de lui expliquer un peu d’où je voulais en venir avec le rien. Je ne lui dis pas que j’écris un livre, je ne sais pas si je dois le lui dire… Non, je devrai faire ça discrètement et je ne dois pas l’ébruiter. Ça pourrait me couter la vie… Écrire une autobiographie, c’est quelque chose de bien personnel et je ne sais pas si je devrai le publier un jour… Mais si ça me permet de me venger de mon père pour ce qu’il a fait à ma mère. J’utiliserai ce livre comme arme. Saskia est peut-être une jeune fille qui est venue vivre un instant avec ma famille, elle est une journaliste. Quelque part, je préfère m’en méfier, les nouvelles circulent vite dans le monde du journalisme. Alors, est-elle au courant de mon accident de voiture ? Je ne sais pas… Peut-être que oui. À en voir mon comportement, les enquêtes n’ont pas l’air de me manquer. Des enquêtes pour en faire un article ensuite, montrer les nouvelles aux gens. Les cappucino sont bons ici… Je me demande si je pourrais venir ici pour écrire, je ne sais pas si je devrais le faire en public et encore. Il me semble que c’est un endroit que fréquente Saskia, mieux faudrait éviter dans ce cas-là. Je ne sais pas, on s’est retrouvé dans des circonstances assez particulières mais habituelles. Je ressens qu’on a changé dans le fond et qu’on n’est pas vraiment les mêmes. On n’a pas la même aisance pour se parler. Je lui ai demandé de ses nouvelles et elle fait de me répondre aussitôt. Je souris en coin quand elle dit d’avoir trouvé du stage grâce à Julian encore. Je hoche la tête, ah décidément Julian fait vraiment attention à elle: elle en a de la chance Saskia. À cette époque où je faisais des stages, je n’avais pas une personne qui m’aidait. J’ai dû me débrouiller tout seul. « _ Une recherche d’un membre de famille qui vit dans le coin. J’ai remarqué que je n’ai jamais connu la famille de ma mère et je suis parti dans la quête d’en trouver un. Je viens d’arriver dans la semaine et je ne pense pas vraiment rester. J’ai du mal avec le climat Californien. » j’ai toujours été très dans la zone tempérée. « _ Je pense quand même venir de temps en temps ici rendre visite. Mais ma vraie vie se trouve à Chicago, tu vois. Avec Anne et Louise. » Je vois déjà Louise exploser de joie, être contente que j’ai pu voir Saskia. « _ Elles sont toujours à Chicago, la routine. Sauf que maintenant, Louise a enfin décidé de toucher ses pieds au sol. » Je souris au coin, je ne regarde pas Saskia en face de moi. J’observe les autres clients du café et je vois la serveuse arriver. J’enlève mes bras de la table et on se fait servir. « _ Merci. » Elle s’en va, nous laissant tout les deux à nouveau. Je ne prends pas la tasse, je ne la porte pas à mes lèvres, je la laisse sur la table. Je soupire et essaye de passer à autre chose, je n’aime plus vraiment parler d’elles maintenant. « _ Je suis désolé, je ne suis plus vraiment le même. Mais je me méfie de toute personne qui travaille dans le journalisme. J’espère que tu me comprends. Je crois savoir que tu es au courant que j’ai eu un accident de voiture… D’ailleurs comment va Julian ? » fais-je d’un geste du menton. J’ai aussi appris qu’il a eu un accident de voiture. Heureusement qu’Anne et Louise n’étaient pas dans la voiture, j’aurai vraiment eu peur pour elles. J’en ai mis du temps à m’en remettre, à essayer de tourner la page mais ce n’était pas facile de le faire quand je retrouve la plupart des personnes qui avaient fait parti de mon passé. Les journalistes…
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| | | Saskia Reynolds super lama en quête de secrets
› MESSAGES : 1520 › EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014 › AGE : 37 › STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois › QUARTIER : Pacific Lane › PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse › DOUBLE COMPTE : Gidéon & Bianca › CELEBRITE : Karen Gillan › COPYRIGHT : endlessly epic (avatar), Lux (signature)
| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Mer 17 Déc 2014 - 20:26 | |
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Autrefois, c'était dans les rues de Chicago, au milieu de marées humaines qu'ils parvenaient, de temps en temps, à faire se croiser leurs chemins, après quelques messages envoyés. Aujourd'hui, c'était le hasard qui avait décidé de les réunir. Les deux anciens collègues et acolytes, ces deux journalistes qui vivaient alors pour leur métier, parfois reclus des heures dans le bureau tout en fouillis d'Anthony, parfois à parler avec Anne de livres, de voyages, d'éducation, d'amitié,... comme les amis qu'ils étaient en train de devenir alors. Si la rousse ne leur avait jamais avoué ses secrets les plus sombres, gardés enfouis au plus profond d'elle-même, il fallait admettre que le couple avait été, plusieurs mois durant, ceux qui s'étaient rapproché le plus de sa définition d'"amis". Alors, certes, avec ses catastrophes et la tempête qu'elle avait dû représenter dans la demeure des Martell, peut-être n'avait-ce pas été réciproque. Mais Saskia ne s'était même pas posé la question. Saskia ne se pose jamais ce genre de question. Saskia reste elle-même, continue sa route, et il lui semblait que les sourires de Martell étaient sincères, et finalement, c'était tout ce qui comptait lorsqu'elle rentrait de son travail exténuant -oui, faire le café, c'est fatiguant tavu.
Mais lorsque le hasard les réunissait de nouveau, est-ce que les choses avaient changé? Finalement, peut-être qu'aucun des deux protagonistes n'aurait pu répondre de manière certaine et sincère. Oui, ils avaient l'air de s'être retrouvés comme lorsqu'ils s'étaient quitté. Là, en apparence, au milieu de cette route, c'était bien ce qu'il aparaissait. Ca, ou l'idée qu'ils avaient eu le coup de foudre lorsque monsieur avait sauvé madame d'une mort certaine sous un 4x4 consommateur d'énergie non renouvelable. Mais d'une autre façon, tous les deux savaient. Ils savaient que Anne et Louise n'étaient plus, que de sombres et longs moments s'étaient écoulés, et peut-être continuaient de se consumer comme d'anciennes braises de douleur qui pourtant ne parviennent pas à cesser de briller, si peu nombreuses soient-elles. Anthony avait ce regard changé, ce regard qui a vu tant et regrette tellement ; Saskia était devenue une réelle adulte, devenant indépendante de son père, regrettant elle aussi, mais ses terres de coeur plus qu'une époque. Et Saskia savait pour les Martell, alors qu'Anthony ignorait cette donnée. Et la rousse avait toujours attendu mais tellement redouté ce moment ; celui des retrouvailles, qui pourtant, aurait pu ne jamais existé. Une minute plus tôt ou plus tard, et Anthony serait passé sur le trottoir ou sur le point de le faire sans apercevoir la chevelure de feu de miss Reynolds. Quelques secondes de plus à regarder les nouvelles sur les castors dans le bureau de presse, et la jeune journaliste n'aurait pas senti les bras de l'ancien papa la tirer contre lui.
Et l'américaine ne réféchissait même pas à tout cela ; aurait-il été mieux que cette rencontre ne se produise pas?. Peu important finalement, puisqu'elle avait lieu. Elle avait rêvé, imaginé ces retrouvailles ; elle les avait craintes. Mais jamais, ô grand jamais, elle n'aurait su qu'elles ressembleraient à ça. Jamais elle n'aurait pu se douter que ses idioties auraient pu raviver de terribles braises de souffrance à Anthony. Lui faire revivre sans doute l'évènement le plus douloureux de son existence. C'aurait pu être n'importe qui qui la sauve : un bel inconnu, une mère de famille... n'importe qui. Mais le hasard, ce sacré hasard, avait voulu qu'à ce moment précis de cette journée en particulier, Anthony Martell et Saskia Reynolds, qui s'étaient connus à Chicago il y avait bien longtemps maintenant, se retrouvent.
Le hasard et sa cruauté. Le hasard, qui, à ce moment, avait tout de même provoqué un feu d'artifice d'émotions dans le coeur pourtant si solitaire de Saskia.
Alors la rousse ne perdit pas son humour et sa joie de vivre lorsque leurs retrouvailles se firent plus... eh bien, normales. Elle fit donc une mine boudeuse à la réponse de son ancien hôte. Et puis, de toute façon, elle était bien consciente qu'elle s'était elle-même coupé l'herbe sous le pied... Elle ouvrit la bouche pour répliquer avec tact quelque chose d'intelligent et d'inattendu mais... Mais non. Trop d'émotions. Elle continua donc d'avancer aux côtés de monsieur Martell.
" Oui forcément oui… J’y ai pas cru une seule seconde. " " Tu doutes de mes capacités?? " fit-elle, levant la tête fièrement et partant en avant alors qu'ils continuaient de se diriger vers le café.
Après avoir finalement de nouveau ramené son museau accompagné de son portable vers l'homme, elle fit fi de la réflexion de son observation et ne releva que son discours sur les castors.
" Ils sont mignons, les castors. J'en adopterai un à distance. De toute façon, je veux pas faire de jaloux, j'ai qu'un bac à peinture et il est pour Petit Pois. Je laisserai mon castor chez lui. Il sera juste à moi, j'irai lui faire des bisous des fois; je prendrai des selfies avec lui et je lui ferai des calins, et puis on boira des chocolats chauds quand on aura froid. Je l'appellerai... Tiens, trouve-moi une idée! " Situation cocasse? Quoi? " OUI PAPA, je me suis mis dans une situation CHELOU - on dit ça, nous, les jeunes -" railla-t-elle avec un clin d'oeil. " mais j'ai pas fait exprès. C'est important de rester connecté au monde. " Oui, Saskia, c'est important de rester connecté au monde REEL, genre, qui nous entoure, genre, les bagnoles sur une route avec des bagnoles lourdes style 4x4 qui roulent dessus. Evidemment, Saskia était bien consciente des bêtises qu'elle débitait à la suite ; premièrement, implorer la leçon paternelle n'était vraiment pas une bonne idée, et elle le savait de tout son être, mais peut-être était-ce une façon de vouloir crever l'abcès malgré elle. De l'entendre dire la vérité. Que ce soit réglé, qu'ils passent au stade des souvenirs communs, au difficile présent à affronter au quotidien. Qu'elle soit là pour lui, enfin. Et deuxièmement, elle savait qu'elle n'avait, en ce jour, rien de connecté au monde. Son monde se résumait à la recherche éventuelle de nouvel appartement, à l'actualité mondiale et locale s'il y avait quelque chose d'interessant à se mettre sous la dent. Elle n'avait aucune action dans sa vie, aucune rencontre inspirante. Elle s'ennuyait. Sa vie se résumait à internet - chose que pourtant, elle détestait sans doute encore plus que Glee - , et ses promenades, son carnet à la main, ses rêves plein l'esprit, son regard éparpillé autour d'elle.
Son esprit vagabondait toujours avec autant de plaisir, abandonnant le présent et la réalité bien loin, alors que son corps n'était plus qu'enveloppe, responsable de si peu et donc si peu utile. Entre son imagination et son portable, il fallait bien l'admettre, Saskia avait du mal à regarder ce qui se passait réellement autour d'elle. Son esprit choisissait ce qu'il voulait voir. La vie n'était que trop futilité aux yeux de la rousse. Ce qui l'emportait, c'était ce qui pourrait être, ce qui avait été, ce que l'on pouvait voir si l'on regardait autrement le monde. Si...
Puis ils arrivèrent dans le café. Elle posa son sac sur la chaise en bois, alors qu'elle essayait de décoder le regard, les expressions de son interlocuteur le montraient si fatigué, si ... différent de quand elle l'avait vu pour la dernière fois. Cette fois, elle s'en souvenait encore, où ils s'étaient quittés à l'aéroport, où elle avait... pris dans ses bras Anne, fait virevolter au-dessus d'elle la petite et si douce Louise. Le jour où elle avait osé, enfin, lui faire une tape sur l'épaule ; grosse étape passée entre eux. Ils n'étaient pas très tactiles dans leur relation, mais cette petite frappe amicale avait compté pour Saskia, prouvant que ce séjour de miss Reynolds à Chicago avait au moins servi à lui accorder sa confiance. Aujourd'hui, il semblait si ... résigné. Ailleurs, tout en étant là. Elle le voyait plus ici, dans la lumière plus tamisée du bar ; plus loin de celle du soleil, qui accentuait ses traits, les rendant plus durs. Ici, ils semblaient plus las, lui donnant un air plus triste et résigné. Saskia perdit lentement le sourire, essayant de le conserver mais s'y parvenant qu'après trop de difficulté pour qu'il paraisse sincère.
" Rien. " Ce mot tomba, dur comme un roc, sévère comme une prof de français qui n'a comme seul amour que les heures de colle. " J’ai arrêté le journalisme, je passe à autre chose. " Lui demander? Lui demander depuis quand? Pourquoi ? Qu'était-elle censée savoir? C'aurait été le bon moment pour appeler Julian à la rescousse. Mais elle ne le fit pas. Rien ne lui faisait peur. Elle n'aurait pas peur d'affronter ces démons, aussi sombres puissent-ils paraitre. Elle redressa la tête, offrant à Anthony son regard le plus doux, prête à écouter. Tout ce qu'il avait à lui dire, à lui cacher, à lui montrer à demi-mots. Elle voulait le connaitre à nouveau.
" C'est sur que ça change de Chicago! Le climat est pourtant sympa, tu peux bronzer en hiver! Enfin, toi quoi, moi par contre... A part si je veux choper un cancer... " Elle avait tenté une touche d'humour, mais ne sourit qu'à moitié. La suite du dialogue la laissa ... muette. Il niait. Ou mentait. Mais son regard mentait si bien qu'il avait l'air de se mentir à lui-même. L'angoisse monta en elle. Elle cligna des yeux, gênée par un on ne sait quoi qui l'empêchait de respirer normalement. Les battements de son coeur s’accélérèrent. Elle prit sa tasse, la gardant dans ses mains pour les occuper ; elles tremblaient. Elle la reposa. Le cancer. Le déni. La maladie...
Pourquoi ces mots résonnaient-ils ainsi dans son esprit? Pourquoi niait-il, Anthony? Pourquoi? Il le savait ; il l'avait vécu, et surement revécu mille fois. Ce moment où il avait appris le décès des deux femmes de sa vie. Devait-elle être celle qui le lui rappelait à la dure réalité?
Comment être franche avec son humour légendaire dans une situation pareille? " Elles sont toujours à Chicago, la routine. Sauf que maintenant, Louise a enfin décidé de toucher ses pieds au sol. " Alors qu'elle le fixe, perdue, elle remarque que lui évite son regard avec soin. Elle fait de même et se penche sur son capuccino, fraîchement arrivé, qui disperse dans l'air des effluves agréables qui la calment presque. Que faire? Saskia, que fais-tu dans ces cas là? Elle prend sa tasse dans ses mains qui tremblent, essaie de boire une première gorgée mais n'y parvint pas. Elle a des palpitations. Il n'accepte pas le décès de sa femme et de sa fille. Le déni. Le déni...
Elle le cherche du regard. " Elles ... vont bien? "
Se sentant mal de poser cette question en en sachant pertinamment la réelle réponse, elle baissa de nouveau la tête, plongée dans la mer de ses propres démons, perdue dans un corps qui ne lui répondait plus. Elle observa avec soin le liquide qui tournait dans sa tasse au rythme de la cuillère qui le mélange au sucre et au lait.
" Je suis désolé, je ne suis plus vraiment le même. Mais je me méfie de toute personne qui travaille dans le journalisme. J’espère que tu me comprends. Je crois savoir que tu es au courant que j’ai eu un accident de voiture… D’ailleurs comment va Julian ? Saskia le regarda, attentive à chacun de ses mots et à ses gestes. Elle comprendrait. " Il faut se méfier de tout le monde de manière générale, c'est bien quelque chose que l'on apprend dans ce métier. " confirma-t-elle, avant de rebondir sur LE sujet : " Oui, que s'est-il passé, c'était quoi cet accident? " Parle-moi d'elles... Dis-le moi, n'aies pas peur... Laisse-moi pleurer avec toi... Ne me laisse pas penser au mot "déni" " Julian va bien, aux dernières nouvelles. Il est super avec moi, je ne le remercierai jamais assez je pense. Tu n'as pas de nouvelles? " Autant elle voulait en savoir le plus possible, le faire dire les choses qu'il préférait oublier pour oublier elle-même ses propres démons, autant il lui était douloureux de le faire, alors elle choisissait de changer de sujet de conversation dès qu'elle en avait l'occasion.
Mais elle comprendrait. Et comme toujours, ses démons devraient faire demi-tour. Des démons qui n'existaient que dans son inconscient. Un inconscient mis à rude épreuve ici. Des démons qu'il était impossible de chasser d'un revers de main, ou avec trois mots. Elle comprendrait, l'énigme entière. Et elle retrouverait un bout de son Anthony. Elle le referait sourire. N'est-ce pas?
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Ven 19 Déc 2014 - 23:10 | |
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La tâche est devenue compliquée maintenant. Saskia est à Huntington Beach, je l’avais complètement oublié et.. Elle est une des rares personnes à me connaître avant que j’arrive dans cette ville. J’espère qu’elle n’a pas à rencontrer mon cousin Pacey, ou pire, si elle le connait. Enfin, je ne dois rien rater et je ne pense pas qu’elle puisse le connaître, c’est ce qui me suffit à me rassurer. Je ne me suis pas senti aussi tendu depuis l’épisode de la cellule. Pourtant avec elle, tout se passe - presque - bien, on s’entend bien à un point qu’on se retrouve à boire un café et à se donner des nouvelles. Mais là, je sais très bien que ça va être très différent et que nous avons tout les deux changés en si peu de temps. On va finir par se rendre compte qu’on n’a plus rien en commun, que nous allons discuter juste comme des connaissances, et après ? Que va-t-il se passer ? Je n’y pense pas vraiment, je me laisse emporter par la situation, par nos discussions. Saskia qui dit qu’elle sait peut-être parler le français, ce dont j’ai évidemment pas cru. « _ À parler le Français et tenir une conversation avec moi dans cette langue pendant au moins cinq minutes ? Oui je le doute. Mais j’ai surtout envie de dire que ça dépend du domaine… » Je n’ai pas vraiment perdu de ma franchise, je dis toujours ce que je pense vraiment et je n’essaye pas de cacher des petites choses. Tout dépend du secret que nous le possédons. « _ Tilleul. » lui dis-je rapidement, sans grande conviction et je regarde devant moi. Avec un air songeur, je ne cherche pas à savoir d’où le nom vient et je me demande personnellement, qui est ce Petit Pois qui dort dans un bac à peinture. Je vais pas aller m’étaler plus loin avec ses histoires de castors, elle semble vraiment décidée à en adopter un. Je souris légèrement, en voyant Saskia élever un castor, essayer de sauver ses chargeurs des dents du castor. Ah ces bêtes mangent tout, même les prises. J’essaye de garder mon léger sourire mais je crois qu’il a disparut et que j’ai grimacé. Mon visage se fait plus grave et j’ai essayé de me reprendre assez rapidement. « _ C’est encore plus important d’être connectée en priorité au monde qui t’entoure avant d’aller dans un autre, question de sécurité. » fais-je sans le sourire. Un instant, je me suis vite rappelé de Louise qui m’appelait souvent par ce surnom. Au début ça m’avait fait très bizarre et je me rappelle la première fois qu’elle a prononcé son premier papa, je me suis pris une porte sous le coup de la surprise. Je me suis habitué, tellement habitué que ça me fait mal maintenant qu’elle ne soit plus vraiment là. Saskia n’a pas fait exprès, elle ne peut pas savoir. De toute façon, personne ne doit savoir ici et je n’ai pas envie que quelqu’un sache la vérité. À l’exception de Zoey, ce qui est parfaitement normal… Passer à autre chose, c’est difficile. Ça a été vraiment très difficile de passer à autre chose… D’abord, je ne me suis pas du tout attendu à un tel changement et à de telles trahisons. Je ne me suis pas attendu que les choses prennent une ampleur assez importante. Être obligé de fréquenter un psychologue, de subir une rééducation et de devoir réintégrer dans la société. Mettre les choses au clair, abandonner son métier pour un autre pendant un certain temps… Pour finir d’arrêter de travailler complètement pour des raisons de santé et aussi, parce qu’on m’a fortement conseillé de retrouver quelqu’un qui est de ma famille, du côté de ma mère pour trouver un nouveau but dans ma vie. J’ai aussi récemment découvert que ma soeur a découvert mon existence, mon père et sa nouvelle copine le lui ont caché… « _ La malédiction des rousses… » laisse-je échapper dans un murmure, avec un léger sourire quand elle parle de pouvoir se bronzer ici alors que c’est l’hiver. Mais Saskia a bien raison, avec une telle température on se croirait en été. Je ne suis pas encore habitué à ce climat et je vais vraiment mettre du temps… Surtout, je ne suis pas venu ici pour me bronzer et me prélasser à la plage, observer les jeunes passer la journée sur le sable ou dans la mer. J’observe sa réaction, j’ai pu sentir un malaise. Elle réagit assez bizarrement et ça, ça ne m’inquiète pas parce que… Ce n’est pas la première fois que je vois ce genre de réaction et je sais ce qui va arriver par la suite. Va-t-elle me demander comment elles vont ? Ou va-t-elle essayer de me convaincre qu’elles… Je relève mon regard quand elle me demande comment Anne et Louise vont, avec une once d’hésitation, comme si elle avait du mal à déglutir, comme si… Je fronce les sourcils, faisant signe que je ne comprends pas pourquoi elle hésite dans sa question, je la regarde et c’est ainsi que nos regards se croisèrent. C’est tout naturellement que je lui réponds à la question « _ Oui, elles vont bien. Louise entre à l’école et est une bonne élève, Anne continue toujours à rédiger son livre et à s’occuper de la maison » J’aurais bien voulu savoir comment Louise se débrouille à l’école. J’aurais bien voulu lire la fin du livre d’Anne, parce qu’il était intéressant. J’aurais tellement voulu qu’elles soient encore vivantes, pour que je puisse profiter des moments avec elles, comme si c’était le dernier jour. Toutes ces pensées m’ont diverti et j’ai peut-être perdu le fil de la conversation, enfin… Cela commence à m’énerver et je n’ai pas hésité à aller directement au sujet, parce que je pense qu’elle veut le savoir, parce qu’il me semble qu’elle est au courant de mon accident et c’est ce qui m’a mis dans cet état-là. Je lui parle tout de suite de mon comportement et lui demande aussi les nouvelles de Julian. Je souris légèrement à la réflexion de mon ancienne stagiaire qui n’a pas tort. Elle a gagné quelque part en maturité dans son travail et je me demande comment elle gère son quotidien, si elle réussissait à trouver un sujet qui la passionne. En revanche, la suite de la conversation a été moins bien plaisante et l’atmosphère a vite changé. Je la regarde et je ne dis pas un mot. Mon sourire a disparu quand elle m’a posé la question, j’aurais bien aimé lui dire que ça ne la regarde pas mais elle a participé au début de cette enquête. C’est naturel pour Saskia de vouloir savoir les choses, elle savait effectivement pour mon accident de voiture. J’ai l’impression que le bruit ambiant qui est autour de moi commence à perdre le son, je commence à ne plus rien entendre. Mes lèvres restent closes et j’ai encore détourné le regard. Je regarde la serveuse passer servir des autres clients, je tiens la tasse des deux mains et je la fais tourner nerveusement. J’observe les clients qui se font servir avant de soupirer, sans pour autant regarder mon interlocutrice, je lui réponds doucement « _ C’est le résultat de l’enquête sur la GreenChoice Bank et la Maroon Financial Credit Union. J’avais trouvé des preuves et j’avais tout un dossier pour faire éclater la vérité. » Inutile de dire qu’elle y a participé au début, en faisant le lien avec Jack Vince - je crois si je ne me trompe pas de nom. Elle se sent quelque part concernée et je pense qu’elle aurait voulu savoir sur ce sujet, elle était partie rentrer chez elle alors que nous étions en pleine enquête. Cela ne m’a pas vraiment gêné, au contraire, c’était mieux qu’elle ne soit pas là. Quelque part, je la prends pour une journaliste, à laquelle je tiens vraiment et que je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose. « _ Ça Saskia… » une pause, j’essaye de retrouver les paroles et je hoche légèrement la tête « _ … Cet accident est juste la preuve qu’il ne faut pas faire confiance à ses collègues, même les plus proches. » Je prends la tasse de café et boit une gorgée, quitte à me brûler un peu. Mais cette douleur n’est rien à côté des séquelles que j’ai suite à cet accident. Dans un silence, je repose la tasse et je sens que l’atmosphère n’est pas pareille que tout à l’heure. « _ J’ai donné des preuves à Connor et à Alex, ils m’ont tous les deux trahis et les ont détruit, ils ont alertés le rédacteur en chef qui a dû alerter les concernés qui ont ensuite… Organisé un accident de voiture. » je déglutis et observe le café dans la tasse, je ne la regarde toujours pas. La vraie version des preuves est toujours cachée, là où moi seul connait cet endroit et tout le monde semble avoir oublié. Ils partent tous sur le principe que je laisse tomber cette affaire, parce que j’ai retenu la leçon venant de mon père qui est personnellement venu me voir après l’accident. Non, j’ai appris des leçons et je vais éclater la vérité autrement: en écrivant un livre. Enfin… Il faut revenir au présent, je m’occuperai d’entretenir le futur plus tard, après cette rencontre que je vais probablement écrire sur un chapitre. À mon plus grand malheur, c’est dans le plus grand naturel au monde que j’annonce à ma stagiaire « _ Heureusement qu’Anne et Louise n’y étaient pas. » Parce qu’elles n’ont jamais été dans cette voiture, parce qu’Anne et moi on ne s’est jamais disputé dans la voiture. D’ailleurs, je ne me rappelle plus vraiment pourquoi on s’était disputé. Je … Enfin, elles n’ont jamais été là, elles m’avaient attendu à la maison. Elles s’étaient inquiétées au fait que je ne suis toujours pas arrivé. Saskia change de sujet en me donnant des nouvelles de Julian, elle me dit qu’il va bien et me demande si je n’ai pas de ses nouvelles. Je remonte les épaules assez longuement avant de les faire retomber. « _ Non… Je n’ai pas cherché à en avoir non plus. Maintenant que je me rappelle qu’il est toujours à Huntington Beach, je peux toujours le re-contacter pour le revoir, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu… » Je n’ose pas dire combien de temps, parce que je n’en ai aucune idée… Peut-être deux ans… Je regarde la tasse de café qui est presque vide et… Je sais et j’ai toujours su pourquoi je préfère éviter les gens qui m’ont connu autrefois. Pourquoi je les ai oublié et j’ai tendance à le faire, parce que je ne veux pas voir ce regard qu’ils ont dans leur yeux. J’ai toujours détesté ce regard, je ne sais pas si moi-même j’en ai fais aux gens qui ont été presque dans la même situation que moi. Mais je déteste ce regard, je déteste cette situation. Je me sens coincé avec elle, je n’aurais pas dû obéir à mon impulsion. À ma joie de retrouver quelqu’un que je n’ai pas vu depuis longtemps, Saskia est juste comme les autres. Il faut que je trouve un moyen de m’en sortir, de partir au plus vite, de continuer ce que j’étais en train de faire: marcher dans la ville en téléphonant à Pat.
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| | | Saskia Reynolds super lama en quête de secrets
› MESSAGES : 1520 › EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014 › AGE : 37 › STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois › QUARTIER : Pacific Lane › PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse › DOUBLE COMPTE : Gidéon & Bianca › CELEBRITE : Karen Gillan › COPYRIGHT : endlessly epic (avatar), Lux (signature)
| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Lun 22 Déc 2014 - 20:00 | |
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Revoir un visage familier, rencontré si souvent des mois durant à Chicago, à Huntington Beach, semblait étrange aux yeux de la jolie rousse. Et pourtant, elle s'y fit assez rapidement ; croiser le chemin du journaliste dans les rues semblait naturel, comme s'il s'agissait d'un membre plus ou moins proche de sa famille, dont les traits étaient rassurants lorsqu'ils lui apparaissaient ; l'un de ces êtres que l'on est toujours heureux de retrouver, même des années après, même si parfois même, des disputes avaient pu tout gâcher, ou des drames plus secrets.
Aux premiers abords, les sourires fusaient toujours - ou presque- sur les visages des deux protagonistes. Puis au fur et à mesure, les questions naturelles, personnelles semblaient prendre le dessus et dissiper la joie des premiers abords. C'était bel et bien ce qui allaient se passer, même pour deux anciens colocataires, qui avaient partagé emploi et famille ; un bureau et un toit, qui s'étaient croisés en pyjama ou habillés chic pour des réunions plus prestigieuses. Mais pour le moment, il leur fallait garder un ton léger. Car les choses n'allaient pas le rester. Au moins le temps d'aller au café... " Tilleul" Saskia prit une mine songeuse et se retournant sur Anthony et l'attendant quelques dixièmes de secondes pour se retrouver à nouveau à sa hauteur alors que la façade vitrée du charmant café s'approchait. " Comme les infusions de ma mère-grand ! C'est pas mal. " Oh oui, un toutpititcastor qui s'appelerait Tilleul... Oui, elle se l'imaginait assez bien finalement. Enfin, en attendant, il fallait faire en sorte que Petit Pois dorme et fasse ses besoins dans un endroit décent... Enfin, au moins y songer. Même s'il fallait bien l'avouer, la grande rousse adorait retrouver des traces de pattes aux couleurs de vieilles peintures sur son parquet. Ca apportait un charme à son vieil appartement miteux.
Bon, elle ne se rendit évidemment pas compte qu'Anthony n'en avait que faire d'appeler un castor Tilleul ou Tupuesdupopotin, mais préféré sourire à l'idée de la première solution plutot que de devoir faire face à ce qui l'effrayait. Au drame qui l'avait touché de plein fouet, à toute cette tristesse enfouie en lui. A ce qui les avait séparé ces derniers temps, en dehors de la distance et de quotidiens différents, et de ce qui les séparerait sans doute pour encore un long moment ; peut-être même à jamais. Ils s'étaient connus, se connaissaient surement encore davantage qu'ils ne voulaient l'admettre, mais les fais étaient là : leurs routes s'étaient séparées, distinctes, et ils ne faisaient que se saluer, comme ça, de loin, à un carrefour surplombé de nuages qui se défiaient.
" C’est encore plus important d’être connectée en priorité au monde qui t’entoure avant d’aller dans un autre, question de sécurité. "
A ce moment, si miss Reynolds décida de tourner la tête du côté opposé de son ancien collègue, ce ne fut pas par haine ou parce qu'elle croisa le regard de l'homme de sa vie, et encore moins parce qu'un Alien lui faisait coucou derrière une vitre de soucoupe volante en passant dans le coin pour acheter des donuts. Non, rien de tout ça. Mais ce fut pour faire une de ces grimaces dont elle a le secret ; vous savez, ce genre de rictus qui soulage un esprit lorsque l'on fait une gaffe monumentale que l'on regrette plus qu'on ne veut le montrer pour ne pas en rajouter une couche. Une mimique de dégout envers soi-même, qui veut dire, après coup, un truc du style ta gueule rouquine. Même si oui, je vous le confirme, ce froncement de sourcil, accompagné de tous les meilleurs pincements de lèvres du monde ou de grignotages de doigts, ne changent rien à une telle situation. Et si Saskia avait trouvé une plaque d'égout, là, sous ses pieds, pour s'y cacher, eh bien, oui, malgré ses jolis habits du jour, elle se serait bien enfoncée dans les entrailles de la terre, assez de temps pour se faire oublier. Mais comme toujours, parce qu'elle avait appris à le faire parce que c'était sa personnalité aussi, elle assumait toujours avec le sourire. Assumer, c'est le secret du bonheur - et le chocolat aussi, mais chhht." Au moins, j'ai trouvé pourquoi les castors se faisaient tellement écraser. Ces chauffeurs de 4x4 qui ne voient rien à cause de leur GROSSE BAGNOLE, ils compensent je sais mais ça ne justifie pas ces actes de barbarie. Ce sera écrit et publié, crois-moi. " Salut, je botte en touche comme une merde. Peut-être en fin de compte a-t-elle fait exprès, pour voir son regard, tester sa réaction ; prendre la température quant au reste de leur échange...
Alors que Saskia se retournait rapidement vers son interlocuteur, un air malin affiché sur sa frimousse, elle comprit qu'effectivement, il avait bel et bien changé. S'il n'y avait que l'accident dont ce fut le résultat, elle n'en était pas bien certaine. Mais il avait un regard sombre, dur, lourd, fatigué. Elle ne lisait pas en lui comme on lisait dans un livre ouvert, mais elle avait toujours eu cette capacité à comprendre les gens. Et Dieu qu'elle aurait voulu comprendre cet être humain à ce moment-là. Elle le ferait, même si cela prendrait du temps...
Et dans le café, c'est logiquement que les choses deviennent plus lourdes, presque intenables, indéchiffrables pour Saskia. Des émotions nouvelles la submergeaient ; au-delà de la tristesse qu'elle avait éprouvé à l'annonce du décès d'Anne et Louise, elle ressentait une angoisse profonde face à la réaction d'Anthony. Ce déni. Ces mensonges improbables, tellement beaux dans le fond, mais tellement pesants, surement à dire, mais également à concevoir lorsqu'on les discernait dans le brouhaha ambiant de la salle du café... Pourtant, ces mots la rassuraient un peu, au fond. Savoir qu'elles auraient pu avoir une vie normale, avec une Louise qui aurait grandi, qui serait peut-etre même devenue une femme, dans des années, alors qu'Anne aurait pris de l'âge ; oh oui, elle l'imaginait si belle, dans dix ans. Une femme digne, beauté cruelle qui aurait rendu jalouse ses amies, très peu de rire, si ce n'est celle de la marque de ces rires. Des yeux encore pétillants de vie...
Et puis il y avait toute cette angoisse, cet effroi inconnu auquel elle devait faire face au cours de ce dialogue difficile à tenir sans éprouver quoi que ce soit. C'était l’ascenseur émotif pour la jeune femme ; en quelques secondes, elle passait par des émotions contraictoires, la perdant dans ce qui semblait être un labyrinthe mental dont elle n'arrivait à se dépêtrer. En faisant trembler sa tasse, elle réussit à sortir, faiblement : " Et... ça avance, son livre? Elle préfère quoi, comme matières, Louise? " Elle hésita un moment, fixant le regard grave d'Anthony, et ajouta, sincèrement, et solennellement : " Elles me manquent. " Enfin quelques mots qui ne la plongeait pas dans un mensonge. Un mensonge envers Anthony, et envers elle-même. Les deux Martell lui manquaient énormément, davantage encore maintenant qu'elle était confrontée à leur perte, et à cet être cassé, brisé, qu'elles laissaient derrière malgré elle. Ce fut surement les mots les plus difficiles à sortir pour la jeune femme, car même si celle-ci n'excellait pas régulièrement dans les mensonges, elle préférait avouer par résignation son amour pour oui-oui même si cela était faux, que d'admettre son amour pour des êtres humains. Surtout à un homme qu'elle n'avait pas vu depuis si longtemps, et dont elle ne reconnaissait que la carrure et peut-être ce qui lui resterait de sourire hors du café...
La suite des paroles d'Anthony maintinrent la jolie rousse dans un mutisme inquiétant. On n'avait pas l'habitude de la voir ainsi, attentive, et plus que ça, non pas sérieuse comme elle pouvait l'être pour son métier ou mettre au régime Petit Pois, avec un air fermé, caverneux et sévère. Ses traits en étaient alourdis, ses cheveux couleur d'Ariel ne lui apportaient même plus ce petit air de lutin sorti d'un conte de fées ; non, à présent, ils lui durcissaient son assemblage d'expressions faciales. Sa main tremblait et il sembla à la journaliste que jamais elle n'avait autant senti les fourmis ou l'engourdissement dans ses bras. Elle avala difficilement sa salive, sentant qu'au moindre mouvement de pupille, une larme risquait de couler. L'accident... le mensonge. Le passé. Cette affaire... Pourquoi avait-elle poussé Anthony a poursuivre cette affaire? Etait-elle vraiment responsable- en partie certes, mais responsable quand même- de cette catastrophe, de cette horrible tournure que les choses avaient prise?
" J’ai donné des preuves à Connor et à Alex, ils m’ont tous les deux trahis et les ont détruit, ils ont alertés le rédacteur en chef qui a dû alerter les concernés qui ont ensuite… Organisé un accident de voiture. " Il fuit son regard. Elle détourne également le sien, fixant la vitre, puis derrière celle-ci. Le monde parait tellement... vivant, ordinaire. Elle bouge ses doigts, pour vérifier qu'elle le peut encore. Mais... pourquoi le vérifierait-elle? Elle n'a rien, elle est en parfaite santé. Elle baisse les yeux sur la main concernée, fronce des sourcils, puis se concentre à nouveau sur le visage qui lui fait face. Oh Dieu, que cette situation est lourde... " Heureusement qu’Anne et Louise n’y étaient pas. " Elle ferme les yeux; il ment, elle le sait, c'est évident. Il ne peut pas nier l'évidence. Elle veut lui dire, elle est toujours - trop - franche. Elle va lui dire comment elles sont mortes, elle va reconstituer la scène avec ce morceau de chocolat, là qui l'appelle sur la table, et ce sucre qui attend de sauter dans une tasse de café... " AAAAAAAAAAAH " Elle sature. On se retourne sur elle. Ces situations, elle ne connait pas. le neurologue... le neurologue, quoi? Elle n'est jamais allée chez un neurologue. Le neurologue avait un tableau, lui, dans lequel elle pouvait se perdre... le capuccino sous son nez ne lui offrait pas vraiment l'exaltation, le dépaysement dont elle avait besoin à ce moment. Le neurologue... mais qu'inventait-elle? Elle n'allait que chez le généraliste lorsqu'elle s'ennuyait, depuis qu'elle était petite, pour un rhume, une otite ou parce que parfois, le remplaçant était pas mal! Non? Si!
Vous savez, lorsque l'esprit humain arrive à saturation, incapable d'ingérer les informations nouvelles lui parvenant, et encore moins apte à trier ce qui est important, ou à interpréter les renseignements qui y rappliquaient ; lorsque toutes les petites idées frappaient à la porte mais que personne ne répondait, et que le visage de la personne concernée marquait un long temps d'arrêt, parce qu'il est incapable de quoi que ce soit?
C'est ce qui se passa pour Saskia. Elle n'entendit même pas d'Authony avait parlé de Julian ; le neurologue et son tableau faisaient irruption dans sa tête alors que ses jolis yeux pourtant d'ordinaire si pétillants et vifs, révélant un remue-ménage prolifique dans le cerveau de la rousse, étaient à présents perdus dans un trou noir intersidéral. " Cool pour Julian!! " Anthony aurait pu annoncer la pire des nouvelles le concernant, ou bien que leur ami commun avait décidé de partir sur la lune pour élever des papillon qu'elle aurait répondu exactement la même chose. Oh, ne vous y détrompez pas, ses oreilles avaient entendu. C'était l'information, qui avait sonné, longtemps, à la porte, mais n'était elle non plus, pas rentrée... le dress code semblait strict.
Après un silence inquiétant, Saskia se leva mécaniquement, laissant son sac derrière elle, passa la petite dizaine de table qui la séparait de l'entrée du café et retrouva l'asphalte du trottoir. Les passants ne se souciaient plus d'elle ; invisible, la jeune femme semblait pourtant désemparée. Regardant le vide droit devant elle, elle sortit son ipod de sa poche, mit lentement et dignement ses écouteurs dans ses oreilles et ferma les yeux, indifférente aux injures des groupes de personnes qui se divisaient pour la laisser seule au milieu du trottoir, ou des individus qui l'évitaient de justesse avec leurs gros sacs de courses.
Ses jolis yeux fermés l'empêchaient de voir le capharnaüm qu'elle était en train de causer à nouveau dans cette rue passante. Au bout de quelques instants, elle tendit l'index devant elle, puis la jambe, fit un demi tour digne de Michael Jackson vers la vitrine du café puis commença à tordre son popotin sans sentir le regard inquisiteur du couple qui buvait sa pinte de bière, de l'autre côté de la vitre. Les yeux encore fermés, elle marmonna les paroles, lui donnant un air extrêmement ridicule ; elle ne connaissait pas les paroles, et ça devait se voir, et s'entendre... " Happy !!... if you feel... like... mmmmh HAPPYYYY " Un autre demi-tour. Hop, je tends mes fesses. 1,2,3, mmmmh " Happyyyyyy ... lalala happyyy... do! HA " Elle sauta sur ses deux pieds, encore surprise de ne pas avoir fini les quatre fers en l'air, puis balança ses bras des deux côtés de son corps, tel un pantin désarticulé. Le sourire lui était revenu. Elle oubliait le neurologue et son joli tableau, l'accident ; elle revoyait les castors, Petit Pois et sa peinture, Hazel et ses bijoux jolis mais chers... Tout cela ne dura que quelques secondes, et pourtant... A force de se perdre dans des pensées légères, elle se perdit dans le décompte de ses pas et ce qui devait arriver arriva... Elle se retrouva les fesses par terre, ses écouteurs tombant sur ses épaules, ses cheveux devant son visage. Elle entendit des insultes fuser autour d'elle. La réalité lui revint en pleine face puis elle éclata en sanglots. Mais que lui arrivait-elle, bon sang? Comment avait-elle devenir cet être sensible juste en recroisant Anthony? Alors, là, assise ridiculement sur le sol encore fréquenté de cette rue, les larmes lui coulaient sur son visage rougi par le chagrin. Elle s'essuya le visage avec ses mains écorchées, se leva doucement sous le regard médusé d'une jeune maman qui visiblement, ne savait pas s'il s'agissait d'un flashmob ou d'une illuminée bourrée. Puis elle repartit dans le café, la tête baissée, essayant de ne plus pleurer, ne sachant même pas si Anthony l'avait rejointe ou pas, puis se rassit à la table.
La tête baissée sur son capuccino, ses cheveux roux cachant son visage affecté, elle répondit enfin. " Désolée, envie pressante" Elle se racla la gorge, essoufflée, puis finit sa tasse d'une traite et ajouta: " Où étaient Anne et Louise à ce moment là? " Le déni n'était pas fait pour des gens comme eux hein? Le déni. Rien que penser ce mot faisait monter l'angoisse dans l'estomac de l'apprentie journaliste. Le déni... Elle le ferait parler, il se souviendrait, et elle serait là pour lui. Et elle ne voulait pas être une de ces pimbêches idiotes qui ne se posent pas de questions et croient bêtement ce qu'on leur dit. Elle ne voulait pas faire partie de ces gens qui lui lançaient, à son ami, un regard rempli de pitié, de gêne et de compassion démesurée. Non, elle était Saskia, elle venait de danser sur une chanson qu'elle détestait pour revenir digne devant lui et éviter d'envoyer valser cette jolie table en bois, alors elle ne se laisserait pas faire par son "ne jamais croire personne", et blablabla. Il restait Anthony, elle avait travaillé avec. Il avait perdu des êtres chers, et MERDE, elle était là. Et OUI, elle s'énervait un peu toute seule intérieurement. " Oui, on devrait tous manger ensemble à l'occase, quand elles viendront ici. Avec Julian. Elles viennent quand? " Elle ferait les choses en douceur. Mais elle essayait de les faire bien. Ce n'est pas ce que les amis sont censés faire? Puis, évidemment... " Et tu n'as plus aucune preuve? Je vais les veng.. Enfin, te venger. " C'est ce qu'une amie comme Saskia Reynolds était censée faire.
Dernière édition par Saskia Reynolds le Sam 27 Déc 2014 - 23:14, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Sam 27 Déc 2014 - 2:45 | |
| Tilleul ? Pourquoi ai-je réellement pensé à Tilleul ? J’avoue avoir proposé comme ça sans avoir vraiment réfléchi. Je n’ai pas vraiment voulu me prendre la tête et je ne pensais pas que Saskia aimerait mon idée. Elle pense à des infusions de sa “mère-grand“. Elle vient des Galles je crois, Saskia a vaguement parlé de ça. Je souris légèrement et ne réponds pas, je n’ai pas vraiment envie de lui dire d’où ça vient. Je crois finalement m’en souvenir et je n’ai jamais aimé le dire, ni y penser. Pas depuis que je sais que le Tilleul à grandes feuilles était l’arbre préféré d’Anne et qu’elle en avait un dans son jardin en France. Enfin, c’était son père qui lui avait transmis l’amour pour ces arbres et je n’ai pas vraiment su pourquoi. Elle adorait aller en forêt juste pour voir ces arbres et franchement ? Je crois que j’aurais jamais pu devenir un expert dans les plantes. Son père était très pointu là-dessus et pour gagner son estime je n’avais pas eu trop le choix quelque part. Son Tilleul avait environ trois cents ans selon lui. Ce qui est assez vieux… Je ne me suis pas rendu compte que cette pensée m’a fait arraché un petit sourire, j’ai été un idiot quelque part dans le passé. Ça n’a pas cessé de s’empirer et je crois qu’actuellement je suis encore un idiot. Je suis vraiment un idiot oui parce que j’ai proposé d’aller boire du café avec elle et je ne sais pas ce qui va se passer par la suite. Je sais comment ça va se finir et quelque part, je reste accroché que ça soit comme avant, mais rien ne redeviendra comme avant. Rien… Allons-nous se revoir après ? Ha ça. Je ne peux pas vraiment le savoir et je n’ai pas vraiment envie de me poser cette question. Comme l’aurait dit quelqu’un dans le passé: profite du moment présent, le passé et le futur ne sont que des hors sujets qui empêchent d’atteindre le bonheur. Mon problème: je pense toujours au passé et reste accroché. Le pire dans le déni, c’est qu’on en est conscient mais qu’on continue toujours à se mentir. Enfin. Peu m’importe si Saskia appellerait son castor Tilleul, je ne sais pas si elle va vraiment le faire. Mais avec elle, on ne sait jamais: tout est possible. Ce serait une forte erreur de ne pas penser qu’il ne va rien se passer quelque chose de bizarre avec elle. Parti dans les pensées, en ayant du mal à revenir à l’instant présent. Je n’essaye plus vraiment relancer un sujet de la conversation, parce que je suis resté bloqué sur cette image un moment. Par contre, celle qui a été ma stagiaire un certain temps le relance, en reprenant le sujet sur les castors. Je ne cache pas ma mine dépité au visage, le regard devant moi. Je me gratte le front « _ Pas à cause de leur grosse bagnole, faut pas oublier le plus important. Le cliché des 4x4: ce sont des gens qui s’en fichent de l’environnement. Ils achètent ces grosses voitures pour tout démolir au passage. C’est en général les gens qui se sentent pas concernés par les problèmes et la mort des castors. » Ceci dit… Ils auraient des envies de meurtres et il est facile de se défouler sur les animaux parce qu’ils n’ont pas vraiment de conscience. Ils agissent par instinct. Certaines personnes croient vraiment que les animaux sont inférieurs à nous, ces mentalités me font soupirer et je reprends. « _ Quand je lirai un jour le journal de cette ville et que je tombe par hasard sur un article parlant des castors qui se font écraser par des 4x4. Je saurai tout de suite que c’est de toi. » Je la regarde et hausse les épaules, c’est vraiment d’une évidence dans ce que je vais dire. « _ Même si c’était d’un autre sujet, je reconnaitrai un de tes articles. » J’ai bien souvent lu les articles de Saskia pour reconnaitre son style. Elle a toujours cherché à faire quelque chose qui sort de l’ordinaire, quelque chose d’original, un article qui intéressera le monde. J’ai vraiment sauté sur l’occasion pour changer de sujet, de pensée et apparemment… C’est plutôt bien réussi. Je me dis que sur ce coup-là, Saskia a bien joué.
Je n’ai jamais longuement parlé de ma famille. J’ai toujours été vague et je n’ai jamais réussi à tenir longtemps, beaucoup de personnes me suivent et ne tiennent pas ensuite. Elles n’osent pas me contacter après, des fois c’est moi qui m’éloigne complètement des gens. Parce que je n’arrive plus à les voir comme il faut, je les vois différemment. Je perçois l’hypocrisie, le mensonge de tout part. Avec Saskia, je ne peux pas encore déterminer, on vient à peine de commencer la discussion. Discussion que j’essaye de détourner, de changer subtilement le sujet. Faut croire que j’ai vraiment perdu la main et ça se sent vraiment. Il faut que je retrouve cet énergie d’antan, mais c’est facile à dire qu’à faire. Je ne suis pas aveugle, je vois tout et je vois qu’elle n’est pas à l’aise avec ce sujet. Je fais tourner nerveusement ma tasse, sans vraiment la prendre pour boire le café. Brièvement je lui réponds « _ Son livre avance. » Mon livre avance plutôt. Son livre est resté figé, je ne peux pas vraiment le continuer et je n’oserai pas le toucher pour le retoucher après. Mélanger son style au mien, non. Je n’oserai pas lui faire ça. Mon livre avance un peu. « _ Louise s’intéresse beaucoup à l’Anglais. Je me demande bien de qui elle tient. » je fais un léger sourire en coin, je fais vraiment l’effort de parler un peu plus d’elles. L’Anglais est la matière où elle aurait pu être douée, ce qui ne serait pas surprenant avec ses parents littéraires. « _Elle adore les maths et les sciences. Elle apprend qu’un scotch ne peut pas réparer tout les maux de cette planète. » La maison est étrangement plus envahie de scotch partout. Elle est vide et j’essaye de pas trop y revenir, trop de souvenirs dedans. Je ne pense pas être capable de les affronter quotidiennement. Je pensais qu’en venant à Huntington Beach, je n’aurais pas à penser à elles. Mais en voyant Saskia, elle me rappelle le passé. Je sens la douleur revenir, à mon dos. « _ À moi aussi. » dis-je finalement avant de me reprendre en secouant la tête. « _ Je veux dire… Ça fait une semaine que je ne les ai pas vues. Je vais bientôt rentrer bien sûr, les retrouver. » Je prends ma tasse pour la porter à mes lèvres, dans le plus grand naturel au monde: au moins mes mains ne tremblent pas. Je raconte finalement ce qui m’est arrivé, comment j’ai pu avoir cet accident de voiture. Je n’ai même pas le courage de la regarder droit dans les yeux. Je ne veux pas voir sa réaction, je ne veux pas savoir ce qu’elle en pense. Elle aurait pu bien être heureuse qu’elle ne soit pas dans cette voiture, qu’elle se fasse tuer peut-être même. Je me rappelle à quel point elle était désireuse de vouloir continuer sur cette affaire, que j’ai dû lui faire la promesse que j’ai finalement pas tenue: la mettre au courant sur cette affaire. Finalement c’en est trop pour elle, elle est à bout et j’ai vite fait d’essayer de changer le sujet en parlant de Julian. Sans grand succès. Je n’ai pas pu cacher mon expression de surprise quand elle s’est levée, j’ai pas pu m’empêcher de l’appeler par son prénom auquel elle ne réagit pas. Elle s’est juste levée, en laissant son sac pour partir de ce café. Je me suis un peu retourné pour légèrement la voir jusqu’à ce qu’elle disparait. Dans ma position normale, je vois qu’elle a laissé son sac. Une interrogation, un doute m’envahit. Est-elle vraiment partie et a-t-elle vraiment oublié son sac ? Ça ne lui ressemble pas cette attitude… Qu’elle m’est si familière quelque part. Cette réaction… Son regard, ses sentiments… Je ferme les yeux et croise mes bras sur la table. Je laisse tomber ma tête contre mes bras. J’entends le bruit de la tasse au moment du léger choc et je reste ainsi comme ça pour réfléchir assez rapidement. Je n’ai jamais parlé aussi longtemps d’elles et je devrai vraiment éviter la prochaine fois. Cette atmosphère est quasiment insupportable et j’ai vraiment envie de m’enfuir. De prendre la fuite et respirer l’air marin. J’ai toujours aimé voir la mer, parce que ça me calme. Je me redresse et interpelle une serveuse pour qu’elle me resserve un nouveau café. Je sors mon téléphone et envoie un sms à Pat, je lui demande qu’il doit m’appeler dès que possible, simuler une urgence, me donner un prétexte pour que je puisse partir d’ici si jamais Saskia reviendrait. Il est bien probable qu’elle revienne. Je secoue la tête pour essayer de me reprendre. Saskia arrive, son visage est caché par ses cheveux et je pouvais voir ses mains. Je fronce les sourcils et range discrètement mon téléphone. Je profite qu’elle n’ait rien vu. Ni vu, ni connu. « _ Ça va ? T’étais bien différente tout à l’heure… » je la regarde, sachant de quoi je parle. « _ Enfin.. J’ai vu ça oui. » fais-je après un soupir, légèrement agacé et soudainement devenu plus distant qu’au début. Elle prend sa tasse de café et le boit d’une traite pendant que la serveuse est venu me servir une nouvelle tasse. Je la remercie avec un léger sourire alors que Saskia me pose une autre question. Juste après que la serveuse soit partie, je la regarde et détourne le regard. « _ J’ai pas vraiment envie de répondre à cette question. Je ne veux plus en parler. » j’ai manqué une inspiration, sentant ce noeud dans mon ventre. Je me fais un peu plus distant, je laisse le silence s’installer et j’imagine déjà Anne qui m’aurait attendu avec ma fille à la maison. Avec un repas chaud qui aurait fini par se refroidir… Je prends ma nouvelle tasse de café qui est encore brûlant mais qui s’en occupe vraiment ? Je me brûle la langue mais je ne montre pas la douleur et n’essaye pas de reposer la tasse quand Saskia parle d’organiser un repas. Cette douleur concentrée dans ma bouche est nettement mieux et moins douloureuse que celle que je ressens ailleurs. Je dépose la tasse que j’ai à moitié entamé et je soupire. Je dois rester calme, ne pas céder à la colère. Penser à quelque chose d’apaisant, retrouver le bon rythme de respiration. Rester dans la sérénité. Répondre calmement: je peux le faire. « _ Hm.. Je ne sais pas vraiment. Ça dépendra où j’en suis avec mon cousin… » je me gratte un peu le front profitant de cette pause, je sens que je m’énerve un peu. Ça s’entend monter un peu à la voix « _ Mais je ne peux pas mettre ma honnêteté de côté: elles ne viendront jamais ici. Le repas, que tu viens de penser. Je ne pense pas qu’il aura un jour lieu. » Je prends la tasse de café et je ne me contrôle plus vraiment. Je la regarde droit dans les yeux, je reste tout à fait naturel « _ Non je suis même sûr. » Je finis mon café d’une traite et dépose la tasse « _ Parce que je suis venu juste pour rencontrer mon cousin. Je crois même que ça a été une mauvaise idée. Il n’a même pas été au courant que j’existais. » J’étais qu’une erreur. Un imprévu dans les vies de mes parents. Cette idée elle-même était vraiment mauvaise. Parce que ça inclut de retrouver des gens que je connaissais de Chicago: Saskia et Julian. D’ailleurs, ma ancienne stagiaire vient de parler un sujet qu’apparemment, j’ai pas pu contrôler ma main qui vient de violemment taper sur la table. « _ Bordel Saskia ! » Les regards se rivent sur moi, je me rends compte un peu de la bêtise et je serre ma mâchoire, j’essaye de reprendre le contrôle. Je me penche un peu vers elle et lui dit d’une traite dans un murmure. « _ Non. Bordel. Non. Tu ne piges pas le danger de cette affaire. Tu ne peux pas les attaquer directement et cette putain d’affaire est close, je n’y reviendrai pas là-dessus et j’aimerai bien tourner la page en pensant à autre chose. » Je soupire et ferme les yeux, je me pince discrètement la lèvre. La douleur revient et est pire qu’avant. Ça ne fait que de m’énerver encore plus, je la montre du doigt, fixant dans ses yeux. « _ Tu vas me venger ? Tu te crois dans un film de super héros ? Je suis curieux de connaître ton super pouvoir. T’as vraiment aucune idée de qui tu veux affronter toi. Vraiment. J’ai perdu deux ans de ma vie. Ils auraient pu en prendre encore plus. Soit plutôt contente que t’ai pas vécu cet enfer. » J’insiste et je reste toujours dans le murmure, frénétique en passant. « _ Tu ne te mêles pas de ça Saskia. Tu restes où tu es. Tu restes ici. Tu n’iras pas farfouiller comme je l’ai fait et que tu finisses par regretter. Et encore, je te conseille surtout de régler tes problèmes. Parce que t’en as clairement un. Tu pensais que je le remar… ? » je hausse les sourcils en entendant la sonnerie de mon téléphone. Je soupire et sors le téléphone de ma poche pour voir le nom de Pat apparaître. Il a reçu mon texto et il a bien fait de m’appeler à ce moment-là. À temps. Je prends l’air embêté et regarde Saskia « _ Excuse-moi, un appel que je dois apparemment prendre. » Sans attendre sa réponse, je décroche. « _ Allô ? … Hein ? … » Je relève la tête et soupire. Pat me balance des conneries de bagarre que je n’ai rien à faire, mais ça peut tenir comme sujet de conversation. Un bon moyen de m’esclipser, de partir d’ici. « _ Quand ça ? … Ça peut pas attendre ? … Ok… Je suis sur le chemin alors… Ok. J’arriverai dans la nuit. » et j’entends me demander si j’avais un problème avec la rousse. « _ Non, ce n’est pas grave. Je pourrai la revoir. Okay. À demain. » Je raccroche et soupire encore. J’essaye de me relever, mais la douleur au dos m’empêche de faire un geste d’un coup. Je me rassis, tout effort est inutile quand ça fait mal à ce point là. Bloqué comme ça faut le faire. « _ J’ai une urgence à régler à Chicago, je dois y retourner tout de suite. » annonce-je, j’attends que cette douleur s’en aille pour pouvoir ensuite me relever. Une des séquelles de l’accident.
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| | | Saskia Reynolds super lama en quête de secrets
› MESSAGES : 1520 › EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014 › AGE : 37 › STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois › QUARTIER : Pacific Lane › PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse › DOUBLE COMPTE : Gidéon & Bianca › CELEBRITE : Karen Gillan › COPYRIGHT : endlessly epic (avatar), Lux (signature)
| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Lun 29 Déc 2014 - 12:59 | |
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Le passé revenait de plein fouet dans le visage de la rousse. Un bonheur éphémère, mais qui lui avait tant apporté qu'encore aujourd'hui, elle enviait cette vie de famille idyllique que les Martell vivaient alors. Le temps et la cruauté de la vie étaient passés et avaient tout balayé comme s'il ne s'agissait que d'un détail dans de petites réalités, dans des esprits parmi tant d'autres. Saskia avait bien refait sa vie à Huntington Beach, et frivole comme elle l'était, il fallait bien l'admettre, elle n'avait pas cherché à prêter son épaule à Anthony. Ils avaient partagé ô combien de quotidiens, de journées actives au bureau, de soirées remplies de rire... mais ils n'avaient jamais été spécialement proches. La jeune femme avait appris la nouvelle de l'accident comme elle aurait pu se faire poignarder une dizaine de fois ; son estomac s'était retourné, puis elle avait voulu oublier, sans réellement y parvenir. Alors elle avait aimé, encore davantage, tous ces précieux moments avec Keith et Béatrice. Vous attester qu'elle ne cherchait pas un bout d'Anne et Louise dans le jeune homme et sa fille serait certainement vous mentir ; elle cherchait la stabilité familiale que jamais elle n'avait réussi à obtenir de quiconque, si ce n'était son papa adoré. Quitter Chicago et la famille Martell, avait été, plus qu'elle ne saurait le concéder, quelque chose de compliqué. Il semblait qu'à chaque fois qu'elle se trouvait un substitut de famille, il ne lui était pas offert bien longtemps. Alors quand le sort -et la cruauté humaine- décida de ne pas laisser les deux femmes Martell en vie, ce fut un coup asséné de plus envers l'instabilité relationnelle de la jeune femme.
Alors elle avait, après le douloureux enterrement où Anthony n'était même pas présent - et hormis quelques interrogations envers Julian, parfois- , comme toujours, oublié. Je ne vous dis pas que c'était une sage décision, que c'était généreux, intelligent ou subtile, ni même que c'était conscient. Mais c'était ce qu'elle avait fait. Keith et Béatrice avaient été ses rayons de soleil, lui rappelant autant qu'effaçant l'épisode Chicago de son esprit. Et pourtant, ils se retrouvaient, presque et surtout pour le moment, comme s'ils ne s'étaient pas quittés.
" Pas à cause de leur grosse bagnole, faut pas oublier le plus important. Le cliché des 4x4: ce sont des gens qui s’en fichent de l’environnement. Ils achètent ces grosses voitures pour tout démolir au passage. C’est en général les gens qui se sentent pas concernés par les problèmes et la mort des castors. " Saskia leva les yeux au ciel, faisant mine de toiser son ancien collègue, alors qu'évidemment, il n'en était rien. " Oui, mais le cliché principal, c'est quand même qu'ils compensent! Donc je pense surtout que c'est pour se la péter, la destruction n'est qu'un dommage colatéral. " Parfois, on se demandait si elle rigolait ou non. Cette réplique faisait partie de ces instants où l'on se posait cette question. La brillante journaliste diplômée de Glamorgan dénotait avec l'original personnage roux qui avait grandi à Huntington Beach. Dans l'esprit de la jeune femme, tout était si simple que c'en était déconcertant ; cela semblait logique, qu'elle rigole ou non. Mais elle pouvait dérouter, et le plus drôle, c'est qu'évidemment, elle n'en rendait guère compte. Puis Anthony parla des castors et de cet éventuel futur article.
" Même si c’était d’un autre sujet, je reconnaîtrai un de tes articles. " Ce fut le sourire le plus éblouissant dont Saskia était capable auquel M.; Martell eut le droit à l'annonce de cette phrase. Dans le jargon journalistique, ou de l'écriture en général, ce qu'il venait d'affirmer équivalait presque à une déclaration d'amour. Parce que, de 1), cela montrait que l'on lisait ledit auteur, de 2) cela montrait que l'on avait compris ce qu'il avait tenté de communiquer : une information, une émotion, peu importait, de 3) on avait suffisamment assimilé ce message que cela nous semblait une évidence, que ce soit telle ou telle personne qui ait tenté de le faire. Et de 4), la façon d'écrire, l'alignement de mots, la mise en ordre des données, l'utilisation plus ou moins considérable d'idées abstraites, de figures de style pour exprimer des réalités parfois totalement différentes, la façon d'exposer son esprit à la vue de tous, avec plus ou moins de retenue, grâce au pouvoir du discours et du langage, était si uniques mais surtout si reconnus par le lecteur qu'il y associait un visage, et parfois des épisodes personnels de sa vie. C'était le plus beau des cadeaux. Et Saskia ne trouva rien de mieux à répliquer - mais avec beaucoup d'amour, cela dit - que, eh bien... :
Suspense.
" Hihihi !! "
Car oui, si la jolie rousse excellait à l'écrit ou du moins, lorsqu'elle avait un bon vieux support papier sous les yeux pour l'aider, des tonnes de données désordonnées à perte de vue sur une table ou dans un carnet serré dans ses mains, lorsqu'il s'agissait d'une allocution improvisée... C'était autre chose. Consciente de ta faiblesse de son remerciement, elle ajouta, pour se défendre: " Si un jour, je gagne un prix à une cérémonie, avec des jolies robes et des mecs en costard, j'aurais écrit trois options de discours, histoire de parer à toute éventualité, même si je perds et qu'ils veulent que je pleure sur scène. "
Mais puisqu'avec des retrouvailles pareilles, si inattendues, la conversation ne pouvait pas rester bien longtemps bien frivole et très joyeuse à l'image du passé commun des deux enquêteurs. Le journaliste parla de sa famille ; Saskia plongea son regard perdu dans son capuccino ; il ressemblait à un petit nuage de neige perturbé par un liquide chaud et énergique : deux mondes différents qui étaient obligés de se confronter l'un à l'autre. La rousse releva les yeux, sans pour autant croiser le regard de l'homme qui lui faisait face ; l'homme qu'elle ne semblait plus tellement connaitre. Jamais elle n'aurait pu prétendre connaitre tous ses secrets, certes, ni tout son passé, mais vivre avec lui l'avait ouverte à son intimité, lui avait permis de comprendre comment il fonctionnait, de guetter chacun des détails de son quotidien : son heure de lever, à quel point il n'était bordélique que dans son bureau, l'amour qu'il vouait à sa femme, si différent et complémentaire de celui qu'il avait alors pour son métier et la recherche de la vérité, le sourire qui illuminait son visage malgré lui lorsqu'il voyait sa fille rigoler aux éclats à l'autre bout du couloir, son côté gros dur voire Mac Gyver devant des situations où d'autres paniqueraient et où lui semblait avoir tout vécu et tout appris de la vie. Elle se souvenait avoir fixé son visage pour y reconnaître et y découvrir tant de détails : la fatigue naissante et pourtant déja installée au coin de ses yeux, son sourire qu'il ne dégainait que très peu au travail, sa peau claire et abîmée par le manque de sommeil et un travail acharné de tous les jours; et malgré tout cela, un air encore un peu juvénile et toujours partant pour de bonnes blagues et un éclat de rire à la pause café qui au final se transformait toujours ou presque en brainstorming avec sa jeune stagiaire rousse. Elle se souvenait s'être souvent dit que pour lui aussi, le flot d'idées devait être pénible à gérer dans son esprit. Elle se souvenait de sa vivacité d'esprit permanente, de leurs réunions noctures dans la cuisine parce que l'un ou l'autre avait eu une révélation dans la douceur de sa propre couette.
Et aujourd'hui, elle retrouvait un homme las, fatigué, qui essayait sans réussir, psychologiquement visiblement affaibli. Et Saskia, qui, tout ce temps, avait au fond espéré et souhaité qu'il refaisait sa vie quelque part, et surtout, gardait son amour de la vérité, de la recherche, de l'écriture, était bien énervée contre elle-même d'avoir cru en telle chose possible après un drame pareil. Et elle se débattait avec cette idée que tout cela était sa faute ; parce que cette affaire, leur affaire, avait causé ce tragique accident. Pourquoi l'avait-elle poussé à continuer cette enquête seul? Pourquoi avait-elle eu cette idée tordue? A deux, on était toujours plus fort. Pourquoi n'avait-elle pas fait d'allers retours à Chicago pour l'épauler, surveiller ses arrières...? Mais jamais elle n'admettrait, encore moins à voix haute. Alors elle se tut, imaginant une réalité qu'il lui décrivait et qui pourtant, elle le savait pertinemment, n'était pas. Elle rêvait de ce monde parallèle où elle se réfugiait si souvent, où le mal n'existait pas et où la vie de chacun resplendissait infiniment, sans aucun besoin de combat permanent contre soi-même.
Lorsqu'il évoqua l'histoire du scotch, cependant, miss Reynolds ne put s'empêcher de sourire et de pouffer discrètement, baissant à nouveau le regard sur le table. Ah, cette histoire de scotch... Bien sur, qu'elle avait toujours su, que cette étagère ne pouvait être réparée par du scotch et du fil de pêche. Mais elle s'était plu à inventer un monde en concordance avec celui de Louise ; un monde où rien en semblait impossible et où la logique n'était pas de mise. Et puis, il fallait l'avouer, elle avait eu envie de tenter de réparer cette étagère avec Louise, pour rigoler, semer des morceaux de scotch dans toute l'habitation, s'emmêler dans les longs morceaux de fils... A cette pensée, son regard s'illumina un peu, permettant de retrouver une joie qu'on connaissait toujours sur ce joli visage rond et légèrement juvénile.
La suite la rendit presque folle, si bien qu'elle sortit ; si elle ne pouvait s'échapper sur les cotes, de Huntington Beach ou de Penarth, soit, mais elle ne se laisserait pas enfermer dans ce bar à l'ambiance si lourde. Elle revint, essouflée, sans vraiment prêter attention à ce qui passait pour Anthony. Elle avait eu son moment d'égoïsme, et il lui fallait reprendre des marques.
" Ça va ? T’étais bien différente tout à l’heure… " Elle le regarda avec un haussement de sourcil, feignant l'incompréhension. " Différente? Pourquoi je serais différente? " Il ne voulut ensuite pas répondre à son interrogation. Elle le savait pertinemment, en posant cette question, elle toucherait un point sensible. C'était ce qu'elle souhaitait, le réveiller. Le but n'était pas de le blesser encore davantage, mais à voir son air triste, cette situation de déni ne le satisfaisait pas pour autant. Et le déni était une chose terrible.
Le déni... Comment l'on pouvait oublier une partie si importante de son histoire? Elle angoissait à nouveau, mais sourit à pleines dents. Elle retrouvait doucement son caractère, sa joie imoniprésente, son envie de connaitre la vérité, d'enquêter, d'observer, objectivement et avec beaucoup d'attention, mais avec émoi, finesse et douce empathie. Alors elle fixa son interlocuteur. Il évitait plus ou moins avec tact, eh bien, elle foncerait dans le tas ... plus ou moins avec tact, mais plus que avec moins que plus. " Pourquoi tu n'aurais pas envie d'en parler? Elles étaient en train de t'acheter une cravate trop laide ou quoi? "
Puis elle soupira et s'avachit au fond de sa chaise lorsqu'il lui fit son petit numéro ; un petit numéro, c'est comme ça que finalement, elle commençait à percevoir sa réaction. Parce que même si ils n'avaient pas été meilleurs amis du monde, il lui avait promis de rester en contact avec elle, de la tenir au courant de leur enquête, qui était devenue la sienne ; et elle avait attendu. Puis il débarquait, et lui annonçait que l'accident - dans lequel sa femme et sa fille étaient décédées, mais il ne lui disait pas ça, non ! -, le fameux accident, avait sonné la fin de cette enquête?
La rousse paraissait-elle fragile à ce point? Dans ce cas, il y avait eu un problème en ce qui concernait son image publique. Elle décida de le retrancher dans son mensonge, le tout avec le sourire. Oh, oui, elle était chiante. Mais elle détestait le mensonge.E Et c'était plus facile que de chercher l'origine de cette angoisse flottant dans son estomac, angoisse qui elle le savait, était due à autre chose, de plus, que le remue-ménage de ces souvenirs.
" Alors, donne moi le numéro d'Anne, que je l'appelle, que je l'invite. " Puis, elle se pencha sur la table, fixant son regard dans les yeux fuyant de son ami -parce qu'avant tout, oui, il restait son ami, celui qui l'avait hébergée et tant aidée. " Ton cousin n'a pas entendu parler de toi? Donne moi son nom. Ou si tu ne veux pas que je m'en mêle, tu vas le voir et tu le mets face à tout ça. Ne fuis pas." Elle détestait la fuite. (Oui, c'est l'hôpital qui se fout de la charité) " Il ne le savait pas, maintenant, il sait. Vous allez pas trainer avec ça dix ans, vous allez regretter. " Puis elle approcha son visage de celui de son ami et chuchota presque, et demanda, avec sérieux et en même temps avec beaucoup de légèreté, digne de Saskia Reynolds en pleine discussion concernant l'avenir intergalactique : " Bon. On arrête de rigoler maintenant. Donne-moi son nom. " Alors qu'elle prononçait ses paroles, elle sortait doucement parce que sans le regarder (les yeux fixés sur Anthony) son Moleskine, qu'elle posa devant elle, et qu'elle ouvrit. Elle sortit un stylo de la même façon puis finit par sourire, comme si elle interviewait Radiohead, prête à écrire, la main dans les starting blocks au-dessus d'une page presque vierge de son calepin gribouillé et abîmé d'avoir tant voyagé.
" Bordel Saskia !" La table sursaute, et elle aussi. Sans bouger la tête, elle fait bouger ses yeux de gauche à droite, puis de droite à gauche, parce qu'elle sent quelques regards. Finalement, elle se tourne vers les curieux et rigole, très enfantinement. " C'est rien, on répète une pièce! " Puis elle leva les yeux au ciel et fit un signe de la main en continuant de rigoler, se justifiant : " De toute façon, qui s'appelle Saskia de nos jours, non vraiment... " Puis elle se racla la gorge et revint à leur conversation. Les visages retournaient à leur café ou leur bierasse matinale alors qu'Anthony continuait de s'énerver. Elle le regarda d'un air d'autoroute, décontenancée de le voir s'énerver comme ça devant lui, puis baissa la tete sur son calepin et prit quelques notes. Si si.
Puis le portable de môônsieur sonna. Une histoire d'urgence pas possible. Saskia haussa un sourcil. Après s'être énervé comme Galadriel dans le Seigneur des Anneaux - presque avec la même voix et tout, ou du moins, c'est comme ça que la rousse percevait la scène -, Anthony voulut se lever. Il n'y parvint pas. L'apprentie journaliste finit par répondre, le plus calmement du monde:
" Si tu vas à Chicago, j'y vais aussi. De toute façon, visiblement, faut te porter. " commença-t-elle en le fixant. Puis elle baissa la tête sur ses notes approximatives du discours de msieur Martell. " Alors alors... " continua-t-elle comme le ferait un psy face au déballage d'un patient. " 1) Non, je ne pige pas le danger dans cette affaire. Je veux dire, je n'ai RIEN suivi la concernant, je ne t'ai apporté AUCUN élément. Bon c'est sur, si tu m'avais donné le fin mot de l'histoire, peut-être que je ne serais pas si ignorante. " Elle ponctua sa réflexion faite froidement par un éclat de rire tellement faux mais qui se voulait, à la base, relaxant dans cette atmosphère devenue carrément invivable. En réalité, cela lui donnait un air de Cruella d'Enfer des temps modernes, le manteau en Dalmatiens en moins. " Ensuite... Tourner la page? Ton dos, il a tourné la page? Et puis tu as l'air tellement heureux, ton visage respire le bonheur. Troisièmement, mon dieu, si on était dans un film de superhéros, tu serais le héros invincible et on ne serait pas là, je ne serais pas en train de te contempler avec ta tête de gamin à qui l'on a volé un Lego à l'école !" Le tact, Saskia, le tact. C'était son ami, et elle se permettait trop... Mais personne n'avait donc jugé bon de le remettre dans le droit chemin? Elle marmonna quelques mots à peine audibles : " " En même temps, si c'est des Lego Star Wars, je comprends... même si, pfff, R2-D2 c'est chaud de l'avoir sans un gros vaisseau spatial à 80 balles... ", puis reprit sur le même ton et avec le même calme que précédemment : " Et après tu me dis, que c'est MOI qui ai un problème? Qui c'est qui fait un esclandre parce que je veux finir notre boulot là? "
Saskia, on l'aimait pour son honnêteté. Son honnêteté, toujours ponctuée de touches d'humour. Alors elle ne continua pas sur cette route remplie de reproches. Elle qui évitait si souvent les problèmes, les réflexions négatives, s'en voulait presque de lui avoir dit tout ça.
Elle posa ses deux mains sur sa table, lâchant son stylo avec entrain. " Sois un superhéros bon sang! J'ai une cape chez moi même, si tu veux ! " La demoiselle eut un air songeur puis balaya cette idée d'une main. Non, elle ne savait même pas où elle était, si elle l'avait lavée depuis la dernière fois que quelqu'un l'avait portée, puis... bref, oublions.
Elle ne demandait pas grand chose. Juste de ne plus sentir cette angoisse profonde, de ne pas sentir avec insistance ces fourmis dans ces bras, et cette douleur dans son œil. Elle n'avait jamais senti sa jambe aussi lourde. Elle n'avait jamais pensé être aussi inutile face à un ami dans une détresse qu'il ne savait même pas reconnaître sur lui.
MAIS Saskia Reynolds eut une idée de génie. Elle fit mine de reprendre son stylo.
Et renversa le petit récipient de lait aussi loin que possible. Il y eut une flaque assez grande sur la table, alors que le récipient en fonte rebondissait sur le sol. Saskia soupira de lassitude devant sa vaine tentative, mais continua quand même sur sa voie. Après tout, il avait bien dû recevoir quelques gouttes... Peu convaincue, elle poursuivit sa mini-scène, alors que les visages curieux se tournaient à nouveau vers le duo insolite. " Oups, désolée. Tu peux pas retourner à Chicago comme ça. T'es trempé. " Pas crédible. Il est sec comme le Sahara. Un peu plus, et la demoiselle était prête à courir aux toilettes pour venir lui jeter de l'eau plein la tête. Bon Dieu, pourquoi fallait-il toujours que ça tourne en batailles de polochons ou d'eau?
Un duo insolite, qui ne savait plus comment s'apprivoiser. Mais malgré tout ça, mon Dieu, qu'elle l'aimait son Anthony. Si elle avait été une psychopathe, elle lui aurait cousu un joli sourire sur le visage. Idée qui lui fit s'allumer ses yeux tels deux petites étoiles qui auraient retrouvé la vie -oui bon, je sais, techniquement, des étoiles sont mortes, blablabla...
Un duo insolite qui était fait pour durer, et ce malgré les regards désapprobateurs qui les entouraient. Ils n'étaient peut-être pas meilleurs amis au sens strict du terme. Mais ils étaient là, tels qu'ils étaient et tels qu'ils avaient été. Le duo insolite. Et dans la hiérarchie de "connaissances" à "amis", c'était carrément bien placé. Eh ouais.
LE duo insolite.
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Mar 27 Jan 2015 - 0:44 | |
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Retour au passé. Retour en arrière assez douloureux, un rappel qui faisait mal. Je n’ai pas pensé me retrouver en face de ma ancienne stagiaire. Mais je n’aurais pas pu la laisser se faire écraser par un 4x4 qui a roulé à grande vitesse et qui pollue tout le monde. Si ce n’était pas Saskia, j’aurai quand même réagi en mettant ma vie en danger. Le danger ne m’est pas inconnu, il y a pas longtemps j’adorais ça. J’étais plutôt casse-cou et j’aimais découvrir la vérité, ce qui se cache dedans. Mais quand on découvre une vérité, c’est … La vérité, c’est comme une petite couverture. On la tire pour avoir chaud, on a quand même froid aux pieds. On a envie de chercher d’autres vérités liée à celle ci. De chercher d’autres bouts de couvertures pour lier à la principale. On a toujours soif de la vérité, on rêve tous d’avoir le dernier mot de cette affaire. Quand on découvre une grosse vérité, l’inattendue. Elle est souvent moins plaisante et dangereuse. Il m’est souvent arrivé de garder les informations importantes, secret. De ne devoir faire confiance à personne, même à mon téléphone que j’inclus comme personne. Quand on découvre une grosse vérité comme celle de l’affaire de la banque. Je deviens paranoïaque. Après tout ce qu’on m’a fait subir. Revoir Saskia maintenant, c’est quelque chose. C’est un courant qui est passé dans tout mon corps, parce que je me rappelle. Je me rappelle que j’étais censé de l’informer de mon avancée sur l’affaire. Elle était impliquée au début, j’ai réussi à l’en éloigner. Avec son stage terminé et la distance des villes. Je n’ai pas pensé une seconde que Huntington Beach était sa ville. C’était là où elle vit. Nous sommes là à parler comme des amis qui se sont pas quittés depuis trop longtemps. Le contact se fait sans difficulté. Je regarde ma ancienne stagiaire qui lève les yeux au ciel, je penche un peu la tête de côté, pas impressionné par sa réaction. Je lève à mon tour les yeux au ciel « _ Non. » Je soupire et fais un geste avec la main. Finalement je coopère « _ Oui. Ils achètent une voiture pour se la péter, mais aussi pour détruire l’environnement parce qu’ils n’en ont rien à foutre. Les castors, ils s’en branlent. » Je la regarde et je m’arrête là. Je ne vais pas plus loin avec ce sujet qui va virer au débat qui va durer des heures. Je parle donc de son futur article et des castors. Saskia sourit à mon compliment, je lui réponds par un sourire sincère, pour appuyer mes dires. C’est vrai. J’ai passé beaucoup de temps, plus que d’autres stagiaires et Julian en personne à lire ses articles. J’ai donné mes conseils et elle mérite un tel compliment. Je laisse échapper mon rictus quand je l’entends rire. Je regarde devant moi, les mains dans les poches, avec ce petit sourire. Fier du compliment que j’ai donné. Je hausse les sourcils, surpris par ce qu’elle vient d’enchainer. « _ Et ce serait quoi ces trois fameuses options ? » fais-je finalement curieux.
Faut pas juger les retrouvailles trop vite. Des fois, ça peut déraper en cours. Je pense en faite, que les étapes des retrouvailles sont dépassées. C’est fini. On prend des nouvelles et … Ce que j’ai crains arrive. J’ai toujours détesté parler avec des personnes qui me connaissent dans le passé. Parce qu’ils savent quelques part, la majorité non. Saskia fait parti de la seconde catégorie, parce qu’elle est partie à Huntington Beach et n’est jamais retournée à Chicago. Elle est restée dans sa petite ville Californienne. Elle est retournée à son monde. Elle était partie Saskia, prendre de l’air, parce qu’elle n’arrive pas à digérer cette ambiance. J’ai pensé que c’est une bonne transition pour changer de sujet. Ne pas laisser les choses déraper, ne pas perdre le contrôle. Je ne dois absolument pas perdre le contrôle. Absolument pas. Je n’ai pas envie qu’elle voit qui je suis réellement. Elle feint de ne pas savoir de quoi je parle. Je la regarde avec un air qui veut dire: ne te fous pas de ma gueule. Je la regarde sérieusement, les bras sur la table, qui entoure ma tasse de café. « _ C’est ça oui. » laisse-je dire. Je ne crois pas à sa comédie. Absolument pas. Je lui dis que je ne veux plus en parler mais je me rappelle d’avoir dis à ma ancienne stagiaire que des fois, c’est très bien d’être une tête de mule. Si j’avais la possibilité de retirer cette phrase que j’ai dite des années plus tôt, je l’aurais fais maintenant. Merde ! Je la regarde, je lui lance un regard différent des autres. Un regard sérieux, qui se mêle à la colère sourde, qui commence à émerger. « _ Saskia. » fais-je dans un calme que j’essaye de maitriser. Je la regarde droit dans les yeux. La suite ? Elle est devenue terriblement chiante. Elle insiste sur tout les points, elle essaye de me pousser à bout. Je réponds après ses interventions. Je hausse les sourcils « _ Tu sais qu’elle n’est pas très téléphone cellulaire. Je croyais que tu as toujours le numéro de notre maison. » Même si je le lui donnais, Anne ne répondra jamais parce que c’était un numéro inconnu et aussi parce qu’elle a le don incroyable de rater tout les appels depuis l’incident de l’hôtel. Ça ne me surprends pas plus que ça finalement. Je réponds sans sourciller au sujet du cousin. Je me penche aussi sur la table et j’ai l’impression que l’ambiance se dégrade et que notre conversation s’est transformée en joute. À ce moment-là, je n’ai pas remarqué. « _ Les choses ne sont pas si faciles que tu ne le penses. Il faut prendre le temps d’assimiler la nouvelle. On a terminé notre première soirée de retrouvailles en cellule, me faut du temps. » je remonte le menton vers elle pour la désigner. Les bras toujours sur la table. « _ T’aurais fait pareil quand tu trouves quelqu’un qui aurait pu être proche de toi si tout était passé comme tu l’aurais prévu ? Prendre le temps d’entrer à nouveau dans la vie de quelqu’un. » Peut-être fuir finalement, pour ne plus jamais revenir. Elle insiste sur le prénom de mon cousin Pacey. Je la regarde sérieusement, je laisse la pause et je dis sans aucune hésitation. « _ Non. » fais-je lentement pour lui faire comprendre qu’elle n’arrivera pas à m’arracher son prénom. Hors de question d’embêter mon cousin avec elle pour cette histoire.
Ça y est, je suis presque à bout à force de me chercher comme ça. Sa façon de sortir son carnet Moleskine, d’enchainer par d’autres questions. Elle ne comprend absolument pas que quand je dis, qu’il faut mieux ne pas se focaliser sur cette putain d’affaire, c’est qu’il ne faut pas faire. Mais cette stagiaire. Est. Une. Vraie. Tête. De. Mule. C’est bien d’un côté pour les autres. Mais quand c’est moi qui en fait les frais. Ça va plus. Je m’énerve et j’aurais aimé qu’elle ne me voit pas m’énerver. Niveau minimum. Mon énervement est au niveau minimum. Après mon énervement contrôlé pour essayer de lui faire comprendre que ce n’est pas la peine d’aller plus loin que moi, après le coup de fil improvisé de Pat qui me sauve en quelque sorte la vie, mais cette tentative a été gâchée par la douleur surprise à mon dos qui me force à me rasseoir. Même mon dos est contre moi. C’est quoi cette conspiration ? Je lui lance un regard noir quand elle fait son premier commentaire. « _ Ah ah ah. » fais-je avec un grand sarcasme. Je l’écoute, n’ayant pas trop de choix. Je n’essaye pas de l’interrompre. Donc, son numéro un, avec la parenthèse derrière. Je hoche la tête, avec un air faussement surpris. Quand on découvre la vérité, aussi dangereuse. Forcément que je ne lui tiens pas au courant pour sa putain de sécurité, pour qu’elle vive heureuse et qu’elle n’ait pas à vivre l’équivalent du cauchemar que je viens de vivre ! La rousse fait un faux rire mais un éclat de rire absolument faux que moi je finis par faire aussi un faux-sourire. Je fais un geste du menton pour l’inviter à continuer. Parce que y a jamais le un sans le deux. Par contre là, mon faux sourire disparait. Le trois, je serre sans m’en rendre compte la tasse que je finirai par bien la casser… Je fronce les sourcils, j’essaye de l’entendre sur ce qu’elle est en train de marmonner, je m’affale sur ma chaise avec un air d’abandonner toute tentative de l’entendre. Je grimace et me redresse rapidement, putain le dos… C’pas le moment de me faire chier. Elle reprend en revenant sur le travail qu’on a commencé ensemble au début. Je lève les yeux au ciel et inspire pour contenir ma colère. Elle continue, avec sa franchise… Elle dit tout ce qu’elle en pense ? Ha. Sa dernière phrase de conclusion, m’a énervé. Je ne sais pas pourquoi mais c’est avec un cri de rage parfaitement réprimé que je lui dis, je pose la main doucement par rapport à tout à l’heure où j’ai maltraité la table. « _ Mais le boulot est fini bordel ! » fais-je avec une once de voix qui trahit énormément l’énervement qui commence à monter. Je lève la main, le coude sur la table et je soupire. Je laisse la tasse de thé qui en a marre de subir la pression de ma main, je me masse le front et l’oeil avant de reprendre. « _ Bon. Tu as été franche là-dessus. » je continue à me masser le front avant de reprendre, les bras sur la table. « _ Alors à mon tour de l’être. » Je vois sa main tenir un crayon, continuer à écrire. Je fais une grande inspiration et serre la mâchoire, énervé. « _ D’abord… » Sans prévenir, j’attrape son moleskine pour le poser à côté de moi. Prêt à l’empêcher de le récupérer. « _ Tu ferais mieux d’arrêter d’écrire, sinon je vais finir par emmener ton carnet et le faire bouffer à Connor. » Je le garde toujours avec moi ce carnet. Saskia va devoir se débrouiller pour écrire sans. Parce que je ne le permettrais pas.. D’ailleurs, je prends ce carnet et l’ouvre sans lui demander son autorisation: rien à branler. Je m’éloigne un peu de la table pour éviter de me prendre un main perdue de la jeune rousse « _ Pour répondre à ton Numéro 1… Et partiellement à ton numéro 4 si j’ai pas perdu mon talent de calcul mental grâce à l’accident. » fais-je en train de la regarder droit dans les yeux. Je regarde son carnet, je feuillette les premières pages de son Moleskine. Je cherche la page, cette putain de page où elle a noté. « _ Ah la voilà. » je la regarde et me rapproche de la table pour montrer cette putain de page. Devant elle. « _ Jack Vince. Tu te rappelles bien de lui ? Ça m’étonnerait que tu l’aie oublié. Tu as été tellement contente d’avoir réussi à le convaincre à ta manière de le faire quitter Chicago. Avec sa famille pour le mettre en sécurité. » Je ferme le carnet et le dépose sur la table pour le faire revenir vers moi. Je la regarde. « _ Il est mort. À Boston, il est mort dans un accident de voiture avec sa famille. Ils ont placés les enfants dans les foyers Contrairement à moi, ils ne l’ont pas épargnés. » une pause, je fais une grande inspiration et je regarde ailleurs. Les enfants ont été arrachés à leur oncle et tante qui ont été jugés incapables de prendre en charge les enfants Vince. « _ Je ne t’ai pas oublié Saskia. Je veux que tu aies la moitié du mérite du travail que nous avons fait, même si tu as participé au tout début. Tu veux savoir pourquoi je dis que cette putain d’affaire est terminée ?! » Mon ton monte et je m’en fous. « _ Parce quand tu découvres la vérité et qu’elle n’est pas ce que tu attendais quelque part. Qu’elle en cache une autre, une qui est plus sombre. Tu n’es pas dans la capacité de dire quoique que ce soit à qui ce que ce soit. Que tu es en danger à n’importe quel moment. Je ne pouvais rien te dire, parce que si je l’avais fait. Tu aurais fini dans un accident de voiture et … » Je ferme les yeux et secoue la tête pour me reprendre. « _ Pour cette affaire. Quand tu découvres la vérité, tu n’as qu’un avenir: la mort. Je suis chanceux de ne pas avoir fini comme Vince. Mais je cache pas qu’il y a des moments où je veux finir comme lui, parce que être considéré comme responsable de l’accident, me faire porter le chapeau. Être criblé de dettes, ne pas avoir un boulot et être surveillé pour chaque action. Être considéré comme un fou et… » J’arrête de parler, je sens les yeux qui prennent le risque de briller, je les ferme et soupire encore. Je me rappelle comment je me suis réveillé après un long coma. Qu’elles n’étaient pas là. Et que finalement, elles ont réussis par revenir pour moi. M’aider à supporter cette vie qu’on m’a infligé. D’avoir été considéré comme responsable de l’accident alors que je n’ai pas été en faute. De devoir régler toutes les dettes que j’ai pu accumulé au lieu de les alléger. Ne plus être apte pour une année minimum au boulot et de devoir passer tout les jours à l’hôpital: surtout y vivre. Surveillé et considéré comme un fou… Je prends l’inspiration « _ Ils m’ont détruit. Ils nous ont détruit… » Annonce-je de ma voix presque brisée. Je prends une autre pause, je regarde par la fenêtre et joins mes bras sur la table. « _ Je ne veux juste pas gaspiller ma seconde chance, l’opportunité de tourner la page et franchement… Si tu veux vraiment perdre la vie et reprendre le boulot. Je ne t’aiderai pas à te diriger droit sur ce chemin là. » Je regarde par la fenêtre, les gens qui passent, dans l’insouciance. « _ Il n’y a plus aucune preuve. » mensonge. Je les ai cachés, mais je n’ai pas envie de les déterrer, ce n’est pas encore le moment… « _ Aucune preuve pour reprendre cette affaire, plus de témoins, ils s’en sont occupés. Ils ont effacés toutes les traces. Il est important que tu ne saches pas Saskia. J’y tiens vraiment. » Je montre ma main, pour l’empêcher de prendre l’initiative de prendre la parole « _ Tu n’as pas le droit de reprendre ce travail. Je ne permettrai pas qu'une personne fasse la même erreur que moi: chercher la vérité. Parce que tu feras exactement comme moi, pas la même technique, mais tu tomberas exactement au même résultat.» Je secoue la tête, quelque part, j’ai tellement envie de tout lui dire. Mais sa façon de me voir, va énormément changer. Mieux ne vaut pas faire ça. « _ Il s’agit pas de banque dans cette histoire, c’est plus gros que ça… Ça inclut des gens plus puissants. » Ce n’est pas un attentat terroriste. Ce n’est pas une guerre. C’est la corruption. La corruption à tout les niveaux. « _ Bon. Attends. J’ai pas fini de répondre. C’était la réponse au numéro un. » Maintenant passons au putain de numéro deux. « _ Je tourne la page. Que ça te plaise ou non. Si j’apprends par tout hasard, que tu as commencé fouiller pour continuer ce boulot… » Je me pince la lèvre, je la regarde droit dans les yeux « _ Ce serait bien que tu me préviennes pour que je m’y prépares, encore si tu te fais choper, ne serait-ce que laisser une trace de ton nom sur une feuille: t’es foutue. » oui là je dramatise un peu. Mais je ne peux pas faire autrement, je me dois insister pour qu’elle ne reprenne pas ce boulot. « _ Je tourne la page, parce que je ne veux plus revivre tout ça. Je ne veux plus à avoir chercher la vérité parce que… Je me suis rendu compte que c’est tellement mieux d’être ignorant de certaines choses, surtout quand on n’a pas le pouvoir de modifier la vie des gens. » Les hommes mêlés à la politique font parti de l’affaire que j’ai étudié auparavant. Ils étaient impliqué jusqu’à la moelle. « _ Reprendre ce travail, c’est vraiment m’empêcher de passer à autre chose, je n’ai pas besoin de ça. » Non. Je n’ai pas besoin de ça. Anne et Louise n’ont pas besoin d’avoir à nouveau peur. Je n’ai pas besoin de vivre tout les jours exactement comme il y a deux ans. Non. Je ne veux pas de tout ceci, je veux vraiment tourner la page. Écrire mon livre, pour expliquer mon parcours. Pour dénoncer le tout. Le faire publier pour dénoncer et sortir à ce moment-là le reste des preuves que j’ai pu sauver. Sauvé de la destruction et qui prennent toujours la poussière en ce moment. « _ Le trois. Les superhéros ne sont pas invincibles banane. Ils ont tous une faiblesse. Superman avec sa kryonite - je sais pas comment on le dit, le truc vert dont il a peur -, Hulk qui ne se contrôle pas… Ils ont trouvés ma faiblesse et je ne suis pas un superhéros. Contrairement à eux, j’ai besoin de temps et je ne reprendrai pas l’affaire. » Silence. Je regarde le Moleskine qui a dû en voir de toutes les couleurs. Je souris tristement et mets la main dessus pour le glisser sur toute la table vers Saskia. Au moment où elle le reprend, je bloque le moleskine sur la table. « _ Numéro trois ou quatre - j’ai finalement perdu le compte. ET OUI. TU as un problème que tu n’oses pas de régler. Je le vois pleinement et quoiqu’il en soit. Je finirai par le découvrir. Parce que ce problème que tu possèdes. TU ne peux pas le nier. » tout comme moi quelque part je ne peux pas vraiment le nier mais je m’y accroche toujours. « _ Parce que… Ça m’énerve de devoir le dire, mais parmi tout le monde que j’ai pu rencontrer. Tu sembles être la seule à savoir ce que c’est, que ça ne t’a pas semblé supportable. Ça t'es familier » Je lâche son carnet qu’elle récupère, je la regarde droit dans les yeux. Qu’est-ce que je la hais des fois Saskia. Mais pas autant que je l’apprécie. Mais nous avons tous les deux cassés quelque chose, qui ne se réparera probablement pas. « _ Je ne veux pas connaître tes réponses alors tais-toi. » fais-je en l’empêchant de prendre la parole pour répondre à tout ce que j’ai dis. Je me déplace un peu signe que je vais me relever, sauf que Miss Reynold a eu une idée de renverser le lait sur toute la table. Je la regarde avec un air de dire: sérieusement, tu crois que je vais gober ça ? Que t’as pas fais exprès ? Je prends vite la serviette qui était sur la table pour la poser sur le lait qui s’est éparpillé sur la table. « _ Depuis quand, Miss Reynold, être trempé m’empêchera d’aller à Chicago ? C’est tellement pas crédible. » Signe que je ne suis pas trempé. Je prends la serviette trempée de lait et la balance sur le coin de la table, sauf qu’il a atterri sur le Moleskine. Silence de stupeur. Je ne l’ai vraiment pas fais exprès mais comment j’ai réagis. C’est pas crédible non plus. Je souris légèrement, gêné. « _ Oups, Désolé. Le Moleskine ne peut finalement pas me raccompagner à Chicago comme ça. Il est trempé. Il faut qu’il ait quelqu’un qui soit à ses côtés. » je me lève doucement et fronce les sourcils sous la douleur. Je sors juste quelques dollars pour payer mon café, lui fait un petit sourire - le dernier sourire. Bien que les regards restent rivés sur moi qui marche pour sortir de ce café.
J’ai ce besoin de respirer l’air frais, l’air marin…
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| | | Saskia Reynolds super lama en quête de secrets
› MESSAGES : 1520 › EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014 › AGE : 37 › STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois › QUARTIER : Pacific Lane › PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse › DOUBLE COMPTE : Gidéon & Bianca › CELEBRITE : Karen Gillan › COPYRIGHT : endlessly epic (avatar), Lux (signature)
| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Dim 1 Mar 2015 - 15:30 | |
| " Je sais pas, je suis encore sur le coup, et puis je ne veux pas que tu publies ça avant l'heure fatidique. Ce serait de la triche. " Cette conversation semblait bien anodine, saisie ainsi. " Mais ça parlera sans doute de mon amour éternel pour Petit Pois. " Voyant le regard inquisiteur d'Anthony, elle ajouta : " Mon chat. Il est trop chou, c'est le meilleur. C'est Superchat. Je lui ferai une cape, un jour. " Malgré le temps qui était passé et avait laissé ses traces, la jolie jeune femme n'avait point perdu son imagination. Pourtant, rapidement, trop rapidement, l'entrevue allait prendre une nouvelle direction, plus douloureuse et donc, moins plaisante.
Il avait suffit d'un simple échange. D'un désir de rattraper, d'une certaine façon, le temps perdu. Juste de quelques mots, de quelques minutes tout au plus. D'une ambiance pesante qui s'était peu à peu furtivement installée. Oh, non, il n'avait pas fallu grand chose. Juste une confrontation de leurs souvenirs et de leurs caractères bien trempés. Des caractères de journalistes, en somme.
Car si les deux anciens collègues se faisaient face, dans ce petit café, ils faisaient encore davantage face à leurs démons respectifs, ceux qui les ramenaient à un passé douloureux, différent pour chacun, vécu de façon autre également. Ils se faisaient face, et leurs réactions, portées par des mots, devenaient les armes des amoureux du langage, de la parole et de l'expression. Et pourtant, puisqu'ils se connaissaient peut-être encore au fond, trop bien, c'était vainement qu'ils essayaient de se décrypter. Saskia, d'un côté, était en position d'attaque, de connaitre absolument la vérité, parce que de ce côté là, la rousse n'avait guère changé, quelle que soit la réalité qui lui parvenait à la clé. De l'autre, Anthony, pour se défendre, devenait agressif. " C'est ça, oui. " sortit-il brusquement, laissant une Saskia relativement silencieuse en face de lui. Puis il insista dans son argumentation, la provoqua légèrement. Elle décida de jouer la carte Saskia. Elle sourit, puis pinça ses lèvres pour étouffer un rire. Ne pas dramatiser. Ils le faisaient trop. Mais elle ne rétorqua rien. Elle ne lèverait pas le ton, pas comme ça. C'était à lui de faire son chemin dans son esprit, elle n'était pas sa psychologue. Puis à ce moment précis, elle avait autre chose en tête : comme une ombre qui hantait son esprit. Un fantôme dont on ne voit pas le visage ; un vague souvenir brumeux. " Les choses ne sont pas si faciles que tu ne le penses. Il faut prendre le temps d’assimiler la nouvelle. On a terminé notre première soirée de retrouvailles en cellule, me faut du temps. " Elle sourit encore. La jeune femme, pour le moment, prenait ses réponses avec une certaine légèreté. Il fallait dire qu'elle n'avait jamais été du style à surenchérir, chercher les ennuis là où ils n'étaient pas supposés se trouver. " T’aurais fait pareil quand tu trouves quelqu’un qui aurait pu être proche de toi si tout était passé comme tu l’aurais prévu ? Prendre le temps d’entrer à nouveau dans la vie de quelqu’un. " Cette remarque lui fit cependant tiquer et hausser un sourcil. S'il y avait bien un défaut qu'on ne pouvait que très difficilement trouver à Saskia, c'était son manque d'empathie. Son altruisme en devenait même parfois presque inquiétant; sa propre personne, ses propres problèmes, elle les niait... au sens propre du terme. Et si elle était relativement embêtante lors de cette présente discussion, c'était bel et bien pour avoir l'opportunité d'épauler Anthony, s'il la laissait entrer dans son univers devenu bien sombre. Mais il ne lui faisait plus confiance. Il ne semblait plus la connaitre, avoir oublié ce qu'elle était, ce qu'ils s'étaient apporté l'un l'autre, pourtant des mois durant. Alors évidemment, qu'elle se posait d'elle-même ce genre de question. Bien sûr qu'elle s'était demandé de quelle façon elle aurait réagi. Elle avait beau, parfois, avoir l'air d'être une idiote finie, elle réfléchissait, dans ce genre de moment, aux questions qu'elle posait. Elle était journaliste aussi. Toujours stagiaire, toujours avec ses gaffes, ses maladresses. Mais journaliste. Une part d'elle qu'il semblait oublier, privilégiant le souvenir d'une jeune fille gauche et ... jeune. Apparemment trop jeune pour lui. " Je sais juste qu'il y a de belles rencontres, et que même si elles peuvent blesser, si tu ne fournis par tous les efforts du monde pour les rendre possible, tu t'en lamenteras dans un moment. Mais bon, c'est toi qui vois. " Elle laissa donc tomber. Elle n'allait pas insister. S'il ne voulait plus d'elle dans sa vie, très bien, le message était parfaitement passé. Etait-ce à cela que leur rencontre inopinée était vouée? Etait-ce finalement un simple au revoir? Rempli d'aversion, d'indifférence ?
Son sourire avait quitté son visage. La rousse avait baissé les yeux sur la table et son carnet Moleskine. Elle y avait écrit "cousin Anthony". Il ne lui dirait rien, certes. Si c'était ainsi le seul moyen de garder contact avec la réalité de son ancien collègue, elle s'y accrocherait. Il la repoussait. Finalement, elle se rendait peu à peu compte qu'il ne s'agissait pas d'un entretien, d'une interview quelconque. Cela devenait clair dans son esprit, alors elle lâchait peu à peu l'affaire.
Peu à peu, cela ne signifiait pas qu'elle ne ferait pas de discours. Ce qu'elle fit. Mais les réactions de son interlocuteur ne lui échappèrent aucunement. Elle ne les releva cependant pas. Il voulait avoir la réaction digne d'un enfant, certes. Elle, elle disait les choses. Puis il lui sortit sa tirade. Contrairement à Anthony, elle resta impassible mais ne put s'empêcher de sourire. Il y avait des choses qui au fond, l'énervaient. Mais elle ne le montrait pas, parce que Saskia ne monte pas au créneau. Et puis on les regardait assez bizarrement, dans le café, déja.
Il lui parla de choses graves, qui la touchèrent profondément. Il voulait blesser, et il le parvenait avec brio. Elle ne montra rien. Elle était une adulte, qui était en train de se faire... eh bien... disputer par un papa blessé. Par un papa qui n'en était plus un, et qui refusait cette absence, tant et si bien qu'il recherchait sans doute, d'une façon, à être père avec elle. Voilà l'analyse qu'elle fit durant le long discours énervé et énervant d'Anthony. Quand il eut fini, elle laissa planer un petit silence, puis répondit, ni froidement, ni chaleureusement, juste impassiblement, mais avec un petit sourire en coin. " J'écris si je veux, et je parle si je veux. Tu le sais très bien, on n'empêche pas un journaliste d'écrire. Même si je suis une ridicule et incapable stagiaire apparemment. Je fais si mal fait mon travail, j'ai mal protégé Jack? Tu m'accuses de quoi en fait, là? Tu me rejettes sa mort dessus! Bravo! " Contrairement à son ancien collègue, elle ne haussait pas le ton. Parfaitement calme, elle argumentait avec douceur et presque humour dans le ton de sa voix. Pourtant, dans son esprit, c'était la pagaille. On venait tout de même de lui annoncer la mort de Jack. Il avait voulu lui faire mal, effectivement, et il avait vraiment réussi. Pour ça, elle lui en voudrait éternellement. Cette annonce remplie de haine, brutale, l'avait touchée, et elle devait prendre sur elle pour continuer cette conversation, en face de cet homme qu'elle reconnaissait à peine. " Tu savais que ce serait une histoire compliquée, très compliquée, on le savait tous les deux. Tu as eu ta réponse. Moi non. Je suis capable d'assumer. Si tu ne me dis rien, je respecte ta décision. Mais je trouverai par moi-même. " Elle s'avança, coudes sur la table. " Que ce soit bien clair, Anthony. Je sais qu'au fond, malgré toutes les horreurs que tu me dis, tu essaies de me protéger. Mais tu me traites comme une gamine, comme une simple idiote même. Je suis une adulte. J'ai 27 ans. Je suis autonome. J'ai un chat qui ne manque jamais de croquettes, des livres plein ma chambre, je ne suis dépendante de personne. Mon travail, même si tu le trouves ridicule et mal fait, il est ma vie. Tu n'as pas le droit de prendre une décision pour moi. Tu as pris la décision de ne pas être honnête avec moi, ni avec toi-même. Laisse-moi prendre ma décision. "
Il n'avait pas voulu entendre sa réponse. Alors elle s'arrêta là. Mais l'argumentation d'Anthony appelait tellement de mots dans son esprit qu'elle aurait pu continuer longtemps.
" Numéro trois ou quatre - j’ai finalement perdu le compte. ET OUI. TU as un problème que tu n’oses pas de régler. Je le vois pleinement et quoiqu’il en soit. Je finirai par le découvrir. Parce que ce problème que tu possèdes. TU ne peux pas le nier. " Elle essaya de croiser son regard. Bon sang, de quoi parlait-il? S'en avait-il pas fait assez? La jeune femme secoua vivement sa main, sans en comprendre tout à fait le but. Un réflexe, sans doute. Quelques fourmis passaient par là, la douleur commençait aussi un peu à la lancer. Oh, elle devait commencer de l'arthrose, elle n'avait pas toujours été soigneuse avec ses articulations. Les mots d'Anthony résonnaient dans sa tête. Mais de quoi parlait-il ? D'où sortait-il cette réflexion? Quel problème? L'angoisse.
L'angoisse grandissait en elle. " C'est l'hôpital qui se fout de la charité. " finit-elle par rétorquer avec un petit sourire pour détendre l'atmosphère. Elle posa sa main sur les pages fines et au toucher agréable de son Moleskine, presque rassurée de ressentir son contact au creux de sa main. Très peu de personnes l'avaient déja lu, avait déja parcouru du regard ces mots écrits avec ferveur, engouement, parfois bien calligraphiés, d'autres fois, à peine lisibles. Mais lorsqu'on lui prenait son calepin, comme Anthony venait de le faire, elle se sentait orpheline. Le fait d'ailleurs, que le journaliste se permette de se l'approprier, n'était pas resté inaperçu aux yeux de la jeune femme. Elle lança un regard noir à son interlocuteur. Depuis quelques minutes, il faisait tout pour la pousser à bout. Pour ne pas assumer son passé, ne pas assumer ses propos. Le faisait-elle, elle? Non. Bon, certes, elle n'avait rien à nier... Mais tout ceci n'était pas du fait de Saskia. A l'écouter parler, elle n'avait été que très peu présente, et semblait innocente, complètement irresponsable et ignorante; et il fallait bien l'avouer, à ce moment, alors qu'elle serrait dans sa main son carnet encore posé sur le bois de la table, l'image de Jack et de sa famille hantait son esprit. " Pour un journaliste, ne pas vouloir connaitre les réponses de ton interlocuteur, c'est un peu inquiétant " finit-elle par ajouter, toujours calmement mais avec quelque ferveur tout de même.
Les techniques de Saskia pour arriver à ses fins ne sont certainement pas les meilleures ; les trouver cohérentes et plausibles serait de la folie pure. Pourtant, cela ne l'empêchait pas de montrer ainsi son but, et même d'y parvenir. Les échecs de Saskia pouvaient être existents ; à cet instant d'ailleurs, elle était consciente qu'Anthony venait de la mettre face à son plus ample insuccès. Jack Vince était quelqu'un de Saskia Reynolds avait tout de suite apprécié comme être humain : il se battait pour ce qu'il croyait être juste, ne baissait pas les bras. Il était aussi intelligent, fin, ne perdait pas son humour dans les pires des circonstances. Il avait cependant fallu gagner sa confiance, chose que la rousse avait parvenu à faire. Ils en étaient presque devenus amis, et la jeune femme, stagiaire presque perdue dans la grande ville stressante de Chicago, avait été éprise d'un profond respect envers l'homme habile et cultivé qui l'avait aidée sur ce qui fut, une époque, son affaire, sa trouvaille. Leur lien avait été relativement proche, ils s'étaient retrouvés bien souvent clandestinement mais avec considération, chacun jouant sa partie, son rôle avec attention et sagesse. Jack lui avait même une fois, exprimé sa gratitude en lui offrant une minuscule mais délicate peinture de jetée qu'il lui avait faite. Elle avait supposé qu'il avait aperçu ses pages de dessins du Pays de Galles dans son Moleskine.
Son Moleskine...
Perdue dans ses pensées, elle avait répondu par un mignon grognement (si si, ça doit être possible) à la remarque moqueuse d'Anthony. Puis il y avait eu LA catastrophe. Celle qui sortit Saskia de ses plurielles détresses intérieures. Sa main qui agrippait son Moleskine, par réflexe, se souleva brusquement. Mais la rousse regarda tout de suite son calepin de cuir, toujours ouvert et ... inondé. La serviette trempée de lait du journaliste avait attéri en plein milieu du carnet, et laissait s'écouler le liquide rapidement parmi les pages assez fines pour que ce soit à grande vitesse. La jeune femme finit par enlever la serviette avec véhémence, puis agrippa de nouveau le carnet, celui qui l'avait accompagnée des années durant, son porte-bonheur, celui qu'elle ne quittait jamais. Son ami sans doute le plus fidèle, celui à qui elle confiant sa vie sans retenue, son compagnon de route, qui l'avait vue dans ses moments les meilleurs comme dans ces instants les plus sombres. Son Moleskine.
" Oups, Désolé. Le Moleskine ne peut finalement pas me raccompagner à Chicago comme ça. Il est trempé. Il faut qu’il ait quelqu’un qui soit à ses côtés. "
Elle aurait pu se la jouer ironique elle aussi. Oh, elle aurait pu lui répondre à quel point cette réflexion fut idiote, parce que jamais elle ne lui aurait laissé son calepin, et jamais même, elle ne lui aurait sous-entendu, même pour rire, que c'était une option. Elle aurait pui lui rétorquer, également, que même s'il l'avait embarqué, il aurait eu quelqu'un à ses côtés pour aller à Chicago : lui. Lui, Anthony Martell, cet homme devenu cet inconnu cruel, qui avait touché les points sensibles de la jeune femme sans même prêter attention aux réactions de celle-ci, la considérant comme inutile, idiote. Parce que cette fois-ci, elle arrêterait de le retenir. Oh, oui, qu'il retourne à Chicago. Et qu'ils ne se voient plus jamais. Ils avaient atteint un point de non-retour, s'échangeant des mots et des regards durs.
Mais elle ne dit rien. A cela, elle préféra dans un premier temps lui envoyer un regard sombre, rempli de rancune. De la part d'un ancien journaliste, on aurait pu souhaiter qu'il comprenne à quel point ces pages lui tenaient à coeur. Mais il s'était foutu d'elle. Il se leva. Lui fit un sourire, auquel elle ne répondit pas, le suivant froidement du regard. Allait-il réellement l'abandonner comme ça? Leur amitié allait-elle se terminer ainsi? Sur ces notes tristes voire haineuses? Vraiment?
Elle le laissa avancer vers la porte, sentant ses démons la subermerger. Ses fourmis dans sa main. Cette main refermée sur son Moleskine ouvert, qui tenait de sécher. Cette main qui, de toute façon, était saisie d'une crampe et ne pouvait s'en séparer. Jack. Jack Vince. Cet homme si respectable, cette belle rencontre dur à son métier. Les mots, le ton hautain d'Anthony. Celui qu'elle ne pouvait s'empêcher de considérer comme elle l'avait toujours fait : avec respect et amitié. Elle se leva brusquement, lâchant elle aussi de l'argent sur la table, puis courut à la suite de l'ex-journaliste, son Moleskine ouvert toujours dans une main, qui gouttait sur le macadam du trottoir, son sac qu'elle trima à remettre sur son épaule dans la précipitation.
Puis elle arriva derrière l'homme et attrapa son bras pour le mettre face à elle. Oh, ce ne fut pas facile, parce qu'elle était frêle, et lui un homme un minimum athlétique. Mais finalement, elle croisa son regard. Alors que celui de la rousse était toujours froid et que la jeune femme était toujours dans un mutisme profond, la solution qu'elle choisit pour exprimer sa colère fut... Une gifle. Sèche, dont le bruit fut impressionnant.
Une gifle parce qu'il n'avait pas donné de nouvelles. Parce que lorsqu'il débarquait dans sa ville, il l'inondait de reproches, dont le plus dur : celui de l'accuser de mal faire son travail et donc de provoquer la mort d'un être humain dont elle espérait qu'il avait survécu à cette histoire, s'était reconstruit, et que peut-être, plus tard, lorsque des hommes comme Anthony l'auraient respectée en tant que journaliste, lorsqu'elle aurait voyagé, elle aurait été susceptible de croiser, juste croiser, dans une immense ville ou dans un modeste village. Elle l'y aurait vu tout sourire, avec sa famille. Les larmes de colère montaient dans ses yeux clairs. Finalement, tremblante de rage, elle remonta son Moleskine vers elle, tourna les pages, puis parvint à la fin de celles-ci. Dans la petite pochette, il n'y avait pas grand chose. Mais elle en sortit un petit dessin. Il était format carte postale. Il était humide, une petite tache blanche commençait à s'y étaler. Heureusement, il avait été protégé par le carton de la pochette. Heureusement pour Anthony. Le dessin de Jack Vince. Ce qui lui restait de Jack Vince. Son cadeau. Celui qui la suivait partout. Elle le mit sous le nez d'Anthony. " Bien joué. "
Les larmes ne coulaient pas sur son visage mais menaçaient de le faire. Elle n'osa même plus regarder son interlocuteur dans les yeux. Qu'il s'en aille, comme il le souhaitait avec tellement de force. Qu'il retourne à Chicago. Seul avec ses démons, puisque c'était ce qu'il désirait plus que tout. Et pourtant, si elle lui avait couru après, c'était parce qu'au fond, elle espérait qu'il s'excuse, qu'il lui explique, que les mots sortent, que la vérité lui parvienne. Elle ne pouvait pas en vouloir longtemps à Anthony. Quelque chose était certes brisé entre eux... il était toujours Anthony. Ils étaient Anthony et Saskia, bon sang!! " A quel moment tu as commencé à me détester sans me le dire? "
Puis elle se retourna, prête également à prendre la fuite. Sa voiture n'était pas très loin. Elle allait de nouveau regarder les nouvelles à propos des castors, prendre des notes dans un Moleskine qu'elle aurait épongé avec un mouchoir trouvé à la va-vite dans sa boite à gants. Ou alors, se diriger vers la jetée. La jetée. Pour être dans le dessin. Et à cet instant, elle ne savait plus très bien si elle avait envie de serrer Anthony dans ses bras, de lui faire comprendre qu'elle savait et qu'elle était toujours sa compagne de route si il le souhaitait, ou si elle avait envie de se déguiser en courant d'air et ne plus jamais croiser son regard. A cet instant, elle secoua surtout les pages de son calepin, et le dessin, pour les aider à sécher, puis avança doucement, bouleversée par cet entretien sorti de nulle part.
Il avait suffit d'un simple échange. Un simple échange.
Dernière édition par Saskia Reynolds le Dim 1 Mar 2015 - 23:29, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Dim 1 Mar 2015 - 23:02 | |
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Il y a ce silence. Il y a cette froideur dans cette pièce. Il y a tout ces livres destinés à impressionner les visiteurs, que l’hôte ne comprend peut-être pas. Il y a ce bureau inoccupé. Plus loin un canapé, avec deux sièges occupés par deux personnes. Une qui écrit sur son petit calepin, une autre qui a la main dans son visage. Cette main qui tremble de rage. Il se contient. Une autre personne était également là, elle observe au coin de la pièce. « _ Savez-vous pourquoi êtes vous là ? » demande cette première personne assise sur son fauteuil en cuir. Il pose cette question encore, en boucle sans avoir un espoir de trouver une réponse. La seconde relève la tête et lance un regard grave, un regard lourde de sens pour lui. « _ À cause d’eux. » « _ Qui sont eux ? » « _ Des gens qui étaient mes amis. » Le psychologue se redresse et met les coudes sur ses genoux, intéressé. C’est la première fois qu’il parle autant depuis deux semaines. « _ Étaient ? Pourquoi dites-vous cela ? » « _ Considérez-vous ces gens-là qui ont travaillé avec moi, qui faisaient parti de ma famille, qui me côtoyaient, qui m’ont trahis et qui m’ont tout enlevé… Des amis ? » Anthony observe la personne en face de lui, il a l’air d’être complètement démoli. Fatigué par les insomnies répétitives. Le silence encore. Il le brise par une longue inspiration « _ Tout ces gens auxquels je leur faisais confiance, ma famille, mes amis, tous ont décidés de me trahir parce que j’ai trouvé la vérité. Ils doivent être contents, ils doivent faire péter le champagne. Pendant que moi, je suis considéré comme responsable de l’accident. » Il pense à tout le monde, sans exception. Il inclut tout le monde. Le monde entier. Anthony est très en colère, contre lui-même, contre eux. « _ Tous sont des traitres et ce sont eux qui devraient être à ma place pas moi. » « _ Ils ne souffrent pas de troubles, de traumatismes que vous avez monsieur. » intervient le psychologue. « _ Je n’ai pas ces troubles, c’est juste des mensonges. Je veux juste rentrer chez moi. Les retrouver. » Cette réalité qu’il tient toujours. Cette image qui finit par se briser à chaque phrase de ce psychologue. « _ Vous savez que vous ne pouvez pas. » Cette phrase qui casse le bonheur éphémère d’Anthony.
[INSTANT PRÉSENT]
Devant moi, se tient une jeune rousse. Il existe bien de nombreuses rousses dans la planète mais devant moi, elle est unique. Elle sort du commun et c’était ma stagiaire. La jeune femme qui a partagé mon quotidien quelques temps à Chicago, dans ma maison. Devant moi, se tient une personne à laquelle je n’ai pas suffisamment confiance. À laquelle, j’ai presque oublié son existence. J’ai oublié qu’elle vit ici. Julian aussi. J’ai oublié tout le monde. Signe que j’ai réussi, parce que je sais que si je repense à eux, je laisserai place à ma colère. Cette colère que j’ai essayé de chercher à la réprimer. Elle me répond avant de laisser tomber. J’ai du mal à accepter le monde tel qu’il est aujourd’hui. J’ai du mal à accepter cette mentalité chez les gens. J’ai surtout du mal à les pardonner. Je ne veux plus faire confiance à qui ce que ce soit, parce que je sais que lorsque je leur ferai confiance, et quand je dirai tout, ça recommencera. Et je ne veux pas que ça recommence. Je ne veux pas revivre ça.
[QUELQUES ANNÉES AVANT…]
« _ Anthony ? » Connor m’interpelle, alors que je rassemble mes affaires. Je relève la tête avec une enveloppe que je tiens entre mes lèvres. « _ Hmmuumuoui ? » essaye-je de répondre, alors que j’ai les mains prises. « _ Je sais que tu vas repartir chez toi, mais.. Faut que je te le dise, je viens de l’apprendre il y a juste quelques minutes. Il faut que tu lises ça. Et dépose tout de suite tes affaires. » Je fronce les sourcils et fais ce qu’il me conseille de faire. Il me tend le papier journal, les informations de Boston. Je hausse les sourcils et enlève le courrier de mes lèvres. « _ Qu’est-ce que je dois lire ? » « _ Page quatre, deuxième colonne à partir de la droite. » Je fais ce qu’il dit. Je lis, les sourcils froncés avant que mon visage ne se décompose. « _ Qu’est-ce qu… » Bordel de merde. Jack Vince décédé dans un accident de voiture ?! Je relève mon regard surpris vers Connor et lui demande si ce n’est pas une blague. Il secoue la tête en silence et me demande qui est-ce qui a bien pu être au courant hormis moi, lui, Saskia et Alex de l’emplacement provisoire de ce père de famille ? Je ne crois pas au hasard. « _ J’ai fais attention à ne pas laisser les traces… » Soudainement, je pense à Alex. À cette pensée, je froisse le papier journal entre mes mains sous la colère avant de me défouler sur mon bureau.
[INSTANT PRÉSENT]
Et ce n’était pas Alex, ni moi, ni Connor. Alex était à l’étranger et n’avait pas vraiment l’adresse de Jack, il n’avait rien. Juste le prénom, un faux nom de famille pour éviter une bêtise et la ville. J’avoue avoir soupçonné Connor assez longtemps mais j’ai rapidement trouvé la réponse. Moi, je n’ai pas fais une telle bourde et Saskia non plus. J’ai vraiment du mal à croire à un hasard, surtout après ce qu’ils ont fait aux enfants survivants. Et j’ai fini par mettre du temps à comprendre ce qui s’est réellement passé. Je l’écoute, après un silence. Je laisse tomber la tête sous le poids, complètement dépité et en colère. Surtout en colère. J’essaye de trouver une tactique pour me calmer. « _ Non Saskia. Ce que j’essaye de dire: c’est que même si on fait bien le boulot. Un sans-faute. Ils retrouvent et savent comment s’y prendre. Je ne rejette pas la faute de la mort de Jack. Mais si tu veux le prendre comme ça, vas y. Je ne t’en empêche pas. » Parce que quoiqu’il en soit, ça reste toujours la même chose: ça reste son coup raté maintenant. Je me redresse un peu de ma place, toujours cette colère. J’essaye de réprimer avec brio mes tremblements de colère. Je ne réfléchis qu’à moitié mais finalement je m’en fous. Je ne cherche plus. Je lâche un petit rictus. « _ Ils ont tout supprimés. » Presque tout mais je ne ferais pas le plaisir de lui dire. Je ne lui fais pas confiance. On ne sait jamais. « _ Ok. J’espère que j’aurai pas à lire ton décès dans la une d’un journal, sur une colonne. » réponds-je sans tiquer de cette méchante phrase que je viens de lancer. Je ne veux plus essayer de la dissuader, je ne veux pas tout lui dire. Je ne peux pas en même temps. Je l’aurai prévenue. « _ Parce que, je ne suis plus journaliste. C’est fini tout ça pour moi. Cette recherche de vérité, cette envie de connaître la suite. J’ai tout laissé derrière. » Tout ce que j’ai construit pendant des années, on me les a détruits en quelques minutes. Il en restait un bout et c’est moi qui l’ai détruit. Par la colère. Par cette douleur qui me rappelle ce que j’ai été, ce que j’ai tenté, ce que j’aurai pas dû faire. Oui. Je connaissais les risques mais sans vraiment les connaître. Je ne pensais pas que ces risques seraient plus gros que ça. Je m’attendais à la mort mais j’ai eu pire que ça. La vie sans but. La vie après qu’on m’ait tout enlevé. La vie dans l’errance, c’est pire que la mort. Parce qu’en étant mort, on n’a plus de conscience, mais quand on est en vie… J’ai cette colère que je n’arrive pas totalement à la réprimer. J’ai cette rage qui s’anime en moi et je n’arrive plus à reconnaitre mes amis. Même Pat est une personne que je me méfie fortement, même s’il m’a beaucoup aidé ces derniers temps, je ne lui fais pas confiance. Je ne me rends pas compte à quel point l’accident, les séances de psychologies, les entretiens avec mon père, les violentes retrouvailles avec Alex m’ont rendu méconnaissable. Zoey a remarqué tout ceci, elle a trouvé un moyen, c’est d’aller voir mon cousin. Juste mon cousin, pour le retrouver, pour me retrouver. Pour repartir à zéro. Et c’est loin d’être la pire des solutions.
Mais je ne pensais pas retrouver Saskia à Huntington Beach. Je ne pensais pas qu’on irait dans cette direction, et pourtant, c’était prévisible. Je suis sorti, sans prêter attention à ses réactions, alors que quelque part. Je me suis rendu compte de ma gaffe avec le moleskine. C’est comme dans les Seigneurs des Anneaux avec Gollum et son précieux. C’est un peu la même chose, sauf que son précieux est plus fragile. Et je m’en fichais. Je ne tarde plus, je m’en vais. Je quitte ce café. Devant la porte, je plisse les yeux sous l’éclat de la lumière forte du soleil Californien. Je décide de marcher, je regarde mon téléphone et je sens toujours cette colère en moi. Cette colère qui ne quitte pas, qui m’effraie. De voir ces visages, de voir cette voiture. De voir Alex. De voir mon père. Je marche pour ensuite m’arrêter devant le passage piéton. Là où Saskia a manqué de se faire écraser par la voiture tout à l’heure. J’inspire l’air, j’expire, j’essaye de faire ressortir toute cette pression. Mais mon coeur bat contre la poitrine, je sens ma tête tourner et mon poing serrer. Alors que le bonhomme était vert, que je pouvais avancer. Je me fais stopper par une main qui s’agrippe à mon bras, qui me tire. Par réflexe je me retourne, je fais un pas en arrière pour me retrouver sur le trottoir parce que je me suis engagé dans la traversée. Je vois une rousse. Ok, il n’y a pas deux Saskia dans ce monde et c’est encore elle. Je la regarde silencieusement et fronce les sourcils. Elle est différente depuis tout à l’heure, ça ne me surprend pas de toute façon. J’allais lui poser une question, prendre la parole, mais une main s’abat sur mon visage. D’une violence que je n’aurai pas soupçonné chez elle.
[QUELQUES ANNÉES PLUS TÔT]
« _ Et si, un de vos amis, vous parle. Qu’est-ce que vous feriez ? » demande une jeune rousse, la jeune stagiaire en psychologie, assise au coin. Elle s’est excusée auprès du psychologue qui a fait un geste de continuer. Bien que surpris. Anthony regarde la jeune femme et grimace de douleur. Il ne peut pas se retourner. La jeune rousse décide de se déplacer pour s’installer sur le canapé, tentée de mettre les pieds sur la table basse que le psychologue l’empêche. « _ Alors ? » lui demande-t-elle. Il n’a toujours pas répondu à sa question. « _ Je lui ferai comprendre que c’est fini. Je ne peux plus faire confiance. » Elle sourit un peu et tapote le stylo contre son bloc note. Elle reprend la parole, avec une des hypothèses: « _ Donc présumons une situation. Vous retrouvez un ami ou une amie. Vous êtes contents de vos retrouvailles, vous décidez de vous inviter boire une bière. Vous vous prenez des nouvelles et par mégarde la conversation commence à tourner sur votre femme et votre fille décédées. » « _ Elles ne le sont pas. » s’énerve doucement Anthony. C’est toujours difficile d’accepter la mort des femmes de leur vie, de ne pas avoir pu été à l’enterrement. Ayant loupé cette phase, elles ne doivent pas être mortes réellement. Ça pourrait être une comédie, elles seraient ailleurs, quelque part dans un autre pays sous une autre identité. « _ Pardonnez-moi. Mais si cette conversation tourne sur ça. Ce qui vous est arrivé, qu’est-ce que vous feriez ? » « _ Je préfère ne pas savoir. Ça tournera mal. Je lui ferai comprendre quelque soit le sujet, que je ne fais pas confiance et qu’il n’y a pas de suite pour notre amitié. » La jeune stagiaire se pince les lèvres et s’affale doucement sur le canapé. Elle regarde le psychologue qui l’encourage de continuer. Anthony est tout a fait calme, il n’imagine pas que cette situation similaire puisse arriver. Parce qu’elle est prévisible. « _ D’accord. Donc on aura deux types de réactions. La personne comprend et vous abandonne. Y en aura beaucoup dans ce genre de cas-là. Vous vous rendez-vous compte que si vous faites ça, vous finirez seul, noyé dans la solitude ? Personne n’est capable de vivre comme ça. » « _ Parce que personne n’a vraiment essayé. Et puis mieux vaut être seul que de revivre une telle vie. » Elle secoue la tête, avec un air désolé, elle baisse son regard et fait une moue. « _ Et nous avons une autre réaction. Que se passerait-il si une personne, malgré tout ce que vous dites, court après vous et vous donne l’opportunité de sauver ce qui reste de l’amitié à sa manière ? » Anthony reste silencieux et petit à petit, secoue la tête. « _ Personne ne fera ça. » Parce qu’il était seul. « _ Oui mais imaginez. Qu’est-ce que vous feriez ? Face à cette personne qui tient tellement à votre relation, que quelque part.. Vous aussi. » « _ Je ne sais pas, puisque personne ne fera vraiment ça. Et je tiendrai pas à qui ce que ce soit. » Et qu’est-ce qu’il est têtu le journaliste quand il s’y met. Surtout quand il sombre dans le pessimisme
[INSTANT PRÉSENT]
Ma joue me brûle. Cela rappelle la trace de passage de la main de Saskia. Les gens autour nous regardent et continuent malgré tout de marcher. Ils ne veulent pas se mêler à cette histoire. À force, je vais finir par avoir l’habitude de me faire drôlement remarquer par tout le monde avec elle. Je retourne doucement la tête vers elle, silencieux après cette gifle. Je la regarde dans le silence. La main dans la poche depuis tout à l’heure. Cette gifle, je ne pensais pas qu’elle m’en donnerait une. Je la regarde, en train de fouiller dans son carnet, trempé de lait - qui à la base c’est de sa faute de l’avoir renversé sur la table mais bon ça reste tout de même de ma faute. Ma colère est toujours là, encore plus grande. Je ne sais pas ce que je fais là, devant elle. Je la vois, avec les yeux brillants que je reconnaitrai entre mille: la colère. Elle cherche et trouve une carte postale. Je mets ma main contre ma joue et la frotte doucement. « Bien joué. » fit-elle gravement. Cette image est devant moi. Cette image de jetée, j’observe et vois le prénom de Vince. Mon visage se décompose. Je le revois là. Complètement... Il lui a fait un dessin ? Rien que part le dessin, je comprends déjà la relation qu’ils ont eu tout les deux. Ils s’étaient attachés, ils étaient devenus des amis. Je secoue la tête doucement. Je ferme les yeux quelques secondes et baisse mon regard au sol. Je continue de secouer la tête. Je reste silencieux. Je la sens, cette colère qui me fait mal et qui veut jaillir, qui veut sortir. Zoey le savait. Elle savait que ce moment allait arriver. Je ne sais pas comment elle a fait mais peut-être parce que c’est prévisible. Elle m’a posé deux fois la même question et je n’ai toujours pas réussi à la répondre. Là, en face de moi. Y a cette question. Cette question que je n’ai pas la réponse, cette question qui me laisse silencieux. Sans mot. « À quel moment tu as commencé à me détester sans me le dire ? » me demande-t-elle pour relancer après ce silence. Je secoue la tête à cette réponse, je vois une poubelle à côté de moi et… Ma colère s’est extirpée. J’ai donné un violent coup de pied à cette poubelle qui tombe sous un bruit fracassant et à quelques mètres plus loin. Qui fait tourner la tête à tout le monde. Je m’en fous que je me fasse remarquer, que c’est encore de ma faute. Bon, je ne devrai pas recommencer le coup de poubelle. Promis. « _ Je suis en colère Saskia. » fais-je, je secoue la tête, les yeux fermés. J’inspire bruyamment et marche pour la dépasser et me retrouver en face d’elle. Elle qui a commencé à se retourner, à s’occuper de son carnet que j’ai endommagé. Je me retrouve en face d’elle, en train de lui bloquer la voie pour marcher. « _ Je suis en colère, tout le temps. Elle ne me quitte jamais, à chaque fois que je me réveille, c’est toujours ce sentiment que j’ai. » Je ne la regarde pas dans les yeux. Je regarde autour de moi, les gens me regardent bizarrement. J’ai vraiment une sale tête à ce point là ? Je mets les mains sur mes hanches et reprend. Cette fois-ci les yeux au sol. « _ Je me suis mis à détester tout le monde, surtout ceux que je connais. J’ai du mal à donner la seconde chance… À te faire confiance. » fais-je en relevant le regard et la désigne avec un geste du menton « _ Je cherche à tout détruire pour recommencer tout à zéro. Mais c’est idiot. » Je suis en colère, cette colère que j’essaye de contenir. « _ Je ne veux vraiment pas que tu reprennes l’affaire. Je le dis vraiment. Je le répète. » J’insiste vraiment, j’aurai vraiment pas voulu connaître le fin mot de l’histoire. Contrairement à moi, elle n’a peut-être rien à perdre. Et ça, ça m’intrigue quelque part. Enfin, elle n’est pas obligée de m’écouter. De toute façon, elle est une journaliste, je ne le suis plus. Voilà la première différence « _ Parce que cette histoire de banque, ça m’a changé et pas en bien. » une pause. Oui pas en bien, je suis devenu vraiment.. Je ne sais pas, mais je sais que j’ai changé. Je fais un geste vague de la main « _ Je pète un câble quand on m’en parle. » Pas besoin peut-être de le dire, elle l’a bien remarqué. Je m’écarte un peu et montre du doigt le carnet qu’elle essaye de sécher. « _ Je suis désolé pour le Moleskine. Je ne l’ai vraiment pas fait exprès. Mais j’ai vraiment essayé d’être méchant… » Une pause. Je hausse les épaules, avec un petit air gêné. « _ Oui. Je suis désolé pour tout à l’heure. Je peux pas vraiment parler de ça. » Je suis en colère parce que je ne peux pas continuer cette affaire, parce que je sais qu’elle va me tuer si je la reprends. Même si j’ai encore tout un dossier, bien qu’il me manque encore un bout pour compléter le tout. Et que ce bout, c’était Alex qui est censé de l’avoir mais ce con, il l’a sûrement détruit. Sans un mot, je détourne le regard et soupire. Sans un mot… Quoique si. « _ Merci pour la gifle. » j’incline le menton, avec un air qui se veut insistant. « _ Ça remet des fois des idées en place. » fais je sérieusement, les yeux dans les siens pour la première fois. Mais je me vengerai de ça quand même. Enfin bref, son regard est différent, je le sais parce que je ne l’ai jamais connu. Je fais quelques pas en silence, sans prévenir pour aller en direction de la plage, voir la mer. J’ai besoin de me calmer encore. Sans rien dire, je la laisse, sans essayer de l’attendre pour écouter pour la suite. Parce que je suis énervé d’un autre côté que Zoey avait raison, j’ai encore de l’attachement pour une amie en particulier. Et ça n’arrange pas tout ça. J’ai du mal moi-même, à suivre mes pensées. Des fois… Ça vire dans tout les sens. Et la réponse à la question, qu’est-ce que j’aurai fais si cette personne coure après moi, me fout une gifle pour me remettre les idées en place ? Je serai en colère, mais silencieusement en colère. En même temps, je me serai un peu excusé.
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| | | Saskia Reynolds super lama en quête de secrets
› MESSAGES : 1520 › EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014 › AGE : 37 › STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois › QUARTIER : Pacific Lane › PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse › DOUBLE COMPTE : Gidéon & Bianca › CELEBRITE : Karen Gillan › COPYRIGHT : endlessly epic (avatar), Lux (signature)
| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Dim 15 Mar 2015 - 12:43 | |
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De toute la conversation - aussi courte eusse-t-elle été -, Saskia ne s'était guère révélée en tant que jeune femme. Anthony n'avait que quelques bribes d'informations à son sujet. Il fallait dire que la rousse n'était que très rarement encline à se confier, à s'ouvrir et se laisser approcher. Pourtant, elle ressentait d'étranges sensations dans tout le corps. Son enveloppe corporelle semblait percevoir ses sentiments beaucoup plus profondément que d'ordinaire ; fragilisée par certains fantômes, la jeune femme était totalement égarée entre la haine qu'Anthony se plaisait à lui déverser dessus et sa profonde angoisse triste. Ses bras étaient presque tétanisés sur son Moleskine alors qu'elle avait regardé l'ancien journaliste la fuir. Les muscles de ses jambes, contractés à n'en plus vouloir bouger dans l'immédiat, lu faisaient comprendre que la discussion avait fait resurgir certains démons en elle. Elle essayait de chasser ces douloureuses pensées en se replongeant dans le moment présent, mais la nouvelle du décès de Jack Vince l'accablait. La façon dont on lui avait annoncé également, fut quelque chose qui lui pesa énormément.
Jack et elle n'avaient pas été au sens strict du terme, amis. Ils ne s'étaient pas vus bien souvent, n'avaient pas partagé de café ou de bières pour se raconter leurs derniers exploits de travail. Leur rencontre même, au cœur de leur relation, avait présagé que celle-ci serait établie sur des bases épineuses. Le danger les guettait à chaque instant, à chaque parole qu'ils s'échangeaient. Ils n'avaient guère échangé que quelques entretiens sommaires, plongés dans la torture de l'angoisse permanente, de l'avenir incertain et de questions sans réponses. Mais ils avaient, vraisemblablement, au fur et à mesure de leurs rencontres, ressenti un respect mutuel. Chacun avait tenu ses promesses - ou non, visiblement, en ce qui concernait la rousse... -, avec pudeur et délicatesse. Ils ne savaient pas grand chose l'un sur l'autre mais ce qu'ils entretenaient leur suffisait. Malgré elle, Saskia s'était attachée à ce père de famille combatif, intrépide mais qui ne savait comment faire les choses. Dans son regard, l'on voyait que son travail avait représenté énormément pour lui ; travail qui l'avait trahi. Sa famille était, ce qui au final, l'empêchait de sombrer et lui donnait la force de se soulever. Et Saskia, au-delà du plaisir de mettre à jour la vérité, avait découvert la satisfaction, grâce à son métier, d'aider ceux qui auraient pu lui rester totalement inconnus. Cette petite peinture, elle la gardait en souvenir de tout cela. En souvenir des rares sourires que Jack lui offrait, de l'espoir qui émanait de lui. De ces quelques rendez-vous clandestins mais excitants ; ces moments hors du temps où ils avaient cette sensation qu'ils allaient, à deux, changer le monde. De cette affaire pour laquelle elle s'était battue, et de laquelle elle pensait avoir sauvé une famille entière. Ce cadeau qu'il lui avait fait, c'était modestement qu'il lui avait offert. Il lui avait tendu la main pour serrer la sienne en signe d'adieu, puis avait sorti de son sac ce petit morceau de carton avec un petit sourire. La séparation n'avait pas été douloureuse, parce qu'ils l'avaient espérée depuis longtemps. C'était un nouveau chapitre de leur vie qui s'exposait à eux. Saskia, depuis, n'avait pas oublié ces moments. Et ce présent ne la quittait jamais, rejoignant ses écrits, ses recherches, participant à son quotidien.
Voilà pourquoi, après cette discussion houleuse, la jolie rousse avait découvert l'ampleur de la catastrophe - au-delà même de celle du Moleskine- elle n'avait pu s'empêcher de sentir la rage qui avait monté en elle. C'était une sensation assez étrange pour elle, car presque inconnue. La journaliste, avec son tempérament bon enfant, alerte mais toujours souriant et blagueur, ne s'énervait pas bien souvent. Il était bien plus simple et agréable de faire le pitre - danser sur du Pharell Williams dans la rue par exemple - que de chercher les contrariétés.
Mais Anthony avait su comment dresser un mur entre eux. Il la connaissait toujours, plus qu'il n'y semblait. Et si pour d'autres, elle aurait choisi de s'enfuir sans se retourner, le tout en riant aux éclats, ce n'était pas le cas lorsque cela concernait son ancien collègue. Ils avaient partagé tellement, qu'elle ne pouvait l'abandonner dans ce qu'elle savait, était une trèèès mauvaise passe pour lui. S'il ne voulait pas lui annoncer les choses telles qu'elles étaient, elle l'accepterait. Mais elle ne se laisserait pas s'enfuir. Leur relation, en quelques minutes, avaient changé. Elle était passée de souvenir d'un quotidien prometteur à ennemis potentiels qui cherchent à se ré-apprivoiser, avec les douleurs nouvelles.
Et s'il fallait utiliser la violence, Saskia Reynolds le faisait. Dans un premier temps, parce qu'elle savait bien que ses gifles ne devaient pas être les plus blessantes au monde. Et ensuite, parce qu'elle avait compris que c'était la seule manière de retenir Anthony. L'une des qualités de la journaliste en herbe était de comprendre et cerner les individus, et si elle avait mis du temps à comprendre, elle avait fini par assimiler et interpréter le comportement de son ancien hôte. Le léger vent faisait se soulever ses cheveux roux alors que son visage, fermé, se tournait en direction de la cote, prêt à rejoindre le bruit des vagues et des mouettes, alors que les mots d'Anthony résonnaient dans sa tête.
" Parce que, je ne suis plus journaliste. C’est fini tout ça pour moi. Cette recherche de vérité, cette envie de connaître la suite. J’ai tout laissé derrière "
Oh, oui, ces mots résonnaient dans son esprit. La jeune femme ne pouvait admettre une telle vérité, et pourtant, elle savait qu'elle le devait. Pour autant, elle n'avait pas laissé son ancien ami la fuir. Elle lui avait fait face, et lui tournait à présent le dos. Mais ce fut lui, qui, cette fois-ci, décida de l'agripper pour ne pas la laisser partir.
" Je suis en colère, tout le temps. Elle ne me quitte jamais, à chaque fois que je me réveille, c’est toujours ce sentiment que j’ai. " Il a le regard fuyant alors qu'elle cherche à le lire. " Je me suis mis à détester tout le monde, surtout ceux que je connais. J’ai du mal à donner la seconde chance… À te faire confiance. " Elle ferme le yeux. Les mots sont durs. Elle a du mal à les assimiler. Elle ne veut plus croiser son regard, parce qu'elle sait qu'il sera triste et sévère à la fois; mais surtout hostile. " Je cherche à tout détruire pour recommencer tout à zéro. Mais c’est idiot. " Il marque une légère pause. " Je ne veux vraiment pas que tu reprennes l’affaire. Je le dis vraiment. Je le répète. " Elle ne dit rien. Elle regarde son Moleskine, l'image qu'elle tient entre deux doigts crispés. Les fourmis parcourent son bras entier, ses jambes. Elle a du mal à bouger, ses membres sont raides. Mais c'est son esprit, le plus paralysé.
Elle leva de nouveau les yeux en direction de son interlocuteur. Il semble remué. La rousse, quant à elle, est plutôt heureuse d'avoir réussi à le faire réagir de manière autre. Pour autant, ça n'en était pas devenu une situation plus facile ou agréable. Loin de là. Non. Il lui annonçait qu'il voulait oublier ; ça, elle l'avait bien compris. Mais surtout, il lui expliquait, presque trop calmement, qu'il ne lui faisait plus confiance. Ce fut une autre forme de rage qui anima son regard. Saskia est une jeune femme droite et loyale, et lui, peut-être plus que quiconque, pouvait bien savoir que jamais, au grand jamais, elle n'aurait l'idée de trahir qui que ce soit. Des confidences restaient secrètes avec elle. Affirmer qu'il ne lui faisait plus confiance, après avoir sous-entendu qu'elle avait mal fait son travail et conduit Jack à sa perte, cela ne lui fit pas mal outre-mesure, mais l'indigna profondément.
La jeune femme ne répondit pas immédiatement. Elle laissa les bruits alentours alimenter la conversation à sa place. Elle se laissa bercer par le léger vent, le bruit des mouettes, des passants qui parlent au téléphone ou à leur voisins, les contournent. Eux. Ce duo toujours aussi étrange, des années après. Ce duo atypique, qui pourtant a bien changé.
" Je sais que cette affaire t'a pris beaucoup. Crois-moi. " Dire sans dire. " Mais justement. Tout ça, ça ne te donne pas envie de te battre? Pour rendre justice? " Son ton était sec mais maîtrisé. Sa main toujours repliée sur son calepin, elle croisa les bras. Ses cheveux voletaient autour de son visage. Le décor au milieu duquel ils avaient cette conversation contrastait avec la teneur de leurs propos. " Tu n'as pas de soucis à te faire, tu arrives bien à blesser les gens. " Elle resta à nouveau silencieuse. Qu'ajouter à cela? En quelques phrases dans un café, il avait réussi à réveiller les angoisses de la jeune femme. La rousse ne lui dirait pas qu'elle acceptait ses excuses. Parce que ce n'était pas le cas. Mais pour autant, elle fut rassurée de retrouver, presque, le Anthony qu'elle avait connu à Chicago.
" Reste à Huntington Beach. Tu n'y es pas seul. " fit-elle, entendant son portable sonner dans son sac. " De rien, pour la gifle. Quand tu veux! " ajouta-t-elle, retrouvant son sourire tropmignon. elle gloussa et tenta de décroiser ses bras. Crispés, ils mirent quelques secondes avant d’obéir et de laisser sa main libre fouiller dans son sac. Alors qu'elle avait la tête baissée sur lui, elle continua. " Ca sert à rien de t'isoler. Et puis tu regretteras, après. D'avoir laissé partir les gens. " Sa main était dans son sac. Son esprit sur ce banc. Avec Noah. Noah qui lui disait qu'il partait, et elle qui ne le retenait pas.
Elle regarda son portable de sa main libre. Hazel lui envoyait quelques nouvelles et lui demandait des siennes. Que répondre à cela? Elle était en face d'un Anthony qu'elle ne reconnaissait guère mais qu'elle essayait de ramener dans sa réalité. " Va faire un peu de surf, bois la tasse, ça te remettra les idées en place. " Elle n’essaierait pas de le retenir. Il l'avait blessée, et ce mur entre eux était toujours présent. Plus fin, mais présent. Jack Vince, cette petite peinture, son Moleskine. Et puis... cette chose qu'elle garderait pour elle ? Qu'elle ne s’avouerait pas? Elle se retourna de nouveau pour partir. Mais se prit le pied dans ... dans ... ? Dans le trottoir? Et tomba. Son portable, son Moleskine, les affaires de son sac, tout était étalé devant elle. Ses jambes, raides, n'avaient pas obéi au pied de la lettre à son cerveau.
Alors qu'elle tentait de mettre la main à terre pour se relever laborieusement, elle se perdit dans l'un de ses monologues cultes. " AAAAAAAH ! AH PUTAIN ! MAIS QUELLE JOURNEE DE MERDE! PUTAIN DE CASTORS DE MERDE! ET PUIS DE MOLESKINE DE MERDE! Putain les croquettes de Petit Pois sont lààà! MERDEMERDE! " Trop d'informations, ma chérie. S'énervant toute seule, plus drôle et ridicule qu'autre chose, elle s'emmêlait encore ses jambes. Son bras, tendu et appuyé sur les sol, ne voulait plus adopter une position plus souple. Elle entendit un sifflement, mais préféra penser que cela n'avait rien à voir avec sa jupe soulevée par la chute et sa position... délicate. Au bout de quelques secondes de "rangement" de toutes ses affaires dans son sac de Mary Poppins, elle se redressa vivement, remettant ses cheveux et sa jupe en place, l'air de rien. Elle croisa le regard d'Anthony, lui fit un sourire radieux. " A plus dans l'bus! " Puis elle fit volte-face et partit, sautillante mais à la démarche clopinant, vers d'autres aventures. Saskia Reynolds ne savait pas si elle voulait se souvenir de ces retrouvailles. Elle ouvrit son tiroir et les plaça en sursis, entre Noah et la maladie.
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| Sujet: Re: 'Hide from the scary scenes, suppress your fears ' ; Anthony Dim 5 Avr 2015 - 23:03 | |
| Je ne dis pas un mot, pas un seul. Elle non plus juste avant de prendre la parole et me demander si malgré tout ce que cette affaire m’a pris, ça ne me donne pas envie de me battre. Je soupire en guise de réponse, je ne réponds pas par les paroles parce qu’il n’y a rien à dire. Les dossiers sont officiellement détruites, bien que j’ai les trois quarts bien cachés et le un quart qui s’est volatilisé grâce à Alex… Mais n’empêche, j’ai toujours du mal à croire qu’il l’ait détruit. Il a beau penser à sa vie en premier, il ne dirait pas non aux risques qu’il prendrait. Après, il me dit non qu’il ne l’a pas… Soit il ne me fait pas confiance, soit il dit vraiment la vérité. De toute façon, je ne saurai jamais parce que la prochaine fois que je le vois, c’est mon poing qui lui dira bonjour. Quelque part, je me bats toujours pour cette affaire. Mais je prends un chemin plutôt différent pour le faire. C’est pas le journal qui m’aidera, pas un seul… Je ne fais plus vraiment confiance aux journalistes. C’est avec le livre, j’écrirai un livre concernant cette affaire et je le fais sans une seule aide quelconque. Sauf qu’un truc me bloque: je n’ai pas le dossier sur mon père et ça, ça m’énerverait de savoir qu’il s’en tire malgré tout ce qu’il a fait. Je ne peux pas vraiment le dire à Saskia, pas tant que je sais qui est ce qui a cafté en premier, pas tant que je sais qui m’a mit dans cette merde noire. Pourtant, elle a appris la mort de Jack Vince de la manière la plus brutale qu’elle que ce soit. Je n’ai pas vraiment de soucis à me faire, non. Je sais que j’arrive bien à blesser les gens, Je n’ai pas vraiment envie qu’ils restent près de moi, qu’ils leur arrive des trucs, qu’ils m’aident. Je ne veux rien de tout ça. Je mets les mains dans les poches, je sens mon téléphone vibrer aussi, mais je n’y touche pas. Je n’ai pas vraiment envie de me détourner de l’attention. Saskia est là, devant moi à me parler. Elle s’accroche quand même à notre relation aussi étrange qu’elle l’est. Elle tient à moi, elle essaye de m’aider. Mais je refuse violemment son aide, assez violemment pour avoir l’idée qu’elle ne revienne pas vers moi. Me dire tout ce qu’elle a pu trouver sur l’affaire de Jack Vince, alors que moi je m’intéresse plus sur mon père et ses magouilles. Je sais qu’elle est blessée et qu’elle tient autant plus que moi sur cette affaire Vince. Il y avait de ces gens corrompus, et important surtout. Il y avait ces gens qui travaillaient dans la police, dans la justice et même dans l’administration. Si ça se savait, ça aurait été la panique à Chicago avec le taux de criminalité et la corruption. Étrangement Saskia a raison sur le fait que je ne suis pas seul à Huntington Beach. Étrangement il y avait ces gens que je connais qui sont ici. Julian et Saskia, Pacey qui est mon cousin. Il y a aussi Hazel que j’ai été surpris de la retrouver alors qu’on s’est rencontrés à Chicago il y a quelques années. Oui, la petite stagiaire a raison. Je grimace un peu pour la gifle, quand elle répondit avec un sourire, fouillant dans son sac pour retrouver son téléphone. Il est clair que ça remet les idées en place, m’enfin bon. Je soupire quand elle me dit que ça ne sert pas à grand chose de s’isoler, que je finirai par le regretter. « _ Je sais. » une pause. « _ Je sais que ça ne sert à rien. Mais ce n’est pas pour moi que je fais ça. Pour eux. » pour leur sécurité, parce que je ne sais pas ce qui va m’arriver. Est-ce qu’ils vont encore m’enlever les proches que j’ai ? Tant que je ne reste pas très proche de ma soeur, tout va bien. Pareil pour ma tante. Puis je ne pense pas que mon père les laisserait faire, heureusement qu’il a de l’influence… Mais ils pourraient viser mes amis et ça, je ne pourrai pas le permettre. Le regret sera plus profond si je n’ai rien fais pour les éloigner. Je hausse les sourcils quand elle me propose que j’aille faire du surf, à dire vrai. Je ne sais pas nager. ‘Fin, j’ai pas vraiment appris à nager dans l’eau et donc pour surfer c’est un peu mort. Après il n’est pas vraiment trop tard pour apprendre. Quoique, je ne suis quand même pas très eau de mer. « _ Je préfèrerai plutôt regarder. » Et c’est bien vrai, je préfère plutôt regarder que de me prendre la planche en pleine figure. Je sens que nous deux, on a qu’une envie: c’est de partir et reprendre le chemin. Je dois retourner à Chicago pour de bon et elle, elle doit regarder les articles sur les castors sans se faire renverser par une voiture au mieux… Je me retourne pour reprendre mon chemin alors qu’elle fait de même. J’entends une chute derrière moi et je me retourne doucement pour voir Saskia déjà par terre, à hurler toutes les conneries, avec ses affaires étalés par terre. « _ Ouh là… » et c’est bien le cas de le dire. Je me dirige vers elle pour l’aider, mais me suis arrêté quand il y a eu un sifflement d’un gars que j’ai préféré lui lancer un regard noir. Il a dû forcer un peu le pas pour m’éviter. Quand je suis arrivé à côté d’elle, elle avait déjà tout rangé, s’est redressé aussi rapidement possible montrant par ses gestes “ qu’elle allait bien “ Je hausse un sourcil et lui demande par le regard si elle va bien. Saskia n’a pas vraiment eu besoin de me répondre qu’elle a reprit ses couleurs, son sourire et fait comme si rien ne s’est passé. Tout s’est enchainé assez rapidement que je n’ai pas eu le temps de dire quoi ce que ce soit. Enfin je n’ai pas vraiment cherché à dire quoi ce que ce soit, je n’ai pas non plus cherché à la retenir parce que ça ne sert vraiment à rien si ce n’est que recommencer cette prise de tête. Je préfère faire comme si on n’en a jamais parlé, bien que quelque part, cette rousse est déterminée à reprendre cette affaire pour rendre justice à Jack Vince qui est décédé dans un accident de voiture. Je sors mon téléphone qui avait vibré plus tôt et reprends la marche dans la direction opposée après que Saskia ait disparu de ma vue. Je vois que c’est un numéro inconnu qui m’a envoyé un MMS, je n’hésite pas à ouvrir pour voir ce que c’est. Quand le message est ouvert, je me suis arrêté tout de suite dans la marche et je me suis retourné pour chercher Saskia du regard. Mais elle a disparu. Je regarde autour de moi sans vraiment trouver la personne qui m’a envoyé une photo de moi et de Saskia dans le café. Merde.
[FIN DU TOPIC] |
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